Espace-vie n°274| Septembre 2017 - La quête d'un signal architectural

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Belgique–België PP 1300 Wavre 1 BC 0481 Bureau de dépôt 1300 Wavre

197 274 septembre2009 décembre 2017 mensuel mubw.be

espace-vie La revue de la Maison de l’urbanisme / Centre culturel du Brabant wallon La revue de la Maison de l’urbanisme / Centre culturel du Brabant wallon

La quête d’un signal architectural A L’architecture, vecteur de dynamisation L de l’image de l’entreprise

PATRIMOINE A Quand le passé rejaillit A dans la façade du présent

URBANISME E Comment le numérique S va influencer le territoire

CULTURE BW BW CULTURE Semons des possibles L pour une vraie transition


Dans cet Espace-vie, deux sujets abordent le paradigme du travail au travers de ses mutations d’une part et

sommaire

édito

Écrans du travail de son image d’autre part. Le développement des TIC et de nouveaux « lieux » influenceront et influencent

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En deux mots

déjà les politiques d’aménagement du territoire. La

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Dossier Quand l’architecture sert à dynamiser l’entreprise

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Patrimoine Quand le passé rejaillit dans la façade du présent

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Urbanisme Comment le numérique va influencer le territoire

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Environnement Favoriser la végétalisation des espaces publics

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Carte blanche Pour une cartographie des initiatives citoyennes

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Fête culturelle Semons des possibles pour une vraie transition

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Art contemporain Pulsart fait rayonner les beaux jours

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Portrait d’artiste Chloé Coomans entre les larmes et les étoiles

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épinglé pour vous… L’agenda du mois

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à l'agenda Nos prochaines activités

dématérialisation des espaces physiques de travail bouleversera nos habitudes, nos relations et notre rapport au travail, non sans réels questionnements. Mais il est intéressant de voir, parallèlement à ces métamorphoses du travail, la permanence d’une tradition, celle de la mise en valeur, via l’architecture et l’art, de l’image d’une entreprise. L’importance de l’enveloppe architecturale demeure une préoccupation pour des entrepreneurs. Le Centre culturel et la Maison de l’urbanisme sont hébergés au sein d’un édifice qui est un témoignage du paternalisme des Usines Henricot certes, mais aussi d’un marketing industriel exploitant les ressources de l’architecture contemporaine et d'architectes audacieux. Il serait intéressant d’imaginer quels seront, demain, les processus de mise en scène et de scénographie que génèreront les nouveaux espaces de travail, en tant qu’espaces hybrides. > Karima Haoudi

Espace-vie est la revue mensuelle de la Maison de l’urbanisme du Brabant wallon - CCBW. Elle a pour objet de vous informer sur des sujets ayant trait à l’aménagement du territoire, à l’urbanisme et à la définition du cadre de vie. Le CCBW y ajoute quatre pages dédiées à l’actualité culturelle du Brabant wallon.

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Éditeur responsable : Édith Grandjean - Coordination : Xavier Attout, Karima Haoudy, Marie-Pierre Uenten (culture BW) - Rédaction : X. Attout , C. Dunski - Équipe de la Maison de l’urbanisme : X. Attout, A. Chevalier, K. Haoudy - Président de Maison de l’Urbanisme : Mathieu Michel - Maquette : www.doublepage.be - Mise en page : Béatrice Fellemans - Imprimeur : IPM Printing–Tirage : 7 400 exemplaires Adresse : 3, rue Belotte, 1490 Court-Saint-Étienne - Contact : 010 62 10 30 ou m.urbanisme@ccbw.be - www.mubw.be - www.ccbw.be Espace-vie est publié avec le soutien de la Wallonie et de la Province du Brabant wallon. Publication gratuite (dix numéros par an) pour les habitants du Brabant wallon, 10 €/an hors Brabant wallon (877-7092102-57). Ne peut être vendu. Toute reproduction partielle ou totale nécessite une autorisation préalable de l’éditeur responsable. Dessin : Marco Paulo. Photo de couverture : helium3

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en deux mots

Treize projets architecturaux à découvrir Le Week-end Maisons et Architectes se déroule les samedi et dimanche 7 et 8 octobre. L’occasion de découvrir des réalisations contemporaines et d’en discuter avec l’architecte et le maitre d’ouvrage, présents sur les lieux. En Brabant wallon, on pourra découvrir treize projets. Infos : maisonsetarchitectes.be

Contournement nord de Wavre, le retour

Le chantier de l’incubateur chinois enfin lancé

La Région wallonne, par le biais de son service des routes (DG01), a introduit fin aout une nouvelle demande de permis d’urbanisme pour construire le contournement nord de Wavre. Une voirie aménagée à travers champs qui permettrait de rejoindre plus aisément le parc d’activités de Wavre-Nord en passant par Grez-Doiceau. Un budget de 15 millions a été dégagé par la Région wallonne pour réaliser ces travaux. Le nouveau tracé prend en compte l’étude d’incidences réalisée mais ne modifie pas pour autant le tracé. Une nouvelle enquête publique sera organisée.

La pose de la première pierre s’est déroulée en juin 2016. Aucune pelleteuse n’avait depuis lors pris le relais. Le chantier du China Belgium Technology Center a seulement débuté début aout par l’ouverture des voiries. La faute à un recours introduit devant le Conseil d’état par un riverain. Le chantier doit se terminer en 2025. Rappelons que cet incubateur sino-belge comprendra 74 000 m2 de bureaux, 3 900 m2 de centres de services et un hôtel de 162 chambres.

« Il ne faut plus amener les citadins au travail mais le travail aux citadins. » L’architecte-urbaniste Paul Vermeylen.

2 C’est le nombre d’écoles secondaires qui s’implanteront à Genappe. Soit le projet Nespa (pédagogie active) et le projet du collège archiépiscopal Père Damien (enseignement catholique). Elles pourraient s’implanter sur le terrain de l’ancienne sucrerie.

Une nouvelle offre commerciale à Wavre Le projet de réaménagement de l’ancien site Philips sur le boulevard de l’Europe à Wavre prévoit d’implanter des commerces de détail sur une surface totale de 9 077 m2. On y retrouvera six enseignes de type « low cost » (équipement de la maison) et un concessionnaire automobile. Les opposants au projet craignent que cette offre commerciale située au zoning sud pénalise l’attractivité du centre de Wavre.

> Le Gouvernement wallon a approuvé le Plan communal de développement rural de la commune d’Ittre pour les dix prochaines années. Parmi les projets à réaliser, on retiendra l’élaboration d’un agenda 21 local, des actions visant la perméabilité des sols, la création d’un quartier nouveau mettant en œuvre des formes innovantes d’habitat au camping de Huleu ou encore l’aménagement d’une maison rurale dans l’ancienne maison communale de Haut-Ittre. espace-vie septembre 2017 n° 274   l

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dossier

L’importance que l’architecture peut avoir sur l’image d’une société

Quand l’architecture sert à dynamiser l’entreprise De plus en plus d’entreprises utilisent leur bâtiment comme signal architectural pour valoriser leur image. On est loin des « boites à chaussures » classiques que l’on retrouve dans la plupart des zonings. Une manière aussi d’améliorer les performances internes et externes, de même que le bien-être au travail.

