Magazine Vivai 5/2018

Le magazine

du bien-être et du développement durable

05/2018

NUTRITION Les aliments fermentés: pourquoi sont-ils bons pour nos intestins?

DÉVELOPPEMENT DURABLE Le bioplastique: une alternative valable pour les emballages?

Fait main Les métiers manuels séduisent à nouveau

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ÉDITORIAL

Envie de nouveauté

Photo de couverture: Chris Gilleard; © Sabine Braun, service des monuments historiques de la ville de Saint­Gall

Découvrir Saint-Gall en e-bike. Lorsque cette invita­

tion est arrivée à la rédaction, j’ai tout de suite pensé que c’était une occasion à ne pas rater. Et l’expérience a été à la hauteur de mes espéran­ ces. Lors de cette visite gui­ dée de la ville, nous nous sommes arrêtés à plusieurs endroits, notamment à la Kinderfestwiese. 30 000 per­ sonnes s’y réunissent tous les trois ans dans le cadre d’une fête populaire. Le quartier de Schoren, un bel exemple d’habitat coopératif et social construit au départ pour les collaborateurs des CFF, témoigne également de l’histoire de la ville, de même que la Tröckneturm, une tour où l’on mettait à sécher jadis les tissus sortant de l’usine de teinture.

En e­bike, notre groupe a pu facilement se rendre dans des lieux intéressants qui sont rarement inscrits au pro­ gramme des visites guidées.

Et sans transpirer! Berne a été la première ville d’Europe à proposer des visites gui­ dées à vélo à assistance électrique pour les groupes.

Si d’autres villes, notamment en Suisse romande et au Tessin, prenaient des initia­ tives similaires, c’est avec plaisir que j’y participerais.

Chère lectrice, cher lecteur, La couture ou l’écriture? Lorsqu’il m’a fallu opter pour une orientation professionnelle, j’ai dû choisir entre les deux.

La couture m’a accompagnée durant toute ma jeunesse. Quand je n’étais pas à l’école, je passais mon temps dans l’atelier de couture de ma mère.

J’ai commencé par confectionner des vêtements pour mes poupées, puis pour moi. Je ne sais pas vraiment pourquoi l’écriture a pris le dessus. Peut-être car il m’était finalement plus facile d’écrire que de coudre? Le hasard a cependant certainement joué un rôle. Après avoir suivi une formation d’enseignante et un cours préparatoire de design, j’ai obtenu une place de stagiaire à la rédaction d’un journal.

Le beau design n’a d’ailleurs jamais cessé de me procurer du plaisir.

En tant que journaliste, j’ai fait le portrait de nombreux jeunes créateurs et créatrices. J’ai ainsi pu constater qu’en Suisse, il est bien difficile de réussir dans un métier artistique. Et que la maîtrise parfaite de son art ou de son artisanat est la meilleure des garanties de succès. Je suis donc ravie que ce magazine présente six artisans, hommes et femmes, qui exercent leur métier avec passion.

Nous travaillons beaucoup avec la tête, et fabriquer quelque chose de ses mains apporte une compensation bénéfique. Dans l’article «Le virus du DIY» (pour «do-it-yourself», soit «faire soi-même»), nous montrons pourquoi les activités manuelles connaissent un tel succès, pourquoi nous sommes de plus en plus nombreux à manier le fil et l’aiguille, même si tout le monde n’en fait pas son métier.

Il me reste une chose à vous dire: installez-vous confortablement pour vous plonger dans la lecture de ce numéro de Vivai. Avec encore plus de plaisir peut-être que vous l’avez fait avec les numéros précédents. Malheureusement, il s’agit du dernier.

Susanne Schmid Lopardo, responsable de la rédaction Health & Beauty Vivai 2018

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L‚équipe de Vivai vous dit merci et adieu

Les meilleures choses ont une fin. Notre engagement pour Vivai aussi.

