Ce que nous devons à l’Afrique
Tête de la reine Tiyi, épouse du roi Amenhotep III HeqaOuaset Neb-Maāt-Rā (vers 1386 –vers 1349 av. J.-C.), coll. Musée de Berlin, Inv. 21834. Provenant de Gouroub, cette tête est en bois d’if peint. Ce visage de grâce et de lumière est celui d’une authentique femme africaine, noire.
L’État de l’Égypte ancienne fut organisé et administré sous forme de royaume, localisé au nord-est du continent africain, dans la basse vallée du cours inférieur du Nil, – le plus long fleuve de l’Afrique et du monde. La dignité de la royauté fut incarnée par un roi, tenu pour un être sacré, aux pouvoirs transcendants. Le roi d’Égypte ou Pharaon pouvait commander aux éléments de la nature. Trois conditions naturelles constituent l’environnement de ce pays : un soleil permanent, ardent, avec un climat sec ; un désert (le Sahara oriental) aride et brûlant ; enfin un fleuve nourricier, apportant l’eau pour les plantes, les animaux et les humains. À quoi il faut ajouter le génie créateur de l’habitant de la vieille Égypte. Basée sur le Nil, la civilisation égyptienne fut essentiellement hydraulique, agraire, pastorale, aux rythmes des trois saisons, akhet (inondation), peret (retrait des eaux niliennes, dépôts du limon fertilisateur) et shemu (récolte, vendange, stockage des grains dans les greniers d’État). L’observation de l’environnement et des éléments climatiques saisonniers a conduit l’Égypte à créer un calendrier astronomique précis : une année de trois saisons, une saison de quatre mois, un mois de trente jours, une semaine de huit jours, un jour de vingt-quatre heures (12 heures de jour et 12 heures de nuit). Les documents vérifiables montrent que le concept de « minute » était connu dans la vieille Égypte. De façon non moins certaine, la religion égyptienne était fondée sur une théologie solaire, car la puissance vivifiante du soleil (ra, rā) était considérée comme une manifestation de Dieu (Ra, Rā) lui-même. Pharaon, sous le soleil d’Égypte, si éblouissant et si cosmique, était regardé comme le « fils de Rā » (sā Rā). Chez les Djoukor du Tchad, Rāa est le nom même de Dieu. Le mot Égypte, on le sait, est grec d’origine, donc étranger au royaume africain de la basse vallée du Nil, dans l’Antiquité. Les habitants autochtones appelaient leur pays par : Kmt (Kemet), mot qui signifie en toute rigueur : « pays noir », la « Noire » (la Nigritie), et les hommes et les femmes du pays noir se nommaient : Kmtyw, Kemetiu, les « Noirs ». Les habitants de l’Afrique noire sont des Noirs africains ou Négro-africains : c’est la même logique avec Kmt et Kmtyw.
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