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out le monde (ou presque) le sait, parfois office de signal pour l’entreprise. l’image de marque est la représenVoire de renouveau. tation d’une entreprise/association/orgaC’est ce qui s’est produit avec Wooh. nisation perçue par un consommateur. La Son nouveau bâtiment livré l’été dernier marque diffuse le plus souvent des meset dessiné par le bureau d’architecture sages par le biais du papier, d’internet ou liégeois helium3, dont c’est déjà la quad’espaces publicitaires. Il en ressort des trième réalisation à Nivelles, fait réellereprésentations qui sont essentiellement ment office de nouvel élan pour l’entrementales. Ces représentations dépendent prise et ses employés. « Je viens de signer de la manière dont ces messages sont diffutrois importants contrats que je n’aurais sés et du message que l’on veut faire passer. jamais obtenus sans ce bâtiment, lance Parmi toutes les images renvoyées par Marc Steinmetz, administrateur délégué une entreprise/insti­tu­­tion/association, l’arde Wooh. Tous nos rendez-vous sont chitecture de son siège en est une qui « Posséder un bâtiment qui a est encore sousdu sens est un vrai plus pour utilisée. Les entreune entreprise. Elle doit penser prises qui ont fait son bâtiment comme un outil appel à un architecte de renom pour commercial. » signer la construction de leur nouveau siège ne sont pas encore légion. La sociédésormais organisés à domicile. Je crois té AGC à Louvain-la-Neuve et Philippe beaucoup dans le contact client. Nous Samyn étant l’un des rares exemples en avons une magnifique vitrine, il faut en Brabant wallon, même si cette tendance profiter. Notre image s’en trouve considétend à se développer. rablement améliorée. » Wooh, basée auparavant le long de la Béton industriel chaussée de Nivelles à Braine-l’Alleud, et bois contemporain était à l’étroit dans ses bureaux, vu le déÀ Nivelles par exemple, les nouveaux bâtiveloppement de l’entreprise. Marc Steinments de la société Wooh, spécialisée en metz a alors fait appel à helium3 avec cette aménagement d’espace et en fournitures idée de créer un signal architectural, tout de bureau, s’inscrivent dans la nouvelle en laissant une grande liberté d’action à ligne architecturale déployée au Parc l’architecte. « Je souhaitais un showroom d’activités de Nivelles-Nord. L’époque où plus grand, plus beau, à l’image de ce que les entreprises n’aménageaient que des j’aime et davantage en adéquation avec « boites à chaussures » au moindre cout les valeurs de l’entreprise », poursuit le semble désormais révolue. Il suffit de se patron. Il en est ressorti un bâtiment de balader dans les rues pour découvrir des 900 m2 composé d’un showroom sur deux étages (600 m2) faisant également office projets de plus en plus aboutis, faisant espace-vie septembre 2017 n° 274   l

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d’espace de travail pour la dizaine d’employés, de même qu’un espace de stockage à l’arrière. La façade du bâtiment est particulièrement réussie. Elle associe béton industriel et bois contemporain, histoire de rappeler


l’essence de l’entreprise. Les architectes y ont ajouté une touche contemporaine supplémentaire avec un bow-window qui permet de mettre en avant un élément de mobilier d’exposition. « Pour la façade, il s’agit d’un procédé rarement utilisé, note l’architecte Cédric Ballarati. Les panneaux en béton ont été réalisés en usine, pour avoir un coffrage en OSB teinté de deux couches de béton anthracite. Ce qui donne une enveloppe qui varie des teintes noires aux teintes plus claires. » Ajoutons que le bâtiment est pratiquement passif vu son orientation et son faible nombre de parois vitrées.

Un escalier qui fait office d’estrade De prime abord, l’intérieur du bâtiment est relativement classique. L’utilisation des espaces a pourtant été murement réfléchie. « Le défi était de réaliser un bâtiment qui était neutre à l’intérieur pour pouvoir mettre les produits en évidence, mais qui n’était ni ennuyeux, ni froid mais par contre flexible », lance Cédric Ballarati. Parmi les éléments fixes, on y retrouve un large espace cuisine, idéal pour le networking, ou encore cet imposant escalier en chêne de six mètres de large

qui peut aussi faire office d’estrade lors d’évènement ou de conférence. Un élément inspiré par une réalisation similaire de Philippe Samyn dans le bâtiment d’AGC à Louvain-la-Neuve. « Je crois beaucoup au fait qu’un bâtiment est l’image de marque d’une société et influence sur ses performances, lance Marc Steinmetz. Notre chiffre d’affaires a augmenté depuis notre déménagement, si bien que nous sommes déjà à l’étroit… Nos rendez-vous de travail sont organisés dans nos locaux. Les clients potentiels sont impressionnés par le bâtiment et le showroom. C’est un atout. Cela nous a aussi permis d’avoir une certaine visibilité dans les médias. Les employés travaillent avec le sourire. La clé, c’est qu’ils se sentent aussi bien dans leur environnement de travail que chez eux. Le confort de travail est capital. Cela permet de créer de la cohésion dans une équipe. » Et Cédric Ballarati d’ajouter : « Posséder un bâtiment qui a du sens est un vrai plus pour une entreprise. La qualité des matériaux, l’acoustique, le mobilier sont autant d’éléments importants. Je dis toujours à nos clients qu’ils doivent penser leur bâtiment comme un outil commercial. » > Xavier Attout

Le nouveau bâtiment de cette société basée aux Portes de l'Europe à Nivelles a entrainé de nombreuses retombées positives. © helium3

interview

« Cela apporte de la valeur ajoutée »

Françoise Duplat est responsable du développement économique au sein de l’IBW.

> Avez-vous vu une évolution en matière de choix architecturaux ces dernières années ? Oui, indéniablement. Le niveau s’est élevé. Lorsqu’une entreprise souhaite s’implanter en Brabant wallon, nous lui précisons le cahier des charges obligatoire en matière de construction. Nous évoquons également la possibilité de réaliser un bâtiment qui possède une valeur ajoutée sur le plan architectural. > Encouragez-vous les projets contemporains ? Ce n’est pas notre rôle. Nous présentons le panel de possibilités. Après, il s’agit d’un choix personnel et budgétaire. Mais il est clair qu’un bâtiment de qualité est un avantage indéniable pour l’image et les performances d’une entreprise. Cela apporte de la valeur ajoutée. Nous les encourageons donc à aller vers du qualitatif. Avoir une belle façade est important, et avec un petit bow-window en prime, c’est encore mieux. Nous croyons beaucoup en ces aménagements. Et je pense que les entreprises avec lesquelles nous discutons le ressentent également implicitement. > Quelle est la réaction des patrons d’entreprises en la matière ? Ils sont de plus en plus sensibles à l’idée de construire des bâtiments de qualité. Il y a une certaine ouverture sur le sujet. Surtout à Nivelles-sud ou, de plus, il y a une mise en copropriété des abords. Ce qui fait qu’il y a une certaine émulation. Précisons que l’IBW ne se substitue pas à la commune en matière d’octroi de permis, cette dernière ayant toujours le dernier mot. > Cela signifie-t-il que les bâtiments en forme de « boite à chaussures », c’est terminé ? Nous ne jugeons pas ce qui a été réalisé précédemment. Mais il est évident que le fait qu’il y ait davantage de matériaux de qualité disponibles à des prix intéressants facilite les choses.

