Espace-vie n°297 | Juillet 2020 | Les destins croisés d’Ottignies et Louvain-la-Neuve

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COMPRENDRE

EXPLORER

APPRENDRE

La fastidieuse route d’un projet immobilier

La Métamorphose des quatre façades

Explorer de nouveaux horizons

espace

La revue qui décode les enjeux territoriaux du Brabant wallon

Les destins croisés d’Ottignies et Louvain-la-Neuve Quel avenir pour nos communes ? (2/5)

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Juillet 2020 Bimestriel


sommaire

avant-propos

Vos nouvelles rubriques On approfondit une

thématique nouvelle qui suscite le débat.

découvrir

On part à la découverte d’initiatives positives tournées vers l’avenir et vers un développement durable du territoire.

comprendre explorer

apprendre

Les destins croisés d’Ottignies et Louvain-la-Neuve

respirer

Timidité des cimes

MétamorpHOUSE : quatre façades, plusieurs vies ?

respirer

Marcher, créer, expérimenter

répondre

Espace-vie propose à ses lecteurs un éclaircissement sur une question que l’on peut se poser dans son quotidien en matière de cadre de vie.

rencontrer

Portrait d’une personnalité ou d’un citoyen actif dans le monde de l’aménagement du territoire en Brabant wallon.

explorer

L’idée est de partir à la découverte d’initiatives originales expérimentées en dehors du Brabant wallon et de voir comment elles pourraient servir d’exemples pour le Brabant wallon.

comprendre

La fastidieuse route d’un projet immobilier apprendre

« La crise a démontré la pertinence de notre travail »

Il s’agit de décrypter un enjeu, une prise de position, une politique. On prend le temps d’analyser la situation.

apprendre

Explorer de nouveaux horizons

agenda

Des nouveaux quartiers pour éviter l’étalement ?

découvrir

évoluer

On jette un regard sur un sujet traité par le passé et on le confronte aux réalités actuelles.

débattre

Espace-vie s’ouvre à ses lecteurs et propose un espace de confrontation des points de vue.

respirer

Une image marquante qui possède une histoire forte.

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Quand l’entreprise redécouvre la nature

maisonurbanismebw Linkedin.com/company/la-maisonde-l-urbanisme-du-brabant-wallon

La quête de places Wavre, Waterloo, Braine-l’Alleud ou encore Ottignies. La plupart des grandes villes du Brabant wallon souhaitent aujourd’hui aménager une place au cœur de leur centreville. Un espace qui ferait office de lieu de rassemblement, de lieu de célébration, de lieu festif voire de lieu symbolique. Une quête bien dans l’air du temps. Bon nombre d'édiles communaux souhaitant désormais développer des villes apaisées où la mobilité douce est plébiscitée. Si les intentions sont bien présentes, leur concrétisation est bien plus aléatoire. Au final, ces dernières années, seule Nivelles a réussi en Brabant wallon à se doter d’une GrandPlace qui vaut le détour. Et ce, au prix toutefois de nombreuses polémiques, recours et autres craintes de riverains et commerçants. Des griefs qui se sont envolés aujourd’hui, vu la réussite de cette transformation. Si la place de village a longtemps été considérée comme le lieu central, l’urbanisation toujours plus grande des villes et villages de même que le manque d’aménagements structurels ont entrainé un grand vide en la matière. Rattraper les erreurs du passé et, surtout, vivre avec son temps semblent être les nouveaux leitmotivs. Diminuer la présence de la voiture dans ces centres-villes et réorienter le trafic vers des axes secondaires seront les corollaires de cette réussite. Reste que ces beaux discours ou plans d’aménagement devront maintenant être suivis de réalisations concrètes. Et c’est là que cela pourrait coincer. Certains commerçants ou riverains étant encore craintifs devant ce changement de paradigme. Même les nombreux exemples belges et étrangers ne suffisent parfois pas à démontrer l’évidence de ces aménagements. Outre l’amélioration de la qualité de vie, l’aménagement de ces places centrales se traduit également par une quête d’identité. Car il s’agit aussi d’une manière de définir ses ambitions, sa vision de la société voire ses axes politiques. À ce titre, en constatant le paysage actuel, il ne fait aucun doute que les priorités ont été mises ailleurs ces dernières années en Brabant wallon. Xavier Attout

Espace-vie est la revue bimestrielle de la Maison de l’urbanisme – Centre culturel du Brabant wallon ( janvier, mars, mai, juillet, septembre et novembre). Elle traite de sujets relatifs à l’aménagement du territoire, à l’urbanisme et aux enjeux culturels en Brabant wallon. Créée en 1989, Espace-vie est indépendante de tout parti politique et dispose d’une entière liberté éditoriale.

Éditeur responsable : Nicolas Van der Maren - Rédacteur en chef : Xavier Attout (x.attout@ccbw.be) - Rédacteurs : Caroline Dunski (c.dunski@ccbw.be), Karima Haoudy (k.haoudy@ccbw.be) - Avec la contribution de : Joëlle Rigaux, Agnès Chevalier, Maureen Schmetz Équipe de la Maison de l’urbanisme : X. Attout, A. Chevalier, K. Haoudy, M. Schmetz - Président de la Maison de l'urbanisme : Mathieu Michel - Maquette : Louise Laurent (www.louiselaurent.be) - Mise en page : Louise Laurent - Dessins : Marco Paulo - Imprimeur : Artoos Group - IPM Printing - Tirage : 7 000 exemplaires - Adresse : 3, rue Belotte, 1490 Court-Saint-Étienne - Contact : 010 62 10 50 ou m.urbanisme@ccbw.be - www.mubw.be - www.ccbw.be Espace-vie est publié avec le soutien de la Wallonie et du Brabant wallon. La revue est envoyée sur demande et gratuitement aux habitants du Brabant wallon, abonnement de 12 euros/an hors Brabant wallon. Ne peut être vendu. Si vous préférez recevoir Espace-vie en version numérique, n’hésitez pas à nous le signaler. Toute reproduction partielle ou totale nécessite une autorisation préalable de l’éditeur responsable. La clôture de ce numéro s’est déroulée le 7 juillet 2020. © Photo de couverture : Globalview Espace-vie est imprimé sur du papier recyclé dans une imprimerie climatiquement neutre. Les émissions de CO2 sont neutralisées à 100 % par le biais de plantations d’arbres. L’emballage qui entoure la revue lors de l’envoi est en maïs.

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apprendre

en bref


en bref

Une aide pour revitaliser les centres-villes

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La redynamisation commerciale des noyaux urbains est un enjeu important des villes et villages de Wallonie. Tubize, Nivelles, Wavre et Jodoigne vont bénéficier d’une aide du Gouvernement wallon pour lutter contre les cellules vides situées en centre-ville. De quoi ramener de la vie dans les centres urbains. L’objectif de ce plan « Creashop-plus » est de permettre l’ouverture de commerces de proximité via une aide de 6 000 euros. La Hulpe pourrait également bénéficier de cette aide d’ici septembre.

Les Arènes du Territoire

Le centre de Wavre apaisé L’hypercentre de Wavre est passé en zone 30. Une mesure temporaire prévue dans un premier temps jusque fin aout. Des rues cyclables ont également été aménagées. La zone 30 retenue concerne la rue du Chemin de Fer, la rue du Pont du Christ, la rue de Nivelles et la rue Haute, ainsi que la place Cardinal Mercier et la rue de Bruxelles. Du mobilier urbain sera disposé pour favoriser l’apaisement du trafic. « Définir une zone plus grande aurait entrainé des aménagements plus importants et n’était pas réaliste dans l’immédiat », estime l’échevin wavrien de la Mobilité, Paul Brasseur. Ajoutons qu’une centaine de range-vélos seront également installés.

