Le magazine de Nautiraid

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#1 LE MAGA ZINE DE NAUTIR AID

AVENTURE

SEUL SUR LA VOLGA

STORY

ET AUSSI LA SAGA DU KAYAK PLIANT NAUTIRAID FRIEND : YANNICK SEVI TECHNIQUE : L’APPEL LATÉRAL

COMMANDO KAYAKING

CHALLENGE

MANCHE-MED EN CORACLE ESSAI

KARAN & CROSS 475


Edito

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EDITO

L

e printemps 2020 aurait dû être celui des sorties en kayak. Des mois de pluie avaient amené l’eau dans les rivières, le soleil faisait enfin son apparition et tout le monde avait des fourmis dans les bras pour se saisir de sa pagaie... Las, le Covid-19 intimait l’ordre de rester à la maison et de remettre à plus tard tous les projets de navigation qu’on avait en tête. Alors, puisqu’on a plus de temps à consacrer à la lecture, notre équipe marketing s’est mise à écrire pour vous proposer ce magazine 100% Nautiraid, pour, en quelque sorte, naviguer à la maison... Une heure de lecture pour vous évader et cultiver le lien qui vous unit à votre kayak Nautiraid : en explorant ses origines, ses particularités, ses possibilités de navigations au quatre coins du monde... Une liberté qu’il nous tarde de retrouver, mais en attendant... bonne lecture ! Olivier Le Moigne Président Nautiraid

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Photo de couverture : © Robin Cristol


SOMMAIRE 4 Et aussi Actus..............................p. 8 Shopping.......................p. 10 Gamme Nautiraid.......p. 18 Quizz..............................p. 37 Technique.....................p. 46

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Ont contribué à ce numéro Guillaume Fatras collaborateur à Canoë kayak Magazine, Le Chasse Marée, Fluvial... Mathilde Guérineau

Photos : Guillaume Fatras, Adrien Clémenceau, Robin Christol.

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PORTFOLIO

BALI

Navigation exotique autour de l’île des Célèbes.

RANDO

Chenonceau Pagayez sous le château de Chenonceau sur les eaux tranquilles du Cher.

ESSAIS

Karan & Cross 475 Présentation des deux nouveautés 2020 de Nautiraid.

MILITARY

Le kayak commando La véritable histoire du kayak utilisé à des fins militaires.

AVENTURE

Seul sur la Volga Expédition en solo sur le plus grand fleuve d’Europe, 82 jours et plus de 3500 km ! HISTORIQUE

La saga des pliants De Chauveau à Nautiraid, on retrace l’épopée de la marque française.

NAUTIRAID FRIEND

Alpine Paddle Yannick Sévi, fabricant atypique en Savoie de pagaies groenlandaises.

CHALLENGE

La France en Coracle A 80 ans, il traverse la France à l’aviron, par les canaux et sur un Coracle 250 !

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Portfolio

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BALI Indonésie, île de Sulawesi dans l’objectif de Robin Christol.

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Portfolio

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Ile de Célèbes, Grand Narak au soleil couchant. LA VOLGA SEMBLE SANS LIMITES MAIS QUELLES SERONT CELLES DE NOTRE KAYAKISTE ? 7


Actus

Course mythique

Devizes to Westminster Marathon

E

n 1947, parce qu’il fallait garder la forme après la guerre, fut organisé le premier marathon Devizes to Westminster, créé tout d’abord pour l’endurcissement des commandos britanniques. Les règles sont simples : prenez des participants, la majorité en biplaces, donnez leur Devizes, petite bourgade du Wiltshire, comme point de départ, et dites-leur que l’arrivée sera jugée à Londres devant Parliament Houses, à Westminster. Ça semble simple mais c’est un vrai challenge, il y a 215 km à parcourir et 77 portages pour franchir les divers barrages du canal de Kennet & Avon, puis de la Tamise. Comme les Britanniques sont conservateurs, ils ont gardé une catégorie kayak pliant, majoritairement complétée de militaires, comme à l’origine. Le gagnant se voit descerner un bronze qu’il remet en jeu l’année suivante.

Un jour et une nuit à pagayer

Pour l’obtenir, il faut cependant s’employer sérieusement. Les gagnants de l’année dernière, Chris et Joe Maynard, ont mis plus de 23 heures pour rallier la ligne d’arrivée ! Il y a une grande composante tactique dans cette course qui est un contre-lamontre et où chaque équipage part selon ses calculs : il faut dans l’idéal atteindre l’écluse de Teddington au bon moment, quand le courant de jusant de la Tamise vous soulagera les derniers 50 km jusqu’à l’arrivée. Partez trop tôt, trop tard, ou ayez une défaillance quant à votre plan de marche et vous ratez la marée et les derniers kilomètres seront un enfer contre le courant ! Cette année, les frères Maynard avaient choisi Nautiraid, le nouveau fournisseur des forces spéciales britanniques pour

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1-Joe et Chris s’entraînent sur la Tamise. 2- Le trophée des Artists’ Rifles. 3 - Le Grand Narak est soigneusement préparé avec des sièges de course.

tenter de battre le record de l’épreuve détenu depuis Mathusalem par les SAS (les paras de l’armée de terre, rivaux des Royal Marines de la Navy) en 23 heurses 20 minutes. Las, la crise du Covid-19 a eu raison de l’épreuve qui aurait dû se dérouler à Pâques. Le kayak de course, envoyé depuis la Mayenne est un Grand Narak avec une peau sans stabilairs (dite Sportline - vendue à quelques exemplaires dans les pays germanophones) pour avoir le meilleur ratio longueur/largeur. Chris et Joe ont adapté des sièges de course en ligne en carbone et sont désormais fins prêts... pour l’édition 2021...

SI L’ÉDITION 2020 DU MARATHON A ÉTÉ ANNULÉE, CE N’EST QUE PARTIE REMISE POUR 2021 8


Actus

Magasin

Visite chez Bekayak

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ekayak est le magasin multimarques qui s’est le plus spécialisé dans le kayak de mer dans l’hexagone. Bien évidemment il est breton! Il a été d’abord établi à Morlaix, puis a émigré du Léon vers le grand port du Finistère, Brest. Depuis 11 ans maintenant, le magasin est implanté dans la zone nautique du Moulin Blanc, entre les shipchandlers, les concessionnaires de bateaux et à une encâblure du bar le Tour du Monde, le repaire de l’Amiral Olivier de Kersauzon ! Fabien Dreves, le responsable du magasin, avoue avoir en saison « environ 300 kayaks en stock dans le magasin. Nous les essayons tous, ce qui permet de conseiller véritablement les clients. C’est comme ça que nous avons sélectionné comme marque de kayak pliant Nautiraid, car nous vendons des bateaux de qualité aux qualités nautiques éprouvées. » Manu Redureau (issu de la diaspora mayennaise !) qui l’épaule au magasin connaît également bien les pliants made in France. Outre le conseil, l’avantage de Bekayak c’est l’essai, il suffit de traverser la rue pour descendre la grande cale du Moulin Blanc et mettre à l’eau les bateaux d’essai... Bekayak 100 rue des Mouettes, 29 200 Brest Tél. : 02 98 41 72 80 www.bekayak.com

1 2 1- Le magasin Bekayak à Brest. 2- Sortie en rade. 3 - Manu Redureau et Fabien Dreves sur Narak 405 Cross et Karan 520 devant le port du Moulin Blanc.

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SI L’ÉDITION 2020 DU MARATHON A ÉTÉ ANNULÉE, CE N’EST QUE PARTIE REMISE POUR 2021 8


La canoterie en Baie de Somme

La vie continue en Baie de Somme malgré le terrible accident qui a coûté la vie à 3 kayakistes en début d’année. Nautiraid était avec Christophe Marie de « La Canoterie » qui vient d’ouvrir son bar lounge à Saint-Valery-surSomme. Un endroit chaleureux pour se détendre et partager ses expériences de navigation.

Site internet achat en ligne

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Nautiraid au Danemark

Vous en rêviez, Nautiraid l’a fait ! Grâce à notre tout nouveau site internet vous pouvez désormais commander en ligne et nous vous livrons où vous voulez. Accessoires, kayaks, canoës, n’attendent plus que vous. Profitez-en pour découvrir l’histoire et le savoir-faire de Nautiraid ainsi que nos conseils et nos actualités. Retrouvez l’ensemble de nos produits sur www.nautiraid.com.

Saviez-vous que le Danemark était le pays d’Europe qui compte le plus de kayakistes par rapport au nombre d’habitants ? Nautiraid sera distribué en Scandinavie par le très beau magasin Kajak Freak à Vinderup dans le Jutland. www.kajakfreak.dk

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/ www.lacrevettegrise.com

www.select-paddles.com

ENJOY THE RIDE

PROUDLY DESIGNED & MANUFACTURED BY SELECT Contact > Tél. (33) 02 41 19 10 24 /

11 e-mail : info@select-paddles.com


The  Aquatic  Force

nautiraid-military.com

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Actus Energy Observer : une révolution énergétique est en marche Energy Observer, équipé de kayaks pliants Nautiraid, part à la rencontre de ceux qui imaginent le monde de demain et trouvent des solutions pour un avenir plus propre. pour un développement durable. Une flotte de Nautiraid à bord du bateau du futur. Le premier navire hydrogène visant l’autonomie énergétique, sans émission de gaz à effet de serre ni particules fines, s’est équipé de deux Grand Narak et deux SB Commando dont un doté d’un moteur électrique Torqeedo. Sa mission au large de la République Dominicaine achevée, l’Energy Observer prendra la direction de la Guyane. Les embarcations Nautiraid serviront d’annexes notamment pour remonter

Crédits : Energy Observer Productions

Prouver aux citoyens, aux décideurs et aux entreprises que la transition écologique est en marche, tel est l’objectif d’Energy Observer. Cet ancien bateau de course de légende a été reconditionné en navire du futur à propulsion électrique. Il fonctionne grâce à un mix d’énergies renouvelables et un système de production d’hydrogène décarbonée à partir de l’eau de mer. L’équipage a récemment atteint les Caraïbes après 9 000 kilomètres en complète autonomie. Au-delà d’un défi technique, Energy Observer veut montrer qu’il est temps de changer de modèle énergétique

le fleuve Maroni situé entre la Guyane française et le Surinam en kayak. Nautiraid est fier de pouvoir participer à sa manière à un projet comme celui-ci pour des expéditions plus responsables de l’environnement.