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> Propos recueillis par X. A. espace-vie juillet 2017 2010 n° 203 espace-vie septembre 274   l

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Originales © Michel Wautot (11)

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Un avant/après pour l'ancienne école de Genval. Sur ces photos, on voit bien que les élements en pierre bleue ont été conservés. L'ancienne façade avait perdu ses belles briques rouges originelles. © X. A. et Michel Wautot espace-vie septembre 2017 n° 274   l

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patrimoine

Une démolition reconstruction de caractère en passe de se terminer à Genval

Quand le passé rejaillit dans la façade du présent La façade d’une ancienne école de Genval est passée à travers les coups de pelleteuse d’un projet immobilier grâce à la volonté citoyenne. Ses composantes en pierre bleue ont été récupérées pour une reconstruction à l’identique. Le résultat est intéressant, avec un retour au projet originel.

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es briques rouges sont aujourd’hui de retour, comme en 1870. Les dernières années de vie de l’ancienne école communale des Garçons située à Genval, bâtiment de caractère dessiné par l’architecte Coulon, montrait pourtant une façade lissée par le béton, un sparadrap de plus sur cet édifice qui l’éloignait encore davantage de la construction de départ. Et ce, pour le plus grand malheur des amoureux du patrimoine. L’édifice a été démoli en 2014. Le nouveau bâtiment, dont la construction se termine sur le site de l’ancienne école de Genval situé rue des Déportés, sera inauguré fin septembre. Il comprend 11 logements publics et une crèche de 30 places. Les plus attentifs remarqueront toutefois que la façade est désormais similaire à la façade originelle. Si l’entreprise de construction a mis de nouvelles briques, elle a récupéré les composantes (linteaux, etc.) en pierre bleue servant d’encadrement aux ouvertures (portes et châssis). Pour un résultat qui est une belle réussite esthétique et patrimoniale. « Il faut avouer que nous sommes agréablement surpris par ce que nous avons vu sortir de terre », confie Michel Wautot, président d’Hommes et Patrimoine, une association locale qui s’est battue pour préserver cet édifice. L’ancien bâtiment (les classes étaient vides depuis la fin des années 1990) n’était pas classé mais était inscrit sur la Liste du patrimoine wallon pour son témoignage de l’architecture locale,

marquée par l’industrie et l’Art nouveau. Il fait partie des quelques bâtiments de caractère de l’entité. La plupart ont aujourd’hui été rénovés et préservés. Il s’en est fallu de peu pour que ce projet-ci ne suive la ligne opposée.

De nouvelles briques rouges sans rejointoiement La commune souhaitait au départ démolir le bâtiment pour permettre la construction d’un projet immobilier de logements publics. Quatre associations locales se sont alors mobilisées pour s’opposer à cette démolition et ont rassemblé près de 670 lettres d’opposition. La commune a finalement fait marche arrière et décidé de sauver la façade. Le bureau d’architecture Jean Bodart, à Genval, a gagné le concours. Une contrainte supplémentaire figurait donc dans le cahier des charges : la nouvelle façade devait faire référence à la façade initiale. «Nous y avons ajouté des briques rouges sans rejointoiement, ce qui donne un côté contemporain à la façade, explique l’architecte Xavier Moens, du bureau Bodart, qui rappelle que le chantier a débuté en mars 2016. Pour ce qui est des éléments en pierre bleue, ils étaient, dans l’ensemble, en bon état. Nous avons simplement dû diminuer la taille de certains éléments pour ne pas avoir des hauteurs de plafond trop importantes. D’une manière générale, c’est une belle réussite. » Et la bourgmestre de Rixensart, Patricia Lebon, d’ajouter : « Cela va

redonner un cachet au quartier. Et cela boucle en quelque sorte les rénovations patrimoniales effectuées ces dernières années, la plus emblématique étant celle de la villa du Beau Site, située avenue des Combattants. » À l’arrière de la façade, on retrouve huit logements publics développés par la société de logement public Notre Maison. Et à quelques mètres de là, une crèche de trente places, dans un bâtiment basse énergie et semi-enterré. « Le bardage est en bois pour donner une ambiance chaleureuse à l’ensemble, note Xavier Moens. Il fait aussi le lien avec le bâtiment principal. »

Un second projet de préservation de façade Ajoutons qu’un autre projet de ce type pourrait voir le jour à Rixensart. L’ancienne cure de l’église Sainte-Croix, située à deux pas du château de Rixensart, devrait également voir sa façade préservée pour voir s’ériger un projet de logement public à l’arrière de la façade. L’idée serait ici quelque peu différente puisqu’il s’agira de rénover et maintenir la façade actuelle en état. Et de construire le nouveau bâtiment juste derrière, avec une sorte de tampon entre les deux. « Il s’agit également d’un bâtiment très intéressant, note Michel Wautot. Préserver son identité de cette manière serait une piste intéressante, d’autant que l’intérieur du bâtiment est dans un triste état. »

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> Xavier Attout espace-vie septembre 2017 n° 274   l

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urbanisme

Vers de nouvelles manières de travailler, d’habiter et de se déplacer

Comment le numérique va influencer le territoire Les nouvelles technologies vont considérablement modifier notre rapport au territoire, notre manière de vivre et de nous déplacer. La modification des flux de déplacement, de même que le développement d’espaces de travail partagés auront des impacts importants pour le Brabant wallon. Premier tour d’horizon.