De g. à dr.: Cora Gianolla, Cornelia Thalmann, Claudia Wagner, Sylvie Castagné, Stephanie Riedi, Patrizia Villiger, Dora Siegenthaler, Gian Berger, Joshua Amissah, Susanne SchmidLopardo, Reto Mainetti, Mirjam Torres-Suter

Impressum Editeur: Fédération des coopératives Migros Concept et réalisation: Direction communication et médias Ressort Health & Beauty Responsable de la rédaction Health & Beauty: Susanne Schmid Lopardo

© Markus Bertschi

neutral imprimé

01-18-190925 myclimate.org

Rédaction/édition: Stephanie Riedi Directrice artistique: Dora Siegenthaler Rédactrice photo: Cornelia Thalmann Workflow management: Imelda Stalder (responsable), Anna Francesca Steinmann, Mirjam Torres Traitement d’images: Reto Mainetti Edition française: Sylvie Castagné

Edition italienne: Cora Gianolla, Claudia Wagner Révision (F): Martine Rivier Adresse de la rédaction: Magazine Vivai, case postale 1766, 8031 Zurich, vivai@mediasmigros.ch, migros.ch/fr/vivai Imprimerie: Vogt-Schild Druck AG, CH-4552 Derendingen Papier: sans bois, FSC-Mix Emissions de CO2 compensées par un projet au Brésil.

ISSN: 1663-716X Tirage total de Vivai: 250 060 exemplaires D: 173 127 ex., F: 61 557 ex., I: 15 376 ex.

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Photos : Ghislaine Heger

Publireportage

Politique sociale, Caritas s’engage • contre le démantèlement du filet de la sécurité sociale • pour que chaque individu obtienne le soutien dont il a besoin pour vivre dans la dignité (Constitution fédérale, art. 12)

Gabrielle Bergamaz a eu le courage de témoigner de son parcours personnel et professionnel difficile. Grâce à l’aide sociale, elle a évité de glisser trop profondément.

Elle n’a jamais ménagé ses efforts pour retrouver son autonomie.

Elle n’a jamais baissé les bras

• pour que la Suisse investisse dans la prévention de la pauvreté • pour perpétuer l’équilibre social et donc la cohésion sociale qui font la force de la Suisse

Un divorce très pénible l’a brisée. Après des années à la maison à élever ses enfants, Gabrielle Bergamaz* s’est retrouvée au chômage, puis à l’aide sociale, elle a même été SDF. Aujourd’hui, elle remonte la pente.

Elle souhaite pouvoir se former pour retrouver un emploi stable.

Au bénéfice de l’aide sociale depuis plusieurs années, à 57 ans, Gabrielle Bergamaz multiplie les emplois pour regagner son autonomie. Elle vit dans le canton de Fribourg. Chaque mois, en entourant des personnes âgées dans leur vie quotidienne, elle couvre une partie de ce que lui alloue l’aide sociale, quelque 1500 francs.

Gabrielle n’en démord pas : le sésame vers un poste stable est une formation, mais elle peine à accumuler les quelque 3000 francs nécessaires our la financer.

Plus d’informations sur Gabrielle sur : agirtoutsimplement.caritas.ch

Divorce et décrochage professionnel Après un apprentissage d’employée de commerce, elle a travaillé dans une administration communale. Puis elle décide de rester à la maison pour s’occuper de ses trois enfants. « J’ai eu quand même une vie relativement belle. Une maison. J’étais comme tout le monde » se souvient-elle. En 2012, c’est le divorce, dans des circonstances très difficiles. Disqualifiée professionnellement, elle s’inscrit au chômage, puis au social. Elle sera même sans domicile fixe durant deux ans. Mais elle a toujours cherché des solutions. « Et on m’a donné l’opportunité de travailler avec des personnes âgées ».

Elle est enthousiaste. Pour l’instant, elle est payée à l’heure, modestement.

Ses trois enfants l’ont toujours soutenue. Voici 4 ans, sa fille lui apprend qu’elle est enceinte. Gabrielle suit de près la grossesse. « Je vaux toujours quelque chose. Je suis utile » se ditelle. Aujourd’hui, elle n’a qu’un objectif : suivre une formation qualifiante pour encadrer des personnes âgées. La voie vers un travail stable. *Nom modifié

Caritas appelle l’opinion publique, le monde politique et l’économie à agir. Selon elle, une bonne politique familiale doit notamment garantir la compatibilité entre activité professionnelle et prise en charge des enfants, aussi pour les personnes en situation de pauvreté, et améliorer l’accès à la promotion précoce pour les enfants, ainsi que les conditions de travail et de formation continue pour les parents.

Une bonne scolarité de base et la formation professionnelle continue protègent de la précarité.

