12 Relever les défis de la stabilité et de la sécurité en Afrique de l’Ouest
sont associés (Souaré, 2010, p. 6). Les élections permettent aux acteurs politiques de renforcer leur position et de mobiliser les membres de leurs groupes ethniques ou religieux en attisant les tensions et l’extrémisme. Ainsi, les élections peuvent « directement provoquer la violence au lieu d’en être une cause sous-jacente » (Léonard, 2010, p. 3). À la violence liée à la concurrence politique peut s’ajouter d’autres formes de violence, comme celles liées à l’accès à la propriété foncière et aux ressources, comme dans le cas de la Côte d’Ivoire (Straus, 2012, p. 195). Dans ce contexte, les pays de la région, avec l’appui d’acteurs locaux, régionaux et de la communauté internationale, ont mis en place des mécanismes pour prévenir ces risques. On peut citer par exemple l’envoi d’observateurs issus de la société civile dans la sous-région et l’élaboration d’un guide pratique de résolution des contentieux électoraux, sous la tutelle du Réseau ouest-africain pour l’édification de la paix (West Africa Network for Peacebuilding, WANEP). En 2011, les pays de la sous-région ont aussi adopté la Déclaration de Praia sur les élections et la stabilité en Afrique de l’Ouest. Trafic de drogue. L’ampleur du trafic de drogue en Afrique de l’Ouest a été révélée entre 2005 et 2007 par la saisie de plusieurs cargaisons contenant des tonnes de cocaïne en provenance d’Amérique du Sud et à destination de l’Europe (UNODC, 2013, p. 9). Le trafic transitant par l’Afrique de l’Ouest constitue désormais une menace sécuritaire importante. Les cartels de drogue sudaméricains préfèrent faire transiter leurs marchandises par les États côtiers qui ont des frontières poreuses, des îles peu habitées, un État faible et corrompu, une surveillance limitée de leur territoire et qui sont proches de l’Europe (voir la carte 2). Outre la cocaïne, l’Afrique de l’Ouest est devenue une plaque tournante des cargaisons de méthamphétamines et d’héroïne. Ce trafic a de nombreuses répercussions négatives. Il peut corrompre les responsables publics et agents des services de sécurité, déstabiliser le gouvernement et affaiblir l’État, éroder le tissu social et le développement économique. Et, comme dans le cas de la Guinée-Bissau, le trafic de drogue peut aussi influencer les élections (Souaré, 2012, p. 9). Le trafic de stupéfiants et la participation aux réseaux de distribution de drogue semblent aussi exister dans des pays d’Afrique de l’Ouest plus stables, comme le Sénégal, la Gambie et le Ghana (Centre africain pour les études stratégiques, 2013, p. 30). Mais ces États sont moins déstabilisés par ce trafic que des pays plus faibles, aux institutions moins résilientes et dont la gouvernance politique est plus fragile. Le trafic de cocaïne a cependant contribué à affaiblir le Mali, une jeune démocratie connue pour sa stabilité (Centre africain pour les études stratégiques, 2013, p. 32). Piraterie maritime et criminalité. Selon le Bureau maritime international, la piraterie maritime dans le golfe de Guinée est plus répandue qu’elle ne l’était dans le golfe d’Aden en 2012. Cette menace s’est amplifiée au cours des dix dernières années. Les premières attaques à l’encontre de bateaux de pêche et de vaisseaux nigérians se sont ensuite diffusées au littoral du Togo, de la