Sabato 22 février

LE MAGAZINE DU WEEK-END DE L’ECHO 22.02.2020

DU PAIN, DU VIN, DES MANNEQUINS: LA DOUBLE VIE DU PHOTOGRAPHE SERGE LEBLON COPENHAGUE, nouvelle capitale de la mode --- Le comeback de BALENCIAGA dans la haute couture SHOPPING DURABLE Les meilleures boutiques pour la ‘pre-loved fashion’ --- ANNIVERSARY Jacquemus célèbre ses 10 ans dans les champs de lavande --- BREAKFAST AT TIFFANY’S et apéro chez Louis Vuitton: les cafés et restaurants des labels de mode

Au bar et 26 au shooting Serge Leblon n’arrête jamais

14 So french!

Jacquemus en 10 qualités

Mode in 24 Copenhague Le style danois n’a pas froid aux yeux

35 Second hand

La revanche de la pre-loved fashion

Restaurants à la mode Les labels de luxe passent à table 39

Çà & Là Votre SabaTO/DOliste hebdomadaire 06

High Balenciaga La maison renoue 16 avec la haute couture

Moi, à douze ans, j’aurais été estomaquée de voir à quel point, aujourd’hui, j’aime le vintage et la seconde main.

Il faut dire que j’étais plutôt snob à cet âge-là.

J’ignorais superbement ce style de fringues.

Flashback: 2000, en province. Ici, des centres commerciaux le long de la nationale, mais pas de boutique de seconde main. J’ai découvert son existence quand une cousine de la ville, la fille cool, est passée nous voir. Elle assaisonnait son avocat au balsamique, ça m’intriguait. Elle m’a montré ses nouvelles sandales et sa veste vintage, et ça me dégoûtait.

Pourquoi choisir du vieux quand il suffit d’assiéger père et mère pour avoir du neuf? Elle était éco, moi pas du tout: j’allais jusqu’à saboter mes pantalons à coups de ciseaux.

Pas une déchirure stylée aux genoux, mais une mise à mort en règle pour empêcher ma nonnette de tante, soigneuse et attentionnée, de réparer à nouveau les trous d’usure dûs à mes balades à vélo.

Aujourd’hui, le marché de la seconde main croît 21 fois plus rapidement que celui du neuf. Les célébrités jouent à qui sera la plus belle dans sa robe vintage. Dans ce numéro de Sabato aussi, nous avons mélangé la nouveauté et les adresses vintage. Mes douze ans auraient fait la moue, mais ne tenez pas compte de l’avis d’une ado qui portait du rouge à lèvres bleu.

Natalie Helsen, journaliste fashion

Collaborateurs: An Bogaerts, Jenneke Croubels, Iris De Feijter, Thijs Demeulemeester, Hélène Guillaume, Natalie Helsen, Elspeth Jenkins, Debbie Pappyn, Jan Scheidtweiler, David Steenhuyse, Christine Van Laer, Bert Voet Photographie: ID/Leo De Bock, Nicolas Kengen, Serge Leblon, Yann Rabanier/modds, Laura Stevens, Thomas Vanhaute, Jelle Vans Cover: Serge Leblon Rewriting: Natacha Boulvain Coordination & rédaction photo: Nathalie Warny Rédactrice en chef: Gerda Ackaert Art Director: Philip Van Bastelaere Traduction: colingua.be Digital: Eline Van Lancker Abonnements: tel. 0800/55050, abo@lecho.be Annonceurs: Trustmedia, avenue du Port 86c, bte 309, 1000 Bruxelles, tél. 02/422.05.11, fax 02/422.05.10, sabato@trustmedia.be Éditeur Responsable: Frederik Delaplace Sabato est imprimé chez Remy Roto.

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Lumière «Quand

nous avons acheté la maison, il y avait un plafond au-dessus de la salle à manger. Il n’était pas d’origine, comme nous l’avons découvert sur les plans. Depuis que nous avons recréé la mezzanine avec la balustrade, il y a beaucoup plus de lumière.»

Niches «Je n’ai trouvé aucune photo de

cette maison, pour voir comment elle était meublée. En tout cas, les niches aménagées dans ce mur en pierre sont d’origine: elles étaient destinées à accueillir des objets décoratifs.»

Classique «La table B&B Italia est signée

Antonio Citterio, qui l’a conçue comme un hommage à l’architecte-designer irlandaise Eileen Gray. Les chaises tout autour sont de Hans Wegner, et, la torchère d’Andrée Putman: c’est un classique des années 90 que j’aime toujours.»

Bonne affaire «La table basse est de B&B Italia,

mais elle n’est plus en production. La lampe avec un abat-jour en cordage vient de chez l’antiquaire Vincent Colet, comme le fauteuil lounge du designer François Monnet. Le week-end après l’avoir acheté, j’ai vu exactement le même dans le magazine AD France, mais au double du prix! J’ai reçu une offre de rachat, mais je n’ai pas cédé.»

Bronze «Ce tabouret est de la designer franco-iranienne India Mahdavi. Derrière, sur un socle, contre le mur en pierre, se trouve un bronze du sculpteur belge Jef Lambeaux. Elle a une valeur sentimentale: nous avons habité avenue Lambeaux à Saint-Gilles, près de la prison. Et, aussi, cette statue appartenait à mon grand-père.»

Banque «L’artiste Yann Guitton est célèbre

pour ses billets de banque XXL qui n’ont plus cours. Sur ce billet chinois, il est écrit ‘Bank of Communications’: ça fait sens, car j’ai fait de la communication pour des banques pendant 25 ans.»

Intacte «Le premier propriétaire de la maison

n’y a habité que quelques années. Nous l’avons achetée à son deuxième propriétaire, un comptable, qui y a vécu jusqu’à un âge très avancé.

Par conséquent, la maison était encore pratiquement intacte -heureusement pour nous.»

Contraste

«J’ai repéré cette photo dans le journal Libération. J’ai appelé le journaliste-photographe et lui ai demandé de me la vendre car, pour moi, c’était une œuvre d’art.

Au début, il n’était pas chaud, mais il quand même fini par se laisser convaincre. J’adore le contraste coloré entre la femme lisant sur le balcon et le gris de la skyline parisienne.»

PORTE OUVERTE Bien ven u e d ans la maison mod er n is te de St éphan Salbert er, CEO d e Stu d i o Kersel.

Reportage: Thijs Demeulemeester Photo: Jelle Vans

Tropical «Sur la façade avant, l’architecte a

conçu un claustra en béton qui forme des motifs graphiques, ce qui est plus courant dans l’architecture tropicale qu’ici. Grâce à ce claustra, nous n’avons pas besoin de rideaux. Le soir, quand les lumières sont allumées, l’effet est magnifique!»

Esprit «La plupart des meubles contemporains

viennent du label belge XVL. Cette table basse vintage a été conçue par Christian Krekels, un sculpteur qui a également réalisé des meubles dans l’esprit d’Ado Chale et d’Armand Jonckers. Nous l’avons trouvée à la maison de ventes aux enchères Cornette de Saint-Cyr.»

L’emplacement est le critère absolu de réussite des transactions immobilières. Mais, dans le cas de Stéphan Salberter, cela n’a joué aucun rôle: «Quand j’ai vu l’annonce sur Immoweb, je ne savais même pas où se trouvait cette maison», expliquet-il. «Une petite photo du hall a suffi à nous allécher, Sonia, mon épouse, et moi. Les visites commençaient le lundi, mais je n’étais pas libre: nous avons donc demandé à l’agent un rendez-vous le dimanche matin. Nous étions les premiers et en moins de cinq minutes, c’était fait!»

C’était exactement ce que le couple cherchait: une maison moderniste dans son jus. «Notre maison se trouve à Uccle et a été construite en 1958, année de l’Exposition universelle de Bruxelles. Elle a une ligne de toiture asymétrique, typique de l’époque.»

On sent l’influence des modernistes belges comme Jacques Dupuis, mais aussi l’esprit des ‘Usonian Houses’ de Frank Lloyd Wright dans les grands auvents et les murs en pierre pour faire le lien entre extérieur et intérieur.

«Bien que nous possédions les plans originaux de la maison, nous ne savons malheureusement pas grand-chose à propos de son architecte, Christian Musette, ni quelles sont ses autres réalisations, ni où il a fait ses études», précise Salberter, qui y a aussi installé ses bureaux. En tant que consultant stratégique, il aide des marques (la créatrice d’accessoires Clio Goldbrenner, Beobank, la chaîne d’information francophone LN24 et la 19 Coding School) à élaborer leur stratégie, leur image et leur management. «Le nom de Studio Kersel vient de la maison de mode de ma grand-mère, avenue Louise, Fournisseur de la Cour. Elle a mis un point final à ses activités en 1971, à la mort de Coco Chanel. J’ai repris ce nom en hommage à son esprit créatif indépendant et excentrique.»

M O D E Votre SabaTO/DOliste hebdomadaire Sélection: Iris De Feijter & Natalie Helsen

/ To celebrate /

50 ans au Max

Sportmax, la petite sœur expérimentale de Max Mara, a cinquante ans, un événement qu’elle a célébré en décembre avec un beau livre rétrospectif. Aujoud’hui, elle y adjoint une collection capsule spéciale, inspirée des débuts de la marque. La palette vert émeraude, rouge profond et bleu outremer est très seventies, tout comme la couture visible, qui souligne le vêtement à la manière d’un motif graphique. Sportmax fut lancée en 1969 par Achille Maramotti, dans l’idée d’habiller les filles de ses clientes Max Mara, fondée en 1951 par le même. À l’époque, l’Italien avait été l’un des premiers à se lancer dans la production en série de vêtements de créateurs de grande qualité. Avec succès: le groupe Max Mara est devenu un conglomérat de plus de 40 sociétés, dont Marina Rinaldi. De toutes ces marques, Sportmax est la plus ‘tendance’. Il faut dire que les collections sont signées par de grands talents de la mode, comme autrefois Jean-Charles de Castelbajac. Mais, contrairement à d’autres grandes maisons, ici on reste discret sur ces collaborations.

La collection capsule sera disponible à partir de la fin du mois de février, en Belgique exclusivement sur be.sportmax.com. Le livre, aux éditions Assouline), 195 euros. www.assouline.com

/ To buy / Une touche d’orange Il y a quelques mois, on pouvait lire dans Sabato que la couleur des iconiques boîtes oranges Hermès est due à une pénurie de matériaux pendant la Seconde Guerre mondiale. Cette signature de la maison se décline aujourd’hui sur une ligne de maquillage. En effet, Hermès a décidé de lancer sa première ligne de maquillage, pour attirer une clientèle plus jeune et certainement moins fortunée. La maison française commence par une série de rouges à lèvres. Bonne nouvelle pour celles qui rêvent d’une bouche «orange Hermès», ce ton fait partie de la palette qui en compte 24. Dessiné par Pierre Hardy, le boitier en métal coloré, qui ressemble à un totem, est rechargeable et se présente dans un étui... orange.

Rouge Hermès, 62 euros, recharge 38 euros. Disponible à partir du 4 mars à la boutique Hermès de Bruxelles et via www.hermes.com

/ To discover /

Collection d’artiste Les couleurs, les imprimés, l’artisanat et l’écologie sont les quatre piliers du label de mode lancé par Eva Maria Bogaert.

La créatrice imagine des pièces uniques, toutes produites à la main et ici, en Belgique. «Je travaille souvent avec des fins de stock de tissus de labels de haute couture et de preêt-à-porter de luxe, comme Prada. Ce sont, en général, des coupons avec lesquels je ne peux réaliser qu’une pièce, du coup, elle est unique.»

Parallèlement, sa formation d’artiste lui permet de concevoir des imprimés intéressants, certains peints directement sur le tissu. Elle est sortie du HISK en 2000 et a exposé à l’Été de la Poésie de Watou. En 2018, elle troque le monde de l’art contre la mode. «Pour moi, il n’y a pas de différence entre la peinture, la sculpture et la mode.»

Jusqu’au 26 février, pop-up Pause, rue des Éperonniers 18 à 1000 Bruxelles. Également disponible chez Edo Collective à Anvers ou dans son atelier, www.evamaria.meevamaria.me Instagram: @evamaria.bogaert

/ To buy / Born to run On les voit partout en allant chercher son pain le dimanche matin. Qui? Les joggers! Leur nombre augmente d’année en année et, selon les trend watchers, rien n’arrêtera cette tendance.

Du coup, cette hype quitte les limites du monde du sport pour toucher les maisons de luxe. Ainsi, la Nike Air Dior qui sortira en avril et le label Puma qui a créé une collection avec Balmain. L’italien Prada et l’allemand Adidas ont également engagé une collaboration. Quant à Arket, la griffe de basiques essentiels du groupe H&M, elle va aussi se lancer dans la course en proposant une ligne sport dont la plupart des pièces seront en tissus recyclés. L’avantage sécurité, ce sont les détails réfléchissants.

Avenue de la Toison d’Or 15 à 1000 Bruxelles, www.arket.com

/ To drink / Nouveau bar à l’ancienne Le très chic Hôtel Bachaumont -signé Dorothee Meilichzon - vient d’ouvrir un bar à vin, le Chauvin. Un nom qui définit sa carte: on n’y sert que des flacons français, dont 25 vins nature de petits vignerons indépendants, dont 22 au verre (entre 7 et 18 euros). Les tapas qui les accompagnent sont d’inspiration française. Bien que l’endroit soit tout neuf, il paraît ancien, notamment en raison de son long bar de marbre, en forme de fer à cheval, et des peintures trompe-l’œil marbrées. Le concept et la décoration sont signés Ramdane Touhami, un créatif de talent qui a introduit le principe du concept store en France et, surtout, qui a réveilléé les marques endormies Cire Trudon et Buly 1803.