Actus

Méditerranée Méditerranée Autour del’Ile l’Ile Verte Autour de Verte avecKayak Kayak Attitude avec Atitude

K

ayak Attitude est le magasin de kayak spécialisé emblématique de la méditerranée. Karl Berson, le propriétaire du magasin, a jeté l’ancre à Marseille après une carrière sportive en canoë slalom. Passionné par Nautiraid, il en a même emmené un dans ses bagages jusqu’à Tahiti ! Autour de Marseille, c’est le paradis du kayakiste. Les Calanques, à l’est de la ville, sont le spot le plus reconnu, Kayak Attitude guide tout l’été ses clients ici. Mais il y a aussi les îles marseillaises, du

Frioul et de Riou ; un peu plus loin à l’Est devant La Ciotat, l’Ile Verte, la dernière ile boisée des Bouchesdu-Rhône. C’est une rando facile pour une après-midi au départ de la Ciotat, où l’accès à l’eau est plus facile que Cassis, surfréquentée. Avant de mettre le cap sur l’île, on part d’abord à l’ouest du port passer sous le «Bec de l’Aigle», cette masse rocheuse faite de “poudingue” qui défend La Ciotat. Après une courte traversée, on rejoint l’Ile Verte, petit paradis qui s’offre aux

seuls kayakistes avec ses micro plages et ses arbres nains. Il ne nous reste plus qu’à remercier notre guide pour nous avoir fait partager “sa” Méditerranée... Kayak Attitude 555 rue St Pierre, 13012 Marseille Tél. : 04 91 47 11 82 www.kayak-attitude.fr

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SI L’ÉDITION 2020 DU MARATHON A ÉTÉ ANNULÉE, CE N’EST QUE PARTIE REMISE POUR 2021 8

Karl Berson


Shopping

Gilet Nautiraid

Siège Expédition

Indispensable pour toute sortie en kayak ou en canoë. Ouverture ventrale et poche. Flottabilité 50 Newton Disponible en 3 tailles : S, M/L, XL/XXL

Siège avec assise et dosseret gonflable, idéal pour un confort maximal même pendant plusieurs heures de navigation.

137 €

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Compas Silva Ce compas de conception suédoise permet de garder le bon cap. Il est maintenu grâce aux 4 élastiques.

58 € 1-Bourasseau c’est l’atteleur officiel de Royal Enfield, avec un mini-side Cozy adapté au gabarit de la Bullet. 2- Avec Hubert et Christophe, des clients devenus amis qui s’éclatent en Himalayan 410. 3 - Le concept store avec près de 50 motos à dispo.

Pagaie Select carbone

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K-way Tourlite Une vareuse légère, facile en enfiler et à enlever même assis dans le kayak. Poignets et taille en néoprène, capuche bienvenue en cas de grain !

199 € En carbone pré-imprégné et démontable en deux parties, la pagaie Carbone Select dispose d’angles et de longueurs variables. Disponible en 220 cm ou 240 cm.

365 €

TOUS CES PRODUITS SONT À RETROUVER SUR LA BOUTIQUE EN LIGNE NAUTIRAID.COM 101

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Essai

RANDO EXPRESS

CHENONCEAU Dans le Val de Loire, il n’y a pas que le fleuve royal... Embarquez sur le Cher, à Civray de Touraine pour une visite insolite du château de Chenonceau ! Texte & photos : Guillaume Fatras

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ean-François Souchard est un des grands spécialistes du canoë en France. N’allez pas lui parler de kayak, il ne pratique que la pagaie simple ! Heureusement nous venons le voir avec un Umiak 475, le canoë démontable de Nautiraid... JeanFrançois, photographe de la Loire, a monté sa stucture, Canoë Company, à Civray-de-Touraine : magasin de canoës (il est revendeur Nautiraid), organisation de randos et de bivouacs, camping, maison éclusière transformée en bar, c’est l’endroit idéal pour cultiver la passion de la pagaie en Val de Loire.

Pourtant, il n’est pas sur le fleuve royal mais sur le Cher, son affluent, bien moins connu. Il suffit d’embarquer pour se rendre compte qu’il recèle en fait une pépite qui vous a peut-être échappé...

La Loire mais aussi ses affluents Il suffit de remonter la rivière, large et au courant assez dolent, pour voir poindre, une trentaine de minutes plus tard, le célèbre château de Chenonceau ! Chenonceau avec sa célèbre galerie à deux étages qui domine le Cher est l’un

des fleurons de l’architecture du Val de Loire. Le château est édifié par Katherine Briçonnet en 1513, enrichi par Diane de Poitiers et agrandi sous Catherine de Médicis. Le visiter depuis la rivière est magique, plus on s’approche, plus il nous domine, barrant intégralement le cours du Cher. Puis on passe sous les arches, la tour des Marques en rive droite, le logis renaissance. On peut continuer la balade jusqu’à Vineuil, 18 km plus haut ou alors repliez votre canoë et continuez vos visite à Azay-le-Rideau, l’autre château sur l’Indre qui se visite en canoë...

VISITER LE CHÂTEAU DEPUIS LA RIVIÈRE DEVIENT MAGIQUE EN PASSANT SOUS SES ARCHES 2

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© Paul Villecourt

1 - Sur la base de Canoe Company, une pelouse permet d’assembler les bateaux devant l’embarquadère. 2 - Au bout de 45 minutes de pagaie on arrive au Château. 3 - Jean-François Souchard dans ses œuvres.

1- Ce moteur Panhead est équipé de culasses Shovel des années 60. Magnéto Hunt et carbu S&S lui donnent plus de pêche qu’à l’origine. 2- Des pots bruyants et un arrière rigide, c’est le chopper pur et dur. 3- La fourche à parallélogrammes avec sa butée en bronze est antérieure à la machine, elle date de 1936. Le look y gagne ce que la tenue de route y perd.

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Essai

NOUVEAUTÉ NAUTIRAID

KARAN 520

Le nouveau kayak d’expédition monoplace de Nautiraid casse les codes. Voici sa genèse. Texte & photos : Guillaume Fatras

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ous ne pouvons pas ici faire l’essai impartial du Karan... Les bateaux de Nautiraid sont comme ses enfants, difficile d’être objectif et de voir leurs mauvais côtés ! Le Karan 520 répond d’abord à un besoin dans la gamme, celui du monoplace gros porteur, un bateau qui permet d’embarquer en solo de l’équipement pour plusieurs jours, ou pour un pagayeur dépassant les 100 kg. Il fallait un grand frère au Narak 550 qui est un kayak typiquement groenlandais, pouvant recevoir peu de bagages. D’autre part, une nouvelle génération de kayaks rigides est apparue sur le marché avec des étraves

droites et des lignes faites pour la vitesse. Ces kayaks (Tiderace Pace, Rockpool Taran) ont été catégorisés sous l’acronyme FSK : Fast Sea Kayaks.

Le premier FSK démontable Du coup, Nautiraid a conservé les lignes de coque du Narak 550 et uniquement augmenté la hauteur du flanc du bateau pour créer plus de volume. Les pointes biseautées du Narak, comme les FSK, ont été coupées pour donner une longueur de 520 cm, soit 17 pieds. Le volume du cockpit est maintenant

devenu très généreux, avec l’adoption de l’hiloire trapézoidal du Narak 460. Avec les stabilairs (qu’on peut ou non mettre sur le bateau), le Karan est d’une stabilité royale et permet d’être lourdement chargé. Nous l’avons testé avec 165 kg à bord sans qu’il soit trop enfoncé dans l’eau. Il ne faut pas voir le Karan comme un bateau réservé qu’aux grands gabarits. Lors de l’essai Vieux Campeur 2019, il a été testé par un pagayeur d’1,65 m qui ne s’est pas trouvé perdu dans le bateau ni s’est cogné les doigts sur l’hiloire. Sans stabilairs, le kayak promet d’être un bateau rapide et très réactif. A essayer de toute urgence !

Les couleurs disponibles.

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LE KARAN 520 RÉPOND À UN BESOIN DANS LA GAMME, CELUI DU MONOPLACE GROS PORTEUR NAUTIRAID KARAN 520 année 2020

Dimensions Longueur 5,20 m Largeur 55 cm, (sans stabilairs - 65 cm avec) Poids 23,5 kg, Ossature bois, se range dans deux sacs (140 x 32 x 21 + 110 x 35 x 15 cm). Options et accessoires Stabilairs, Stabilairs kit gouvernail, coque hypalon, bandes d’arrimage, trappes 87

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Stabilairs, kit gou

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Essai

NOUVEAUTÉ NAUTIRAID

NARAK 475 CROSS L

e Narak 405 Cross monoplace, lancé en 2017, est progressivement devenu le best-seller de la gamme Nautiraid. Il surfe sur la vague des kayaks “Crossover”, des kayaks courts (moins de 4,50 m) capables de naviguer partout, en rivière, en lac, en mer le long des côtes. A cela s’ajoute une grande facilité de mise en œuvre : 15 minutes sans se presser pour l’assembler, avec un record en-dessous de 8 minutes pour le chef monteur de Nautiraid ! L’idée de proposer

un tandem dans cette même veine est devenue vite une évidence.

Un condensé de Nautiraid Ce bateau devait être le plus léger possible (23,5 kg) avec une structure alu en cinq tubes, qui faciliterait son montage et limiterait le poids. La longueur de 4,75 m est déterminée pour emporter un équipage de 200 kg maxi et quelques affaires qui

trouvent leur place à l’arrière, grâce à la grande ouverture zippée sur le pont. Le but de ce kayak est d’offrir un package facile à emporter (un seul sac) pour des sorties à la journée ou de 2-3 jours, les parcours “multidays” étant réservés aux Grand Raid /Narak. Le Narak 475 Cross a tout de suite trouvé preneur, onze se sont vendus au salon de Düsseldorf en janvier dernier. Et en utilisation monoplace (en plaçant un des sièges au milieu), il surprendra par ses qualités plus d’un kayakiste.

