La crise de 2009 en Guadeloupe : le rôle des statistiques dans le dialogue social

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Première partie

CTU). Aussi, bien que se déroulant dans un climat très tendu, les EGOM constituent tout de même un lieu d’échanges sur la situation sociale. Et si personne ne mise sur le processus pour révolutionner la Guadeloupe, il n’en est pas moins habité par une volonté de répondre aux besoins exprimés lors du mouvement social. C’est d’ailleurs ce que reflètent les discussions et rapports, qui sont dans l’ensemble assez riches et informés. Sur la question qui nous intéresse (la vie chère), les travaux accomplis, complétant les décisions du 4 mars (voir (voir l'annexe 4), donnent par exemple des pistes pour mettre en place une véritable « politique de transparence » par le biais de programmes d’études, de réformes institutionnelles et de travaux d’enquêtes. Les États généraux confirment l’urgence de l’objectif d’améliorer la transparence et consacrent ce qu’ils nomment un « impératif de communication » de la part des institutions. Au final, les États généraux sont un moment paradoxal : le processus est l’occasion de riches discussions et est globalement bénéfique, mais il est aussi traversé par les lignes de clivage issues du conflit social, symbolisées par le boycott du LKP. En outre, les États généraux ont été le point de départ d’un sentiment de « déception » pour de nombreux Guadeloupéens. Car si l’État a pris l’initiative, il doit convertir les réponses proposées - qui reprennent d’ailleurs un grand nombre de points des accords de fin de conflit - en mesures concrètes. Or, la mise en œuvre effective de ces dernières suscite au sein de la classe politique et chez les citoyens une grande circonspection, alors même que les accords de fin de conflit sont également sujets à controverse.

1.3.3. La déception Lors de la séance de restitution qui a lieu à Paris en novembre 2009 sous la présidence de la ministre déléguée, Marie-Luce Penchard [ 27] , un certain scepticisme des équipes est perceptible quant aux perspectives de mise en œuvre des mesures. Rendant compte du climat tendu dans lequel les travaux ont été conduits, l’équipe guadeloupéenne demande des gages sur la concrétisation des mesures. Elle souhaite en particulier prévoir la mise en place d’une structure de suivi des recommandations formulées lors des États généraux [ 28] . Ils obtiendront gain de cause, mais le comité de suivi ne sera jamais opérationnel[ 29] . Leurs craintes n’étaient pas infondées : dans le cadre [ 27] Marie-Luce Penchard remplace Yves Jégo en juin 2009. Elle est aussi la première ultramarine en charge du portefeuille de l’Outre-mer. [28] Entretien novembre 2010 ; voir la présentation d’A lain Arconte, rapporteur général pour la Guadeloupe, à la journée nationale des EGOM. http://www.etatsgenerauxdeloutremer.fr/m-alain-arconte [29] Entretien novembre 2010.

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