Chauvin, rue Bachaumont, 18 à 75002 Paris, 18-2 heures du matin, fermé le dimanche soir. www.hotelbachaumont.com

© Morgan O’Donovan

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Catherine, sœur de Christian Dior.

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/ To know / Dior, prénom Catherine Pour la nouvelle collection été, fidèle à son habitude, la créatrice Maria Grazia Chiuri s’est plongée dans l’histoire de la maison Dior. Cette fois, elle s’est inspirée de Catherine, sœur de Christian Dior. Les broderies fleuries et les imprimés frais sont une hommage à son amour du jardinage. Pourtant, l’histoire de Catherine ne se résume pas aux plates-bandes: ce choix de la créatrice, 75 ans après la libération du camp de la mort d’Auschwitz, ne relève pas du hasard.

Voici cinq faits méconnus de l’histoire de Dior.

La guerre et les camps de concentration sont plus étroitement liés à Christian Dior que l’on pourrait le croire: pendant la Seconde guerre mondiale, sa sœur Catherine était membre du service de renseignement polonais. En juin 1944, elle est arrêtée par la Gestapo, torturée et déportée au camp de Ravensbrück, dans le nord de l’Allemagne. Elle survécut et fut libérée en mai 1945.

Son rôle de résistante lui a valu plusieurs médailles, dont l’ordre national de la Légion d’honneur, plus haute décoration française. En 1963, elle prend publiquement ses distances avec sa cousine, Françoise Dior, suite au mariage de cette dernière avec le leader néo-nazi britannique Colin Jordan.

Catherine Dior était la cadette de cinq enfants, et de douze ans plus jeune que son frère Christian. À l’instar de leur mère, ils adoraient le jardinage. Pendant et après la Seconde guerre mondiale, le frère et la sœur vivaient ensemble à Paris, dans un appartement situé au 10, rue Royale.

C’est elle qui donna son nom au parfum Miss Dior Dior, lancé en 1947. Catherine était entrée dans le bureau de Christian alors qu’il cherchait un nom. Sa collaboratrice et muse, l’anglophone Mitzah Bricard (qui supervisait le département chapeaux) se serait écriée: «Look, it’s Miss Dior!»

Après la mort prématurée de Christian Dior Dior, elle participa à la création du Musée Dior dans leur maison natale, la Villa ‘Les Rhumbs’, à Granville, en Normandie. Elle décède en 2008, à l’âge de 91 ans.

Tel un écho à la passion de Christian Dior et de sa sœur Catherine pour les fleurs et la nature, le Catherine Tote sert d’écrin à un ensemble d’outils de jardinage.

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/ To wear / Le gilet,, un air de famille Oui, le gilet revient. Appelé ‘spencer’, ce modèle de pull sans manches était autrefois destiné aux dockers car il garde le corps au chaud sans entraver les mouvements. C’est pour cette même raison qu’il a ensuite conquis la garde-robe des golfeurs d’abord, et de la noblesse anglaise, ensuite. À l’instar des jupes plissées, des manches ballon, des nœuds et des pantalons à pinces redevenus tendance, le gilet reprend du galon.. Repérés dans la nouvelle collection de la créatrice belge Emely Van Impe, des modèles en jaquard de couleur, rappel des années 70 et 80 et des photos de Jamel Shabazz.

«On associe le gilet à l’hiver, mais, porté sur un T-shirt, c’est la tenue idéale pour les soirées d’été», précise la créatrice.

145 euros, disponible à la boutique Agnes & Maurice à 9000 Gand et via www.emelyvanimpe.be

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/ To see / Art department Si avant, les musées étaient réservées aux Beaux-Arts, leurs salles s’ouvrent aujourd’hui à la mode. Voici notre sélection des plus belles expositions des mois à venir.

© The Sartists courtesy of the artists

Foam, le musée de la photographie d’Amsterdam, 01 offre de la visibilité à de jeunes artistes qui utilisent la mode à leur manière pour un travail sur l’identité, la diversité, la politique et l’inclusion. © Jean-Vincent Simonet

The fashionable show, jusqu’au 11 mars, www.foam.org

02 Le 26 février, une exposition consacrée à Christian Louboutin, célèbre pour ses souliers à semelle rouge, ouvrira ses portes au Palais de la Porte Dorée à Paris.

Une rétrospective en 10 chapitres et 30 ans de carrière.

Jusqu’au 26 juillet, www.palais-portedoree.fr

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C’est à Milan que Giorgio Armani rend hommage au merveilleux photographe Peter Lindberg dans son espace d’exposition Armani/Silos.

A Sense of Belonging, du 22 février au 2 août, www.armanisilos.com

L’Hôtel de Rome à Berlin présente une exposition de vingt images peu connues de l’un de ses célèbres clients réguliers, Karl Lagerfeld. Le photographe allemand Daniel Biskup a préféré en faire un prince de la nuit qu’un kaizer de la mode.

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Entrée libre. www.roccofortehotels.com

Harper’s Bazaar Bazaar, qui fut le tout premier magazine de mode, fait l’objet d’une grande exposition au Musée des Arts Décoratifs de Paris (MAD). Une plongée dans les 152 années d’histoire de ce pilier de l’édition.

Du 28 février au 14 juillet, www.madparis.fr

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/ To discover / Sans taille mais avec style Size doesn’t matter: telle est la devise de la créatrice Ester Manas, qui part en guerre contre l’anorexie. Elle a ainsi lancé une marque ‘taille unique’, dont chaque pièce peut être portée indifféremment par une femme quelle que soit sa taille. Comment a-t-elle réussi ce coup de maître? Les tissus sont stretch, les ceintures et les coupes sont bien étudiées pour que toutes les morphologies soient flattées par cette collection qui convient aussi bien au 34 qu’au 50. La Française, originaire de Toulouse, est sortie en 2017 de La Cambre, à Bruxelles. Depuis, elle a travaillé pour Acne et Balenciaga, a été lauréate du prestigieux Festival de Hyères avec sa collection de fin d’études Big Again et a été chargée de concevoir une collection capsule pour les Galeries Lafayette. Avec le graphiste Balthazar Delepierre, elle vient de créer sa marque, consacrée à l’inclusion et à l’autonomisation des femmes. www.estermanas.com

/ To inspire

Beige, baby!

Trop longtemps ignoré car ‘safe’, ennuyeux et banal, le beige remonte dans l’estime des créateurs.

Associé au doré, il joue la carte de la sophistication seventies. Avec du noir ou du blanc, il est chic et classe. Porté avec une couleur vive, il est pop et fun. Bref, c’est une réhabilitation en règle!

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1- Sac à main, Loewe, 1.580 euros, www.loewe.com 2- Blouse, Nina Ricci, 450 euros, www.ninaricci.com 3- Robe, Riani, 375 euros, www.riani.com 4- Blouse manches ballon, Avavav, 150 euros, www.net-a-porter.com 5- Blazer, Stella McCartney, 895 euros, www.stellamccartney.com 6- Mocassins, Chanel, prix sur demande, www.chanel.com 7- Pantalon palazzo, Liu Jo, 189 euros, www.liujo.com 8- Boucles d’oreille, Marni, 220 euros, www.marni.com

www.riani.com

L’ascension de Simon Porte Jacquemus en 10 qualités

LE SAVOIRFAIRE DE JACQUEMUS Tout ce qu’il faut savoir sur le créateur Simon Porte Jacquemus et comment son one man show a conquis l’univers de la mode.

Reportage: Elspeth Jenkins Portrait: Yann Rabanier / modds Collage: Philip Van Bastelaere

14|22.02.2020

-1- Il est ambitieux

Enfant, Simon Porte Jacquemus (30 ans) travaillait déjà comme acteur et mannequin. À l’âge de huit ans, il envoie une lettre à Jean Paul Gaultier: il lui propose de travailler dans ses ateliers de couture comme styliste.

Il a un bon argument: son âge pourrait lui faire une bonne publicité. Si le jeune Jacquemus ne décroche pas de job chez son célèbre aîné, cela ne l’empêche pas de continuer à suivre sa propre voie, ludique. Étonnamment, le Français n’a suivi aucune formation de styliste. Au bout de deux mois à l’École supérieure des arts et techniques de la mode à Paris, l’ESMOD, il abandonne ses études et fonde son label. En 2009. Il suffisait d’oser ne pas faire comme les autres.

-2- Il est multi-tâches

Devenir célèbre, telle était l’ambition de ce créateur de mode dès son plus jeune âge. «Je n’ai pas besoin d’une grande maison. Ma grande maison, je l’ai déjà: elle s’appelle Jacquemus» est l’une de ses citations les plus célèbres.

Jusqu’à présent, il ne s’est jamais laissé tenter par des jobs lucratifs chez d’autres. Aujourd’hui, quarante personnes travaillent chez lui, dans l’atelier et au siège, le long du Canal Saint Martin, à Paris. Et il assure lui-même le merchandising visuel, la direction artistique et les campagnes.

-3- Il est intègre

Dans ses collections, Jacquemus fait souvent référence à la vie à la campagne et aux champs de lavande qui s’étendent entre Marseille et Avignon, la région où il a grandi. Sa première source d’inspiration, c’est sa famille. Sa mère est décédée lorsqu’il avait 19 ans, et chaque collection lui est dédiée. Le style Jacquemus se distingue par l’utilisation de coton et de lin, mais aussi par

des boucles d’oreilles évoquant celles qu’on trouve sur les petits marchés de Provence. Tout fait écho à cette douce France, et sa vie rêvée avec sa mère. En même temps, il préfère raconter l’histoire de la Française plutôt que celle, plus classique dasn le monde de la mode, de la Parisienne. Ce qu’il fait en imaginant des pièces surréalistes -comme son chapeau de paille macro et son sac micro.

-4- Il est original

En tant que créateur, il y a différentes manières de se démarquer. Dans le cas de Jacquemus, c’est avec des accessoires humoristiques ou, au début de sa carrière, en organisant son défilé comme un acte ‘guerilla’, juste après le défilé Dior. En effet, en septembre 2010, Jacquemus a fait «manifester» ses modèles devant la sortie du défilé Dior, banderoles revendicatives style ‘Jacquemus en grève’ à l’appui.

Carine Roitfeld, une amie de la maison, en parle encore. Dans l’intervalle, la recherche d’un effet choc a laissé la place à de superbes productions, comme la présentation de la collection printemps-été 2020, pour le dixième anniversaire de Jacquemus, et qui est en boutique. À cette occasion, les mannequins ont défilé sur un tapis rose dans les champs de lavande violets de sa Provence natale. Coup de maître: il est devenu le défilé de mode le plus Instagrammable de l’histoire. L’originalité et la beauté en plus.

-5- Il est contemporain

Comment faire pour avoir un «bon» compte Instagram? Il suffit de jeter un œil sur celui de Jacquemus pour avoir quelques pistes. La combinaison de belles images, d’ingénieuses vidéos publicitaires devenant virales, de clichés personnels et d’humour

font de lui le ‘boy next door’ accessible ou le ‘gendre’ idéal dont tout le monde rêve. Avec un nombre d’abonnés affolant -1,8 million!-, la recette est bonne.

De fait, Jacquemus est ‘Insta Fashion Famous’.

-6- Il est célèbre

Bien que nous n’aimions pas le terme de ‘it-bag’, il n’en reste pas moins qu’un créateur ou une marque ne s’inscrit vraiment sur la carte de la mode qu’avec la création d’un sac iconique. Chez Jacquemus, c’est Le Micro Chiquito, un mini sac que l’on a vu se balancer au bras (ou plutôt, au petit doigt) de Beyoncé. Avec son grand frère, Le Chiquito, cette petite chose raffinée et originale pèse 30% du chiffre d’affaires de la marque! Pour vous donner une idée, ce chiffre s’élevait à 10 millions d’euros en 2018. Pour 2019, le créateur table sur près du triple. Allez, on ose le dire: l’affaire est dans le (micro) sac!

-7- Il est roots

Que ce soit clair une bonne fois pour toutes: Jacquemus aime son pays, la France. Son label est un hommage à tout ce qui représente l’esprit français, de la famille Gainsbourg aux films des années 80 avec Gérard Depardieu. Ce patriotisme fait de douceur et de sensualité se reflète dans les silhouettes, très «femme française»: taille marquée,décolletés plongeants, manches bouffantes et pantalons flous... Des créations affirmées et pas si discrètes, à l’instar de celles de son compatriote Christian Lacroix, un autre Français du sud.

-8- Il est

téméraire

En 2011, pour se faire un peu d’argent, Jacquemus a travaillé comme vendeur dans la boutique de Comme des Garçons, de la créatrice Rei Kawakubo et d’Adrian Joffe, son époux.C’est

15|22.02.2020

alors qu’il a imaginé une version moderne du cheval de Troie.

Pour atteindre son objectif, se faire remarquer par le duo, Jacquemus a travaillé dans cette enseigne pendant deux ans, à l’affût de l’occasion de leur présenter sa marque de mode, sur laquelle il bossait pendant la nuit. Pari réussi: Joffe a acheté la collection Jacquemus pour Dover Street Market, leur enseigne multimarque de Londres. Une stratégie payante!

