Espace-vie n°301| Mars 2021 : Démolir ou réaffecter, la valse-hésitation

Page 1

RENCONTRER

DÉCOUVRIR

APPRENDRE

Les courbes avant-gardistes de Damien Carnoy

Une école, deux vies

Le Brabant wallon, terre de tournages ?

espace

La revue qui décode les enjeux territoriaux du Brabant wallon

Patrimoine industriel

Démolir ou réaffecter, la valse-hésitation

301

Mars 2021 Bimestriel


sommaire

4 en bref apprendre 6 Démolir ou réaffecter,

découvrir 14 Une école, deux vies

la valse-hésitation

apprendre 16 Cinquante ans, respirer 10 L’exaspération du béton

11 répondre

Un permis de végétaliser, à quoi ça sert ?

et après ?

respirer 19 L’épouvantail, du

champ à l’imaginaire collectif

La version en ligne de nos Midis de l’urbanisme connait un certain succès. Notamment le Mini Midi consacré à la biodiversité qui s’est déroulé début mars. Avec Didier Samyn comme invité, un architecte et formateur volontaire au sein de la section Plecotus de Natagora, on s’est interrogé sur la manière de faire du bâti un nid pour la biodiversité. À revoir sur mubw.be

Mini Midi : WalOnMap Comment la plateforme WalOnMap, qui rassemble les données géographiques de la Wallonie, peut-elle être utile dans vos démarches quotidiennes ? On en a discuté avec Emmanuel Jauquet, gestionnaire en communication au sein de la Direction de l’intégration des géo données du Service public de Wallonie. À revoir sur mubw.be

rencontrer 12 Les courbes

Mini Midi : quatre façades, le grand retour ? Le Covid et ses conséquences vont-ils renverser les grandes tendances d’aménagement du territoire déployées ces dernières années ? On en a parlé avec Jean-Luc Son, administrateur-délégué de REIM.

avant-gardistes de Damien Carnoy

2 0 apprendre Le Brabant wallon,

terre de tournages ?

2 4 agenda Bitume stories

Espace-vie est la revue bimestrielle de la Maison de l’urbanisme – Centre culturel du Brabant wallon ( janvier, mars, mai, juillet, septembre et novembre). Elle traite de sujets relatifs à l’aménagement du territoire, à l’urbanisme et aux enjeux culturels en Brabant wallon. Créée en 1989, Espace-vie est indépendante de tout parti politique et dispose d’une entière liberté éditoriale.

Mini Midi : Bâti et biodiversité

À revoir sur mubw.be

Suivez-nous sur les réseaux sociaux maisonurbanismebw Linkedin.com/company/la-maisonde-l-urbanisme-du-brabant-wallon MUBW

Éditeur responsable : Nicolas Van der Maren - Rédacteur en chef : Xavier Attout (x.attout@ccbw.be) - Rédacteurs : Caroline Dunski (c.dunski@ccbw.be), Karima Haoudy (k.haoudy@ccbw.be) - Avec la contribution de : Joëlle Rigaux, Agnès Chevalier, et Maureen Schmetz - Équipe de la Maison de l’urbanisme : X. Attout, A. Chevalier, K. Haoudy, M. Schmetz - Présidente de la Maison de l'urbanisme : Sophie Keymolen - Maquette : Louise Laurent (www.louiselaurent.be) - Mise en page : Louise Laurent - Dessins : Marco Paulo - Imprimeur : Artoos Group - IPM Printing - Tirage : 7 000 exemplaires - Adresse : 3, rue Belotte, 1490 Court-Saint-Étienne - Contact : 010 62 10 50 ou m.urbanisme@ccbw.be - www.mubw.be - www.ccbw.be Espace-vie est publié avec le soutien de la Wallonie et du Brabant wallon. La revue est envoyée sur demande et gratuitement aux habitants du Brabant wallon, abonnement de 12 euros/an hors Brabant wallon. Ne peut être vendu. Si vous préférez recevoir Espace-vie en version numérique, n’hésitez pas à nous le signaler. Toute reproduction partielle ou totale nécessite une autorisation préalable de l’éditeur responsable. La clôture de ce numéro s’est déroulée le 16 mars. © Photo de couverture : Xavier Attout Espace-vie est imprimé sur du papier recyclé dans une imprimerie climatiquement neutre. Les émissions de CO2 sont neutralisées à 100 % par le biais de plantations d’arbres. L’emballage qui entoure la revue lors de l’envoi est en maïs.


avant-propos

Quatre façades, un retour à contresens Des envies d’ailleurs. D’une grande maison. D’un beau jardin. D’oiseaux qui chantent. De calme et d’air frais. Si le Covid bouscule les habitudes et donne à réfléchir sur le monde de demain, il perturbe également particulièrement les urbanistes et autres experts en aménagement du territoire. Vous le savez, ces dernières années, la tendance était à la densification des centres urbains et à la multiplication des immeubles à appartements. Et dans le même temps, les villas commençaient doucement à perdre du terrain. Trop spacieuses, trop énergivores, trop chères. L’avenir était à la ville, à ses facilités, à ses déplacements réduits et à ses multiples activités. Un phénomène mondial que le Brabant wallon et la Wallonie entendaient bien suivre. Sauf que le Covid est entre-temps passé par là. Bouleversant quelque peu les certitudes. De quoi renverser les grandes tendances d’aménagement du territoire déployées ces dernières années ? Nombreux ont en tout cas été ceux qui se sont interrogés sur leur habitat ces derniers mois. Trop petit, trop grand, mal situé, pas assez aéré, etc. Avec, dans de nombreux cas, des envies d’ailleurs. Les effets de la première vague au printemps dernier ont poussé un peu vite certains observateurs à affirmer que vivre à la campagne était à nouveau un must. La machine immobilière s’est ensuite remise en route. Laissant à penser que les nouveaux fondamentaux ne se verraient pas ébranler par le virus.

L’un des défis de demain sera donc de parvenir à juguler cette urbanisation à tout-va. La maison continue de faire rêver. Enrayer le mouvement sera délicat. Ce basculement ne se fera qu’au prix d’un aménagement de villes attractives et conviviales, combiné à une évolution des mentalités. Le problème, c’est que d’ici là – cinq, dix ans ? –, le règne de la maison perdurera. Et l’artificialisation des terres s’accélèrera jusqu’à la fameuse arrivée du « Stop au béton ». Soit l'exemple parfait de ce que personne ne souhaitait. Xavier Attout

3 espacevie.be |   mars 2021

Sauf que le Covid semble s’inscrire dans la durée. Et que d’autres pandémies pourraient suivre. Personne ne sait donc prédire pour l’heure la manière dont la demande va évoluer. Reste que, pour le moment, les maisons se vendent à toute vitesse. Plus nécessairement des quatre façades : deux ou trois suffisent si l’environnement est de qualité. Il suffit d’interroger l’un ou l’autre promoteur immobilier pour se rendre compte que la villa reste en Brabant wallon la poule aux œufs d’or du marché. Ils n’en ont jamais vendu aussi facilement qu’aujourd’hui. Et les demandes de permis se multiplient. Rien qu’à Chaumont-Gistoux, six importants dossiers sont sur la table.


en bref

Vers un Bella Vita bis à Ottignies

@B2AI, Henri Garcia et Urban Architects

4

Tubize attendra 2025 pour être désenclavée Le contournement nord de Tubize, essentiel dans le cadre de l’important projet immobilier en cours de développement sur le site des Forges des Clabecq, sera bien réalisé. Il faudra toutefois patienter jusque fin 2025 avant de voir les travaux se terminer, a annoncé le ministre wallon de la Mobilité Philippe Henry. La complexité des travaux expliquerait ce retard (ouvrages d’art, bassins d’orage, terrassements importants, etc.). Le déplacement d’un passage à vaches pose aussi surtout problème… Un nouveau planning qui ne devrait en tout cas pas arranger le promoteur Duferco Wallonie.