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e monde est en profonde mutation. Que ce soit en matière de mobilité, d’habitat, de lieux de travail ou encore de commerce, le numérique, la robotisation et l’intelligence artificielle sont autant d’éléments qui vont profondément bouleverser les équilibres. Un état de fait qui aura des conséquences sur le territoire et l’aménagement de celui-ci. Un colloque sur le sujet s’est déroulé en mai dernier à Bozar. Il était organisé par l’asbl For Urban Passion. « C’est la première fois que ce sujet était abordé lors d’un tel évènement, fait remarquer le président de cette association, l’architecteurbaniste Paul Vermeylen. Une vraie réussite. Le changement des usages est un phénomène dont il faut rendre compte. Nous ne travaillons, n’habitons, ne faisons plus nos courses de la même manière. Les jeunes sont beaucoup plus mobiles, tant dans leurs pratiques que dans leurs usages. Il est temps de se pencher sur ces questions. »

Les flux de déplacement vont se modifier en BW

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Ces changements sont déjà intégrés sans que parfois l’on s’en rende compte au quotidien. Comme quand vous consultez une application sur votre smartphone pour définir le meilleur moyen pour vous déplacer. Ou que vous utilisez un espace de coworking au lieu de vous rendre dans votre bureau situé dans le centre de Bruxelles. On ne compte plus les grandes entreprises qui obligent leurs employés d’effectuer un ou deux jours de télétravail par semaine. « Il ne s’agit pour l’heure que de tendances qui ne touchent qu’une faible partie de la espace-vie septembre 2017 n° 274   l

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population mais le rôle des urbanistes est d’être attentifs à ces tendances et de pouvoir anticiper leurs développements, note Paul Vermeylen. Les signaux faibles que captent les prospectivistes indiquent les avenirs possibles, mais ces prédictions font débat car plusieurs avenirs semblent ouverts voire contradictoires : accroissement ou réduction du trafic, changement des modes d’habitat via l’acquisition ou la location, réduction des jobs actuels ou changement des métiers, domination des grands acteurs économiques ou émergence des initiatives citoyennes dans le « faire la ville ». Cela aura des conséquences en Brabant wallon, vu que les flux de déplacements vont considérablement se modifier. Le travail flexible pourrait redynamiser certaines régions, comme l’Est de la province. Si la demande est bien présente, des bâtiments avec affectations multiples pourraient y être développés à l’avenir. » Ces éléments doivent en tout cas s’intégrer dans les politiques classiques d’aménagement du territoire actuellement développées, telles que la densification des villes, la mixité des fonctions ou encore la centralisation des développements autour des gares. Ce qui n’est pas une mince affaire. « Il faut s’inspirer de politiques développées à Londres, Barcelone, Berlin, Nantes ou Amsterdam, lance l’urbaniste Pierre Laconte. Pour cette dernière ville par exemple, la réduction du trafic a atteint 20 % entre 2008 et aujourd’hui. Et ce, grâce à une politique de smart city et d’appels aux solutions innovantes, au développement de smart work center ou encore à l’utilisation d’application de gestion des dé-


placements. L’objectif de cette troisième voie d’action vise à « non plus amener les citadins au travail mais le travail aux citadins. »

Les dix préconisations pour un meilleur futur Des différents ateliers « territoires et mobilité » qui se sont tenus à Bozar en mai dernier, il en est ressorti dix préconisations. Il s’agit de tendances dont leur mise en œuvre à plein essor n’est pas attendue avant 2030. 1. Dès aujourd’hui, il y a lieu d’orienter les politiques de développement intelligent (smart cities) visant à réduire les besoins de déplacements, en articulant urbanisme et mobilité. Réduire massivement les motifs de se déplacer suppose de mailler les territoires centraux de lieux denses accueillant des

nouvelles manières de travailler (télétravail, coworking spaces, fablabs, espaces incubateurs, etc.) et d’habiter (colocation communautaire, logements d’étudiants chez l’habitant). 2. Les couts élevés de l’étalement urbain pour la collectivité sont à prendre en charge par les bénéficiaires. À partir du moment où le cout de l’étalement urbain (congestion, cout du transport, cout des voiries et réseaux divers) est mis à charge des habitants de la périphérie, cet étalement se ralentit (exemple à Zurich). 3. Habiter demain nécessite la conception des lieux d’habitat aux usages flexibles permis par le numérique. Il est souhaitable d’adapter la règlementation et les codes du logement aux nouvelles pratiques (cowor-

king, coliving, accueil du troisième âge au sein des familles). L’obligation de posséder une place de parking par logement ou de déterminer le nombre de pièces ou de surface habitable est désuète. Partager les espaces collectifs doit être privilégié. 4. Les nouvelles technologies de l’information et de la communication doivent être d’abord au service des citoyens. 5. Par son organisation innovante, la smart city constitue un véritable levier pour la mise en œuvre d’une politique d’intelligence territoriale qui pourra, mieux que dans le passé, fournir une information adéquate au moment opportun pour faire émerger et valoriser formellement le capital territorial. > Xavier Attout

Les cinq autres recommandations 6.

Il y a lieu de permettre aux transports publics ou partagés de prendre un rôle central en offrant des systèmes de transbordement efficaces et respectueux de l’environnement. Un potentiel important pour le territoire et la mobilité pourrait résulter de l’investissement dans les gares moyennes, comme en Allemagne. À Potsdam par exemple, la gare est devenue le lieu principal de loisirs et de commerces de cette petite ville, y compris en fin de semaine. 7. Le développement des véhicules automatiques, circulant sans conducteur dans le trafic urbain, est inéluctable et soutenu par le secteur automobile. Il est préférable d’utiliser en priorité les véhicules automatiques pour desservir les gares et stations de métro. 8. Les pôles multimodaux deviendront des lieux de développement territorial : commerces, logements denses, services, équipements communautaires, notamment grâce à la reconversion d’espaces publics occupés jusqu’alors par la voiture et la reconversion des espaces privés affectés à la voiture (parkings souterrains). 9. L’e-commerce est de nature à réduire le trafic automobile en direction des centres d’achats classiques. Mais il augmente par contre la charge du trafic des véhicules de livraison à domicile. Une plus grande transparence du cout réel de distribution devrait pouvoir être imposée (retours payants), au même titre qu’une indication claire de la provenance. 10 La mobilité en expansion ne doit pas se faire au détriment de la qualité des paysages. Cela vaut autant pour les canaux et le transport d’électricité à haute tension que pour les travaux routiers. Ce défi est à prendre en considération par les autorités chargées des plans d’aménagement.

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Les avancées technologiques vont considérablement modifier la perception du territoire à l'avenir. © D. R. espace-vie septembre 2017 n° 274   l

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mobilité

Un appel à projet pour rendre les villes plus vertes, en favorisant l’agriculture urbaine

Favoriser la végétalisation des espaces publics L’idée de la Région wallonne est de lancer une nouvelle dynamique qui vise à mobiliser les citoyens autour des places aménagées, en les rendant plus naturelles et conviviales. Cela passe par la reconquête des espaces publics wallons avec des espèces locales et des plantes comestibles.