UN KAYAK CONVERTIBLE AVEC UNE LARGE PLAGE D’UTILISATION POUR DES SORTIES À LA JOURNÉE 3

© Kevin Saussure

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Nautiraid Narak 475 Cross année 2020

Dimensions Longueur 4,75 m Largeur 77 cm, Poids 23,5 kg, Capacité de charge 220 kg Ossature alu, se range dans un sac (123 x 30 x 15 cm). Options Kit gouvernail, coque hypalon, bandes d’arrimage, trappes

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Narak 405 Cross

Narak 475 Cross

f r an c e

Umiak 475

M Ad e i n

Les kayaks dĂŠmontables made in France France

Nautiraid.com

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KAYAKS & CANOËS PLIANTS Gamme NARAK - bois Le Grand Narak est le biplace convertible de la famille Narak. Conçu comme un monoplace “oversize” il a l’unique particularité d’être aussi agréable à naviguer à deux que seul. Dimensions : 550 x 75 cm Poids : 33 kg Charge maximum : 320 kg Tarif TTC : 3950€

Grand Narak

Le Karan 520 est le bateau d’expédition rapide de Nautiraid. Basé sur la coque du Narak 550, il diffère par des étraves droites et un franc-bord augmenté qui lui permet d’emporter plus de matériel à bord. Dimensions : 520 x 55 cm Karan Poids : 23,5 kg Charge maximum : 165 kg Tarif TTC : 2960 €

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Gamme NARAK CROSS - alu Narak Cross 405

Le Narak Cross 405 est un kayak « crossover » qui permet d’être utilisé partout : en mer pour des navigations côtières, sur les plans d’eau intérieurs et les grandes rivières mais aussi sur des rivières plus petites ou sinueuses… 405 x 65 cm Poids : 16 kg Charge maximum : 120 kg Tarif TTC : 1860 €

Gamme RAID Raid 325

Le plus petit des Nautiraid à ossature alu reste un kayak très stable et présente l’avantage de se ranger dans un seul sac de transport. Dimensions : 325 x 53 cm Poids : 13 kg Charge maximum : 80 kg Tarif TTC : 1690 €

Gamme UMIAK - alu Umiak 390

L’Umiak 390 dispose d’une coque de canoë tout en permettant à ses occupants de pagayer assis comme dans un kayak. Ce concept unique est une alternative aux kayaks entièrement gonflables. Dimensions : 390 x 75 cm - Poids : 16 kg Charge maximum : 190 kg Tarif TTC : 1550€

Le véritable canoë canadien prêt aussi bien pour des semaines de rando en autonomie qu’une après-midi sur l’eau. Comme le Umiak 475, son ossature à 7 tubes rend le bateau très rigide, il est aussi très résistant à l’abrasion, chaque arête sur la coque étant doublée à l’extérieur par une bande de raguage. Dimensions : 520 x 90 cm - Poids : 25 kg Umiak Charge maximum : 350 kg Tarif TTC : 2450€

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Narak 460

Le Narak 460 est le plus polyvalent de la gamme avec de très bonnes aptitudes marines. Plus court, plus léger que le Narak 550, il reprend les lignes de coque de son aîné tout en étant plus large avec un volume de cockpit augmenté. Dimensions : 460 x 56 cm Poids : 23 kg Charge maximum : 130 kg Tarif TTC : 2870 €

Inspiré par les kayaks de l’Arctique, le Narak 550 est l’adaptation au gabarit européen du kayak groenlandais (côte Est). Il présente une carène à bouchains vifs qui en fait le plus rapide et le plus marin des kayaks Nautiraid. Dimensions : 550 x 52 cm Narak Poids : 24 kg Charge maximum : 110 kg Tarif TTC : 3450 €

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Le nouveau Narak Cross 475 s’appuie sur les qualités qui ont fait le succès du Narak Cross monoplace : facilité de montage, qualités nautiques, poids contenu. 475 x 77 cm Poids : 23,5 kg Charge maximum : 220 kg Tarif TTC : 2480 €

Narak Cross 475

Le plus grand et volumineux des Nautiraid. Sa grande capacité d’emport en fait le kayak d’élection pour les expéditions lointaines en autonomie. Monoplace ou biplace. Dimensions : 540 x 90 cm Poids : 30 kg Raid 540 Charge maximum : 350 kg Tarif TTC : 3990 €

Umiak 475

L’Umiak 475 a été élu canoë de l’année en 2019 au salon Paddle Expo (salon européen des sports de pagaie). Sa taille est idéale pour randonner seul (le siège peut être placé au milieu), à deux ou en famille, sur rivières et lacs. Dimensions : 475 x 90 cm Poids : 23 kg Charge maximum : 320 kg Tarif TTC : 2350 €

Gamme Coracle Toutes les annexes Nautiraid sont équipées de boudins latéraux gonflables (stabilairs) qui assurent l’insubmersibilité et accroissent leur stabilité et leur rigidité. Les Coracles peuvent être motorisés par des moteurs hors-bord électriques ou thermiques. DImensions : 1,90 m ou 2,50 m ou 3 m Poids : 24 kg ou 32 kg ou 42 kg Charge maximum : 190 kg ou 230 kg ou 280 kg Tarif TTC : 2300 € ou 2770 € ou 3400€


Découverte

MILITARY

COMMANDO KAYAK

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L’utilisation de kayaks par les forces armées date de la seconde guerre mondiale. Depuis, Nautiraid s’est imposé comme le premier constructeur de kayaks militaire au monde. Texte : Guillaume Fatras – Photos : Nautiraid - Lisa Besodes

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ous sommes à l’hiver 1942. Les forces nazies ont envahi presque toute l’Europe continentale et la résistance vient d’Angleterre. L’amirauté britannique a un problème en France, c’est le port de Bordeaux, où les bateaux de l’Axe font transiter les marchandises notamment en provenance du Japon. Mais aller porter le fer jusqu’à Bordeaux est impensable pour des navires de guerre, le port est trop dans les terres, il faut remonter la Gironde qui devient en se rétrécissant une véritable nasse. La solution viendra d’un jeune officier des Royal Marines, Herbert “Blondie”

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Hasler, de retour de mission en Norvège. Il propose à ses supérieurs de monter un raid en kayak avec une petite unité. Leur but, poser des mines magnétiques sur les bâtiments amarrés à Bordeaux et ainsi les faire sauter. L’amirauté tente le coup, ce sera l’opération Frankton.

Pagayer de nuit jusqu’à Bordeaux Les six kayaks employés pour le raid étaient assez sommaires. De fabrication britannique, il semble que le fond et le deck soient en bois, les flancs en toile, de

sorte qu’ils pouvaient entrer à l’intérieur du sous-marin qui allait emmener le commando au large de Bordeaux. C’est le 7 décembre 1942 que le HMS Tuna fait surface non loin de l’embouchure du fleuve, à près de 150 km de l’objectif. Cinq kayaks sont assemblés puis mis à l’eau, le sixième a une avarie. Ils ont tous été baptisés par des noms de poissons, Catfish, Coalfish, Crayfish, Cuttlefish et Conger. L’un des cinq kayaks sombre avec son équipage dans des remous à l’embouchure de la Gironde dès le premier soir. Un second équipage est pris par les Allemands au niveau de la


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1 - Patrouille nautique en kayak commando. 2 - Les forces spéciales françaises en exercice dans l’estuaire très envasé de la Gironde, ce qui laisse imaginer les conditions difficiles rencontrées par l’opération Frankton en 1942. 3 - Blondie Hasler, OBE, l’inventeur du kayak commando. 4 - Le kayak SB Commando de Nautiraid dans sa dernière version Mark VI-3.

pointe du Grave tandis qu’un troisième se perd le lendemain soir. Les quatre hommes seront torturés et fusillés. Ces captures ont donné l’alerte ! Les deux équipages restants campent sur la grève dans des endroits déserts et inaccessibles, sans feu ni couvertures. Les quatre hommes entrent de nuit dans le port de Bordeaux le 11 décembre et se répartissent les objectifs. Ils minent cinq navires lourds sous la surveillance allemande et quittent le port ensemble au milieu de la nuit, entreprenant la descente de la Gironde avec la marée descendante. Les détonateurs retard des mines se déclenchent six heures plus tard et ils ont le plaisir d’entendre les déflagrations et de voir les lueurs des

incendies depuis leurs kayaks. Ils mettent pied à terre à Saint-Genès-de-Blaye la même nuit, coulent leurs kayaks puis se séparent pour gagner l’Espagne à pied. Seuls Hasler et son équipier parviendront à regagner Londres, l’autre équipage sera fait prisonnier puis exécuté en 1943.

Après l’Aquitaine, succès à Singapour Le port de Bordeaux est bloqué pour quelques mois, mais la victoire est aussi et surtout psychologique. Le Lord Amiral Mountbatten décrira l’opération comme « le plus courageux et imaginatif de tous les raids jamais menés par les hommes des opérations combinées » et Churchill lui-même confiera que l’opération

Frankton a écourté la guerre de six mois. Ce succès inspirera les forces spéciales australiennes qui se battaient contre les Japonais en Asie de Sud-Est. Ne pouvant obtenir à temps des kayaks anglais, ils firent construire par un émigré suisse de véritables kayaks pliants d’inspiration germanique. Le commando baptisé «Z Special Unit» s’embarqua à bord d’un chalutier, le MV Krait, qui fit route jusqu’au large de Singapour, tenu par les Japonais. Le major Lyon et ses hommes pagayèrent alors 50 km et passèrent la nuit dans une grotte sur une petite île avant d’attaquer le 26 septembre 43 le port de Singapour en posant des mines sur sept cargos nippons. Cette opération, baptisée Jaywick, fut un succès, mais la suivante, Rimau, entraîna la mort du major Lyon.