Lasne lutte contre l’inoccupation de ses logements Lasne a décidé de durcir quelque peu les règles en matière de taxation relative aux bâtiments inoccupés. Une manière de lutter contre l’insalubrité de ses logements et l’insécurité qui découle de cette inoccupation. Le montant réclamé via une taxe a été plus que doublé.

Cette navette sans chauffeur est un merveilleux outil sur le plan technologique. Il faut maintenant avoir confiance dans le dispositif. Vincent Blondel, recteur de l’UCLouvain au sujet de cette navette expérimentale qui fait la liaison entre la gare SNCB de Louvain-la-Neuve et le parc scientifique.

L’enquête publique relative au Schéma d’Orientation Locale (SOL) de la future clinique Saint-Pierre à Wavre vient de se clôturer. L’ambition est toujours de sortir de terre cette infrastructure d’ici 2028. Que deviendra alors le site actuel de la clinique à Ottignies ? On en sait un peu plus aujourd’hui. L’idée sera d’y créer un micro-quartier à vocation intergénérationnelle mêlant maison de repos et de soins, résidence services, crèche, habitat groupé, appartements et petits commerces. L’un ou l’autre bâtiment actuel sera maintenu, d’autant qu’une polyclinique moderne y sera toujours implantée. La transformation du site sera effectuée via une approche d’économie circulaire et de transformation durable. Un promoteur immobilier sera chargé de cette transformation.

Laurent Francis à l’Urbanisme Échevin du Développement Territorial à Grez-Doiceau, Laurent Francis ajoute une corde à son arc : il reprend l’échevinat de l’Urbanisme à Marie Smets. Un transfert justifié, deux ans et demi après le début de la législature, par une question de cohérence dans les politiques développées. À Grez-Doiceau toujours, on a également appris que le bourgmestre Alain Clabots passera la main en fin d’année civile à Paul Vandeleene, un directeur d’école actuellement conseiller communal.


Tubize figure à la cinquième position des communes wallonnes avec la plus grande superficie de Sites à réaménager (SAR) avec 138,8 hectares. Un peu plus loin, en dixième position, on retrouve Genappe (88,8 ha) et en quatorzième position, Nivelles (45,5 ha).

Retrouvez tout le contenu d'Espace-vie, de nouvelles informations, des vidéos et autres infographies sur notre site internet espacevie.be.

Le Brabant wallon cyclable C’est un beau tir groupé. Dix-neuf communes du Brabant wallon sur vingt-sept ont été retenues dans le cadre de l’appel à projets Wallonie Cyclable. Elles se partageront un budget de 10,8 millions pour développer une politique cyclable ambitieuse, avec des projets tels que la mise en place d’un réseau structurant reliant différents pôles d’attractivité (gares, commerces, zonings, administrations, hôpitaux, écoles, etc.), l’aménagement d’infrastructures séparées ou encore des espaces de stationnement de vélos.

Un fonctionnaire délégué rien que pour Louvain-la-Neuve ? L’idée est pour le moins surprenante : le député wallon André Antoine a suggéré la mise en place d’un fonctionnaire délégué dédié uniquement à Louvain-la-Neuve. Une piste qui permettrait selon lui de faciliter l’aboutissement des grands dossiers relatifs au développement de Louvain-la-Neuve tout en respectant les procédures. Une proposition qui a toutefois peu de chance d’aboutir…

5 espacevie.be |   mars 2021

138,8


6

Démolir ou réaffecter, la valse-hésitation Le Brabant wallon ne possède pas le plus riche patrimoine industriel de Wallonie. Les bâtiments tombent pourtant les uns après les autres, sous les coups de pelleteuses des promoteurs ou délaissés par leurs propriétaires. Seule une réaffectation financièrement viable peut permettre de préserver ce bâti industriel. Texte et photos : Xavier Attout


apprendre

Nivelles, Val de Thines. On y préservera des témoins du passé.

Il est dommage que ces bâtiments à l'architecture intemporelle qui rappellent l'histoire du site sur lequel ils sont implantés ne fassent pas l'objet d'un peu plus de créativité pour être préservés et rénovés tout en respectant leur identité. Samuel Ansiaux, architecte

au Moulin des Vignes à Mont-Saint-Guibert. Cette problématique est également dans l'actualité avec la mise en vente du site de la vinaigrerie L'Étoile. Il est dommage que ces bâtiments à l'architecture intemporelle qui rappellent l'histoire du site ne fassent pas l'objet d'un peu plus de créativité pour être préservés et rénovés tout en respectant leur identité. »

Suivre les exemples à l’étranger Quand on jette un œil à ce qui se fait à l’étranger, les références internationales sont en tout cas bien plus nombreuses. Baladez-vous dans la Ruhr (Allemagne) et vous serez émerveillés de la manière dont passé et présent se conjuguent. Même chose à Belval (Luxembourg), Saint-Nazaire ou Bordeaux. En Wallonie, on peut notamment relever quelques projets en cours comme le plateau de la gare à Gembloux, les abattoirs de Bomel et le site Asty-Moulin à Namur ou, à Liège, les sites du Val Benoit, de Cheratte ou de la Chartreuse, qui sont sur le bon chemin. En Brabant wallon, parmi les récentes réalisations qui ont connu des succès divers, citons la brasserie Duvieusart à Nivelles, l’ancienne filature à Braine-le-Château ou encore la Mégisserie à Ottignies. Alors que pour les projets de nouveaux quartiers à Court-Saint-Étienne, Genval ou MontSaint-Guibert, aucun élément supplémentaire à ce qui avait été préservé auparavant n’a été ajouté.

7 espacevie.be |   mars 2021

À

première vue, la liste est longue. Que ce soient les Forges de Clabecq, les papeteries de Genval et de Mont-SaintGuibert, les Usines Henricot ou encore le site de la Brugeoise & Nivelles à Nivelles. Autant de réussites industrielles du Brabant wallon devenues friches et qui, lors de leur réhabilitation en un nouveau quartier résidentiel, n’ont vu pratiquement aucun élément du passé préservé. Les pelleteuses des promoteurs font rarement dans le sentimental. Et les autorités publiques actionnent rarement le volet patrimonial, de peur de voir les investisseurs disparaitre. Résultat : toujours en quête d’une réelle identité depuis son apparition en 1995, le Brabant wallon ne peut même pas se reposer sur des éléments forts de son passé. Aucune rénovation marquante ne sort du lot. Aucun symbole de l’ère industrielle ne traverse les époques. « Pour les hauts-fourneaux, il en existe des plus beaux dans le Hainaut, d’où le fait qu’on n’en ait préservé aucun qui avait une certaine importance », racontait, il y a une dizaine d’années, le bourgmestre de Tubize Raymond Langendries. « Préserver un bâtiment était impossible, se souvient de son côté Éric Roubaud, qui pilotait à l’époque la réhabilitation du site des papeteries de Genval. Ils n’étaient déjà pas en bon état, n’avaient aucune signification particulière et occupaient une surface trop importante par rapport au nombre d’appartements que l’on pouvait construire à la place, d’autant qu’il fallait amortir les couts de dépollution. » Une équation souvent bien simple donc. Ces éléments, non classés pour la plupart, coutent trop chers à l’entretien par rapport aux bénéfices que l’on pourrait en retirer si on les réhabilite. Dans ce cadre, la Région wallonne est en train d’établir un inventaire du patrimoine industriel en danger (voir ci-contre). Cela tombe bien, c’est également le sentiment de Samuel Ansiaux, quand il se balade en Brabant wallon. « La problématique de la sauvegarde et de la réaffectation du patrimoine industriel en Brabant wallon m’interpelle beaucoup, explique cet architecte de formation qui est gestionnaire de projets immobiliers à l’UCLouvain mais qui s’exprime ici à titre personnel. Je suis étonné par l'état d'abandon et le pourrissement de certains bâtiments emblématiques des sites à rénover sur lesquels ils sont implantés. Je pense notamment à l'entrepôt du site de la sucrerie sur le plateau de la gare de Chastre et


apprendre

Préserver des éléments du patrimoine industriel pour le plaisir n’a aucun intérêt. Il faut lui définir une fonction. Sans cela, c’est infinançable. 8

