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du cycle BorderLine
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[PORTRAITS]
Olivier LEPILLER est sociologue au CIRAD à Montpellier, dans l'UMR MoISA, unité réunissant des sciences humaines et sociales et des sciences de la nutrition autour des enjeux de durabilité des systèmes alimentaires. Ses travaux de recherche portent plus spécifiquement sur le changement social des normes et des pratiques alimentaires, à travers une double approche : l'étude de ce changement; l'accompagnement de changements souhaitables vers des systèmes alimentaires plus durables. Il coordonne actuellement le projet MAHDIA qui met en œuvre des dynamiques territoriales multi-acteurs autour des enjeux de résilience hydrique, d'agroécologie et d'alimentation durable au Maroc,au Sénégal et enTunisie. C’est également un fin connaisseur des débats autour de l’industrialisation de l’alimentation, puisqu’il y a consacré son travail de thèse, et des enjeux de la végétalisationdel’alimentation.
Côté publications, Olivier Lepiller a notamment coordonné avec Audrey Soula, Chelsi Yount-André et Nicolas Bricas, l’ouvrage et l’enquête « Manger en ville. Regards socio-anthropologiques d’Afrique, d’Amérique latine et d’Asie », qui tord le cou à l’idéed’uneuniformisationdespratiques desmangeursàl’heuredelatransitionetde la mondialisation alimentaires. Sur cette même question, il est également le coauteur,avecEstelleFourat,del’article« Vous reprendrez bien un peu de protéines ? » (Une écologie de l’alimentation, Quae 2021) qui interroge l’omniprésence de la questiondelaconsommationdeprotéinesdanslesdébats.
Yamina AÏSSA ABDI. Aux citoyens et aux habitants d’un espace d’esquisser les projets qui leur tiennent à cœur. Telle pourrait être la devisedeYaminaAïssaAbdi,restauratrice.
Dès 2011, cette habitante des Izards (Toulouse) s’investit dans la vie de son quartier, avec comme principale préoccupation: la jeunesse. Quand deux ans plus tard, le quartier, alors en pleine rénovation urbaine, se trouve confronté à de fortes tensions, elle cofonde, avec d’autres mères de famille, l’association «Izards attitude» pour soutenir « les familles dans leur rôle éducatif, les initiatives de femmes dans les quartiers, (re)créer du lien social, des animations intergénérationnelles et interculturelles ». Et redonner une dignité aux habitant.e.s d’un quartier trop facilementcritiqué.
Une dizaine d’années plus tard, en 2022, elle quitte la présidence de l’association pour fonder «Au cœur de ma cantine», une association consacrée cette fois aux enjeux de justice sociale et d’accès à une alimentation saine et de qualité. La dynamique démarre dès2018avecl’installationd’unmaraîcherbiodanslequartieret le lancement, alors, d’ateliers cuisine. En 2020, à l’issue du confinement, c’est un autre constat qui s’opère: aux Izards comme dans d’autres quartiers populaires, le surpoids et l’obésité infantiles ont progressé, révélant ainsi les fortes inégalités
sociales et territoriales. De fil en aiguille, germe, avec les habitant.e.s, toute une réflexion sur l’accès, à une alimentation saine et qui trouvera sa concrétisation via la création d’une cantine biologique et végétale: «Si ma cantine m’était contée». Ouvertureprévueenmai2025.