“LE PLUS COURAGEUX ET IMAGINATIF DE TOUS LES RAIDS JAMAIS MENÉS” - LORD MOUTBATTEN 96

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Découverte

UN KAYAK DÉMULTIPLIE LE RAYON D’ACTION D’UN NAGEUR DE COMBAT Les forces spéciales dans le monde se sont beaucoup inspirées des unités anglaises après-guerre et l’utilisation des kayaks comme moyen d’infiltration dans la profondeur s’est répandu. Des kayaks ont ainsi été utilisés pendant la guerre des Malouines en 1982. En France, les commandos de marine, comme le commando Hubert, ou de l’armée de terre - 13e RPIMA- utilisent depuis plusieurs décennies des Nautiraid. L’utilisation de ces kayaks fait partie de la formation de base des nageurs de combat. Le principe étant qu’un nageur peut être lâché à 6 km maximum de son objectif (plus loin, il 22

s’épuise en palmant) tandis qu’un kayak peut être mis à l’eau à 30 km de son objectif. Grâce à l’absence de moteur qui le rend silencieux, avec une structure en bois qui offre la plus petite signature radar possible (le métal ou le carbone seraient beaucoup plus détectables), le kayak commando permet, comme à l’origine, d’avancer derrière les lignes ennemies sans se faire repérer. Il est par exemple utilisé par les unités du Génie en Guyane pour repérer les orpailleurs clandestins qui fuiraient au moindre bruit de moteur. Enfin, c’est un très bon moyen d’entraînement et d’endurcissement pour les soldats !

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NAUTIRAID

LES SACS Les sacs étanches sont une autre partie de l’activité de Nautiraid.

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n utilisant les mêmes matériaux (le CSM communément appelé hypalon) et les mêmes méthodes de collage à froid que les kayaks, Nautiraid a développé toute une gamme de sacs étanches pour les forces armées. L’entreprise mayennaise “customise” à chaque fois les sacs à la demande du client, en adaptant le volume, le nombre et la taille des poches, les accessoires (dés de levage, passants Moll, etc.) Il y a des sacs pour toutes les utilisations, sacoche à pharmacie, sac «bulle» à dépression pour plongeurs, housses d’arme et même des sacs pour moteurs hors-bord de 40 ch qui peuvent totalement être immergés ! Autre particularité, Nautiraid fabrique la valise diplomatique du quai d’Orsay ou les sacs utilisés en intervention par le GIGN.

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1- Les nageurs de combat peuvent passer du kayak en mode immersion grâce à l’équipement de plongée Frog embarqué à bord. 2- Les ossatures sont peintes en noir sur les kayaks militaires. 3 - Les commandos de marine en mer sur des SB Commando Mk VI-3, avec le dundee Le Mutin, le plus ancien navire en service de la marine Nationale.

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Aventure

EXPÉ

SEUL

SUR LA VOLGA Adrien Clémenceau s’est lancé l’incroyable défi de descendre en kayak Nautiraid le plus long fleuve d’Europe, la Volga. Parti le 26 août 2019, il a atteint la mer Caspienne 82 jours plus tard. Texte : Mathilde Guérineau – Photos : Adrien Clémenceau

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Aventure

A

drien admirait depuis de nombreuses années la carte de la Russie accrochée au-dessus de son lit. Il rêvait d’y entrer et de pouvoir admirer cette partie du monde où striée d’innombrables filets bleus qui figurent les rivières. L’un d’entre eux avait retenu son attention plus que les autres : la Volga. Ce fleuve s’étend du nord au sud du pays en prenant sa source dans les collines de Valdaï à 228 mètres d’altitude entre Moscou et Saint Pétersbourg. Il se jette dans la mer Caspienne après un long parcours de 3 690 km. C’est décidé, il s’élancera fin août de Moseyevtsy pour la première étape de son parcours. L’aventure aura ses notes d’efforts, d’imprévus, de découvertes, d’admiration et en résultera un travail de référencement pour détailler un itinéraire en kayak pour tous ceux qui voudraient le suivre un jour. C’était sans compter sur des débuts difficiles pour atteindre son point de départ. En effet, parti avec seulement son Narak 460 de chez Nautiraid, sa chapka, une tente et le minimum d’affaires, il lui faut trouver un moyen de transport pour rejoindre la source de la Volga. Un collègue russe qui devait l’accompagner lui fait faut bond à la dernière minute. Il finit par trouver le propriétaire d’un chalet à souvenirs qui accepte de le déposer

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15 kilomètres plus loin sur la première partie navigable de la Volga. L’aventure commence, il faut monter le Narak 460. Une fois assemblé, il embarque à bord de son kayak et démarre sans le savoir une expédition qui durera 82 jours.

A la découverte de nouveaux territoires Les paysages sont magnifiques, le temps est idéal et Adrien a déjà donné ses premiers coups de pagaie et traversé les trois grands lacs de Sterj, Vselug et Peno. Il franchit la première écluse et l’étrave Nautiraid brise les vagues du lac Volgo. L’immensité laisse ensuite place aux courbes sinueuses du fleuve dans un écrin de forêt remarquable. Il peut compter sur le peuple russe, accueillant et chaleureux, pour se ressourcer et découvrir les spécialités locales. Adrien profite également de sa descente de la Volga en s’arrêtant dans les petits villages voisins pour lier langue avec les locaux avec les quelques mots de Russe qu’il connaît, ce qui balaie les préjugés européens sur les populations russes. Il découvre également le monde du kayak en Russie au travers des bases nautiques et clubs de kayaks qu’il a pu rencontrer et avec qui il a pu échanger. Il évolue chaque jour un peu plus sur

le fleuve à la force des bras dans les calmes et mystérieuses campagnes, entourées par les pins et les isbas (maisons russes traditionnelles construites en bois et semblables à des chalets). Certains pêchent, d’autres s’affairent dans un village encore isolé et quelques-uns, mélancoliques, contemplent la nature à la fin de l’été. Il atteint Tver où il retrouve une ville très animée qu’il a découvert il y a sept ans. Il y a beaucoup de monde dans les parcs, de la musique, des expositions, des grillades, l’ambiance est au rendez-vous. Un moment de bonheur et de joie qu’il savoure pleinement et qui lui réchauffe le cœur. Son voyage reprend, il pagaie de 7h30 jusqu’au coucher du soleil. Il parvient à passer le barrage de Doubno après un portage, aidé par un pêcheur qui passait par là. Il continue son chemin avant de se faire arrêter et stopper par un garde. C’est l’occasion pour Adrien de faire la connaissance d’un habitant qui lui propose de ranger son kayak chez lui et de lui faire regagner le bon chemin dès le lendemain. Une hospitalité que le kayakiste n’est pas prêt d’oublier. Son expédition s’intensifie et il doit désormais faire face aux nombreuses vagues et au vent fort. La prudence est de mise face aux rochers du rivage et ceux qui apparaissent en surface. Il atteint ainsi


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Rybinsk avec près de 1 000 kilomètres déjà parcourus en Narak 460. L’automne s’installe peu à peu en Russie. Il fait encore bon sur les rives de la Volga avant que la fraîcheur n’arrive. Cette nouvelle saison offre à Adrien de sublimes reflets bruns, oranges et dorés qu’il ne peut s’empêcher de contempler.

Une endurance mise à l’épreuve Mais pas le temps de s’arrêter trop longtemps car désormais le soleil c’est la montre, les instants de lumière sont des minutes à transformer en kilomètres. La Volga est un long fleuve pas toujours tranquille. Une fois entré dans ce que l’on appelle les « réservoirs » (des considérables masses d’eau retenues du fait des barrages hydroélectriques), la physionomie du fleuve est tout autre. On ne voit à peine plus les rives qu’on ne devine l’horizon et l’exercice de navigation devient plus technique et physique lorsque le vent et les vagues s’allient et deviennent incontrôlables. Avec l’aide de plusieurs locaux, il atteint une destination tant

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1 - La Volga des premiers kilomètres, rivière calme et intimiste. 2 - Les forêts denses de la Russie centrale bordent le fleuve qui s’élargit peu à peu. 3 - Une copine russe d’Adrien lui confie son chien pour un baptême de kayak ! 4 - La Volga est aussi une artère commerciale pour la Russie, il faut naviguer avec les barges poussées.

espérée : Nijni Novgorod (la troisième plus grande métropole de Russie). Il s’y arrête pour découvrir l’incroyable richesse culturelle de la ville et son architecture tout aussi époustouflante et réalise par la même occasion la dévotion que les Russes mettent à lui apporter toute leur aide en échange de sa gratitude. La descente continue jusqu’à l’arrivée à Tcheboksary avant que la tempête ne s’abatte sur Adrien et sa toile de tente. Les températures déclinent, l’air se refroidit et les nuages cachent le ciel bleu azur. Le mercure n’indique plus qu’un degré

au-dessus de zéro le matin et 9 degrés l’après-midi sans compter la pluie et un lourd vent frontal à en scier les bras de notre kayakiste. Les conditions sont de plus en plus difficiles mais elles ne sont pas prêtes d’arrêter Adrien en quête d’aventure. La Volga semble sans limites, mais quelles seront celles de celui qui tente de la descendre ? Lors de son arrêt à Kazan, l’aventurier profite de la présence de l’école de l’alliance française pour rencontrer les étudiants russes qui apprennent la langue française. Créer un dialogue, aller à la rencontre d’un

LA VOLGA SEMBLE SANS LIMITES MAIS QUELLES SERONT CELLES DE NOTRE KAYAKISTE ? 27


Aventure

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1- Le monastère de Makaryevo, magie de la Volga. 2- Rencontre le long des berges avec les Russes et leur aide précieuse au service d’un kayakiste aventurier. 3- Les derniers réservoirs sont de véritables mers intérieures avec des cargos venus de la Caspienne, toute proche.

autre peuple et ouvrir son esprit à l’inconnu sont déjà des objectifs qu’il s’était fixés et dont il peut être fier d’avoir pu atteindre. Les temps sur l’eau sont devenus courts, les matins plus froids et la nuit tombe à dix-huit heures. C’est la course contre la nature et ses conditions. Son matériel a souffert après la tempête dans le réservoir de Saratov. Depuis qu’il a coupé la corde du pont de son Narak afin de libérer ses bagages pris dans les vagues de la Volga, l’équilibre de son matériel est lui aussi plus sommaire. Il poursuit son chemin et se retrouve désormais face au barrage hydroélectrique de Balakovo qu’il lui faut traverser par un portage. De l’autre côté, les paysages sont magnifiques pour ceux qui aiment une nature simple. C’est une vision de monts découpés par l’érosion du fleuve, des moitiés de collines noyées de sable et parsemés d’une végétation pauvre et rase. L’arrivée à Saratov est l’occasion de se reposer quelques heures avant de repartir et cela afin de renforcer l’équilibre force/ mental/matériel qui lui permettra de garder le cap pour la suite de l’aventure. 28

Cela fait désormais 62 jours que les paysages de forêts et la nature sauvage accompagnent Adrien. Près de 3 000 kilomètres en aval de son point de départ, les paysages sont toujours aussi grandioses. La découpe du paysage qui s’étire devant la pointe de son kayak est époustouflante. Saratov laisse entrevoir les prémices d’une belle balade à venir.