Éric Roubaud, développeur immobilier

Reste que les points d’interrogation sont bien plus nombreux que les réussites. Citons simplement le plateau de la gare à Chastre (permis de démolition est en cours de demande), le Moulin des Vignes à Mont-Saint-Guibert (on va vers une démolition) et les immeubles De Raedt et de la vinaigrerie à Wavre (un nouveau projet mixte résidentiel et bureau qui remplacera la tour-hôtel et préservera le bâti ancien tout en l’agrémentant de nouveaux bâtiments est sur la table).

Trouver une affectation La question de la préservation d’un ancien bâtiment industriel reste en fait délicate. Ces bâtiments ne sont, le plus souvent, pas classés mais sont par contre parfois repris en partie dans l’Inventaire du patrimoine wallon. Quand les services de la fonctionnaire déléguée ou une commune doivent examiner une demande de permis concernant ce type de bâtiment, ils soumettent le dossier à l’Agence wallonne du Patrimoine. Qui remet régulièrement un avis positif sur la préservation. Reste que cet avis n’est pas tout le temps suivi. Car ce n’est pas vraiment une situation qui emballe un développeur immobilier. Qui avance alors la question de la dépollution du site, de l’état avancé de décrépitude du bâtiment voire de son mauvais emplacement, ce qui pénaliserait selon lui l’ensemble de la réhabilitation. « Le responsable d’un projet a une grande responsabilité en la matière, qu’il soit privé ou public, estime Michel Wautot, président de l’asbl Hommes et Patrimoine. Si personne ne se lève pour préserver un bâtiment, c’est fini. Le patrimoine industriel est toutefois composé d’un bâti complexe car destiné

Légende de la photo en quelques lignes. Légende de la photo en quelques lignes ou plus.

avant tout à l’industrie. Il prend de la place sur un site où le retour financier peut être important si on propose une autre programmation. Alors qu’il faut reconnaitre que la Région wallonne ne se bat pas non plus pour préserver à tout prix ce patrimoine.» La difficulté serait donc de trouver un juste équilibre entre les différentes parties. Et donc aussi entre rentabilité financière, préservation du patrimoine et utilité de la réaffectation. « Cet équilibre est difficile à trouver, du moins si on souhaite qu’il satisfasse les différentes parties, reconnait Cédric Harmant, collaborateur au

UN INVENTAIRE DU PATRIMOINE INDUSTRIEL EN DANGER Il devrait être prêt d’ici l’été. Un inventaire du patrimoine industriel en danger est en train d’être réalisé par les experts de l’Agence wallonne du Patrimoine, sur demande de la ministre du Patrimoine. De quoi permettre l’identification des éléments les plus vulnérables du patrimoine industriel wallon ou de ceux qui sont susceptibles d’être réhabilités avant qu’il ne soit trop tard. Ce travail permettra de mettre en place des « stratégies de valorisation, de récupération, de gestion et de sauvegarde

de ce patrimoine particulier, identitaire et symbolique ». « Il s’agit également de connaitre les actions à mener rapidement en vue de sauvegarder ce patrimoine », explique-t-on au cabinet de la ministre. Parmi les critères de cet inventaire, le principal est « le mauvais état sanitaire du bien patrimonial ou le risque de destruction imminente de celui-ci en raison d’un projet immobilier par exemple », ajoute le cabinet. Leur classement fera l’objet d’étude ultérieure. Ces biens doivent en tout cas présenter

un intérêt historique, architectural, scientifique, artistique, mémoriel, esthétique, paysager ou urbanistique. La rareté, l’authenticité, l’intégration et la représentativité sont d’autres critères pris en compte. Ajoutons que la priorité de la ministre n’est pas de préserver ces biens pour les mettre sous cloche mais bien de leur donner une utilité. Une réaffectation précise permettant de financer ce type de projet.


interview

« Maintenir un lien fort avec le passé » Philippe Ponlot, directeur de Thines Real Estate Propos recueillis par X. A.

Vous allez préserver des bâtiments industriels d’Arjo Wiggins à Nivelles malgré l’érection du nouveau quartier Val de Thines. Pourquoi ce choix ?

Wavre, anciens ateliers de Raedt. D'une tour-hôtel à un bâtiment mixte mêlant ancien et contemporain.

Qu’allez-vous préserver ?

Trois bâtiments. L’ancienne tour technique, qui possède une architecture fantastique à l’intérieur. Elle sera réhabilitée en espace horeca et de coworking. Juste en face, nous allons garder l’ancienne centrale électrique qui possède un plafond en brique remarquable. Seul bémol : il faudra voir si on parvient à drainer la pollution via le sous-sol du bâtiment. Enfin, un bâtiment, plus petit, marqué de la date « 1897 » sur la façade latérale, sera préservé. Il s’agit d’un des premiers bâtiments. On y fera une conciergerie ou nos bureaux.

Quels sont les critères pour une sauvegarde selon vous ?

Cela dépend du volume du bâtiment. Mais l’élément essentiel est de trouver une réaffectation. Si c’est uniquement pour une question d’esthétique, le cout d’entretien est souvent trop important. Dans cette idée, je pense qu’il serait intéressant que la Région wallonne soutienne davantage les promoteurs qui se lancent dans ces réhabilitations, pour les encourager. Via une prime, pas financière, mais de rapidité d’octroi de permis. Car, souvent, au plus les années passent, au plus les bâtiments sont en mauvais état et doivent être démolis.

9 espacevie.be |   mars 2021

sein des services de la fonctionnaire déléguée du Brabant wallon. À savoir ceux qui souhaitent préserver le patrimoine, la commune qui craint de voir un investisseur s’envoler et une friche qui perdure de même qu'un promoteur qui espère un retour sur investissement puisqu'il a déjà engagé certains frais. Une réhabilitation est possible uniquement si un bâtiment possède une réaffectation qui l’accompagne. Sans cela, le financement est délicat. En Brabant wallon, nous possédons un patrimoine industriel moins important que dans d’autres provinces. Et l’état de certains bâtiments ne permet pratiquement aucune sauvegarde. C’est une situation complexe donc. » Et Éric Roubaud d’ajouter : « Préserver des éléments du patrimoine industriel pour le plaisir n’a aucun intérêt. Il faut lui définir une fonction. Sans cela, c’est infinançable. Regardez le hall n°11 préservé dans le cadre de Henricot 1, à Court-Saint-Étienne. Il ne sert pratiquement à rien aujourd’hui.» Pour compliquer la donne, la récente diminution du taux de TVA pour les démolitions/ reconstructions, passant de 21 à 6 %, n’a bien évidemment pas aidé ceux qui défendent ces éléments du patrimoine. Des situations où un grutier « maladroit » se trompe de bouton ou un incendie « accidentel » se déclare et met à terre certains bâtiments pourraient donc encore davantage se multiplier à l’avenir…

Cela nous semblait évident. De nombreux Nivellois ont un lien affectif fort avec ces papeteries. Un travail de mémoire a donc été effectué. Nous avons consulté de nombreux architectes et experts pour connaitre les détails de cette architecture industrielle. Ils nous ont bien signifié que quelques bâtiments méritaient d’être maintenus. Un photographe a été engagé dans la foulée pour immortaliser tous les bâtiments. Il en est ressorti des photos extraordinaires.


