Jeudi 8 novembre 2018 - N° 2280 - Hebdomadaire - 15, rue Furtado - 33800 BORDEAUX - Prix : 0,80 euro
NOUVELLE CONVENTION TER,
les cheminots toujours à l’offensive !
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Manifestation des cheminots devant le Conseil régional, à Bordeaux le 26 mai 2018.
BÈGLES
BRÉSIL
PRIX DES CARBURANTS
Des coupures d’électricité révoltantes à la veille de la trêve hivernale
Sale temps en prévision pour le peuple
PCF : « Non au racket sur le pouvoir d’achat »
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ACTUALITÉ RAZAN EL-NAJJAR
TOUR F, CITÉ THOREZ À BÈGLES
Mais quand va s’arrêter l’ignominie ?
Expulsions et coupures d’électricité : ça suffit !
Il fallait braver le mauvais temps, dimanche 28 octobre, pour assister à la projection du documentaire « Razan – une trace du Papillon » organisée par Palestine33, l’Association France Palestine Solidarité (AFPS) et l’Union Juive Française pour la Paix (UJFP). Une cinquantaine de personnes se sont retrouvées à l’Utopia pour écouter la mère de Razan expliquant les circonstances de l’assassinat de sa fille et Lyad Alasttal le réalisateur. Beaucoup d’émotion dans la salle et de colère face à l’impunité que s’octroie le pouvoir israélien sur la vie des Palestiniens et le silence complice des états occidentaux. Parce qu’elle était jeune, parce que la solidarité internationale fait partie de l’ADN du Mouvement des Jeunes communistes, son représentant a pris la parole pour dire combien les jeunes se sentent concernés par ce qui se déroule à Gaza. Le prochain conseil d’administration de Palestine33 va envisager les suites qui devraient être données à l’appel des parents de Razan pour que les crimes perpétrés à Gaza ne restent pas dans l’ombre. Yannick Poulain
LSR SUD GIRONDE
Journée « Portes ouvertes » L’association Loisirs et Solidarité des Retraités de Langon Sud-Gironde organise pour la deuxième année consécutive, une journée « Portes ouvertes », le vendredi 16 novembre à la Maison des associations (20 rue Abel Gourgues) de Langon, de 10h à 17h. Cette manifestation sera partagée avec deux autres associations : « Loisirs Passions » et Paralysés de France. Vous êtes invités à découvrir ou redécouvrir les diverses activités de LSR : balades à pied, à vélo, voyages, jeux, travaux manuels et artistiques (peintre sur porcelaine, sur papier, sur toile) ainsi que les programmes passés et futurs. Vous pourrez vous documenter, voir des photos, des films sur les sorties. Vous trouverez, à « l’Exposition vente », les nouvelles créations des différents ateliers ainsi que les artistes qui les animent tout le long de l’année. À cette occasion, ils vous proposeront leurs œuvres.
COMMÉMORATION
Hommage aux tirailleurs L’année 2018 marque le fin d’un cycle commémoratif exceptionnel pour notre pays, mais aussi pour l’Europe et le monde. À côté des grands rendez-vous solennels portés par l’Etat, viennent s’ajouter d’autres initiatives locales. Cent ans plus tard, la Grande Guerre demeure dans le paysage et dans les pensées. Dans toute l’Europe, il existe un très grand nombre de cimetières et de monuments aux morts. Dans les manuels d’histoire elle occupe une place de choix. Cependant, on remarquera qu’il n’y est fait qu’une place limitée au rôle de l’empire colonial alors que près de 600 000 coloniaux y ont été associés côté français. Durant cette période douloureuse, le sort de millions d’habitants de l’empire fut associé à celui des populations de la métropole. Parmi ces « indigènes » des colonies, il est fait rarement mention de la présence de ceux qui sont venus d’Extrême-Orient. Le comité Bordeaux-Gironde de l’Association d’Amitié Franco-Vietnamienne, s’en est ému et a répondu à l’appel de Karfa Sira Diallo afin que ne soit pas oubliée la présence des soldats et des travailleurs indochinois en France. 700 soldats des colonies (Algériens, Marocains, Indochinois, Sénégalais et Malgaches), morts pendant la Première guerre mondiale, reposent dans la ville Bordeaux - Rendons leur hommage ! Nicolas Ông Président de l’AAFV Comité Bordeaux-Gironde
Samedi 10 novembre 2018 à 11h Cimetière des Pins Francs, 32 rue Soubiras à Bordeaux Clôture du cycle commémoratif du centenaire de la Première guerre mondiale 14h-18h : présentation des 14 portraits de l’exposition Frères d’âme, place Camille Jullian, Bordeaux. 2 • Les Nouvelles 8 novembre 2018
L’exaspération et la solidarité se sont encore exprimées, le mercredi 31 octobre à Bègles, autour des familles albanaises qui occupent les logements vides de la tour F, cité Maurice Thorez. La veille, Enedis était venu retirer les compteurs Linky installés il y a quelques semaines, privant ainsi les familles d’électricité à deux jours de la trêve hivernale. « Certes, la trêve hivernale ne concerne que les logements occupés légalement. Il n’empêche que le froid arrive, qu’il y a 4 nouveaux nés pour lesquels les familles n’ont même plus de quoi chauffer les biberons. Heureusement qu’il y a la solidarité du voisinage ! » Dominique Belougne est exaspéré, révolté, des sentiments qu’il fait partager. Ces familles sont ses voisin-e-s. Depuis fin août, il mobilise pour tenter d’empêcher leurs expulsions. Le 31 octobre à 15h place du 14 juillet, les militants de RESF33, de la LDH, du PCF (dont il est l’un des responsable départemental), de la France insoumise, de Lutte ouvrière ont répondu à son appel et entourent la dizaine de familles migrantes concernées. Une soixantaine de personnes groupée sous une pluie battante. Des
élus sont également présents : Christine Texier, élue Pcf-Front de Gauche à Bègles, Jacques Raynaud, conseiller général socialiste de Bègles, Garance Bousquin, attachée parlementaire du député France Insoumise de la circonscription Loïc Prudhomme, deux adjointes au maire de Bègles… Une nouvelle fois, les familles ont été accueillies à la MDSI et au CCAS pour parer au plus pressé et examiner les dossiers qui devaient encore l’être. Mais c’est bien une décision politique que tous attendent. « Il faut que cessent ces pratiques indignes d’expulsions et de coupures d’énergie qui ne tiennent aucun compte ne serait-ce, a minima, des droits et de la nécessaire protection des enfants. La table ronde dont nous avions convenu avec M. le maire de Bègles fin août doit maintenant se tenir en urgence », rappelle Christine Texier. En moins de dix jours, ce sont une vingtaine de familles qui ont été expulsées des logements de la tour F et les compteurs Linky ont été retirés aux familles qui restent, en coordination avec le bailleur Vilogia et les pouvoirs publics. « Enedis aurait constaté des branchements sauvages au moment de l’installation des nouveaux compteurs présentant un danger. Dans ce cas, pourquoi a-t-elle attendu plusieurs
semaines pour intervenir ? » interroge Dominique Belougne. De même, le militant balaie d’un revers de main l’argument du bailleur de travaux à venir pour justifier les expulsions, locataire lui-même de l’immeuble et membre de la CNL, il est bien placé pour constater que rien n’a été engagé qui justifie une évacuation urgente de ces logements. Côté pouvoirs publics, il semble que la préfecture ait décidé de s’occuper en particulier des familles albanaises. D’ailleurs les familles le savent. « On nous parle de réseau, de trafic mais nous, nous ne sommes pas des voleurs. On est là pour assurer un avenir à nos enfants. On est des gens normaux. » Témoignent plusieurs pères de famille. « La police fait son travail, c’est normal. Mais ce n’est pas normal qu’un policier nous menace de couper l’eau, qu’il fasse peur aux enfants, qu’il nous dise que notre cadeau de Noël sera une expulsion », s’indigne une jeune femme. Les manifestants n’ont pas pu rencontrer Vilogia mais à travers une pétition (https://chn.ge/2OdcdhK) qui a recueilli à ce jour près de 1 000 signatures, le collectif reste mobilisé et demande l’organisation d’une tableronde sous l’égide de la municipalité de Bègles, avec la participation de la Préfecture, de Vilogia, du Département, etc. pour mettre en place un dispositif qui permettrait de régulariser la situation de ces familles. En attendant, ils continueront à se battre pour que les familles avec enfants et jeunes scolarisés ne soient pas inquiétées, au minimum jusqu’à la fin de l’année scolaire. Christelle Danglot
HOMMAGE À NELSON MANDELA
Des centaines de bordelais-e-s rassemblé-e-s contre le racisme
Un bel hommage à Nelson Mandela a été rendu dimanche dernier à Darwin, à Bordeaux, à travers une mobilisation contre le racisme et l’extrême-droite qui a pris la forme de témoignages, de plaidoiries, de poésies, de slams. Plusieurs centaines de bordelais-e-s se sont rassemblé-e-s sur le site de Darwin, à Bordeaux, pour saluer le combat, devenu universel, de Nelson Mandela pour l’égalité. C’est l’association Mémoires & Par-