Retrouvez tout le contenu d'Espace-vie, de nouvelles informations, des vidéos et autres infographies sur notre site internet espacevie.be

L’envol de l’habitat léger Le confinement a donné des envies d’ailleurs à certains. Les demandes de renseignements pour implanter des habitats légers (yourte, tiny house, etc.) en zone agricole se sont multipliées ces dernières semaines. Tant auprès des communes que des services de la fonctionnaire déléguée du Brabant wallon. Des demandes qui se heurtent le plus souvent aux limites du plan de secteur, qui n’autorise pas ce type d’implantation en zone agricole. Pour rappel, un permis d’urbanisme est obligatoire. Pour le reste, l’habitat léger poursuit son chemin vers la reconnaissance officielle avec l’adoption récente par le Gouvernement wallon de règles de salubrité applicables aux habitations légères.

Le centre de Genappe en zone 30 Une expérience qui se prolongera jusque fin septembre. Une vingtaine de rues sont concernées. Une manière de favoriser la cohabitation entre modes doux et voitures pendant cette période qui prône la distanciation physique. Cette mesure sera éventuellement prolongée après évaluation.

Accélérer la gestion des permis Quatre organismes s’associent pour lancer un appel commun à destination de l’ensemble des villes et communes wallonnes. « Vu le contexte post-Covid, il est essentiel de continuer à fluidifier la gestion des demandes de permis d’urbanisme », clament l’Union professionnelle du Secteur immobilier, la Confédération de la Construction wallonne, l’Union wallonne des Architectes et l’Union wallonne des entreprises. Comment y parvenir ? Le quatuor propose de faciliter l’organisation de réunions de projets, de fluidifier la gestion des accusés de réception, d’optimaliser l’organisation des enquêtes publiques ou encore d’accélérer la remise des avis par les instances d’avis et de recours.

Réinventer sa mobilité La Province du Brabant wallon propose désormais aux résidents et travailleurs de la province de réinventer leur mobilité domiciletravail. Cela passera par un programme d’accompagnement sur mesure mis en place par un coach. Il réfléchira avec le candidat à la meilleure solution de déplacement alternative à la voiture individuelle. Ajoutons que pendant la période de test, il est possible d’obtenir le prêt gratuit de vélo (classique, électrique, cargo, pliant) ou de trottinette. Infos : www.brabantwallon.be

Les urbanistes vont être sous pression, écartelés entre la densification, essentielle pour le développement durable et la désagrégation des populations pour éviter la transmission du virus. Richard Sennett, sociologue américain, dans le Guardian.

En vue d’appréhender les enjeux de taille que sont la réduction de l’artificialisation des sols et la maitrise de l’étalement urbain, le Gouvernement wallon a établi un dense programme d’actions en lien avec sa Déclaration de Politique régionale. Ce programme est à la mesure des effets pluriels (paysagers, écologiques, économiques…) produits par ces phénomènes et s’articule notamment autour d’un groupe d’experts chargé d’élaborer une méthodologie de mesure de l’étalement urbain. Nous vous en parlions dans le n°295 d’Espace-vie. Parallèlement à ce groupe de travail, des Arènes du Territoire seront mises en place sur l’ensemble de la Wallonie. À la manœuvre : les huit Maisons de l’urbanisme, accompagnées des SPW Territoire et Développement durable, ainsi que du cabinet du ministre Willy Borsus, en charge de l’Aménagement du territoire. Objectifs : rassembler, en un lieu de débat, un panel d’acteurs engagés, représentatifs de la diversité du paysage de l'aménagement et du ménagement du territoire en Brabant wallon (fonctionnaires, élus, militants associatifs, professionnels, experts, CCATM, etc.) qui échangeront sur les enjeux cardinaux que constituent la réduction de l’artificialisation des sols et de l’étalement urbain à l’horizon 2050. Notre Maison de l’urbanisme participera à ce programme en organisant plusieurs séances de débat. Nous vous tiendrons au courant, dans les prochains numéros d’Espace-vie, des résultats de ces travaux gravitant autour d’un enjeu qui questionne l’habitabilité du monde de demain.

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Le nombre de plaques « Ici commence la mer… » installées en Brabant wallon pour lutter contre l’incivisme des citoyens et préserver les rivières de la pollution. Une initiative de la Société publique de gestion de l’eau et du Contrat de rivière Dyle-Gette.


apprendre

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Espace-vie se plonge ces prochains mois dans le devenir des cinq grandes communes du Brabant wallon. Après Braine-l’Alleud, on s’attarde sur Ottignies-Louvainla-Neuve, tiraillée entre une entité qui fait office de locomotive du Brabant wallon et une autre qui peine à se réinventer. Un point commun tout de même : la multitude de projets dans les cartons. (Série 2/5) Texte : Xavier Attout - Globalview et X.A.

Ottignies, terre de friches et de transformations.

epuis une quinzaine d’années, les développements d’Ottignies et de Louvain-la-Neuve suivent des chemins quelque peu différents. Difficile de ne pas remarquer que Louvain-la-Neuve attire désormais tous les projecteurs en Brabant wallon. Voire même en Wallonie. De quoi en faire en quelque sorte une capitale provinciale qui n’en porte pas le nom. À elle les projets emblématiques, qu’ils soient résidentiels, culturels, économiques ou commerciaux. À elle les ambitions architecturales. À elle une attractivité sans précédent. Mais à elle également les prix exorbitants du marché immobilier – un appartement neuf à plus d’un million d’euros a été vendu l’an dernier dans le cadre du projet Agora –, faisant désormais presque passer cette festive ville étudiante pour un refuge pour personnes aisées. Et plutôt âgées. À côté de cette fringante cité d’une cinquantaine d’années, Ottignies fait plutôt pâle figure. Elle dispose bien d’importants projets dans ses cartons mais ne peut, pour l’heure, mettre aucune réalisation concrète sur la table. « De nombreuses études sont lancées actuellement, que ce soit pour le quartier de la gare ou le centre-ville d’Ottignies, lance Julie Chantry, bourgmestre d’Ottignies-Louvain-la-Neuve depuis 2018. Cela prend du temps mais il est nécessaire de passer par cette procédure de réflexion et de consultation citoyenne. Nous sommes en tout cas loin de rester les bras croisés. » Deux projets résidentiels majeurs devraient bouleverser le centre d’Ottignies. L’un à proximité de la gare et baptisé Samaya. Le promoteur BPI souhaite développer 900 logements sur un terrain de 10 hectares. Une première demande de permis est en cours. L’autre projet est situé sur le site de l’ancienne usine Bétons Lemaire, à proximité de la gare de Céroux-Mousty. Sur un vaste terrain de 8,4 ha, Matexi espère construire un nouveau quartier de 600 logements. Le dossier est toutefois au point mort. Et devrait le rester encore quelque temps. Aucune piste ne semble se dégager pour désenclaver ce site qui ne dispose actuellement que d’une étroite voirie d’accès, le long des voies de chemin de fer. La piste du tunnel sous les voies semble complexe à réaliser sur le plan technique. « Une solution doit

être trouvée sur le volet mobilité avant de lancer ce projet, souhaite Julie Chantry. Or, rien ne semble se dégager actuellement. »