Compte postal : 60-7000-4 Pour les dons en ligne : caritas.ch/reinsertion-dons

ON AIME

© Illustration: Christopher Corr, photos: Oliver Nanazig/FREITAG lab. ag, Getty Images

Des raquettes à neige en DIY Les randonnées en raquettes à neige séduisent particulière­ ment les amateurs de slow life.

L’hiver n’étant plus si loin, si vous en faites partie, pourquoi ne pas commencer à y penser, et même fabriquer vous­même vos raquettes? Par exemple en participant à un cours au musée Ballenberg. Vous en repartirez avec une paire de raquettes traditionnelles, dite «queue de castor».

À Planète Santé live, le salon suisse de la santé, tout tourne autour du bien-être. Au programme de cette manifestation innovante, qui se déroule à Palexpo, à Genève: de nombreux stands d’exposition, des conférences, diverses activités et des tests. Tous les visiteurs y trouvent ainsi des sources d’inspiration pour améliorer leur bien-être.

ballenbergkurse.ch/kurse/schneeschuhbau-3

planetesante.ch

Planète santé

Halte au gâchis!

Une garde-robe compostable Des chaussures véganes, des chemises faites avec des déchets recy­ clés ou des chemisiers de seconde main, le secteur du textile s’est mis au vert. Les frères Freitag, avec leurs sacs fabriqués à partir de bâches de camions, ont ouvert la voie à des créateurs en phase avec le déve­ loppement durable. Depuis 2014, ils innovent en proposant des jeans et T­shirts biodégradables. D’autres fabricants leur emboîtent le pas, par exemple Calida avec sa nouvelle collection «I love Nature».

Florian Gyger et Emin Khateeb, deux déve­ loppeurs suisses, ont voulu faire quelque chose contre le gaspillage alimentaire. Ils ont donc créé une appli, Foodshelf, qui invite ses utilisateurs à poster une photo de pro­ duits alimentaires dont ils n’ont plus besoin.

Après avoir contacté l’auteur de la photo, les personnes intéressées n’ont qu’à aller cher­ cher les denrées gratuites. L’appli est, bien sûr, gratuite aussi. Pour Android et iOS. Vivai 2018

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L‚ARTISANAT

DOSSIER

Nouvelle vague Il fut un temps où l‚apprentissage d‚un métier manuel apportait une garantie pour l‚avenir. Aujourd‚hui, l‚artisanat fait plutôt appel aux sens. Selon les futurologues, c‚est grâce à cela qu‚il peut perdurer.

Le fait main est le luxe de demain.

Texte: Roland Grüter Illustrations: Daniel Müller/illumueller.ch Photos: Lorenz Cugini

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L‚ARTISANAT

DOSSIER

Le désir de posséder

l

a main. Le premier outil de l’Homme.

Grâce à elle, il est possible de pren­ dre en main ce qui doit l’être dans la vie. La main traduit nos pensées, nos désirs, nos sentiments. Sans elle, le fruit de nos réflexions resterait prisonnier de notre tête. Nous plions et ouvrons la main environ 25 millions de fois au cours de notre vie. Et nous nommons artisanat ce qui naît de gestes effectués par les mains. La main est omniprésente dans l’histoire de l’humanité, depuis son dé­ but, et elle le restera bien jusqu’à la fin.

Au fil des millénaires, marteau, en­ clume, aiguille et ciseaux ont permis de fabriquer quantité de choses qui rendent la vie plus agréable. Des corbeilles pour le transport, des pointes de flèches pour la chasse, des étoffes pour confectionner des habits… Plus tard, nous nous som­ mes appliqués à embellir nos réalisa­ tions, à peaufiner leur conception, mais ce n’est qu’au XIXe siècle que le terme artisanat a été forgé. Jusqu’à aujourd’hui, l’artisanat est toujours resté à la péri­ phérie du domaine du design. Et la fron­ tière entre ces deux secteurs reste étan­ che. Les designers conçoivent des proto­ types pour l’industrie, lesquels seront développés par d’autres professionnels.

Tandis que les artisans sont les seuls au­ teurs de leurs réalisations, dont chacune est une pièce unique.

L’arrivée massive des machines

Les mains permettent d’avoir prise sur un tas de choses, mais pas sur l’évolution de la société. À la fin XVIIIe, l’essor de l’industrialisation a été marqué par l’ar­ rivée massive des machines. La produc­ tion (de masse) exigeant des cadences toujours plus rapides, les mains ne par­ vinrent bientôt plus à suivre le rythme.

