Espace-vie n°298 - Septembre

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RENCONTRE

EXPLORER

APPRENDRE

L’homme aux oiseaux

L’étalement urbain, plus d’espace… pour le débat

Cultiver son appartenance à l’humanité

espace

298

Septembre 2020 Bimestriel

La revue qui décode les enjeux territoriaux du Brabant wallon

Wavre toujours à la croisée des chemins

Quel avenir pour nos communes ? (3/5)


sommaire

avant-propos

apprendre 6 Wavre-la-studieuse repart pour un tour

respirer 10 Terrains mouvants 11 comprendre

explorer 16 L’étalement urbain, plus d’espace… pour le débat

respirer 19 Les murs ont des couleurs

Les maisons résistent toujours

apprendre 2 0 Cultiver son Rencontrer 12 Thierry Maniquet,

l’homme aux oiseaux

découvrir 14 Les multiples

appartenance à l’humanité

2 4 agenda Et la nature

dans tout ça ?

Afin de mettre en lumière la créativité urbanistique de la province, Le Brabant wallon et la Maison de l’urbanisme du Brabant wallon vous proposent une nouvelle collection qui met à l’honneur les réalisations architecturales et/ou urbanistiques exemplatives en Brabant wallon. Cette nouvelle collection porte essentiellement sur des réalisations remarquables (logement neuf, équipement public, rénovation) qui ont été, entre autres, primées par les différentes éditions du Prix de l'Urbanisme et de l'Architecture du Brabant wallon. Le premier volet retient neuf solutions architecturales et urbanistiques. Et ce, à travers un corpus de fiches, réparties en cinq catégories, qui vous présente ces projets inspirants de manière didactique. Pour recevoir le corpus de fiches (gratuit) : m.urbanisme@ccbw.be

Découvrez également en vidéo trois projets contenus dans ce corpus (Maison VC à Grez-Doiceau, AGC Glass Europe à Louvain-la-Neuve et Centre du visiteur de l’Abbaye de Villers-la-Ville). De quoi retracer la genèse de ces projets à travers leurs chevilles ouvrières (architectes, maitres d’ouvrage et/ou usagers). mubw.be

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possibles de la ville sensible

maisonurbanismebw Linkedin.com/company/la-maisonde-l-urbanisme-du-brabant-wallon

La tentation du bitume C’est le titre de l’ouvrage d’Eric Hamlin et d’Olivier Razemon. Un ouvrage didactique qui nous montre comment l’étalement urbain se déploie. Décrié, critiqué, vilipendé, il continue pourtant « à tartiner de bitume les territoires » d’ici et d’ailleurs, selon l’éloquente expression empruntée par les deux auteurs. Armés de leur sens critique et un tantinet humoristique, ils nous font voyager dans les territoires de la France qui partagent avec le Brabant wallon et la Wallonie des dynamiques communes. Ou plutôt, devrions-nous dire, des mécaniques, au demeurant pas toujours cohérentes, qui contribuent à produire une standardisation de nos paysages. Nous en parlions dans notre dernier Midi de l’urbanisme Plus moche la ville ? Pour endiguer la marée bétonnée, les auteurs ont saisi la nécessité de décortiquer ces mécaniques, conscientes et inconscientes. À l’abri de toute entreprise – stérile – de culpabilisation. Première leçon intéressante, l’étalement urbain n’est pas une réponse à la hausse d’habitants ou d’emplois. On observe également cette dilation pour la Wallonie où depuis 1985 la consommation d’espaces bâtis grossit de plus de 42 %, alors que la population augmente d’un peu plus de 10 %. Nos modes de vie contribueraient donc à être le carburant de cette progression. Deuxième leçon instructive, c’est l’inadaptation des outils stratégiques de planification qu’il faut urgemment réviser, à l’aune de la caniculisation du monde pour reprendre les mots justes de Frédéric Lordon. Tant qu’on est dans la révision de nos outils, les auteurs mettent en relief la nécessité d’avoir un étalon pour mesurer l’étalement urbain, c'est-à-dire d'avoir des repères communs. Enfin, troisième leçon stimulante, qui est profondément inscrite dans l’ADN de notre Maison de l’urbanisme depuis 1989, c’est que pour appréhender et donc maitriser l’étalement urbain, il faut rassembler la diversité et l’altérité des points de vue et des intérêts. Articuler les antagonismes. Celui du promoteur, de l’élu, de la société civile, du chercheur et des habitants. De nous tous qui hébergeons en nous, aussi, des antagonismes entre le désir légitime d’un confort et le désir légitime d’un avenir durable. C’est cet archipel que nous sondons. C’est aussi le rôle des Arènes du Territoire que nous organiserons prochainement autour de cette question de l’étalement urbain. Une question qui nous rappelle que ce n’est pas tant l’urbanisation qu’il faut combattre mais bien « la fabrique insensible et technique de nos territoires ». Dernière leçon. Karima Haoudy

Espace-vie est la revue bimestrielle de la Maison de l’urbanisme – Centre culturel du Brabant wallon ( janvier, mars, mai, juillet, septembre et novembre). Elle traite de sujets relatifs à l’aménagement du territoire, à l’urbanisme et aux enjeux culturels en Brabant wallon. Créée en 1989, Espace-vie est indépendante de tout parti politique et dispose d’une entière liberté éditoriale.

Éditeur responsable : Nicolas Van der Maren - Rédacteur en chef : Xavier Attout (x.attout@ccbw.be) - Rédacteurs : Caroline Dunski (c.dunski@ccbw.be), Karima Haoudy (k.haoudy@ccbw.be) - Avec la contribution de : Joëlle Rigaux, Agnès Chevalier, Maureen Schmetz Équipe de la Maison de l’urbanisme : X. Attout, A. Chevalier, K. Haoudy, M. Schmetz - Président de la Maison de l'urbanisme : Mathieu Michel - Maquette : Louise Laurent (www.louiselaurent.be) - Mise en page : Louise Laurent - Dessins : Marco Paulo - Imprimeur : Artoos Group - IPM Printing - Tirage : 7 000 exemplaires - Adresse : 3, rue Belotte, 1490 Court-Saint-Étienne - Contact : 010 62 10 50 ou m.urbanisme@ccbw.be - www.mubw.be - www.ccbw.be Espace-vie est publié avec le soutien de la Wallonie et du Brabant wallon. La revue est envoyée sur demande et gratuitement aux habitants du Brabant wallon, abonnement de 12 euros/an hors Brabant wallon. Ne peut être vendu. Si vous préférez recevoir Espace-vie en version numérique, n’hésitez pas à nous le signaler. Toute reproduction partielle ou totale nécessite une autorisation préalable de l’éditeur responsable. La clôture de ce numéro s’est déroulée le 15 septembre. © Photo de couverture : Xavier Attout Espace-vie est imprimé sur du papier recyclé dans une imprimerie climatiquement neutre. Les émissions de CO2 sont neutralisées à 100 % par le biais de plantations d’arbres. L’emballage qui entoure la revue lors de l’envoi est en maïs.

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La créativité urbanistique à portée de main

4 en bref


en bref

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4

Il s’agit de la première phase de la réaffectation des Bétons Lemaire, un site de 8,4 hectares situé à l’arrière du Douaire, en plein centre d’Ottignies. Elle doit faire office de lien entre le Douaire et les Bétons Lemaire par le biais de l’érection de plusieurs immeubles sur le site des anciens établissements Decoux. Baptisé « Les rives d’ô », on y retrouvera 86 appartements et des unités commerciales. La demande de permis de ce projet développé par Matexi et dessiné par Montois Partners a été déposée cet été. Le promoteur s’attaquera ensuite au gros morceau de cette réaffectation, avec la création d’un nouveau quartier de 600 logements.