-9- Il est amical

Pour établir et garder une présence sur les réseaux sociaux, il faut un bon entourage. Jacquemus a un cercle d’amies qui sont autant de it-girls, dont Emily Ratajkowski et Hailey Bieber, qui ne sont que quelques-unes de ses nombreuses fans, et qui se taguent mutuellement à tout bout de champ (de lavande). Il en va de même pour l’influenceuse française Jeanne Damas, qui avait participé à son premier défilé. Le fait que Jacquemus soit l’un des rares créateurs de leur génération donne à ces amitiés un vernis de spontanéité.

-10- Il est tolérant

Jacquemus ne croit pas aux stéréotypes. Ses modèles androgynes et atypiques ont attiré l’attention de la presse dès son premier défilé, pour la collection automne-hiver 2013. Souvenez-vous: nous étions encore à l’ère où les top-modèles étaient grandes, minces et jeunes. Pour la campagne de pub de la collection Le Coup de Soleil (printemps-été 2020), il fait également preuve de tolérence: un mannequin transgenre black pose en fourreau fuchsia dans les champs de lavande. Bref, Simon Porte Jacquemus est un créateur de notre temps, ce qui fait de lui un homme du futur. www.jacquemus.com

Événement: la maison Balenciaga renoue avec la haute couture

«RELANCER LA HAUTE COUTURE EST MA MISSION POUR CETTE MAISON» Certains avaient crié au crime de lèse-majesté à sa nomination chez Balenciaga en 2015. Depuis, le visionnaire Demna Gvasalia a bousculé les codes de la maison espagnole, avec un succès qui s’est traduit jusque dans la rue. Aujourd’hui, second coup de tonnerre. La griffe de Kering a décidé de renouer avec l’activité originelle de la maison, la haute couture. «Je trouve touchant que Balenciaga, qui a fermé à cause de la naissance du prêt-à-porter, puisse voir renaître sa haute couture grâce, justement, au succès de notre prêt-à-porter.»

Reportage: Hélène Guillaume Photo: Laura Stevens

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ien n’avait filtré jusqu’ici de ce projet inattendu, inespéré -chose rare dans un monde du luxe qui peine à garder ses secrets. Balenciaga relance sa haute couture. Une annonce à rebours de l’époque qui spécule plus sur les prix des baskets griffées que sur les robes brodées. Mais s’il en est un qui peut donner envie à toute une génération de découvrir, d’apprécier (et pour les plus privilégiés, de s’offrir) «la couture», c’est bien Demna Gvasalia.

Quand cette figure, parfois controversée, adorée des millennials comme des socialites de la rive gauche, a été nommée, en 2015, chez Balenciaga, certains ont crié au crime de lèse-majesté… Ne pouvant pas imaginer que, quatre ans après, le designer géorgien -l’un des plus influents du moment- reviendrait aux origines de la maison avec, dès juillet prochain, une première collection haute couture et rendrait un tel hommage à Cristobal Balenciaga!

Considéré comme le roi des couturiers par ses contemporains et les historiens, le génial Espagnol de Getaria, décidait, un jour de mai 1968, à la stupeur générale, de fermer les portes de son studio -la légende dit que ses petites mains l’auraient appris le matin-même, à la radio. Depuis 1917 et sa première griffe lancée à San Sebastian, et, surtout, depuis 1937 et son installation à Paris, il n’avait vécu que pour la haute couture. À 73 ans, il se retirait, écoeuré par les nouveaux codes de la société, par le déclin d’une certaine élégance au profit du prêt-à-porter qu’il abhorrait. C’est, étrangement, ce même prêt-à-porter, dont la santé est florissante chez Balenciaga depuis l’arrivée de l’actuel directeur artistique,

qui a permis de miser sur cette nouvelle aventure.

Mi-janvier, Demna Gvasalia, «un traditionaliste anticonventionnel», nous racontait les dessous de ce nouveau chapitre, son désir de repousser la créativité à son niveau le plus noble et son envie de faire dialoguer sa vision créative moderne avec le savoir-faire originel. Rencontre.

Comment est né ce projet?

J’y pensais depuis mon arrivée chez Balenciaga, en 2015. C’était, pour moi, une de mes missions en tant que designer de cette maison. Mais plusieurs éléments m’empêchaient de verbaliser cette idée. D’autres choses étaient prioritaires dans la stratégie générale, consolider le prêt-à-porter, les accessoires, il nous fallait travailler sur la construction d’une vision commercialement crédible.

Personnellement, j’avais aussi besoin de gagner en confiance pour me sentir prêt à me frotter à la couture. Il y a un an, j’en ai parlé avec Cédric Charbit (président et directeur général de la marque, NDLR) et cette décision s’est imposée à nous, naturellement. Je dis souvent que la haute couture est le sommet de la pyramide pour une maison comme la nôtre, dont l’héritage a plus de cent ans. Ce patrimoine, j’ai envie de le mettre sur un piédestal. Je trouve touchant que cette griffe, qui a fermé à cause de la naissance du prêt-à-porter, puisse voir renaître sa haute couture grâce au succès de notre prêt-à-porter, ce qui était inenvisageable il y a encore cinq ans. La maison, son fondateur le méritent.

La figure de Cristobal Balenciaga semble très importante à vos yeux...

Oui, je possède une magnifique photographie de lui dans mon bureau. C’est symbolique, mais je suis dans la maison de quelqu’un. Très souvent, je regarde son portrait et, comme ça m’est déjà arrivé par le passé, je ressens une sorte de connexion spirituelle avec Cristobal Balenciaga. L’idée de la couture est venue de cet «échange», comme s’il était de mon devoir de donner encore un peu de force à la maison, de la moderniser. Revenir à la couture fait partie de cette modernisation. Je parle souvent de dignité de la marque. La dignité est, pour moi, le premier et le seul filtre pour juger si ce que nous faisons est bien. Mon esthétique personnelle, mes goûts liés à mon vécu, je les mets au service de l’entreprise. De même, au gré de nos collections, de nos projets, nous pouvons partir dans de nombreuses directions différentes, à condition de toujours garder en tête l’histoire de Balenciaga.

Comme c’était le cas pour mes prédécesseurs, nous nous devons de conserver cette mémoire comme base de tout. Pour autant, il n’est pas question de dire: «On ne peut pas faire ça car dans les années 1950, ce n’était pas possible»: nous ne sommes plus dans les années 1950!

Qu’est-ce qui vous relie à Cristobal Balenciaga?

Avant même mon arrivée, j’ai cherché à analyser et à comprendre comment il voyait le corps et comment il l’habillait. J’ai beaucoup lu sur sa méthode de travail et j’ai été marqué par une anecdote au sujet d’une de ses clientes, à la posture voûtée, qui s’était complètement redressée en essayant la tenue qu’il lui avait créée. Cette histoire a été un déclic, je comprenais la vision de Cristobal et c’était une confirmation de mon travail en 3D, de mon approche de la mode, qui a toujours été -même si les références sont différentes- de conférer une attitude. Et ce geste passe inévitablement par la coupe. Mais je ne donne pas la même attitude aux femmes d’aujourd’hui que celle qu’il a donnée à Mona von Bismarck.

Vous êtes plutôt designer ou couturier?

Je ne suis pas fan du terme «designer» que tout le monde utilise, c’est vague, employé à tout-va. Je préfère cette expression anglaise qui n’existe pas en français, dressmaker, «faiseur de robes». C’est ce que j’ai toujours souhaité être et, avec la haute couture, j’aime me dire que le soir, chez moi, je pourrai continuer

de coudre. Je viens de cette culture comme Cristobal qui, à 12 ans, était déjà derrière sa machine à coudre. Dans les années 1950, il était un des rares à Paris capables de réaliser parfaitement la tête d’une manche de veste, quitte à passer des jours dessus. Moi-même, j’entretiens une obsession pour la tête de manche, ce qui me procure des angoisses mais aussi une grande satisfaction!

En 2020, il ne semble pas si évident de se lancer dans une activité qui a connu son âge d’or au milieu du XXème siècle...

Il existe de nombreux débats autour de l’actualité de la haute couture, sur la façon dont on la fait, pourquoi on la fait, etc. Il me semble, justement, que nous vivons un moment qui lui est favorable. Ces dernières années, en partie grâce à mon travail, l’industrie s’est largement basée sur la rue. Toutes les grandes marques, y compris de couture, vendent des baskets et des T-shirts pour doper leur chiffre d’affaires.

Je suis d’accord avec le fait qu’il faille créer des produits très divers. Mais, en 2020, si tout le monde porte des baskets, beaucoup portent aussi des tailleurs. Et certains de nos clients nous réclament de la haute couture. Il y a un désir de pièces exceptionnelles. Selon moi, la couture va au-delà de la mode. On ne parle plus de saison, de tendance, mais de beauté, de respect envers le savoir-faire.

Auparavant, aviez-vous ressenti cette tentation de la couture? À vrai dire, je n’avais jamais osé y penser. La couture est, en quelque sorte, sacrée, surtout chez Balenciaga! Il m’a donc fallu du temps pour prendre confiance en moi. Je devais aboutir ma vision de la mode, pour Balenciaga et en général. Et puis, trouver du temps tout court. Récemment, je me suis autorisé le luxe de ne plus faire qu’un seul métier (Demna Gvasalia a quitté, en septembre dernier, la marque Vetements qu’il avait créée avec son frère, NDLR). J’ai pu réfléchir, m’inspirer. Et commencer à travailler sur ce projet, ce qui a réveillé en moi le besoin de m’asseoir derrière une machine à coudre. Pendant les vacances de Noël, j’y ai passé deux jours, j’ai cousu mes propres vêtements, ce que je n’avais pas fait depuis l’école!

Justement, lors de vos études à l’Académie royale d’Anvers, comment était perçue la haute couture?

Poussiéreuse, mais historique. On découvrait

18|22.02.2020

des photos magnifiques de couturiers et de leurs œuvres dans les livres d’histoire de la mode. Pourtant, je savais que ça ne s’arrêtait pas là. La beauté évolue, se modernise, mais reste essentielle. Aujourd’hui, je vois la couture comme une plateforme où la liberté créative est absolue! Une liberté qui n’existe plus dans la mode. Même si chez Balenciaga, nous travaillons de façon libre, ça reste à l’intérieur de contraintes de délais, de construction de collections, d’adaptation aux boutiques.

La haute couture aussi implique certaines contraintes, mais elle accorde une liberté esthétique unique. Une fois affranchi de l’air du temps, on ne retient que la beauté pure.

Vous n’aviez jamais vécu auparavant l’expérience de la couture. Comment découvrez-vous cet univers?

Comme un enfant! J’ai la chance de pouvoir structurer les équipes de couture indépendamment de celles du prêt-à-porter. La dynamique, le rythme de cette division est unique. Désormais, je consacre une journée par semaine à la couture et, à chaque fois, c’est formidable ce que je découvre: comme je ne suis pas francophone, j’ai appris qu’un artisan qui crée des chapeaux, n’est pas un chapelier mais un modiste!

Comment vos équipes ont-elles accueilli cette nouvelle?

Quand je leur en ai parlé, certains d’entre eux avaient les larmes aux yeux. Tout le monde est très excité ! Ils sont tous de grands passionnés, des gens qui adorent l’héritage... Et ils aiment ma façon de travailler, me comprennent. J’ai eu l’impression qu’ils attendaient de moi de porter cette aventure. Nous avons commencé à recruter des personnes à l’atelier, même si c’était jusqu’ici compliqué puisque le projet était secret, mais j’avais déjà des professionnels incroyables dans mes équipes avec lesquels, ces dernières années, nous avons créé un langage commun. Ils connaissent mon travail, comprennent l’attitude que je souhaite.

Grâce à eux, je continue d’apprendre, mes études ne se sont pas finies à Anvers en 2006!

Qu’allez-vous prendre de l’œuvre du fondateur, de son esthétique?

Cette première collection de haute couture sera remplie de Cristobal Balenciaga. Ce n’est pas un hommage à l’homme et à son travail, mais, pour relancer la couture, je me devais de revenir à la source! Depuis toujours, je me suis

Irving graph dans u Balen (1967

Irving Penn a photographié Veruschka dans une création Balenciaga, Vogue (1967).

inspiré de la vie, de la rue, ici, dans les gares, dans les archives, sur mon téléphone... Cette fois, je me devais de penser à ses œuvres, à son élégance, à cette dignité, à ce savoir-faire. À l’époque où les couturiers modelaient les corps par des corsets et des baleines, il a retiré l’infrastructure des robes. Il réussissait à travailler le devant d’une pièce près du corps, et, au dos, de la «décoller» comme si elle flottait par la virtuosité de la coupe. Hier, nous avons essayé de réaliser une pièce semblable, nous y avons passé 3 heures et demie et elle est loin d’être prête. Depuis mes études, je n’avais jamais consacré autant de temps sur un vêtement. Autant dire, que c’est quasiment impossible à copier et à s’approprier...

La couture redonne de la magie au métier en faisant de la création quelque chose d’unique.

Ce goût de la construction, de la couture, ce n’est pas vraiment ce que les critiques voient chez vous depuis vos débuts.

Oui, et c’est dommage... Les gens ne voient pas au-delà des T-shirts, d’Instagram, des cé-

Alberta Tiburzi porte une robe Balenciaga, Harper’s Bazaar (1967).

lébrités qui portent mes créations. Pourtant, cette attention à la coupe est la base de mon travail. Y compris chez Vetements où, dès ma première collection, pour créer le fameux jean qui a fait notre succès et qui est toujours en vente, j’ai dû passer tout un après-midi sur un buste Stockman. À ce moment de votre carrière, avez-vous besoin de repousser les limites de la création?