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l’échelle du Brabant wallon, les exemples semblent encore peu nombreux. Grez-Doiceau a bien accueilli le projet « Tout le monde sème » qui consiste à installer des bacs de plantation alimentaire dans l’espace public. Chacun y pioche ce qu’il veut, quand il veut. La mode des potagers partagés ne faiblit pas. Par contre, le verdissement des places publiques du Brabant wallon n’est pas vraiment à l’ordre du jour pour le moment. Et c’est bien dommage. Un appel à projets lancé par la Région wallonne pourrait faire évoluer la destinée des communes candidates. Elles ont jusqu’au 15 septembre pour s’inscrire. Avec à la clé un beau chèque pour soutenir les projets initiés. L’idée est de favoriser la végétalisation des espaces publics en favorisant l’agriculture urbaine. « On sait que la présence du végétal dans les espaces urbanisés contribue à l’épanouissement de tous, explique-t-on au cabinet du ministre de l’Aménagement du territoire Carlo Di Antonio. De nombreuses

études ont démontré les bienfaits de la nature en ville sur la santé mentale, la cohésion sociale, le bien-être mais également sur la biodiversité, les microclimats urbains et la gestion des eaux pluviales. Intégrer le végétal dans le cadre de vie permet aussi de valoriser le bâti et d’augmenter l’attractivité des territoires. Sans parler du fait que la nature contribue au développement durable si on considère sa composante nourricière. »

Créer des espaces de rencontres En résumé, l’idée est que dans certaines communes wallonnes, on puisse se balader dans les quartiers et retrouver une certaine utilité des espaces verts, qu’ils soient situés dans les rues, les trottoirs, les pieds d’immeubles, les toits, les friches, les balcons. Chaque espace public doit laisser place à une appropriation collective et non exclusive où l’on pourrait en tirer profit. « On constate aujourd’hui que

les espaces verts publics sont trop peu constitués d’espèces indigènes, mellifères, d’arbres fruitiers et de plantes comestibles, fait remarquer Thomas Dupaix, du cabinet Di Antonio. Cette réinsertion passe donc par un travail au sein des communes.» L’objectif de cet appel à projets est de promouvoir les plantations « productives ». La participation citoyenne sera encouragée. Les espaces publics concernés sont des places, placettes, squares, parcs, espaces en friche, etc., identifiés comme espaces sous-exploités et dont une végétalisation comestible valoriserait le rôle d’espace de vie et de rencontres. Chaque commune retenue pourra bénéficier d’un chèque de 20.000 euros, pour acheter des plantes, des fournitures pour les plantations ou des matériaux pour les travaux de terrassement. Pour rentrer dans les conditions d’éligibilité, le projet doit être opérationnel pour juin 2018. > Xavier Attout

Infos : diantonio.wallonie.be

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De nombreux exemples à l’étranger

Les communes sont donc appelées à dynamiser cet aspect sur leur territoire. Les exemples de réussites à l’étranger sont nombreux. Que ce soit la commune de Todmorden (GB), qui s’est lancée dans une aventure d’autosuffisance alimentaire, Paris qui a développé une dizaine d’expériences de réappropriation comestible de l’espace public dans les quartiers, Andernach qui est la première ville comestible d’Allemagne ou encore Nantes qui a créé neuf stations gourmandes où l’on peut cueillir et picorer librement fruits et légumes.

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interview carte blanche - appel citoyen

Un avis, une opinion à faire partager ? Cette page vous est ouverte

Pour une cartographie des initiatives citoyennes Jean-Luc Fourré est membre du comité de quartier Martineau à Limal (Wavre)

Un appel citoyen de Jean-Luc Fourré Dans le cadre du projet L’Esprit de la vallée (de la Dyle)(1), nous faisons appel à des citoyens ou collectifs du bassin versant de la Dyle qui travailleraient à des questions relatives à la gestion de l’eau, des cours d’eau, du patrimoine naturel, culturel ou historique, à des projets de transition écologique ou en biens communs. L’idée serait de produire une cartographie des initiatives citoyennes pour une solidarité de la vallée, et d’organiser des marches d’exploration au printemps 2018.

Un projet pour concrétiser

C’est en s’ouvrant au monde académique que va naitre le projet L’Esprit de la vallée (de la Dyle). Cet esprit qui nous anime insiste sur le fait que les eaux venant de sources différentes, de versants différents, de terroirs différents, se rassemblent pour créer une rivière, un fleuve, un monde commun. Ce projet a l’ambition d’embrasser l’ensemble de la vallée de la Dyle, depuis sa source à Houtain-le-Val jusqu’à Malines (Mechelen) – où elle est rejointe par la Senne juste avant sa confluence avec Une exposition pour s’inspirer la Nèthe pour former le Rupel et atteindre l’Escaut –, en passant L’exposition De cheminements d’eau et de biodiversité, vers par Ottignies-Louvain-la-Neuve, Wavre et Louvain (Leuven). Et des créations urbaines durables qui sera présentée à Louvaince, pour partir à la recherche de multiples situations concrètes la-Neuve, du lundi 9 octobre au vendredi 10 novembre, constiqui nous rendent sensibles tant à la dégradation de l’environnetuera la première étape du projet. ment qu’à ce qui « soigne » ce dernier ou en fait un patrimoine Cette exposition, coproduite par les États généraux de l’Eau à commun à protéger, à valoriser et qui peuvent contribuer à créer Bruxelles (EGEB) et l’Institut des Sciences naturelles de Beldu lien social dans une véritable perspective d’écologie urbaine. gique (IRSNB), fait le récit de Au départ de l’exposition, le six situations d’habitants renbut de ce projet sera d’explorer « Ce projet a l’ambition d’embrasser dus sensibles aux questions de multiples situations du basl’ensemble de la vallée de la Dyle de l’eau et de la biodiversité. sin versant de la Dyle que l’on Partant de situations et d’iniira visiter et que, de poche en pour partir à la recherche de tiatives parfois modestes – la poche, nous allons cartogramultiples situations concrètes » protection d’une petite source, phier afin d’esquisser un tale désasphaltage d’une cour bleau d’ensemble. L’idée pourd’école, un potager en intérieur d’îlot, etc. – ils finissent par exrait être de profiter de cette période d’exposition pour, ensemble, plorer des « territoires » plus vastes que les lieux d’émergence initier la réalisation d’une marche d’exploration et de rencontres de de leurs actions pour in fine élargir leur regard à l’échelle de la vallée au printemps 2018. Un programme est en cours d’élaboral’écosystème du bassin versant. L’exposition fut le lieu de rention comprenant conférence, exposition et promenades. contre avec un cas situé dans le bassin versant voisin, la Dyle, Infos : limalblog.wordpress.com et Jean-Luc Fourré - jl.fourre@hotmail.be le long du ruisseau le Sillon et de Martineau (à Limal) que des (1) Projet porté par le Comité de quartier Martineau, les États généraux de riverains veulent protéger et valoriser. Cette situation pourrait l’eau à Bruxelles, la Faculté d’architecture et d’urbanisme (UCL) et la Maison devenir le septième récit De cheminements d’eau et de biodiverdu développement durable (LLN). En partenariat avec l’Institut Royal des scisité. Et, de manière similaire aux situations bruxelloises, ouvrir ences naturelles de Belgique, la Maison de l’urbanisme du Brabant wallon, tout aussi nécessairement nos imaginaires et nos sensibilités à le Contrat de rivière Dyle-Gette, Natagora et Sentiers.be. l’échelle bio-régionale de la vallée de la Dyle. espace-vie septembre 2017 n° 274   l

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Une journée festive pour faire connaissance

«   Semons des possibles   » pour une vraie transition Le dimanche 17 septembre, Louvain-la-Neuve sera l’épicentre du changement brabançon. Diverses initiatives citoyennes feront connaissance entre elles et se présenteront à Monsieur et Madame Tout-le-monde et leurs enfants au cours d’une grande fête de la transition.