respirer

10

L’exaspération du béton Cinq terrains à bâtir. Les derniers de la rue des Bleuets, cette longue voirie située à cheval sur Wavre et Rixensart. Et un sentiment d’exaspération de certains devant cette urbanisation. Ce n’est pas le champ le plus beau des

environs, d’autant qu’il était enclavé entre deux rues, des maisons et les voies de chemin de fer. Mais ce tag symbolise en quelque sorte le ras-le-bol devant une nouvelle artificialisation du sol dans une des deux communes les plus urbanisées

du Brabant wallon. D’ailleurs, tant à Rixensart qu’à Waterloo, ce n’est pas le « Stop béton » qui arrêtera l’urbanisation du sol d’ici 2030 ou 2040. Ce sera simplement le fait qu’il n’y aura plus un seul terrain à bâtir sur tout le territoire.


répondre

Un permis de végétaliser, à quoi ça sert ? Une question de Sébastien,

De plus en plus de villes et communes ont décidé d’ajouter un permis de végétaliser dans leur arsenal juridique. L’objectif étant de ramener de la végétation dans les centres urbains. Un élément essentiel pour les grandes métropoles dans l’idée de rafraichir quelque peu les villes et de lutter contre les ilots de chaleur. Et une manière également de rendre les villes plus conviviales et d’embellir le cadre de vie. En Brabant wallon, les ambitions sont un peu moindres. L’idée étant avant tout d’encourager et d’encadrer une démarche participative d’habitants, d’écoles, d’associations voire de commerçants qui souhaitent ramener un peu de verdure dans l’espace public. Ittre, Wavre, Chaumont-Gistoux ont notamment franchi le pas. Nivelles en fera de même en avril. Ces communes soutiennent principalement ces démarches via une série de conseils (quel arbre planter, comment le planter, etc.). Une convention scelle habituellement l’accord entre les deux parties pour s’assurer du bon suivi de l’entretien de l’espace public. « Le permis de végétaliser est en fait une autorisation d'occupation temporaire d'une partie du domaine public accordée par la commune à toute personne qui s’engage à assurer la réalisation et l’entretien de l’espace public, relève Pascal Rigot, échevin du Développement durable à Nivelles. Cette autorisation est renouvelable. » À Nivelles, ce permis sera avant tout destiné à végétaliser les façades. « La Ville sera surtout attentive au fait que les plantations ne portent pas atteinte aux façades des voisins et respectent les règles permettant d’assurer la sécurité des piétons sur les trottoirs », poursuit Pascal Rigot. Dans d’autres communes, cette végétalisation passe également par des murs végétalisés, des jardinières mobiles, des parterres de pleine terre voire des plantations en pieds d'arbres. Reste qu’un citoyen ne peut toutefois pas planter ce qu’il veut. Les plantes d'espèces hallucinogènes, urticantes ou invasives ne sont, par exemple, pas les plus recommandées.

Un greenwashing à changer « La végétalisation en ville est une tendance de plus en plus forte, explique Olivier Baudry, expert et gestionnaire forestier au sein du bureau Dryades. C’est intéressant, même si les effets de ces actions restent très marginaux sur la biodiversité ou l’environnement. Cela permet de se donner bonne conscience. Il est parfois plus utile de planter 5 km de haies que de lancer des forêts urbaines. Même constat par rapport à la surface de tous les jardins privatifs du Brabant wallon, qui est impressionnante. Il serait plus opportun d’agir sur ce volet. Bruler du fuel et effectuer des déplacements pour tondre son gazon est insensé. Ce culte de la pelouse parfaite vient des années 60. Alors que tondre est très dommageable en termes de biodiversité. Redonner un aspect sauvage via des prés fleuris serait bénéfique pour les insectes et les oiseaux. » X. A.

directeur financier, de Wavre

11 espacevie.be |   mars 2021

Une réponse d'Olivier Baudry, expert forestier et de Pascal Rigot, échevin à Nivelles


rencontrer

Les courbes avant-gardistes de Damien Carnoy

12

L’un des pionniers de l’écoconstruction en Belgique est installé au beau milieu des bois à Ottignies. L’architecte Damien Carnoy y déploie toujours une architecture dite organique. Son savoir-faire singulier dans le domaine de la construction en bois en fait toujours un expert écouté. Retour sur une carrière à contrecourant. Texte et photo : Xavier Attout

U

ne architecture qui ne laisse pas indifférent. Et un architecte qui est sorti tout au long de sa carrière du moule classique servi par les écoles d’architecture. Damien Carnoy (64 ans) est l’un des pionniers de l’écoconstruction en Belgique. Cet habitant d’Ottignies s’est fait connaitre par son architecture organique qui met en valeur la construction en bois. Quelques maisons de particuliers en Brabant wallon - « je n’en construis toutefois pas beaucoup », des écoles voire des ensembles résidentiels. Et toujours cette même ligne de conduite qui vise à s’approprier le site et ses contraintes avant de déployer ses coups de crayon. Si l’homme a aussi étendu son expertise dans la consultance de projets en bois et dans la formation, il s’est aujourd'hui recentré sur sa mission d'architecte. Retour sur un parcours hors du commun.

UN RÔLE DE PRÉCURSEUR « Cette sensibilisation pour le durable est apparue dans les années 1970, pendant mes études à Saint-Luc Tournai. Le choc pétrolier nous poussait à réfléchir autrement. À prendre en compte les questions environnementales et énergétiques. Cela a été un déclic pour moi. Ce fil rouge m’a guidé tout au long de ma carrière. » Reste que ses compagnons de l’époque n’ont pas eu la même influence puisqu’ils sont très vite retournés vers une voie plus traditionnelle. « Je suis resté fidèle à mes idées. Elles étaient en quelque sorte avant-gardistes quand on observe la manière dont le durable s’est imposé aujourd’hui. Surtout ces dernières années. Pendant longtemps, j’ai dû expliquer ma démarche en long et en large. Aujourd’hui, mon discours est mieux accepté. Je dois moins le défendre. »

L’UNICITÉ DES MAISONS ORGANIQUES « Ce sont des constructions qui s’insèrent complètement dans leur contexte, dans leur environnement. Elles présentent des lignes ondulées, nerveuses, légères, dynamiques qui rappellent les mouvements d'une plante. L’idée est clairement de s’inspirer du monde naturel. Mon approche se décline en tout cas toujours en termes de paysage, qu'il soit urbain ou rural. C'est le lieu qui crée sa construction. D’ailleurs, lors de ma première rencontre avec un propriétaire, quand nous allons sur le terrain de sa future maison, je le laisse toujours m’expliquer comment il voit les choses. L’endroit où il se place me donne de nombreux indices sur sa situation privilégiée, celle où il se sent bien. Ma démarche est partout la même. À la ville ou à la campagne, pour des petits ou des grands projets. »


UNE EXPERTISE RECONNUE « J’ai été pendant de longues années une sorte de consultant de luxe dans le domaine de la construction en bois. De nombreux architectes me sollicitaient pour me demander des conseils dans le cadre de leur projet. Construire en bois est complexe et exige une connaissance technique que peu possèdent. C’est un rôle qui me plaisait. J’ai décidé de lever quelque peu le pied ces dernières années. Mais je souhaite transmettre également mes connaissances aux plus jeunes. Je vois d’ailleurs que de plus en plus de jeunes s’intéressent à l’architecture organique, c’est prometteur et intéressant. Ils peuvent également davantage la développer sous l’angle minimaliste. »