Jocelyn FAGON. Ingénieur agricole formé à l’Ecole supérieure des agricultures d’Angers, Jocelyn Fagon rejoint l’Institut de l’élevage (Idele) dans le Sud-ouest, en 2006, après avoir exercé un temps le métier de conseiller en élevage. Dédié aux filières herbivores (bovines, caprines, ovines et équines), cet institut technique agricole national, piloté par des éleveurs, ambitionne d’une part « d’améliorer la compétitivité des élevages et les conditions d’exercice des métiers » et, d’autre part, de « répondre aux défis sociétaux » tels que l’adaptationauchangementclimatique,laqualitédesproduits,lebien-êtreanimal…
Dans ce cadre, Jocelyn Fagon a plus particulièrement en charge la thématique « organisation du travail-métier des éleveurs » au sein du service ASTRE (Approches Sociales et Travail en Elevage). A ce titre, il est impliqué dans des programmes territoriaux(Inosys-Réseauxd’élevage),nationaux(divers projets)eteuropéens(R4D–Resilience for Dairy, SafeHabitus), dédiés à la question de la durabilité des élevages bovins et leur résilience. Il a notamment travaillé sur l’élaboration de références technico-économiques, sociales et environnementales pour comprendre et décrire différents systèmes de production d’élevage et permettant de mieux connaître l’évolution des exploitations, repérer les innovations et ainsi accompagner les éleveurs(enplaceouendevenir)dansleurpilotageouchangementdesystème.

Lucile ROGISSART. La transition agricole et alimentaire n’est pas un vain mot pour Lucile Rogissart. Cela fait déjà plusieurs années qu’elle en a fait son domaine de recherche et d’expertise au sein de l’Institut de l’économiepourleclimat(I4CE).Fondéen2015parlaCaissedes dépôts et l’Agence française de développement, cet institut de recherche à but non lucratif regroupe une quarantaine d’experts et expertes autour d’un même objectif : analyser les politiques publiques à même de conduire la transition, dans les domaines de l’énergie,del’agricultureetdelaforêt.
Son master d’Economie publique en poche, Lucile Rogissart rejoint I4CE en 2017. Son credo : les sujets agricoles et alimentaires, qu’elle explore sous bien des coutures telles celles du financement de la transition écologique du système alimentaire ou l’impactéconomiquedelatransitionpourlesmangeurs.
Sur ces thèmes, elle est l’autrice de plusieurs études et notes pour I4CE et a également contribué à plusieurs articles en collaboration aveclethink tankIDDRI.Ces publications sont, d’ailleurs, en libre consultation. C’est que cette chercheuse a un vœu : que l’on puisse enfin débattre sans tabous des tenants et des aboutissants des transitionsagricolesetalimentaires.
[CONTRIBUTIONS] Pour préparer la rencontre, la Mission Agrobiosciences-INRAE a lancé un appel à contributions autour de deux questions: que vous suggère l’expression «végétalisation de l’alimentation?»;cettenotioncomporte-t-elledespointsaveugles?
« Employer le terme de végétalisation, c’est revenir aux origines du végétarisme » Arouna OUÉDRAOGO - ancien chercheur INRAE - rappelle que la «végétalisation » de l’alimentation s’inscrit dans une longue histoire du végétarisme, quiportait à l’origineunedimensionsocialeetpolitique.Cettetransitionnepeutêtre réduite à un simple choix alimentaire, elle reflète aussi des inégalités et des évolutionsculturelles.
«Végétaliser l’alimentation de manière excessive serait une forme de mise en danger de la vie des sols » Une mise en garde de Christophe PINARD contre une végétalisation excessive de l'alimentation: la réduction de la consommation de viande pourrait menacer les élevages extensifs, essentiels àla fertilité des sols et à la biodiversité.
Végétalisation de l’alimentation : « Ne pas tomber dans le cliché » Louise GALIPAUD, responsablede programmes à laFondation Daniel et Nina Carasso, invite à ne pas confondre "végétalisation de l’alimentation" et "alimentation végan ou végétarienne". Augmenter notre consommation de produits végétaux n’implique pas unarrêtdelaconsommationdeproduits animaux.
« Végétaliser l’alimentation, c’est reconstruire un modèle plus économe et plus sain » L’Association Végétarienne de France entend « stimuler et accompagner la transition individuelle et collective vers l’alimentation végétale». Ou comme le détaillesonprésident Mathieu NOLLET, « notreassiette change le monde ».
« La végétalisation de l’alimentation permet de donner accès à une viande de meilleure qualité » Pour Guillaume MARTIN, directeur de recherche INRAE, opposervégétalisationdel'alimentationetélevageseraituneerreur.Focuségalement sur le rôle joué par la restauration collective pour valoriser davantage les productions végétales…etmêmes’offriruneviandedequalité!