Un réseau de vélos partagés en 2021 La Hulpe avait annoncé en 2018 son intention de lancer un réseau de vélos électriques partagés, de type Villo ! L’idée devait ensuite essaimer dans les communes voisines. Le projet a été mis en stand-by ces derniers temps car il séduit l’intercommunale in Bw, qui ambitionne désormais de le développer à l’échelle de toute la province. Le cahier des charges permettant de choisir le futur opérateur sera lancé dans les prochaines semaines. Le lancement de ce réseau est prévu pour 2021.

Retrouvez tout le contenu d'Espace-vie, de nouvelles informations, des vidéos et autres infographies sur notre site internet espacevie.be.

Le nombre d’appartements prévus sur le site Mondi, en plein centre de Tubize. La demande de permis déposée par Delzelle est en cours d’instruction. Un parking souterrain de 259 unités est également prévu dans le cadre de la réhabilitation de ce chancre.

Permis annulé aux Conceptionnistes Près de trente ans de tergiversations et la saga n’est pas terminée. Le projet immobilier mené par Chantiers SA qui vise la réhabilitation du site dit de l’ancien couvent des Conceptionnistes à Nivelles doit faire une sérieuse marche arrière. Le permis octroyé en septembre 2017 pour la construction de 52 appartements, des commerces, une polyclinique et 296 emplacements de parking souterrains vient d’être annulé par le Conseil d’État suite à un recours de riverains. Une faille juridique relative au plan communal d’aménagement (PCA) doit d’abord être réglée avant qu’un nouveau permis soit introduit.

Wavre, commune pilote des Points mob

© Montois Architects

C’est une première wallonne. Wavre accueillera d’ici peu des Points mob, soit des emplacements conçus pour favoriser le transport multimodal. Comme par exemple pour pouvoir passer facilement du train au vélo, au bus ou à la voiture partagée. Cet espace comprendra également divers services tels que des garages fermés pour vélos, des bancs, des commerces de proximité, des espaces verts ou encore des bornes de recharge pour véhicules électriques. Le concept sera implanté à Louvain-la-Neuve par la suite.

© Ryelandt et SIA

Un nouveau projet dans le centre de Court-Saint-Étienne

Thomas & Piron vient de recevoir le permis d’urbanisme qui lui permettra de reconfigurer l’ilot situé le long de l’avenue Wisterzée, à Court-Saint-Étienne. Les maisons situées entre les numéros 31 et 43 seront démolies pour permettre la construction de trois immeubles comprenant 65 appartements. Des commerces seront situés au rez-de-chaussée. Un cheminement pour modes doux permettra de rejoindre l’avenue des Combattants en passant par l’ilot. Le projet a été dessiné par par les bureaux d’architectes Ryelandt et SIA. Le chantier débutera le 1er décembre.

L’usage de pesticides dans l’agriculture réduit le nombre d’insectes. Ce qui entraine une diminution de la qualité des terres et une diminution de la biodiversité. Cela se traduit aussi par la disparation de certaines espèces. Le Bruant proyer et la perdrix ont vu 95 % de leur population disparaitre en Brabant wallon. Thierry Maniquet, ornithologue

Vers un grand parc dans le centre de La Hulpe Monopoly en vue à La Hulpe. La majorité communale envisage de démolir l’école des Colibris, située avenue des Combattants, en plein centre de La Hulpe, de réaffecter l’ancienne poste et de transformer le petit parc communal pour voir émerger un nouvel ensemble d’1,2 ha qui épousera les nouveaux besoins de la population. On y retrouverait, dans une sorte de traversée verticale, un grand parc, comprenant des logements à loyers modérés pour les jeunes ménages, des surfaces commerciales de 300 m2, un espace digital de même qu’une petite halle pour des évènements et un marché couvert. Un partenariat public/privé devrait être lancé pour financer l’opération. La démolition de l’école, désuète actuellement, s’accompagnerait de la construction d’une nouvelle école sur un terrain de 70 ares situé sur le site Kodak (ex-Dow Corning), en face du centre sportif. Cette proposition sera exposée à la population début octobre. Si elle n’est pas retenue, l’école des Colibris sera rénovée.

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La porte d’entrée des Bétons Lemaire


apprendre

Wavre-la-studieuse repart pour un tour

Texte et photos : Xavier Attout

L’

Wavre : une rue piétonne qui en appelle d'autres.

armoire commence à être bien remplie. Ces dernières années, la Ville de Wavre a multiplié les études. Sur l’avenir de son territoire, l’avenir de son commerce, l’avenir de sa mobilité ou encore l’embellissement de son centre ancien. Avant de relancer la machine l’an dernier sur l’avenir de son territoire puisque la précédente étude – Wavre 2030 – n’avait pas été suffisamment mise en œuvre et était devenue obsolète. Voilà donc la cité du Maca à nouveau dans l’attente de conclusions relatives aux orientations à prendre. « C’est vrai mais nous ne pouvons pas nous tromper, explique la bourgmestre de Wavre, Françoise Pigeolet. Wavre 2030 (NDLR : qui date de 2012 et proposait une vision globale des grandes orientations urbanistiques à suivre) n’est plus adaptée à la réalité. La société a évolué, la mobilité a changé de même que notre manière de consommer. Il faut prendre ces éléments en compte. C’est pour cela que nous avons lancé en 2019 un Schéma de Développement communal, travail réalisé par le bureau JNC, qui permettra d’avoir une stratégie claire pour le développement de notre ville. La phase de diagnostic est terminée et sera présentée à l’automne. Cela signifie que certains projets devront être retardés ou revus. » Le contexte du centre-ville wavrien est connu. Un commerce en souffrance, un centre-ville sous-exploité et déserté en soirée, une mobilité compliquée, un manque d’attractivité et des grands

projets qui tardent à se concrétiser. Bref, un statut de chef-lieu provincial qui vacille, bousculé par Louvain-la-Neuve, bien plus fringante. Ce n’est toutefois pas faute d’essayer d’inverser la tendance. Les initiatives pour attirer le chaland et redonner un peu de vie au centre-ville se multiplient. Reste qu’il manque encore ce coup de rein qui permettra de modifier la donne. « Mais cela va arriver, poursuit celle qui a succédé à Charles Michel. Nous souhaitons une ville conviviale, apaisée, verte, connectée où la place du piéton est centrale. Toutes nos décisions vont tendre vers cet objectif. »

Une promenade à tracer Les chantiers seront nombreux. Au rayon des réalisations récentes, le hall culturel – La Sucrerie – a été inauguré à l’automne 2019. Situé sur le site de l’ancienne sucrerie, il côtoiera d’ici 2024 une nouvelle piscine et du logement. Un SOL (Schéma d’Orientation local) va être lancé d’ici peu, il intégrera aussi le site de l’ancienne vinaigrerie L’Étoile, où le projet de tour-hôtel est définitivement abandonné, les anciens Ateliers De Raedt et le bâtiment de l’ancienne régie d’électricité. Dans le centre, le projet mixte baptisé La Promenade (82 logements, 13 commerces et du bureau) mené par Matexi a été revu à la baisse (abandon des constructions sur le site du parking des Fontaines) et se concentre sur le site du parking des Carabiniers. Il y aura davantage de logements et moins de commerces. La demande de permis est en cours. « Il y a toutefois certaines interrogations quant au nombre de niveaux pour le parking souterrain, précise Françoise Pigeolet. Le permis a été déposé pour trois niveaux (400 places). Mais il y a certaines craintes quant à la stabilité pour le bâti environnant. L’étude hydrogéologique est assez inquiétante. » La Galerie des Carmes, épineux dossier depuis plus de 15 ans, n’accueillera pas l’administration communale. La multitude de

