Manifeste du Mouvement Néo Indépendantiste et Souverainiste

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Manifeste du Mouvement Néo-Indépendantiste Souverainiste Le 4 septembre 1774, l’anglais James Cook découvre la Kanaky et lui donne le nom de Nouvelle-Calédonie. Habité depuis près de 5000 ans par les Kanaks, peuple premier indigène, le pays entre alors dans l’Histoire. Le 24 septembre 1853, la France prend possession de la Kanaky-NouvelleCalédonie marquant le début d’une occupation coloniale, raciste, politique, économique et culturelle. Le pays devient progressivement une véritable colonie de peuplement d’abord européenne pénitentiaire et bagnarde, puis libre agricole, jusqu’au début du 20ème siècle. Les Kanaks sont jusqu’aux années 40, spoliés de leurs terres, déplacés, réprimés et voient leur population baisser de plus de 70 % en 1900 avant de regagner du terrain. Après la Seconde guerre mondiale, la colonisation devient surtout économique, avec l’apport de populations océaniennes et asiatiques, jusqu’au début des années 70. Cette colonisation devient politique en 1972, par une directive de Pierre Messmer, alors Premier ministre, adressée au secrétaire d’état aux DOM-TOM, demandant clairement la mise en minorité des Kanaks afin de taire toute velléité indépendantiste, à la suite de la vague de décolonisations africaines et asiatiques traversée par la France durant les années 50 à 70. Depuis 1853, chaque génération kanake a été marquée par une révolte anticoloniale : -

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1878 : c’est la révolte d’Ataï contre les ravages de l’élevage sur les cultures traditionnelles après qu’une famine ait traversée le pays kanak un an auparavant. Elle est durement réprimée et fait 200 morts parmi les Européens, et 1000 morts parmi les Kanaks, sans compter les déplacements de populations kanakes ; 1917 : l’année de la révolte du petit chef Noël, dans un contexte de guerre mondiale, d’oppression dû au code de l’indigénat mis en place en 1887 et aux réquisitions forcées d’hommes, elle tout aussi durement réprimée avec près de 200 morts parmi les Kanaks ; 1946 : « La révolte des urnes », avec la fin du code de l’indigénat et l’accès des Kanaks à la citoyenneté et au droit de vote ; Création en 1953 de l’Union Calédonienne dont la devise est « deux couleurs, un seul peuple » ; 1975 : La révolte culturelle et identitaire, avec Mélanésia 2000, après la fin du boom du nickel, les Kanaks premiers touchés par la crise, deviennent sensibles aux questions identitaires et aux revendications indépendantistes, dont l’UC se fait désormais l’échoLe Front de Libération Nationale Kanak et Socialiste est fondé en 1984 avec plusieurs autres tendances indépendantistes- Les « Evénements », une guerre civile larvée qui fait près de 73 morts, marquent le territoire, amenant


aux accords de pays de Matignon en 1988, puis celui de Nouméa en 1998 qui continue de produire ses effets aujourd’hui ; Ces confrontations ont pour terreau les profondes inégalités coloniales socioéconomiques qui gangrènent le territoire, accentuant ses divisions ethniques et dressant des rapports de forces politiques identifiés : - d’un côté des Kanaks, devenus en très grande majorité indépendantistes, qui luttent contre la pauvreté, l’échec scolaire, le chômage, le désœuvrement social et dont les chances d’être touchés par l’alcoolisme, le cannabis et la délinquance sont plus grandes que par rapport à toute autre communauté ; - de l’autre des populations d’origine européenne, plus favorisées, qui détiennent les pouvoirs économiques et politiques, mais d’origine éparse, autour de laquelle gravitent les autres communautés, qui défendent leur attachement à une tutelle française. Lors du 4 novembre 2018, au premier référendum d’autodétermination prévu par l’Accord de Nouméa, malgré un vote à hauteur de 57 % pour le Non et le maintien de la Nouvelle-Calédonie au sein de la république française, avec le renforcement de la bipolarité politique, l’idée de l’accès à la pleine souveraineté a progressé. Des Kanaks et Calédoniens se sont réunis sur cette dynamique d’espoir, afin de pouvoir lutter efficacement contre les facteurs économiques, culturels et politiques des inégalités qui sont à la source des antagonismes locaux. L’histoire kanake devient celle de toutes les cultures réunies du territoire, qui y ont contribué sous tous ses aspects. En regardant cette histoire en face, ensemble, tous deviennent kanaks, avec des origines dont le tracé participe à l’identité locale. Le but est de fonder une nation unie et solidaire, autour de la culture kanake et métisse locale, et pour laquelle l’accès à la pleine souveraineté est indispensable. C’est ainsi qu’est né le Mouvement Néo-Indépendantiste Souverainiste pour initier une dynamique nouvelle au renforcement du lien social et national. Héritier des luttes et des partis indépendantistes, avec qui il entend contribuer à l’émancipation du territoire, ce mouvement, initié par des travailleurs et étudiants en métropole, s’appuie sur des modes de communications modernes, ainsi que sur un positionnement politique et sociétal solidaire qui met en avant la lutte contre les inégalités socio-économiques comme moteur du vivre-ensemble. C’est par ce biais qu’en retrouvant sa souveraineté, l’état kanak se sera enrichi d’une population dont le métissage, en particulier culturel, sera le fondement d’une nation nouvelle, solidaire et unie. Luther Voudjo

Muneiko Haocas

Aurélie Lombardo

Erwan Waetheane


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