NORDIC MAGAZINE n°26

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Marie Dorin-Habert

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a vie dans les hôtels est particulière : rien à faire d’autre que s’entraîner et se reposer. Ah si, heureusement, il y a les repas... surtout en Italie où je suis au moment où j'écris ces lignes. Hyperdéroutant lorsqu’on a l’habitude à la maison de turbiner « pied taule » du réveil au coucher. Harcelée jusqu’au fond de mon lit par les pensées qui n’ont pas eu la chance d’être traitées durant la période de veille. Du coup, là, j’ai le temps de ne rien faire. En fait, « rien faire », c’est bien quand ça ne dure pas trop. Au bout d’une journée, je trouve que j’ai assez « rien fait » et comme je l’ai bien fait, j’estime avoir le droit de faire à nouveau quelque chose. Par quelque chose, je veux dire : « quelque chose qui me serve ». Parce que bien sûr, rouiller derrière son écran à regarder des trucs bidons, ça va bien de temps en temps, mais au bout d’un moment, j’ai l’impression de ressembler à un mollusque anémié. Lire, c’est cool, mais trois semaines de lecture pèsent lourd dans le sac. Et puis lorsqu’il s’agit de choisir entre la paire de chaussures de ski et le cinquième livre…Je choisis donc deux ou trois livres que j’essaie de dévorer doucement, en croquant une pomme.

’ nordic.fr

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Depuis janvier, je fais au minimum 2 h d'anglais par jour.

Tricoter ? Mouais… ce n’est pas tellement mon truc. Déjà coudre les écussons de mes sponsors sur le bonnet me donne du fil à retordre.

Quand on creuse en fait, on trouve toujours quelque chose à faire : dessiner, écrire, réfléchir... Mais j’ai trouvé une nouvelle lubie : je vais profiter d’avoir du temps pour... travailler mon anglais. D’habitude, c’est le genre d’idée que je repousse à demain. Comment on appelle ça déjà ? Procrastination. Je n’ai pas encore le niveau de la traduire, vous m’excuserez… Donc depuis début janvier, je fais au minimum 2 heures d’anglais par jour. Grandes ambitions, grands moyens : - Skype une fois par semaine avec un professeur qui se trouve aussi être ma cousine ;

Do you speak English ?

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SINDY THOMAS

- Écoute de podcasts radio (« radiolab ») sur l’environnement et la science lors des sorties footing et des transports (autant s’instruire en même temps) ; - Visionnage de petites vidéos sur le site « TED talks » sur des idées, thèses ou autre reportages scientifiques ou non ; - Lecture du livre Monkey Beach qui m’emporte aux tréfonds de l’Alaska, dans des paysages sauvages et humides à la recherche d’un jeune Indien ; - Récitation de mes mots de vocabulaire glanés dans le livre ou le fruit de mes écoutes. Mes coéquipières Nanas ou Justine en font les frais... Mais elles se montrent très patientes et se prêtent au jeu. Voilà. Peut-être une page qui ne sert à rien. Des mots en l’air, la tête dans les nuages à regarder le temps filer doucement. Petit texte qui met en valeur ces moments d’oisiveté qui occupent nos hivers entre deux entraînements, une réunion, la récupération, les étirements, les journalistes, les mails et autres sollicitations du métier. Certains tricotent, dessinent, lisent, jouent à des jeux, rouillent sur internet, regardent films et séries… Moi depuis peu, je parle anglais. n

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Marie Dorin-Habert, sextuple médaillée lors des Mondiaux de biathlon d'Oslo en 2016, et double médaillé olympique.

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