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La cité du Maca fourmille d’ambitions et de grands projets. Reste qu’ils prennent du temps à se concrétiser. De quoi encore accentuer les difficultés pour relancer les défis auxquels elle est confrontée ? Cela ne facilite en tout cas pas le renouveau de son centre-ville. (série 3/5)


apprendre

Déjà la population de 2025

8

L’IWEPS (Institut wallon de l’évaluation, de la prospective et de la statistique) prévoyait en 2017 que la population wavrienne atteindrait 34 740 âmes en 2025. Un nombre déjà atteint aujourd’hui. « Cela s’explique par les importants projets d’urbanisation qui sont en cours, comme les Cinq Sapins ou le Champ Sainte-Anne. » L’un des enjeux pour le centre de Wavre sera de ramener des habitants dans le centre-ville. Plusieurs projets devraient y contribuer, dont celui de La Promenade (Matexi), de Val Vena (Thomas & Piron), du Champ Sainte-Anne (620 logements par Matexi), de Wavre Rive Verte (un écoquartier de 400 logements à l’arrière du Delhaize par le groupe Liégeois). « Ce sont plusieurs dossiers

interview

Nous souhaitons une ville conviviale, apaisée, verte, connectée où la place du piéton est centrale. Toutes nos décisions vont tendre vers cet objectif. Françoise Pigeolet, bourgmestre

« Repenser son développement » Frédéric Jentges est notaire à Wavre Propos recueillis par X. A. Wavre, au fil de l'eau.

importants situés à proximité du centre de Wavre. Mais l’attractivité du centre ne passe pas que par l’habitat. Il nous faut un mix de services, avec du coworking, des petites entreprises, des professions libérales, etc. Notre objectif est de développer un commerce plus spécialisé et davantage orienté vers le client. Nous pouvons y parvenir en misant sur le charme de notre bâti et de nos rues, en aménageant des espaces publics de qualité, en transformant les parkings en espaces de rencontre. La Dyle sera partiellement remise à ciel ouvert. » Outre le volet densification dans le centre, Wavre dispose de certaines réserves foncières pour encore

LE REGARD DE LA FONCTIONNAIRE DÉLÉGUÉE Nathalie Smoes, fonctionnaire déléguée du Brabant wallon, et son collaborateur, Cédric Harmant Constatant le risque d'affaiblissement de son centre-ville et de son noyau commercial face à un Louvain-la-Neuve et son Esplanade en pleine expansion, Wavre, qui s'est longtemps reposée sur son statut de capitale du Brabant wallon comme principal moteur d'attractivité, s'est fixé il y a une dizaine d'années l'objectif d'un nouveau rayonnement par une vision ambitieuse de son (re)développement. Sa première concrétisation fut le MasterPlan « Wavre 2030 », suivi d'autres études dans sa continuité. Elle s'est également lancée fin 2018 dans l'élaboration d'un Schéma de Développement communal. Sa finalisation devrait permettre une gestion plus stratégique des nombreuses demandes de permis, la pression foncière y étant particulièrement marquée. Un tel outil aurait été précieux pour l’analyse de certains dossiers complexes, tels la « tour hôtel » qui fit couler beaucoup d'encre. Si de nombreux projets nés de cette vision « Wavre 2030 » sont encore à réaliser, quelques-uns sont déjà sortis de terre, ou

devraient l'être d'ici peu. Parmi ceux-ci, citons-en deux, l'un public, l'autre privé. La Sucrerie. Inauguré fin 2019, ce hall culturel polyvalent à l'architecture imposante est devenu le symbole de cette renaissance wavrienne. D'autres projets publics (dont la piscine) accompagneront le développement de cette ancienne friche industrielle. La question essentielle de son lien avec le centre-ville reste encore en suspens, le projet de passerelle ayant été recalé. La « Promenade ». Porté par Matexi, ce projet s'inscrit du Boulevard de l'Europe au plateau de la gare. Il vise la construction de nouveaux bâtiments sur d'actuels parkings publics, et la rénovation des bâtiments abritant la Galerie des Carmes, aujourd'hui fermée. Comme son nom l'indique, il ambitionne de créer un cheminement attractif entre ces deux lieux, tout en renforçant le pôle commercial wavrien et redensifiant le centreville. Le premier permis, en cours d'instruction se situe sur le parking des Carabiniers.

augmenter sa population. Notamment un site de 17 hectares en zone d’activités économiques mixtes situé à proximité du golf de la Bawette (Goldfinger). « Nous voulons valoriser ces terrains. Cela passera soit par un mix comprenant des entreprises et du logement, soit uniquement des entreprises. Le bureau JNC étudie les possibilités. Mais je ne souhaite pas voir des boites à chaussures sur cet espace, vu la beauté du site. » Sur le plan économique, le parc d'activités économiques de Wavre-Nord arrive à saturation. D’autant que les terrains disponibles sur l’ancien site de l’OTAN ne pourront finalement pas être exploités, vu le niveau de pollution. Un peu plus loin, le site de la RTBF comprend 100 hectares, qui seront mis en vente à moyen terme, constituant ainsi une des dernières possibilités pour étendre le zoning.

Vers un centre piéton La vision en matière de mobilité est également bien définie. Une dizaine de rues de l’hypercentre sont passées en zone 30 cet été. Une initiative qui a été prolongée jusqu'à la fin de l'année. « La piétonisation du centre est un de nos objectifs mais nous devons faire cela de manière concertée avec les habitants. » Une circulation en boucle, avec des rues à sens unique, sera favorisée. L’aménagement d’une « rocade » autour de Wavre est sur la table. Elle passera par la rue de l’Ermitage. Des solutions se dégagent enfin pour envisager la suppression de plusieurs passages à niveau, sur les huit recensés sur le territoire. « Cela passera par l’acquisition de terrains (NDLR : route provinciale et à Limal), de manière à aménager des passages au-dessus des voies. »

Comment se porte le marché immobilier à Wavre ?

Il est actuellement très soutenu, comme partout. Les biens les plus demandés se vendent rapidement, avec par conséquent des hausses de prix. La maison classique avec jardin affichée à 350 000 euros est plébiscitée. Notamment par des Bruxellois qui vivent dans un appartement et qui ont des envies d’ailleurs suite au confinement. Il se confirme par contre que la grosse villa reste un marché difficile et que ce marché va se tasser de plus en plus à l’avenir. Plus personne ne va investir 1 million d’euros vu le contexte actuel. Sans oublier que ces villas sont souvent des gouffres énergétiques qu’il faut rénover de fond en comble.

Le centre de Wavre connait certaines difficultés sur le plan commercial. Cela se prolonge-t-il sur le plan résidentiel ?

Oui, je confirme. Il y a un déficit d’intérêt pour le centre-ville. Ce n’est pas nouveau. Les projets de redynamisation du centre-ville peinent à être lancés. Il y a un manque d’attractivité pour les candidats acquéreurs et des problèmes de mobilité. Wavre reste une ville-dortoir qui se paupérise. Il faut donc repenser son développement, à travers une offre nouvelle d’appartements, avec des logements plus spacieux pour accueillir des familles. Si je suis perplexe sur la réussite de projets résidentiels construits en plein centre, je suis par contre très favorable à l’idée de voir émerger des projets de reconversion de friches, comme celui qui se dessine actuellement à l’arrière du Delhaize. Il s’agit de mêler logements et espaces verts. Et dans le même temps de rassembler deux quartiers.

Que penser des villages avoisinants, tels que Bierges ou Limal ? Leur attractivité reste excellente. Le marché de la maison ancienne y fonctionne très bien. Les prix y sont, de plus, relativement abordables. Le quartier d’Angoussart reste quant à lui une bulle un peu plus haut de gamme, faite de villas de standing.

