Ôshima Nagisa : le film Natsu no imôto et le problème de l'identité d'Okinawa.

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journal Asahi Shimbun 朝日新聞l’avis de 85% de la population qui s’était exprimée favorablement pour le retour d’Okinawa (2% seulement était contre, 2% ont donné des réponses ambiguës et 9% n’ont pas répondu). Ce sondage est intéressant puisqu’il demande les raisons qui motivent le choix du retour de l’île, que ce soit pour les Japonais de la métropole et pour les habitants d’Okinawa. Pour les Japonais, 21% des interrogés estiment que le retour doit être réalisé parce que les habitants du Japon et d’Okinawa sont des Japonais et 20% expriment l’idée que le Japon est la mère patrie d’Okinawa. Ce sont les deux réponses qui ressortent nettement. 7% des interrogés souhaitent qu’Okinawa revienne au Japon parce qu’ils n’aiment pas les règles des étrangers. En ce qui concerne les habitants d’Okinawa, la réponse diffère. Si une grande partie des Japonais voient Okinawa et son peuple comme des Japonais, nous pouvons constater que seulement 11% estiment que la raison du retour est fondée sur l’idée selon laquelle Okinawa est le Japon. En revanche, 47% des interrogés estiment qu’Okinawa fait partie du territoire Japonais. Le fait que le peuple d’Okinawa soit moins attaché au lien de sang tout en ne reniant pas son appartenance au Japon peut trouver une résonance certaine avec le film Natsu no imôto. En effet, nous pouvons percevoir ici un désir d’un rapport qui n’est pas basé sur le sang comme le souhaite sans doute Ôshima tout en critiquant l’attitude soumise du peuple d’Okinawa vis-à-vis de sa rétrocession. L’aspiration nationale, c'est-à-dire le désir d’indépendance récolte seulement 4% en métropole et 8% à Okinawa même 272.

Ôshima n’hésite pas à exprimer sa différence qu’il qualifie selon le terme de subjectivité ou de volonté subjective. Cette idée naît du fait qu’Ôshima a souvent critiqué ce que l’on appelle « la conscience de victime » de la majorité des films japonais. Cela veut dire que beaucoup de Japonais se considéraient comme des victimes de la guerre, sans en chercher ni les raisons, ni à avancer après quinze années. Il fallut attendre la prorogation du traité de sécurité mutuelle et de coopération entre le Japon et les États-Unis en 1960 pour voir, en masse, une contestation exprimant cette subjectivité du peuple, de l’extrême gauche et bien sûr, d’Ôshima. Cela étant, même si cette contestation se range du côté des idées d’Ôshima, il qualifie ce comportement de pseudo-subjectivité :

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WATANABE Akio, op.cit., p. 5.

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