Espace-vie n°309 - Novembre 2022

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La nouvelle vie des fermes brabançonnes

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Comment la Dyle peut être un atout pour une ville

espace

La revue qui décode les enjeux territoriaux du Brabant wallon

309
2022 Bimestriel
Novembre
Attractivité territoriale La dynamique commerciale, facteur X des centres urbains APPRENDRE
Cultiver les droits culturels, des textes aux faits

La Maison de l’urbanisme recrute

Après plus de quatre ans passés à la Maison de l’urbanisme, Maureen Schmetz a décidé de se consacrer entièrement à sa seconde activité professionnelle au sein du bureau d’études en aménagement du territoire Sen5. On lui souhaite le meilleur. Le recrutement d’un ou d’une chargé(e) de projet est en cours. Toutes les informations sont à retrouver sur le site mubw.be

Des ados au cœur des débats

Les Maisons de l’urbanisme ont organisé cet automne une série d’ateliers de sensibilisation auprès d’adolescents faisant partie des Conseils (inter) communaux des jeunes de Wallonie. À Wavre et Tubize pour le Brabant wallon. Des échanges enthousiastes sur différents thèmes dont le zéro artificialisation ou les inondations. Vous pourrez découvrir le fruit de ces échanges via plusieurs vidéos réalisées par le SPW Territoire dont la sortie est prévue début 2023.

Ateliers participatifs dans l’est La Maison de l'urbanisme anime actuellement des ateliers participatifs dans le cadre du SCoTCH (Schéma de Cohésion Territoriale de la Croix de Hesbaye), qui met autour de la table les sept communes de l'est du Brabant wallon. Des ateliers ont été menés à Ramillies, d'autres sont prévus à Incourt, Hélécine et Beauvechain. La Province, qui pilote l’initiative, souhaite développer l'emploi en milieu rural dans une trentaine de sites, le tout à la mesure du vélo.

Espace-vie est la revue bimestrielle de la Maison de l’urbanisme – Centre culturel du Brabant wallon (janvier, mars, mai, juillet, septembre et novembre). Elle traite de sujets relatifs à l’aménagement du territoire, à l’urbanisme et aux enjeux culturels en Brabant wallon. Créée en 1989, Espace-vie est indépendante de tout parti politique et dispose d’une entière liberté éditoriale.

Éditeur responsable : Nicolas Van der Maren - Rédacteur en chef : Xavier Attout (x.attout@ccbw.be) - Rédactrices : Bénédicte Dawance (b.dawance@ccbw.be), Caroline Dunski (c.dunski@ccbw.be) - Avec la contribution de : Agnès Chevalier et Maureen Schmetz - Équipe de la Maison de l’urbanisme : X. Attout, A. Chevalier, B. Dawance, M. Schmetz - Présidente de la Maison de l'urbanisme : Sophie Keymolen Maquette : Louise Laurent (www.louiselaurent.be) - Mise en page : Louise Laurent - Dessins : Marco Paulo - Imprimeur : Artoos Group IPM Printing - Tirage : 6 000 exemplaires - Adresse : 3, rue Belotte, 1490 Court-Saint-Étienne - Contact : 010 62 10 30 ou m.urbanisme@ccbw.be - www.mubw.be - www.ccbw.be - Photo de couverture : Xavier Attout

Espace-vie est publiée avec le soutien de la Wallonie et du Brabant wallon. La revue est envoyée sur demande et gratuitement aux habitants du Brabant wallon, abonnement de 12 euros/an hors Brabant wallon. Ne peut être vendu. Si vous préférez recevoir Espace-vie en version numérique, n’hésitez pas à nous le signaler. Toute reproduction partielle ou totale nécessite une autorisation préalable de l’éditeur responsable. La clôture de ce numéro s’est déroulée le 14 novembre.

Espace-vie est imprimée dans une imprimerie climatiquement neutre.

Les émissions de CO2 sont neutralisées à 100 % par le biais de plantations d’arbres. L’emballage qui entoure la revue lors de l’envoi est en maïs.

sommaire
4 en bref 16 découvrir La nouvelle vie des fermes brabançonnes 1 9 respirer Oser vivre de sa passion 20 apprendre Cultiver les droits culturels, des textes aux faits 6 apprendre La dynamique commerciale, le facteur X des futurs centres urbains 10 découvrir Comment la Dyle peut être un atout pour une ville 13 respirer Une autoroute cyclable au milieu des bois 14 apprendre Les grands défis de la construction circulaire 22 rencontrer Roza chante la beauté et la fragilité 24 agenda La rénovation du bâti brabançon, un défi impossible ?

Territoire de loi versus territoire sensible ?

La cloche a sonné : l’heure est à la plume pour le législateur en vue de traduire une série d’enjeux du développement territorial qui s’imposent à notre territoire pour en assurer un devenir soutenable : réduire l’étalement urbain et l’artificialisation, intégrer dans l’arsenal juridique davantage de principes de prévention face aux inondations ou encore repenser les implantations commerciales dans leur rôle urbanistique. Rien n’est encore définitif. L’heure est aux avis.

Si une réécriture du Code est initiée pour répondre à de nouveaux enjeux, elle vise généralement aussi à simplifier les procédures. Il faut aussi admettre qu’elle s’accom pagne de craintes, celles d’une complexité accrue, de règles du jeu moins compréhen sibles pour le citoyen.

L’heure est donc aux questionnements. Et à l’incertitude juridique que l’on pourrait percevoir s’ajoutent toutes les autres. Grandissantes pour tous, en Brabant wallon et ailleurs. Énergie, pouvoir d’achat, capacité de travailler et vivre en dignité : ces questions se sont invitées pour un nombre non négligeable de personnes autour de nous.

Face à ce désordre ambiant, le besoin de plus de légèreté fait jour. Faire le tri par le vide et ôter les couches de complexité. Un bonheur. La sobriété s’invite ainsi comme champ des possibles pour certains. C’est avant tout une contrainte pour d’autres. Face à cette cacophonie ambiante, c’est aussi la voix du sensible qui se fait entendre comme valeur refuge, une parole salvatrice. Celle qui nous rappelle à l’essentiel, à l’écoute du vivant, à l’écoute de l’Humain, à l’observation de ses usages sur le territoire.

À la lecture de tout cela, comment situer notre action sur ce territoire, nous, habitants du Brabant wallon, de tous horizons, de tous revenus, de tous secteurs d’activités ? Nous aussi les passeurs d’idées en faveur d’un urbanisme durable, d’un cadre de vie de qualité ?

Trouver le chemin pour sillonner entre ces charges économico-juridiques et l’écoute de ce ‘sensible’ revêt du parcours du combattant. Une aventure entre un ninja warrior législatif et un koh-lanta en terres brabançonnes ! Ou est-ce plutôt un chemin de Compostelle qui impose efforts et patience ?

On peut regarder le présent sans mettre d’œillères sur l’avenir. Je me dis que la voix du bon sens doit bien raisonner quelque part. Je me dis que si on prend la peine de décortiquer les concepts qui prennent forme dans une loi, si on mène la réflexion nous permettant de revenir au fil, au fondement de la règle, les choses s’éclairent.

D’une vision où on oppose les choses et les faits, …passer à une vision où on crée des convergences… ça fait du bien, non ?!

avant-propos
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S’associer au développement de Ramillies

Les habitants de cette commune de l’est du Brabant wallon ont été appelés ces dernières semaines à exprimer leurs idées sur le déve loppement de Ramillies. Que ce soit l’aménagement d’une place, la revi talisation d’un quartier, la création d’une maison de village ou encore la construction de logement alternatif. Des projets qui pourront s’insérer dans le Programme communal de développement rural-Agenda 21. Une stratégie à dix ans sera élaborée, reprenant divers projets améliorer le cadre de vie des habitants.