Démolir et reconstruire le Douaire La dernière nouveauté pour le centre d’Ottignies concerne le Douaire. Inauguré en 1974, rénové en 2006, ce centre commercial de 10 000 m2 ressemble actuellement à un grand bloc de béton planté au cœur de la vallée de la Dyle. Cet ensemble, de même que les 576 places de parking qui l’entourent, pourrait faire l’objet d’une importante reconfiguration. L’idée sur la table étant de le démolir, de revoir entièrement son emplacement et d’y construire à la place un nouvel ensemble comprenant des parkings au sous-sol, des commerces au rez-de-chaussée et du logement aux étages. Un projet marquant, d’envergure, qui est le fruit de réflexions citoyennes rassemblées dans le cadre de la mise en œuvre du Plan communal d’aménagement révisionnel (PCAR) et du Schéma général d’aménagement du centre d’Ottignies. « Il est temps de doter Ottignies d’un véritable centre et de proposer un projet ambitieux, explique Julie Chantry. L’idée est de revoir toute cette zone et de faire se croiser une trame bleue (la Dyle) et une trame verte. Cette dernière partirait du haut de la prairie Orban, traverserait le site actuel du Douaire et rejoindrait le Bois des Rêves. Un projet qui ne permet pas de garder le Douaire comme tel. L’objectif est de se doter de davantage d’espaces publics, plus agréables à vivre. Ce sera un vrai projet collectif. » Si la Ville soutient activement le projet, un seul acteur a la possibilité d’actionner ou non le levier : le propriétaire du Douaire, Axa. « Sans leur aval, rien ne se fera », confirme Julie Chantry. L’enquête publique sur ces deux outils urbanistiques sera lancée à l’automne. Un dossier qui s’accompagnera d’un autre : le réaménagement de la place du Centre. La Ville a racheté toutes les maisons de cet ilot situé entre le boulevard Martin et l’avenue Reine Astrid pour les démolir, de manière à y élaborer un projet global. Il ne reste plus qu’un propriétaire récalcitrant. Ajoutons qu’à Ottignies, la SNCB a toujours l’idée de revoir complètement l’esplanade située devant la gare (pour y développer son concept de gare

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Les destins croisés


apprendre

interview

Une population qui n’augmente pas Direction Louvain-la-Neuve ensuite, dont la gentrification ne cesse de s’accélérer. La première (213 unités) des trois phases du quartier Esprit Courbevoie (entre la gare et la N4) est en train d’être livrée. Près de 500 habitants investiront leur appartement dans les prochaines semaines.

LE REGARD DE LA FONCTIONNAIRE DÉLÉGUÉE Nathalie Smoes, fonctionnaire déléguée du Brabant wallon, et son collaborateur, Cédric Harmant. 8

« Une des particularités d’Ottignies-Louvain-la-Neuve est que la Ville a entrepris l’élaboration de nombreux Schémas d’Orientation Local (SOL). Ce sont ainsi des dizaines d’hectares qui sont amenés à évoluer, et qui modifieront profondément le paysage urbain durant la prochaine décennie. Deux types de SOL peuvent être distingués : la mise en œuvre de zones non encore urbanisées et la reconfiguration de zones déjà urbanisées ou de friches industrielles. Le plus emblématique de la première catégorie est certainement le SOL Athéna-Lauzelle, qui devrait voir naître, le long du boulevard de Lauzelle, un nouveau quartier hors des limites historiques de Louvainla-Neuve. La Ville, l’UCL et la Région veulent en faire un quartier exemplaire. Le Plan communal d'aménagement révisionnel des Droits de l’Homme, sur l’actuel parking de la gare d’Ottignies, devrait, lui, participer à la refonte complète de cette entrée de la ville pour en faire un pôle multimodal, parallèlement à d’autres projets comme la construction d’une nouvelle gare TEC

et SNCB, ou la création de nouveaux logements sur l’ancien site industriel Benelmat voisin. Le centre d’Ottignies se caractérise encore par d’importantes zones industrielles au plan de secteur, pour partie abandonnées. Le développement de l’habitat et l'évolution des enjeux depuis l’élaboration du plan de secteur posent la question de leur maintien. Le Plan communal d'Aménagement (PCA) du Douaire prévoit ainsi un renforcement de la fonction résidentielle sur le site du centre commercial et le chancre des Béton Lemaire contigu. Un autre site industriel voisin, CP Bourg, devrait connaître une transformation similaire à plus long terme. D’autres SOL sont à l’étude. Ces projets, à dominante résidentielle, amèneront plusieurs milliers de nouveaux habitants. Ils s’inscrivent dans une vision régionale de renforcement des centres. L’enjeu de la mobilité y sera central alors qu’Ottignies et Louvain-la-Neuve présentent aujourd’hui déjà une forme de saturation automobile. La question de la densité et de la mixité ne pourront donc être éludées. »

Un peu plus bas, à côté de la gare, la Ville poursuit l’élaboration du Schéma d’orientation local (SOL). Un outil qui permettait de bloquer toute demande de permis pendant trois ans. Dès le 12 septembre, Klépierre, qui dispose d’un droit d’emphytéose, pourrait donc théoriquement déposer une demande de permis pour étendre L’esplanade au-dessus des voies de chemin de fer. « Mais il ne le fera pas, pense Julie Chantry. Ce ne serait pas très stratégique. Nous espérons aboutir d’ici la fin de l’année. Le SOL déterminera les grandes lignes de ce qu’il est possible de faire sur cette zone, dont du commerce. Mais nous ne rentrons pas dans les détails. La mixité des fonctions sera le maitre-mot. » Un dossier qui est loin d’être clos. L’attractivité de Louvain-la-Neuve ne se dément en tout cas pas. Tous les promoteurs qui parviennent à y développer un projet se frottent les mains. « Cette flambée des prix n’est pas un idéal pour nous mais c’est la loi du marché, regrette Julie Chantry. Nous tentons de la contrer en développant du logement public. Ce sera notamment le cas dans le cadre du nouveau quartier durable Athéna (ndlr : 1 400 logements au total), où la société de logement public Notre Maison et l’Agence de

Julie Chantry, bourgmestre d’Ottignies-Louvain-la-Neuve

« Encore deux grands défis » Pierre Laconte, urbaniste et président de la Fondation pour l'Environnement urbain Propos recueillis par X. A.

Quel regard portez-vous sur l’évolution de Louvain-la-Neuve ?

promotion immobilière du Brabant wallon (APIBW) développeront du logement accessible (390 unités) alors que l’UCL et la Ville lanceront un Community Land Trust (140 unités). » Notons par contre que cet engouement pour Louvain-la-Neuve ne se traduit pas par une hausse de la population. Un constat étonnant quand on voit la multitude de projets d’appartements qui sont en développement. « C’est principalement lié à une problématique importante pour Louvain-laNeuve : l’augmentation des maisons unifamiliales qui sont transformées en logements étudiants ou en colocation, estime la bourgmestre. Nous essayons de lutter contre ce phénomène mais cela s’avère compliqué car nous n’avons plus d’outils légaux pour ce faire. D’autant que cela met également une pression sur le stationnement et que la cohabitation entre habitants et étudiants dans les quartiers résidentiels n’est pas toujours simple. »

Elle est conforme à ce qui a été déterminé il y a cinquante ans dans le plan directeur. Il faut reconnaitre qu’il s’agit d’un succès quand on voit l’attractivité de cette ville, tant sur le plan résidentiel, économique que commercial.

Le revers de la médaille, c’est la gentrification…

Mais c’est inévitable. Quand le terrain est rare et que la demande est élevée, nous pouvons difficilement éviter une hausse des prix. L’émergence du quartier Athéna, au croisement de la N4 et du boulevard de Lauzelle, pourrait heureusement rééquilibrer quelque peu cette situation. Ce quartier est toutefois situé à l’écart du centre-ville, ce qui est regrettable.

Quels sont les prochains défis ?