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propriétaires aux étages – via 150 appartements – empêche pour l’heure d’avancer sur quoi que ce soit. Le dossier est au point mort. Pour le reste, l’idée d’aménager une passerelle au-dessus des voies de chemin de fer, à hauteur de la gare, reste d’actualité. La première version a été revue pour laisser place à une construction plus légère. « Il est essentiel d’assurer la jonction entre le centre-ville et le pôle de la Sucrerie. D’où l’importance de cet aménagement. » Devant la gare, une nouvelle gare des bus verra le jour. La demande de permis a été introduite.


respirer

comprendre

Les maisons résistent toujours Si le nombre d’appartements construits ces dix dernières années est plus important que le nombre de maisons, ces dernières semblent bien résister. Elles composent toujours les trois-quarts du paysage brabançon. Une constante : la diminution de la taille des logements, avec 13 m2 de moins en moyenne en une décennie. Texte : Xavier Attout - Infographie : Louise Laurent

Proportion de maisons et d'appartements en Brabant wallon 10

98 m2

11

23 % Appartements

74 % Maisons

+ 4% en 10 ans

- 4% en 10 ans

18 % Terrains mouvants Dix-huit ans d’attente. Pour être finalement renouvelé pour un bail de vingt-huit ans. L’exploitant de la sablière de Mont-Saint-Guibert, la plus importante de Belgique, la société Renewi Valorisation & Quarry, a reçu cet été le permis unique lui permettant d’exploiter un terrain agricole de 47 hectares. Il jouxte la sablière actuelle,

située le long de la N4, à Corbais. Cette dernière produit près de 550 000 tonnes de sable par an et représente près de 3 500 emplois directs. Des mesures de réaménagement permettant la conservation de l’intérêt écologique de la sablière seront mises en place sur ce nouveau site, comme cela a toujours le cas jusqu’à présent. La cavité actuelle, impressionnante de par sa taillle et sa profondeur,

fait l’objet depuis quelques années de tentative de réaffectation. Si un écozoning a été envisagé il y quelques années, comprenant 500 000 m2 de bureaux, de laboratoires et d'industries, ce projet aux capitaux luxembourgeois a été abandonné depuis. D’autres pistes sont aujourd’hui à l’étude. L’intercommunale in BW y possède toujours un centre de tri des déchets.

des appartements wallons sont vendus en Brabant wallon en 2018.

Davantage d'appartements construits en dix ans

+ 8 692 Maisons neuves

+ 11 126 Appartements neufs

Évolution du prix moyen des maisons 2 ou 3 façades

Évolution du prix moyen des maisons 4 façades

Évolution du prix moyen des appartements

2010 : 227 305 euros

2010 : 370 625 euros

2010 : 173 382 euros

2018 : 270 873 euros

+ 19%

2018 : 424 462 euros

espacevie.be espacevie.be |   septembre |   juillet 2020

La surface habitable moyenne par logement est passée de 111 m2 à 98m2 en une décennie.

+ 15%

2018 : 207 507 euros

+ 20%

Sources : Statbel et CEHD


rencontrer LA RICHESSE DU BRABANT WALLON

Thierry Maniquet, l’homme aux oiseaux Cet habitant de Mont-Saint-Guibert est l’ornithologue de référence de l’asbl Natagora en Brabant wallon. Une passion apparue il y a près de cinquante ans dans la vallée de la Dyle et qu’il tente de transmettre au plus grand nombre. Si l’avifaune se porte bien, l’agriculture et l’urbanisation sont des freins de plus en plus prégnants. 12

Texte et photo : Xavier Attout

I

l connait les lieux par cœur. Des jours et des jours à sillonner les chemins de ce poumon vert situé en bordure de Louvain-la-Neuve. Le Bois de Lauzelle n’a pratiquement plus de secrets pour Thierry Maniquet, 59 ans, juriste dans une grande banque belge. « J’y ai passé beaucoup de temps pour des travaux à réaliser en vue de devenir Guide Nature », sourit-il, avant de démarrer une petite balade en notre compagnie. Cet habitant de Mont-Saint-Guibert, est l’ornithologue de référence de l’asbl Natagora Brabant wallon. Il distille son savoir dans de multiples promenade guidées, l’actualisation du blog ornitho « Le Bruant wallon » ou par diverses observations sur le terrain. Une passion découverte il y a plus de cinquante ans et qu’il entretient en Brabant wallon et à l’étranger. « C’est un vrai bonheur de tomber sur des espèces d’oiseaux que l’on découvre pour la première fois ou que l’on n’a plus vues depuis longtemps, lance-t-il en caressant sa barbe, les jumelles bien attachées autour du cou. Je tente donc de faire profiter ces petits moments de bonheur au plus garnd nombre. »

UNE PASSION NÉE À L’ADOLESCENCE « Cet intérêt est apparu quand j’avais 12 ans. J’étais en humanités au Collège de Basse-Wavre. Un ami m’a fait découvrir la vallée de la Dyle. Il avait déjà un vif intérêt pour les oiseaux. J’ai directement embrayé dans la même direction. » Une belle histoire puisque les deux comparses se voient encore aujourd’hui et sont toujours aussi passionnés d’ornithologie. « J’adore partir faire une balade tôt le matin, vers 6h du matin. Le silence absolu. C’est l’heure idéale pour découvrir les oiseaux. Il s’agit d’un hobby qui prend du temps mais qui est très enrichissant. Découvrir ou redécouvrir de nouvelles espèces procure une montée d’adrénaline. Il y a régulièrement des changements dans la population des oiseaux. L’intérêt ne faiblit pas. Il y a peu, j’ai observé un banc de cigognes dans la sablière de Mont-Saint-Guibert. Je suis encore émerveillé par ce spectacle. Ma plus belle découverte ? En Brabant wallon, ce doit être la nidification réussie d'un couple de Guêpiers d'Europe dans la sablière de Mont-Saint-Guibert en 2015. »

« La province est un formidable terrain de jeu pour découvrir les oiseaux. On y dénombre entre 200 et 300 espèces différentes. On en retrouve surtout dans les réserves naturelles. Mon lieu préféré ? Cela reste la vallée de la Dyle, derrière les étangs de Pécrot, à proximité aussi de Florival. Le site des décanteurs de la sucrerie de Genappe est magnifique. Le seul regret est qu’il s’agit d’une réserve naturelle domaniale qui n’est pas ouverte au public. » Tout n’est pas rose pour autant. L’avifaune souffre de l’évolution de l’agriculture. « L’usage de pesticides réduit le nombre d’insectes. Ce qui entraine une diminution de la qualité des terres et une diminution de la biodiversité. Cela se traduit aussi par la disparition de certaines espèces. Le Bruant proyer et la perdrix ont vu 95 % de leur population disparaitre en Brabant wallon. Le coucou se porte très mal sans que l’on sache pourquoi. » L’urbanisation du Brabant wallon est un autre facteur qui pénalise le développement d’espaces favorables. « Il serait opportun que les communes prennent certaines mesures et les imposent dans les demandes de permis. »

PRENDRE LE TEMPS D’OBSERVER Natagora rassemble de nombreux bénévoles passionnés. « Suite au confinement, nous avons dû mettre entre parenthèses nos balades mais nous espérons les reprendre d’ici peu. En Brabant wallon, il est possible de découvrir une trentaine d’espèces lors d’une balade. Nous sensibilisons également le grand public via le site internet du "Bruant wallon", qui rassemble de nombreux ornithologues du Brabant wallon. Il y a en tout cas de plus en plus d’intérêt pour les oiseaux. Beaucoup de gens ont redécouvert la nature pendant le confinement. Il leur semblait y avoir davantage d’oiseaux dans leur environnement proche. Ce n’est pas le cas. C’est juste qu’ils ont pris davantage de temps pour les observer. »