On dirait le sud... Il quitte donc Saratov pour s’engager dans le dernier réservoir de la Volga ; celui de Volgograd. Imaginez que celui-ci s’étend sur plus de 500 kilomètres de longueur et que par endroits ses rivages sont espacés d’une vingtaine de kilomètres. Pas de quoi faire pâlir le kayakiste désormais aguerri. Pas de vent, ou sinon une légère brise dans le dos, des températures agréables, aucun nuage pour obstruer les rayons du soleil, c’est ainsi qu’il se laisse porter vers la prochaine étape. Il avait donc raison de croire que le climat s’adoucirait en allant vers le sud. Les falaises de la mer de Volgograd sont un délice pour les yeux du

voyageur. Il s’arrête dans une baie entre roches et forêt et monte son camp. Le repos s’impose s’il veut pouvoir parcourir les dernières étapes de la descente. Il est temps de franchir le dixième barrage hydroélectrique. Une fois passé, la ville de Volgograd sera à 20 kilomètres. Il n’y aura ensuite plus d’obstacles jusqu’à Astrakhan et la mer Caspienne qui se trouve à 500 kilomètres à moins que l’hiver ne s’installe. Quelques heures après avoir bronzé au bord des falaises, les températures sont subitement descendues. Le vent a tourné, il vient du nord et porte avec lui les morsures du froid hivernal. Les ultimes jours de navigation mènent Adrien à dévaler l’artère fluviale afin de regagner la cité d’Astrakhan. Depuis le début de son voyage, c’est son obsession. Plus qu’un rêve, un mythe, une ouverture devant les portes de l’Orient. Les journées offrent désormais moins de dix heures de lumière, il faut naviguer sans cesse. La météo est en alternance, l’épais brouillard matinal laisse place au soleil et c’est ensuite les nuages qui s’imposent. Le 79ème jour, sur un miroir d’eau, le visage d’Astrakhan se dessine


progressivement. Il y séjourne quelques jours et découvre une nouvelle culture riche de rites et traditions. Il reprend son chemin en direction de Vyzhka ; ultime étape de cette incroyable aventure. Derniers coups de pagaie, il perçoit devant lui l’ouverture vers la mer Caspienne. La nuit tombe enveloppant avec elle tous les kilomètres parcourus. Le kayakiste ne peut aller plus loin. La côte devient une zone frontière vers laquelle il n’est pas toléré de naviguer sans autorisation. Seul le phare de Vyzhka brille forcé de reconnaître que, des collines de Valdaï au delta de la mer Caspienne, un Narak du Français est passé entre les griffes de l’hiver russe. Ce sont 3690 kilomètres parcourus en 82 jours, une longue aventure de la source à l’estuaire. Ce voyage est une expérience physique et géographique, une expédition qui aurait été difficile, sinon, impossible sans l’aide d’un peuple russe à l’accueil magistral.

LE RÉSERVOIR DE VOLGOGRAD EST UNE VÉRITABLE MER INTÉRIEURE, 500 KM DE LONG POUR 20 DE LARGE 29


Historique

LA SAGA

Jean Chauveau, troisième en partant de la gauche avec des membres du Canoë Kayak Club de France dans les gorges de l’Ardèche, début des années 70.

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DE CHAUVEAU À NAUTIRAID

DES KAYAKS PLIANTS

Comment le kayak démontable est-il arrivé jusqu’à nous ? Voici son histoire et l’itinéraire singulier d’une marque française, fondée par Jean Chauveau en 1936, devenue Nautiraid. Texte : Guillaume Fatras - Photos : Archives Nautiraid

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Historique

Q

Une armature en bois, une peau. Les kayaks de l’arctique sont fabriqués comme cela depuis au moins deux millénaires et l’appropriation du concept par les occidentaux a toujours gardé ce mode de fabrication à l’esprit. Grâce aux baleiniers hollandais et britanniques qui les ramènent de leurs voyages, ces kayaks sont connues en Europe dès le XVIIe siècle. Vers 1860, John Mc Gregor va les démocratiser en parcourant l’Europe à bord de son Rob Roy, ce dernier relevant néanmoins davantage du canoë ponté propulsé avec une pagaie double que d’un kayak de l’arctique modernisé. C’est au début du XXe siècle que le kayak pliant va finalement trouver son essor. Alors que l’Allemagne est le premier foyer de ce mode de transport devenu loisir, Alfred Heurich construit en 1904 un Rob Roy toile sur armature bois. Trois ans plus tard, Johannes Klepper fabrique son premier kayak en toile, le Delphin. C’est le début d’un engouement pour le kayak pliant . Selon le spécialiste Christian Altenhofer, l’Allemagne comptera jusqu’à soixante-treize fabricants de kayaks pliants. Les premiers kayaks en toile qui parviennent en France, fabriqués Outre-Rhin, vont se mêler aux canoës, embarcation populaire déjà bien en place dans le pays. Au Rob Roy à clins, qui n’a pas pris dans l’hexagone, les pagayeurs ont préféré les périssoires - un championnat de France est organisé jusqu’en 1944 - et le canoë d’origine amérindienne promu par le Touring club de France et le Canoë club de France fondé en 1904. Mais les longs et lourds canoës ouverts mus à la pagaie simple vont vite être surclassés. C’est autour de Paris, et principalement sur la Marne que se sont installés depuis la fin du XIXe siècle les chantiers qui construisent canoës, yoles et petits

voiliers destinés au canotage, autant d’embarcations immortalisées par les impressionnistes. Seyler, Elie, Plé, Aper, Rocca ou Chauvière se trouvent effectivement tous en Ile-de-France, le creuset de la construction nautique légère. Durant l’entre-deux guerres, période où le kayak « décolle » dans l’hexagone, plusieurs nouveaux constructeurs se spécialisent dans la fabrication de kayaks pliants, concurrençant directement les manufactures allemandes qui ont fait venir ces embarcations en France dès 1927, année de la fondation du Kayak club de France. Marcel Bardiaux, ancien ouvrier d’Aper tout juste de retour d’un périple en Méditerranée en canoë, fonde son propre atelier de kayaks pliants qu’il fera tourner jusqu’en 1949, année où il part naviguer autour du monde sur son bateau Les quatre Vents. En 1932, Bardiaux sera d’ailleurs le premier Français à réussir à esquimauter – redresser son kayak chaviré –, une manœuvre réalisée pour la première fois par un non-Inuit, l’Autrichien Edi Pawlata, seulement cinq ans plus tôt. Le kayak est devenu incroyablement populaire depuis qu’il est associé aux exploits d’aventuriers plus qu’intrépides. En 1928, le capitaine Romer a traversé l’Atlantique sur son kayak Klepper large d’un mètre seulement.

Des kayaks à Saint-Cloud

Jean Chauveau se lance en 1936, l’année où le canoë-kayak est pour la première fois inscrit au programme des Jeux olympiques, à Berlin. Jeune Parisien attiré par la vie au grand air, il a construit un premier kayak pour son propre usage, une unité évidemment pliante, obligé qu’est notre citadin de se déplacer pour

LE KAYAK PLIANT EST LE DERNIER HÉRITIER DU CANOTAGE PEINT PAR LES IMPRESSIONNISTES Le canot Coracle En 1873, le révérend Berthon vendit à la Royal Navy un nouveau canot de sauvetage pliant à l’usage des paquebots. Le Berthon fut ensuite produit en quantité, notamment après le naufrage du Titanic en 1912. Le français Marcel Bardiaux, grand kayakiste qui fit le tour d’Europe en canoë s’en inspira pour créer

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une annexe pliante, baptisée youyou, qui fut un succès auprès des plaisanciers après-guerre. Nautiraid améliora le système avec le canot NRX muni d’un tableau arrière. Il a été rebaptisé Coracle, comme les canots de peau irlandais en 2011, à l’occasion de son amélioration (ajout de stabilairs pour plus de stabilité).


Un gros frein, un moteur vivant, un look d’enfer, que lui manque-t-il ? Elle a même un démarreur d’origine !

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1- Publicité dans le magazine Camping Plein AIr. 2- La production Chauveau dans les années 60, kayaks à voile et petit runabout pliant ! 3- Mise à l’eau en plein Paris, du temps où l’on pouvait encore naviguer à la pagaie sur la Seine.

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Historique 1

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trouver les rivières sauvages de France… qu’il aura bientôt toutes parcourues. Sportif accompli, Jean Chauveau ne pensera dès lors plus qu’au kayak. C’est sur une rivière qu’il apprendra son ordre de mobilisation. Même pendant l’occupation de Paris, il parvient à construire pour lui-même et à naviguer, tractant son bateau plié derrière son vélo quand il n’y a plus d’essence pour s’aider d’un véhicule motorisé. Jusqu’aux années 80, tous ses kayaks seront construits dans un atelier à deux niveaux jouxtant le pavillon en meulière de ses parents, au 2 ter avenue de Longchamp à Saint-Cloud. Un hall 34

d’exposition et la menuiserie se trouvent au rez-de-chaussée. Dans l’escalier qui mène au premier sèchent les structures qui viennent d’être vernies dans un système de bain fait maison. A l’étage, les tissus sont coupés puis cousus avec des machines à coudre Singer. Si Chauveau conçoit les bateaux, il est aussi au travail auprès des menuisiers et des couturières.