Elles travaillaient moins vite que les machines, étaient plus coûteuses et donc, tout à coup, jugées inefficaces. Ce fut un coup dur pour l’artisanat, car la plupart des objets du quotidien étaient doré­ navant fabriqués par des machines, en Chine ou dans d’autres pays nouvelle­ ment industrialisés. Nombre de consom­

des choses authentiques renaît.

mateurs n’étaient plus prêts à dépenser davantage pour acquérir une assiette ou une couverture faite main. D’autres doivent cependant en payer le prix, et plus souvent qu’à leur tour: les ouvriers employés dans des fabriques. Ils épousent la cadence des machines et, en fin de compte, se retrouvent les mains vides.

Le contrepied du tout-jetable

L’artisanat connaît aujourd’hui un regain d’intérêt. La niche abritant ses nouveaux clients n’est certes pas immense, mais elle grandit en permanence. La tisserande, la céramiste et le ferronnier d’art dont vous pouvez lire les portraits à partir de la page 14 le confirment. Des marchés et des salons de l’artisanat sont organisés dans toute la Suisse, et ils attirent un public toujours plus vaste. Selon des fu­ turologues du Gottlieb Duttwiler Institut de Rüschikon, près de Zurich, l’artisanat est le nouveau luxe. Ils lui prédisent un avenir radieux. A l’ère de la mondialisa­ tion et de la numérisation, les produits de masse sont devenus la norme. Des produits sans âme, tous semblables. Ce qui fait aussi naître le désir de posséder moins, mais des choses uniques, authen­ tiques, tangibles, dont on peut connaître l’origine, la philosophie qui les sous­tend.

En apprenant leur histoire, on y participe en quelque sorte. Cela crée des liens qui, d’après les chercheurs de tendances, sont de plus en plus valorisés.

Les artisanes et artisans ne réalisent pas seulement de belles choses, ils pren­ nent le contrepied de la culture du tout­ jetable et défendent un style de vie dura­ ble. Ils sélectionnent les matériaux en tenant compte des facteurs écologiques, tout au long de la chaîne de création de

valeur. La même chose s’applique à leurs outils. Non seulement il est essentiel de bien les avoir en main, mais ils doivent si possible durer toute une vie. Parce que nous ne lâchons pas volontiers les objets qui nous sont familiers et que nous ai­ mons. Nous leur sommes fidèles.

L’univers digital reflète le poids et l’activité du secteur de l’artisanat. Plus de deux millions de créateurs proposent leurs articles faits main sur la plateforme etsy.com. Et le chiffre d’affaires du site dépasse les 800 millions de francs. En Suisse, l’association formforum réunit l’élite des créatrices et créateurs. Elle compte 500 membres, actifs dans tous les domaines de l’artisanat, qui ont pour objectif commun d’accroître leur visibi­ lité et de renforcer l’image de leur travail.

Il faut dire que les artisans n’ont jamais assez de mains. Non seulement ils créent, mais ils doivent aussi s’occuper de l’as­ pect commercial et marketing, de la dis­ tribution et calculer les coûts. Afin de réduire la charge de travail, ils se regrou­ pent souvent en association. Mais cela ne suffit pas à faire leur fortune. L’artisanat n’est guère profitable. Il y a les frais de matériel, le loyer et l’entretien de l’atelier et, surtout, l’investissement temps néces­ saire à la réalisation. Ce dernier est énor­ me et ne peut être compensé par le prix.

Sinon, les créations artisanales seraient encore plus chères. Trop chères, même pour les amateurs.

Le renouveau que connaît l’artisanat arrive in extremis. Certains métiers sont sur le point de disparaître. Et avec eux, des connaissances et un savoir­faire fai­ sant partie de notre culture, de notre tra­ dition. Le tissage, le tressage de la paille, le travail à la forge à clous ou celui du charron comptent parmi ces activités sur le déclin qui constituent le patrimoine et participent à définir l’identité. Il serait quand même dommage que les outils et réalisations des artisans ne soient bientôt plus visibles qu’au musée suisse en plein air Ballenberg ou dans des ateliers­ showrooms destinés aux touristes. Vrai­ ment très dommage. l Vivai 2018

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DOSSIER

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Du cœur à l‚ouvrage Certains en vivent, d‚autres exercent parallèlement une activité lucrative. Mais toutes et tous sont animés de la même passion pour leur artisanat .