tages qui était à l’origine de cette « Plaidoirie contre le racisme » organisée dans le cadre du Centenaire Nelson Mandela, en partenariat avec le barreau de Bordeaux, avec des artistes, des associations mais aussi des élus : Claude Mellier (Vice-présidente de Bordeaux Métropole), Pierre Hurmic (Verts) et Vincent Feltesse (PS). Vincent Maurin, membre de la direction départementale du PCF, invité comme témoin, a rappelé la première manifestation anti-apartheid bordelaise, partie de la place de la victoire le 15 novembre 1986,
à l’initiative des jeunes communistes ou encore les oranges en provenance d’Afrique du Sud, vidées dans le port de Bassens par la CGT du port et des militants communistes. Ce boycott sportif, culturel et économique avait permis de mettre l’apartheid au ban de l’humanité. La mémoire de toutes les initiatives contre l’apartheid nous rappelle que l’on peut gagner, qu’il faut y croire, « c’est d’autant plus important dans notre pays à un moment où le racisme, le repli sur soi et la haine regagnent du terrain ». Baptiste et Clémence, jeunes lycéens communistes, montent sur scène pour slamer leur époque. Avant eux, des avocats en robe interrogeaient la nature du racisme dans un débat contradictoire. La soirée se termine en musique avec Cheikh Sow, Patricia Houéfa Grange et Siméline (Martinique). Un beau moment de rassemblement. C.D. Pour voir l’exposition jusqu’au 7 décembre : www.memoiresetpartages.com
ACTUALITÉ
Editorial
CONVENTION TER
Toujours à l’offensive Lors d’une soirée à l’initiative de la CGT cheminots, associations d’usagers, élus, partis politiques et cheminots ont pu avoir accès à l’analyse du contenu de la future convention Région-TER. C’est rue de la faïencerie, dans le décor indus-rétro de l’ancienne fabrique de faïence Vieillard, que la CGT cheminots avait donné rendez-vous aux associations d’usagers, élus locaux et partis politiques pour le rendu de l’étude du cabinet Degest, dans le cadre du renouvellement de la convention qui lie la région Nouvelle Aquitaine à la SNCF. Cette convention est un contrat entre les deux entités, qui marque leur engagement réciproque. En d’autre terme, elle détermine le contenu du service public. L’étude réalisée par le cabinet Degest a été faite alors que, dans le cadre de l’ancienne convention, la SNCF et la Région ont décidé de ramener le nombre d’heures hebdomadaires dans les gares de 45h à 15h et que la SNCF a décidé de supprimer les contrôleurs sur la ligne Bordeaux-Arcachon. L’étude met d’abord en valeur une réalité économique et démographique. Une façade Ouest densément peuplée avec la métropole et une partie Est très rurale, à l’habitat plus décimé. Selon ces secteurs, le rôle du rail n’est pas le
même ni le coût. Or la convention actuelle est le fruit des trois conventions des anciennes régions (Aquitaine, Poitou-Charentes, Limousin) où l’on voit bien que l’Aquitaine consacrait moins d’argent public au financement du rail par voyageur. D’autre part, la convention va être signée dans le cadre de finances publiques très contraintes par la politique d’austérité du gouvernement. Il faut bien sûr ajouter à cela la réforme ferroviaire permettant, entre autre, l’ouverture à la concurrence des TER à partir de décembre 2019. Ce contexte faisait craindre le pire au syndicat cheminot. Le cabinet Degest ne les a pas rassuré. Ce qui ressort à ce jour de la convention, c’est tout d’abord la création de lots différenciés. Autrement dit, on organise le service à la découpe, selon les secteurs géographiques, la fréquentation. On finit de sortir de la logique de service public, pour rentrer encore plus dans des logiques de gestions des coûts et de rentabilité. Ce qui fait dire aux responsables de Degest que la SNCF organise sa propre concurrence. Car ce qu’il y derrière ces lots, c’est bien cette perspectives de la mise en concurrence et l’attribution dans les prochaines années de lots à des prestataires privés. Or la logique de réseau, notamment ferroviaire, appelle à la mise en commun et non à la découpe. Comme l’ont montré l’étude de De-
gest ou l’intervention de cheminots, il y a un vrai besoin de mutualiser, que ce soit les machines ou les conducteurs, et de pouvoir les faire passer d’un secteur à un autre, au risque sinon de voir des trains rester à quai. Le débat dans la salle a permis de donner de la vie aux analyses du cabinet. Des élus du Limousin ont montré le besoin vital du train dans des secteurs où il y a peu de population, mais où le train joue un rôle d’égalité pour les déplacements. La mise en place de cars, pour remplacer les trains signerait une vraie dégradation de la qualité de vie, et serait un contresens à l’heure de la bataille pour le climat. Ces mêmes élus ont pointé le discours sur les coûts du train, sans que personne ne parle jamais des coûts (externes) de la route (pollution, voirie, bruit). Des interventions d’usagers de la région, de cheminots et d’élus sont venus étayer cette réalité. David Villegas a conclu la soirée sur un ton combatif. Les cheminots vont faire connaître les résultats de l’étude en se déplaçant dans les territoires. Ils donnent rendez-vous le 15 novembre en gare de Biganos au matin, pour une initiative construite en collaboration avec les associations d’usagers, pour exiger un service public de qualité. Décidément il semblerait que la bataille du rail soit loin d’être achevée. Frédéric Mellier
CGT CHEMINOTS
3 questions à David Villegas gers (sauf FNAUT) et les syndicats cheminots de toutes concertations. Les Nouvelles. Qu’est-ce qu’il ressort de cette étude ?
David Villegas est responsable de la CGT Cheminots du secteur de Bordeaux et membre de la direction régionale de la CGT. Les Nouvelles. Pourquoi avoir fait appel à un cabinet extérieur, le cabinet Degest ? David Villegas. En premier lieu, ils ont un regard extérieur sur les enjeux tout en connaissant parfaitement les rouages du mode ferroviaire et une pertinence pour mettre en cohérence avec l’économique et le sociétal d’un territoire, dans son ensemble. Ils ont pu également auditionner librement les conseillers régionaux en charge du transport et la Direction régionale SNCF. C’était indispensable pour nous car pour la première fois depuis la décentralisation des TER, la Région a écarté les associations d’usa-
D.V. 3 éléments démontrent que la future convention TER Nouvelle Aquitaine s’inscrit dans une logique de marché et de fermetures des petites lignes : - le réseau de notre région est dans un état catastrophique en raison du désengagement de l’État, il manque 650 millions d’euros en urgence et 1 milliard pour le pérenniser ; - Alain Rousset a choisi de suivre les conseils du très libéral cabinet KCW, c’est-à-dire morceler notre réseau TER N.A. en 5 lots de lignes. Les moyens de production ne seront plus mutualisables et les différents lots seront objectivés financièrement, avec des gains de productivité attendus. L’unicité du système est ainsi sacrifiée afin d’organiser la mise en concurrence très rapidement sur 2 lots ; - il y a une fracture économique et de développement entre les zones de la métropole et du littoral d’un côté, les zones rurales de l’autre. Pourtant un TER performant est un outil vital de développement pour les territoires moins denses. La métropolisation bordelaise, née du concept libéral de Nouvelle Économie Géographique (NEG) devient la nouvelle logique d’aménagement du territoire.
Les Nouvelles. Quelles sont vos craintes sur la future convention TER avec la Région qui doit être signée en fin d’année ? D.V. La Région ne se confronte pas politiquement au gouvernement concernant le financement du réseau, les collectivités sont également soumises à de fortes contraintes financières, cette situation d’ensemble nous fait craindre que cette nouvelle convention TER soit fléchée à la baisse en terme de contribution publique. Ainsi, de lourdes menaces pèsent sur les petites lignes. Sur celles qui resteront ouvertes, la déshumanisation des gares et des trains va se généraliser à l’instar de la ligne Bordeaux-Arcachon. En parallèle, cette baisse attendue de la ressource publique va faire augmenter les prix pour les usagers (comme sur l’ex-région Poitou-Charentes) et nuire aux cheminots comme à la qualité de service. Avec un réseau dans cet état et moins d’argent pour le ferroviaire, un opérateur privé fera t-il mieux que SNCF ? La libéralisation du fret répond déjà à cette question : c’est la route qui prend tout ! La CGT a des propositions, aussi bien pour le financement du réseau que pour l’optimisation des coûts du TER, pour le développement du mode ferroviaire car c’est le sens de l’histoire et de nos futures mobilités. Alors Monsieur Rousset quand s’assoit-on autour d’une table ?
