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12-Décembre
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1989
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Le Bicentenaire manqué o u
le triomphe posthume de Louis XVI et Marie-Antoinette Editorial
«Tous les sondages montrent l'ampleur du recul que l'opinion prend vis-à-vis de 89. (...) Aujourd'hui, Louis XVI sauverait sa tête »(le Monde, 13/7/89). Cet aveu est intéressant, mais il reste en-deçà de la réalité. Car Louis
XVI sauverait sa tête, non pas comme un coupable que l’on gracie,
mais comme un innocent que l’on ré¬ habilite. C’est dans ce sens qu’évo¬ lue l’opinion française actuelle, évolution qui s’est même chiffrée lors de la reconstitution àla télévision du
procès de Louis XVI :55,5 %se prononcent pour l’acquittement,
17,5 %pour l’exil, 27 %pour la mort (TF1. 12/12/88). La réhabilitation de Marie-Antoi¬
nette est encore plus manifeste. «La Révolution dont on va fêter
le bicentenaire, aune rivale redouta¬
ble ces derniers mois en la personne de Marie-Antoinette. Depuis que la malheureuse aété guillotinée, je ne l'ai jamais connue aussi populaire. S'il yavait un hit-parade des pre¬
damnation àmort, on ne posait mê¬ me pas la question, tant il paraissait indécent d’en soulever l’hypothèse (TF1, 3/1/89). Plus impressionnant encore, le
procès de Danton et celui de Robes¬ pierre, qui devaient être présentés à la télévision par la suite, ont été pu¬ rement et simplement annullés. Les experts en opinion publique que sont les grands responsables des media
ont évidemment pressenti que ces procès tourneraient àla confusion de ces deux figures dominantes de la Révolution française. Donc, «le combat cessa faute de combat¬ tants ».
Editorial Louis XVI
1
Marie-Antoinette
2
L’ é c h e c d e s Tu i l e r i e s
5
Epilogue de la Révolution française
5
Un Bicentenaire qui sombre dans la folie :le 14-juillet de la révolution culturelle
6
La France anesthésiée devant la révolution culturelle
On aposé àla France l’insolente question ;«qui aujourd’hui est en¬
Face àla propagande
core pour Louis XVI et Marie-Antoi¬
notre état d’alerte
3
antichrétienne, accentuons 4
nette ?» La réponse aété telle que l’on n’a plus osé demander :«Qui est pour Danton et Robespierre ?» Il est significatif qu’un des grands titres de librairie pendant la période du Bicentenaire se soit intitulé Chère
Marie-Antoinette (Jean Chalon, Libr. Ac. Perrin). Ce Roi et cette Reine que la Ré¬
mières dames de France, c'est ’l'Au¬ trichienne "qui arriverait en tête »,
volution amaudits sont aujourd’hui
pouvait-on lire dans le Monde du 10
représentants de la souveraineté na¬ tionale, sont aujourd’hui honnis. Ce
août 1988.
Sommaire
aimés. Ceux qu’elle aexaltés comme
L’actualisation de son procès, en
triomphe posthume de Louis XVI et
présence d’experts et d’historiens des plus compétents, s’est achevée par un verdict populaire impression¬ nant :75 %pour l’innocence, 25 %
de Marie-Antoinette, escamoté par
pour la culpabilité. Quant àla con-
Bicentenaire.
les grands media, méritait d’être sou¬
ligné ici comme une caractéristique majeure, quoique inattendue, de ce
Louis XVI Qn se scandalise, et avec raison, de la faiblesse de Louis XVI envers la
Révolution. Devant les premières ma¬ nifestations de celle-ci, sa réaction est
toujours d’en minimiser la portée. De¬ vant les premiers actes d’insubordina¬ tion sanglante et sauvage, comme l’assassinat du gouverneur de la Bas¬ tille, ou les premières mises «àla lan¬
terne », il est incapable de prendre aucune mesure énergique. On sent en cela les funestes consé¬ quences de son éducation fénelonien-
ne. Education qui lui ainculqué cette vision des choses :en traitant avec les
hommes, il convient de faire systéma¬ tiquement abstraction de leur côté