Texte: Roland Grüter Photos: Roland Tännler

Le bon son et le hasard

La poterie au tour exige une grande concentration et a quelque chose de méditatif qui me plaît beaucoup. J’ai trouvé l’une des rares places d’appren­ tissage à Fribourg et j’y suis restée. À présent, j’ai mon propre atelier où je façonne des petites séries d’objets.

La légèreté de mes bols et de mes as­ siettes étonne beaucoup de gens, ainsi que la précision de leurs formes, car la céramique est souvent associée à un artisanat un peu grossier. Il n’en est rien! Bien sûr, la tradition a de la valeur à mes yeux, cependant, j’ai tou­ jours envie d’y introduire de la nou­ veauté. La céramique est façonnée à la main, et sa finalité est d’être prise en main. C’est pourquoi je porte une attention particulière à la qualité de la surface et à sa texture. Mais il y a toujours une part de hasard. Mon cœur bat à chaque fois que j’ouvre la porte du four en fin de cuisson. La terre n’est pas uniquement souple, douce et vi­ vante, elle est aussi pleine de surprises. saraspirig.ch 14 Vivai 2018

Illustrations: Daniel Müller/illumueller.ch; photos: Lorenz Cugini

Dans son atelier de céramique, Sara Spirig, 31 ans, travaille principalement sur un tour de potier. Ses créations sont étonnamment légères.

Un matériau tendre mais qui a du caractère Première maître tourneuse de Suisse, Gisela Müller, 51 ans, conçoit des objets en bois et, à présent, aussi des maisons.

Créer quelque chose de ses mains, c’est extraordinaire. J’en tire une grande satisfaction. Dès l’âge de 19 ans, il était clair pour moi que je voulais apprendre un métier manuel.

Et aussi que je voulais travailler le bois. C’est un matériau tendre, qui se laisse façonner facilement mais qui a toutefois du caractère. Je suis donc devenue tourneuse. Les gens pensent que je suis assise devant mon tour toute la journée, mais ce n’est pas le cas. Je scie, je rabote, je ponce et je perce. Pour réaliser certaines pièces, j’utilise des troncs entiers. Des agriculteurs ou des forestiers m’appellent lorsqu’ils abattent un pommier ou un poirier pour que j’aille le voir. Si l’arbre me convient, je fais sécher le bois moimême. Cela prend des mois, parfois même des années. J’achète également du bois, en privilégiant toujours les essences autochtones. Je crée des formes simples, réduites à l’essentiel. La structure de la surface m’intéresse davantage que les ornements. Il y a 23 ans, lorsque j’ai aménagé mon atelier, je m’imaginais faire des petits objets, des moulins à poivre, des bols et des saladiers, etc. Ça a changé. En 2011, j’ai étudié l’architecture. Je me suis alors mise à penser en grand format. Depuis, je partage mon temps de travail. Le travail intellectuel et le travail manuel se stimulent mutuellement. Mon nouveau domaine de compétence m’apporte également une liberté, au plan financier aussi. Qui veut vivre de son artisanat doit adapter ses désirs à ses moyens. www.muellerdrechslerei.ch

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DOSSIER

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Des projets d‚avenir forgés avec le feu sacré Dans sa forge Fuschina da Guarda, Thomas Lampert, 46 ans, réalise des objets en ferronnerie d’art et des pièces pour le bâtiment. Il a fait des innovations sa tradition.

Des histoires qui se tissent Pour la créatrice textile Katja Bächtold, 42 ans, le crépitement de son métier à tisser est une musique. Elle y crée depuis sept ans des couvertures et des écharpes uniques.

Il y a une parenté étymologique entre l’écriture et le tissage. Tisser en latin se dit «texere», dont dérive le mot «texte». Cela se manifeste dans mon travail. Les fils de chaîne sont comme une page blanche sur laquelle la trame inscrit mon texte. Il ne s’agit pas uniquement de tisser des fils, ce travail a une dimension philosophique. Chaque écharpe, chaque couverture raconte sa propre histoire.