Avec Ian Brossat Un an à peine après son élection, les choix politiques d’E. Macron se traduisent par une baisse dans les sondages mais une progression du parti lepéniste. Dans le même temps une grande majorité de citoyens, d’électeurs sont désemparés, ne savent plus à quel parti se vouer. Un ami retraité me disait : « Il faut que les partis de gauche arrêtent de jouer chacun dans leur camp ». Alors comment faire bouger les uns et les autres pour converger, construire une alternative ? Les communistes ont toujours pensé que sans intervention citoyenne, sans prise en compte par les gens eux-mêmes de leurs propres problèmes, cela ne peut pas fonctionner. Un seul exemple, l’élection de F. Hollande avec « Mon principal ennemi c’est la finance ». On connait le résultat ! Dans ce paysage politique où les risques de divisions, de recul de société sont de plus en plus inquiétants, une élection se profile à l’horizon : les européennes. Faut-il en faire simplement une élection anti Macron sans véritable contenu transformateur, lui qui en fait une élection anti extrême droite, balayant ses propres choix politiques et leurs conséquences ? Ou bien, comme le fait Ian Brossat, rentrer tout de suite au cœur des questions sociales, politiques, attaquer le mal à sa racine ? Aujourd’hui, Macron assume l’augmentation du prix du carburant. Nous proposons par exemple de taxer le kérosène, Total et ses 10 Milliards de profits annuels. Depuis 10 ans, la Banque centrale européenne a versé près de 3 000 milliards d’euros aux banques privées. Elle l’a fait sans la moindre condition d’utilisation de ces fonds, sans la moindre contrepartie. À l’échelle de l’UE, ce sont 1 000 milliards d’euros qui partent en fumée soit 2 000 euros volés chaque année à chaque citoyen européen ! La question est donc d’avoir un débat permettant d’informer, mais aussi de travailler à l’engagement lucide du plus grand nombre sur les moyens disponibles et comment se les approprier. Ian Brossat mène cette campagne et dans le même temps il propose aux partis de gauche voulant une Europe sociale de la construire ensemble. Chacun doit être mis devant ses responsabilités. Ce n’est faire de chantage à personne quand on sait que partout en Europe l’extrémisme grandit sur les politiques libérales, qu’il est urgent d’agir. À ce jour plusieurs candidats de gauche sont sur les rangs sans se préoccuper des conséquences à venir, drapeau au vent et qui m’aime me suive… Alors cette construction ne se fera que si les citoyens s’en mêlent et il n’y aura convergence que si ceux-ci, dans tous les milieux s’emparent des exigences, des contenus pour modifier les choix politiques actuels. Les communistes porteront avec Ian Brossat cette double bataille comme ils l’ont fait contre le traité de Maastricht (seuls à gauche), pour le « Non » au traité constitutionnel en continuant le combat, avec leurs élus, au quotidien à Bruxelles, avec lucidité et confiance mais sans « encombrement médiatique ».
Pierre Vignau membre de l’exécutif du PCF 33
Les Nouvelles 8 novembre 2018 • 3
SALE TEMPS POUR LE PARTI COMMUNISTE FRANÇAIS
WALTER SORRENTINO :
Plus que jamais aux côtés des progressistes et démocrates brésiliens
« Au Brésil, plus rien ne sera jamais comm
Déclaration du 29/10/2018 Au terme de la séquence électorale au Brésil, c’est l’inquiétude qui est de mise après l’élection de Jair Bolsonaro (55 % des voix contre 45 % pour Fernando Haddad du Parti des travailleurs). L’homme qui a dit tout au long d’une campagne agressive et violente vouloir gouverner « pour la majorité, pas pour la minorité », en pointant d’une manière affirmée les noirs, les femmes, les membres de la communauté LGBT, les militants de gauche, les Indiens, les membres du mouvement paysan des sans-terre (MST) et d’ONG, les défenseurs de l’environnement, les journalistes, plonge le pays dans une profonde fracture. Ce résultat intervient dans un pays confronté depuis plusieurs années à la fragilité des institutions, avec le coup d’État contre Dilma Rousseff et la prison pour Lula, empêché d’enregistrer sa candidature, contrairement aux recommandations de l’ONU. Après les États-Unis, l’Europe de
l’Est et les Philippines, l’arrivée de Bolsonaro, adepte de la dictature marque un nouveau tournant inquiétant dans un mouvement mondial d’expansion des nationalismes de droite. Depuis l’annonce des résultats, les messages de félicitations à Bolsonaro des néolibéraux latino-américains et du monde occidental (Trump et Marine Le Pen en tête) ne cessent de tomber. Et pour cause, sa ligne de conduite épouse un recours massif à la police militaire pour gérer les problèmes de criminalité urbaine, une économie clairement néolibérale avec un programme caressant le marché dans le sens du poil : réforme des retraites, indépendance totale de la Banque centrale, privatisations et réduction de la taille de l’État, suppression des droits des travailleurs, renoncement à l’alphabétisation et aux enseignements fondamentaux dans les zones rurales éloignées où les institutions scolaires seraient « trop chères à entretenir » ainsi que soutien à l’agrobusiness qui met en péril la biodiversité du pays. En promettant « un grand nettoyage
du pays des marginaux rouges, des horsla-loi gauchistes », se profilent une purge comme jamais le Brésil n’en a connue et un risque de basculement vers un régime anti-démocratique, répressif, sans contre-pouvoir, aux couleurs d’un « fascisme rampant ». La communauté internationale, européenne notamment, qui n’a eu de cesse de brandir le flambeau de la démocratie de part et d’autre de la planète, est restée bien muette ces derniers mois face à la situation brésilienne et porte une lourde responsabilité. Au-delà d’être une menace pour les seuls Brésiliens, c’est un risque d’instabilité pour toute la région où les forces de droite extrême sont à l’offensive, mais également à l’échelle internationale. Les forces progressistes brésiliennes, loin de baisser les bras comme l’a déclaré Fernando Haddad, vont rester mobilisées. Le PCF, fidèle à ses valeurs et à son soutien permanent, sera à leurs côtés. Il en appelle à la communauté internationale et lui demande de se ressaisir contre la menace de la « peste brune », encouragée par ce résultat, en prenant des mesures politiques humanistes, sociales et solidaires, volontaristes d’émancipation humaine. Cela nécessite pour nous, forces communistes et progressistes, des efforts considérables de solidarité et des propositions claires au service des libertés fondamentales, de la justice sociale de la démocratie et de la préservation de la planète.
Après sa condamnation, Lula peine à unir la gauche brésilienne… L’ancien président Lula (au centre) en meeting avec le Parti des travailleurs, le 25 janvier à São Paulo.
RÉACTION
Si le fascisme était à nos portes hier, aujourd’hui il est dans l’entrée Jair Bolsonaro marche dans les traces de bottes de ses anciens. Et il y laisse un fumet plus actuel. Climatosceptique, le voici aux commandes de la forêt amazonienne. Nostalgique de la dictature d’extrême droite brésilienne, il annonce vouloir obliger les personnes de gauche à choisir entre l’exil ou la prison, et entend diminuer la liberté des profs de faculté, qui parlent politique. En somme, ses premiers décrets auront pour objectif de verrouiller la liberté d’expression, et plus particulièrement de l’expression politique progressiste dans le pays. Ancien militaire de carrière ayant accédé à la présidentielle, il a un soutien fort du parti démocrate chrétien. Il serait facile de dénoncer les classes populaires comme seules responsables de l’élection de Bolsonaro. Ce dernier est monté au pouvoir après
la gauche de Lula, minée par un scandale de corruption qui vise toute la classe politique brésilienne. Mais il est également aidé par le spectre grandissant de l’insécurité devenu le cheval de bataille de l’extrême droite, au mépris des libertés individuelles. L’électorat de ce nouveau président est aussi composé des classes aisées qui, pour beaucoup, ont trouvé leur compte dans son projet politique. On pourrait faire son portrait pendant encore longtemps. Mais ne faut-il pas plutôt apporter notre soutien inconditionnel aux femmes, LGBT+, écologistes et communistes brésilien-ne-s et, plus globalement, à l’ensemble du peuple brésilien qui souffrira de ces résultats électoraux ? Comment pouvons-nous espérer sauver le monde si on y place des dirigeants qui veulent le couler. Com-
4 • Les Nouvelles 8 novembre 2018
ment peut-on accepter de voir dans le monde s’ériger des régimes prônant le profit et la sécurité au détriment de l’humain ? Mais l’important est de ne pas faillir, de lutter aujourd’hui comme hier et demain comme aujourd’hui. Lutter pour défendre nos idées, nos valeurs, notre liberté. Lutter contre les néo-libéraux, les capitalistes, les nationalistes et les fascistes. Lutter pour pouvoir dire demain à vos enfants que vous n’avez jamais cédé pour leur assurer un avenir, marchant sur la peste fasciste, la bête immonde. Lutter pour leur assurer un avenir digne. Baptiste et Clémence des JC Gironde
Walter Sorrentino est vice-président du Parti communiste du Brésil. Le responsable politique estime que la victoire de l’extrême droite à la présidentielle annonce une dictature ouverte, lourde de régressions sociales et de persécutions pour les forces progressistes. Sa formation appelle à la constitution d’un ample front démocratique. Entretien réalisé par Cathy Dos Santos pour l’Humanité du 6 novembre dernier.