Une cyclostrade entre Wavre et Court-Saint-Étienne

Le plus grand champ solaire belge

Les premiers panneaux de ce qui deviendra le plus grand parc photovoltaïque au sol de Wallonie ont été posés fin octobre à Braine-l’Alleud. Ils s’étendront sur 19 hectares dans l’ancienne sablière d’Alconval, située au milieu des bois. Au total, 14 462 panneaux seront installés d’ici mars 2023. L’investissement s’élève à 10 millions d’euros, financé par la commune. Un partenariat avec l’entreprise pharmaceutique UCB a toutefois déjà été ficelé pour qu’elle loue une partie des panneaux et tire profit des 13 millions de kWh qui seront produits annuellement.

Après les autoroutes cyclables vers Bruxelles, voici les cyclostrades. De larges corridors en site propre qui permettront également aux usagers de relier rapidement une destination en toute sécurité. Le tracé de la Vallée de la Dyle est désormais connu. Il permettra de relier Wavre au Ravel existant entre Court-Saint-Étienne et Nivelles, en passant par Limal, Limelette et Ottignies. Le montant des travaux s’élève à 8,7 millions, financé par la Région wallonne et des acteurs privés. La Province pilotera le projet. Les demandes de permis sont attendues d’ici la fin de l’année. Si le chantier est lancé en 2023, les travaux s’étendront ensuite sur cinq ans. Ce projet fait partie du « réseau cyclable structurant » que la Wallonie s'attèle à développer d'ici 2030. L'ambition affichée est de multiplier le nombre de cyclistes par cinq en y consacrant les budgets nécessaires.

Rénovation

à la ferme de

Moriensart

La tour du château-ferme de Moriensart, à Céroux-Mousty, va être rénovée. Une demande de permis est en cours pour rénover la tour et la transformer en habitation. Cette tour, monument classé depuis 1952, est habitée depuis sa construction au XIIIe siècle. Le projet a été confié à l’architecte Francis Metzger (MA2)

4 en bref

Le nombre de foyers belges qui pourraient voir leur consommation énergétique diminuer de 10 % en faisant appel à un diagnostic énergétique gratuit via l’Initiative Carnot. Un projet de l’UCLouvain. Une cinquantaine d'étudiants ont proposé leurs services pour répondre à cette démarche. En Brabant wallon, Genappe fait notamment partie des communes soutenant le projet. L’initiative se déroulera jusqu’au 21 décembre.

Des appartements à l’école de Gistoux

L’ancienne école de Gistoux vient d’être rasée. Un immeuble à appar tements de 16 unités et quelques commerces seront construits à la place par l’Apibw (Agence de promotion immobilière du Brabant wallon). La moitié des appartements sera vendue de 15 à 30 % en-dessous des prix du marché. Les acquéreurs doivent avoir moins de 40 ans. Le solde sera vendu aux prix du marché, sans limite d’âge, de quoi financer l’ensemble. Le chantier débutera début 2023.

1000Les Recollets ne seront pas classés

L’Agence wallonne du patrimoine recommandait le classement de l’ancien couvent, suite à une demande de classement soumise fin 2021 par l’association Europa Nostra. La ministre wallonne du Patrimoine, la Nivelloise Valérie De Bue, a communiqué qu’elle ne suivra pas cet avis. Le promoteur immobilier Lixon envisage de trans former les Recollets en immeuble à appartements.

Étendre

la gare des bus de Louvain-la-Neuve sur une partie des parkings Leclercq est la solution la plus appropriée pour des questions d’exploitation, de visibilité, de bonne accessibilité piétonne, de coût d’infrastructure et de disponibilité de terrain.

Philippe Henry, ministre wallon de la Mobilité.

Grez-Doiceau facilite l’accès à la terre

La commune va mettre un terrain de 6,5 hectares situé à Archennes à disposition d’agriculteurs. L’objectif est d’y développer des projets de production agricole alimentaire locale dans le respect des pratiques agro-écologiques. Cela permettra également de stimuler l’économie locale et de renforcer les circuits courts. L’accès à la terre est de plus en plus compliqué en Brabant wallon vu la hausse des prix du foncier.

Retrouvez tout le contenu d'Espace-vie, de nouvelles infor mations, des vidéos et autres infographies sur notre site internet espacevie.be.

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apprendre

La dynamique commerciale, facteur X des centres urbains

Waterloo, une longue chaussée qui fait office de centre commercial.

La mise en place de centres attractifs reste au cœur de la stratégie wallonne d’aménagement du territoire. Une manière de freiner l’étalement urbain. Dans ce cadre, la place du commerce et de services de proximité reste incontournable. Avec, comme on le voit en Brabant wallon, une nette évolution de la dynamique commerciale.

Texte : Xavier Attout – Photos : X.A. et Redevco

orientation n’est pas neuve. Concentrer davantage l’habitat et les services dans les centres urbains ou villageois figurent depuis de longues années dans les manuels d’aménagement du territoire. Avec des succès divers.

Histoire de donner un coup de fouet supplémentaire, la nouvelle version du Code du Développement territorial (CoDT) – adoptée en première lecture par le Gouvernement wallon - devrait encourager encore davantage cette concentration des activités au détriment de l’éta lement urbain. « Le texte met en place le concept de centralités comme clef de voute d’une nouvelle politique d’aménagement du territoire qui oriente les projets préférentiellement vers les lieux les mieux équipés, relève Willy Borsus, ministre de l’Amé nagement du territoire. Ces centralités urbaines et rurales seront définies par les villes et communes dans le cadre de leurs schémas de développement communaux ou pluri-communaux éventuellement spécifiquement dédiés à l’optimisation spatiale. Un délai de cinq ans est prévu au bénéfice des villes et communes pour ce faire. »

Freiner l’évasion commerciale et l’étalement urbain Un laps de temps qui pourrait toutefois encore accentuer le problème dans certaines communes. Car l’étalement urbain a fait des dégâts en Wallonie, qu’il faut désormais tenter de rattraper. Il a tout d’abord bien évidemment freiné l’attractivité des centres-villes, tout en contribuant, par ricochet, à l’évasion commerciale. Redynamiser ces centres ne sera donc pas une mince affaire mais sera inévitable pour atteindre les objectifs souhaités. Car y ramener des habitants, quelle que soit leur taille, ne se concrétisera pas sans l’aménagement de centres attractifs, apaisés et durables. « Je pense

qu’une commune, quelle que soit sa taille, ne peut pas se passer d’une offre commerciale dynamique pour retrouver une certaine attractivité, explique François Honoré, fondateur et CEO de The Third Company, une agence de conseils qui accompagne les opéra teurs publics et privés qui souhaitent développer des projets et territoires « écolonomes ». La vitalité commerciale d’une commune est un enjeu majeur et central. Je reste convaincu que le commerce ne doit pas disparaitre, et ce malgré les difficultés apparues ces dernières années dans bon nombre de villes wallonnes. Je suis même un fervent défenseur du commerce de proximité. Un rebond est d’ailleurs apparu depuis le Covid. D’autant plus qu’il a également une fonction sociale, vu qu’il permet de rassembler les gens et de créer du contact humain. Ce qui n’est pas à négliger. »

Les avantages de la mixité fonctionnelle sont multiples. Elle permet d’enrayer l’étalement urbain et de réduire ou de raccourcir les déplacements. Un mix d’activités et de fonctions créent aussi plus de mixité sociale. François Honoré, CEO The Third Company

Rebondir via les projets mixtes

Si on regarde les traditionnels chiffres de l’Asso ciation du Management de Centre-ville (AMCV) qui relève le nombre de cellules commerciales vides dans les principaux centres-villes wallons, Waterloo et Louvain-la-Neuve restent toujours les principales locomotives commerciales de Wallonie. Nivelles, Jodoigne et Wavre sont un cran derrière. Peu de communes du Brabant wallon possèdent en fait un centre-ville en grande difficulté. « C’est bien évidemment lié au pouvoir d’achat, précise François Honoré. La Hulpe est un exemple intéressant à ce titre. D’accord, le pouvoir d’achat y est élevé. Mais pour une petite entité de 7 000 habitants, elle possède de nombreux commerces de proximité. Ce qui n’est pas donné à toutes les communes. L’important est donc de bien adapter son équipement commercial à son environnement. C’est un gage de réussite. »