La grande expédition sur le Nil A l’automne 1950, Jean Laporte, André Davy et l’Américain John Goddard embarquent leur matériel sur un cargo

des Messageries maritimes à destination de l’Afrique orientale. Leur but, la descente intégrale du Nil depuis les sources Kasumo jusqu’à la Méditerranée, soit un périple de 6 700 kilomètres. Pour ce faire, ils ont choisi trois Chauveau de 5 mètres qu’ils utilisent en monoplace. Leur aventure fera à l’époque grand bruit. S’ils parviennent à éviter hippopotames et crocodiles sur la partie supérieure, les trois sportifs essuieront coups de fusil et jets de pierre en Egypte jusqu’à leur arrivée à Rosette, étant pris tour à tour pour des espions britanniques puis des parachutistes israéliens ! « Le lendemain 1 [de notre arrivée] démontage de nos bons


vieux kayaks, écrit André Davy quand il conclut le récit de son voyage. Ils sont usés, rabotés, délavés, cuits et recuits par le soleil mais ils ont tenu le coup avec une constance remarquable. C’est tout à l’honneur de leur constructeur, notre ami Jean Chauveau. » Aujourd’hui le kayak de Jean Laporte est conservé au musée de la Marine. Peu à peu, Jean Chauveau se fait une place parmi les constructeurs de kayak. Par rapport à son concurrent français Hart Sioux, aujourd’hui disparu, ses productions visent plus la qualité que la quantité et les spécialistes saluent leur niveau de finition. Chauveau innove en privilégiant les baguettes de frêne de section carrée plutôt que rondes et les hiloires collées, bien plus rigides que les méplats des concurrents. Pour ces dernières, il s’inspire d’une technique – toujours en usage aujourd’hui – employée par les fabricants de raquettes de tennis… Henri Ragot, contremaître du chantier arrivé en 1955 se rappelle : « Nos premiers clients étaient les sportifs qui allaient défier les rivières. Normal, nos bateaux étaient conçus pour eux. Jean Chauveau fabriquait pendant la semaine et le week-end partait naviguer avec ses clients, bien souvent devenus amis. » Son tube Citroën, baptisé affectueusement « Rouillotte », est

transformé en camping car avec un intérieur en acajou fait maison. Le camion emmène les pagayeurs sur la Haute Cure, la Vézère, le Thaurion, l’Isère… et en 1959 aux premiers championnats du monde de descente sportive organisés en France à Treignac où l’équipe de France navigue en kayaks Chauveau. A la fin des années 50, le plan de charge du chantier est plein : il faut compter au minimum six mois entre la commande et la réception de son embarcation.

déferlante de la voile légère, Jean Chauveau - persuadé que la planche à voile n’a aucun avenir, car ce n’est pas un bateau ! - pense tout de même que le kayak à voile peut tirer son épingle du jeu. Le Duo adopte alors un gréement de 5,25 m2 et deux dérives latérales, un gouvernail relevable et devient même insubmersible grâce à un brevet Chauveau, le « Stabilair » : deux boudins gonflables sont ajoutés à l’extérieur de la peau, au-dessus de la ligne de flottaison. Outre l’insubmersibilité, on obtient aussi une meilleure tension de la peau une fois les boudins gonflés, ainsi qu’une augmentation de la stabilité. Le Duo va aussi trouver un autre débouché en mer avec les commandos de marine français qui vont développer des techniques d’infiltration en kayak inspirées des Anglais. En 1981, Jean Chauveau, atteint d’un cancer qui l’emportera peu après, prend sa retraite et vend son entreprise à Philippe Guyot. Le chantier déménage de Saint-Cloud à Vaiges près de Laval. Chauveau devient ainsi Nautiraid. Henri Ragot, le contremaître de Jean Chauveau déménage lui aussi en Mayenne où il va transmettre à ses successeurs le savoirfaire des kayaks pliants, tout un art qui requiert les qualités combinées du menuisier et du tailleur. 2

Mais, avec la décennie suivante, les temps changent. Ce sera l’ère de la diversification car très rapidement il se vend plus de bateaux polyester que de pliants. Certainement encouragé par le voisinage des fabricants de voiliers au Salon Nautique de Paris, Jean Chauveau va quitter ses chères rivières pour se tourner de plus en plus vers la mer. Le canoë à voile ayant sombré sous la

JEAN CHAUVEAU FABRIQUAIT PENDANT LA SEMAINE ET NAVIGUAIT LE WEEK-END AVEC SES CLIENTS 2 2

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1- Retour de chasse sous-marine dans les années 60. 2 - Entraînement à l’esquimautage avec un Chauveau STHR 3- Sortie hivernale sur la Seine, Jean Chauveau est à l’arrière, le ciré est de rigueur !

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Historique

Vacances en Corse dans les années 70 avec un Chauveau bi-duo à voiles.

EVOLUTION HONDA CB 450

Philippe Guyot a bien compris qu’il fallait faire évoluer ces kayaks pliants qui n’ont pour ainsi dire pas changé depuis les modèles des années 1930. Sous son ère, les toiles caoutchoutées jadis fournies par Hutchinson se modernisent, d’abord avec l’adoption du polyuréthane enduit une face puis du PVC et de l’hypalon. Les decks - le pont pour les kayakistes -, auparavant en coton, avaient alors comme défaut le fait de s’alourdir une fois mouillés, en plus de devoir être mis longuement à sécher avant pliage. Dans les années 90, les ferrures en bronze et en laiton disparaissent pour de l’Inox. Une nouvelle gamme de kayaks avec une structure en tubes d’aluminium apparaît. Cette innovation permet de diffuser Nautiraid sur le marché allemand, Quant au Grand Raid II, décliné en plusieurs

tailles - de 4,55 mètres à 5,40 mètres -, il remplace le Duo de Chauveau. Les Nautiraid s’imposent comme l’outil idéal pour les expéditions polaires, à l’image des explorations Polar Lys menées chaque année par Pierre Vernay. Les Nautiraid tirent avantage de leur grande capacité de chargement, de la possibilité de réparer sur place - allez faire de la résine au pôle nord ! -, de la résistance de l’Hypalon à l’abrasion dans les glaces et surtout du fait qu’ils rentrent facilement dans les soutes d’un avion.

au Vietnam. Contrairement à son prédécesseur, Eric Flambard veut faire le lien avec le passé. « Les Chauveau de nos grands-pères sont souvent encore dans les greniers, et l’on peut continuer à les faire naviguer, explique-t-il. Nos menuisiers peuvent refaire des baguettes ou des couples cassés, mais ce sont les peaux des vieux kayaks avec les decks en coton qui souffrent le plus souvent d’un long stockage et qui donnent à penser aux gens que la restauration est impossible. Or on peut tailler des peaux neuves même pour des bateaux des années 50. Cette idée de restaurer des Chauveau nous tient à cœur. » En octobre 2018, Nautiraid change une troisième fois de mains. C’est Olivier Le Moigne, un entrepreneur de Rennes et grand sportif, qui doit écrire les prochaines pages de l’histoire de Nautiraid.

EX-FAN DES SIXTIES L’histoire continue de s’écrire En 2005, Nautiraid va être racheté par Véronique et Eric Flambard qui rentrent en France après avoir travaillé longtemps

Le Grand Raid 540 (à droite), héritier du Chauveau biplace. Ci-dessus, le drapeau Chauveau cousu sur les decks.

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Ci-dessus, la K1 de 1968 a déjà changé de carrosserie et son moteur est revu par rapport à la K0 de 1965. Ci-contre à gauche, une K3??? dans les coloris candy seventies de la CB 750. A droite, la descendante de la 450 est la CB500T, alourdie avec sa grosse selle et son pot saucisson façon Goldwing... une bonne base pour un café racer ?

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QUIZZ le nom

Avant de porter le nom de Nautiraid, nos bateaux pliants portaient le nom de leur fondateur. Comment s’appelait-t-il ?

Le lieu Dans quelle ville sont fabriqués les bateaux Nautiraid ?

La bête

Que représente le logo Nautiraid ?

o Jean Laporte o Jean Chauveau o Philippe Guyot

Karan

Le Karan 520 a une coque basée sur celle du :

Film

o À Saint-Cloud, Hts-de-Seine Un kayak Nautiraid est en tête d’affiche o À Rennes, Ille-et-Vilaine du film : o À Vaiges, Mayenne o Un marsouin o Un hippocampe o Un dauphin

Diversification Nautiraid fabrique également des équipements :

o Narak 550 o Narak Cross 405 o Grand Raid 520

o Comme un kayak o Comme un dingue o Comme un avion o Militaires o Aéronautiques o Automobiles

La colle

Nautiraid a créé deux nouveaux bateaux pour l’année 2020 : le Karan 520 et le :

Le litrage

Quel volume en litres fait un SB Commando militaire?

La ficelle

o Narak Cross 405 o Narak Cross 450 o Narak Cross 475 o 500 litres o 600 litres o 800 litres

Quand on ne peut pas passer un rapide en canoë, on peut le faire descendre tout seul en le tenant depuis le bord avec une amarre. Cela s’appelle passer un rapide

o À la cordelle o À la corde o À la Belge o À la longe

La traduction

o Oiseau de feu o Dragon o Rapide o Starlette

En Thaïlandais, Narak veut dire :

Réponses

NOM Jean Chauveau LIEU Vaiges, Mayenne BÊTE Un marsouin

Narak Cross 475 LITRAGE 800 litres FICELLE À la cordelle TRADUCTION Starlette MARQUE Feuillette PATRIMOINE 2014 TISSU Un caoutchouc synthétique KARAN Narak 550 FILM Comme un avion DIVERSIFICATION Militaire COLLE

La marque

Parmi ces marques françaises disparues, laquelle ne faisait pas de kayaks pliants ?