Je suis arrivé à une étape, dans mon parcours de créateur, où je ressens la nécessité de faire quelque chose qui soit à moi. J’ai créé beaucoup de vêtements différents. Certains parlent de moi, de mon travail, de l’appropriation... Je suis fondamentalement en désaccord avec ce que j’ai entendu sur mon compte. Je n’ai pas toujours été bien compris en tant que créateur.

Ceux qui vous ont «accusé» d’appropriation sont les mêmes qui vous ont ensuite «copié»...

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«C’est quasiment impossible à copier et à s’approprier.

La couture redonne de la magie au métier en faisant de la création quelque chose d’unique.»

Demna Gvasalia perçoit la haute couture comme un espace de liberté de création totale, hors du temps et des modes.

Automne-hiver 2018.

Oui, et ils gagnent de l’argent dessus! Pour moi, ce n’est pas de l’appropriation, c’est plutôt du vol. La couture me permet aussi de dire: «Ça, c’est mon territoire et vous ne pourrez pas le récupérer».

Pensez-vous que la direction de Kering, que François-Henri Pinault, en vous engageant, avait mesuré vos talents de ‘dressmaker’?

Ils ne me l’ont jamais dit, mais, depuis le début, ils connaissaient mon approche de la mode. Quand j’ai rencontré François-Henri Pinault, je lui ai parlé de mon processus créatif, de la sculpture, de l’architecture du vêtement. Il fallait que je partage cette vision. Je ne suis pas styliste, même si j’aime ça. Je suis dans la construction.

A-t-il fallu les convaincre pour faire naître ce projet?

Depuis mon arrivée dans le groupe, je n’ai jamais eu la sensation de devoir convaincre qui que ce soit, de me battre pour m’imposer. Je dois expliquer mes idées, et c’est normal. Il y a de l’intelligence dans les échanges, et c’est ce que j’appelle la dignité de la marque! Avec Cédric et François-Henri, nous parlons souvent du «grand futur» de la maison. Au-delà des échanges sur le business, il existe aussi un temps long.

Été 2017.

Été 2020.

À qui s’adressera cette haute couture? À une partie de nos clientes du prêt-à-porter, j’espère. Et à ceux intéressés par cette création, qui est évidemment bien plus chère que le reste de ce que nous proposons, le travail derrière étant incomparable, entièrement réalisé à Paris, à la main, avec des techniques artisanales uniques. Ce projet est aussi ma réponse à la question : «Qu’est-ce que le luxe aujourd’hui?» OK, à présent, tout se veut accessible. Sauf que c’est impossible pour une robe sur mesure, où le simple placement d’une manche prend cinq heures. Je sais que la mode se prétend inclusive, mais tout ne peut pas être disponible pour tout le monde.

Et ça ne le doit pas.

Ce sont des choses qu’on n’a plus le droit de dire de nos jours!

C’est dommage qu’on ne puisse plus... Mais, moi, je les dis quand même. (Rires.) La modernité de cette maison centenaire réside dans sa capacité à offrir des produits s’adressant à différents types de personnes. C’est au client de décider. Tous ne voudront pas d’une robe brodée à la main. Mais une minorité, si.

La broderie sera-t-elle présente?

Nous avons presque tout brodé! C’est un travail de textile que je n’avais jamais connu avant. C’est excitant. De même qu’on ne

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pense absolument pas au prix du tissu quand nous le choisissons. C’est le champ des possibles, et c’est ce que permet cette maison.

Quelle forme prendra votre première collection haute couture?

Une présentation couture ne peut être un défilé, c’est une autre ambiance. Je tiens à montrer cette fameuse tête de manche. Surtout, j’aime l’idée de revenir, avec cette collection, aux origines, au 10, avenue George-V, là où s’est installé Cristobal en 1937. Cette adresse est le seul lien avec la maison de Cristobal, qui a fermé en 1968.

On ne vous connaissait pas garant des traditions!

Figurez-vous que je suis très traditionnel, même si les gens pensent le contraire. J’ai grandi dans la tradition, et j’ai toujours aimé les uniformes qui permettent de se libérer de tout pour se concentrer sur le travail. Pour ma journée dédiée à la couture, je ne m’habille pas comme le reste de la semaine, quand je me consacre aux ateliers de prêt-à-porter. J’ai un costume sur mesure, la blouse blanche et des chaussures classique: voilà mon uniforme de la couture.

«Ce projet est aussi ma réponse à la question: «Qu’est-ce que le luxe aujourd’hui?» OK, à présent, tout se veut accessible. Sauf que c’est impossible pour une robe sur mesure, où le simple placement d’une manche prend cinq heures.»

Copenhague va-t-elle détrôner Paris en tant que capitale de la mode?

Impossible de l’ignorer: ces deux dernières années, la capitale du Danemark est devenue la nouvelle capitale de la mode. Et celle-ci est loin d’être minimaliste.

Voici les ‘Copenhagen Girls’, symbole d’une nouvelle génération à la fois connectée, trendy et consciente de l’environnement.

Reportage: Natalie Helsen

T

SCANDI MAXI 22|22.02.2020

-shirt rayé, cheveux en bataille et lèvres rouges. Bien sûr, vous avez reconnu la Parisienne! Et la ‘Copenhagen Girl’, elle est comment? Si ce n’est dans la vie réelle, vous l’aurez déjà croisée en ligne. Alors que le Danemark était déjà un grand exportateur de design mid-century (Fritz Hansen), de séries télévisées passionnantes (‘The Bridge’) et de cuisine de haut vol (Noma), c’est au tour du style - accrocheur, coloré et décontracté. Il a vu le jour dans la capitale danoise et, like après like, a explosé grâce aux feeds Instagram de célèbres influenceuses scandinaves telles que Pernille Teisbaek, Emili Sindlev et Marianne Theodorsen.

La Copenhagen Girl adore les diadèmes déjantés et les sacs à main voyants, mais aussi les sneakers confortables sous ses maxi jupes à fleurs. Et les excès? À volonté! Manches bouffantes, robes portefeuille, imprimés serpent, léopard et tigre sur la même silhouette. À Copenhague, même la mode ‘minimaliste’ ne donne pas dans la discrétion. Il est plutôt question de grands cols, de formes larges, de tenues tapageuses et de color block.

Si Milan et Paris restent les Fashion Weeks les plus importantes de l’agenda classique de la mode, Copenhague est désormais incon-

tournable pour les acheteurs, journalistes et influenceurs en quête des dernières tendances.

Depuis l’annulation de la Stockholm Fashion Week l’année dernière, la capitale danoise a le champ libre et la mode scandinave revêt une signification nouvelle. Si Stockholm était synonyme de scandi hipsters minimalistes (sneakers blanches, couleurs naturelles et formes abstraites), Copenhague est la joyeuse cousine maximaliste qui veut s’amuser.

Reconnaissable, instagrammable

Le catalyseur de cette évolution (impossible de parler de la Fashion Week de Copenhague sans mentionner ce label) est Ganni. Fondé en 2000 en tant que marque de cachemire, il n’a vraiment décollé qu’après sa reprise par le couple Ditte et Nicolaj Reffstrup, respectivement directrice artistique et CEO, en 2009.

Entre l’éducation de leurs trois enfants, ils ont fait de Ganni une marque culte reconnaissable (et donc instagrammable) toute en robes à fleurs, boots robustes et maille confortable.

La communauté en ligne autour de la jeune marque s’est développée en même temps que cette dernière: si la top-modèle danoise Helena Christensen a été, en 2012, la première à publier une photo avec le hashtag #gannigirls, celui-ci est devenu une base de données de plus de 40.000 messages de fans arborant leurs tenues. Une explosion, à laquelle répond celle du chiffre d’affaires, qui a bondi de plus de 50 % pendant trois années consécutives.

«Lorsqu’une top celebrity porte une pièce de Ganni, cela ne se reflète pratiquement pas dans les ventes», déclarait Reffstrup dans Vogue Business. «Alors qu’une fille comptant un petit groupe de followers de niche peut provoquer un énorme pic, parce qu’elle est beaucoup plus crédible auprès de ses fans.»

la marque légèrement plus casual Samsoe & Samsoe, qui a ouvert une boutique à Anvers et Bruxelles l’année dernière, mais aussi à de très jeunes hyper-marques comme Saks Potts et Rotate, fondée en 2018 par deux influenceuses stylistes.

Grâce à leurs contacts et leur visibilité, elles ont rapidement trouvé le chemin des boutiques en ligne telles que Net-à-Porter et Matches Fashion. Pour Tiffany Hsu, acheteuse chez le retailer en ligne allemand MyTheresa, Copenhague est incontournable: «Le marché est en croissance depuis plusieurs années et je cherche activement de nouvelles marques.»

Le label très hypé Cecilie Bahnsen est un nouveau venu dans l’offre de MyTheresa, qui surveille également le label montant Michael Olestad depuis un certain temps déjà. «Les marques scandinaves sont connues pour leur style trendy, leur accessibilité et leur approche toujours plus écologique, ce qui fait leur succès auprès de notre public.»

Telle est d’ailleurs la recette du succès danois.

Non seulement ces marques apportent une variation bienvenue dans le segment intermédiaire, mais elles montrent souvent l’exemple à d’autres en termes d’innovation. «Les scandinaves excellent pour le rapport qualité-prix», pointe Carpentier de Changy. «Les marques françaises sont souvent aussi chères, mais elles utilisent des polyesters dépassés et

de moins bonne qualité, tandis que les labels scandinaves travaillent de préférence avec de la viscose, du coton bio, de la soie et des tissus naturels, et pour un prix compétitif.»

Conscience écologique exigée!

Cette saison, la Fashion Week de Copenhague va un pas plus loin. Copenhague veut organiser non seulement la Fashion Week la plus cool, mais aussi la plus green. Alors que la Fashion Week de Stockholm a été annulée l’année dernière en raison des ‘défis majeurs’ auxquels le secteur de la mode est confronté, les Danois, pragmatiques, préfèrent s’attaquer au problème par des mesures sans précédent: un plan d’action sur trois ans ‘afin de réduire l’impact négatif, d’innover concernant le modèle commercial et d’accélérer le changement au sein de l’industrie’.

Concrètement, non seulement la Fashion Week de Copenhague a l’ambition de réduire sa propre pollution, tant en termes d’émissions que de déchets, mais les organisateurs exigent la même chose de leurs participants. À l’avenir, ceux-ci devront donc présenter un plan d’action et être en mesure de prouver qu’au moins la moitié de leurs matériaux sont d’origine durable. Et tous ceux qui ne s’y conformeront pas dans les trois ans seront tout simplement exclus. La Copenhagen Girl a parlé.

Boum!

Cyrielle Carpentier de Changy, de la boutique bruxelloise Kure, qui vend principalement de la mode scandinave, a constaté l’évolution: «Je vends Ganni depuis sept ans, mais ces deux dernières saisons, la marque a explosé grâce au style décontracté, mais élégant et accrocheur, des influenceuses scandinaves, de plus en plus présentes dans la presse. Elles portaient souvent des marques locales, et boum!, Ganni était partout.»

Cela a ouvert la voie à d’autres marques scandinaves, dont certaines ont déjà plusieurs saisons à leur actif (comme Stine Goya, Baum und Pferdgarten, By Malene Birger et

Stine Goya.

23|22.02.2020

OÙ LA COPENHAGEN GIRL FAIT-ELLE SON SHOPPING? Cinq labels danois qui ont longtemps été les chouchous des insiders, mais ne sont désormais plus confidentiels.

02

Stine Goya –

Stine Goya, une des précurseurs de la mode à Copenhague, crée des imprimés artistiques et des volumes ludiques depuis quatorze ans, mais son travail est longtemps resté réservé aux insiders (locaux).

Aujourd’hui, elle surfe sur la vibe cool de Copenhague. La Danoise n’a pas son pareil pour raconter des histoires car, en plus d’être mannequin, elle a aussi été journaliste. Si sa collection d’hiver s’inspire du mythique ‘Black and White Ball’ organisé par Truman Capote et considéré comme un des bals masqués les plus extraordinaires, cette saison, elle a puisé dans la culture des ‘ballrooms’, lieux de naissance du voguing, une danse célébrée par le milieu LGBT dans les années 80. Imprimés à pois, manches bouffantes, combinaisons de couleurs et matériaux durables (comme le Lyocell, une fibre semblable au coton et fabriquée à partir de pulpe de bois): l’ancienne étudiante de Central Saint Martins de Londres a tout compris de notre époque. Davantage d’informations concernant ces choix sont disponibles sur son site Web, où elle détaille sa politique de transparence et de durabilité. www.stinegoya.com

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Ganni –

La première Copenhagen Girl °2009

La marque danoise par excellence, ce qui est remarquable pour ce qui a été fondé en 2000 en tant que label de cachemire. Imprimés colorés (de quoi satisfaire tous les goûts en matière de robes, jupes, jumpsuits ou palazzos), streetwear et, surtout, grand nombre de fans influenceuses, la #Gannigirl est devenue le symbole d’une nouvelle génération qui a tout compris, qu’un peu d’extravagance n’effraie pas plus que les partis pris vestimentaires provocateurs – bottes imprimé python, sweaters aux couleurs de l’arc-en-ciel et robes à fleurs - à porter ensemble, bien sûr.