L’ESSOR DES CONSTRUCTIONS EN BOIS

GREENWASHING « La question de la durabilité est au centre des discussions actuellement. Il est regrettable qu’il s’agisse toutefois avant tout d’un discours marketing. Même si la situation est moins pire qu’avant, il y a une sorte de greenwashing qui n’est pas opportune. D’une manière générale, j’ai également beaucoup de mal avec les lotissements dit durables. Ils sont tellement synonymes de répétition et de forme statique, ce qui est à l'opposé de toute forme de mouvement ou de dynamisme que je mets en avant. »

WALHAIN, TERRE D’AMBITIONS

Damien Carnoy et sa maison construite en 2015 à Ottignies

« Je travaille sur peu de projets. Celui sur lequel je suis toutefois occupé est particulièrement marquant. Il s’agit du projet Vivagora, un Havre des Possibles à Walhain développé par la Mutualité chrétienne. Une rénovation et reconstruction d’un ensemble de 60 à 70 logements abordables sur l’ancien site de 2,5 ha du couvent des Carmélites. Ils sont destinés aux personnes âgées, aux familles monoparentales et fragilisées, aux personnes souffrant d’un handicap. C’est vraiment un beau projet qui proposera une architecture organique et mettra en avant le concept de santé positive. »

13 espacevie.be |   mars 2021

« Le bois a aujourd’hui clairement acquis ses lettres de noblesse. Je suis certain que les constructions en bois vont se multiplier. L’industrialisation des processus et la préfabrication permettent d’optimaliser et d’accélérer les processus de construction. Contrairement au béton, votre maison est directement sèche et vous pouvez passer à l’étape suivante. Ce type de construction s’est en plus largement démocratisé. De plus en plus de promoteurs lorgnent d’ailleurs sur ce segment. »


14

L'ancienne école brille à nouveau, au pied de l'église Saint-Joseph de Court-Saint-Étienne.


découvrir

Une école, deux vies

Texte et photo : Xavier Attout

E

t dire que deux promoteurs qui ont remis une offre pour acheter ce site souhaitaient démolir le bâtiment. » En jetant fièrement un œil sur la bâtisse d’une des anciennes écoles du Collège Saint-Étienne, situé le long de la rue du Village, au pied de l’église Saint-Joseph à CourtSaint-Étienne, Éric Goditiabois, cofondateur de G&R Estate, ne peut cacher sa satisfaction d’avoir réussi son coup. À savoir rénover entièrement ce bâtiment de 900 m2 qui date de 1910 et le transformer en un ensemble de neuf appartements. Et, surtout, d’avoir pu préserver un élément important du patrimoine local et lui avoir redonné quelques couleurs. La façade, sablée, a notamment retrouvé tout son éclat. L'incrustation en pierre de Gobertange – avec la mention « Écoles libres de l'Immaculée Conception » - qui trône en son sommet attire à nouveau les regards. Alors que le mélange de l’ancien et du contemporain devrait séduire. « Il aurait été vraiment triste de voir disparaitre ce bâtiment, fait remarquer Christian Alen, président de l’association Le Patrimoine Stéphanois. Quand vous vous baladez dans cette rue en pavé, la vue est magnifique avec l’église, le presbytère, le domaine Goblet d’Alviella. C’est l’un des plus beaux endroits de Court-Saint-Étienne. » Éric Goditiabois est un développeur immobilier atypique. On l’a déjà remarqué avec l’ensemble de maisons construites dans le cadre du Hameau de la Gette, à Jodoigne, où un bâti de qualité et des espaces publics réfléchis ont reçu les félicitations

«

Notre objectif reste de proposer du « beau », bien loin par exemple des façades en crépi blanc que nous voyons partout. Nous allons à contrecourant du marché car nous estimons qu’il y a une demande pour ce type de biens. Éric Goditiabois, développeur immobilier

du fonctionnaire délégué de l’époque. « Notre objectif reste de proposer du beau , bien loin par exemple des façades en crépi blanc que nous voyons partout, lance le développeur, qui compte une dizaine de projets dans son pipeline, en Brabant wallon et à Namur. Nous allons à contrecourant du marché car nous estimons qu’il y a une demande pour ce type de biens. Notre choix est d’utiliser des matériaux de qualité qui résistent au temps même si notre marge de rentabilité est plus basse. C’est notre différence par rapport aux gros promoteurs. Trop de promotions immobilières se contentent aujourd’hui du minimum. Nous pensons que vivre dans un environnement de qualité, où les enfants peuvent jouer dans la rue et où les maisons sont de qualité supérieure, est important. »

15

Le beau au centre du jeu En pénétrant dans l’ancien hall d’entrée de l’école, la largeur du couloir et la hauteur des plafonds laissent directement transparaitre l’âme des lieux. De même que le large escalier qui permet de rejoindre le premier étage. Chaque classe a été transformée en un appartement de deux chambres. De larges terrasses amovibles ont été ajoutées, dans un style empreint de légèreté. À l’arrière, trois jardinets ont été aménagés. « Ce sont des appartements qui ressemblent à notre philosophie, poursuit Éric Goditiabois. C’est un win-win de proposer quelque chose de soigné. Tant pour la commune que pour les habitants. Remettre le beau au centre des attentions coute bien évidemment plus cher. Il serait donc important que les communes songent à réduire les charges d’urbanisme dans le cadre de projets qui visent à améliorer le patrimoine local ou à embellir la commune. Sans quoi ce type de réalisation n’est pas viable économiquement. D’ailleurs, sans une bonne réflexion avec les autorités locales, cette réhabilitation n’aurait pas pu se réaliser. Ce qui aurait été bien dommage. » Ajoutons qu’après quatorze mois de travaux, ces appartements seront mis à la location en juin. Un investisseur a racheté l’ensemble du projet.

espacevie.be |   mars 2021

Une ancienne école de Court-Saint-Étienne a été complètement réhabilitée en un ensemble d’appartements. Une préservation du patrimoine local alors que certains promoteurs souhaitaient la démolir. De quoi donner une seconde vie à ce bâtiment qui fait office de porte d’entrée dans la commune.


apprendre

Cinquante ans, et après ? 1971-2021 : 50 ans après la pose d’une première pierre au milieu des champs, Louvain-la-Neuve est devenue une référence sur le plan urbanistique. Comme prévu initialement, la cité universitaire s’est transformée en ville ces dernières années. Si elle concentre les atouts et les équipements, l’ambition est dorénavant de faire grimper sa population qui ne compte que 11 000 habitants. Près de 3 000 logements sont dans les cartons. Texte : Xavier Attout Photos : X. A. et Eckelmans

16

L

Sur le plan urbanistique, la réussite est indéniable. Louvain-la-Neuve est aujourd’hui le pôle central du Brabant wallon, comme c’était prévu dans ses plans originels. Une success story qui concentre les atouts : la science, la recherche, la culture, le sport, l'enseignement, l’emploi, le commerce. Et dont le demi-siècle de la pose de sa première pierre célébré le 2 février dernier n’est qu’un rappel de la rapidité de son développement. Tout n’est bien évidemment pas rose dans cette ascension. Louvain-la-Neuve, c’est aussi des prix de l’immobilier qui explosent, des embouteillages importants aux heures de pointe et une population peu diversifiée (très classe moyenne et bien éduquée). Reste que, si beaucoup a déjà été écrit sur cette ville, son développement futur s’écrit encore en pointillé. « L’un des principaux enjeux sera d’augmenter le nombre d’habitants, explique Nicolas Cordier, responsable du développement urbain et régional de l’UCLouvain. On en dénombre près de 11 000 aujourd’hui (ndlr : en baisse même) pour 50 000 personnes qui y étudient et travaillent. C’est bien trop peu par rapport aux équipements dont elle dispose. Il faut faire profiter Louvain-laNeuve à plus de monde. » Et Jean-Luc Roland, un des principaux acteurs de son développement ces vingt dernières années via sa fonction de

L’un des principaux enjeux sera d’augmenter le nombre d’habitants. On en dénombre près de 11 000 aujourd’hui. Il faut faire profiter Louvain-laNeuve à plus de monde. Nicolas Cordier, directeur de l’Inesu

Jean-Luc Roland et Nicolas Cordier, entre passé et présent.

bourgmestre d’Ottignies-Louvain-la-Neuve, d’étendre le propos : « C’est une évidence. 11 000 habitants, cela correspond à la population d’un gros village. » Près de 3 000 logements sont en tout cas planifiés dans la prochaine décennie (voir tableau). Ce qui devrait amener 6 000 à 8000 habitants supplémentaires.