En théorie, le rebond des centres-villes passera donc par un alignement d'une série de facteurs. Donner envie d’y habiter est un premier élément. Proposer une offre commerciale diversifiée en est un second. Et à ce titre, les choses sont en train de changer en Wallonie. On le sait, les projets de

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nouveaux centres commerciaux ou de retail parks vont devenir extrêmement rares. Une évolution sociétale. L’apparition de projets mixtes, mêlant les fonctions (logement, loisirs, bureau, commerce) étant dorénavant largement encouragée. « Le nombre de mètres carrés commerciaux arrive clai rement à saturation, relève François Honoré. Il va même diminuer. » La tendance sera donc davantage à la rénovation et à la reconfiguration des espaces commerciaux existants situés en dehors des villes qu’à une nouvelle expansion commerciale. D’autant que les pouvoirs publics freinent les ambitions des développeurs immobiliers au profit des centres urbains. Seuls les commerces qui ne peuvent y être implantés de par leur taille ou leur offre spécifique devront trouver refuge en périphérie. « Il y a également un vrai travail de recomposition commer ciale à effectuer dans certaines villes, remarque François Honoré. L’offre est parfois dispersée dans plusieurs rues avec, dans certaines situations, de nombreuses cellules commerciales vides. Dans ces cas-là, il est opportun de recentrer l’offre dans l’une ou l’autre rue principale de manière à proposer un axe fort. » Une stratégie qui doit bien évidemment être accompagnée d’une politique volontariste des autorités politiques. « Je pense qu’élaborer un Schéma communal de développement commercial (ndlr : un outil toutefois voué à disparaitre avec la réforme du CoDT) est une option très intéressante. Gembloux et Ciney viennent d’y avoir recours. Wavre y travaille. Faire appel à du marketing territorial peut aussi être une piste à suivre. »

Il y a un vrai travail de recomposition commerciale à effectuer dans certaines villes. L’offre est parfois dispersée dans plusieurs rues. Dans ces cas-là, il est opportun de recentrer l’offre pour proposer un axe fort.

François Honoré

DE 130 000 m 2 À 36 000 m 2 DE CENTRES COMMERCIAUX

Il y a un peu moins de dix ans, Espace-vie dressait l’inventaire des projets de centres commerciaux et retail parks prévus dans les prochaines années en Brabant wallon. Près de 130 000 m2 répartis dans huit communes étaient recensés parmi les plus importants dossiers. On relevait des projets à Louvain-la-Neuve (extension Esplanade via Klepierre), Wavre (Promenade via Matexi et retail park de Ghelmaco), Waterloo (Cœur de ville via Wereldhave), Genval (Papeteries via Equilis), Court-Saint-Étienne (CourtVillage via Equilis), Braine-l’Alleud (gare, pas de promoteur), Tubize (Outlet Mall via DCI Monaco) et Nivelles (retail park).

Au final, seuls trois projets sont sortis

de terre (Genval et Court-Saint-Étienne) ou vont l’être (Tubize Outlet Mall, ouverture espérée en septembre 2023). À Wavre, sur le parking des Carabiniers, le projet de Matexi est plus que jamais dans les limbes. Et, s’il voit le jour, son volet commercial sera réduit à peau de chagrin (moins de 2 000 m2). Des négociations sont en tout cas en cours entre la Ville et Matexi pour redéfinir à la baisse le prix d’achat du terrain, vu la diminution du projet. À Louvain-la-Neuve, il n’y aura pas d’exten sion du centre commercial. Klépierre, le propriétaire, est en passe de revendre ses droits d’emphytéose à un développeur bruxellois. On y retrouvera surtout du bureau et des appartements, un peu de

commerce de même qu’une grande halle couverte. Alors qu’à Waterloo, la nouvelle vision du centre-ville ne comprend plus de développements commerciaux.

D’autres projets ont-ils émergés entre-temps ou sont-ils dans les cartons ? À l’exception d’un retail park de 9 000 m2 porté par BVI.BE situé en face de Walibi à Wavre, aucun projet n’est sorti de terre. Et rien ne figure non plus dans le pipeline. Il faut dire que le contexte économique, urbanistique et sociétal actuel n’est plus propice à de nouveaux développements. Une tendance qui s’étend d’ailleurs à toute la Wallonie. L’heure est davantage aux rénovations et aux réaménagements de sites obsolètes.

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La ville du quart d’heure

Tous les discours convergent en tout cas pour le moment vers la mixité fonctionnelle des nouveaux projets ou des nouveaux quartiers. Une planche de salut qui semble évidente aujourd’hui. « Ses avantages sont multiples. Elle permet d’enrayer l’étalement urbain et de réduire ou de raccourcir les déplacements, lance François Honoré. Un mix d’activités et de fonctions crée aussi par de la mixité sociale. Ce sont des atouts indéniables. Et le commerce a sa place dans cette offre. » Cette mixité traduit en fait les principes de la ville du quart d’heure. Des principes applicables en Brabant wallon puisqu’il est possible de marcher 15 minutes depuis un centreville brabançon et d'y retrouver tous les services. Ce concept pourrait même être décliné dans une nouvelle démarche de « ville à 5 minutes ». Il incite en tout cas à retrouver de l’activité productive au cœur des villes ou villages voire à développer des tiers-lieux, des espaces qui permettent de retisser des liens entre un territoire et des fonctions professionnelles et sociales. En Brabant wallon, ce concept se traduit notamment déjà à travers les New places of working, portés par la Province. « Je crois beaucoup dans ces concepts, lance François Honoré. Les noyaux urbains ne se redynamiseront que si toutes les fonctions sont mêlées. Si le privé fait son travail, reste au pouvoir public à rendre les centres urbains plus attractifs en matière de qualité de vie… »

interview

sort d’une situation schizophrénique »

Gilles Delacroix, juriste, fondateur de D-Sigh

Propos recueillis par X. A.

La réforme du CoDT vient d'être approuvée en première lecture par le Gouvernement wallon. D'autres étapes doivent encore suivre. Parmi les éléments mis en avant, on retrouve la réforme des implantations commerciales.

Les nouvelles demandes d’implantations commerciales vont désormais être soumises à un permis d’urbanisme. Un grand changement ? C’était extrêmement compliqué jusqu’à présent de travailler avec deux législations. Et ce dans un cadre européen contraignant. Il faut savoir que lors de la régionalisation en 2014, la Région wallonne a choisi de maintenir une réglementation des implantations commerciales distincte de celle de l’urbanisme et du permis d’environnement, en créant un régime particulier tant de planification que d’autorisation. Le Gouvernement a donc décidé aujourd’hui de faire de l’implantation commerciale un fait générateur de l’exigence de permis d’urbanisme. Le rôle du fonctionnaire délégué s’en voit renforcé.

Mais concrètement, cela signifie quoi ? Que les projets d’implantation commerciale de moins de 1 500 m² relèveront d’une décision communale. Ceux de plus de 1 500 m2 du Fonctionnaire Délégué, alors que c’était de 2 500 m2 auparavant. Les communes limitrophes devront aussi remettre un avis lorsque le projet possède une surface commerciale égale ou supérieure à 1 000 m2. Une enquête publique est prévue dans tous les cas.

Avec quels avantages ?

Une meilleure approche globale du territoire pour des projets qui, par nature, sont plus susceptibles que d’autres d’avoir des incidences supra-communales. Il y aura aussi une vraie simplification. La seule incertitude concerne les critères d’appréciation, et notamment la protection du consommateur.