Alors que Ganni est passée inaperçue pendant des années, la marque (qui est déjà disponible dans quelques points de vente indépendants en Belgique) est prête à conquérir le monde. Ganni a ouvert ses premières boutiques design rose bonbon à Londres, New York et Los Angeles l’année dernière. La collection célébrant son dixième anniversaire est en boutique cette saison. www.ganni.com

24|22.02.2020

Good glamour °2006

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Saks Potts –

Disco doudoune °2014

Quand les températures descendent bien en dessous de zéro, un beau manteau devient une star de la garde-robe -les Copenhagoises Catherine Saks et Barbara Potts en savent quelque chose!

Avec Saks Potts, fondée quand elles avaient à peine 21 ans, depuis 2014 elles mettent de la couleur dans ces jours gris, avec des manteaux aux couleurs vives (souvent en vison ou en mouton rasé) ou de grosses doudounes vendues aujourd’hui dans 21 pays -des États-Unis au Koweït(!), en passant par la Corée du Sud. Le reste de la collection oscille entre disco et glamour nineties, avec des robes à paillettes, des pantalons tie-dye et d’autres eye-catchers (robes, manteaux et collants assortis) ornés de monogrammes. Un faux-pas délicieusement extrême, mais Miuccia Prada n’affirmait-elle pas que ‘la laideur est attirante et excitante’? www.sakspotts.com

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Cecilie Bahnsen –

Maximalisme minimaliste °2015

Dans l’univers de la mode, c’est un présage: quand la flaireuse de tendance qu’est la boutique multimarques londonienne Dover Street Market est la première à acheter votre collection, vous savez ce que vous valez. Aujourd’hui, les féeriques robes glamour de Cecilie Bahnsen sont disponibles dans des hauts lieux de la mode comme les Galeries Lafayette à Paris et Bergdorf Goodman aux États-Unis.

Avant ses études au Royal College of Art de Londres, Cecilie Bahnsen avait acquis de l’expérience dans l’atelier de John Galliano.

Lorsqu’elle a fondé son propre label, en 2015, après une expérience chez le créateur britannique Erdem, elle a rapidement attiré l’attention avec ses oniriques robes romantiques, simples d’apparence mais très détaillées, jusqu’à la couture. Cecilie Bahnsen a remporté le prix LVMH pour les Jeunes créateurs de mode en 2017. Aujourd’hui, la reine de l’organza et des plumes est parfois considérée comme la prochaine hype. À surveiller! www.ceciliebahnsen.com

05

Rotate –

Conte de fées pour millennials °2018

Le parcours de Jeanette Madsen et Torah Valdimars se lit comme un conte de fées pour millennials. Tout comme la Britannique Alexa Chung, elles se sont d’abord fait connaître en tant que stylistes et blogueuses de mode. Une notoriété sur laquelle elles ont ensuite réussi à capitaliser en fondant leur propre marque sous la houlette de Birger Christensen, une boutique de luxe de Copenhague ‘since 1869’. Résultat: une belle collection de robes qui attirent tous les regards. Que ce soit parce qu’elles sont extrêmement courtes ou extrèmement longues ou bien à cause des couleurs électriques, de la finition satinée ou des grands imprimés floraux. www.rotatebirgerchristensen.com

25|22.02.2020 25 |22.02.2020

La double vie de Serge Leblon De l’appareil photo au bar

Depuis deux mois, le photographe Serge Leblon est à la fois derrière son objectif et son bar à vin Calmos, au cœur de Saint-Gilles.

L’objectif et le comptoir, une semaine sur deux, c’est l’alternance selon Serge Leblon. La série mode de ce numéro de Sabato réunit les deux univers du photographe. Bienvenue dans son nouveau bar à vin nature, Calmos, dans un quartier bruxellois très à la ‘coule’.

Reportage: Natalie Helsen Portrait: Nicolas Kengen Images: Serge Leblon

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«

our fashion work sucks.» Voilà ce que lui avait lancé une rédactrice de mode à Paris. À l’époque, au début des années 2000, Serge Leblon (55 ans) était en train d’établir sa réputation de photographe grâce à des commandes régulières dans la publicité et des reportages de mode dans des magazines à grand tirage tels que Marie Claire. Par contre, cette même rédactrice adorait son travail personnel, des images au flou cinégénique sur lesquelles il travaillait entre deux commandes.

Pourquoi ne les proposerait-il pas à un magazine de premier plan comme Jalouse?, lui suggéra-t-elle. Une semaine après ce conseil («Ce flou, ils s’en fichaient complètement!»), la carrière du Bruxellois monte en flèche et, depuis, il choisit ses commandes.

Aujourd’hui, il compte parmi les meilleurs photographes de Belgique. Sur son CV trônent des marques de mode (Sonia Rykiel, Cacharel), des magazines fashion (Dazed & Confused, Numero, Vogue) ainsi que des expositions solo et des livres présentant son travail personnel. Serge Leblon fait partie de ces personnes pour lesquelles l’industrie de la mode (qui n’est pas précisément la plus sympathique) est heureuse de faire un petit effort supplémentaire. Il suffit d’organiser un shooting avec Sergle Leblon pour que, d’un coup, les mannequins injoignables deviennent soudainement disponibles et que les agendas surbookés offrent tout de même quelques fenêtres.

Julianne Moore et Lenny Kravitz

Depuis deux mois, on le trouve derrière son objectif ou dans son bar à vin, situé entre la place Maurice Van Meenen, la place Louis Morichar et la chaussée de Waterloo, au cœur d’un quartier de Saint-Gilles en pleine essor.

C’est rue de Tamines, que se trouve Calmos, le bistroquet et bar à vin qu’il a fondé avec Marc Vermeersch, qui avait autant d’expérience que lui en la matière. Autrement dit, aucune.

Pourquoi se lancer dans le business de l’accueil quand on peut photographier des actrices comme Julianne Moore ou enluminer Lily Allen sur une pochette d’album? Par manque de travail? C’est peu probable: cet entretien était suivi d’une rencontre avec l’architecte d’intérieur et artiste Lionel Jadot - ils collaborent à une exposition à la galerie Spazio Nobile, à Ixelles. Ensuite, Leblon devait prendre le Thalis pour des productions à Paris. Et, la semaine suivante, après avoir mis le shooting Sabato en boîte, il s’envolait pour Zanzibar, pour une nouvelle mission de mode: «En raison de ce planning, j’ai même dû refuser le Zeit Magazin, qui m’avait demandé si je voulais faire le portrait de Lenny Kravitz pour la couverture.» Parce qu’il n’aime pas ce qu’est devenu l’univers de la mode, à cause des budgets réduits, des médias sociaux et bien d’autres coups de butoir? C’est peu vraisemblable: «Au plus haut niveau, les équipes avec lesquelles je travaille sont si talentueuses que c’est toujours un plaisir. Je n’ai encore jamais eu l’impression de travailler.»

Guerre du Liban

Alors pourquoi? Une partie de la réponse réside dans son caractère enthousiaste. Supposons qu’on puisse diviser l’humanité en deux: d’une part, ceux qui sont hésitants et qui ne cessent de peser le pour et le contre, et, d’autre part, ceux qui, comme Leblon, ont un sixième sens pour saisir l’aventure au coin de la rue et les opportunités cachées et, plutôt que d’attendre, se lance tête baissée.

27|22.02.2020

C’est également ce qui explique le début de sa carrière de photographe: diplômé de la célèbre école de cinéma INSAS de Bruxelles, il change son fusil d’épaule après avoir photographié un ami qui rêvait de devenir mannequin: il avait pris goût à la photographie. Ou comment, âgé d’une vingtaine d’années, il s’est retrouvé au Liban, où il a photographié la guerre civile, dans le barda de l’armée libanaise. (Mais ne le qualifiez pas de photographe de guerre: «Si je dois choisir entre la guerre et la mode, je choisis la mode»).

Ce ci explique ce nouveau départ, dix ans plus tard, chez Jalouse à Paris, où il s’est habilement profilé en tant que ‘new kid on the block’. Ce qui demande de l’audace, mais aussi du feeling. Et, enfin, c’est ce qui motive sa réponse désinvolte à la question de savoir comment un photographe de son calibre se retrouve dans un bar: «Eh bien, tout à fait par hasard!»

Ruine totale

Serge Leblon sirote un café dans un gobelet en carton. En effet, l’interview a lieu à 9 heures du matin. Le gobelet vient d’en face, car un bar à vin n’a pas besoin de machine à café. «Un jour, je suis passé par ici et j’ai vu l’affichette ‘Commerce à remettre’. J’avais déjà envie de lancer quelque chose dans le genre. Et un de mes amis, Marc Vermeersch, rêvait d’un café de quartier. Je l’ai donc tout de suite appelé: deux heures plus tard, nous étions dans ce bar avec le propriétaire des murs (décrépits), un vrai Brusseleir.»

Il saute donc sur l’occasion. En effet, le hasard fait qu’il est lui aussi un Brusseleir, avec un passé familial dans l’horeca. Et de rejouer triomphalement la scène qui s’est déroulée ici il y a moins d’un an, avec l’accent: «J’ai

Serge Leblon est un des tout bons photographes belges. Il collabore à des labels et des magazines de mode, il immortalise des stars et des top modèles et il expose et publie son travail personnel.

parlé au propriétaire de mes parents et de mes grands-parents, qui, tous, venaient des Marolles, de la rue des Minimes et de la rue Haute.

Et que c’est une grande famille de cafetiers. Vous connaissez Chez Richard au Petit Sablon? Le vrai Richard, c’était le cousin de ma grandmère! Le Restaurant La Malcour? C’était un cousin de ma mère! ‘Alleej, tu viens des Marolles?’ a répliqué le propriétaire, sans cacher sa joie. Et il a annulé tous les rendez-vous suivants.»

«C’était une ruine», explique Leblon en nous montrant des photos de ce qui fait penser à un bar à chicha en gyproc mal décoré. Pourtant, l’affaire a été conclue en moins de quatre heures. «Un ami qui a l’expérience nécessaire en la matière nous a dit qu’avec notre réseau, ce genre d’espace, dans ce quartier, ça ne pouvait que marcher.»

Vins nature

Les étonnantes étiquettes des bouteilles (des illustrations déjantées, des polices de caractères humoristiques comme Comic Sans et des noms comme ‘Fantaisie’, ‘Aux Amies de Ma Sœur’ et ‘Cru-elles’) révèlent que Calmos ne sert que des vins nature, une nouvelle tendance dans le monde du vin: entièrement bio et vinifiés de manière traditionnelle, pratiquement sans sulfites. Leur présence sur la carte était une évidence: Leblon est un aficionado depuis qu’il a acheté, chez un caviste de la chaussée d’Alsemberg, une bouteille dont le goût complexe et nouveau l’avait bouleversé. C’était il y a plus de 15 ans. «Dès le premier verre, je ne voulais plus rien d’autre. C’était comme découvrir le caviar après s’être contenté d’œufs de lompe toute sa vie.» Et il s’est alors plongé dans le monde des vins naturels, vinifiés de manière artisanale, contrairement aux vins classiques ou même bio.

Entre deux shootings, il se rend dans les vignobles, notamment chez Pierre Overnoy dans le Jura et Marcel Lapierre dans le Rhône: «J’ai fait les vendanges et j’ai tout vu. Le vin industriel est bourré de pesticides, et, même pour les vins bio, les procédés sont industriels: on arrache les branches et les feuilles des vignes avec les raisins, et on ajoute beaucoup de sulfites. Pour les vins nature, par contre, les raisins sont délicatement cueillis à la main et il n’y a pratiquement pas de sulfites, si bien qu’on n’a pas mal à la tête le lendemain.» Les préjugés disparaissent peu à peu: «Les vins nature sont de moins en moins instables, car la production est de mieux en mieux contrôlée.»

«J’avais déjà bu beaucoup de vins nature, mais je n’en avais jamais vendu.» Le soir même, Vermeersch et Leblon cogitaient déjà. Vincent Marot, qui était également intéressé, est devenu partenaire dormant de l’affaire. Il est le frère de François Marot, de Basin & Marot, un des premiers importateurs belges de vins nature français. Mais Vincent Marot (un ancien banquier qui dirige maintenant Cyclo Points Vélo) n’avait lui non plus aucune expérience en matière de bars à vins.

Le plan prend forme avec l’aide d’amis, après les heures de travail: abattre les murs pour concevoir la déco, soutenus par la journaliste Cécile Grosjean, spécialiste en la matière. Il fallait que ça ressemble à un bistrot français: moderne, mais rustique, avec à la carte des fromages, des salaisons et des œufs mayo.

Neuf mois plus tard, Calmos ouvre ses portes -avec succès. «Nous n’avons pratiquement pas fait de promo», explique Leblon. «Nous avons seulement envoyé un WhatsApp à nos copains. Le premier soir, le 6 décembre, il y avait 350 personnes. Et, depuis lors, c’est plein à craquer tous les jours.»

Pour Vermeersch et Leblon, même avec du personnel, c’est un travail

28|22.02.2020

Charlotte Rampling pour Harper’s Bazaar et une annonce Sonia Rykiel, deux images signées Serge Leblon.

de fous: «Nous nous relayons une semaine sur deux, moi et Marc, qui est aussi graphiste. Nous regroupons nos autres missions pendant l’autre semaine.»