L’Humanité. L’élection de Jair Bolsonaro survient deux ans après la rupture de l’ordre constitutionnel avec le coup d’État contre la présidente de gauche Dilma Rousseff. Comment le Parti communiste du Brésil (PCdoB) analyse-t-il la victoire de l’extrême droite à la présidentielle le 28 octobre ? Walter Sorrentino. La victoire de Jair Bolsonaro représente une rupture politique avec le système hérité de la Constitution de 1988. En marge de l’État démocratique de droit, un nouvel ordre social, politique, économique a été implanté au Brésil. Ce nouvel ordre défigure notre texte fondamental et place sur la touche les mouvements populaires, les travailleurs, les droits civils et humains. Il s’est accéléré avec l’impeachment de la présidente Dilma Rousseff en 2016*. La victoire de Bolsonaro est annonciatrice d’une dictature ouverte, grâce au vote, aux forces les plus réactionnaires, conservatrices, antinationales et antipopulaires. Pour moi, il s’agit d’un « démocraticide ». Le Brésil va connaître une période de soumission, de menaces néocoloniales, d’autoritarisme et de persécutions des forces progressistes et de gauche. Le gouvernement de Bolsonaro sera celui de l’affrontement avec les idées progressistes et communistes ainsi qu’avec la presse. La gauche brésilienne a une longue tradition de lutte contre les dictatures, car notre pays a connu davantage de régimes durs que de périodes constitutionnelles. Nous sommes prêts à affronter ces forces rétrogrades. Mais rien ne sera plus jamais comme avant au Brésil. L’Humanité. Vous estimez que « la gauche peut transformer la défaite immédiate en un triomphe
stratégique ». Qu’entendez-vous par là ? W.S. La gauche brésilienne est sur la défensive. Depuis 2009, des mouvements ont entamé les fondements de notre projet démocratique, populaire et de défense de la patrie. Durant les gouvernements progressistes de Lula et de Dilma Rousseff, nous avons subi des défaites très importantes, qui se sont accélérées avec la découverte en 2006 du « pré-sel » (« pre-sal », il s’agit de gigantesques ressources pétrolières situées à 2 000 mètres sous le niveau de la mer et sous d’épaisses couches de sel – NDLR). D’importantes forces impérialistes, naturellement états-uniennes, ont alors commencé à attaquer notre pays : il y a eu les écoutes téléphoniques illégales de la présidente ; pour la première fois dans l’histoire, la quatrième flotte américaine a patrouillé dans l’Atlantique sud ; les affaires de corruption ont été détournées de leur but initial pour suivre le schéma de destruction de notre ingénierie nationale. Nous sommes convaincus que le juge Sergio Moro (qui enquête sur la corruption liée à Petrobras, la compagnie pétrolière nationale – NDLR) a eu accès aux informations captées par les services de renseignement étatsuniens. Il a ainsi chassé les membres de l’organigramme que Washington lui a désignés. Autre facteur, en 2012, le pays a souffert de la troisième onde de choc de la crise internationale du capitalisme. Il s’est retrouvé démuni pour défendre ses intérêts nationaux. En 2013, les journées (contre la hausse des transports publics – NDLR) ont été récupérées par la droite et les monopoles médiatiques, qui les ont transformées en un mouvement de masse contre la gauche. L’élection de Dilma Rousseff n’a pas altéré cette fronde et, deux ans plus tard, nous avons subi l’impeachment. Sur le plan législatif, nous avons également enregistré des défaites avec les lois régressives. Le pays connaît la plus grande et profonde récession politique de son histoire. Les Brésiliens ont perdu 10 % de leurs revenus. Ce rapport de forces s’est exprimé puissamment dans la victoire de Bolsonaro. L’Humanité. Quelles réponses y apportez-vous ? W.S. Nous devons nous unir pour libérer le pays de la crise, de la dic-
E PEUPLE BRÉSILIEN
me avant l’élection de Bolsonaro » tature et de la menace néocoloniale. Cette idée d’union, le PCdoB l’a avancée, y compris lors des candidatures à la présidentielle. Malheureusement, la gauche s’est divisée et nous avons perdu. Mais la résistance qui s’est exprimée au second tour est un capital politique très puissant : la société brésilienne a commencé à se réveiller face aux menaces dont elle est victime. Il existe une énorme base pour tendre vers la constitution d’un front ample de défense du Brésil, de la démocratie et du peuple. Indépendamment des formations politiques qui en sont parties intégrantes, ce front doit impliquer les forces sociales, syndicales, culturelles, académiques, intellectuelles ainsi que le mouvement féministe. L’Humanité. Comment ces courants de pensée sociale et politique peuvent-ils s’articuler au sein d’un front démocratique ? W.S. J’insiste, il faut nous unir. Si nous avions été unis, nous n’aurions pas perdu l’élection. Il faut nous unir par-delà les intérêts partisans. Les luttes quotidiennes doivent figurer dans ce front. Les partis politiques de la gauche et du centre gauche doivent agir en faveur d’un programme qui existe déjà. Il a été élaboré début 2018, à la demande du PCdoB, dans l’espoir d’unir nos candidatures. Il nous faut également agir à l’unisson au Parlement. Nous devons reconnecter notre message avec la société. Cette dernière s’est exprimée durant les élections. Elle a envoyé un message de rejet du système politique, de la corruption, de la violence qui s’abat sur les grandes villes. Elle s’est prononcée contre la gauche, contre ce que l’on appelle le « pétisme ». Nous avons totalisé 47 millions de votes, certes, mais il nous faut nous raccorder aux centres de travail, aux universités, et parler avec le peuple et les périphéries. Il nous faut comprendre les nouveaux sentiments qui existent dans la société brésilienne. Nous sommes convaincus que le peuple brésilien ne soutient pas la dictature, même s’il a voté Bolsonaro. L’Humanité. Vous parlez de reconnexion nécessaire avec la société brésilienne. Selon vous, à quand remonte la fracture ? W.S. Le point nodal de cette déconnexion s’est manifesté en 2013 lors des grandes manifestations de masse qui ont fini récupérées par le secteur néolibéral. Mais il y a une convergence de facteurs. Tout d’abord, la crise économique internationale a empiré. Elle a rendu difficile de maintenir les conquêtes des gouvernements populaires. Puis, il y a eu d’importantes erreurs commises par les gouvernements progressistes, malgré les avancées pour le peuple brésilien et la place de notre pays dans le monde. Il faudra procéder à un examen critique de cette période. Enfin, il y a eu une grande manipulation de la part des consortiums médiatiques et du grand patronat
brésilien, qui ont bénéficié d’appuis de l’étranger, pour démoraliser la gauche. L’un des exemples est l’incarcération de Lula. Cette campagne antigauche a anesthésié l’opinion publique. Se reconnecter avec la société implique de persuader, de convaincre. L’opposition brésilienne ne peut pas seulement adopter une posture de rejet du futur gouvernement, elle doit également construire une perspective de nouveau futur. Pour que la population reprenne confiance en nous, nous devons offrir un meilleur programme. Nous avons convaincu 47 millions d’électeurs, mais cela a été insuffisant. Il faut que nous redevenions une majorité politique. L’Humanité. Que dites-vous aux 40 millions de Brésiliens qui se sont abstenus ou ont voté nul, blanc, alors qu’ils auraient pu changer l’issue du scrutin ? W.S. Ces Brésiliens sont à l’image de la démoralisation vis-à-vis du système politique. Des secteurs de l’État brésilien mais également les médias en sont responsables. Ils ont transformé le système politique en la cible privilégiée de leurs attaques. Cela a généré beaucoup de désillusion, et finalement la volonté de voir le système politique imploser. D’où l’expression d’un vote antisystème le 28 octobre mais également l’abstention ainsi que les votes nuls et blancs. Ces électeurs ont dit qu’ils ne se sentaient pas représentés, faisant leur un slogan répandu en Argentine : « Qu’ils s’en aillent tous ! » L’abstention a toujours existé, en dépit du vote obligatoire, mais elle a augmenté en raison de cette ambiance de discrédit généralisé. Nous devons faire un effort en direction de ces Brésiliens et éclaircir avec eux les enjeux. L’Humanité. Vous dénoncez une « colossale rupture des droits » à venir dès que Bolsonaro prendra ses fonctions le 1er janvier. W.S. Le gouvernement de Bolsonaro sera ultralibéral. Il complétera l’œuvre que le coup d’État n’est pas parvenu à achever avec la destruction des droits des travailleurs, de la Sécurité sociale au profit de groupes privés. Avec la vague de privatisations, l’État sera réduit au minimum et les dépenses publiques dans la santé et l’éducation gelées. Le profond conservatisme dont se prévaut Bolsonaro cherchera également à bouleverser les comportements des Brésiliens sur le plan sociétal. La menace est réelle quant à sa volonté d’exterminer la gauche et les organisations populaires, comme le Mouvement des travailleurs ruraux sans terre (MST), le Mouvement des travailleurs sans toit, en les associant au terrorisme dans le cadre de la loi antiterroriste. Dans l’histoire politique du Brésil, l’un des marqueurs essentiels, sous la démocratie ou non, a été l’illégalité du PCdoB. Nous avons 96 ans d’existence et presque 63 ans de clandestinité. Nous sommes face à une offensive brutale contre le
peuple, et contre ses droits. Le futur gouvernement sera celui du bradage des richesses nationales, de la dénationalisation de l’économie brésilienne et du réalignement sur les grands intérêts états-uniens. L’Humanité. Quelle forme prendra l’alignement du Brésil de Bolsonaro sur les États-Unis de Donald Trump ? W.S. L’un des grands objectifs de Bolsonaro est de rompre avec le multilatéralisme, à savoir cette ligne politique autonome et indépendante du Brésil, qui s’est approfondie sous les gouvernements de Lula et de Dilma Rousseff. Bolsonaro réalise un réalignement profond avec les États-Unis, Israël, et va jusqu’à attaquer les réalisations stratégiques de précédents gouvernements conservateurs, comme l’est le Mercosur (communauté économique composée de l’Argentine, du Paraguay, de l’Uruguay, du Venezuela et du Brésil – NDLR). Les États-Unis ont d’importants intérêts au Brésil, c’est pourquoi ils ont participé de ces mouvements de déstabilisation que j’évoquais auparavant. Washington considère le Brésil comme une pièce clé de ses intérêts économiques et financiers avec, par exemple, la vente d’armement de dernière génération. Le réalignement de Bolsonaro est néfaste car le Brésil ne s’est développé que lorsqu’il a atteint une certaine autonomie à même de lui permettre de s’autodéterminer sur des choix stratégiques. L’Humanité. Ce revirement ne risque-t-il pas d’entraîner des chocs économiques, la Chine étant le premier partenaire commercial du Brésil ? W.S. Oui. Bolsonaro est ouvertement anti-Chine. Son positionnement m’inspire deux réflexions. Il existe une guerre hybride commerciale et protectionniste entre Washington et Pékin. Dans cette configuration géostratégique, l’establishment brésilien – le patronat, les forces armées, les appareils d’État – se positionne du côté des États-Unis. Par ailleurs, les déclarations irresponsables de Bolsonaro révèlent qu’il n’a pas l’étoffe pour être président du Brésil, l’une des dix plus grandes économies au monde. Il méprise la Chine, qui est son principal partenaire commercial, ainsi que l’Argentine, qui est la deuxième économie du Mercosur. Dès qu’il parle, Bolsonaro lâche des bombes diplomatiques. * En 2014, les premières révélations de la vaste enquête contre la corruption (Lava Jato) secouent l’ensemble de la classe politique. Pour autant, la justice se focalise sur le Parti des travailleurs et les médias amplifient ce discrédit qui frappe le parti de Lula. En 2016, la présidente Dilma Rousseff est destituée dans des conditions douteuses pour « crime de responsabilité fiscale ».