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« On
À Waterloo, l'originalité d'avoir un retail park en centre-ville.

Comment la Dyle peut être un atout pour une ville

Une rivière, deux régions mais des approches bien différentes sur la manière d’appréhender la présence de l’eau en ville. Louvain a multiplié les aménagements ces dernières années pour faire de la Dyle un atout. De quoi inspirer bon nombre de communes du Brabant wallon. Retour sur notre visite de terrain organisée en septembre dernier.

est vraiment intéressante, expliquent Maureen Schmetz, de la Maison de l’urbanisme du Brabant wallon, et Jean-Marie Tricot, du Contrat de rivière Dyle-Gette. Ils ont réussi à faire de la Dyle un atout pour le développement de leur ville et pour améliorer la qualité de vie de leurs habitants. Il s’agit d’une réelle source d’inspiration pour les communes de la province. »

La différence saute directement aux yeux. Une même rivière mais deux mondes bien différents alors qu’ils ne sont éloignés que de quelques kilomètres. Si la Dyle traverse Genappe, Court-Saint-Étienne, Ottignies et Wavre avant de poursuivre son chemin vers Louvain, elle ne traverse pas ces entités avec la même fluidité, ni n’est mise en valeur de la même manière. Des éléments qu’ont voulu mettre en avant le Contrat de rivière Dyle-Gette et la Maison de l’urbanisme du Brabant wallon en organisant en septembre dernier une visite de terrain à Louvain à destination d’élus, agents communaux et membres de CCATM du Brabant wallon. Une trentaine de personnes ont bravé la pluie pour découvrir la manière dont Louvain a apprivoisé sa rivière et a su en tirer pleinement parti lors de la réaffectation de sites industriels. Des pistes intéressantes à l’heure où plusieurs projets immobiliers sont en passe d’être aménagés à proximité de la Dyle, tant à Ottignies qu’à Wavre. « La vision territoriale mise en place à Louvain

Être un élément rassembleur Quatre sites ont été parcourus lors de cette journée. Avec, à chaque fois, une explication parti culièrement détaillée effectuée par les services de la Ville de Louvain et par Michel Pauwels, du bureau d’architecture Pauwels. De quoi mettre en avant les décisions prises depuis 1997 et les prochains chantiers prévus. Des choix qui permettent de rendre la ville plus résiliente aux changements climatiques tout en valorisant son patrimoine. Ces aménagements lui ont notamment permis de ne pas être particulièrement impactée par les importantes inondations de l’été 2021.

Première étape, le site du Vaartkom. La transformation d’un ancien site industriel situé à proximité du centre-ville en un quartier dynamique, offrant une diversité de fonctions. Ce chancre a été réaménagé en six zones à travers un projet porté par la Ville. On y retrouve des places, des voiries, des pistes cyclables et autres espaces situés en bordure de la Dyle. De quoi retrouver la présence de la rivière dans cette ancienne zone industrielle. « Ce lieu doit devenir un espace où l'on peut travailler, se détendre et se rencontrer alors qu’il s’agissait d’une zone urbaine coupée du

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Texte : Xavier Attout – Photos : Paul Brasseur et Maureen Schmetz

centre de Louvain, a lancé Laurien Danckaerts, coordinatrice de développement de projets à la Ville de Louvain. La Dyle faisait alors office de rupture urbaine. » Le projet mêle immeubles neufs et restauration de certains bâtiments historiques. Une marina (Haverkant) structure l’ensemble. « Il y a une vraie volonté de tisser une maille cyclo-pié tonne fine pour connecter les quartiers, poursuit Laurien Danckaerts. La Dyle doit devenir un espace de liaison.»

Juste à côté, le Sluispark, un vaste espace vert en cœur de ville a été sobrement aménagé de manière à laisser aux usagers la possibilité de s'approprier l'espace. « L’eau a été mise en valeur par la végétalisation des berges, la mise en place d’une échelle à poissons, l’aménagement de terrasses en gradins submersibles ou encore de coursives pour les piétons, a détaillé Laurien Danckaerts. L’instauration d’une régulation du débit de l’eau permet de garantir en période de sécheresse un débit suffisant pour la circulation de la faune aquatique. » Précisons que ces aménagements ont été possibles grâce à la mise en place en amont d’une grande zone de retenue des eaux. Et que ces mêmes aménagements ont également permis le dévelop pement d’une riche faune et flore.

Valoriser les abords et créer des espaces publics

La seconde étape de ce parcours amène les participants à la découverte d’une succession de petites places qui ont été aménagées le long de la Dyle. Des espaces publics de qualité qui attirent les badauds. « Des dégagements en bordure de la Dyle

La vision territoriale mise en place à Louvain est vraiment intéressante. Ils ont réussi à faire de la Dyle un atout pour le développement de leur ville.

Maureen Schmetz, de la Maison de l'urbanisme, et Jean-Marie Tricot, du Contrat de rivière Dyle-Gette

ont été aménagés au fur et à mesure, souvent en même temps que de projets immobiliers adjacents, explique l’architecte Michel Pauwels. Il s’agit de placettes et cheminements cyclo-pédestres qui créent un maillage fin et permettent de connecter les quartiers. »

Parmi les quelques précautions qui ont été prises, citons le fait que les bâtiments ont été surélevés, la mise en place de batardeaux (des barrières anti-inondation) ou d’obstacles qui permettent de rejeter l’eau sur l’espace public. « Les aménagements prennent en compte la variation de hauteur de l'eau et ne cherchent pas à maîtriser à tout prix cette variable, a fait remarquer Michel Pauwels. Libérer de l’espace permet une mise sous eau et la création d’espaces publics comme cette agora qui constitue un espace de rétention d’eau lors des pluies tout en offrant un lieu de rencontre en dehors des périodes de fortes pluie. » Notons toutefois que les berges restent encore très minérales à de nombreux endroits.

CINQ POINTS À RETENIR

Une rivière doit être un élément fort, un atout pour l’identité d’une ville et non une contrainte

La présence d’un cours d’eau améliore la qualité de vie urbaine et doit être un facteur de restructuration urbaine

Les aménagements en bordure de cours d’eau doivent permettre de dégager de la place pour les espaces publics et les modes actifs La rivière amène biodiversité, qualité de l’air et régulation thermique Les travaux de ce type sont complexes et nécessitent une planification d’ensemble entre acteurs privés et publics

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À la découverte des terrasses de la Dyle (à gauche) et du site du Vaartkom (à droite).

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Désartificialiser la ville

L’arrêt suivant a amené la trentaine de participants sur l’un des plus importants sites actuellement en chantier, l'Hertogensite, soit la transformation d’un ancien site hospitalier en une zone mixte (540 logements) sans voiture. « Dans ce projet, il y a une vraie volonté de connecter le site à la ville, de créer des continuités dans les espaces publics, a expliqué Karen Landuydt, coordinatrice de dévelop pement de projets à la Ville de Louvain. Cela passe notamment par la mise à ciel ouvert de la Dyle, la création de berges naturelles et la conservation d’un espace naturel préservé des usages et des passages de l’homme. » Ajoutons que des espaces verts devant favoriser la régulation thermique seront aménagés, alors qu’il y a également la volonté de mettre en place un outil d’évaluation de la qualité de l’eau.

Des dégagements en bordure de la Dyle ont été aménagés au fur et à mesure, souvent en même temps que des projets immobiliers adjacents. Il s’agit de placettes et cheminements cyclo-pédestres qui créent un maillage fin et permettent de connecter les quartiers.

Michel Pauwels, architecte

Enfin, juste à côté d’Hertogesite, on retrouve un site aménagé il y a quelques années, le Janseniushof. Les aménagements effectués ont permis de désar tificialiser cet îlot et de dégager des espaces publics et des espaces verts ouverts au public. « On est passé ici de l'îlot fermé à l'îlot ouvert avec un maillage cyclo-piéton urbain, a précisé Karen Landuydt. C’est une belle réussite. Une aire de jeux partagée entre l’école et le public est également accessible. » Autant d’aménagements qui pourraient en tout cas inspirer bon nombre de communes brabançonnes.