Le patrimoine

En quelle année Nautiraid a été labellisé Entreprise du Patrimoine Vivant (entreprises françaises aux savoir-faire artisanaux et industriels d’excellence) ?

o Chauveau o Lapon o Feuillette o Hart Sioux Vous avez entre 10 et 13 bonnes réponses ? o 2014 o 2015 o 2016

Vous avez entre 7 et 10 bonnes réponses ? BRAVO, VOUS ÊTES MARSOUIN D’ARGENT !

Vous avez entre 7 et 10 bonnes réponses ?

Le tissu

Les coques des bateaux Nautiraid sont disponibles en PVC ou Hypalon. Qu’est-ce que l’Hypalon ?

FELICITATIONS, VOUS ÊTES MARSOUIN D’OR !

PAS MAL, VOUS ÊTES MARSOUIN DE BRONZE !

o Un thermoplastique o Un caoutchouc synthétique o Un bois traité

Vous avez entre 4 et 7 bonnes réponses ? PERSÉVÉREZ, VOUS AUREZ BIENTÔT UN MARSOUIN.

Vous avez entre 0 et 3 bonnes réponses ? C’EST NUL, ALLEZ À DECATHLON !

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Portrait

NAUTIRAID FRIEND

ALPINE PADDLE Yannick Sevi fabrique à la main ses pagaies groenlandaise en Savoie. Pour Nautiraid il a conçu une pagaie adaptée aux biplaces. Texte : Guillaume Fatras - Photos : GF et Alpine

Y

annick Sevi est né à Quimper et après une enfance passée en Afrique (à pagayer sur des pirogues, c’était prédestiné) il ne s’est tourné que sur le tard vers la pratique du kayak de mer. Il y a une quinzaine d’années il se casse le col du fémur, ce qui met un terme à ses randonnées pédestre et à vélo autour des cols alpins. Ainsi le kayak s’impose pour continuer à se dépenser en plein air. Yannick s’inscrit alors à un stage de l’association italienne Sottocosta (www.sottocosta.it) et se retrouve sur l’Adriatique près de Venise avec comme instructeur le multiple champion du Groenland d’esquimautage et de jeux traditionnels, Maligiaq Padillia. Yannick Sevi contracte le virus du kayak traditionnel, fait l’acquisition d’un groenlandais et découvre les avantages de la pagaie inuit. La pagaie « traditionnelle » ainsi dénommée car elle reprend le matériau et la forme de celles utilisées par les peuples de l’arctique (Inuits et Aléoutes) gagne de plus en plus d’adeptes parmi les kayakistes. Outre l’attirance pour le matériau noble qu’est le bois, elle offre un appui plus progressif qu’une pagaie « euro » à pale large. Si la

surface est grosso modo identique (autour de 70 cm2) cet appui n’est obtenu qu’une fois toute la pale immergée, si bien qu’au début du coup de pagaie, la sollicitation musculaire est bien moins importante. C’est là l’avantage de la pagaie « traditionnelle » qui est ainsi moins traumatisante pour les articulations que la pagaie « euro ». L’idée de construire des pagaies vient tout naturellement, car cet ébéniste de métier a 37 ans de rabot derrière lui. Il va vite faire reconnaître sa griffe, Alpine Paddle. Yannick utilise du red cedar pour ses pagaies avec un insert en ipé (« l’ébène vert » qui accuse une densité d’au moins 1200 kg au m3) sur le contour pour éviter les éclats de bois en cas de choc. Le Savoyard d’adoption présente ainsi ses pagaies : « Quand ils partaient à la chasse, les peuples des glaces savaient quand ils partaient, savaient qu’ils devaient revenir – et avec de quoi manger – mais ne savaient pas combien de temps la chasse allait leur prendre ! Leur pagaie devait être avant tout un outil d’économie d’énergie. » Ses pagaies accusent sur la balance le même poids qu’une pagaie moderne

en carbone (moins de 800 g) et Yannick assure que sur plusieurs heures de navigation le rendement est identique. Une fois sorties de l’épreuve du rabot, les pagaies sont passées dans un savant mélange de térébenthine et d’huile de lin cuite chauffé au bain-marie à 40°C. Le vernis est jugé trop « glissant » car la gestuelle traditionnelle nécessite de faire varier constamment la position des mains sur la pagaie pour faire les manœuvres. Chaque pagaie est adaptée à son utilisateur et sa longueur est fonction de la taille du pagayeur, comme son manche dépend de la largeur des épaules. Alpine Paddle décline des versions démontables avec un insert carbone ovale au centre de la pagaie, un modèle tempête utilisé en pagaie de secours ou encore une pagaie aléoutienne en feuille de saule. Il a ainsi créé la pagaie Aqqataq, qu’utilise Maligiaq Padilla lors des championnats du Groenland d’esquimautage. Yannick Sevi a donné à sa pagaie le nom de la fille du champion, et pour cause, elle possède une face groenlandaise et une face aléoutienne, la femme de Magiliaq étant Aléoutienne).

SES PAGAIES ACCUSENT SUR LA BALANCE LE MÊME POIDS QU’UNE PAGAIE MODERNE EN CARBONE 38 /

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Aventure

EXPLOIT

LA GRANDE

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Christopher Patchett a réalisé un exploit à l’été 2018 : relier la Manche à la Méditerranée par les canaux et à la rame... dans un Coracle de 2,50 m et à 80 ans ! Texte : Guillaume Fatras – Photos : GF et Sara Patchett

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Aventure

C

hris Patchett est un sacré bonhomme dont on mesure toute la détermination quand il vous regarde de son œil bleu glacier, la mâchoire serrée. « Je ne veux pas céder à la vieillesse » dit-il. C’est quelqu’un qui ne se laisse pas aller, utilisant son vélo dès qu’il le peut à la place de sa voiture. Chez lui, il a transformé une pièce en salle de gym et s’exerce avec sa femme, Sara, tous les matins : haltères, vélo d’appartement… et rameur. Car Chris a en fait une sacrée expérience des bateaux d’aviron. Les skiffs de régate et les yoles des clubs de la Tamise, ou encore les lourdes baleinières en équipage. Il a ainsi plusieurs fois traversé la Manche dans sa jeunesse. C’était un challenge : départ de Douvres aux aurores, traversée jusqu’à Calais, on descend boire une bière et on repart dans la foulée ! Chris a aussi passé sa carrière professionnelle sur l’eau, 25 ans dans la police fluviale à Londres. Bref, Chris en connaît un rayon côté navigation et sécurité sur l’eau. Quand il prend sa retraite il part dix ans faire le tour du monde à la voile avec sa jeune épousée,

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puis il fera la moitié du tour des Etats Unis à vélo pour ses 70 ans. Et quand il voit arriver les 80 ans, il se met en tête de traverser la France à l’aviron, pour relier son cher Channel à la Méditerranée. Jamais il ne doutera qu’il puisse échouer.

Trouver le bateau d’aviron idéal Pour son aventure il a cherché longtemps le bateau idéal. Il fallait qu’il avance suffisamment à l’aviron, mais qu’il puisse aussi être mis à l’eau et charrioté parfois sur de longues distance par un homme seul. Pour le transport, Sara n’allant pas continuellement traîner une remorque vide derrière leur van, il fallait aussi qu’il puisse être hissé sur les barres de toit. Après de longues recherches, Chris trouve le Coracle de Nautiraid, Comme les embarcations irlandaises, le principe est une peau qui entoure une ossature en bois de frêne. Le Coracle de Nautiraid a la particularité de se démonter, les planchers s’enlèvent et les couples se déboîtent, ce

qui permet de le plier comme un parapluie : il devient aussi fin qu’un kayak pour le transporter aisément sur un toit de voiture ou le ranger sur le pont d’un bateau. Sa carène assez ronde et sa quille sur toute la longueur lui permet d’évoluer à l’aviron avec beaucoup plus de vélocité qu’un bateau à fond plat. Sur les côtés, deux boudins gonflables, les « stabilairs » assurent une réserve de flottabilité et font office de stabilisateurs et de pare-battage. Chris Patchett a l’occasion de l’essayer sur le lac du Bourget, teste sa stabilité car il a une jambe raide suite à un accident de ski, l’essaye à la rame, puis l’adopte. Rentré au pays, il navigue sur le canal de Kenneth and Avon pour peaufiner son embarcation. Il essaye plusieurs longueurs d’aviron, customise son banc de nage et un chariot à kayak. Il visse sur toute la longueur de la quille un plat d’alu pour la protéger du ragage. Pour la peau il n’est pas inquiet, elle est en hypalon, toile ultra résistante utilisée par Nautiraid pour ses kayaks militaires. Mi-juin, le couple, leur jeune chien Sally, et le coracle baptisé Oggi,


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1- Chris en plein effort sur son Coracle, le plus petit bateau à ce jour à avoir traversé la France par les canaux ! 2- Au départ à St Valery sur Somme. 3- Sur le canal de la Somme sous le château de Long.

prennent le ferry boat et arrivent à Dieppe le 11. La route a déjà été tracée, Chris va remonter la Somme, descendre le canal du Nord jusqu’à Pont-l’Evèque pour tirer vers l’Est. Le territoire de la commune de Paris étant interdit aux bateaux « à propulsion humaine », il faut contourner par les canaux latéraux à l’Oise, l’Aisne et la Marne pour embouquer les 224 km du canal entre Champagne et Bourgogne. Enfin il mettrait cap au sud une fois sur la Saône et le Rhône pour atteindre la Méditerranée. Le 14 juin, Chris met à l’eau à Saint-Valery-sur-Somme et il voit s’éloigner (il rame à l’envers) son Channel adoré avec les premières centaines de coup d’aviron de l’énorme ligne droite de 15 km jusqu’à Abbeville. Il a les vents dominants dans le dos, mais passé la première écluse, le courant qu’il attendait se manifeste. Trois semaines de pluies

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intenses le mois précédent ont gonflé la Somme qui débite 45 m3/s à cette époque. La vitesse du courant sur la basse vallée est de 4 à 5 km/h, quand le Coracle fait du 5/6 km/h ! Ses moyennes journalières qu’il estimait à 20-25 km par jour fondent comme neige au soleil, chaque kilomètre est acquis de haute lutte, 41 km en quatre jours. Pour se galvaniser, il repense à son coach surnommé « Boom Boom » qui le harenguait quand il faisait de la baleinière en équipage à contrecourant sur la Tamise !