LE GUIDE DES BALADES NATURE Thierry Maniquet a collaboré à la réalisation d’un Guide des balades nature en Dyle-Gette, édité par le Contrat de rivière Dyle-Gette. Ce dernier a demandé à Natagora de réaliser dix promenades pour découvrir les trésors de nos cours d’eau, dont trois ont été balisées par Thierry Maniquet : la vallée de l’Orne, entre Blanmont et Mont-Saint-Guibert, le Ri Sainte-Gertrude à Sart-Messire-Guillaume et la vallée de la Dyle à Florival. Parmi les autres vallées à découvrir dans cet ouvrage édité à mille exemplaires, on retrouve la vallée du Pinchart à Limelette, la haute vallée du Train à Corroy-le-Grand, la haute vallée de la Dyle à Bousval, la vallée de la Thines à Monstreux, la vallée du Chebais à Saint-Remy-Geest, la vallée du Ri Henri-Fontaine à Orp-le-Petit et la vallée de l’Argentine à La Hulpe. Un ouvrage qui coute 2,5 euros et que l’on peut se procurer par téléphone (0475 745 349) ou par mail (hysope73@yahoo.fr).


découvrir

Les multiples possibles de la ville sensible L’aménagement de nos villes et communes semble manquer d’émotion et de passion. Un urbanisme de l’efficacité qui tranche avec les aspirations des citoyens. La ville sensible entend remédier à ce problème. Et retisser des liens avec les sens, la vie collective et la sécurité dans l’espace.

Les villes ne seraient donc pas suffisamment sensibles. Qu’est-ce que cela signifie concrètement ? Je vais prendre deux exemples. La manière dont la femme vit la ville est bien différente de celle d’un homme. Elle se comporte notamment différemment dans l’espace public. Quand elle doit s’installer sur un banc, elle choisira toujours un banc adossé à un mur. Et non un banc par derrière lequel on peut circuler. C’est une question de sécurité. Autre exemple : comment vit-on la ville la nuit et comment

Quand on développe des lotissements en Brabant wallon, il n’est pas rare que l’on fasse appel à deux ou trois architectes. Il y a un abandon de la conception unique pour prôner la diversité. Paul Vermeylen, urbaniste

Est-ce une nouvelle forme d’urbanisme que vous souhaitez mettre en place ? Dans l’urbanisme, on parle beaucoup de ménagement et non d’aménagement. Nous sommes aujourd’hui dans une démarche thérapeutique. Soit dans le fait de réparer certains éléments plutôt que d’aménager, voire de construire de nouveaux. Nous sommes donc dans un urbanisme des petits pas, qui répond à ce que sont les émotions de la ville ( joie, peur, crainte). La puissance des émotions d’une ville est ce qui la rend humaine. L’espace, la rue, la place, on peut en quelque sorte considérer qu’il s’agit du salon de la ville. Le lieu où l’on se sent bien. Cela permet de marquer l’appropriation de la ville par ses habitants.

On a l’impression que la ville sensible rassemble une série d’éléments qui ont été historiquement oubliés en urbanisme ? En effet. La demande des habitants est désormais d’être davantage un partenaire dans la réinvention de la ville. Ils veulent y apporter leur sensibilité, parvenir à pacifier l’espace et à se le réapproprier. La nouvelle dimension qui apparait dans l’urbanisme est l’aspect collectif. Il faut donc trouver la manière de réconcilier la chose publique avec l’aspiration de partage qui est en train d’émerger aujourd’hui.

construction de grands projets. Aujourd’hui, on voit que d’autres demandes citoyennes apparaissent. Ces grands projets sont rejetés. On tend vers des villes plus humaines. Les urbanistes travaillent davantage sur des petits projets. Quand on développe desLA VILLE SENSIBLE lotissements, en Brabant wallon notamment, il n’est pas rare que l’on fasse appel à deux ou trois architectes. Il y a un abandon de la conception unique pour prôner la diversité.

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Questions contemporaines

Les sens façonnent notre perception, intime et collective, de l’espace urbain. Celui-ci reflète-t-il à son tour les aspirations, les attentes, les émotions des citoyens, des usagers ? L’aménagement ou la gestion contribuent-ils à l’émotion positive, l’urbanité, la confiance, la joie de la vi(ll)e ? Tant pour l’espace public que pour les friches ou les chancres qui le bordent ? Trop souvent, l’urbanisme dit moderne a ignoré le lien avec les sens, la vie collective, la mémoire du temps, la nature, et ce au profit du calcul et du « tout immédiat ». Or, la ville n’est pas que mathématique : stocks de biens (logements, lieux de travail, commerces), flux (les mobilités) ou interconnexions, à l’heure de l’intelligence artificielle ou de la « smartisation ». Bien d’autres champs impactent la ville et se déploient à travers de nouvelles approches. Ménagement thérapeutique, design sensoriel ; espace public sûr pour les femmes ou les enfants, apaisé et sans crainte ; trame urbaine régénérant les dents creuses qui jalonnent son tissu ; ville communicante misant sur ses nouveaux atours et s’appuyant sur des émotions partagées ; désirs de ville et de nature, liant le vivant et le non-vivant pour que se déploie la ville multi-sensorielle. Ces thèmes sont traités ici par des praticiens provenant de divers coins d’Europe : Barcelone, Berlin, Nimègue, Rotterdam ; Marseille, Paris, Tours ; Bruxelles et les villes wallonnes ; ainsi qu’à l’échelle de différents pays.

Sous la direction de

ESPACE-VIE. Qu’est-ce qu’une ville sensible ? PAUL VERMEYLEN. On dit souvent que la ville, ce sont des flux, des données quantitatives, c’est en somme une smart city. Mais le vécu des habitants est aussi important que ces données dans la mesure où ce sont nos émotions qui rendent la ville sensible et qui nous permettent d’agir. Ce livre est le résultat d’un groupe de travail et d’intervenants de différentes villes européennes qui nous ont rejoint pour réfléchir à la place de la sensibilité et de la perception dans la ville.

Paul Vermeylen

peut-on réduire la crainte engendrée par la peur du noir ? Il existe des approches par le biais d’un travail sur la lumière qui permet de sécuriser la ville. Isabelle Corten en parle dans le livre. Les politiques développées aujourd’hui doivent être celles d’une ville sans crainte. Cela signifie que l’on doit oser faire des choses qui ont une aspiration citoyenne. Cela rejoint quelque peu l’urbanisme tactique. Ce qui signifie qu’on aménage la ville sans plan. En tâtonnant, nous renversons le modèle.

architecte-urbaniste Paul Vermeylen est président de For Urban Passion. Un think tank d’urbanistes et d’aménageurs dont l’objectif est de contribuer au débat sur les enjeux de la ville de demain. Elle organise plusieurs débats par an. Et celui organisé en mai 2019 a entrainé la publication d’un ouvrage paru début septembre.

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Sous la direction de

Paul Vermeylen

Questions contemporaines

LA VILLE SENSIBLE

LA VILLE SENSIBLE

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L’

Texte : Xavier Attout

Paul Vermeylen est architecte-urbaniste, expert en management public. Il sillonne depuis près de quarante ans les villes européennes. Il a mené diverses missions en France, en Belgique, ainsi que pour les institutions européennes. Il est l’auteur du livre Le temps de la métropole paru chez L’Harmattan.