ET EN BRABANT WALLON ?

Plusieurs aménagements intéressants ont déjà été réalisés aux abords de la Dyle même si cette rivière pourrait être davantage valorisée dans les espaces urbains. À Court-Saint-Étienne, sur le site Henricot 2 (Court-Village), la Dyle a été remise à ciel ouvert et mise en valeur via des chemins de promenade et des panneaux nominatifs.

À Ottignies, dans le cadre du Schéma directeur de développement du centre d’Ottignies, la valorisation de la Dyle fait partie des éléments clés. La gestion des risques de débordement sont également pris en compte.

interview

Paul Brasseur, échevin de la lutte contre les inondations de Wavre « Louvain a beaucoup à nous apprendre, même s’ils ont leurs propres spécificités. Leurs partenariats public/privé sont notamment très intéressants et leur ont permis de réaliser de très beaux projets. La végétalisation des berges, les aménagements de terrasses en gradins submersibles, les coursives pour les piétons ou encore la construction de nombreux logements couplés à l'aménagement de parcs arborés doivent nous inspirer.

À Wavre, le travail ne manque pas. Nous avons notamment remis notre candidature à un appel à projets de la Wallonie pour la remise à ciel ouvert de la Dyle au Quai aux Huitres. Nous sommes en tout cas pressés de voir le Schéma de dévelop pement communal (SDC) aboutir pour pouvoir déterminer une vraie vision du territoire. L’accent du SDC sera mis sur la gestion de l’eau sur notre territoire. D’une manière générale, la place de l’eau et la verdurisation du centre-ville, comprenant la lutte contre les îlots de chaleur, nous paraissent devoir bénéficier d’une attention prioritaire. J’espère que ce schéma sera finalisé en 2023. »

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Urbaniser en bordure de la Dyle est bien possible.

Une autoroute cyclable au milieu des bois

Une piste cyclable entièrement séparée et sécurisée à double sens le long de la chaussée de La Hulpe entre Boitsfort et Groenendael. Un modèle du genre qui traverse la forêt de Soignes sur le territoire de la Région flamande et permet de prendre la direction de la Wallonie en empruntant un pont cyclable qui

surplombe le carrefour de Groenendael. Avant de voir ce bel aménagement prendre fin et obliger les cyclistes à revenir sur des terrains beaucoup plus risqués. D’importants travaux sont toutefois en cours depuis le mois de septembre pour prolonger cette piste cyclable sécurisée (F205) jusqu’au centre

de La Hulpe. Ils sont prévus jusqu’en novembre 2023. Une collaboration entre Régions flamande et wallonne. La piste cyclable sera séparée des voies automobiles par une bande verdurisée de deux mètres de large. L’idée est même de prolonger cette autoroute cyclable jusqu’à Ottignies le long de la N275.

espacevie.be novembre 2022 13 respirer

Les grands défis de la construction circulaire

Faire appel aux principes de la construction circulaire lors de la transformation ou la rénovation d’un immeuble est une pratique de plus en plus dans l’air du temps. Un enjeu environnemental et urbanistique qui se développe surtout à Bruxelles et arrive en Brabant wallon. On en a parlé lors de notre dernier Midi de l’urbanisme organisé mi-octobre.

Pour aller plus loin

Retrouvez les présentations des différents orateurs du Midi de l’urbanisme qui s’est déroulé le vendredi 14 octobre sur notre site mubw.be.

La construction représente près de 40% de l'ensemble des émissions de CO2 du monde entier. Les innovations se multiplient donc pour tenter de faire évoluer un secteur pour le moins conservateur dans ses pratiques. À Bruxelles, pour s’aventurer dans une opération de démolition et de reconstruction d’immeuble, il faudra dorénavant démontrer qu’une rénovation est inappropriée. La construc tion circulaire est une autre avancée. L’idée est

de construire (ou de rénover) tout en réduisant son empreinte écologique. C’est-à-dire en utilisant des matériaux qui pourront être recyclés ou des matériaux de seconde main. Quatre intervenants ont partagé leur expérience du sujet lors de notre dernier Midi de l’urbanisme qui s’est déroulé le 14 octobre dernier à la Ferme du Biéreau. Pour Émilie Gobbo, qui travaille sur les questions d’économie circulaire au sein de Bruxelles-Environnement, les enjeux et défis en la matière sont gigantesques. « Un changement de paradigme est nécessaire, en pensant surtout à l’impact global sur l’ensemble du cycle de vie des bâtiments, a-t-elle précisé. Cela nécessitera très certainement une « adaptation » de nos pratiques. Pour ce faire, il est nécessaire de sensibiliser, d’informer et de former pour changer les mentalités. Il faut aussi inspirer pour montrer que c’est possible, tout en stimulant la créativité et la collaboration. En ce sens, la pratique du réemploi et la conception pour le réemploi répondent à de nombreux enjeux et font partie intégrante d’une démarche que l’on peut qualifier de "circulaire". »

Des produits innovants

Anton Maertens est business developer chez BC Material. Une entreprise qui convertit les terres de déblai des chantiers en matériaux de construction circulaires et neutres en CO2. Leurs briques de terre comprimée sont employées sur de plus en plus de chantiers. Près de 1 000 tonnes sont dorénavant produites chaque année. « C’est une solution durable qui permet de lutter contre la pénurie de matériaux, en proposant une formule locale qui met en avant la circularité, a expliqué Anton Maertens. En Belgique, 36 millions de tonnes de terres sont excavées chaque année, dont quelque 70 % sont exemptes de pollution. Les réticences de certains sur la fiabilité de nos briques n’ont aucun sens. Pour les immeubles jusqu’à deux étages, elles sont parfaitement adaptées. Procéder de cette manière est vraiment l’avenir de la construction.

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Julien Willem, Benjamin Piret-Gérard, Anton Maertens et Emilie Gobbo.

Les terres de déblai, une formidable matière première.

Nos enduits en terre crue sont meilleurs pour la qualité de l’air, l’acoustique et l’humidité. »

Julien Willem est de son côté venu présenter son projet de transformation de l’ancienne ferme de l’Épine, située à l’entrée de Louvain-la-Neuve, en un espace de bureaux Mundo-Lab. Le chantier est en cours et a d’ailleurs été récemment primé par la Région wallonne comme « chantiers et services circulaires ». « Pour nos six Mundo-Lab, il y a la volonté de proposer des immeubles à impact environnemental positif, a détaillé Julien Willem, en charge des projets immobiliers. Nous souhaitons favoriser aussi l’économie circulaire. De nombreux matériaux ont été récupérés tels que des portes, des luminaires, des isolants ou du mobilier, de même que 75 tonnes de poutrelles en acier. Nous nous donnons en tout cas le temps de faire des projets de qualité et d’étudier tous les aspects. Il est vrai que cela prend du temps mais cela en vaut la peine. Car il faut avant tout revenir aux besoins fondamentaux : pragmatisme, rénovation et sobriété. »

Un changement de paradigme est nécessaire, en pensant surtout à l’impact global sur l’ensemble du cycle de vie des bâtiments. Cela nécessitera très certainement une « adaptation » de nos pratiques.