Il y en a deux. Un, Louvain-la-Neuve est actuellement dans une phase de transition. Le centre-ville, qui doit théoriquement s’étendre sur 400 ha, arrive doucement à ses limites. Il ne reste plus que trois zones à développer : de part et d’autre de la gare (du côté de L’esplanade et du Théâtre Jean Vilar) et entre le lac et l’Aula Magna. Ce seront trois projets majeurs qu’il ne faudra pas rater. Ils seront à nouveau réalisés par des promoteurs d’envergure vu les couts liés à la construction de la dalle. Cela se répercutera sur les prix de vente, qui seront à nouveau élevés. Mais rien n’empêche le propriétaire foncier UCLouvain d’insérer dans les projets un certain nombre de logements sociaux et moyens.

Et le deuxième point ?

Reconstruire les parties les plus anciennes de la ville de manière plus dense. La rue des Wallons en serait un bon exemple.

Que peut-on dire d’Ottignies ?

Le parking du Douaire, bientôt de l'histoire ancienne ?

Ottignies a été le point de départ, mais a été rattrapée et dépassée par Louvain-la-Neuve. Son développement en a malheureusement pâti. Mais il est encore possible de redynamiser ces espaces, d’autant que plusieurs projets sont sur la table. La gare d’Ottignies doit devenir un lieu central. Le passage entre la gare et le centre doit également être mieux valorisé. Je plaide pour une rénovation et une densification des maisons situées sur ce parcours. Une reconfiguration du Douaire peut être à ce titre intéressante.

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habitable, et donc munie de services), de même que l’aménagement du parking des Droits de l’Homme. Le budget avancé par la SNCB étant toutefois loin du budget escompté, le projet sera donc bien plus minimaliste.

Il est temps de doter Ottignies d’un véritable centre et de proposer un projet ambitieux. L’idée est de revoir toute cette zone et de faire se croiser une trame bleue et une trame verte. Un projet qui ne permet pas de garder le Douaire comme tel.


respirer

comprendre

d’un projet immobilier Le temps long en urbanisme se mesure à l’aune de projets immobiliers qui mettent habituellement plus de quinze ans pour voir tous leurs habitants arriver. Démonstration avec trois projets emblématiques. Texte : Xavier Attout

Tubize QUARTIER DES CONFLUENTS

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Appel à projets UCL : 2008 Promesse de bail emphytéotique : 2011 Procédure urbanistique : Permis de lotir délivré en décembre 2013

Phase 1 Obtention du permis d’urbanisme : hiver 2018 Première pierre : automne 2018 Date de livraison : automne 2020

© Nicolas da Silva Lucas

Timidité des cimes C’est la version toute poétique de la distanciation physique par laquelle les arbres se rapprochent sans jamais se toucher. Ce principe botanique a inspiré le projet, encore suspendu dans les cimes du rêve, du propriétaire de la parcelle où émerge, à Chastre, un noyer commun dit Juglans regia, classé comme Arbre remarquable. Hissé à près de 25 mètres, l’arbre s’appuie sur un système racinaire

qui se déploie sur une largeur six fois plus grande que la couronne, foisonnante. Ce témoin centenaire aurait disparu du paysage si la pugnacité du propriétaire n’avait été au rendez-vous. Ce même propriétaire a imaginé, à partir de cet arbre, un projet d’architecture humble et innovant : la Maison du Noyer. Une maison semi-souterraine, entièrement bioclimatique. Dans le sillage des

utopies architecturales et des racines profondes de l’habitat troglodytique, la Maison du Noyer s’insère dans la terre et repose sur les ressources fécondes de la nature et de l’innovation (technologie solaire pérovskite, isolation, autonomie énergétique, etc.). Une inscription souterraine pour une architecture du 3e millénaire qui, à l’image de la timidité des cimes, habite la terre. K. H.

Phase 2 Obtention du permis d’urbanisme : mars 2020 Début du chantier : septembre 2020 Date de livraison : été 2023 Phase 3 Permis d’urbanisation : introduit en octobre 2019 Permis d’urbanisme : à introduire Date de livraison : 2025 (estimation) Promoteurs : Besix Red et Thomas & Piron Bâtiment Développeur : REIM Superficie : 3,2 ha Appartements : 450

Genval PAPETERIES DE GENVAL Achat du terrain : 2005 Procédure urbanistique : Plan communal d'aménagement dérogatoire (PCAD) approuvé en 2009

Phase 1 Obtention du permis : septembre 2012 Début du chantier : 2013 Date de livraison: été 2015 Phase 2 Obtention du permis : été 2015 Début du chantier : avril 2016 Date de livraison de la seconde phase : 2018 Phase 3 Obtention du permis : 2018 Début du chantier: 2019 Date de livraison : 2021 Promoteur : Equilis Superficie : 9,36 ha Appartements : 491 unités Commerces : 15 000 m²

Achat du terrain : 1997 Lancement de la reconversion : 2007 Procédure urbanistique : dépollution, reconnaissance comme Site à réaménager en 2009, Master Plan adopté en 2013

Phase 1 Obtention du permis : automne 2019 Pose de la première pierre : mars 2020 Date de livraison : automne 2023 Phase 2 Début du chantier : automne 2025 Date de livraison : automne 2026 Phase 3 Début du chantier : automne 2027 Date de livraison : automne 2028 Phase 4 Début du chantier : automne 2029 Date de livraison : automne 2030 Propriétaire : Duferco Wallonie Promoteurs : Samfi-Invest et DCI Superficie : 12,6 ha (87 ha au total) Appartements : 671 unités Commerces : 12 500 m2 Total Master Plan : 2 500 unités

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Louvain-la-Neuve ESPRIT COURBEVOIE


apprendre Il ne faut pas nécessairement des appartements plus spacieux mais des espaces communs plus généreux. La tentation d’aller vers un mieux semble inévitable. Nous allons vers des logements plus qualitatifs.

la pertinence de notre travail

Benoit Moritz, architecte-urbaniste

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La crise sanitaire fera-t-elle évoluer les pratiques urbanistiques ? Elle a en tout cas accéléré la perception par le grand public de bon nombre de principes éculés en la matière. Reste à voir si les retombées seront à la hauteur des enjeux. Texte : Xavier Attout Photo : Atelier d'architecture DDV

L

es concepts sont détaillés en long et en large depuis près de dix ans par la plupart des urbanistes. Tendre vers une ville durable, résiliente, conviviale, de proximité, où les espaces verts et les espaces publics sont les points centraux de nouveaux espaces urbains. Des concepts pour lesquels certains citoyens et politiques ne prêtaient qu’une attention toute relative jusqu’à présent. Renvoyant le plus souvent les urbanistes à leur master plan et autres études. Depuis lors, le confinement est passé par là. De quoi accélérer les réflexions, tout en donnant à ces grands principes urbanistiques une exposition

médiatique à nulle autre pareille. « Je ne sais pas si cette situation fera que nous serons davantage écoutés à l’avenir, explique l’architecte-urbaniste Benoit Moritz, qui s’est fendu ces derniers jours avec quelques acolytes de trois cartes blanches particulièrement éclairantes sur le sujet. Par contre, j’ai constaté que les principes urbanistiques que nous considérions jusqu’à présent comme évidents ont démontré leur pertinence. En ce sens, le confinement a, il est vrai, accéléré le mouvement. » Et Benoit Moritz de rappeler que de nombreux concepts qui font sens aujourd’hui ont en fait parfois déjà été étudiés il y a bien longtemps. Comme la problématique des transports en commun en surface dès… 2005. Ou l’impact des espaces verts sur la qualité de vie un peu plus tard.