Pourquoi avoir évoqué Louvain-la-Neuve dans cet ouvrage ? Le livre rassemble une dizaine d’interventions extérieures. Dont une évoque cette ville du Brabant wallon. Ce n’est plus une ville nouvelle mais sa conception a permis de démontrer qu’il est possible de mettre en œuvre des éléments sensitifs. Il reste d’ailleurs un capital sympathie élevé vis-à-vis de cette ville, c’est symptomatique de sa réussite.

Ont également contribué à cet ouvrage : Harry Derks (Nimègue), Josep Bohigas (Barcelone), Régine Charvet-Pello (Tours), Nicolas Gilsoul (Paris), Laetitia Nolet (Bruxelles), Andreas Krüger (Berlin), Inès Péborde (Rotterdam)

Questions contemporaines Série Questions urbaines

Illustration de couverture : Serge Colin, SKOPE & FUP.

ISBN : 978-2-343-19190-4

13 €

Qui peut mettre en œuvre cette ville sensible ? Ce n’est pas défini. Des urbanistes, j’espère. L’urbaniste doit, plus qu’avant, fédérer des savoirs et être ouvert à de nouvelles approches. Le métier devient de plus en plus étendu dans divers champs de compétences. Les architectes stars ont permis la

Pour aller plus loin La ville sensible, sous la direction de Paul Vermeylen, L’Harmattan. 114 pages. 13 euros.


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Arènes du Territoire L’étalement urbain : plus d’espace... pour le débat Aberdeen

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C’

Enjeu : Développer une culture de l’efficacité énergétique auprès du privé et du publique

20 % ET BIEN PLUS

Rotterdam

Enjeu : Densifier + végétaliser le centre-ville

Texte : Karima Haoudy – Illustrations : projet MUSIC

est en s’arrimant à l’expérience des arènes du projet MUSIC (Mitigations in Urban Areas, Solutions for Innovative Cities) que se dérouleront les prochaines Arènes wallonnes. Celles-ci s’inscrivent dans le sillage de la Déclaration de Politique régionale 2019-2024 qui s’est fixée comme objectifs de réduire l’artificialisation des sols d’une part et, d’autre part, de freiner l’étalement urbain pour y mettre fin à l’horizon 2050. Celles-ci sont coorganisées par les huit Maisons de l’urbanisme, le cabinet du ministre Willy Borsus, en charge de l’Aménagement du territoire et, enfin, le SPW. Les Arènes du Territoire visent à mettre en œuvre un espace de débat où convergent des opinions et options, à la fois différentes et divergentes, en matière d’aménagement et de ménagement du territoire. Notre Maison de l’urbanisme organisera prochainement ce débat qui visera à récolter les avis diversifiés des acteurs clés qui maillent le territoire du Brabant wallon. In fine, les Arènes dresseront une « photographie » en matière de gestion de l’étalement urbain. Ces débats ont lieu en huis clos et rassembleront un panel d’acteurs engagés et représentatifs de la diversité des réalités territoriales et de la fabrique territoriale, spécifiques à notre territoire. Cinq villes européennes ont déjà abordées la question de la transition à travers le projet MUSIC. On vous en livre les grands enseignements.

Ludwigsbourg

Gand

Enjeu : Réduire la consommation d’énergies auprès des acteurs de la politique urbaine

Enjeu : Développer une mobilité douce et alternative à la voiture

Elle est sur toutes les bouches. La transition. De Greta Thunbergh à Bill Gates. Le concept rassemble, parfois par la ruse greenwashing, des pôles inconciliables. Mais surtout, l’urgence écologique a mis en lumière une autre urgence, celle de revoir la manière dont nos territoires se fabriquent et se gouvernent. Tous les contextes territoriaux sont désormais concernés par la transition qui se mue, sous l’effet de l’actuelle crise sanitaire, en une aspiration à un changement, net et profond du système. Et cette aspiration est particulièrement perceptible dans les villes. Concentrant plus de la moitié de la population mondiale, elles sont à la fois les foyers des maux écologiques et les terreaux de solutions. Cinq villes ont pu montrer cette intéressante dualité, à travers le projet MUSIC, soutenu de 2010 à 2014 par l’Union Européenne. Objectif : mener des actions concrètes en vue de réduire de 20% les émissions de CO2.

Montreuil

Enjeu : Renforcer l’implication des acteurs locaux et des habitants dans le processus du développement durable Rendez-vous dans les prochains numéros d’Espace-vie ou sur mubw.be pour vous faire écho de nos Arènes du Territoire.

Wallonie

Enjeu : Donner à l’étalement urbain, un espace de débats où convergent diversité et altérité des points de vues.

TRANSITION, L’ÉQUATION TERRITORIALE Aberdeen, Gand, Ludwigsbourg, Rotterdam et Montreuil, cinq villes qui se sont attelées à mettre en place les conditions pour amorcer une transition énergétique. Une transition rivée à des innovations sociales et institutionnelles. Pour y arriver, elles ont aménagé des Arènes de la Transition. Enceintes inédites de débats, de cogitations et de définition d’un avenir commun, les Arènes rassemblent un groupe de précurseurs d’horizons divers (entreprises, élus, citoyens, société civile, chercheurs, habitants, etc.) qui définissent un futur durable. En dépit de leurs singularités, les cinq expériences sont guidées par un précepte commun : agir local pour transformer le global et briser le statut quo. Avec le recul, elles révèlent aussi les limites et les impasses d’une transition qui ne se concentrerait que sur le sillon écologique comme l'observent Chris Roorda et Pepik Henneman dans la page qui suit..

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Cap sur 2050. L’étalement urbain aura alors pris fin. C’est du moins ce que prévoit la Wallonie. Pour y parvenir, une série d’actions sont mises en œuvre. Comme celle de lancer dans les prochaines semaines des Arènes du Territoire. Enceintes de débats, ces arènes wallonnes s’inspirent de l’expérience des Arènes européennes de la Transition énergétique. Territoire, transition, étalement urbain... On reste finalement dans la même enceinte circonscrite par un dessein commun : se réapproprier l’avenir.


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cultures

d'un territoire

DES BALISES TRANSFRONTALIÈRES D’Aberdeen à Gand, un fil conducteur : mettre en œuvre une transition avec les différents acteurs du territoire et ce, sur des enjeux variés : gestion parcimonieuse de l’énergie, renforcement des capacités des citoyens à s’impliquer dans la gestion de leur ville, végétalisation et densification des noyaux urbains, amélioration de la mobilité douce, etc. Si chaque Arène a sa configuration propre, des balises communes ont permis de relier, par-delà des frontières, les initiatives :

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Rassembler des personnes aux points de vue différents et divergents Sortir des sentiers battus et encourager l’innovation à petits pas Valoriser les précurseurs qui expérimentent d’autres manières de penser et d’agir sur les questions de la transition Favoriser l’éclosion des initiatives ascendantes Let’s go ! définir un programme et des actions concrètes à court, moyen ou long terme

Pour aller plus loin Pour en savoir plus sur le projet MUSIC , n’hésitez pas à lire Gestion de la transition en contexte urbain, de Chris Roorda, Pepik Henneman et d’autres. Publié à l’Université Érasme de Rotterdam et disponible gratuitement sur internet.

Retrouvez l’interview de Michel Dachelet, Inspecteur général et cheville ouvrière des Arènes wallonnes du Territoire, sur Espacevie.be

À Rotterdam, l'Arène s'est emparée de l'enjeu de la densification et de la végétalisation.

