Une compagnie pétrolière chinoise face à l'enjeu environnemental au Tchad

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Conclusion générale

térale (projets de la Banque mondiale ou des banques régionales), permettant ainsi de légitimer l’accès aux marchés de biens et de services créés par les dons ou prêts en faveur des entreprises des pays membres. Sur la base de travaux antérieurs réalisés dans des contextes dominés par des firmes occidentales, nous avons supposé que la CNPC, parce qu’elle se trouvait au début du cycle pétrolier au Tchad, serait ouverte au dialogue avec les chercheurs, les ONG et les populations riveraines, et qu’elle disposerait pour assurer ces liens d’un département HSE renforcé (incluant une équipe conséquente chargée de la communication et des relations communautaires). En d’autres termes, nous supposions que la CNPC avait mis en place le dispositif correspondant à la fonction de légitimation observable dans les entreprises occidentales. Or, dans le projet de la CNPC au Tchad, le rôle et la taille du département chargé de fournir cette légitimité semblent avoir été réduits, même en début de cycle. Si la différence entre les fonctions de « production » et de « légitimation » est bien réelle au sein de la CNPC, la fonction de « légitimation », en particulier dans le domaine de la gestion environnementale, occupe, quant à elle, une place réduite et peu visible dans l’organisation. Selon nous, la fonction de « légitimation » de la CNPC est incluse dans l’ensemble du programme de coopération bilatérale de la Chine avec le Tchad, suivant un modèle éprouvé dans le cas des coopérations bilatérales des pays occidentaux jusqu’aux années 1980. Cette fonction est assurée par l’ambassade, par exemple sous la forme de dons pour la construction d’infrastructures ou de la promotion de partenariats industriels, comme la raffinerie du Tchad. Il en sera probablement ainsi à l’avenir, à moins que la CNPC ne développe son propre dispositif de « légitimation ». Cela pourrait résulter d’un nouveau contexte, où la Chine ferait jouer aux organismes multilatéraux (dont elle est devenue membre) un rôle de légitimation de l’accès aux opérations industrielles et commerciales semblable à celui que ces organismes assurent aujourd’hui en faveur des seuls pays occidentaux. Jusqu’à maintenant, seules quelques grandes entreprises occidentales ou appartenant à l’OGP étaient en mesure d’introduire de nouvelles technologies et de nouvelles approches et procédures reconnues au niveau international. Ces firmes savaient gérer leurs relations avec les médias, les autorités régulatrices nationales ou supranationales, et trouver leur chemin dans les méandres des organisations faîtières autorégulées du secteur pétrolier. Elles pouvaient ainsi voir récompensés leurs efforts en tant que producteurs de nouvelles « meilleures pratiques ». Mais obtenir une telle reconnaissance ne suppose pas seulement de disposer d’une « meilleure pratique » : cela exige aussi une capacité à communiquer, à convaincre, à entraîner l’adhésion, un savoir-faire que la CNPC doit encore acquérir. Sans ouverture aux pratiques de la communication et du dialogue, qui constituent aujourd’hui une dimension importante de la fonction

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© AFD / Février 2012 / Une compagnie pétrolière chinoise face à l’enjeu environnemental au Tchad


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