Un monde de différence, car -spoiler alert- l’univers de la mode peut être assez snob. Leblon a des anecdotes à revendre. Par exemple, à propos du système de castes non officiel: «Les magazines de mode populaires admirent les magazines de niche, mais les rédacteurs de ces derniers ne toucheraient à un magazine comme Marie-Claire pour rien au monde, même dans la salle d’attente du dentiste.» Leblon le savait quand il est allé présenter son portfolio chez Jalouse, il y a vingt ans. Après une première publication, on lui avait demandé s’il avait déjà travaillé dans la mode. Et, bien sûr, il avait fait l’innocent. Voulait-il essayer? Oui, pourquoi pas, avait-il menti. «J’avais peur d’être démasqué, mais une semaine plus tard, j’étais en Ukraine pour une série de mode. Et, encore une semaine plus tard, tous les magazines m’appelaient: Dazed & Confused, The Face, etc. Mais bon, à l’époque, on n’utilisait pas Internet comme aujourd’hui. Personne ne vérifiait ce que je disais.»

Les histoires de sa double vie sont hilarantes. Le jour où il se cache dans les toilettes lors d’un casting, après avoir été reconnu par des mannequins d’anciens shootings. Ou bien quand il se planque derrière une écharpe et un bonnet, mais avec des lunettes de soleil en plein hiver pendant le défilé de Cacharel: «Pour que les rédactrices françaises et italiennes des autres magazines ne me reconnaissent pas! Bien sûr, j’ai tout avoué par la suite, même à Ezra Petronio, un des grands directeurs artistiques avec lesquels je travaillais: «Je vous ai bien eu!» Mais l’anecdote est typique de l’univers de la mode.»

Vins à la tireuse

Serge Leblon est tout l’inverse. En effet, lui qui pourrait se donner des airs, reste ‘easy going’: les plus belles anecdotes de sa carrière sont celles qui parlent des petits moments, de la façon dont tout le monde à New York dorlotait sa fille, qu’il avait emmenée avec lui pendant quelques mois lorsqu’elle était encore toute petite. Ou le jour où il l’avait emmenée chez son grand héros, Batman. Dans la vraie vie, ce dernier habite dans un ranch, au Montana, où Leblon devait réaliser son portrait. «Il y avait Michael Keaton, et ma fille était sur les nerfs, bien sûr. Un peu plus tard, on pêchait ensemble, c’était génial!»

Au Calmos, le snobisme est tout aussi absent de la carte. Aujourd’hui que les vins nature ont le vent en poupe, les prix peuvent se prendre la tête et les additions monter jusqu’à 150 euros - juste pour les verres.

Par contre, Calmos se fait un devoir de proposer une large gamme de vins -et de prix. Le compromis ne saurait être plus belge: à côté du bar, il y a une tireuse. Non pas pour des bières bruxelloises, mais pour des vins nature. Ce système assez rare a disparu dans les années 70. «À Montréal, New York et Lyon, il y a des bars qui le font, mais nous sommes les seuls en Belgique.» C’est plus écologique -«Ça permet d’économiser 30 bouteilles par palette, bouteilles qu’il ne faut pas recycler.» Et c’est plus intéressant financièrement, tant pour le bar, car il n’y a pas de fonds de bouteille, que pour les clients. «Ça nous permet de servir des vins à partir de 3,5 euros le verre. Dans notre public, on trouve aussi bien ceux qui ont une addition de 7 euros après deux heures que d’autres qui dépensent 50 euros en vingt minutes. En fin de compte, c’est toute la population de Saint-Gilles qui vient ici, ce qui est très important pour nous.»

«Ce que j’aime, c’est de pouvoir commencer une nouvelle vie à 50 ans, et que ça marche encore.»

Parallèlement à cette activité nouvelle, Leblon poursuit avec succès sa carrière de photographe. «C’est un rythme de dingue. Après les défilés de septembre, il y a tellement de shootings qu’on ne rentre pas chez soi avant le 24 décembre.» À ce planning s’ajoutent de nouvelles missions à l’étranger et son bar. Ne serait-il pas un workaholic? Leblon sourit: «Maintenant, je dois me calmer, sinon j’aurai des problèmes cardiaques. Je n’aurais jamais cru que ma carrière durerait aussi longtemps; je ne suis pas Willy Vanderperre. Cette pointure a encore une super carrière devant lui, avec son style extraordinaire et ultra soigné, qui montre bien les vêtements. Pendant 15 ans, j’ai fait des reportages de mode où les vêtements étaient secondaires.»

Depuis, le secteur a connu une évolution rapide. Il y a de nouveaux photographes («Harley Weir est fantastique»), mais, surtout, de nouveaux médias. Leblon agite son smartphone: «Les petits écrans nécessitent un langage visuel extrêmement simpliste. Tout doit être clair.

Autrefois, on pouvait faire des images beaucoup plus complexes.»

Mais, surtout, il y a de nouveaux standards dans la photographie de mode: «Les tarifs sont en chute libre. Que voulez-vous faire quand un seul budget couvre à la fois le shooting, les médias sociaux et la communication? Je n’accepte une mission que si je veux vraiment la faire, parce que je préfère rester derrière mon bar plutôt que de devoir faire des photos pour un salaire de misère.»

On est bien ici

Le nom ‘Calmos’ fait référence à une comédie française de 1976 de Bertrand Blier avec Jean-Pierre Marielle, qui est décédé l’année dernière en avril, au moment où Leblon a découvert le bar. Le film raconte l’histoire de deux copains à la recherche d’une vie simple et dédiée à la bonne chère. «Un nom idéal pour deux quinquagénaires, n’est-ce pas?», lance Leblon. «L’objectif était que les clients entrent et nous disent: On est bien ici.»

Curieusement, les seules photos qui décorent les murs de Calmos sont des scènes vintage: des montagnes enneigées et des paysages de vallées rustiques. Rien n’indique que nous sommes dans le bar d’un photographe réputé. Il ne s’agit pas d’un manque d’images piochées dans ses archives, «Mais ce serait abuser. Je n’avais pas du tout envie que les gens le remarquent. Ce qui j’aime, c’est de pouvoir commencer une nouvelle vie à 50 ans, et que ça marche encore.»

«Si nous pouvons en faire un bar rentable, ce serait fantastique. Je me vois très bien passer quelques années derrière ce comptoir. Et ensuite, pourquoi pas?, passer à autre chose encore.» Nous n’allons pas le répéter, mais c’est évident: nous avons affaire à un workaholic.

29|22.02.2020

Blazer à carreaux, Plan-C, 1.017 euros.

L’élégance et la simplicité.

Photographe: Serge Leblon / Styliste: Christine Van Laer Hair & Make-up: Jenneke Croubels / Mannequin: Anouck Lepère

Pantailleur en tweed noir et blanc, Chanel, prix sur demande.

Bracelets en or, Boucheron, 5.950 et 6.450 euros. Souliers Sebago, prix sur demande.

Tunique et jupe en lin ivoire, Hermès, 4.081 et 1.247 euros.

Top en maille noire, BSB Fashion, 50 euros. Veste vert pâle, Plan-C, 1.038 euros.

Bermuda beige, Tod’s, 390 euros.

Ceinture, Jean Paul Knott, prix sur demande. Boucles d’oreille (portées par deux) en or 18 carats, Ole Lynggaard Copenhagen, 2.950 euros.

Blazer écru, Vince, 450 euros. Jupe plissée asymétrique, Joseph, 345 euros.

Top blanc, Velvet, 80 euros, le tout via MyTheresa.

CARNET D’ADRESSES: Boucheron www.boucheron.com BSB Fashion www.bsbfashion.com Chanel www.chanel.com Hermès www.hermes.com Jean Paul Knott www.jeanpaulknott.com MyTheresa www.mytheresa.com Ole Lynggaard Copenhagen www.olelynggaard.com Plan-C www.plan-c.com Sebago wwwsebago.be Tod’s www.tods.com

© Maasmechelen Village 2019 01/20

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The Real Real.

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C’EST LE MONDE À L’ENVERS Les vieux vêtements sont plus désirables que les neufs. On ne va plus dîner au restaurant, mais dans une boutique de mode.

Vous êtes perdus? Pas de panique: voici les bons plans pour s’y retrouver!

FIRST CLASS SECOND I HAND Dans l’univers de la mode, cela fait un moment que la ‘pre-loved fashion’ est aussi désirable que la fashion tout court. Nous avons demandé à douze Belges du secteur leurs adresses préférées.

Reportage: Klaar Wauters

l y a vingt ans, une robe vintage sur le red carpet aux Oscars était une tellement improbable qu’une page Wikipédia, ‘Black and white Valentino dress of Julia Roberts’, avait été consacrée à la robe du couturier italien datée de 1992 que l’actrice portait en 2001 pour cette cérémonie ultra glamour. Quand, tranquillement installé dans son fauteuil face à son petit écran, Valentino himself a vu Julia Roberts monter sur scène pour recevoir l’Oscar, vêtue de sa robe, ce fut l’apothéose de sa carrière, a-t-il ensuite déclaré. Pourtant, la star n’était pas la première à porter une robe de deuxième main à l’occasion d’un événement tapis rouge: un an plus tôt, Winona Ryder avait affiché le même parti pris, également lors de la même cérémonie, mais moins médiatisé.

Aujourd’hui, bien que la majorité des célébrités préfèrent toujours une robe de couturier sur mesure pour affronter le tapis rouge, les ‘pre-loved items’ sont de plus en plus fréquents. On pense à la robe Galliano en soie de Jennifer Aniston aux Screen Actors Guild Awards. Ou à la robe Chanel de Maggie Rogers aux Grammy’s. Les accessoires aussi reprennent du service, comme la montre Omega de Nicole Kidman aux Golden Globes.

Éco-warriors cool

Cependant, nul besoin d’être une star, ni d’avoir un tapis rouge pour entrer dans une boutique vintage. TredUP, le plus grand magasin de seconde main en ligne du monde, a indiqué, en 2019, que le marché de la mode ‘second hand’ affichait une crois-

35|22.02.2020

Le Freddie shop.

VINTAGE FAVORITES

sance 21 fois plus rapide que celle du ‘first hand’! L’explication coule de source: l’industrie de l’habillement a un impact écologique considérable sur les êtres vivants (humains et animaux), ce dont la jeunesse est parfaitement consciente. Et comme c’est elle qui fait et défait les modes ... Pour ces éco-warriors cool, le meilleur vêtement est celui qui ne doit plus être produit.

Autre avantage du vintage, l’originalité.

De plus en plus de gens souhaitent avoir un style unique, ce que ne permet pas la fast fashion. Pour s’inspirer, ils observent les looks des séries télévisées des années 70, 80 (comme ‘Stranger things’) et 90. Et voilà pourquoi le nombre de boutiques de deuxième main, réelles ou virtuelles dont Vinted, a explosé.

Dans le segment du luxe, les choses bougent aussi: les clientes qui vendaient leurs pièces de créateurs sont aujourd’hui en quête de vintage. Cette tendance déteint jusqu’au grand magasin londonien Liberty, où se trouve un département de pièces de créateurs vintage. Marie Blanchet, CEO de la boutique londonienne William Vintage (qui compte Meghan Markle, Amal Clooney et Suzy Menkes parmi ses clientes), affirme que le shopping de vintage et de deuxième main de grands créateurs est le nouveau shopping de luxe: plus qu’un vêtement, on achète une histoire.

Autre avantage: le vintage est la preuve qu’on sait dénicher des pièces originales et qu’on se soucie de l’environnement. Une nouvelle ère a commencé.

ALEXANDRA LAMBERT, DIRECTRICE DE MAD Brussels

ELODIE OUEDRAOGO, CRÉATRICE

Isabelle Bajart, Bruxelles «De nombreuses pièces classiques et fashion intemporelles de toute belle qualité. En plus, les vêtements sont présentés avec beaucoup de goût.»

Le Freddie «Cette boutique en ligne qui propose des pièces uniques est gérée par deux femmes qui souhaitent offrir une alternative à celles et ceux qui sont en quête de pièces exclusives, pour faire contrepoids à la fast fashion.»

Rue des Chartreux 25 à 1000 Bruxelles, www.isabellebajart.be

Culture Vintage, Paris «Dans le quartier du Marais, cette petite boutique propose une superbe sélection de pièces recyclées. Elle dépoussière le vêtement vintage et donne à chaque pièce un twist original et peps.»

Rue Saint-Martin 83 à 75004 Paris.

www.lefreddie.com

ATHOS BUREZ, PHOTOGRAPHE Kiliwatch, Paris «Des pièces vintage et quelques articles neufs, surtout des chaussures. Du grunge au dandy seventies, la gamme est particulièrement étendue.

Oui, c’est un peu plus cher qu’ailleurs, mais on y trouve des pièces originales à tous les coups.»

Rue Tiquetonne 64 à 75002 Paris.

36|22.02.2020

Amarcord, Brooklyn.

LOUIS GHEWY, HAIR STYLIST Aro Archive, Londres «C’est l’adresse parfaite pour les pièces vintage de créateurs.

Une offre intéressante, mais beaucoup plus chère que des enseignes comparables en Belgique. Dans notre pays, les boutiques Rosier 41 et Labels Inc, toutes les deux à Anvers, restent mes favorites.»

Ada street 2, Londres, sur rendez-vous. www.aroarchive.com Thanx God I’m a V.I.P., Paris.

ELENA VASILIEVA, FASHION INFLUENCER The Level Store «Une de mes adresses préférées: tous les deux mois, l’offre est renouvelée, et les pièces sont originales. L’accent est mis sur les vêtements pour homme et androgynes bien coupés.» www.thelevelstore.com

Vestiaire Collective «Si on cherche une pièce d’un grans label, spécifique ou épuisée, on a des chances de la trouver ici. C’est aussi la meilleure adresse pour dénicher des pièces de luxe classiques à prix abordable.»

NATALIE JOOS, STYLISTE Paper Moon, L.A. «Je vis à L.A. et je confirme: c’est sur la côte ouest qu’on trouve le meilleur vintage.