Le Brésil, république fédérative, est le plus grand État d’Amérique latine, le cinquième plus grand pays de la planète. Le pays compte une population de 209 millions d'habitants. En 2017, selon le FMI, le PIB du Brésil s'élève à 2 054 milliards de dollars américains, ce qui en fait la huitième puissance économique mondiale. En dépit de la taille de son économie, le Brésil reste l'un des pays où les inégalités sociales et économiques sont parmi les plus élevées du monde. Riche en ressources naturelles, le Brésil a été identifié comme étant une nouvelle puissance pétrolière. Les réserves récupérables n'ont cessé d'être réestimées à la hausse : en 2013, elles sont évaluées à 106 milliards de barils selon l'Agence internationale de l'énergie, « soit plus de réserves découvertes au Brésil que dans n'importe quel autre pays » souligne l'AIE.
RÉACTION
Le Brésil, le nouveau monde. Ne tournons pas autour du pot, ne nous payons pas de mots : le fasciste Bolsonaro a été élu. Le peuple brésilien a voté. Le peuple brésilien a élu un putain de fasciste qui n’a rien dissimulé de ses intentions, c’est le moins qu’on puisse dire. Pas la place ici de détailler les raisons et les circonstances d’un tel choix ; les analyses abondent, çà et là. Quelques remarques, cependant. Hongrie, Italie, Pologne, Etats-Unis, Russie, Turquie, Israël, Philippines, on en oublie sans doute (les dictatures nord-coréenne et chinoise, hélas qualifiées de communistes, ou les monarchies du Golfe Persique n’ayant pas besoin d’artifices démocratiques pour sévir). Un peu partout, s’installent, par le vote, des régimes autoritaires, fascisants, racistes, xénophobes. Un peu partout, les peuples s’en remettent à des partis ou des dirigeants qui attirent leurs suffrages avec des slogans simplistes où la violence verbale (en attendant de se manifester dans les faits) tient lieu d’argument, à coups de mensonges éhontés (les fameuses fake news) amplifiés par les réseaux dits sociaux. Des peuples transformés en masses de consommateurs-spectateurs réduits à leurs pulsions les plus primaires, menés par leurs affects. Des peuples mus par le sentiment (souvent avéré dans les faits) d’un abandon, d’un mépris de la part de la classe politique dans son ensemble, droite et gauches confondues dans le même rejet), d’une absence de réponse face aux problèmes majeurs : creusement des inégalités, injustice sociale, catastrophe environnementale d’ores et déjà enclenchée. Des peuples qui décident de renverser la table (expression chère à Mélenchon), auxquels les « démodictateurs » pré-
tendent rendre le pouvoir en direct, bousculant et piétinant la séparation des pouvoirs institutionnels mais aussi menaçant ou réprimant les corps intermédiaires (syndicats, presse…). Mais s’accommodant fort bien (et c’est réciproque) du libéralisme économique et des intérêts financiers, évidemment. On peut alors parler d’un effondrement d’une espérance largement partagée où l’on pensait le pouvoir politique en mesure de résoudre les problèmes et les malheurs dont souffre l’humanité. Effondrement catastrophique tout autant que celui, global, qui s’annonce pour demain par le réchauffement climatique et l’épuisement des ressources de la planète. On pourrait penser, quand on est naïf, dans un tel contexte où le capitalisme, par ses fortunes monstrueuses, ses modes de production, apparaît comme le responsable évident de la crise planétaire, que les gauches (pas de malentendu entre nous : le PS est mort, vivent les gauches), s’unissant enfin, pourraient faire renaître un espoir, éviter le pire, pour commencer, et promouvoir un monde d’égalité et de justice (naïveté quand tu nous tiens…) sur une planète sauvegardée. À quelques mois des élections européennes, le désastre (fascistes en tête, les gauches divisées puis dispersées façon puzzle) s’annonce à coups de professions de mauvaise foi et de patriotisme partidaire. Le suicide politique comme nouveau programme commun. On imagine déjà sans peine les mines d’enterrement et les pleurnicheries au bord du trou. Hervé Le Corre
Les Nouvelles 8 novembre 2018 • 5
INTERNATIONAL NOUVELLE-CALÉDONIE-KANAKY
ESPAGNE
Malgré la déception, le camp de l’indépendance se renforce
Coup de massue sur les détenus catalans
Avec une forte participation (80,63 %), la défaite du oui (43,6 %, contre 56,8 % pour le non) tient à environ 20 000 voix. A contrario, l’île d’Ouvéa penchait nettement pour se séparer de la France, mais l’abstention était en hausse. La population d’Ouvéa n’a pas communié longtemps, après la révélation du résultat du référendum, noté au feutre sur le tableau blanc de la mairie : les Calédoniens inscrits pour ce scrutin ont choisi à 56,4 % de rester rattachés à la France. Un score d’autant plus incontestable qu’il repose sur une forte participation, 80,63 % des inscrits s’étant exprimés. Quelques applaudissements épars ont salué la fin d’une journée historique, puis les pickup, sur lesquels flottaient les grands drapeaux de Kanaky, se sont égaillés sans bruit dans la nuit noire de l’atoll. C’est que sur l’île, splendide atoll de 40 kilomètres de long situé à l’est de la Grande Terre, les résultats ne collent pas tout à fait au tableau général : l’abstention est montée à 40,6 % parmi les 4 374 inscrits sur la liste spéciale du référendum, alors qu’à l’échelle de l’archipel, les nonvotants comptent pour seulement 19 % du corps électoral spécial. Lors de cette journée de vote, ici, c’était la grande inconnue. « Les gens sont plutôt confiants, mobilisés pour le oui, même si certains appellent à boycotter. C’est la première fois qu’on demande comme ça aux Kanak de se prononcer pour un pays indépendant, donc on ne veut pas louper le coche », expliquait à la mijournée Didier Tangopi, électeur au bureau de Weniky, au nord de l’île. Sur l’ensemble d’Ouvéa, les suffrages exprimés lui ont donné raison, avec 84,18 % en faveur de l’indépendance, et seulement 15,82 % pour le non. À Ouvéa, comme Didier, cousin de Benoît Tangopi (l’homme qui a joué le rôle du gardien de la grotte de Gossanah), tout le monde est de près ou de loin lié à la tragédie du printemps 1988, qui avait fait 19 morts parmi les indépendantistes, et 4 victimes parmi les forces françaises. Cette mémoire est donc toujours vivace, comme le souvenir de l’assassinat, un an plus tard, des leaders indépendantistes Jean-Marie Tjibaou et Yeiwené Yeiwené, par un pasteur de Gossanah. Depuis, le nord de l’île est marqué par de forts conflits, avec en toile de fond une question politique : accepter ou non de jouer le jeu du référendum prévu par les accords de Matignon et de Nouméa. « Une stratégie néo-coloniale »
« Je ne vote pas. Référendum bidon. » Le tag était inscrit à même le bitume, tout au long de la moitié nord de l’île. C’est l’œuvre du Collectif de Gossanah, qui voit dans le référendum une stratégie « néocoloniale », dans la droite ligne du Parti travailliste local. Selon lui, « tout a été fait pour qu’on ne puisse pas l’emporter : la constitution du
corps électoral, les flux migratoires. Le FLNKS (Front de libération nationale kanak socialiste – NDLR) cède sans cesse du terrain ». Ce mot d’ordre a-t-il été entendu ou l’abstention est-elle le fruit de convictions personnelles parmi les habitants ? Toujours est-il que cet appel au boycott a beaucoup irrité le président du bureau de vote de Héo, une autre tribu du Nord. « Vous, la presse, donnez trop la parole à Macky Wéa. Dégagez avant que je casse votre matériel », a-til menacé au milieu de la journée de vote, sous le regard contrit des gens de la tribu. Preuve d’une grande tension autour de ce référendum.(…) « On a voté pour le pays »
Cette forte abstention figurait parmi les craintes du FLNKS, mais n’entame toutefois pas sa satisfaction, puisque le score de 43,6 % dépasse ses espérances. Même si l’écart est franc, le scrutin dément en effet les prévisions des sondages, qui donnaient aux tenants du non entre 63 % et 72 % des voix. « On réalise un score supérieur à celui qu’on pensait, le peuple kanak a bien été au rendez-vous, on progresse partout, dans toutes les communes », s’est félicité Louis Mapou, chef du groupe Uni-FLNKS au Congrès. Les militants d’Ouvéa partagent cet enthousiasme : « Il s’agit d’un premier référendum, rappelle Kallé Humbwy, habitant du centre de l’île. Les prochains rendez-vous sont déjà inscrits dans l’accord de Nouméa. Même la France reconnaît que la Nouvelle-Calédonie doit être indépendante. » (…) Les indépendantistes, qui enregistrent leur progression avec satisfaction, rappellent d’ailleurs que l’accord de Nouméa de 1998 prévoit que deux autres référendums pourront être organisés au cours des quatre prochaines années si un tiers du Congrès calédonien vote en ce sens. Sur le papier, cette victoire du non n’est donc pas de nature à compromettre le processus de décolonisation. À moins que la droite calédonienne ne parvienne à faire annuler cette possibilité de deux autres consultations, comme l’ont souhaité trois partis locaux, dont le Rassemblement, présidé par le sénateur LR Pierre Frogier, qui assume pour sa part vouloir « purger » l’indépendantisme. « La détermination sera toujours là demain, la revendication continuera tant qu’il y aura des Kanak sur cette terre », martèle Kallé Humbwy. Le vote des jeunes générations représente d’ailleurs une bonne surprise du scrutin. Illustration de cette « courbe ascendante » de l’idée d’indépendance, plusieurs assesseurs ont remarqué la mobilisation extraordinaire de la jeunesse d’Ouvéa, habituellement plutôt abstentionniste. « Là, on n’a pas voté pour une personne, on a voté pour le pays. C’est très important », explique un trentenaire à la sortie de l’isoloir. « On sait qu’on est minoritaires, nous les Kanak, mais ça fait longtemps qu’on attend, alors on y est allés. » Kim Lévy