Emilie Gobbo, spécialisée en construction circulaire

Une approche plus économique Benjamin Piret-Gérard, fondateur du promoteur immobilier Redev, est ensuite venu évoquer son projet immobilier à Nivelles. Soit la transformation d’un ancien site industriel en un ensemble de 66 logements. Avec comme caractéristiques principales d’avoir récupéré une série de matériaux dont notamment les briques qui seront maçonnées aux murs des nouveaux immeubles. « Je voulais faire les choses différemment mais je n’avais aucune idée que je travaillais selon les principes de la construction circulaire, a lancé Benjamin Piret-Gérard. Cela m’in téresse vraiment, je suis d’ailleurs en train de suivre des formations en ce sens. Ce projet veut diminuer au maximum les impacts environnementaux. 120 trajets de camions ont été économisés grâce au réemploi de matériaux. Et 700 palettes de briques ont été récupérées. Financièrement, j’ai réalisé des économies en procédant de la sorte. À refaire, je me lancerais à nouveau dans ce type d’opération. Car il est temps de favoriser d’autres approches. »

La nouvelle vie des fermes brabançonnes

Un vignoble contemporain à l'architecture traditionnelle.

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De plus en plus de fermes brabançonnes sont réhabilitées et trouvent une nouvelle affectation. Exemple à Tubize où le bureau d’architecture XVDH a transformé une ferme en carré traditionnelle en un vignoble branché.

Texte : Xavier Attout – Photos : XVDH

Des champs à perte de vue. Et puis, des vignes, par milliers, qui changent complètement la perspective des lieux. Le Domaine W est un vignoble installé depuis décembre 2020 dans une ancienne ferme en carré située à Saintes (Tubize). C’est la belle histoire de la réhabilitation d’une exploitation agricole arrivée à bout de course. Aucun enfant qui ne veut reprendre ce flambeau. Et une réorientation plutôt rare en Brabant wallon : 35 000 pieds de vignes plantés sur 8 ha. On y retrouve des cépages nobles champenois : chardonnay, pinot noir et meunier. Et une méthode traditionnelle haut de gamme belge, bio et biodynamie pour sortir à terme près de 50 000 bouteilles par an. Le climat local était similaire à celui que l’on retrouvait il y a trente ans en Champagne. Même le vent faisait office de point fort. Ils en ont tiré profit par l’aménagement d’une haie perméable et comestible de près de dix mètres de large.

Sauvegarder ce patrimoine

Pour parvenir à transformer cette ferme en vignoble, qui fait également office de club privé via son mode de financement participatif (lire par ailleurs), Dimitri et Sophie Wautier ont fait appel au bureau d’architecture ottintois XVDH pour concrétiser leurs ambitions. Il en ressort, pour la première des trois phases, une transformation haut de gamme mêlant architecture contemporaine et maintien des traces du passé. « Participer à la réhabilitation d’édifices comme celui-ci, qui ont une vraie âme et une histoire, est un vrai bonheur, explique Xavier van der Heyden, fondateur du bureau d’architecture XVDH. Cela m’a directement séduit. Le programme était particulier car il fallait tenir compte des activités professionnelles futures et de ses spécificités. »

La première étape a été de s’atteler à la transformation de la grange qui jouxte le corps

de ferme et qui date de 1856. Le mariage des deux entrepreneurs a été l’occasion de vider les lieux, jusqu’alors véritable caverne d’Ali Baba locale.

« Cela m’a permis de découvrir la grange sous toutes ses facettes, lance Xavier van der Heyden. La charpente était magnifique. Nous l’avons entièrement préservée, avec uniquement quelques renforcements ici et là. La toiture a par contre été entièrement remplacée. L’accent a été mis sur l’écoconstruction et sur la sauvegarde de ce pan du patrimoine wallon. »

Travailler sur la réhabilitation de fermes est quelque chose de réellement passionnant. C’est important de valoriser ce patrimoine et de lui redonner une autre vie, qui a du sens. D’autant plus en Brabant wallon où la pression foncière est importante. Xavier van der Heyden, bureau d’architecture XVDH

Ce grand espace de plus de 500 m2 a été divisé en deux au rez-de-chaussée : Une cave ther mo-régulée d'un côté et le travail de vinification de l’autre. À l’étage, sur 200 m2, on retrouve un grand salon – avec plafond acoustique – qui fait office de lieu d’accueil pour les différents événements organisés sur place. « Toute la façade a également été transformée. Le pignon ne pouvait être maintenu en état, ce qui nous a permis de le supprimer et de dégager toute la vue vers les vignes. Un espace d’accueil a également été aménagé. »

UN FINANCEMENT PARTICIPATIF ET ORIGINAL

La construction du vignoble a été financée par l’apport de fonds propres et par la recherche d’associés (via des parts de 500 euros pour atteindre 49% du capital). Près de 500 000 euros ont été récoltés au total par ce biais. L’autre innovation concerne la création du Club W, qui est une sorte de coopérative. Moyennant le paiement d’un droit d’entrée unique (de 300 à 3 600 euros), le membre se voit garantir, sur 20 ans, un nombre défini de bouteilles, l’accès à une multitude d’activités et de soirées de même qu’une priorité d’achat pour d’autres bouteilles. Un vrai succès, 1 000 membres étant recensés aujourd’hui. Si bien que les bulles ne peuvent être mises en vente libre pour le moment puisque le stock est entièrement écoulé. Un financement participatif qui a déjà permis de récolter 1,5 million d'euros.

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Un nouvel hangar contemporain sera bientôt adossé à la ferme.

Des réhabilitations qui ont du sens

La seconde phase concernera d’ici peu la transformation du corps de ferme en bureaux et salle de réception. La cour sera également réaménagée. « La troisième phase, dont le permis vient d'être obtenu, concerne la construction d’un second hall d’une taille bien plus importante que la grange actuelle. Il devra permettre de faciliter le stockage. Nous n’avons pas souhaité construire un simple hangar. L’architecture est faite de coupures, de manière à s’intégrer à l’environnement. Une grande terrasse sera également aménagée en son sein. »

Enfin, ajoutons que la ferme dispose d’un système de chauffage particulier puisqu’il fonctionne au miscanthus, une plante vivace originaire d’Asie du sud et d’Afrique. Un système en biomasse qui alimente toute la ferme, est neutre en CO2, et qui pourrait d’ailleurs chauffer bien d’autres bâtiments aux alentours.

« Travailler sur la réhabilitation de fermes est quelque chose de réellement passionnant. Notre bureau travaille sur un autre dossier du même type à Gesves, avec une transformation en un cabinet médical et espace de coworking. C’est important de valoriser ce patrimoine et de lui redonner une autre vie, qui a du sens. D’autant plus en Brabant wallon où la pression foncière est importante. La rentabilité d’un projet reste toutefois la clé de voûte d’une réhabilitation. »

Nous n’avons pas souhaité construire un simple hangar. L’architecture est faite de coupures, de manière à s’intégrer à l’environnement. Une grande terrasse sera également aménagée en son sein. Xavier van der Heyden, architecte

Publication : les fermes à cour

La Fondation Rurale de Wallonie vient de rééditer une publication dédiée à la sauvegarde des fermes à cour, un élément important du patrimoine rural. Celle-ci présente les diffé rentes caractéristiques des fermes à cour ainsi que des conseils concernant leur restauration, leur réaffectation ou leur diversification. Ces recommandations visent à attirer l’attention sur les aspects patrimoniaux et paysagers mais aussi énergétiques et urbanistiques.

Réédition de l’ouvrage initial de 2011, cette nouvelle publication revisite l’ensemble de cette brochure pour l’adapter aux nouveaux enjeux et réglementations actuelles. Elle fournit également des exemples de réaffectation, rénovation ou diversification.

Pour aller plus loin

Retrouvez toutes les infos sur le vignoble sur le site domaine-w.be et sur le projet architectural sur le site xvdh.com

Une publication disponible gratui tement (hors frais d’envoi) en version papier via commande sur le site frw.be.