Des logements plus qualitatifs Affirmer que le travail des urbanistes sera facilité à l’avenir semble encore prématuré. Mais l’horizon se dégage quelque peu. « Les réflexions de ces dernières semaines ont surtout concerné

les villes, explique celui qui a cofondé le bureau d’études et de projets MSA. Mais le Brabant wallon et les villes wallonnes sont également concernées, même si l’échelle est différente. Il est vrai que, en Brabant wallon, les centres-villes sont avant tout fonctionnels. Seules Wavre et Nivelles ont une configuration bien définie. Mais cela n’empêche pas de réfléchir sur la manière de mieux vivre ensemble. » Les politiques de densification des centres urbains agitent les pensées de la plupart des responsables brabançons depuis plus de quinze ans. La crise sanitaire renversera-t-elle le concept, relançant dans la foulée le débat sur l’étalement urbain ? Si certains avis sont partagés, Benoit Moritz se veut plus tranchant : « Une idée à déconstruire est de croire que le virus s’est propagé dans les villes denses. C’est faux. Je plaide toujours pour une densification forte. Par contre, il faut dorénavant travailler sur les espaces communs en les rendant beaucoup plus généreux. Un exemple : les couloirs dans les immeubles devraient

être bien plus larges (2,5 mètres au lieu de 1 mètre) pour permettre de mieux se croiser et de se donner de l’air. Il faut arrêter avec les cages à poules. Il ne faut pas nécessairement des appartements plus spacieux mais des espaces communs plus généreux. La tentation d’aller vers un mieux semble inévitable. Peu de personnes seront encore attirées par des logements dépourvus de terrasses, par exemple. Nous allons vers des logements plus qualitatifs. » Vers quel type d’urbanisme allons-nous à l’avenir ? De nombreux concepts sont apparus ces derniers mois. Benoit Moritz veut quant à lui mettre en avant celui de l’urbanisme résilient. « Les espaces publics sont des biens communs bien plus fondamentaux que des infrastructures exclusivement dédiées à la voiture et au shopping. Il faut les renforcer, tout comme il faut favoriser les circuits courts et les commerces de proximité. Enfin, supprimons les inégalités sociales dans les conditions d’habitation. Je pense que nous sommes à un momentum pour y parvenir. Et le Brabant wallon peut aussi être ce laboratoire. »

Pour aller plus loin Retrouvez les trois cartes blanches qu’il a cosignées sur le site www.lesoir.be Le coronavirus va-t-il révolutionner l’architecture ? www.arte.tv


découvrir

redécouvre la nature

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À Nivelles, le bureau d’architectes helium3 a mis en application son approche novatrice des bâtiments industriels. Celle de la biophilie, qui vise à reconnecter architecture et nature. Un projet qui fait la part belle au vivant, grâce notamment à une large toiture végétale intensive qui attend les premières floraisons de son pré fleuri. Texte : Xavier Attout Photo : Valentin Bianchi

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es plants sont désormais visibles depuis la rue. Ils sortent doucement de terre, laissant apparaitre les premiers effets de la toiture végétale qui recouvre une partie du toit de ce bâtiment industriel situé dans le Parc d’activité économique de Nivelles-Sud. D’ici quelques semaines, le résultat devrait être encore plus probant, les essences indigènes s’étant davantage développées. De quoi permettre aux insectes de se régaler. « Il s’agit d’une toiture végétale intensive et non d’une toiture extensive, explique l’architecte Cédric Ballarati, associé-fondateur du bureau helium3. La différence, c’est qu’il s’agit ici d’un véritable petit jardin de vie et que la couche de substrat de la toiture végétale intensive est beaucoup plus épaisse ( jusqu’à 50 centimètres). Nous y avons semé des prés fleuris qu'on laissera pousser à 80 cm de haut pour que cette végétation soit visible des environs et puisse servir d’exemple. Elle permet également de ralentir les infiltrations d’eau dans le sol et de ne pas tout renvoyer vers le collecteur. Une manière aussi de recréer des habitats pour qu'insectes et oiseaux fréquentent les lieux. »

Cette toiture est l’un des éléments marquants d’un nouveau projet architectural développé par ce bureau d’architecture liégeois. Il s’agit d’un bâtiment de 1 200 m2 destiné à l’entreprise Pro Safety, spécialisée dans les équipements de protection individuelle, à l’étroit dans ses précédents locaux. « Nous ne voulions pas ériger un bâtiment industriel classique, sorte de grande boite sans âme, explique Serge Cabay, directeur général de Pro Safety, qui a investi ses nouveaux locaux fin 2019. On en retrouve tellement dans les zonings. L’idée de faire appel à ce bureau d’architectes était donc de donner une identité au bâtiment et, par conséquent, à l’entreprise. Nous avons été beaucoup plus loin que ce qui était imaginé au départ, en ajoutant un important volet nature et biodiversité. Nous n’avions aucune obligation de franchir ce pas mais il y a une satisfaction à participer à quelque chose qui est bon pour l’environnement. Et cela améliore encore davantage la qualité de vie dans nos bureaux. »

Nous avons développé un projet qui a du sens, qui permet de favoriser la vie animale et végétale dans un contexte industriel. Les matériaux utilisés pourront être réutilisés dans 50 ans. Nous avons également amené de la biodiversité et de la nature dans le bâtiment. Cédric Ballarati, architecte-associé chez helium3.

Des matériaux écosourcés Contrairement aux prescrits urbanistiques de l’intercommunale in BW, qui gère le parc d’activité économique, le hall de stockage a été installé à front de rue tandis que les bureaux ont pris place à l’arrière, de manière à pouvoir profiter de la magnifique vue sur les champs avoisinants. La teinte rouge du béton qui enveloppe le bâtiment

L'architecture du batiment a été dessinée autour de ce bucida.

fait écho à l'activité de l'entreprise et contraste avec le bois teinté de noir. « Nous avons souhaité développer un projet qui avait du sens, qui permet de favoriser la vie animale et végétale dans un contexte industriel, détaille Cédric Ballarati. Les matériaux utilisés pourront être réutilisés dans 50 ans. Il y a une démarche Cradle to Cradle (ndlr : du berceau au berceau). Nous avons également amené de la biodiversité et de la nature dans le bâtiment. On retrouve des murs en argile, de larges baies vitrées donnant sur la campagne. L’attrait pour la nature a été décliné par l’utilisation de matériaux écosourcés à l'intérieur, comme l’argile pour la salle de réunion et le bois pour les châssis ou les supports de présentation des produits. Cela amène une sensation de bien-être pour les occupants. » Outre la toiture végétale, l’élément phare du projet est cet arbre planté au beau milieu du showroom, qui fait office

de lien entre les bureaux et la zone de stockage. Il doit donner un sentiment d’apaisement et une touche de nature à cet espace. « Nous devions choisir une espèce qui pouvait survivre à une température ambiante de 20°, se rappelle Serge Canay. Il s’agit d’un bucida, planté habituellement en Floride. » Tout ce travail de reconnexion de l’architecture et de la nature se nomme en fait la biophilie. Un concept qui n’en est encore qu’à ses balbutiements et que le bureau helium3 compte encore développer à l’avenir. « Ce projet est déjà très abouti mais nous espérons qu’il ne s’agisse que d’un tremplin pour aller encore plus loin, lance Cédric Ballarati, qui s’est formé ces dernières années à cette architecture écologique au sein de la faculté Agro-Bio Tech de Gembloux. Les possibilités sont en tout cas énormes. »


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Une maison reste-t-elle un bien toute notre vie ? Trop vaste et inadaptée l’âge avançant, elle peut vite se transformer en un véritable fardeau pour les personnes âgées. L’architecte suisse Mariette Beyeler propose une alternative : adapter sa maison au fil de sa vie. Une métamorphose de la maison et du cadre de vie qui peut apporter sa pierre à l'édifice pour réduire l'étalement urbain. Texte : Karima Haoudy – Photo : Ralph Feiner

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ransformer sa maison au fil de sa vie. Voilà là le projet ambitieux du livre MétamorpHouse qui invite à considérer l’habitat comme un matériau, résolument évolutif. Douze exemples illustrent de manière concrète, depuis la transformation intérieure jusqu’à la croissance extérieure, comment adapter son chez-soi, en fonction des besoins des personnes âgées, et réinventer d’autres formes de partage des espaces. Au-delà du chez-soi, cette réinvention s’étend à la rue et au quartier. Focus ici avec Mariette Beyeler sur les initiatives qui mettent en pratique une densification douce et choisie. Une stratégie qui pourrait être intéressante sur le territoire du Brabant wallon confronté également au défi du vieillissement de sa population et à la requalification des quartiers de maisons quatre façades, particulièrement prégnants dans le tissu bâti. Car même si l’offre en appartements tend à augmenter, près de treize communes présentent un parc immobilier constitué par plus de 50 % de ce type d’habitat. Quatre façades, plusieurs vies, que faire de ce gisement résidentiel ?