6 • Les Nouvelles 8 novembre 2018
Le parquet général requiert des peines de sept à vingt-cinq années de prison pour 12 instigateurs de la déclaration d’indépendance de la Catalogne. Le choix d’une solution judiciaire plus que politique est toujours de mise dans le dossier catalan. Ce vendredi, le parquet général espagnol a requis de très lourdes peines de prison contre les responsables indépendantistes. Ils seront jugés notamment pour « rébellion », après avoir participé à la déclaration d’indépendance de la riche région du nord-est du pays, le 27 octobre 2017, à la suite de l’organisation d’un référendum d’autodétermination illégal. Les peines demandées pour 12 dirigeants indépendantistes, arrêtés depuis déjà un an, sont sévères, comprises entre sept et vingt-cinq années de détention. Le vice-président Oriol Junqueras encourt une peine de vingt-cinq ans d’emprisonnement. L’ancienne présidente du Parlement de Catalogne, Carme Forcadell, pourrait purger une peine de dix-sept ans si les réquisitions du parquet sont suivies, tout comme Jordi Sanchez et Jordi Cuixart. Ces deux derniers sont les dirigeants d’organisations indépendantistes à l’origine de nombreuses manifestations catalanistes.
Le « plan sécessionniste envisageait l’utilisation de tous les moyens nécessaires pour atteindre leur objectif, y compris – puisqu’ils avaient la certitude que l’État n’allait pas accepter la situation – la violence nécessaire pour s’assurer du résultat criminel jugé », justifie le parquet pour constituer les faits de rébellion. Le verdict pourrait toutefois ne pas lui donner raison, le qualificatif de « rébellion » faisant débat. Une droite revancharde
Le gouvernement socialiste espagnol de Pedro Sanchez a demandé des peines plus légères. Le représentant de l’État dans le dossier a suggéré de retenir le délit de « sédition », moins grave… mais qui autorise tout de même des peines allant jusqu’à douze années de réclusion. Pas assez pour les conservateurs du Parti populaire (PP). Pedro Sanchez est « un otage des auteurs d’un coup d’État », a dénoncé Pablo Casado, un dirigeant de la droite. Sur le fond, ce n’est pas devant les juges que se réglera l’épineuse question de la place de la Catalogne au sein de l’Espagne, ou de son indépendance. Le gouvernement du socialiste Pedro Sanchez semble l’avoir compris. Son attitude tranche avec
celle de son prédécesseur, Mariano Rajoy (PP), qui avait mis le feu aux poudres en refusant toute discussion avec les dirigeants autonomistes et indépendantistes, après le rejet, en 2010, par le Tribunal constitutionnel d’un « statut de la Catalogne » autorisant une large autonomie à cette région et sa reconnaissance comme « nation ». Ce statut avait été approuvé, en 2006, par référendum et était le fruit des discussions entre les dirigeants catalans de l’époque et le gouvernement du socialiste José Luis Zapatero. Le gouvernement Sanchez joue gros
Pedro Sanchez a, début septembre, proposé un référendum pour un nouveau statut d’autonomie de la région. Cette proposition, qui fait l’impasse sur la situation des prisonniers catalans, lui permet de diviser les dirigeants de la région entre partisans de discussions avec Madrid et ceux qui refusent d’abandonner la perspective d’une indépendance à court terme. Mais le procès à venir pourrait ressouder le camp nationaliste. Dans l’immédiat, le calendrier judiciaire empoisonne le calendrier gouvernemental. Le projet de budget antiaustérité, souscrit par le gouvernement et la coalition antilibérale Unidos Podemos, pourrait ne pas obtenir de majorité au Parlement, car les voix des autonomistes et indépendantistes catalans, sur lesquelles comptait Pedro Sanchez, pourraient manquer à l’appel. Gaël De Santis, l’Humanité du 05/11/2018
UBÉRISATION
La Fédération transnationale des coursiers a vu le jour à Bruxelles Les plateformes qui les emploient ne connaissent plus de frontières, alors les coursiers à vélo issus de 12 pays européens qui livrent les repas notamment pour Deliveroo ou Ubereats ont lancé vendredi 26 octobre à Bruxelles leur Fédération transnationale des coursiers. Ils veulent se battre ensemble pour un salaire horaire garanti et la transparence des données des plateformes. Les livreurs à vélo se rassemblent déjà dans des collectifs ou syndicats locaux (dont CGT) au sein d’une douzaine de pays européens. Ces travailleurs auto entrepreneurs mettent en commun leurs forces pour dénoncer leurs conditions de travail, leur précarité, pour exiger un salaire horaire garanti et sortir du travail à la tâche auquel les contraignent les opérateurs numériques qui leur passent
commande via des applications sur leurs smartphones. Dans la capitale belge, jeudi 25 et vendredi 26 une soixantaine de ces collectifs venus d’Autriche, Belgique, Finlande, France, Allemagne, Italie, Pays-Bas, Norvège, Espagne, Suisse, RoyaumeUni et Irlande et trente syndicats ont pris part à une première assemblée européenne fondatrice de la fédération transnationale des coursiers. « Nous sommes sous-payés, moins de cinq euros par course » , dénoncent-ils. « On veut la fin de la tarification à la course » résume Jérôme Pimot, l’un des tout premiers coursiers engagés en France dans la lutte contre les plateformes. « C’est le retour du travail à la tâche comme au XIXe siècle. C’est dangereux ! On parle désormais de livreurs qui meurent au travail ! On veut donc l’abolition de ce travail à la tâche, ainsi que la liberté d’association pour se défendre. Nous avons cette
liberté en France et nous la voulons pour tous. » Management par algorithmes
Autre sujet commun, les coursiers revendiquent la transparence des données traitées par les plateformes qui les emploient. Pour chaque course qu’ils effectuent Deliveroo, Ubereats et autres opérateurs collectent des données sur le commerçant, le livreur et le client. Une véritable richesse estiment les coursiers européens qui exigent la clarté sur l’utilisation de ces données qui donnent un pouvoir exorbitant aux opérateurs vis à vis des restaurateurs et des coursiers. « Comment fonctionnent ces algorithmes qui nous gèrent », questionne Jérôme Pimot qui dénonce un management « inhumain » . Frédéric Dayan, NVO 30/10/18
PCF HAUSSE DES PRIX DES CARBURANTS
NOUVELLE-CALÉDONIE
Non au racket qui frappe le pouvoir d’achat
Après le référendum, la France doit pleinement s’engager
La hausse massive des prix des carburants crée une émotion légitime. En effet tous les habitants sont touchés quels que soient leurs revenus. Nombreux sont les salariés disposant de petits revenus qui sont obligés d’utiliser leurs véhicules ne serait-ce que pour aller travailler, et pour qui ces hausses représentent une perte lourde de pouvoir d’achat. Le PCF demande l’annulation de la hausse de la Taxe intérieure de consommation sur les produits énergétiques (TICPE) pour 2019 pour l’ensemble des carburants. Les com-
munistes militent pour une fiscalité écologique socialement juste. Il faut réduire massivement la production de gaz à effet de serre, et évidemment celles émises par les véhicules particuliers. Mais la hausse indifférenciée des prix des carburants n’est pas la bonne méthode : elle frappe le pouvoir d’achat des plus pauvres, pendant que les plus riches gardent leurs « droits de polluer ». Sous couvert de fiscalité écologique, le gouvernement ne fait qu’essayer de combler en partie le trou qu’il a creusé dans les caisses de l’État avec ses cadeaux aux plus riches et aux entreprises. Le racket sur les automobilistes frappe le pouvoir d’achat des plus modestes et n’a aucun
impact sur l’environnement. Il faut dissuader massivement l’acquisition de véhicules polluants. Il faut en tout premier lieu pénaliser fiscalement l’achat de grosses voitures polluantes ainsi que la part des véhicules diesel, dont la contribution à la dramatique pollution atmosphérique n’est plus à démontrer. Le PCF propose donc une forte hausse du malus automobile, à partir de 100 grammes de CO2 par kilomètre parcouru pour tous les véhicules à essence (et non 117 comme actuellement), et plus élevé pour tous les véhicules produisant plus de 120 grammes de CO2 par kilomètre. Pour les motorisations diesel, le malus doit démarrer dès 80 grammes de CO2 émis par kilomètre parcouru, et devenir plus élevé dès 100 grammes de CO2 par kilomètre. Une politique pour une automobile plus vertueuse, conjuguée avec des investissements massifs pour les déplacements en transports publics et à vélo : c’est l’avenir des déplacements dans notre pays.