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d'un territoire cultures

Oser vivre de sa passion

Originaire du Brabant wallon, Julie Mouvet vit désormais dans la province de Namur. Elle garde toutefois un lien fort avec le territoire brabançon par le biais de Compose, le podcast des gens qui osent créer. Lancé officiellement en juin 2021, il met en avant des personnes créatives dans de nombreuses disciplines. Le but ? Faire découvrir leur parcours, leurs réussites, leurs échecs, leurs moments de doute, leurs fiertés,

ce qui les pousse à créer... Pour Julie, donner la parole aux personnes qui osent vivre de leur passion donne un sacré coup de boost et permet de montrer que, finalement, tout est possible, tant qu'on se donne les moyens d'y croire ! Parmi la trentaine de personnes passionnées qu’elle a rencontrées, citons Maya Nashoba, autrice-compositrice-in terprète dont le compagnon organise des jam- sessions à Hamme-Mille, la

céramiste Sophie W qui a installé sa boutique à Villers-la-Ville, dans l'ancien atelier de menuiserie de son papa, ou encore Raphaël Esterhazy. À la fois musicien, chanteur, compositeur et producteur du groupe Konoba, il vit désormais à Bruxelles, mais participe beaucoup à la vie de Wavre, d'où il est originaire. Il avait fait un concert pour empêcher le projet de contournement.

C. Du.

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© Maud Pique

Cultiver les droits culturels, des textes aux faits

Adoptée en 2007, la Déclaration de Fribourg sur les droits culturels véhicule des notions d’identité, de diversité, de patrimoine, d’éducation… Au-delà des mots, se pose la question de traduire ces droits en actes pour les rendre effectifs. À Waterloo, un collectif solidaire, participatif et joyeux permet à des publics plus fragiles de questionner le monde et notre manière de l’habiter.

analyse partagée du territoire de Waterloo par le Centre culturel et ses partenaires sociaux culturels, citoyens et artistiques a permis de déceler une pauvreté cachée dans une commune réputée riche. « On a senti que quelque chose se jouait là, sans prendre conscience de l’étendue de cette pauvreté, explique Christel Ghin, animatrice chargée de projets éducation perma nente du centre culturel. Depuis octobre 2021, Toi moi nous, un collectif solidaire, participatif et joyeux qui tente de développer un modèle de lutte contre la précarité cachée, offre des espaces de rencontres, des temps d’échanges et des moments créatifs qui permettent à chacun et chacune de pouvoir exprimer et partager ses envies, ses idées et ses témoignages par le biais d’activités artistiques et, progressivement, de devenir acteur ou actrice de changement. »

Dès octobre 2021, après avoir sondé les diverses associations actives sur le terrain de la précarité, l’épicerie sociale « Espace convivialité » et le Centre culturel de Waterloo, avec les bénévoles de ces associations, ont tenté de faire venir aux activités du Centre culturel des gens qui habituellement n’entrent pas dans ses murs. « Beaucoup de personnes pensent que le théâtre est fait pour des gens qui ont de l’argent », confie Wivine Mayaya, responsable de l’épicerie sociale. L’idée est aussi de travailler sur la diversité culturelle, de sortir de l’image d’un centre culturel exclusivement réservé aux personnes ayant un certain niveau

socioculturel. « Nous voulons désacraliser le lieu, que chacun se dise que cette maison-là est faite pour tous, souligne Christel Ghin. Bepop est déjà bien ancré dans la question des droits culturels, mais avec la crise énergétique, notre enjeu s’étend encore plus. Notre objectif est de lutter contre toutes les précarités : économique, sociale, culturelle et affective. »

Décloisonner pour faire ensemble « Nous ne voulons plus cloisonner les bénéficiaires et les bénévoles des associations, souligne Wivine Mayaya, que beaucoup appellent « maman ». On fait venir les bénéficiaires à nos activités pour travailler ensemble sans distinction. » « On fait ensemble et avec, et non pour ou contre, dans un esprit solidaire et joyeux », ajoute Christel Ghin.

Deux axes d’actions se sont dessinés progressivement. D’une part la mise en route du collectif et de groupes de réflexion sur des thématiques telles que la fracture numérique et la mise à disposition de matériel informatique et, d’autre part, le développement d’activités artistiques avec différents ateliers. « Les premiers pas au sein du Centre culturel se sont faits via un atelier de cuisine, précise la responsable de l’épicerie sociale. Le Centre culturel a toujours été très présent. Il a fait don de places de théâtre. Les bénéficiaires s’étaient mis sur leur 31 pour venir à la salle Jules Bastin. »

Un collectif théâtral réunissant des amateurs, des bénévoles et des publics vulnérables s’est aussi constitué pour construire un spectacle partant des gens, de leurs besoins, de leurs ressentis et de ce qu’ils avaient envie de dire, avec l’aide de la compagnie de théâtre-action Collectif 1984. Une douzaine de personnes de 21 à 70 ans, aux profils très différents – comme des réfugiées ukrainiennes ne parlant pas français, un Péruvien, des personnes souffrant de fragilité psychique ou de difficultés sociales – se produiront sur la scène de la salle Jules Bastin en juin prochain. En attendant, chaque mardi, tout ce petit monde se réunit donc pour

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Texte : Caroline Dunski – Photo : Christel Ghin
On fait ensemble et avec, et non pour ou contre, dans un esprit solidaire et joyeux.
Christel Ghin, centre culturel de Waterloo

construire le spectacle en compagnie de Joëlle Regout, comédienne animatrice. Et comme certains et certaines ne maitrisent pas la langue française, l’animatrice les fait travailler sur le corps et amène du poétique. « Je travaille à partir d’images qui les touchent, en non verbal, sur le regard, la qualité de présence, la simplicité… Je ne sais absolument pas vers quel spectacle nous allons. Je tente d'aller vers des choses universelles telles que la faim, la solidarité… »

Un « simple » atelier théâtral permet de tisser des liens entre des personnes très différentes, mais il suscite aussi de nouvelles dynamiques qui vont bien au-delà de l’acte de faire culture et art ensemble. Progressivement, Christel et

Ateliers création collective. Faire émerger un c(h)œur à partir des émotions et réalités de chacun et chacune en vue d'une représentation théâtrale.

Wivine ont vu émerger puis se mailler autour du collectif Toi moi nous des questions de nourriture, d’anti-gaspillage et de solidarité. « Quand une des réfugiées ukrainiennes s’est emparée d’une pomme et a fait mine de la croquer en tournant le dos à toutes les autres personnes qui avaient faim elles aussi, une discussion politique a émergé au sujet de qui détenait la pomme et pourquoi », se souvient Wivine Mayaya. Pour en revenir aux droits culturels, on voit ici apparaitre celui de participer au développement de coopérations culturelles pour devenir acteurs et actrices, producteurs et productrices de sens dans les projets qui les concernent. Un droit que la Déclaration de Fribourg consacre dans l’article 8.

LES DROITS CULTURELS DANS LE TEXTE

Adoptée en 2007, en douze articles, la Déclaration de Fribourg réaffirme que les droits culturels sont, à l'égal des autres droits de l'homme, une expression et une exigence de la dignité humaine et, qu'à ce titre, il faut favoriser leur reconnaissance et leur mise en œuvre, à la fois aux niveaux local, national, régional et universel. Par leurs actions, des organismes tels que les centres culturels s'efforcent de les rendre effectifs au travers de projets comme l'initiative développée à Waterloo. En tant qu’acteurs culturels, les centres culturels écoutent et encouragent l’expression des citoyens, les accompagnent dans leur capacité à penser le monde de façon critique et à oeuvrer pour et avec eux en faveur d’un monde plus juste et

Pour aller plus loin

Pour en savoir plus sur les droits culturels, rendez-vous sur www.espacevie.be

plus égalitaire. Au Centre culturel du Brabant wallon, citons le projet #Essentiel mené en collaboration avec les centres culturels d’Ittre et de Braine-l’Alleud, Infor Jeunes, le Service de Prévention du Brabant wallon, ainsi qu'le Collectif des Maisons de Jeunes du Brabant wallon, pour créer un spectacle interactif, invitant à la réflexion et au débat entre jeunes et adultes autour de la période charnière qu’est l’adolescence. De leur côté, le Réseau brabançon pour le droit au logement et la Maison de l'urbanisme ont développé le projet Avec les autres dans cinq quartiers de logement public à OttigniesLouvain-la-Neuve, afin de nouer des liens et rompre l’isolement des habitants.

