MARS/ AVRIL 1985
de la -documentation rassemblée sur le film
Je vous salue, Marie I - DESCRIPTIF Mettons-nous à la place d'une personne désireuse d'obtenir un avis autorisé sur un film intitulé Je vous sa/ue, Marie. Le titre-même la concluira, a fortiori si elle est catholique, à s'adresser à l'épiscopat. Là on la renverra au service chargé officiellement de la critique des films : !e Départemen t Cinéma de l'organisme « Chrétiens-Médias » (appelé également : « Office Catholique du Cinéma » ). Apres avoir relevé que !e film y est elassé « trais étoiles », vaiei la description qu'elle lira dans les « Fiches du Cinéma » (23/1/85), cahier hebdomadaire de cet orgamsme: « Marie », filie d'un pompiste, aime /e basket-ball. Joseph, chauffeur de taxi, aime Marie. Ils sont fiancés: ils vont se marier bientôt. Un jour arrive par avion l'oncle Gabriel. Une petite filie l'accompagne. Ils se rendent aupres de Marie, et --Ctabriel-fui annonce qu'elle va avoir un enfant. Marie s'étonne. Un médecin confirme plus tard que Marie est bien enceinte. Joseph, jaloux, persuadé que Marie a couché avec quelqu'un d'autre, est tout àfait meurtri. D'autant que Marie se refuse à /ui. Ce qui n'est pas si simple pour elle, prise parfois d'un désir brutal. Comme celui d'Eva, par exemple, une jeune filie qui, dans la vil/a Paradis , se donne à un émigré tcheque dont elle suit un séminaire sur l'univers et la création. Joseph finit par accepter la situation ; Marie met au monde un garçon (Jésus ). Quelques années apres, /e petit garçon quitte Joseph et Marie. L'oncle Gabriel s'en va /ui aussi. Marie s'apprête à avoir une vie defemme. » Le prosai"sme brutal du récit est déjà révélateur. On !e retrouve dans la plupart des descriptions données dans la presse. En fait, il reste bien en-deçà de la réalité. II faut considérer plusieurs éléments qui portent ce film au cambie de l'infamie :
1. Obscénité des images L'affiche du film donne !e ton : un ventre nu de femme vers leque! se tend une main d'homme. Quant au film lui-même, citons Pierre d'André, critique de cinéma dans l'hebdomadaire « Familie Chrétienne » (7 /2/85) : « Dela Vierge, symbo/e même de la pureté, il a fait une espece d'exhibitionniste, qui se met intégralement nue à de nombreuses reprises, et laisse la caméra parcourir /onguement son corps en gros, voire en tres gros plan. Pire encare peut-être, elle incite sonfils à exp/orer son corps nu sous sa robe, ce qui scandalise Joseph luimême.et l'amene à /ntervenir » .
2. Le ton des dialogues : vulgaire, ordurier et obscene Tous les personnages s'expriment dans un langage vulgãire, souvent d'une grossiereté telle qu'il est impossible de les reproduire. A tout propos, ils jurent, se lancent mutuellement des insultes et se réferent par exemple dans les termes les plus crus aux organes et à l'acte sexuels. Le film commence par cette phrase : « Tout ce qui sort de ma bouche, ça devient de la m ... », dite à Joseph par son amie Juliette. Le mot revient plus loin, dit par Joseph : « Marie, m ... , c'est quoi ces gens? » (les gens en question, ce sont l'oncle Gabriel, dit « l'ange », et une fillette qui l'accompagne ... ). Le soi-disant « ange Gabriel » jure à tout moment des « nom de Dieu ! » Grossier et brutal, il insulte Joseph à plusieurs reprises : « espece de nullard », « espece de taré ». Puis !'insulte se fait obscene. Pour finir, il se jette sur Joseph et !e frappe. Loin de respecter la virginité de Marie, ce dernier est présenté comme un amant
vulgaire, avide d'une relation charnelle. II accuse la soi-disant Marie de « coucher avec des autres » et explicite son accusation dans des termes abjects. Mais !e fond de l'abjection est atteint dans les propos de l'actrice principale. Dans un long monologue qui est une espece de parodie du Magnificat, elle déclare son « dégoüt de tout », sa « haine pour tout » et fait éclater sa révolte contre Dieu dans d'odieuses accusations et imprécations. Elle Le traite de « lâche » et de « vampire », et plus bas encare, dans !e pire registre érotico-blasphématoire. Ce contexte ordurier est jonché de débris d'Evangile : A plusieurs reprises, apparaissent dans un coin de l'écran comme un leitmotiv les mots « En ce temps-là ... » Vers la fin du film, !e soi-disant « Jésus » appelle d'autres enfants à !e suivre et dit à l'un d'eux : « Maimenant, tu t'appelleras Pierre ». II déclare « Je suis celui qui est ». et ensuite « II faut que je m'occupe des affaires de mon pere ». A un moment donné, l'actrice principale parodie !e« Fiat » de l'Annonciation: « Qu'il me soit fait se/on votre parole ». Ailleurs, !e soi-disant ange Gabriel !ui dit : « Je vous salue, Marie». Imaginons un iconoclaste furieux s'emparant d'un tableau de l'Annonciation, !e brisant avec rage et en dispersant les différents éléments dans une mare de boue, son acte sacrilege sera peu de chose en regard de l'acharnement blasphématoire qui traverse !e film Je vous sa/ue, Marie.
3. Doctrine sous-jacente : Freud et extra-terrestres L'inspiration freudienne est déclarée. Voilà ce qu'en dit Gérard Pangon, responsable de la rédaction des « Fiches du Cinéma » (ibid.) :
Edité par: TRADITION FAMILLE PROPRIETE - TFP • 6, av. Chauvard 92600 Asnieres • Rédaction : Guillaume BABINET