Chaque enseigne se consacre à un segment en particulier. Mes favoris sont Cannonball, Tilly et surtout Paper Moon, pour le vintage des années 30 à 50. J’y fais des découvertes surprenantes et superbes.»

Hollywood Boulevard 4516 à Los Angeles. www.pmvintage.com

Amarcord, Brooklyn «Rien que pour la déco et les vitrines magnifiques, cette boutique vaut le déplacement.

Comme elle est tenue par des Italiens, on y trouve beaucoup de ‘mode in Italy’, surtout des vêtements ‘seventies dead stock’, autrement dit, des vêtements qui n’ont jamais été portés.»

Bedford avenue 223 à Brooklyn, www.amarcordvintagefashion.com Think Twice, Gand.

The Real Real, Los Angeles et New York.

CESAR CASIER, MODÈLE Think Twice, Gand «Cette boutique sympa est une mine de bonnes pioches à prix dérisoires. Il faut y aller régulièrement et farfouiller dans un sacré fouillis, mais c’est justement ça qui est intéressant!»

Ajuinlei 15 à 9000 Gand, www.thinktwice-secondhand.be

The Real Real, Los Angeles et New York «On a l’impression d’entrer dans une boutique de vêtements neufs: ici, tout est rafraîchi et bien rangé. L’offre?

Elle est top: Louis Vuitton, Yves Saint Laurent, Bottega Veneta...

Il y a aussi une boutique en ligne qui livre en Belgique.» www.therealreal.com

www.vestiairecollective.com

37|22.02.2020 37 |22.02.2020

STEPHANIE D’HEYGERE, CRÉATRICE DE BIJOUX Rose Bowl Flea Market, Pasadena (Californie) «Ce marché aux puces a lieu chaque deuxième dimanche du mois, sur le parking d’un stade de football américain. Un endroit sympa et branché, où de nombreux créateurs viennent s’inspirer. Et il y a de quoi!»

Rose Bowl Drive 1001, Pasadena

Thank God I’m a VIP, Paris «Une belle sélection, avec beaucoup de vêtements de belles marques à des prix intéressants: tous les mois, j’y fais un saut.»

Rue de Lancry 12, Paris, www.thanxgod.com

www.vaniitas.com

KAROLIEN DE CLIPPEL, DIRECTRICE DU MUSÉE DE LA MODE DE HASSELT

NATHALIE DE SCHEPPER, PR & COMMUNICATIONS MANAGER FLANDERS DC

Timeless, Bruxelles «Une boutique pionnière: Rita De Kerpel a créé Timeless en 1987. Elle a été la première dans la capitale à se consacrer exclusivement au vintage de créateurs de luxe. Aujourd’hui, Timeless propose le top: Chanel, Yves Saint Laurent, Dior, Pucci, Hermès, Courrèges, Lanvin, Balenciaga et Christian Lacroix.»

Vaniitas «Une boutique en ligne qui propose une super sélection de pièces de créateurs belges et japonais d’avant-garde. On y trouve des articles uniques à un prix correct. Nathalie Wlostowski essaie systématiquement de dater les pièces et de fournir des informations complémentaires à leur sujet.

Petit conseil: inscrivez-vous à la newsletter pour à avoir accès en primeur à la prévente des nouveautés.»

Avenue Louise, 142 à 1000 Bruxelles, www.timeless.brussels

Kerry Taylor Auctions, Londres «La meilleure maison de vente aux enchères de mode vintage du monde, réputée pour ses vente d’exception et ses garderobes de célébrités. Tous les six mois, ‘Passion for Fashion’ propose des pièces de qualité muséale, tant historiques que contemporaines de Rei Kawakubo, John Galliano et bien d’autres. Évidemment, les prix sont conséquents.»

Long Lane Bermondsey, 249-253 à Londres, www.kerrytaylorauctions.com

www.vaniitas.com

Rosier 41, Anvers «Je viens ici pour le choix en mode belge - Ann Demeulemeester, Dries Van Noten et Maison Martin Margiela, plus une belle sélection de marques internationales haut de gamme. Paul Visser et Viviane Werelyckhuysen soutiennent aussi les étudiants en mode et exposent leurs silhouettes dans la vitrine.»

Rosier 41, à 2000 Anvers, www.rosier41. be

MARINE GABAUT, STYLISTE

TOOS FRANKEN, CRÉATRICE

Bernard Gavilan, Bruxelles Bernard Gavilan a ouvert plusieurs boutiques dans les Marolles. Ici, on déniche tout simplement les meilleures pièces des années 70 et 80, des articles qu’on ne trouve jamais dans les boutiques vintage habituelles.»

Labels Inc., Anvers «L’expertise et la vision esthétique d’Erna Vandekerckhove sont à l’origine d’un mélange intéressant de pièces vintage.

Elle m’a appris que le plaisir que l’on peut avoir pendant des années en portant une bonne pièce ne dépend pas d’un coup de foudre mais d’un achat raisonnable. J’ai suivi son conseil et je porte ma robe Maison Martin Margiela depuis des années!»

www.bernardgavilan.be Kiliwatch, Paris.

Nationalestraat, 45 à 2000 Anvers, www.labelsinc.be

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© Yoann et Marco

MODE AU MENU Breaking news: dans l’univers de la mode, on mange!

Les labels de luxe jouent la carte de la restauration pour allécher leur clientèle, ou leur offrir une expérience complète.

Aujourd’hui, on prend l’apéritif chez Louis Vuitton ou un petit-déjeuner chez Tiffany’s.

01

Midi à Paris Le créateur français Simon Porte Jacquemus a de l’appétit. Au sens propre: après l’ouverture du Café Citron il y a un an, aux Galeries Lafayette, une seconde adresse a suivi dans la foulée en septembre dernier, dans le même grand magasin, le restaurant Oursin. Comme pour le Café Citron, Jacquemus a confié la direction culinaire aux propriétaires de Caviar Kaspia à Paris.

Oursin étant un restaurant de cuisine méditerranéenne, la chef Erica Archambault propose principalement des pâtes, des salades et des fruits de mer. Pour la déco, le créateur de mode s’est inspiré des maisonnettes typiques du Midi: chaises en rotin, plantes à foison et murs blanchis à la chaux, rythmés par des niches dans lesquelles sont exposées des céramiques faites à la main.

Reportage: An Bogaerts

© Yoann et Marco

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C’EST LE MONDE À L’ENVERS

Oursin, au deuxième étage des Galeries Lafayette, 40 bvd Haussmann à 75008 Paris, www.oursinparis.com

39|22.02.2020

03

Bottura cuisine Gucci

© Stephane Muratet

Gucci ne fait pas les choses à moitié, et quand il décide d’ouvrir un restaurant,il appelle Massimo Bottura, le meilleur chef du monde en 2016 et 2018. Ce chef talentueux, qui a fait la réputation de l’Osteria Francescana, à Modène, dirige ‘Gucci Osteria da Massimo Bottura’ à Florence.

Précisons que le chef est un ami d’enfance de Marco Bizzarri, CEO de Gucci. Au menu, des classiques: tortellini farcis au parmesan, risotto aux champignons et pasta cacio e pepe. Sinon, le Modenais aime bousculer les papilles de ses clients: ici avec une version de luxe du hot-dog, un hamburger et un dessert à la pina colada.

Gucci Osteria da Massimo Bottura, piazza della Signoria, 10 à Florence, www.gucci.com

02

À la cour de Louis V Avec la pasticceria Cova, le portefeuille de Louis Vuitton compte une première marque foodie à succès: Cova a des succursales à Milan, Monte Carlo, Dubaï, Hong Kong, Shanghai et au Japon. La maison de luxe n’a pas pour habitude d’ouvrir des restaurants dans ses boutiques, mais, en bonne Française, elle sait aussi que l’exception confirme la règle. Alors, quand on fait aménager un bâtiment à Osaka par l’architecte d’intérieur japonais Jun Aoki (qui a également conçu les boutiques de New York et de Tokyo), cela vaut la peine de prévoir, au dernier étage, un lieu pour faire une pause gourmande.

Ou même deux: le Cafe V et Sugalabo V. Ce dernier est accessible à partir du premier étage, en empruntant une sorte de passage secret. La carte des deux restaurants a été confiée au chef Yosuke Suga, ancien bras droit du chef français Joël Robuchon. Suga a fait l’actualité quand il s’est hissé au sommet du prestigieux classement français ‘La Liste’ et ce, sans passer par la case guide Michelin. La preuve que les goûts et les couleurs, ça ne se discute pas!

Louis Vuitton Maison Osaka Midosuji, 2-8-16 Shinsaibashi-suji, Chuo-ku à Osaka, www.louisvuitton.com

04

Cannelle à la folie Le ‘New Nordic Food Manifesto’ est un document qui, en 2004, a défini les principes généraux de la gastronomie scandinave, soit fraîcheur, simplicité et respect des saisons... Ce manifeste est également à la base de l’Arket Café, un espace de restauration qui fait partie intégrante du concept de l’enseigne du groupe H&M. Mais voilà: toute cette belle théorie ‘health food’ est oubliée quand on déguste la brioche à la cannelle! Cette viennoiserie a acquis un statut d’icône gourmande auprès du public amateur de mode depuis le lancement du label, en 2017. Et, depuis quelques mois, Arket propose une version vegan de cette boule de pur bonheur.

Arket, avenue de la Toison d’Or, 15 à 1000 Bruxelles, www.arket.com

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Prada Marchesi, Londres.

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The Devil eats Prada On n’est un vrai Milanais qu’après avoir commencé sa journée avec un cappuccino chez Marchesi, debout, au comptoir, avec une ‘pasta’ maison. Depuis 1824, cette enseigne est une référence, notamment parce qu’elle propose le meilleur panettone, une brioche légère aux fruits confits.

Le propriétaire de Marchesi est le groupe Prada, qui avait d’abord jeté son dévolu sur la pasticceria Cova de la via Montenapoleone, au cœur de la capitale lombarde. Hélas, LVMH a été plus rapide, et Prada a choisi Marchesi, autre référence pâtissière de Milan, avant d’ouvrir une succursale juste en face de Cova, en 2014... Les groupes de mode se livrent désormais une guerre pâtissière! Quatre ans plus tard, une succursale de Marchesi a ouvert ses portes à Londres. Si le look & feel est similaire, il y a cependant une grande différence: à Milan, un café coûte environ 1,30 euros; à Londres, il est à près de 7 euros...

Prada Marchesi, Galleria Vittorio Emanuele, Milan.

© Agostino Osio

Marchesi 1824, via Montenapoleone 9 et via Santa Maria alla Porta 11/a à Milan. Mount Street 117 à Londres, www.pasticceriamarchesi.com

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Come a Casa Armani Parmi les marques de mode qui se lancent dans la restauration, Armani fait sans conteste figure de pionnier: dès 1998, la maison italienne ouvrait son premier restaurant à Paris. Depuis, elle en a inauguré plus de vingt à travers le monde, dont plusieurs à Dubaï et à Milan. L’un de ces restaurants milanais, ainsi que l’établissement parisien se sont vus décerner une étoile Michelin. En plus d’être de bons ambassadeurs des différents labels de mode Armani, ces restaurants sont une bonne publicité pour Armani/Casa, le label de décoration fondé en 2004. Les tables et chaises de sa propre collection y sont évidemment parfaitement à leur place.

© Pierre Monetta

Toutes les adresses sur www.armani.com/restaurant

Beige de bon goût Quand nous affirmons qu’il y a trop de beige dans ce monde, ce n’est pas au restaurant que la maison Chanel a ouvert à Tokyo que nous pensons.

Celui-ci a déjà décroché deux étoiles Michelin, ce qui n’est pas surprenant quand on sait qu’il est dirigé par le légendaire Alain Ducasse. Au menu: de l’excellente cuisine française, préparée avec des ingrédients locaux, ce qui est depuis toujours la signature du chef. La décoraton est tout en beige, comme pour illustrer une des devises de Mademoiselle Chanel: ‘La simplicité est la clé de l’élégance’.

Beige, Chanel Ginza Building 10F, 3-5-3 Ginza, Chuo-ku àTokyo, www.beige-tokyo.com

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© Beppe Raso

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Breakfast at Tiffany’s Audrey Hepburn a pris son ‘Breakfast at Tiffany’s’ sur le trottoir, gobelet en carton dans une main, croissant dans l’autre. C’est de l’histoire ancienne: le grand magasin de luxe londonien Harrods propose ce même concept, mais dans une version plus confortable: au rez-dechaussée, on peut prendre un petit déjeuner, un afternoon tea ou même un dîner, servis dans de la porcelaine Tiffany au ‘The Tiffany Blue Box Cafe’. Après New York (actuellement fermé pour rénovation), Shanghai et Hong Kong, c’est le premier café Blue Box en Europe. Ces Il paraît qu’il seraient très prisés pour les demandes en mariage - les baguesde fiançailles sont déjà sur place!

The Tiffany Blue Box Cafe, chez Harrods, Brompton Road, 87-135 à Londres, www.harrods.com

42|22.02.2020

FOIRES & ÉVÉNEMENTS

EXPERIENCE 7,000 YEARS OF ART HISTORY 7 – 15 MARCH 2020 THE NETHERLANDS

INVITATION ONLY

5 & 6 MARCH GENERAL ADMISSION

7 – 15 MARCH TEFAF.COM #tefaf

Flatflesa Lighthouse, Ålesun, Norvège Face à la mer

Le plus bel hôtel à l’écart de tout se trouve sur une île privée à une heure de bateau de Ålesund. Le phare, occupé jusqu’en 1988, compte 8 chambres, un nombre parfait pour une escapade en bande.