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espacevie.be

Roza chante la beauté et la fragilité

Rosalie Gevers a grandi à Ramillies, à Mont-SaintAndré, plus précisément. De son enfance passée à la campagne, entourée de verdure et d’animaux domestiques, elle a gardé l’amour pour la nature. À 22 ans, elle se consacre entièrement à la chanson sous le nom d’artiste « Roza ».

Texte : Caroline Dunski – Photo : Bertrand Vandeloise

Mont-saint-André, un village résidentiel comme bien d'autres. Rosalie n'a pas développé un attachement particulier à son village d'enfance. « Par contre, le fait d’avoir grandi à la campagne m’a énormément portée quand j’étais enfant. Cela m’a apporté beaucoup de joie d’être entourée de verdure et on avait pas mal d’animaux chez moi. C’était chouette d’expérimenter le monde en étant dans cet endroit. »

L’AMOUR DE LA NATURE

Toute petite, Rosalie est passionnée par l’aventure et la survie dans la nature, à la façon de Robinson Crusoé. Sa chambre est constituée d’une caravane au fond du jardin où il y avait un petit bois. « Ça me faisait vraiment palpiter, je m’entrainais à faire du feu, comme il n’y avait pas de chauffage là-dedans, je dormais sous plein de couettes. Il y avait vraiment cette notion de sobriété qui était importante et, par la suite, alors que j’étais déjà grande, ma maman a fait des études de guide-nature. Elle connaissait déjà très bien le nom des plantes par sa mère et elle nous a bien transmis cet amour du végétal, à mon grand frère, ma grande sœur et moi-même. »

TROUVER SA PLACE ENTRE L’INFINIMENT PETIT ET L’INFINIMENT GRAND

Alors qu’elle attendait la petite Rosalie, sa maman chantait beaucoup. De son côté, Rosalie a assez classiquement entamé des cours de guitare classique à l’académie, puis a commencé à chanter, accompagnée de son instrument. « Ça met du temps avant que cela ne devienne esthétique. Quand je revois des vidéos sur lesquelles j’ai 12-13 ans, je n’ai pas du tout la même voix. Il faut du temps pour parvenir à contrôler son instrument vocal. » Aujourd’hui, s’accompagnant du N’goni, un instrument à 10 cordes originaire de l’Afrique de l’Ouest, Roza se produit dans de nombreux endroits. « Le dénominateur commun de mes chansons est la question ‘Qu’est-ce qui importe ?’ comme dans la chanson Si petite qui parle du lien entre l’infiniment petit et l’infiniment grand et la difficulté de trouver sa place au milieu de tout ça, de pouvoir se dire qu’on vaut quelque chose et en même temps pouvoir prendre du recul et se dire que, quelque part, on n’est rien. »

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rencontrer

DE LA BIO-INGÉNIERIE À L’ENGAGEMENT CITOYEN

Si le projet principal de Roza est la musique et qu’elle commence à pouvoir en vivre, elle garde un lien avec ses études de bio-ingénieure via des « petits boulots » alimentaires, en donnant régulièrement des cours de math et de sciences, ce qu’elle adore. De la question de ce qui importe dans un monde où l’on va droit dans le mur, découlent beaucoup de questions liées à l’écologie. « Ce sentiment d’urgence climatique qui transparait dans mes textes m’anime énormément, il me donne envie de créer, mais il me donne aussi parfois envie de tout arrêter. Il y a pour moi un gros point de tension autour de tout ça. Il n’y a pas dans mes textes quelque chose de vraiment revendicatif, mais c’est plutôt que, pour moi, tout part de là. Ça parle, par exemple, de faire des enfants dans un monde si difficile. À la base de mon engagement écologique, il y a la question de ce qui est beau et, parfois, un désespoir profond face à la crise climatique. Ce sentiment de désespoir est puissant, parce qu’il nous rappelle qu’on tient vraiment à ce monde et nous pose la question de ce qu’on a envie de préserver. »

Parfois, Roza joue dans des soirées de soutien, elle a participé à la Marche des poètes, un festival en mobilité douce, ainsi qu’à Esperanza, qui questionne beaucoup le monde. « Je participe à des manifestations, mais c’est un peu compliqué parce que je suis plutôt militante sur le côté, mais je ne veux pas utiliser cela comme une façade. Les deux sont très liés en moi, mais j’essaye quand même de les garder un peu séparés. »

VOYAGER LÉGER ET LENTEMENT

Roza a eu la joie de faire deux grandes tournées de concerts, d’un mois et demi chacune, avec un vélo équipé d’une remorque d’un panneau solaire. « Ça s’est fait de fil en aiguille, sans calcul préalable. J’avais du mal à transporter tous mes instruments dans les transports en commun et je ne voulais pas investir dans une voiture pour autant. J’en ai parlé à mon père et on a fait cette carriole, ce qui faisait le lien avec les études de bio-ingénieure que j’ai faites juste avant et a constitué une chouette façon de mettre toutes mes connaissances en pratique. Ça me permet de mettre tout mon matériel dedans et de le transporter comme ça. C’est un peu en-dehors de ce que propose l’industrie musicale en matière de tournée, mais j’aimerais vraiment conserver l’esprit, avec une forme de lenteur, un contact direct avec les gens, parce qu’à chaque fois je dormais chez eux, je mangeais avec eux… J’aime aussi le fait de jouer dans des endroits insolites, et je pense que l’idée de ne prendre que la voiture et de dormir toujours à l’hôtel ne me plairait pas trop. Maintenant que j’ai gouté à la joie de rester chez les gens, avec les gens, je me rends compte que cela fait partie intégrante de la tournée. »

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MIDI DE L’URBANISME

La rénovation du bâti brabançon, un défi impossible ?

Vendredi 9 décembre de 12h à 14h à Louvain-la-Neuve

Le parc immobilier wallon est une passoire énergétique. Près de 95 % du parc résidentiel devra être rénové d’ici 2050 pour satisfaire aux objectifs européens. Le Brabant wallon n’y échappe pas, même si la situation y est un peu meilleure que dans les autres provinces.

Comment relever un défi d’une telle ampleur ? Quel avenir pour le parc immobilier brabançon et toutes ses villas quatre façades ? Quel impact ces questions énergétiques auront-elles sur le territoire ?

Les défis environnementaux, urbanistiques, financiers et sociaux s’annoncent en tout cas nombreux. Et les pistes de solutions devront être innovantes et créatives pour tenter de massifier ces rénovations auprès de propriétaires parfois désargentés. Autant d'éléments que nous aborderons lors de notre prochain Midi de l’urbanisme en compagnie de cinq orateurs.

Avec

Caroline Lejeune Service public de Wallonie, en charge de la stratégie wallonne de rénovation énergétique

Arnaud Dawans Project manager au Centre Scientifique et Technique de la Construction, responsable de la stratégie Réno+

Cédric Tumelaire Échevin de l'Energie, des Batiments publics et de la Smart City à Waterloo

François Lejeune Coordinateur supracommunal POLLEC chez inBW, pilote d’un projet de thermographie en Brabant wallon

Nicolas Cordier Directeur du Développement urbain et régional de l'UCLouvain

Inscriptions obligatoires avant le 7 décembre via m.urbanisme@ccbw.be ou mubw.be

Tarif : 5 euros (comprend boissons et sandwichs)

12h : accueil

12h15 : début de la conférence

14h Fin de la conférence

Adresse : Ferme du Biéreau Avenue du Jardin Botanique

1348 Ottignies-Louvain-la-Neuve

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