ESPACE-VIE. Quelles sont les raisons qui vous ont conduite à vous pencher sur l’évolution de la maison individuelle ? MARIETTE BEYELER. Je suis architecte et m’étant intéressée, en tant que professionnelle et enseignante à l’École polytechnique fédérale de Lausanne, à l’habitat collectif, je me suis rendu compte que la maison individuelle était souvent délaissée du champ de la recherche. On y porte toute son attention au moment où elle sort de terre mais après, peu de réponses sont apportées à son adaptation aux mutations des besoins des personnes âgées. Comment la maison individuelle s’adapte au maintien à domicile des seniors ? Comment composer avec ce « patrimoine » pour répondre au défi de la transition écologique alors qu’elles étaient le symbole par excellence de la consommation (énergétique, foncière, autosolisme, etc.) et de la propriété privée ? Toutes ces questions m’ont incitée à investiguer les possibilités de ré-usage de la maison qui, en Suisse comme en Belgique, représente un bien acquis souvent pour la vie. Cela va de la conception de constructions sans obstacles qui composent avec les contingences de la réduction de la mobilité des personnes âgées, à la subdivision interne permettant de créer des pièces supplémentaires, en passant par la création, au sein des parcelles souvent généreuses

sur lesquelles s’érigent ces maisons, de logements supplémentaires. Des logements qui permettraient d’accueillir un membre de sa famille, voire d’envisager une cohabitation, dans une dynamique de décloisonnement des générations.

MétamorpHouse est un livre mais, aussi, un laboratoire à ciel ouvert. Pouvez-vous nous en dire plus de cette métamorphose du projet ? En effet, le livre est né en 2010 et a pu être concrétisé grâce à des fondations privées. Très vite, certains pouvoirs publics en Suisse se sont emparés de cet enjeu, notamment les communes qui sont confrontées à une carence d’espaces et à une coriace pression foncière entravant l’accessibilité au logement. Mais ces réalités concernent ou vont concerner l’ensemble du territoire suisse qui, depuis 2015, est régi par la loi sur l’aménagement du territoire révisée, laquelle mise sur le développement vers l’intérieur. Les communes, appelées à leur tour à réviser leurs instruments de planification, cherchent des possibilités de réutilisation des réserves foncières qui maillent le tissu de l’habitat pavillonnaire, afin de réduire drastiquement l’étalement urbain et le mitage du territoire. C’est le cas du programme pilote que j’ai mené, il y a cinq ans, à Villarssur-Glâne (commune de 12 000 habitants) dans l’agglomération de Fribourg. Ne disposant plus de terrains à bâtir pour ériger des maisons individuelles, les autorités locales nous ont sollicités pour créer des logements supplémentaires au sein des réserves « dormantes ». Par « réserve dormante », on entend tout le potentiel de densification concrète que l’on peut développer à partir de la maison et la parcelle dans laquelle elle s’insère. Un inventaire des réserves disponibles a été dressé par nos soins afin d’avoir une cartographie la plus précise des surfaces et des possibilités de densification. Cette initiative s’inscrivait dans le cadre de la révision du

Pour comprendre www.metamorphouse.info

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MétamorpHOUSE :


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cultures

d'un territoire

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Au fil de mes travaux sur la densification, j’ai pu observer la relation étroite et inséparable entre le dedans et le dehors. Un projet de densification n’a de sens que s’il y a concomitamment un projet de développement du quartier. Mariette Beyeler, architecte suisse.

Quelles sont-elles ? Faire accepter la densification n’est pas chose aisée. Pour ce faire, nous avons organisé des ateliers de sensibilisation lors d’événements publics, rassemblant plus de 120 propriétaires, pour expliquer le sens de la démarche et cerner les freins à la réalisation de projets qui gravitaient autour de questions juridiques, économiques, écologiques et sociales. À partir de l’identification de ces freins, nous avons mis sur pied des ateliers individuels pour répondre aux préoccupations que les propriétaires ne souhaitaient pas partager collectivement (questions familiales, juridiques, successorales, etc.). Nous espérions que les habitants puissent, à l’issue de cette expérience-pilote, en être les ambassadeurs mais cela n’a pas fonctionné. Les propriétaires voyaient dans cette expérience la concrétisation de leur intérêt individuel essentiellement. Pour aller au-delà de celui-ci, la commune a son rôle à jouer en ramenant l’échelle, plus large, du quartier et l’enjeu de sa revitalisation. Du foyer au quartier, en quoi la densification peut-elle être un noyau de développement territorial ? Au fil de mes travaux sur la densification, j’ai pu observer la relation étroite et inséparable entre le dedans et le dehors. Un projet de densification n’a de sens que s’il y a concomitamment un projet de développement du quartier qui mise sur la mobilité douce, la présence de services de première nécessité et de soins de santé, le développement de transports en commun à cadences régulières, la qualité des espaces publics, la réduction de la minéralisation des espaces, le renforcement du lien social et, bien entendu, l’attention portée à la réduction de

l’empreinte écologique. Le développement, je le vois aussi dans la capacité des habitants à être les artisans « de leur rue » et à ne pas se laisser usurper cette capacité par des promoteurs qui construisent des projets de densification en rupture avec la maillage bâti et social.

En parlant de maillage social, est-ce que le voisinage peut être un obstacle à la densification ? On a souvent rétorqué à la densification les réactions hostiles du voisinage qui voit son environnement transformé, impacté par la hausse de la population et de ses effets corollaires (mobilité, congestion du réseau viaire, etc.). Or, sur les expériences que j’ai conduites j’ai rarement rencontré une telle résistance. Cette idée est à prendre avec des pincettes. Pensez-vous que la densification a son rôle à jouer contre l’étalement urbain ? Dans la publication, nous avons pu relever un indice significatif : la densification ou la transformation, dans seulement ¼ des 300 000 maisons individuelles, d’un nouveau logement pour deux personnes permettrait l’accueil de 150 000 habitants supplémentaires. Par cette reconversion, on pourrait ainsi renoncer à la construction de 75 000 logements en rase campagne et réduire les besoins de bâtir de près de 2 500 hectares, soit la surface consommée en moyenne à l’échelle de la Suisse, sur plus de deux ans et demi. Des chiffres interpellants qui témoignent de la contribution du périurbain au défi de la transition écologique.

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Plan d’aménagement local et reposait sur une forte implication des propriétaires privés, dès l’amont du processus. Cette dimension participative est essentielle, mais elle présentait des limites.