Une puce parmi les péniches Passé Amiens, le courant se calme, la progression s’accélère, Chris admire la qualité environnementale du canal et le côté sympa des éclusiers. Le Conseil

Départemental de la Somme qui gère le fleuve lui a donné carte blanche pour être éclusé mais il entre ensuite sur le domaine de VNF arrivé à Péronne, muni de quelques retour de mails le laissant passer mais lui interdisant aussi nombre d’autres choses, notamment le franchissement des tunnels. Oggi devient un insecte sur le grand canal du Nord, une puce dans le trafic des péniches et les écluses de 92 m… Pour écluser Chris pique un sprint pour rejoindre un bateau de plaisance hollandais qui le prend à couple. Ouf, ça passe ! Au 15e jour, le tenace Anglais a rejoint les eaux moins fréquentées du canal de l’Oise à l’Aisne et a dépassé la barre des 200 km parcourus. Sara, qui parle trois mots de français a réussi à négocier une télécommande pour ouvrir les écluses, grâce à l’appui d’une employée de VNF

APRÈS AVOIR TRAVERSÉ LES USA EN VÉLO, C’EST LA FRANCE À LA RAME POUR SES 80 ANS ! 94

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Aventure 1

qui fait de l’aviron. Fraternité de la rame ! Chris, Sara et le chien dorment dans le van Wolkswagen en bord de canal quand il n’y a pas de camping. Alors qu’il est au beau milieu des grandes plaines du bassin parisien, le mercure affiche allègrement 30°C. Sur le canal de l’Aisne à la Marne, les écluses se succèdent, avec un déclenchement acrobatique : Chris doit se tenir debout pour tirer la corde suspendue à 2 m au-dessus du niveau du canal, puis brandir 15 secondes un sac de courses devant la cellule photovoltaïque, son bateau étant trop petit pour la déclencher ! Il progresse lentement mais sûrement vers l’Est, au rythme moyen de 26 coups de rame à la minute, infiniment répété… malgré un vent contraire il arrive enfin à Reims, traversé en chariotant Oggi, ne pouvant pas déclencher les trois écluses de la cité du sacre. Après avoir navigué entre les coteaux champenois couverts de vigne, il arrive à l’entrée du canal entre Champagne et Bourgogne. Nouvelle subdivision de VNF et pas de laisser-passer officiel, on lui refuse le passage – comme à tout autre bateau à propulsion humaine. Il y a 114 écluses devant l’étrave du canot, et grimper à chaque fois sur des quais, à 80 ans, c’est très compliqué si l’on doit débarquer, 44

sortir le bateau de l’eau à chaque fois et charioter jusqu’à l’autre bief. L’aventure aurait aussi bien s’arrêter ici mais Chris m’appelle, une approche diplomatique s’engage… Non Chris Patchett n’est pas un fou furieux – pas complètement – mais un ex-policeman, qui met la sécurité avant tout… de fait la situation se débloque. Chris et Sara, fous de joie peuvent repartir.

De longues heures sous la canicule Au trentième jour de son aventure, Chris a maintenant 440 km au compteur. La fatigue se fait sentir, et il lui arrive une mésaventure. Alors qu’il passe un coup de téléphone, le canot dérive, la proue tourne de 180°. Chris repart, mais dans le mauvais sens, sans s’en apercevoir ! Il arrive une heure plus tard à l’écluse qu’il avait quitté… Il faut dire que la canicule s’installe dans les pleines de l’Est. Dans le viseur, il a le plateau de Langres et le tunnel de Balesmes creusé sous la Marne. C’est la ligne de partage des eaux, une fois passée, le courant sera enfin dans le bon sens. C’est enfin la Petite Saône avec ses fastidieuses 42 écluses qui rachètent 153 m, puis après Seurre, la large Saône.

Patchett se lève dès potron minet pour pouvoir naviguer à la fraîche et s’arrêter en début d’après-midi. Sa meilleure journée, même en pleine canicule, s’élève à 37 km. Chapeau ! A Verdun sur le Doubs, le thermomètre affiche 37°C, la Saône n’est pas si facile que ça à naviguer, balayée parfois par des rafales de vent et des courants traversiers. Chris met à l’eau un matin en plein brouillard et évite à la dernière minute une péniche qui sort de nulle part. A Tournus et après, il s’extasie devant les villages de pierre qu’il rencontre et des plaisanciers l’encouragent, ça fait chaud au cœur, car les niveaux d’eau sont bas, le courant faible. Chris a usé 6 des 8 paire de dames de nage qu’il a emportées en secours… A l’aube du 50e jour de son aventure, il a ramé 765 km, mais son corps commence à le lâcher. Il commence à être paralysé de la jambe droite qui a trop compensé l’effort sur la gauche, où il n’a plus de sensibilité en-dessous du genou après un accident de ski il y a une dizaine d’années. Ses fesses sont bleues d’être continuellement en contact avec le banc de nage. L’arrivée sur Lyon où il n’a pas encore l’autorisation de traverser la ville et la navigation sur le puissant Rhône l’inquiètent. Naviguer en pleine canicule


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1 & 2 - On est peu de chose au milieu des péniches de 350 tonnes et des écluses bondées... 3- Déclenchement acrobatique des écluses du canal de Champagne ! 4- Arrivée dans les eaux salées de la Méditerranée après 84 jours de rame. 5 - Bivouac à l’ombre d’un pont, quelque part au milieu des grandes plaines du bassin parisien..

l’a affaibli, il est passé de 77 à 68 kg ! Ayant passé Mâcon, il prend la décision de pousser jusqu’à l’écluse de Dracé, puis de partir se reposer quelques semaines dans son appartement de Bourg-saintMaurice dans les Alpes avant de repartir pour finir l’aventure. Sage décision.

We shall never surrender ! Après quinze jours de repos dans les montagnes, au frais, nos Anglais retournent sur la Saône là où ils l’ont laissée et Chris rame jusqu’à l’écluse de Couzon dans les Monts d’Or. Il n’a reçu aucune réponse à ses mails (en anglais) de la part de VNF et de la CNR. Respectueux des lois – il n’ose pas entrer dans Lyon en voiture parce qu’il n’a pas de vignette Crit’Air ! – ils décident de shunter les kilomètres de l’agglomération lyonnaise. Il reprend son périple à Saint-Genis-Laval au PK 15 en mettant à l’eau sur un bras du Vieux Rhône. Le mercure affiche pendant plusieurs jours

les 40°C les après-midi. Depuis son départ il n’a pas plu et les niveaux baissent drastiquement. Il y a moins de courant pour le pousser vers le sud, les cailloux apparaissent, et des bancs de vase se dressent entre le béton des plans inclinés et l’eau libre, ce qui lui complique encore la fastidieuse tâche d’embarquer et de débarquer pour contourner les écluses qui lui sont interdites. Sur le Vieux Rhône, il n’a pas trouvé de carte de navigation et il part à l’aventure, parfois dans de l’eau-vive de classe II. Pas facile à l’aviron (à l’envers quoi) de naviguer dans ces conditions. Il loue la stabilité de son Coracle, qui se redresse grâce à son boudin stabilisateur dans les coups durs. Le Rhône n’est pas facile d’accès, ses berges embroussaillées ressemblent à une jungle, il y a peu de routes pour que le camping-car arrive à l’eau, et les moustiques sont féroces. Puis c’est le Mistral qui se lève vers Avignon et qui impose une pause de trois jours, ça souffle à 75 km/h. Chris serre encore une fois les dents, fait des journées

à près 40 km de moyenne et embouque le Petit Rhône au 82e jour de l’aventure. Deux jours plus tard l’eau devient salée… Il est aux Saintes-Maries-de-la-Mer, il l’a fait ! Au bout de 84 jours, dont 52 à ramer, Chris Patchett a relevé son défi de relier la Manche à la Méditerranée. Il sort la calculette, ça fait 1146 km au compteur ! Nous avons revu Chris sur la Somme, juste avant qu’il ne reprenne le ferry vers l’Angleterre. Il ramait encore, pour récupérer l’équivalent des quelques kilomètres qu’il n’avait pas pu faire à Lyon. Après l’avoir congratulé, on s’est posé dans son camping car, avec une tasse de thé d’Assam. « Mais pourquoi Chris, t’es-tu lancé dans cette aventure ? » « Mon motto, c’est de ne pas se laisser vaincre par l’âge. Quand on vieillit, on perd sa souplesse, sa mobilité – dans mon cas après mon accident de ski – la tentation est de se laisser aller. Moi je ne veux pas, et avec beaucoup d’exercice et en contrôlant son alimentation, j’ai prouvé qu’on peut toujours lutter. »

LA NAVIGATION SE COMPLIQUE SUR LE RHÔNE, JUNGLE SUR LES BERGES, MISTRAL ET EAU-VIVE ! 45


Technique

TECHNIQUE DE PAGAIE

LES APPELS LATÉRAUX Les appels latéraux servent à déplacer latéralement le kayak qui est à l’arrêt. Une manoeuvre utile pour rejoindre une berge par exemple. Texte : Guillaume Fatras - Photos : GF et Alpine

1 - Tout d’abord   la position 3

Buste droit, la pagaie est maintenue la plus verticale possible. Ainsi la main supérieure est maintenue à hauteur du front. Le but est de happer l’eau sur le côté du bateau et de la tirer avec la pagaie jusqu’à lui (flêche verte). Le but est que le bateau se déplace latéralement (flèche rouge). Le kayak est à plat ou alors avec une légère gîte du côté opposé de la pagaie.

2 - Décrire des 8 La technique employée est celle de la godille. Sans jamais sortir la pagaie de l’eau, on décrit des 8 dans l’eau, parallèles au bateau. Il faut plier le poignet de la main inférieure pour présenter à chaque fois l’intrados de la pale vers le bateau et ainsi créer un effet de traction.

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NAUTIRAID

PARC DES COËVRONS OUEST 53480 VAIGES FRANCE TEL. 02 43 90 20 26 INFO@NAUTIRAID.COM

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