Cela rend mes créations uniques et 16 Vivai 2018

les distingue des produits fabriqués industriellement. C’est pourquoi la nouvelle désignation de mon métier me plaît davantage que l’ancienne.

J’ai suivi une formation de tisserande sur métier à bras, et aujourd’hui on parle de créatrice textile, ce qui correspond mieux à notre artisanat. Ce que nous faisons à proprement parler est du design sur métier à tisser.

Chaque année, une dizaine de jeunes gens est formée aux techniques du tissage à main. Ils enrichissent ainsi de nouvelles idées une tradition ancestrale. Toute personne qui croit que le travail sur le métier à tisser ne permet qu’une créativité limitée, ou que toutes les possibilités ont été explorées depuis longtemps, devrait venir visiter mon atelier à Uerikon, au bord du lac de Zurich. Elle serait étonnée. Chaque pièce est différente. unikatja.ch

Bien sûr, ma forge est pittoresque.

Elle a été fondée en 1834 à la périphérie de Guarda (GR). Les murs noircis par la suie et le feu dans la cheminée correspondent à de nombreux clichés. En ce qui me concerne, je ne me vois pas comme le représentant d’une tradition, mais comme un entrepreneur. Je ne vis pas à l’époque de Gotthelf. Dans la forge, nous fabriquons différents produits: des garde-fous, des croix pour les tombes, des ferrures, etc. La plupart de ces produits sont chers et sont réservés à une élite. Cela me dérange. C’est pourquoi les collections de couteaux et de casseroles que nous fabriquons sont importantes pour moi, parce que ces produits sont à la portée de toutes les bourses.

Je vais prochainement relever un grand défi. Nous avons commencé à construire un deuxième atelier. Nous aurons beaucoup de place afin de réaliser de nouvelles idées. La vieille forge étant petite, il nous faut partager l’espace disponible, ce qui exige une bonne planification des travaux quotidiens. Bientôt, nous pourrons travailler plus vite et plus facilement, en améliorant la productivité. Ma fascination pour le matériau est restée intacte. Ni le bois ni la pierre ne peuvent être pliés ou étirés comme le métal. Cet aspect m’enthousiasme toujours autant, même 30 ans après mon apprentissage de serrurierconstructeur. lampert-guarda.ch

Être l‚artisan de son bonheur.

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Un lien intime avec la paille Lara Blumer, 49 ans, vit depuis 20 ans dans l’une des vallées en cul-de-sac les plus belles de Suisse, celle d’Onsernone. Avec quatre collègues, elle y fait revivre une vieille tradition locale: le travail de la paille.

Des souliers pour conquérir le monde Dans sa manufacture, Ena Ringli, cordonnière de 39 ans, conjugue précision suisse et élégance italienne. Ses souliers faits main font fi des modes et accompagnent longtemps leur propriétaire.

Je suis dingue de chaussures. Une passion qui me vient de ma grandmère italienne. Après ma maturité, j’ai cherché une place de formation dans l’industrie de la chaussure. Malheureusement, le secteur allait très mal.

Je me suis décidée à faire un apprentissage de cordonnière classique et j’ai obtenu un diplôme d’ingénieure 18

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produit chaussures. Par la suite, je me suis occupée de plusieurs sites de production à l’étranger. Durant toutes ces années, mon désir de me mettre à mon compte a mûri. Je suis rentrée en Suisse et j’ai fondé ma manufacture, yép, à Weinfelden (TG).

Nous y produisons deux petites collections qui ne suivent pas les caprices de la mode. Je confectionne moimême, à la main, les modèles pour hommes. Du croquis de départ jusqu’à la finition, cela représente 150 étapes. Quant aux modèles pour dames, je les fais fabriquer en petites séries en Italie. Beaucoup de maîtres cordonniers vont partir à la retraite.

J’essaie de m’approprier leur savoirfaire et ainsi de le préserver. Quant à savoir si je vais réussir dans mon entreprise, l’avenir le dira… Pour moi, l’aventure ne fait que commencer. yepstore.ch

Un maître d’apprentissage a dit que la paille était un porte-bonheur. Je ne peux qu’être d’accord avec lui.

Grâce à elle, j’ai trouvé dans la vallée d’Onsernone l’accomplissement, l’intégration et de nouvelles amies.

Aux clients, elle apporte fraîcheur et élégance – de façon naturelle. La paille est à la fois souple et solide.