Relancer la machine. Le développement de Louvain-la-Neuve s’est surtout accéléré ces vingt dernières années. Après des années à vivoter. « L’arrivée des cinémas, du musée Hergé et de l’Esplanade (2005) ont été les éléments déclencheurs, précise Jean-Luc Roland. Avant cela, plus rien ne bougeait. L’UCLouvain songeait d’ailleurs à ne plus étendre la dalle. Tout s’est emballé ensuite. » Et Nicolas Cordier d’ajouter : « Il est intéressant de relever que, à cette époque, une des raisons de la stagnation du développement urbain


était lié au financement des projets sur la dalle. Alors qu’aujourd’hui, vu la pression foncière, c’est essentiellement dû aux procédures urbanistiques. Ce sont des problèmes plus difficiles à surmonter que des questions de financement. »

Maintenir l’exigence. Louvain-la-Neuve a aujourd’hui pris son envol. Elle entame un nouveau chapitre de son histoire, à savoir finaliser le développement d’une ville qui est un modèle urbanistique. « Il sera important de garder un haut degré d’ambition dans nos projets, précise Nicolas Cordier. Si dans dix ans, le futur quartier Athéna-Lauzelle n’est pas labellisé comme un quartier modèle au niveau européen, nous aurons raté le coche. L’université doit tendre vers l’exemplarité. Et ce quartier doit être un modèle du genre sur le plan de la mobilité, de l’énergie, des modes d’habitat, de la dématérialisation du foncier

ou encore de l’architecture. Il doit être construit pour 2030 et non par rapport aux enjeux actuels. Il est aussi surtout capital de mieux réguler dès le départ le prix de vente des terrains et la plus-value qui s’en suit. Cela n’a pas été fait auparavant. Il serait intéressant que cela ne se reproduise plus. Une maison qui a couté 250 000 euros à la construction et qui grimpe à 500 000 euros dès que la clé est mise dans la porte, ce n’est plus possible. » Fini en effet de mettre des terrains à bâtir à disposition en dessous des prix du marché et sans autre critère de sélection que « premier arrivé, premier servi ».

Les enjeux. « Les deux zones les plus essentielles à développer sont les extrémités de Louvain-la-Neuve, explique Jean-Luc Roland. Qu’allons-nous développer sur le terrain situé entre la N25 et la E411, à la sortie 8A ? Il s’agit d’un des terrains les mieux situés


18

de Belgique, entre la gare et l’autoroute, avec 3000 places de parking juste à côté. Un Forest National bis avait été imaginé il y a quelques années. Les cliniques Saint-Pierre avaient également songé s’y implanter. Je pense qu’il s’agit d’un endroit sensible, où un geste architectural serait bienvenu. Tout comme il sera important de réussir l’aménagement de la gare, ce qui permettra de relier le quartier Courbevoie à la ville. L’autre enjeu, c’est le site situé entre l'Aula Magna et le lac. Un projet résidentiel y est prévu. Réussir cet aménagement sera essentiel pour créer une liaison conviviale avec le lac. » Pour le premier, un SOL (Schéma d’Orientation Local) est à l’étude. « Le développement du parc scientifique est une des priorités, relève Nicolas Cordier. Il reste actuellement seulement quelques hectares pour les entreprises alors que les besoins sont criants. Il est donc nécessaire de développer cette ZACC (Zone d’Aménagement Communal Concertée) pour les entreprises. Créer un volet multimodalité à l’entrée de Louvain-la-Neuve est une option. Pour le reste, aucune décision n’est prise. » Notons qu’il reste encore quelques terrains très intéressants pour développer du tertiaire (au bout de Courbevoie le long de la N25 et à proximité du rond-point Oh’Green notamment).

Mobilité. Si la piétonisation de Louvain-laNeuve est un de ses atouts, l’accès au centre-ville reste très dépendant de la voiture et de ses nombreux parkings. Rejoindre le parc scientifique ne se fait pratiquement que via l’automobile. Alors que les embouteillages sont légion aux heures de pointe. « La mobilité pour accéder à Louvainla-Neuve n’est pas un problème, tempère Nicolas Cordier. Les automobilistes ne perdent que 5 à 10 minutes le matin et le soir. Des travaux routiers sont prévus au croisement de la N25 et de la N4 de même qu’à hauteur de la sortie 8A. La situation va donc s'améliorer, d'autant que les modes doux vont également être favorisés. L’accessibilité est d’ailleurs une des principales raisons pour lesquelles les entreprises quittent Bruxelles pour Louvain-la-Neuve. »

Rénovation. Ce devrait être l’un des enjeux majeurs des prochaines années. Le parc de logement vieillit, de même que celui des bâtiments universitaires. Certains sont loin d’être aux normes énergétiques actuelles. Reste que ce renouvellement du bâti s’annonce long. « Les premiers logements situés dans le quartier Bruyère sont de qualité

moyenne mais d’autres sont de bonne qualité, fait remarquer Jean-Luc Roland. C’est très inégal. Un des vrais enjeux urbanistiques sera de réfléchir à la manière dont on peut isoler par l’extérieur en parvenant à garder l’aspect brique qui fait partie de l'identité architecturale locale. Ce sont ces détails qui peuvent changer l’image d’une ville. » Nicolas Cordier est, de son côté, moins inquiet par l’ampleur de ce chantier de rénovation. « La rénovation va se faire au fur et à mesure des années. Mais il y aura très peu de démolitions. La vraie difficulté est liée à la valeur locative de tous ces biens : elle est très élevée, même s’il y a des cafards et que le bâtiment est mal isolé. Tout se loue, ce qui ne pousse pas un propriétaire à investir. Il faudrait donc qu’il y ait de gros problèmes de stabilité pour démolir et reconstruire. Cet enjeu concernera les immeubles collectifs mais moins les logements individuels. Dans dix ou vingt ans, on réfléchira à démolir certains immeubles mais pas encore aujourd’hui. »

Nombre de logements attendus d’ici dix ans

Entre le lac et l'Aula Magna, zone à haut potentiel.

Logements

Esprit Courbevoie Quartier Athena - Lauzelle Quartier Baraque Nord Entre le lac et l’Aula Magna Au-dessus des voies (côté Färm) Blocry (d'ici 2040) Parking Leclerc (d'ici 2040)

450 1400 50 300 300 300 300

Total 3100


cultures

d'un territoire

espacevie.be |   mars 2021

19

© Roberto Saltori

L’épouvantail, du champ à l’imaginaire collectif Dans diverses contrées de Wallonie, comme à Piétrebais devenu Village de l’épouvantail, ce dernier est mis à l’honneur lors de fêtes villageoises. Mais il faut bien le reconnaître, s’il se rencontre encore occasionnellement dans l’un ou l’autre champ, il appartient plus aujourd’hui à l’imaginaire collectif qu’à une nécessité de la vie agricole.