PITTSBURGH
Le poison de l’antisémitisme a encore tué
Il a été perpétré par un suprématiste blanc, adepte de la théorie du complot qui considérait les juifs comme des enfants de Satan et accusait l’association juive HIAS de venir en aide aux réfugiés à travers le monde. La veille, des colis piégés étaient envoyés aux adversaires de Donald Trump par un suprématiste blanc, raciste, antisémite, homophobe, fervent soutien des armes à feu. Le poison de la haine antisémite et raciale continue de tuer et d’être diffusé en toute légalité puisque le terroriste arrêté s’exprimait régulièrement via le réseau social de la libre parole, refuge pour l’extrême droite, les suprémacistes blancs et les néo-nazis. «Le ventre est encore fécond, d’où a surgi la bête immonde», d’où la nécessité de ne jamais baisser la garde. La lutte contre l’antisémitisme et contre toutes les formes de racisme aux USA, en France et dans le monde est plus que jamais d’actualité. Le PCF adresse toutes ses condoléances aux victimes et à leurs familles
« La menace nucléaire revient en force » démantelé la composante terrestre de son arsenal nucléaire et deux de ses six sous-marins lanceurs d’engins. Dans le prolongement de cet accord, quarante ans plus tard, l’Organisation des Nations-Unies a ouvert à signature un nouveau traité d’interdiction des armes nucléaires (TIAN) le 7 juillet 2017. Malheureusement, les autorités françaises, une fois encore, n’en sont toujours pas signataires. C’est dans un contexte de crise du capitalisme qui annonce de nouveaux krachs boursiers, où Proche et Moyen Orient connaissent les guerres, où les États-Unis et l’Occident en général perdent leur « leadership » mondial au profit de nouvelles grandes nations, de la Chine à l’Inde, de l’Indonésie à l’Afrique du Sud ou au Brésil, et que nul sait comment finira la guerre économique engagée contre la Chine, que les dirigeants nord-américains prennent une décision, potentiellement ravageuse pour le monde, notamment pour le continent européen. L’Europe deviendrait le champ de bataille nucléaire de puissances extérieures. Face à une telle menace, les peuples européens doivent se parler, faire entendre ensemble, leur voix sans tarder, en lien avec les forces de paix, les forces progressistes des États-Unis,
Il convient en effet de poursuivre et d’amplifier le processus d’autonomie et de responsabilité engagé afin de favoriser le développement endogène pour faire face au « tout transfert de marchandises » - un véritable couloir de consommation - entre la métropole et la Nouvelle-Calédonie. Cela implique une politique de substitution à cette dépendance dans la production agricole et industrielle, des outils financiers impliquant l’épargne locale et les fonds publics, y compris européens. Cela implique aussi la possibilité de nouer des accords commerciaux et d’échanges et des coopérations régionales. Il faut aussi travailler à la transmission de l’histoire et à la préservation de l’identité des populations pour extirper les relents colonialistes et les discriminations raciales qui perdurent. Cette reconnaissance de l’ensemble des valeurs culturelles et de la place des populations Kanak est un des éléments de la prise en main de son destin par le peuple lui-même. A l’issue de ce scrutin historique pour ce territoire, la responsabilité de la France est donc pleinement engagée.
Le PCF condamne le carnage perpétré à la synagogue de Pittsburgh.
PATRICK LE HYARIC :
Décidément rien n’arrête M. Trump et les États-Unis dans leur chantier de démolition de ce qu’il reste de l’ordre multilatéral. Après le trait de plume biffant l’accord sur le climat, la poubelle ouverte pour y jeter l’accord sur le nucléaire iranien, le chiffonnage du traité anti-missile balistique (ABM), voici que le président des États-Unis a annoncé dans un meeting électoral, le 20 octobre dernier, la mise à mort du traité américano-soviétique de 1987 sur les arsenaux nucléaires terrestres de portée intermédiaire. Ce traité, d’une cruciale importance, signé entre Mikhail Gorbatchev et Ronald Reagan, interdisait aux deux grandes puissances qu’ils dirigeaient de tester, produire et déployer des missiles sol-sol, balistiques et de croisière de portée allant de 500 à 5 000 kilomètres. Il était adopté au terme d’un puissant mouvement en Europe, et particulièrement en France, animé par « le Mouvement de la Paix » et « l’Appel des cent » sous l’impulsion de Georges Séguy derrière le mot d’ordre « Ni Pershing, Ni SS 20 » du nom des missiles soviétiques et américains. Depuis, le nombre de ces engins de mort a été réduit de 75 000 à 16 000. La France, qui n’était pas signataire de ce texte a, depuis,
Le référendum concernant l’accession à la pleine souveraineté et à l’indépendance s’est tenu le dimanche 4 novembre en NouvelleCalédonie. Si c’est sans conteste le NON qui l’a emporté, le PCF estime que le statu-quo institutionnel ne saurait être de mise.
de Russie, de Chine et d’ailleurs. Les institutions européennes doivent sortir de leur silence et chercher les moyens et les alliés permettant de stopper cette stratégie irresponsable et macabre. (…) Le combat pour la paix et pour le désarmement se doit donc de prendre une vigueur nouvelle. Exercer une forte pression sur les parlementaires de la majorité et sur le Président luimême en est une des dimensions. Il faut en effet obtenir que la France prenne des initiatives diplomatiques pour que l’Union européenne, et au-delà, pèse en faveur d’un multilatéralisme adapté aux conditions de nos temps incertains mais aussi un nouveau type de coopérations visant la préservation des biens communs de l’Humanité, une sécurité de vie pour chaque être humain et le progrès social. Parmi celle-ci, ne pourrait-on envisager une conférence pan-européenne de sécurité et de coopération, ouverte aux États de tout le continent, associant les représentants des peuples et les mouvements engagés pour la paix ? Patrick Le Hyaric, directeur de l’Humanité et député européen
Carnet SECTION PCF MÉRIGNAC. C’est avec une immense tristesse que nous avons dit au revoir à notre camarade humaniste Christiane Riols. Son décès brutal le jeudi 1er novembre nous a laissés sans voix. Depuis des années, elle a mené d’innombrables combats à nos côtés, toujours discrète, et partagé des bons moments de fêtes et de joies. Ses fou-rires, ses chansons et sa gentillesse vont nous manquer. Toutes nos pensées vont à son mari Jean, dit Jeannot, à ses enfants et petits enfants ainsi qu’à toute sa famille.
SOUSCRIPTION
Tout versement par chèque ouvre droit à une réduction fiscale de 66% du montant versé. (chèque à l’ordre de ADF PCF 33). Les ressources financières du Parti communiste sont transparentes. Votre don, aussi modeste soit-il, contribuera efficacement à la démocratie, à l’expression et la prise d’initiative du Parti communiste. Cet ensemble sont les éléments majeurs pour continuer notre combat dans l’ambition d’une gauche forte et alternative. Les versements sont à envoyer à la fédération de Gironde du PCF - 15 rue Furtado - 33800 Bordeaux, à l’ordre de l’ADF PCF 33
ILS ONT DONNÉ 260 euros : M. GONZALEZ Serge, Bègles ; M. SOULE Jacques, Villenave-d’Ornon ; M. HERBER Louis, Bègles ; Mme TEXIER Christine, Bègles
Les Nouvelles 8 novembre 2018 • 7
CHRONIQUE
CULTURE & SOLIDARITÉ POUVOIR & CULTURE
par Jeanne R.M.
Avez-vous lu Le feu ?