© Julie Nicod

Pour aller plus loin Retrouvez le point de vue de la Fonctionnaire déléguée du Brabant wallon Nathalie Smoes sur Espacevie.be

Marcher, créer, expérimenter Comme l’écrit Sylvain Tesson dans Aphorismes sous la lune et autres pensées sauvages, « marcher, c'est faire un bout de chemin avec le temps ». La crise sanitaire a poussé de nombreuses personnes à ralentir le rythme et redécouvrir le plaisir de marcher, en solitaire ou avec les membres de sa « bulle », pour se déplacer vers un but précis, mais aussi pour flâner

sans destination déterminée. Simplement respirer, réfléchir, créer, réinventer, revoir... Dès que le « déconfinement » a été décrété par le Conseil national de sécurité, les propositions estivales des opérateurs culturels ont laissé la part belle aux activités extérieures. Ainsi, cet été en Brabant wallon, au travers de diverses propositions, le

Centre culturel du Brabant wallon et ses partenaires invitent leurs publics à marcher en compagnie de comédiens et d’artistes pour observer, discuter, s’amuser philosophiquement du monde. Avec Jérôme Giller, artiste bruxellois, la marche devient aussi outil de création artistique et d'expérimentation physique des territoires. C. Du.


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Le Brabant wallon ne manque pas d’infrastructures et d'événements culturels d’envergure. Toutefois, la crise sanitaire a jeté un éclairage sans concession sur la fragilité d’un secteur et poussé les opérateurs culturels à redéfinir leurs actions pour pouvoir continuer à soutenir la création, d’une part, et faire revenir les publics, d’autre part. Texte : Caroline Dunski – Photos : DEL Diffusion, O. Servais, S. Torrisi et Ph. Santantonio

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omme le montre le diagnostic établi par la Province dans le cadre de son Contrat de développement territorial, le Brabant wallon héberge 15 centres culturels, dont 12 sont reconnus par la Fédération Wallonie-Bruxelles. 24 des 27 communes sont équipées d’au moins une bibliothèque communale ou publique. On ne compte pas moins de sept théâtres, qui proposent des prestations régulières en des lieux fixes, et autant de compagnies et de théâtres itinérants. Il y a aussi six cinémas dont les capacités varient des 3 000 places du Cinéscope de Louvain-la-Neuve aux 235 places de l’unique salle de L'Étoile à Jodoigne. Le diagnostic provincial dénombre aussi 14 académies de musique (dont certaines proposent aussi les arts de la parole et de la danse) et trois d’arts plastiques. Enfin, une carte mentionne les autres lieux et acteurs culturels, ainsi que les événements d’envergure qui se tiennent régulièrement en divers lieux du Brabant wallon, comme les spectacles théâtraux d’été dans les ruines de l’Abbaye de Villers-la-Ville, le Festival du film historique de Waterloo, les Fêtes de la Saint-Martin à Tourinnes ou encore le Festival du rire de Bierges. À Louvain-la-Neuve, en 2019, l’Aula Magna a accueilli 58 représentations de spectacles,

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Le petit chaperon rouge revisité par la Compagnie Dérivation.

réunissant 45 000 spectateurs, soit une moyenne de 776 spectateurs par représentation. Généralement, ce sont des opérateurs extérieurs, tourneurs ou producteurs, qui louent les lieux. L’Atelier Théâtre Jean Vilar (ATJV) y occupe une quinzaine de dates par saison. « En moyenne, nous jouons 25 spectacles par saison, dont la moitié en création, précise Adrienne Gérard, responsable des relations publiques. Pendant la saison 2019-2020, 67 000 places étaient à vendre. Nous jouons dans différentes salles en fonction du type de spectacle accueilli. La capacité du Théâtre Blocry est de 116 places, il permet l'accueil de spectacles plus intimistes, avec un rapport scène/salle qui permet une grande proximité du public avec les artistes. À partir de septembre, le Théâtre Jean Vilar entre en rénovation pour environ deux saisons, nous avons donc dû nous adapter pour trouver d'autres lieux partenaires pour cet intervalle. Il y a entre autres La

Ferme ! et le Centre culturel d'OttigniesLouvain-la-Neuve, mais aussi des chapiteaux. » Soulignons aussi la réouverture du Monty, qui héberge le Tof Théâtre à Genappe, et la création de nouveaux lieux, peu de temps avant la crise sanitaire. Comme La Sucrerie, inaugurée à Wavre à la mi-novembre 2019, et les deux salles de Ciné4 (240 places), ouvertes à Nivelles le 16 février dernier, soit moins d’un mois avant le confinement. Comme toutes les salles de spectacles, ces lieux ont dû fermer leurs portes dès le 13 mars dernier.

Une culture démocratique inclusive Les chiffres des infrastructures n’expriment pas toute l’étendue de l’offre culturelle ni des publics auxquels elle s’adresse. En Brabant wallon, de nombreux partenariats entre opérateurs culturels permettent de

mutualiser les moyens et donnent lieu à de très enthousiasmantes initiatives. Ces dernières visent notamment à favoriser une culture démocratique inclusive. Citons par exemple les 19 Centres d’expression et de créativité (CEC) qui ont pour mission de favoriser le développement culturel des individus et des groupes, par l’expression, la créativité et les pratiques artistiques, afin qu’ils puissent inventer et participer à la vie sociale et culturelle. À la différence d’une académie ou d’un cours artistique particulier, les CEC visent l’expression citoyenne et l’émancipation sociale et culturelle autant que l’expression artistique. Dans une carte blanche publiée dans Le Soir, Bernard Foccroulle, ancien directeur de La Monnaie et membre-fondateur de Culture & Démocratie1, soulignait que les arts et la culture ne doivent pas être considérés comme du simple divertissement apportant un vague supplément

1. Fondée en 1993, Culture & Démocratie est une plateforme de réflexion, d’observation, d’échange et de sensibilisation à ce qui lie la culture et la démocratie.


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Scène de villages.

En 2019, Cyrano de Bergerac a attiré 20 000 spectateurs dans les ruines de Villers-la-Ville.

En réunissant des acteurs variés de la vie culturelle dans un groupe de réflexion en faveur d'un redéploiement de la culture en Fédération Wallonie-Bruxelles, Bénédicte Linard, ministre de la Culture, appuie sa stratégie sur le choix politique de garantir ces « droits culturels » en soutenant la création et en allant davantage

Il s’agit notamment de lever les obstacles à la création et à la diffusion pour toutes et tous, sans inégalités induites du genre, de la prétendue race ou du handicap. Myriam Masson, codirectrice du Centre culturel du Brabant wallon

à la rencontre des publics. Myriam Masson, codirectrice du CCBW, fait partie du groupe de réflexion. « Suite à la crise Covid, l’ensemble de nos réflexions ont surtout porté sur la question des ‘invisibles’. Pas seulement en termes de public, mais aussi en termes d’artistes et de professionnels de la culture. Il s’agit notamment de lever les obstacles à la création et à la diffusion pour toutes et tous, sans inégalités induites du genre, de la prétendue race ou du handicap. » Il s’agit aussi d’ancrer les projets culturels dans le territoire où ils se trouvent en développant une relation de proximité, tant avec le public qu’avec les différents acteurs de la vie locale, et en les inscrivant véritablement dans leur environnement social, environnemental, économique et écologique. Les centres culturels locaux, les centres d’expression et de créativité, les bibliothèques et autres acteurs de proximité apparaissent sur ce point comme des maillons essentiels.

Jeune public et personnes isolées Le Centre culturel d’Ottignies-Louvain-la-Neuve dispose d’une salle de 605 places. Depuis 1986, il entretient une coopération très étroite avec le Centre culturel du Brabant wallon, pour proposer des spectacles destinés aux publics scolaires, du fondamental au secondaire. Lors de la saison 2019-2020, près de 10 000 enfants et ados ont assisté à une séance scolaire. Confronter les jeunes au spectacle vivant permet de les inciter à se questionner, à débattre entre amis, en classe, en famille… Avant la pandémie, le Centre culturel du Brabant wallon portait et développait aussi un projet intitulé « Culture à domicile ». « Il s’agit

d’aller chez des personnes âgées et isolées pour leur proposer un moment de culture, d’échange et de détente, explique Ariane Hanin, animatrice chargée de médiation culturelle. Nous venions avec une valise qui contenait des livres, des courts-métrages, une œuvre du Musée du Petit Format, un produit local à déguster et quelques jeux. Avec le Coronavirus, il a fallu réinventer ces rencontres afin de respecter les mesures sanitaires en vigueur ! Nous voulions par-dessus tout poursuivre ces échanges. Nous avons alors développé « Allo culture », des rendez-vous culturels téléphoniques qui, comme « Culture à domicile » auparavant, permettent de rompre l’isolement pendant un moment, d’échanger, de sortir un peu de son quotidien, d’entendre de nouvelles choses et de retrouver sa dignité. » (lire ci-contre).