Dans une thèse touffue de quelque 620 pages, Marthe Magrou, docteure en sociologie, développe une « approche anthropo-sociologique des épouvantails dans les champs ». Elle s’interroge sur le sens que prend leur présence dans une agriculture contemporaine intensive laissant le « tout à la machine ». Elle souligne aussi que l'épouvantail a traversé les frontières du monde

agricole, où « l'effarouchement des oiseaux est inefficace », puisqu’ils finiront toujours par revenir, pour s'inscrire fortement dans l'imaginaire d'une population « non-agricole ». L’anthropologue estime néanmoins que ce passage de l’agricole au non-agricole « parle d'un lien, et du rattachement du monde agricole à la société globale ». C. Du.


apprendre

Le Brabant wallon, terre de tournages ? Proche de Bruxelles et riche en prestataires de post-production, le Brabant wallon est prisé par les sociétés de production cinématographique. 800 décors brabançons sont répertoriés dans la base de données de Wallimage Tournages. Pourquoi pas votre maison, votre château, voire votre cabane de jardin ? Texte : Caroline Dunski – Photos : Médiadiffusion, Wallimage Tournages

L’

20

Cette petite maison annexe pourrait tout à fait passer pour un chalet suisse et Wallimage n’aurait jamais eu connaissance de son existence si je ne m’étais pas déplacé. Benjamin Vanhagendoren

Agence du Film du Brabant wallon, les bureaux d’accueil de tournages en Hainaut (BATCH) et en provinces de Liège, Namur et Luxembourg (Clap Wallonie) ont toujours joué un rôle essentiel dans l’organisation des tournages en Wallonie. Leurs équipes sillonnaient le territoire à la recherche de lieux naturels ou bâtis susceptibles de servir de décors aux cinéastes, aguerris comme débutants. Depuis 2019, Wallimage Tournages a repris les missions que ces structures assuraient jusqu’alors, avec l’idée de générer une activité économique dans la région où se déroulent les tournages. Aujourd’hui, les équipes du pôle régional wallon de l’audiovisuel ne prennent plus leur voiture pour tourner à la recherche du décor idéal, mais elles alimentent la base de données des décors proposés par des particuliers. « On a un peu moins de temps pour chercher, explique Benjamin Vanhagendoren, chargé de projets qui travaillait au BATCH, et on fonctionne plus sur base des propositions de décors que nous font les gens. Une dame nous a proposé sa maison dernièrement, on va aller la visiter et l’indexer dans la liste. » Wallimage ne cherche pas que de beaux décors. Un jour que Benjamin Vanhagendoren allait visiter une villa aux murs tout blancs à Court-Saint-Étienne, il a découvert, à côté de la piscine, une petite maison annexe que son propriétaire n’avait jamais songé à proposer. « Elle pourrait tout à fait passer pour

Dans les anciens locaux de la RTBF à Wavre, l'équipe de la série Ovni(s) produite par Canal+ a trouvé le décor idéal pour reproduire le CNES (Centre National - français - d'Etudes Spatiales).

un chalet suisse, et Wallimage n’aurait jamais eu connaissance de son existence si je ne m’étais pas déplacé. »

Tourner sous le Covid « Maintenant, on est plus dans une dynamique de résolution de problèmes. Les gens nous appellent pour démêler des nœuds, quand ils sont coincés par des demandes d’autorisation. Lors de la sortie du premier confinement, la ministre de la Culture, Bénédicte Linard, avait envoyé un courrier pour rappeler aux autorités locales que l’activité cinématographique n’est pas une activité de loisir comme un concert réunissant plusieurs centaines de personnes. Nous sommes dans un cadre professionnel et respectons un protocole. En 2020, nous nous sommes attelés à relancer l’activité, à la pérenniser un maximum. »


LE CINÉMA À PORTÉE DE CLIC Wallimage décors www.wallimagedecors.be/propose

Environ 800 décors sont répertoriés en Brabant wallon, sur 3500 à 4000 pour l’ensemble de la Wallonie. Mais la base de données existe depuis longtemps. Certains décors ne sont plus disponibles, ont évolué ou changé de propriétaires. Depuis deux ans, Benjamin Vanhagendoren travaille sur la mise à jour du catalogue, en fonction des demandes et des carnets de repérage. « Ces carnets n’indiquent pas dans quelle région se trouvent les décors, afin de ne pas en privilégier une au détriment des autres. » En 2020, Wallimage Tournages a été sollicité pour 69 projets, dont 22 ont fait l'objet de recherches de décors en Brabant wallon. Sur ces 22 sollicitations, 11 ont abouti à un tournage effectif dans la province, ce qui représente environ 16% du volume total des tournages en Wallonie.

Vous avez un décor à proposer ? Tous les types de biens sont recherchés ! C’est là que cela se passe. Vous complétez une fiche, ajoutez des photos (reflets de la réalité, pas retravaillées) au format paysage. Éventuellement, un rendez-vous sera fixé. Le prix obtenu pour la location est très variable : Wallimage Tournages travaille autant pour des super-productions que pour les réalisations d’étudiants fauchés des écoles de cinéma belges. Ce sera donc au cas par cas… et il y a des impôts à payer. Les communes principalement concernées sont La Hulpe, Rixensart, Waterloo, Braine-l’Alleud, Ittre et les décors le plus retenus sont des habitations particulières, des établissements horeca, des quartiers « sans briques rouges » (typiquement français) et des sites naturels (forêts, grottes, carrières…).

Wallimage compétences

wallimage.be/fr/project/competences Comédiens, figurants et techniciens peuvent s’enregistrer dans la base de données dédiée aux compétences pour rejoindre les équipes de tournage.


apprendre

WALLYWOOD

LES TOURNAGES EN CHIFFRES En 2019, 18 productions différentes ont établi leurs décors en Brabant wallon (soit un peu plus de 13% du volume total de tournages) pour 217 jours de tournages. En 2020, 11 productions différentes ont établi leurs décors en Brabant wallon (soit environ 16% du volume total de tournages), pour 161 jours de tournages (moins nombreux que l'année précédente, en raison de des deux mois de confinement).

22

Cette application recense les différents tournages qui se sont déroulés dans votre région ou dans celles que vous visitez, comme Mon ange, un film de Harry Clevens, tourné à la piscine communale de Jodoigne et au Château de La Hulpe, ou Mon ket, le film de François Damiens, tourné en caméra cachée dans les installations du club de foot de Tubize. Une autre façon de découvrir la Wallonie.

Une proximité fructueuse

Si Liège et Charleroi sont des régions fort demandées, le Brabant wallon l’est aussi, en raison de sa proximité avec Bruxelles. C’est dans la Région bruxelloise en effet que se trouve le siège de 95% des entreprises de production cinématographiques. Or, dès que le lieu de tournage excède une distance de 50 kilomètres par rapport à leur siège, les producteurs doivent payer des per diem (des indemnités) à l’ensemble des membres de l’équipe et prévoir également de les loger dans des hôtels pour leur éviter de devoir rentrer chez eux après la journée de tournage. La province héberge aussi des sociétés actives dans la post-production. Un secteur qui a pu se développer grâce au Tax-Shelter et aux incitants du Fonds d'investissements Wallimage. Citons Studio l'Équipe et Genval-les-Dames, succursales wallonnes de sociétés bruxelloises, spécialisées dans la post-production sonore, et Benuts, spécialisée dans la production d’effets spéciaux. Installée à La Hulpe, c'est une actrice majeure dans ce domaine. Elle a notamment réalisé les effets spéciaux du clip Cancer de Stromae, de Atlantic Crossing, une grosse production norvégienne aux formidables retombées économiques, ou encore Invisibles, la série belge diffusée récemment sur la RTBF et Ovni(s), produite par Canal+. Historiquement, l'entreprise était ancrée à Charleroi et Bruxelles. En 2015, il était décidé de réunir les deux structures dans un même lieu, proche de Bruxelles. Après avoir loué des bureaux, Benuts a acquis un ancien magasin de meubles,

en face de la gare de La Hulpe. « Précédemment, c'était un cinéma de quartier, souligne Michel Denis, CEO. Au moment de la réhabilitation des lieux, nous avons d'ailleurs retrouvé d'anciens éléments, comme le sol en pente. » Avant la crise Covid, Benuts occupait une soixantaine de freelances en fonction des projets. Aujourd'hui, ils ne sont plus que 35, mais le CEO de l'entreprise ne désespère pas de voir les activités reprendre dès septembre. « En ce moment, nous travaillons sur le nouveau film de Dany Boon, 8 rue de l'Humanité. Il devrait nous occuper jusqu'au mois de mai. Les films produits par Netflix sont aussi un bon créneau. Surtout pour le moment, parce que ce sont beaucoup de films de genre qui demandent énormément d'effets spéciaux. »