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es jardins partagés, une monnaie locale, de nouvelles formes d’habitat, des comportements respectueux de l’environnement, la lutte pour l’autonomie économique des femmes, des groupes d’achats collectifs et d’échanges locaux, l’accès à la lecture et à l’écriture pour chacun, des repair cafés ou des donneries… Nombre d’initiatives visant à changer la société émergent en Brabant wallon comme ailleurs. Menée par la Coordination d’éducation permanente du BW, le projet « Semons des possibles » met en avant les initiatives citoyennes de tous types, pour les faire connaitre au grand public, mais aussi pour les faire se connaitre entre elles, créer des liens et sortir du clivage entre l’associatif institué, luttant pour des motifs sociaux « classiques », et les micro-initiatives locales telles que des jardins bio partagés, des repair cafés… Les initiatives qui font levier dans les domaines de l’habitat, de la santé, de la

culture, de l’éducation, de la mobilité, du social, des finances et de l’économie, de la gouvernance ou encore de l’écologie et de l’alimentation… cherchent à construire, pas à pas, un modèle de société plus durable, plus local, plus convivial.

La créativité au service du changement Le projet « Semons des possibles » en Brabant wallon vise la conjonction d’objectifs et la complémentarité entre les acteurs s’inscrivant structurellement dans le cadre politique existant, et les promoteurs d’initiatives locales qui prennent parfois plus de distance avec ce cadre politique institué. À l’heure où le cadre politique suscite de plus en plus d’insatisfaction, le croisement des finalités et la présentation conjuguée de ces deux types d’acteurs de changement prend tout son sens. Dans les deux cas, ce sont la créativité, le désir d’ouverture, l’analyse constructive et la volonté de changements positifs qui sont mis en exergue.

Divers spectacles seront présentés le 17 septembre : Upcycling solo de Max Vandervorst, Nourrir l’humanité, c’est un métier, pièce de « théâtre documentaire » de la Cie Art&tça, Sous la feuille de salade, spectacle Jeune public par Les Liseuses, et Petites coupures, théâtre forum par des femmes de Vie féminine, avec la Cie Maritime. Un espace d’accueil et de rencontres sera aussi animé en permanence avec des jeux tels qu’un Monopoly alternatif géant, une Donnerie, un repair café, une auberge espagnole, du pressage de pommes... Le « Talent » sera la monnaie alternative utilisée sur place. Ce rendezvous constituera en somme la « journée zéro » de la Semaine de la transition qui commence le 18 septembre un peu partout en Belgique francophone. > Caroline Dunski

Lycée Martin V 3, rue du Collège Louvain-la-Neuve Le dimanche 17/9 de 10h à 17h 010 61 60 15 www.semonsdespossibles.be

Une coordination pluraliste inédite Créée à l’initiative du Centre culturel du Brabant wallon qui en assure l’animation, la Coordination d’éducation permanente du Brabant wallon réunit 22 associations agréées et reconnues par la Fédération Wallonie-Bruxelles, d’obédiences politiques et philosophiques diverses. Ce type de fédération pluraliste qui favorise l’émergence de projets communs à l’échelle d’une province est, à notre connaissance, unique en Belgique francophone. Elle vient de se doter d’un nouveau logo, réalisé par Kate Houben, qui symbolise le foisonnement d’idées, la volonté d’actions incisives, la cohésion dans le pluralisme des points de vue, dans une philosophie basée sur l’ouverture. L’esthétique rejoint la famille des logos d’autres secteurs et actions du CCBW ; une manière de souligner les liens forts entre l’éducation permanente et le Centre culturel du Brabant wallon.

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Médiation : faire du spectateur un acteur

Pulsart fait rayonner les beaux jours Du 6 octobre au 10 décembre, la Biennale9 invite 70 artistes belges et internationaux à se questionner sur un état du monde et sur les limites de leurs pratiques, dans le quartier du Biéreau et au centre de Louvain-la-Neuve. Pulsart s’associe à la manifestation et développe des visites guidées.

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our sa 9e Biennale d’art contemporain, Oh les beaux jours !, le Centre culturel d’Ottignies-Louvain-la-Neuve a fait appel à un duo de commissaires internationaux : le plasticien belge Angel Vergara et le curateur et critique d’art français Joël Benzakin. Les deux commissaires donnent à voir leur lecture des enjeux sociaux actuels nés des grands défis environnementaux, tout en adoptant une position critique face aux pratiques habituelles de l’art actuel et aux expositions prêtes à consommer et à la marchandisation de l’art. En ce sens, sous-titrée Pour une esthétique des moyens disponibles, l’exposition manifeste qu’au-delà des contingences matérielles souvent associées à la création contemporaine, la nécessité de repenser nos modèles esthétiques s’impose. Il s’agit d’affirmer que l’art est avant tout un « geste en pure perte », une dépense non quantifiable, un échange désintéressé. Le défi des organisateurs était de créer un évènement avec de grands noms de l’art contemporain, tout en utilisant les moyens disponibles. Sollicités par Angel Vergara et Joël Benzakin, 70 artistes belges et internationaux

acceptent de partager leurs visions singulières du monde contemporain et des enjeux d’une époque pleine d’incertitudes. Tout en utilisant des moyens limités, ils se penchent notamment sur la question de l’Anthropocène et sur les limites écologiques de notre environnement, de nos pratiques, de nos modes de vie et de nos manières d’être ensemble. Installations, images, vidéos, performances s’additionneront de façon festive et progressive pour construire une manifestation dynamique, organique et participative. Artistes, universitaires, étudiants, acteurs culturels et publics se rencontreront et partageront des expériences sensibles, favorisant une proximité entre l’art et ses publics.