« Allo culture », ce sont des rendez-vous culturels téléphoniques qui permettent de rompre l’isolement pendant un moment, d’échanger, de sortir un peu de son quotidien, d’entendre de nouvelles choses et de retrouver sa dignité. Ariane Hanin, animatrice chargée de médiation culturelle (CCBW)

Cet été, l’heure du « déconfinement » culturel ayant sonné, les opérateurs culturels brabançons, tout comme leurs homologues des autres régions, ont concocté des propositions adaptées au contexte sanitaire exceptionnel, en revoyant les jauges, notamment. C’est le cas du spectacle d’été qui, habituellement depuis 1987, draine chaque été des milliers de personnes à Villers-la-Ville, à raison de 900 spectateurs par représentation. La société de production DEL diffusion a reporté à l’été 2021 la création de Lucrèce Borgia, qui devait réunir sur scène une dizaine de comédiens et comédiennes, et choisi de proposer Notre-Dame de Paris à la place, une alternative originale qui intègre pour l’accueil des spectateurs les paramètres contraignants du déconfinement (distanciation, masques, etc.). Seuls 200 spectateurs pourront assister chaque soir à ce seul en scène dans lequel Éric De Staercke évoquera l’œuvre de Victor Hugo. L’avenir nous dira si ces propositions préfigurent une nouvelle relation au public.

« ALLO CULTURE » Parfois, la culture s’invite subrepticement chez des personnes âgées isolées qui ne vont pas, ou plus, au théâtre, dans des musées, des salles de spectacle ou d’exposition. À Genappe, un partenariat entre les centres culturels du Brabant wallon et de Genappe et le CPAS local, a permis que la magie opère, malgré parfois les réticences initiales des personnes auxquelles s’adressent les rendezvous culturels téléphoniques d’Allo culture. Ce projet est une adaptation du projet « Culture à domicile », suspendu pour cause de Covid. Comment cela se passe-t-il ? Cinq animatrices du CCBW et du Centre culturel de Genappe ont contacté chaque personne présente sur une liste de bénéficiaires sélectionnés par le CPAS, pour savoir s’il lui plairait d’écouter régulièrement un texte court qui lui serait glissé au creux de l’oreille. Ariane Hanin, animatrice chargée de médiation culturelle au CCBW, a contacté une trentaine de personnes et 12 seulement ont accepté d’établir ce lien régulier qui leur était proposé. « Il y a beaucoup de gens chez qui nous avons senti de la tristesse. Il y a une dame qui m’a dit ‘oh vous savez, plus rien ne m’intéresse, ne perdez pas votre temps avec moi’. Généralement, c’est alors en disant ‘allez on va essayer une fois’ que l’on obtient un ‘oui’. Certaines personnes n’ont pas l’énergie de foncer vers cette ‘nouveauté’. J’espère qu’on va bien choisir les textes et que ces appels permettront de belles rencontres. » Pour entamer le dialogue et faire connaissance, les animatrices disposent d’une « enveloppe à papote », avec une quarantaine de questions qu’elles tirent au sort. « Si vous étiez un parfum… », « quelle est votre boisson favorite ? », « que voulez-vous me raconter sur votre prénom ? »… « Cela marche bien, confie Ariane. Ensuite, je raconte le texte court, pendant trois-quatre minutes, puis nous en parlons. C’est un projet qui peut avoir de l’avenir, parce que les personnes âgées vont peut-être rester confinées longtemps et que l’absence de contact physique dans ce projet est rassurante. Nous appelons toujours les mêmes personnes, pour qu’un lien se crée. »

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d’âme, et rappelait la nécessité d’ « investir massivement dans l’éducation et la culture ». Les droits culturels font partie des droits humains fondamentaux. Le rôle des centres culturels est de les garantir et, notamment, de renforcer l’accès de tous aux œuvres, d’accroitre la capacité d'expression et de créativité artistique du citoyen afin de renforcer son rôle d'acteur, de mettre l’artiste au cœur de nos cités, d’offrir des moments conviviaux de rencontre, d'échange d'idées et de débat… d’autant plus cruciaux en ces temps troublés où les publics isolés sont encore plus fragilisés.


agenda

Activités susceptibles d'être modifiées en fonction des mesures sanitaires Covid-19. Toutes les infos sur mubw.be

VISITE GUIDÉE

pour éviter l’étalement ? Samedi 19 et 26 septembre 2020 de 10h à 12h

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Les nouveaux quartiers en Brabant wallon parviennent-ils à offrir des logements tout en limitant l’étalement urbain ? Nous vous invitons à deux matinées de visites pour découvrir des quartiers très différents qui, chacun à leur manière, tentent de répondre à ce double enjeu. À Mont-Saint-Guibert, le quartier « les jardins de l’Orne » prend place sur une ancienne friche industrielle et se présente comme un quartier durable et éco énergétique. Au Domaine des vallées à Gastuche, l’Agence de Promotion immobilière du Brabant wallon (APIBW) lutte contre la pression foncière et facilite l’accès au logement pour les ménages à revenus modérés, intégrés dans un quartier mixte.

Inscriptions obligatoires avant le 11 septembre 2020 via m.urbanisme@ccbw.be Prix : 3 € par visite Nombre de places limité. Infos : mubw.be 19/09 à 10h: Rendez-vous place de la Papeterie à Mont-Saint-Guibert 26/09 à 10h : Rendez-vous place du Moulin de Loucsart à Gastuche (Grez-Doiceau)

Et le BW comment le voyez-vous ?

Et la nature dans tout ça ?

JOURNÉES DU PATRIMOINE Samedi 13 septembre de 14h à 17h Administration communale d’Ittre

MIDI DE L’URBANISME 23 octobre de 12h à 14h Foyer populaire Court-Saint-Étienne

Décoder le CoDT

CoDT et satellites

FORMATION RÉSERVÉE AUX CCATM 2 novembre à 20h Foyer populaire Court-Saint-Étienne

FORMATION RÉSERVÉE AUX AGENTS DES SERVICES URBANISME 8 octobre - Matinée Foyer populaire Court-Saint-Étienne


Articles inside

Agenda

1min
page 13

Apprendre | Explorer de nouveaux horizons

9min
pages 11-12

Cultures d'un territoire | Marcher, créer, expérimenter

1min
page 10

Explorer | MétamorpHOUSE : quatre façades, plusieurs vies ?

6min
pages 9-10

Découvrir | Quand l'entreprise redécouvre la nature

4min
page 8

Apprendre | La crise a démontré la pertinence de notre travail

3min
page 7

Comprendre | La fastidieuse route d'un projet immobilier

1min
page 6

Respirer | Timidité des cimes

1min
page 6

Apprendre | Les destins croisés d'Ottignies et Louvain-la-Neuve

9min
pages 4-5

En bref

4min
page 3

Avant-propos | La quête de places

1min
page 2

Sommaire

1min
page 2

Espace-vie n°297 | Juillet 2020 | Les destins croisés d’Ottignies et Louvain-la-Neuve

1min
page 1
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