LIMITES ET PERSPECTIVES Pour mesurer les effets des Arènes, rencontre avec deux de ses artisans, Chris Roorda, consultant et chercheur au sein de DRIFT (organisme qui soutient l’innovation implanté à Rotterdam) et Pepik Henneman, fondateur du laboratoire d’expérimentation sociale, Meneer de Leeuw. Tous deux mettent en relief les limites du périmètre participatif, intrinsèque aux Arènes. « De toute évidence, la gestion de la transition n'est pas une solution miracle pour atteindre des objectifs de durabilité ambitieux, observe Chris Roorda. Cette démarche ascendante ne remplace pas la nécessité d'autres interventions publiques, complémentaires. » Aussi, ces Arènes doivent être terre à terre. Il est important d’apporter du concret pour ne pas rester dans une démarche trop vague, déconnectée des réalités du territoire. La manipulation des concepts théoriques, fondement de la transition (voir encadré sur les balises transfrontalières), devrait toujours composer avec le pragmatisme du terrain, avec des actions tangibles comme ce fut le cas à Gand avec la mise en place d’un indicateur de mobilité associé à des maisons mises à la vente, une idée pionnière indique Pepik Henneman qui a coordonné l’Arène gantoise. À notre question de « Si c’était à refaire », les artisans des Arènes mettent en exergue l’importance d’aller plus vers des actions de changements structurels, à l’heure de la caniculisation du monde et de la prise en compte par l’opinion publique de l’urgence climatique. Une urgence qui ne peut toutefois, souligne Chris Roorda, se dissocier de la résolution des inégalités sociales, qui césurent les territoires.

Et vous, l’étalement urbain, ça vous parle ? Répondez à notre sondage citoyen pour nous en dire plus : mubw.be

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Décortiquer les rouages du système et la complexité de l’enjeu

© OTIFV

Les murs ont des couleurs En 2012 et 2015, Louvain-la-Neuve prêtait plus de 4 000 m2 de murs au Kosmopolite Art Tour (K.A.T.). Ce festival international de graffiti réunit une large diversité d’artistes internationaux autour de la création de peintures murales collectives qui font vivre l’espace public et montrent toute la richesse et la diversité du Street Art. Voyant l’impact

touristique d’un tel festival, les autorités communales et universitaires, d’abord un peu frileuses, ont continué de soutenir les organisateurs : la MJ Chez Zelle et le collectif de graffeurs bruxellois Farm Prod. Une troisième édition n’a pu être organisée faute de moyens financiers, mais des visites guidées sont toujours assumées par l’asbl bruxelloise « Fais

Le Trottoir », qui se donne pour mission de mettre en évidence les aspects positifs du graffiti, en dépassant les stéréotypes liés à cette pratique. Dans le cadre de Be Wesh!, le festival hip-hop qui se déroulera à Court-Saint-Étienne le samedi 7 novembre, le Collège communal stéphanois a marqué son accord de principe pour la mise à disposition de certains murs en vue de cet évènement. C. Du.


apprendre

Cultiver son appartenance à l’humanité Depuis une vingtaine d’années, on a vu se développer de nombreux projets de potagers collectifs. Le mouvement a été amplifié avec la sortie du film Demain qui a connu un véritable engouement. Texte : Caroline Dunski – Photos : Caroline Dunski, Ville OLLN

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orti début 2016 en Belgique, le film Demain de Mélanie Laurent et Cyril Dion a popularisé, notamment, le mouvement d’agriculture urbaine de Détroit aux États-Unis et celui des Incredible Edibles, les Incroyables comestibles en français, né à Todmorden en Grande-Bretagne. Depuis, des groupes locaux ont fleuri ici et là en Belgique et ailleurs. Les cinéastes français ne s’attendaient pas à provoquer un tel engouement. Sur le site dédié à leur film, ils ont invité les gens à partager brièvement les actions qu’ils ont mises en œuvre pour que chacun puisse avoir une idée de l’impact du film, mais surtout pour favoriser un effet de contagion. Que tout le monde ait envie de se mettre à la transition, qu’elle concerne l'agriculture, l'économie, l'éducation ou la démocratie. Plonger ses mains dans la terre pour y faire naitre de quoi se nourrir, souci aussi légitime que vital, revêt bien d’autres dimensions. Y compris celle, loin d’être anodine et éminemment culturelle, de se sentir appartenir à une communauté. Rédigée en 1992 par la Conférence permanente des pouvoirs locaux et régionaux de l’Europe (CPLRE), La Charte urbaine européenne souligne que « la protection de la nature contribue à développer le sentiment d'appartenance et l'engagement des citadins et citadines vis-à-vis de

leur communauté. Elle peut encourager leur fierté individuelle et collective et développer le sentiment d'appartenance au quartier. Les formules ne manquent pas : potagers familiaux, jardins suspendus, jardins couverts, terrains d'aventure, valorisation des espaces semi-publics autour des blocs d'habitation, coulées vertes, jardins naturels, jardins éducatifs et centres de terrain ». À Mons depuis 2017, chaque année, les acteurs culturels consacrent l’éco-festival « Demain » à la nécessaire transition et au rôle que la culture peut y jouer. Et les jardins et potagers partagés y trouvent une place de choix.

Lieux d’échanges sociaux, de transmission de savoirs Le Réseau des consommateurs responsables comptabilise quelque 444 potagers collectifs en

Il y a de petits enfants bruxellois jusqu’à des vieux pépés comme moi, tous mélangés, et ça marche bien. Un usager anonyme

Wallonie et à Bruxelles ! Ledit réseau souligne que « d’abord vus comme des espaces de production de légumes, les potagers collectifs sont maintenant considérés aussi comme des lieux d’échanges sociaux, de transmission de savoirs, de détente et d’entraide ». Conscientes de la contribution de telles initiatives à une société plus solidaire, certaines communes ont surfé sur cette vague verte et lancé leurs propres projets. C’est le cas à Ottignies-Louvain-la-Neuve où le Service communal de cohésion et de prévention sociales

assure sa mission de cohésion sociale via un Plan social intégré (PSI). Il s’agit d’un programme local subsidié par la Région wallonne pour lutter contre les processus de précarisation et de pauvreté. « C’est le troisième Plan que nous menons dans ce cadre, même si le Décret a évolué, note Steve Evrard, responsable du Service ottintois. Nous partons des problématiques des gens et des quartiers, aussi les processus et les démarches varient d’un quartier à l’autre. » Ces dix dernières années, trois potagers collectifs ont ainsi vu le jour dans des quartiers de logements publics : au quartier du Bauloy à Ottignies, au Buston à Limelette et à la Chapelleaux-Sabots à Céroux-Mousty. « Ces potagers collectifs constituent des moyens pour arriver à nos fins, c’est-à-dire construire une société solidaire et coresponsable pour le bienêtre de tous. Au départ


apprendre

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Un potager collectif, c’est aussi un laboratoire de démocratie locale. Atoutage