Un parcours adaptable De son côté, Pulsart, plateforme active notamment sur la sensibilisation aux arts contemporains, assurera des visites guidées à destination des écoles primaires et secondaires, mais aussi des familles, d’associations locales, de maisons de jeunes, de groupes d’habitants… « Un des grands axes de travail de Pulsart est de développer

la médiation autour de tous les évènements d’art contemporain, explique Julie Nicod, animatrice au Centre culturel du Brabant wallon. Or, la Biennale est un évènement majeur dans lequel Pulsart a naturellement envie de s’engager. Elle est organisée par un centre culturel et répond à des enjeux qui nous touchent. L’objectif des visites est de faire du spectateur un acteur de ce qu’il voit à travers ses perceptions, ses réflexions et l’information fournie par les guides. Nous réaliserons un parcours autour d’une dizaine d’œuvres reflétant les grandes thématiques de la Biennale. Ce parcours, adaptable aux différents publics, pourra s’enrichir d’un questionnement philosophique qui accompagne chaque œuvre. Nous créerons aussi une grille de lecture ainsi qu’un support papier, qui permettront aux spectateurs d’appréhender seul le reste du parcours. » > Caroline Dunski

Visites guidées pour adultes, familles et scollaires uniquement sur réservation : 010 43 57 16 – elyane.clesse@poleculturel.be www.biennale9.be - www.pulsart.be

Vous avez dit Anthropocène ? Pour les géologues, nous entrons dans l’ère de l’Anthropocène. Elle correspond à la période de l’histoire de la Terre qui aurait débuté à la révolution industrielle, lorsque l’activité humaine a commencé à avoir un impact significatif sur le climat et l’environnement terrestre. Cette notion est aujourd’hui controversée d’un point de vue strictement géologique. Néanmoins, elle met en lumière l’influence de l’être humain sur la biosphère et son impact devenu une « force géologique » majeure, capable de marquer la surface de la terre et la transformer. À travers cette Biennale, les commissaires proposent aux spectateurs, élèves et professeurs de réfléchir à un Retour sur Terre… Comment (re)faire du « commun » dans les sphères sociale, artistique, culturelle et politique pour faire face aux nouveaux défis environnementaux et sociaux ? Selon la philosophe Émilie Hache « Il n’y a pas d’autres planètes à coloniser, il nous faut réapprendre ce que veut dire penser/agir/connaitre/imaginer ou encore habiter sur Terre… »

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Portrait d’artiste

Chloé Coomans, entre les larmes et les étoiles Pendant plusieurs semaines, la soucoupe de Chloé Coomans s’est posée sur les places de villages de l’Est du Brabant wallon, dont Perwez qu’elle habite depuis cinq ans. À cette occasion, l’ancienne gare a aussi accueilli son exposition « La rhétorique des larmes ». Rencontre avec la sculptrice.

Contactée par le Centre culturel du Brabant wallon pour créer une œuvre monumentale et mobile qui accompagnerait chaque « Scène de villages », Chloé Coomans imagine The Starship, une soucoupe que petits et grands peuvent emprunter pour un voyage intergalactique dans l’imaginaire. Le permis de pilotage étant délivré par le Magic Land Théâtre dans un moment de rire et de bonne humeur. Après avoir passé sa vie à attendre sa mère près de l’Académie des Beaux-Arts de Wavre, elle y est entrée et a exploré les différents ateliers. Dès l’âge de 14 ans, Chloé Coomans s’inscrit directement dans l’atelier sculpture de l’École des Arts de Braine-l’Alleud, destiné aux adultes. Après ses études secondaires, frustrée du cloisonnement pratiqué entre les différentes disciplines dans les écoles d’art, elle part étudier en France… pour revenir au bout de trois mois convaincue : « c’est décidé, ce sera bien la sculpture ! ». En 2011, Chloé remporte le 7e Prix de la jeune sculpture. Aujourd’hui, bien qu’elle développe d’autres pratiques, telles la céramique ou la sérigraphie, elle parvient difficilement à détacher d’elle l’étiquette

de sculptrice monumentale en espace public. À Perwez, l’artiste a redonné vie à l’ancienne usine électrique devenue son logement et ses ateliers. Elle y crée et anime des ateliers pluridisciplinaires pour tous les publics avec l’illustrateur Giatch.

Raconter des histoires En juillet dernier, pendant l’évènement « Destination Perwez », l’occasion lui est donnée d’enfin présenter son travail à ses concitoyens, dans les différents espaces de l’ancienne gare transformée en lieu d’exposition. Faite d’installations de sérigraphies, de porcelaines, de vidéo et de sculptures, La rhétorique des larmes raconte des récits qui forment une seule et même grande histoire. Chloé s’y insurge contre la guerre et rend hommage à son père, récemment disparu. Celui qui lui a toujours appris à regarder les choses avec poésie. « À travers les larmes, énormément de choses se racontent. On peut pleurer pour des dizaines de raisons différentes. Par tristesse profonde, mais aussi parce qu’on ressent des émotions extrêmes de joie, un choc esthétique... » L’œuvre de Chloé Coomans est d’une grande poésie lyrique. Elle offre une approche

subjective et romantique des choses et du monde. « Comme artiste, ce que l’on crée est toujours lié à ce que l’on vit. J’ai envie de ramener ma création à l’universel. Je choisis mes matériaux en fonction de mes états d’âme et de ce que je veux raconter. Avec le métal, on entre dans une petite guerre, on fonctionne un peu comme une ‘warrior’, on se bat. Raison pour laquelle j’aime retourner à la terre et au feu, avec la céramique, avec son côté alchimie où la fusion transforme la matière. J’utilise le métal comme un dessin en trois dimensions dans l’espace et j’utilise toujours le blanc pour rendre les choses encore plus légères. J’ai parfois aussi envie de parler du côté noir de la vie. » Chloé Coomans est née pour créer. Grâce à sa pratique, elle a l’occasion de partir en résidence et d’exposer dans le monde entier. Pour autant, elle aime partager son savoir-faire dans le cadre de stages et d’ateliers qu’elle propose toute l’année aux enfants, aux adolescents et aux adultes. En effet, l’apport de ces stages, ainsi que les commandes artistiques par les opérateurs publics et culturels, restent essentiels pour lui permettre de poursuivre son travail de création… > Caroline Dunski

Les derniers rendez-vous de Scène de villages Les places de villages, lieux de rencontre et de convivialité, s’égayent autour de spectacles, concerts, mises en lumière et animations gratuites pour tous. > Le samedi 9/9 : Beauvechain Place de Nodebais Avec Nos petites vacances, un spectacle de et par Philippe Vauchel, un voyage dans l’épique, le mythique, le comique, voire le cosmique, et une balade aux flambeaux en musique.

