Moujahed Souihli : Mémoire d'architecture, Novembre 2016.

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"Derrière un mur, comme au fond d'un ravin" : une prison pour les délinquants primaires à Tataouine

Quand on passe 23 heures par jour enfermé, c’est toute une vie qui se joue avec ses facettes, ses émotions et sa routine monotone. Sally Montana40

2.1 Introduction Ce chapitre porte à la fois sur la chronologie de l'évolution des prisons au fils des siècles ainsi que l'analyse des prisons similaires dans d'autres pays. Notre objectif est de dégager les topologies des différentes prisons qui ont fait objet de modèle d'étude et d'expérience et les nouveaux concepts architecturaux pour une meilleure rééducation et réinsertion sociale.

2.2 Aperçu historique La notion de prison a connu une évolution remarquable au fil des siècles. Depuis l’antiquité jusqu’au Moyen Age, la prison n’existait pas en tant qu’un lieu d’enfermement et de punition. La privation de liberté s’effectuait pour une courte période de temps, allant de quelques jours à quelques mois, où le détenu attendait sa peine ou son exécution. A partir du XVIIIe siècle et suite à la déclaration des droits de l’homme, la notion de prison a pris un nouveau tournant, remettant en question la notion de châtiment, où la privation de liberté est devenue en elle-même une sanction pour le condamné. Par la suite, plusieurs formes de prison ont vu le jour présentant chacune une nouvelle méthode d’enfermement et d’organisation du système carcéral, dans le but d’atteindre une meilleure correction ou amélioration de l’esprit du détenu. Parmi ces systèmes, trois se dégagent clairement et qui sont les systèmes pennsylvaniens, auburniens et irlandais (dit système de Crofton). Le système pennsylvanien a vu le jour en 1821. Il a été inventé dans une nouvelle philosophie de l’enfermement. Il vise à isoler les prisonniers de jour comme de nuit dans le but de minimiser la contamination criminelle entre eux, croyant qu’une forme de méditation individuelle permettrait l’amélioration de l’état d’esprit des détenus. En effet, ce type de prison était considéré par les autorités religieuses comme un "établissement destiné aux fous". En termes d’architecture, les solutions préconisées prévoyaient une série de cellules spacieuses à porte pleine et dont les fenêtres ouvrent sur l’extérieur. Le système auburnien fut adopté dans l’Etat de New York. Il système repose sur le principe d’enfermement commun des prisonniers pendant le jour et d’isolement pendant la nuit. Durant leurs heures de travail et de vie au cours de la journée, les détenus sont soumis, collectivement, à la règle du silence. 40

Sally Montana, "Regards croisé d'une photographe engagée : le monde carcéral dans l'objectif d'une photographe", Bulletin info, 2011.

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