Un défi : être raccord Le Brabant wallon dispose aussi d’un patrimoine immobilier particulièrement cossu et bien entretenu. Les demandes les plus fréquentes concernent de belles villas. Quand la fiche mentionne une demande pour d’anciennes maisons de maître agrémentées d’un jardin à l’avant, Benjamin Vanhagendoren cherche généralement ces décors du côté de Nivelles ou de Namur. Il arrive que l’intérieur d’une maison convienne parfaitement, mais pas la façade ou les abords. Dans ce cas-là, tout le défi est de trouver des éléments permettant d’être raccord. « Pour l’anecdote, j’ai trouvé une maison dont l’intérieur est parfait, mais dont la façade ne convient pas. Il y a une porte complètement unique, faite sur mesures, et la réalisatrice aimerait évidemment que je trouve une façade avec une porte ‘raccord’, comme on dit. »

Green film, le label vert des éco-tournages Début 2020, Wallimage développait une politique d’éco-tournages afin de réduire l’empreinte carbone des tournages et assurer une production cinématographique plus durable avec le label Green Film. « Il y a toute une série de critères laissés à la libre appréciation des producteurs. Un des critères est que l’ensemble des décors se trouvent dans un rayon très limité, en deçà de 50 kilomètres. J’identifie le lieu de tournage principal, celui sur lequel l’équipe va rester le plus longtemps, puis on essaye de rayonner dans un rayon assez court autour pour trouver les autres décors. Mais parfois on est obligé d’aller beaucoup plus loin. »


L'IAD, ÉCOSYSTÈME CINÉMATOGRAPHIQUE EN BRABANT WALLON L'Institut des Arts de Diffusion (IAD), venu de Bruxelles et installé à Louvain-la-Neuve depuis les années 80, est la seule école supérieure d'études artistiques en Brabant wallon. À ce titre, « l'IAD se distingue des universités et des hautes écoles par le fait qu'il fait appel à des professeurs qui ont une pratique artistique et technique, notamment dans le domaine du cinéma, de la radio et de la télévision », explique Étienne Baffrey, directeur de l'IAD. « On peut parler d'un écosystème cinématographique dans la mesure où l'IAD s'inscrit dans une dynamique d'apprentissage et de transmission selon la pédagogie par projet. L'IAD propose les différentes options telles que la réalisation et l'écriture de scénarios, mais aussi toute une série de métiers techniques de l'image et du son, qui relèvent aussi de l'aptitude artistique. Ces différents métiers se retrouvent au sein de l'atelier Médiadiffusion dans le cadre d'exercices-phares encadrés par un professeur, que nous appelons les 'Remake' pour

nos étudiants du premier cycle et les 'majeures fictions' pour nos étudiants en première Master. Les travaux de fin d'études quant à eux s'articulent autour de deux disciplines : les fictions, d'une part, et les documentaires, d'autre part. Benoit Mariage est un des patrons de l'exercice de première Master. Ce sont aussi souvent nos propres étudiants en art dramatique qui interprètent les rôles des réalisations de nos étudiants en cinéma. » L'IAD prend en charge les coûts de production des projets des étudiants. L'atelier Médiadiffusion est financé par les subventions de la Fédération Wallonie-Bruxelle mais aussi par une partie des minervals des étudiants et des dotations reçues pour l'enseignement et, de façon plus anecdotique, par les droits de diffusion, quand des productions étudiantes sont diffusées sur BeTV ou la RTBF, dans des salles de cinéma d'art et d'essai ou même par des entreprises, comme ce fut le cas

récemment, quand une compagnie aérienne a diffusé un court-métrage réalisé au sein de l'atelier. « Depuis trois-quatre ans, en tant que directeur, je demande que les tournages des majeures fictions se fassent en Brabant wallon : l'écriture, les repérages, les tournages, la post-production et, une fois que l'étalonnage, le montage et la bande-son sont terminés, une diffusion est organisée dans le village où nous avons tourné. Ça permet aux personnes qui nous ont aidés, qui ont mis à disposition leur maison ou leur jardin, par exemple, d'être invitées. Tout comme les figurants du lieu de tournage. Il y a deux ans, toutes les majeures fictions des premières masters ont été tournées à Rixensart et nous avons pu organiser la projection au Ciné-Centre de Rixensart. Cette année, les majeures fictions ont été tournées à Wavre et il était prévu d'organiser les projections à la Sucrerie, mais pour des raisons sanitaires, cela n'a évidemment pas pu se faire. »

23 espacevie.be |   mars 2021

À Lasne, un tournage de Médiadiffusion, atelier de production de l'Institut des Arts de Diffusion (IAD).


agenda RENCONTRE

Bitume stories Jeudi 20 mai à 19h en ligne

24

Quand l’étalement urbain croise les regards de l’artiste et de l’urbaniste, cela nous amène à voir autrement les paysages du Brabant wallon. C’est l’objectif de Bitume Stories, une rencontre entre Jérôme Giller et Hélène Ancion. Tous deux nous invitent, par le biais de la marche, à comprendre l’impact de l’étalement urbain sur nos territoires et nos imaginaires. Seul(e) ou en groupe, avec des regards et des approches différentes et au rythme lent de la marche, ils ont pu mesurer, ce que l’étalement urbain représente concrètement dans nos quotidiens. Chiffres, cartes, observations, remise en question de nos modèles / modes de vie, etc. forment leur kit d’exploration. Un kit qui nous sera utile aussi pour arpenter, ensemble, l'histoire et les histoires de l'étalement urbain, en Brabant wallon. Rencontre en ligne via Zoom Infos et réservations : m.urbanisme@ccbw.be

© J. Giller

Avec Jérôme Giller

Artiste à la manœuvre du projet Marcher avec... en Brabant wallon

Hélène Ancion

Chargée de mission en aménagement du territoire et urbanisme chez Inter Environnement Wallonie. Auteure de l’ouvrage Stop béton. Le territoire au service de l’urgence écologique et sociale.

Programme susceptible de changements. Consultez notre site web : mubw.be ou contactez-nous via m.urbanisme@ccbw.be pour obtenir des infos actualisées et/ou complémentaires.

Comment le logement s’adapte au vieillissement ? MINI MIDI 2 avril à 12h En ligne via Facebook

L’urbanisme transitoire : quand le vide fait le plein d’idées MINI MIDI 16 avril à 12h En ligne via Facebook

Comment nos tissus urbains s’adaptent au vieillissement ? VISITE GUIDÉE Samedi 29 mai

L’urbanisme je m’y frotte ANIMATION ÉCOLE 22/03, 22/04, 27/04, 4/05, à Chaumont-Gistoux, Court-Saint-Étienne, Tubize


Issuu converts static files into: digital portfolios, online yearbooks, online catalogs, digital photo albums and more. Sign up and create your flipbook.