Quelle tonalité aura ce mois de novembre 2018 au cours duquel on commémorera les 100 ans de la fin de la Première Guerre mondiale… la Der des Der disaient les Poilus ; une guerre qui fut la matrice des espoirs et des drames du XXe siècle. Les célébrations de la Victoire aux accents cocardiers n’ont plus cours depuis longtemps, fort heureusement ; pour autant un Appel à la Paix universelle sera-t-il lancé dans ce monde où les conflits s’enchaînent encore sans cesse ? J’ai donc repris un livre qui avait pour moi une dimension mythique tant par son objet que par son auteur : Le feu d’Henri Barbusse. À l’époque, je l’avais reçu comme un coup de poing. C’était pour le Centenaire du début de ce grand affrontement des peuples. Dans l’imaginaire progressiste, cet ouvrage était une référence pour les militants engagés alors contre les guerres coloniales et les errements de la Guerre froide. Chose étrange, on en parlait mais on ne l’avait pas lu ! J’avais pourtant en tête des œuvres centrées sur l’absurdité de ce conflit ; parmi celles-ci : Le pantalon, film TV qui date déjà, et plus récemment le Goncourt Au revoir là-haut de Pierre Lemaître dans lequel, au deuxième
plan de l’arnaque aux Monuments aux Morts, se révèle en filigrane la monstruosité de cette guerre. Sauf que Le feu est exceptionnel par sa genèse et sa portée. Il a été écrit – au moment où se déchire la propagande mensongère des élites sur la réalité du conflit et sur le vécu des combattants – par un auteur lui-même engagé dans la guerre et témoin de la vie dans les tranchées comme des assauts inutiles. À plus de 40 ans, Henri Barbusse est déjà connu dans le monde littéraire mais il tient en simple soldat à rester en première ligne et à partager la souffrance des mobilisés. Il sait donc de quoi il parle et sur quoi il écrit. Le journal d’une escouade paraît en feuilleton en août 1916 dans L’œuvre et ces feuilles assemblées, en novembre chez Flammarion, dans un volume titré Le feu. Le feu est une des principales séquences de l’ouvrage qui en comporte 24, alternant scènes de front et scènes de cantonnement, au plus près du réel, comme autant de focus absurdes ou drolatiques, toujours angoissants. Il s’agit d’un roman, sans aucun doute nourri d’expérience-s, mais avec une puissance d’écriture qui vous permet de sentir l’angoisse et la peur des hommes… et de sentir cette pourriture qui sourd des tranchées et des cadavres. Cette précision dans les descriptions macabres lui a été parfois reprochée. Comme d’ailleurs l’emploi dans les dialogues et les répliques d’un parler tout ce qu’il y a de populaire et de trivial, pourtant gage d’authenticité. Malgré un apparent détachement, transparaît la solidarité voire la tendresse de Barbusse pour ces sacrifiés qui « attendent le signal de la mort » : « Ce ne sont pas des aventuriers, des guerriers, faits pour la boucherie humaine-bouchers ou bétail. Ce sont des laboureurs et des ouvriers qu’on reconnait dans leur uniforme… » Et c’est là que prend sens l’évocation, par le caporal Bertrand, de Liebbknecht, socialiste allemand opposé à la guerre : travailleurs français et travailleurs
allemands victimes de mêmes fauteurs de guerre ! Cette lucidité se traduira les années suivantes par les mutineries de soldats entonnant La Chanson de Craonne (1), réprimées comme on sait, et aux fraternisations plus nombreuses qu’on le croit… Elle conduira Barbusse vers l’affirmation d’un pacifisme militant notamment par la création de l’ARAC (2) et à un engagement politique au Parti communiste. Couronné par le Prix Goncourt l’année de sa parution, Le feu porte cette dédicace significative : « À la mémoire des camarades tombés à côté de moi à Cruouy et sur la cote 119 ». Comme pour conjurer d’avance ce qu’Aragon, lui aussi témoin de cette tragédie, a pu écrire par la suite : « Déjà la pierre pense où votre nom s’inscrit Déjà vous n’êtes plus qu’un mot d’or sur nos places Déjà le souvenir de vos amours s’efface Déjà vous n’êtes plus que pour avoir péri » (1) Elle sera interprétée par la Chorale des Amis de L’Ormée lors de la soirée du vendredi 9 novembre à Blanquefort dans le cadre de la semaine de commémoration de la Guerre 14/18. (2) Cette association existe encore aujourd’hui : Association Républicaine des Anciens Combattants et victimes de guerre.
Jean-Jacques Crespo L’ORMÉE
Appel aux lectrices et lecteurs Dans l’Humanité dimanche du 9 au 22 août 2018, un article (p. 82) rend un bel hommage à Arsène Tchakarian, le dernier des FTP-MOI*, mort le 4 août dernier à 101 ans. L’article rappelle qu’après avoir échappé à la rafle de 1943, il a été « exfiltré à Bordeaux, où il poursuivra son engagement dans la résistance » (nous soulignons). L’Ormée vous invite à leurs transmettre toute information qui pourrait enrichir par des traces ou des témoignages leur connaissance du passage involontaire (comme d’autres à l’époque) d’Arsène Tchakarian à Bordeaux. Merci.
« C’est à Craonne» « Mon Louis, Huit jours serrée contre toi et tu t’en vas déjà, quelques petits jours de bonheur et plusieurs mois d’attente et de peur. Ils nous disent que nous avons chacun notre place, je construis les munitions et tu les loges dans le corps de l’ennemi, que sans nous la France échouerait. Mais je n’en peux plus, j’en ai assez, je ne veux plus que tu partes sans garantie de retour. Je n’en peux plus de cette guerre ingrate, inutile et infâme. Les mornes plaines picardes, assoiffées de sang, des plateaux et des collines conçues pour vous y sacrifier. Autant de jours séparés, autant de jours de pluie et de souffrances. Il faudrait juste n’avoir plus que l’espoir de la terminer cette journée, et remercier de l’avoir vécue. Elles s’enchaînent, dieu soit loué, et nous enchaînent à une mort prévue. Ici pas de congés, ni permission, l’usine tourne, permanente. Un tournis ivre et inculte, à peine le temps de respirer. Tu pars vers la mort et je pars faire la mort. Je construis ta tombe sur ordre des officiers. Je dérive le matin à la cartoucherie, lasse de plus en plus, traîne mes sabots et mon ventre lourds, lourds de tristesse, j’ai perdu la foi. Plus de tambours et ni de trompettes, j’aimerais te les laisser mais ils sont déjà morts, trop jeunes, trop devant. Toi et moi, le corps et l’âme dans la boue et le sang, pendant que d’aucuns continuent leur foire et leur parade, sur les boulevards à donner des leçons, à l’église les dimanches. Leur corps ventrus, leurs joues roses, leur voix inaltérées, ils chantent à la gloire de notre pays et non à notre courage. Autant de rires pour eux que de pleurs pour nous, autant de repas que nous n’auront pas. Je propose un échange, le temps d’un répit, qu’eux aussi y aillent, qu’elles y mettent les mains dans le cambouis infernal des journées sans soleil, qu’ils y mettent leurs tripes dans les tranchées vomissant la diarrhée de la folie. Je ne veux pas dire adieu ni à la vie ni à l’amour mon Louis, je ne peux pas abandonner l’espoir de jours justes et meilleurs. Il faut redescendre cette colline, il faut rentrer à la maison, personne n’a besoin de nous plus que nos enfants. Reviens, ne soyons plus condamnés ni sacrifiés, reviens dans ton pays, dans ta famille ! C’est là qu’est ta place et la mienne. Aucune autre place que celle que nous avons choisie. Reviens vite mon amour, ma vie ! »
*FTP-MOI: résistants des Francs Tireurs Partisans de La Main d’Oeuvre Immigrée
ANNONCES LÉGALES AVIS DE DISSOLUTION
SCI DU PROGRES Au Bourg 33500 Lalande de Pomerol RCS Libourne 326 224 631 Aux termes d’une délibération en date du 29 juin 2018, l’associé unique et gérant M. LARRIBAUD Claude, demeurant chemin de Lhéris 65130 ASQUE, a décidé la dissolution suivie de sa liquidation de la société à compter du même jour et se nomme liquidateur avec les pouvoirs les plus étendus. Les Nouvelles de Bordeaux et du Sud-Ouest S.A.S. au capital de 37 000 euros Associés (à parts égales) : L. Chollon, F. Mellier, S. Laborde, M. Lavallée Directeur de la publication : Frédéric Mellier Abonnement 1 an : 25 euros. Abonnement de soutien : 40 euros Rédaction, composition, impression : S.A.S. Les Nouvelles de Bordeaux et du Sud-Ouest 15, rue Furtado - 33800 BORDEAUX Tél. 05 56 91 45 06 - Fax 05 56 92 61 01 - Annonces légales : annonces@nbso.fr Comptabilité : compta@nbso.fr - Redaction/Proposition d’article : redaction@nbso.fr @nvlbx Les nouvelles de bordeaux nbso.fr Commission paritaire de presse : 0123 C 85932
8 • Les Nouvelles 8 novembre 2018
Le siège de la liquidation est fixé à Bègles (33130) SCI Bègles Espace 4 rue du Prêche La correspondance devra être notifiée au siège de la liquidation. Le dépôt des actes et pièces relatifs à la liquidation sera effectué au greffe du Tribunal de Commerce de Libourne. Pour avis
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