Une logique participative et intergénérationnelle Pour le projet réalisé au Buston sur un terrain appartenant à la société de logement public, après que le terrain de basket ait été déplacé, à la demande du Service communal, l’asbl Atoutage a réalisé un guide méthodologique montrant qu’il existe plusieurs méthodes de prise de décisions collectives. Elles facilitent la réussite d’un projet et garantissent une logique participative et intergénérationnelle. La sociocratie permet la prise de décisions collectives assurant la participation de tous en évitant les rapports de forces. De son côté, le modèle « SALT » mobilise et mutualise les ressources et les savoirs de chacun comme point de départ d’une action collective et pour renforcer une dynamique de groupe. Enfin, l’équipe du Service de cohésion et de prévention sociales, qui anime le projet, a bénéficié d’une sensibilisation aux concepts de la communication non-violente et à d’autres outils de gestion de conflits. Les enjeux des potagers collectifs sont multiples. La charte du projet de Limelette indique qu'il vise à cultiver des légumes sains, dans le respect de l’environnement, à développer

des échanges de savoirs, de la solidarité et de l’entraide, à tisser des liens conviviaux, intergénérationnels et interculturels, dans la tolérance, à procurer du plaisir, du bienêtre et de la quiétude et, enfin, à valoriser le quartier. Dans une vidéo qui présente l’initiative, une dame explique qu’elle a fait la connaissance de sa voisine directe au potager. Pendant 40 ans, elles ne s’étaient pas adressé la parole… Jusqu’à ce que leurs mains travaillent la même terre. « Ça crée des liens et ça renforce les relations. » Une autre se souvient qu’avant, dans le village de sa grand-mère, toutes les dames du quartier se réunissaient chez son aïeule pour utiliser son grand four à pâtisseries. « On crée des lieux collectifs pour retrouver cette collectivité qu’on a un peu perdue. C’est important de sentir que les autres sont là. » Et la diversité des usagers de tels lieux est grande, en termes d’âges et d’origines, comme le souligne un monsieur d’un âge certain. « Il y a de petits enfants bruxellois jusqu’à des vieux pépés comme moi, tous mélangés, et ça marche bien. »

et des fleurs sauvages ou ornementales, des pommes, des poires, des framboises… bref, tout ce qu’une trentaine de personnes ont choisi d’y semer, de cultiver… ou pas. Certaines parcelles sont closes, munies de barrières et de cadenas. D’autres semblent abandonnées à la végétation, au grand dam de ceux qui prennent le plus grand soin de « la leur ». À bientôt 79 ans, depuis 18 ans déjà, Gaetano continue d’entretenir une parcelle vraiment privée, et non privatisée, juste à côté des terres communales. Après avoir longtemps travaillé aux Forges de Clabecq, il a appris le maraichage en compagnie d’un vieux monsieur et transmet désormais ses connaissances à son tour. Peu avant le confinement, il faisait la connaissance de Françoise, une « jeune » voisine d’une cinquantaine d’années, qui empruntait le raccourci bucolique pour rejoindre la chaussée de Mons. Poussé par Betty, sa dulcinée, qui lui enjoignait de réduire le rythme en raison de ses ennuis de santé, il a cédé un morceau de parcelle à Frédéric, l’ami musicien de « Fran Fran ».

Une transmission de proche en proche

Entre individualisme et sociocratie

À Tubize, des terrains communaux sont cultivés depuis des décennies par des personnes qui se transmettent de proche en proche les parcelles – qu’ils ont « privatisées » – au gré du vieillissement, de la maladie, des déménagements ou du manque de temps pour continuer cette activité. Dans les méandres du Cœurcq, qui serpente depuis Braine-le-Comte avant de rejoindre la Senne, entre la rue Reine Astrid et le chemin de fer, un hectare a vu pousser des haricots, des tomates, des courgettes, des potirons, des tournesols

Chaque potager « collectif » a sa propre configuration, ses modes de fonctionnement. À Tubize, on l’a vu, on observe plutôt une multiplicité de parcelles, cultivées côte à côte sans règles établies. Dans les potagers ottintois, dont l’objectif originel est de créer du lien, certaines parcelles sont individuelles, tandis que d’autres sont collectives. Néanmoins, quels que soient leur fonctionnement, chaque potager voit naitre entre ses usagers des liens qu’ils ne créent généralement pas quand ils se croisent furtivement sur un trottoir.

UN RECENSEMENT POUR METTRE DE L’ORDRE En décembre 2019, la Ville de Tubize invitait à se faire connaitre les exploitants de parcelles sur deux terrains lui appartenant, l’un entre la rue Reine Astrid et le chemin de fer, l’autre le long de la rue des Forges. « Ces terrains communaux sont occupés de façon anarchique par des riverains, explique Michel Picalausa, échevin des Travaux. Ce sont surtout d’anciens travailleurs des Forges

de Clabecq qui les cultivent sans aucune convention. La succession des parcelles s’organise entre voisins, familles, amis… On ne peut pas parler de jardins ‘partagés’, parce que chacun exploite une parcelle qu’il considère comme la sienne. Avec ma collègue échevine de l’Environnement, nous aimerions que cela devienne un véritable jardin partagé, avec une convention d’occupation liée à

une personne. Cela permettra aussi de fixer un règlement sur l’aspect des abris de jardin. La rue des Forges est un axe de pénétration important, c’est une entrée de ville qui doit être soignée. À terme, nous souhaitons également tracer une voie cyclable pour faciliter la mobilité entre le nouveau quartier à venir et le centre-ville. »

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des projets de potagers, on comptait les gens investis sur les doigts d’une main. Au Buston, il y avait un terrain de basket qui posait des problèmes de nuisances sonores au voisinage. La posture du Service de cohésion et de prévention sociales a été le soutien, l’accompagnement et la réflexion autour d’un projet permettant de renforcer le lien de solidarité entre voisins, tout en étant attentif à la dimension durable et en développant des arguments financiers et sanitaires. Dans certains quartiers, la santé des gens se détériore plus rapidement. Nous avons aidé à trouver des ressources sous la forme de subsides, mais dans notre esprit, les projets devaient aussi devenir plus ou moins autonomes. L’implication des habitants est assez fluctuante. Parfois, des personnes s’essoufflent. Il y a des moments de doute et de crise. Nous sommes alors sollicités en termes d’animation. »


agenda

Activités susceptibles d'être modifiées en fonction des mesures sanitaires de lutte contre le Covid-19. Toutes les infos sur mubw.be

MIDI DE L’URBANISME

Et la nature dans tout ça ? Vendredi 23 octobre de 12h à 14h 3, rue Belotte Régulièrement, les médias nous annoncent une érosion de la biodiversité. Le mouvement #ensemblepourlabiodiversite.be, à l’initiative du Muséum des Sciences naturelles, parle même de la 5e grande extinction de masse. Dans ce contexte, les 4 000 km de plantation de haies annoncés dans la Déclaration de Politique régionale wallonne, associés à la conversion de 1 000 ha/an en réserve naturelle semblent indispensables. Mais en Brabant wallon, où seuls 4,5 % du territoire accueille des zones « Natura 2000 », comment faire pour intégrer davantage de nature ? Comment réconcilier la biodiversité et le développement territorial ? Est-il encore possible de construire en préservant la nature ?

Fiorella Quadu

Ingénieur agronome, chercheuse au Centre de Recherche et d’Études pour l’Action Territoriale – CREAT, UCLouvain

Julien Taymans

Ingénieur agronome, président de la Régionale Natagora-Brabant wallon

Aurélie Hochart

Ingénieur-architecte, chef de service adjoint, aménagement du territoire, in BW

24 Inscriptions obligatoires avant le 16 octobre via m.urbanisme@ccbw.be Prix : 3 euros 12h : accueil 12h15 : début de la conférence Adresse : 3, rue Belotte 1490 Court-Saint-Étienne

En raison des mesures sanitaires, le nombre de places est limité et il n’y aura pas de catering. Nous avons adapté notre tarif en conséquence et vous proposons, pour ceux et celles qui ne peuvent participer, à suivre en direct le Midi de l’urbanisme via les réseaux sociaux. La conférence sera filmée en direct. Infos : mubw.be

L’étalement urbain en débats

Logement et CoDT : quelques clés

ARÈNES DU TERRITOIRE 29 septembre à 17h30 Jambes

FORMATION 8 octobre - Matinée Foyer populaire Réservée aux agents des services urbanisme

Décoder le CoDT FORMATION 2 novembre à 20h Foyer populaire Court-Saint-Étienne Réservée aux membres CCATM

Habitat léger et CoDT : quelques clés FORMATION 19 novembre - Matinée La Sucrerie (Wavre) Réservée aux agents des services urbanisme


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