Végétalisation de l’alimentation : « ne pas oublier les aspects qualitatifs » Isabelle DELOZE, directrice d’Artémisa souligne que la végétalisation de l’alimentation ne doit pas se faire au détriment de la qualité. Elle met en garde contre les substituts ultra-transformés et plaide pour une réduction des produits animauxdefaiblequalité,auprofitd’alimentsfraisetlocaux.
« La végétalisation est indispensable si on veut développer le bio » Végétaliser l’alimentation est une nécessité pour Philippe POINTEREAU, cofondateur de Solagro. Mais celle-ci doit s’opérer dans un cadre précis, qui associe la consommation de produits issus de l’agriculture biologique ou celle des fruits et légumes.
«Il est difficile d’estimer l’évolution de la végétalisation » Directrice du cabinet AlimAvenir, Céline LAISNEY scrute ce sujet de la végétalisation de longue date. Dans sa contribution, elle insiste entre autres choses sur ce paradoxe: les Français déclarent avoir réduit leur consommation de viande… et pourtant elle progresse.
« Une partie des mangeurs a diminué sa consommation de viande pour des raisons budgétaires » Dans cet entretien, Pascale HÉBEL, spécialiste bien connue delaconsommation, directriceassociée chezC-Ways,prévient:oui,l’alimentationse végétalise; mais ce mouvement doit s’appréhender à l’aune de la situation inflationnistedecesdernièresannées.
«La végétalisation est à la fois possible et souhaitable » Pour l’Observatoire National des Alimentations Végétales, végétaliser l’assiette est nécessaire pour aller vers une alimentation durable et doit « tenir compte des politiques agricoles, des réglementations alimentaires etdes initiatives de santépublique ».
« Végétaliser ou optimiser l’alimentation ? » Michel BUSCH, délégué à la biodiversité au sein de la confédération paysanne, s’interroge, de manière critique, sur une tendance de consommation qu’il juge destinée à une frange minime de la population, à l’heure où beaucoup de mangeurs n’ont guère le choix de ce qu’ils consomment.
« La question de l’alimentation végétale n’est jamais neutre » Alexandra Hondermarck, docteur en sociologie (Université Paris 8 Vincennes-Saint-Denis, CRESPPA-CSU), évoque les difficultés que peut rencontrer l’usage de l’expression "végétalisation".
(Contribution de Benjamin ALLÈS, chargé de recherche en épidémiologie de la nutrition, bientôt sur lesitedela Mission Agrobiosciences-INRAE…)
Retrouvez-les en intégralité sur www.agrobiosciences.org
[À PROPOS DE BORDERLINE]
Fruitd’une collaborationentrela MissionAgrobiosciences-INRAE etle Quaides
Savoirs, BorderLine est un cycle de débats dont le fil rouge est d’explorer les champs de tension qui s’exercent aujourd’hui autour de l’idée des limites. Celles-là même que nous imposent le changement climatique, l’avancée des connaissances, les nouvelles technologies… Enregistrée en direct et avec le public,chaqueséance donnelieuàlaréalisation d’un podcastvidéoetaudio.
Rendez-vous le 19 juin prochain
Sécheresse : comment fixer la ligne de partage des eaux ?
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La Mission Agrobiosciences-INRAE Centre national de médiation et d’instruction des controverses, la Mission Agrobiosciences-INRAE est chargée de repérer les signaux faibles et d’analyser les tensions qui traversent la société dans les domaines de l’agriculture, de l’alimentation, de l’environnement, des sciences et des techniques du vivant. Son outilprivilégié:lamiseendébatpluriacteurs.
https://www.agrobiosciences.org/ 24ChemindeBordeRouge,31320Auzeville-Tolosane Téléphone:+33(0)561285470
Mail:mission-agrobiosciences@inrae.fr
Le QuaidesSavoirs
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