Ce que nous devons à l'Afrique

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Ce que nous devons à l’Afrique

À titre personnel et alors que vous résidez en France, comment cela se passe sur le plan administratif ? Avant 1960, les Africains francophones étaient considérés comme membres de l’« Union française » puis de la « Communauté française ». En 1960, j’ai été considéré comme citoyen français au moment où une grande partie de l’Afrique de l’Ouest reçut son indépendance, car je résidais à Grenoble. Je n’en suis pas moins resté un Français « contreplaqué ».

Article extrait du journal Le Dauphiné Libéré, 7 novembre 1965, coll. Archives départementales de l’Isère (7945 W 354). Concomitamment à la création d’une section locale de la L ica (Ligue internationale contre le racisme et l’antisémitisme), le comité grenoblois du M rap voit le jour en avril 1965. Le 6 novembre suivant, l’association tient sa première réunion publique.

6. Le sigle signifie alors Mouvement contre le racisme, l’antisémitisme et pour la paix. 7. Directeur du Musée de Grenoble, Pierre Gaudibert (1928-2006) était considéré comme l’un des meilleurs spécialistes français d’art africain. Entre autres fonctions, il fut aussi conservateur au musée national des Arts africains et océaniens.

Dans les années 60, vous vous engagez dans la lutte contre le racisme en étant l’un des fondateurs du M rap 6 à Grenoble… La plus féroce exemplarité n’empêchera pas les hommes de se sentir hommes tant qu’ils se verront arbitrairement méprisés et humiliés, exploités et abusés. Ils se soulèveront et exigeront le respect et l’application des Constitutions conformément aux aspirations des peuples qu’il faut à la fois informer objectivement, instruire et rendre heureux. C’est alors qu’un groupe d’amis ayant les mêmes convictions et un semblable élan d’humanitarisme actif s’est mobilisé autour de Laure Fresneau, présidente, d’Édith Aberdam et bien d’autres. Nous réagissions dès qu’un événement important se produisait contre le racisme et faisions en sorte de faire appliquer les textes de loi. Laure Fresneau et moi-même étions membres élus du comité national du Mrap. Pouvez-vous nous parler de l’association Les Amis de Présence africaine ? Elle a été créée en même temps que la revue Présence africaine en 1947. Je voulais au départ mettre en place à Grenoble une sous-section de la Société africaine de culture. C’est alors qu’Alioune Diop m’a proposé de reprendre en main l’association Les Amis de Présence africaine. Au programme de nos activités culturelles figuraient le mois du livre des auteurs africains et européens, des films avec débats, des voyages culturels en Afrique, au Sénégal, en Côte d’Ivoire, au Dahomey, au Togo ; ces relations ont donné lieu à des jumelages. L’association a également pris une part importante dans l’organisation du Festival Afrique noire qui s’est tenu à Grenoble en 1982… Lors d’une rencontre au musée Hébert d’Uckermann, j’avais fait part à Pierre Gaudibert7 du souhait de notre association d’organiser un festival sur l’Afrique, sur l’art africain dans sa diversité. Très intéressé, il prépara une exposition au musée des Beaux-Arts de Grenoble qui 180


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