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> Le samedi 14/10 : Hélécine Place de Linsmeau Avec un concert de musique classique éclairé à la bougie et Halte aux Thuyas, un spectacle désopilant sur l’identité brabançonne. Programme complet : www.scenedevillages.be


(c) Valérie Burton

agenda 09/17 épinglé pour vous…

ve 8/9 à 20h, à Ittre / musique Rock for life La salle de concert Zik Zak accueille une soirée cover, avec Machine, Gun qui joue AC/DC, et Seattle 90, cinq musiciens qui vous embarquent dans un voyage vers le début des années 90, avec tous les morceaux rock emblématiques. Objectif de la soirée : recueillir des fonds destinés à soutenir la recherche contre le cancer. www.rockforlife.be sa 9/9 à 11h30 et 15h, à Waterloo / jeune public La (petite) Flûte enchantée Cet opéra immersif et participatif pour les enfants et leur famille fait appel à l’imagination et la créativité : le public évolue dans l’histoire et l’histoire évolue elle aussi, au gré de la musique éternelle de Mozart. La petite flûte est l’occasion de découvrir l’œuvre sous des angles parfois surprenants ! 02 352 01 17 – www.musicchapel.org sa 9/9 dès 12h, à Tubize / musique L’Antistatic Festival Dirty Wolfgang, Psykokondriak, The Vectors, Mingawash, Loic Joseph et The Mighty Patch Dub crew composent l’affiche de la 9e édition du festival organisé par la Maison des jeunes de Tubize. 0475 57 80 88 – www.mjantistatic.be sa 15/9 et sa 16/9, à Braine-le-Château / musique Shamrock 2017 Les cultures folk et celtique seront mises à l’honneur à travers une musique festive qui séduit un très large public. À l’affiche, des groupes émergents et prometteurs, mais aussi des talents reconnus et des valeurs sûres comme Tri Yann ou The Rumjacks. www.associationbraineculture.be di 17/9 à 16h, à Rebecq / jeune public La princesse au petit pois Il était une fois un « prince heureux à l’envers » qui, pour être « le plus à l’endroit possible », voulait épouser une vraie princesse. Mais où trouver une Princesse et comment être tout à fait sûr qu’elle est vraie ? La version impertinente et virevoltante choisie par la Compagnie Dérivation s’amuse allègrement du conte initial où la morale finale est assurée par un minuscule légume. Jouant de la mécanique du vrai et du faux, elle pousse à l’absurde cette histoire de famille, d’amour et de châteaux. Dès 6 ans – Gratuit – 067 63 70 67 www.rebecqculture.be

culture BW

invitation Halte aux Thuyas Spectacle à domicile

d’abord un récit de vie, mais la rencontre entre deux êtres humains, qui opère sur chacun une transformation inattendue... 0800 25 235 – www.atjv.be sa 23/9 à 20h30, à Beauvechain / théâtre La Fenêtre d’en face Valérie Bienfaisant raconte sept histoires désarçonnantes, poétiques, drôles et cruelles, adaptées d’un recueil de nouvelles d’Henri Gougaud. Départements et territoires d’OutreMort montre des personnages ancrés dans des situations familières qui, soudain, basculent dans l’inattendu, le stupéfiant, le fantastique. Ces histoires sont comme des fenêtres grandes ouvertes sur le mystère de la vie, elles conduisent le spectateur dans le monde bouillonnant de l’invisible, l’inexploré et, pourtant, provoquent un sentiment savoureux et inquiétant de « déjà vécu ». 010 81 41 47 – marie@conteetlitterature.be di 24/9 à 15h, à Wavre / danse Corps Confiants Dans le cadre des Kidsunday’s, parents et enfants sont invités à découvrir la danse contact, avec deux danseurs et un musicien. Le corps – notre premier outil de vie – et ses facultés d’écoute, sont mis sur le devant de la scène. Par le mouvement, la parole et avec la complicité de la musique, cette performance dansée nous invite à décrypter et découvrir la chorégraphie qui s’écrit dans l’instant. Chaque spectacle est suivi d’un goûter réalisé avec des produits issus de l’agriculture biologique. Un moment au cours duquel parents et enfants peuvent échanger leurs impressions ! À partir de 5 ans – 010 22 48 58 – www.columban.be

Cynthia et Jean-Patrick, fonctionnaires atypiques de la Fédération Wallonie-Bruxelles, partent à la découverte du Brabant wallon. En résulte un spectacle drôle et désopilant sur l’identité brabançonne. À découvrir chez Catho Hensmans à Jodoigne et chez Jérôme Jadot à La Hulpe, qui transforment leur salon en salle de spectacle.

> Le 15 septembre à Jodoigne > Le 29 septembre à La Hulpe > Le 14 octobre à Hélécine, dans le cadre de Scène de villages 010 62 10 59 – www.ccbw.be

ve 29/9 à 20h, à Villers-la-Ville / musique De Bach à Monteverdi Agilité, souplesse et force émotionnelle font de la soprano française Claire Lefilliâtre l’une des meilleures interprètes du répertoire baroque. Connue pour avoir collaboré à de nombreuses reprises avec l’ensemble Le Poème Harmonique, elle brille par son talent, son art de la couleur et des atmosphères poétiques. Avec l’organiste, mais aussi compositeur, Benoît Mernier, elle explore toutes les facettes du répertoire baroque italien et allemand. 0499 43 64 99 brabantwallon@lesfestivalsdewallonie.be

Cet agenda est absolument incomplet ! Consultez nos articles et Culturebw.be, vitrine de la culture en Brabant wallon

du 16/9 au 3/10, à Louvain-la-Neuve / théâtre Callas, il était une voix Sur le ton de la confidence, un journaliste raconte les moments clés de la vie de la diva, révélant un parcours d’artiste et de femme jalonné de surprises. Car la pièce n’est pas

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invitation

portrait

Agréation P102024–Exp.–édit. resp. : Edith Grandjean 3, rue Belotte 1490 Court-Saint-étienne–Bureau de dépôtt : Bruxelles

à l’agenda Nos prochaines activités

> 9 et 10 septembre. Exposition, conférence et balades à pied et à vélo. Traces passées et tracés à venir de la mobilité en Brabant wallon, à l’ancienne gare de Court-Saint-Étienne. Dans le cadre des 29e Journées du Patrimoine de Wallonie. - Exposition De voies en voies : l'évolution du transport à CourtSaint-étienne - Balades (à pied et à vélo) à la découverte de l'empreinte des modes de transport sur le paysage stéphanois - Conférence Mobilité en mouvement en Brabant wallon, par Pierre Tacheron, directeur de Transitec.

> 24 novembre. Midi de l’urbanisme. La suroffre guette-elle déjà le marché de l'appartement en Brabant wallon ?

> 29 et 30 septembre. Visite guidée. Découverte de la ville d’Amiens : urbanisme et architecture pour le renouveau d’un territoire (complet - liste d’attente)

> Décembre (date à confirmer). Visite guidée. « D’écoles en écoles : l’architecture au service de l’éducation. » En compagnie de quelques architectes dont le travail est présenté dans le tome 17.

> 15 décembre. Publication et remise de prix. Sortie du tome 17 de la collection Architectures, consacré à l’architecture scolaire en Brabant wallon. Un ouvrage d’Anne Norman édité par le Brabant wallon en collaboration avec la Maison de l’urbanisme du Brabant wallon. Remise du Prix de l'urbansime et de l'architecture en Brabant wallon.

> 3 octobre. Formation. Le CoDT pour les CCATM : continuité et innovations. Par l’avocat Bernard Paques, à la Ferme du Biéreau à Louvainla-Neuve. Réservée aux membres des CCATM.

Retrouvez des informations plus détaillées sur nos activités (dates, réservations) en allant sur notre site web mubw.be ou sur notre page Facebook.

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