Au programme: hot tub face à la mer, parties de pêche, découverte des alentours, BBQ de fruits de mer préparé par le chef, feux ouverts entretenus par le personnel et silence. La belle vie au grand air.

Prix sur demande, 62 North, www.62.no

Ardfin, Jura Island, Écosse / Loin du monde

L’île de Jura fait partie de l’archipel des Hébrides. C’est là que George Orwell s’est isolé pour soigner une vilaine tuberculose. L’air pur est toujours au rendez-vous, mais le séjour s’est amélioré avec l’ouverture, en 2010, d’un hôtel romantique avec golf privé.

La maison Jura offre 10 chambres et peut être réservée entièrement à usage privé. L’hôtel The Quadrangle compte 13 chambres et 2 appartements décorés dans un style 100% écossais: bois foncé, lourdes tapisseries, tartans, feux ouverts. Et whisky au bar!

La chambre double en pension complète, à partir de 1.200 euros. www.ardfin.com

WAWW

Petit choix de lieux et d’ambiances rares à découvrir t o u t e s a f f a i r e s c e s s a n t e s . Sélection: Debbie Pappyn K5, Tokyo, Japon Tatami cosy

Tokyo se prépare à accueillir les JO. et, dans toute la ville, les hôtels poussent comme des shiitakés. Dont le K5, un micro complexe de 20 chambres avec restaurants, bars et espaces lounge. Situé à Marunouchi, à dix minutes de Tokyo Station, il est abrité dans un bâtiment construit en 1920 pour, à l’poque, y accueillir une banque. Sols en béton d’origine, couleurs pâles, bois de cèdre, papiers washi et stucs japonais: on est loin des standards de l’hôtel business sans âme.

Cette petite adresse cosy a deux atotus de plus: un bar à bières artisanales, Level B, et un restaurant à la carte contemporaine et originale, Caveman.

La chambre double, 383 euros la nuit. www.designhotels.com/k5

Ritz Carlton Yacht Collection, Méditerrannée Nouvelle vague

Au mois de juin 2020, le célèbre hôtelier Ritz Carlton va prendre la mer pour sa première croisière, à bord du Evrima, un navire de 190 mètres qui peut accueillir 298 passagers. La signature élégante et luxueuse typique du Ritz Carlton sera du voyage en Méditerrannée, dans les Caraïbes et en Amérique Latine. À bord, les passagers sont gâtés: un Spa Ritz Carlton, une marina pour les sports nautiques et des restaurants où officient des chefs étoilés Michelin. Pour profiter des escales, RC Shore Collection propose des visites originales, à vivre en solo ou en petits groupes.

Prix sur demande www.ritzcarltonyachtcollection.com

ART, ANTIQUITÉ & CULTURE

B&O Asian Antiques Mobilier et objets d’art antiques d’extreme-orient Importation directe d’Asie depuis 1995 Conseil gratuit pour la decoration de votre interieur La plus grande collection de Belgique

PORTES OUVERTES 25IÈME ANNIVERSAIRE 25 ANS = 25 % DE REMISE SUR TOUTE LA COLLECTION !

SAM 29 FEV, DIM 1 ET LUN 2 MARS 2020 (10H - 18H) SAM 7, DIM 8 ET LUN 9 MARS 2020 (10H - 18H) DEUX WEEK-ENDS D’ANNIVERSAIRE À NE PAS RATER Kardinaal Sterckxlaan 15, 1860 Meise Tél : 02 / 270.14.70 • GSM: 0475 / 60.14.70 WWW.ASIANANTIQUES.BE

À LA CARTE

Si certains chefs se satisfont d’un restaurant qui tourne bien, Luc Broutard pousse jusqu’à en avoir cinq. Le chef montois s’est fait un nom avec La Table du Boucher, un restaurant de viande du centre-ville. Ont suivi La Madeleine, un bon restaurant de poisson, Le Comptoir de Marie, une ode réussie à la cuisine du monde, Le Chalet, dédié à la cuisine savoyarde, Photo: ID/ Leo De Bock et La Banque, une brasserie installée dans l’ancien siège de la Banque nationale de Mons inauguré l’été 2019. La Tavola est donc son sixième restaurant, et le premier consacré à la cuisine italienne. En entrant, il faut beaucoup d’imagination pour se croire en Italie: le restaurant fait partie d’un tout nouvel hôtel, fonctionnel et sans âme. Hautes fenêtres, dalles de pierre naturelle et murs blancs lui confèrent un look lumineux et contemporain, mais pas très convivial. Heureusement, des peintures colorées de Patricia Simsa apportent un peu de chaleur à cette salle anonyme.

Luc Broutard et son fils, Charles, officient dans la cuisine ouverte. Pas le moindre Italien en vue, pas même dans la salle.

Pourtant, père et fils savent concocter le meilleur de cette gastronomie iconique avec des assiettes généreuses et précises, comme le velouté de parmesan et truffe raffiné servi en entrée.

Le choix n’est pas très étendu: il faut opter pour le menu, proposé en quatre (43 euros) ou cinq services (65 euros). Tous deux s’ouvrent avec une profusion de savoureux antipasti: jambon de Parme fondant, aubergines à la Parmigiana, portobello au fromage et toast à l’ail garni de lardo fondant, le tout délicieux et généreux: nous sommes bel et bien en Italie!

Autant les antipasti étaient copieux, autant l’entrée autour du calamar est raffinée: quelques morceaux pochés, surmontés d’un tentacule frit tout en légèreté, escortés de quelques pâtes tubulaires etnappés d’une Pas d’Italien en vue, ni dans la salle, ni en cuisine. Pourtant, les sauce corsée au fumet de bisque qui paral’ensemble.

Broutard père et fils concoctent le meilleur de cette gastronomie. cheve Le plat principal, simple mais ô combien savoureux, achève cette opération de séduction totalement réussie: on nous sert une tagliata de bœuf maturé, agrémentée de roquette, de copeaux de parmesan et d’une vinaigrette au vinaigre balsamique. Décidément, les Broutard cuisinent comme de vrais Italiens.

J an S che i dt w e ile r s ’ a t t a ble à L a Tavola: une atm o s p h èr e p e u c h a le u r eu s e , mais u n e c u is in e a u t h e ntiq u e.

Adresse?

La Tavola Chaussée de Maubeuge 225 8022 Mons Tél. 065/70.70.79 Ouvert tous les jours.

Sommelier?

Une belle carte des vins composée uniquement de flacons italiens. Les prix varient de 35 euros (pour un blanc des Langhe, Piémont) à 415 euros pour un Sassicaia. S’il n’y a pas de vins au verre à la carte, de belles suggestions sont proposées avec le menu. Nous avons dégusté un bon Lambrusco ainsi qu’un délicieux Langhe chardonnay du domaine Ronchi (tous deux à 8 euros le verre).

Décibels?

La Tavola est un grand établissement: 45 couverts, plus une longue table d’hôtes ainsi qu’un comptoir autour d’une cuisine ouverte.Malgré tout, le plafond tendu génère une acoustique agréable: 61dB.

Addition?

130 euros pour deux.

On y retourne?

Avec plaisir. L’endroit n’est pas convivial, mais c’est largement compensé par la générosité de la cuisine.

47|22.02.2020

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GARAGE

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Visite au fil des garages. Cette semaine: les voitures du paysage urbain des jeunes années de Philippe Coget.

Reportage: Bert Voet Photo: Thomas Vanhaute

Work in progress: les trous dans le plancher de cette Peugeot 204 (1972) seront bientôt réparés.

Le break 304 est devenu très rare.

«En fait, cette Saab 99 (1972), c’est un cabriolet Peugeot 204!», s’amuse Philippe Coget. «Elle a passé 30 ans dans une ferme. Je vais la revendre, pour acheter la voiture de mes rêves. Mon grand-père était copropriétaire du garage Peugeot Ciac, à Gand, et, jusque dans les années 1960, il était également importateur pour la Flandre. Ensuite, mon oncle Félix a été co-gérant. Aujourd’hui, c’est mon cousin qui le dirige. Pour séduire ma mère, mon père a dû rouler en Peugeot -ce qu’il a fait, avec une légère réticence.»

Philippe Coget est parti s’installer en Wallonie il y a quelques années. «Je fais commerce de voitures d’occasion, mais ma collection est totalement à part.» Il profite de l’hiver pour faire de gros travaux. «Mon pick-up Peugeot 404 (1980) n’est pas ici, car il lui faut un nouveau moteur. Ma berline 404 (1967) roule à merveille: c’était la première avec un moteur à injection. La ligne des ailettes et de la calandre illustre l’influence des États-Unis à l’époque. J’en ai aussi une de 1972.»

Sa Peugeot 504 GLD (1969) a des pare-

chocs chromés et le changement de vitesses au volant, mais pas de servo. «C’est le premier modèle, et il est fort recherché.

Le compteur affiche 259.000 kilomètres, mais ce moteur est inusable. Il suffit de lui donner régulièrement de l’eau et de l’huile, et il atteint le million! La 504 a été produite en Europe, de 1968 à 1983. La construction s’est ensuite poursuivie pendant des années en Amérique du Sud et en Afrique.

Celle-ci est sortie en 2006 d’une chaîne de montage au Nigéria. Mon pick-up Peugeot 504 (1986) est sans doute le seul du pays: il n’était même pas dans l’ordinateur de la Direction pour l’Immatriculation des Véhicules! Je l’ai depuis 2013. Suite à des problèmes de santé, j’avais décidé de lever un peu le pied et je me suis mis à collectionner.

Non, je n’ai plus de voitures ayant appartenu à mon grand-père, dommage!»

La Peugeot 504 cabriolet (1978), conçue par Pininfarina, est d’une grande beauté. «Elle n’a pas le V6, un moteur complexe que Peugeot a développé en collaboration avec Renault et Volvo.

Il est plutôt gourmand: il suffit d’effleu-

La Peugeot 404 Sedan (1967) signée Pininfarina sous influence américaine.

La berline 504 GLD (1969) et son moteur diesel indestructible.

PHILIPPE COGET Marchand de voitures d’occasion.

La première: Peugeot 305 berline (1980). Voiture de tous les jours: Audi Q7 (2016). La meilleure: Audi Q7 (2016).

La pire: Seat Ibiza (1984).Le rêve: Peugeot 204 Cabriolet.

La plus belle de sa collection: le cabriolet Peugeot 504 (1978).

rer l’accélérateur pour qu’elle consomme 18 litres et, avec une conduite un peu plus sportive, on grimpe à 23 litres. Il n’y a quasi plus de mécaniciens qui la connaissent et savent l’entretenir. C’est une des premières deux litres à injection mécanique. La combinaison avec le servo est rare. À l’époque, c’était vraiment le top!»

«Un jour, ma fille est tombée en panne avec cette voiture», raconte-t-il. «Il y avait 15 litres d’essence sur la route. Après un an et demi de recherches, j’ai finalement trouvé les bagues d’étanchéité dont j’avais besoin: 5 pour 5 euros.» Il disparaît un instant et revient avec un bocal: «Regardez, il m’en reste une. Chez L’Aventure Peugeot Classic, on trouve de grosses pièces, mais pour celles-ci, ce n’est pas une mince affaire...!»

«Le break Peugeot 304 GL (1977) est un des premiers. «Quand la 204 est sortie de la gamme, il restait des milliers d’intérieurs: ils ont été récupérés pour une version bon marché de la nouvelle 304. Ce break était une 204 avec juste une pièce en plus, soudée à l’arrière. Par contre, son moteur est excellent et super simple: un enfant pourrait le réparer! Malgré tout, on ne les voit pratiquement plus, comme la Peugeot 505 GTD familiale (1986): ces deux modèles sont partis en Afrique! Théoriquement, c’est une 8 places, mais ils arrivent à s’y installer à 14, sans compter les bagages!

Dans les campagnes du Sénégal et de Côte d’Ivoire, presque tous les taxis sont des 505 familiales, même si ces modèles ne sont plus produits depuis 1992. En fait, ils préfèrent Peugeot à Mercedes, ne serait-ce que parce qu’ils peuvent plus facilement faire fabriquer

des pièces de moteur par le maréchal-ferrant du village.»

Il possède également une Peugeot 104 (1972) et une 309 (1989). La 204 (1972) et la 304 cabriolet (1972) sont en cours de restauration. La première a un trou dans le plancher.

«Une vraie Peugeot!», s’exclame-t-il en riant.

Les sièges du cabriolet 205 CJ (1993) sont usés, mais elle est en excellent état. «On me dit souvent: «Oui, mais ce n’est pas le CTI...»

Ou bien: «Regarde, ici, il y a une tache de rouille!»

Je déteste ça. Je ne peux même pas participer au Zoute Grand Prix. Finalement, je n’ai pas besoin de super exécutions ou de voitures parfaites: mon truc, c’est de sauver les voitures qui faisaient partie du paysage urbain des années 70. Tout le monde veut une Porsche ou une MG, mais elles ne sont pas le reflet du quotidien alors qu’il y avait des milliers de Peugeot 304! Et, à l’époque, elles roulaient, même cabossées et rouillées. C’est ça le patrimoine!»

«Mon pick-up Peugeot 504 est sans doute le seul du pays: il n’était même pas dans l’ordinateur de la Direction pour l’Immatriculation des Véhicules!»

51|22.02.2020

Te l . +3 2 2 6 2 0 01 6 0

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