Parfois, lorsque je me mets à travailler, je ne sais pas encore à quoi ressemblera le résultat final. Cela peut paraître bizarre, mais je me sens intimement liée à la matière. Elle me dit ce qu’elle veut devenir, chapeau, ceinture, panier ou sac. Pour créer ces objets, je couds des bandes de paille de riz tressées. J’ai dû suivre un cours pour apprendre la technique de base. Pour moi, cet artisanat est une passion et un hobby. Pour la vallée, c’est une tradition séculaire.

Avec quatre personnes originaires de la vallée, nous avons créé l’association Pagliarte afin de préserver cet artisanat d’art. J’en suis la présidente depuis deux ans. C’est un honneur pour moi qui suis née et qui ai grandi en Suisse alémanique.

Avant d’arriver ici, j’ai travaillé durant des années en tant qu’hôtesse de l’air. Au Tessin, je me suis reconnectée à la terre. Le destin nous a conduits ici, mon mari et moi, et nous y sommes restés. J’en suis reconnaissante. En ce qui me concerne, la paille est un porte-bonheur. pagliarte.ch

Faire revivre une tradition.

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Le virus du DIY La couture, la menuiserie et la soudure, des activités traditionnelles du secteur de l‚artisanat, sont parties à l‚assaut du monde des loisirs.

Texte: Christina Gubler Illustrations: illumueller.ch Photos: Lorenz Cugini

L‚ARTISANAT

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on parcours professionnel avait vraiment bien démarré. Juste après avoir terminé ses études de design industriel, Simon Schäppi a eu la chance de décrocher un job chez Christophe Marchand, un développeur de produits suisse de renom. Mais le jeune créatif a vite déchanté. Les outils numériques avaient commencé à envahir le monde du travail, et le curseur de la souris d’ordinateur se substituait progressivement à la main du designer. Simon Schäppi passait le plus clair de son temps devant un écran. Souhaitant, pour compenser, avoir une activité manuelle, il s’est inscrit à un cours de cordonnerie.

C’était dans les années 2000. Depuis, Simon Schäppi a ouvert sa propre manufacture de chaussures à Zurich. Ses modèles raffinés, en cuir, sont fabriqués sur mesure et presque entièrement à la main.

Parmi ses clients se trouve John Lobb, fournisseur de la cour royale d’Angleterre. C’est dans cette célèbre maison que Simon Schäppi s’est initié aux secrets du métier de cordonnier, après son passage chez Christophe Marchand.

Réparer au lieu de jeter

Bien sûr, tous les gens qui se consacrent à une activité artisanale durant leurs loisirs ne vont pas ensuite abandonner leur gagne-pain. Les nombreux hommes et femmes, de tous les âges et horizons professionnels, qui découvrent aujourd’hui le plaisir de manier le fil et l’aiguille, la scie ou le fer à souder sont toutefois animés du même besoin que Simon Schäppi à l’époque de sa réorientation. «Ils veulent réaliser de leurs mains, de A à Z, quelque chose d’authentique et sentir la résistance du matériau. C’est ça qui rend heureux», affirme Adrian Knüsel. Ce céramiste dirige le centre de cours Ballenberg, où Simon Schäppi a posé les premiers jalons de sa nouvelle carrière. Dans cette institution au bord du lac de Brienz, on peut s’initier à l’art du filage et du tissage, apprendre à sculpter des objets en bois ou le travail de la forge, façonner des toupies, des quilles ou des boules avec un

L‚attrait exercé par les objets faits main est plus durable.

tour, souder un brasero, monter un mur en pierres sèches et bien d’autres choses.

La participation est encourageante, et cette année, jusqu’au mois de juillet, pas moins de 105 cours ont été donnés. Soit environ un tiers de plus que l’an passé.

L’intérêt croissant pour le fait main est manifeste également à l’École-club Migros. La couture fait à l’heure actuelle partie du trio de tête des activités les plus prisées. Et dans la catégorie Construire & réparer, la demande s’est accrue d’environ 90 % au cours des quatre dernières années. À l’École-club Migros, on est d’avis que cette popularité est favorisée notamment par la prise de conscience des enjeux du développement durable.

Réparer au lieu de jeter, tel est le nouveau credo. Et puis l’attrait qu’exercent les vêtements et sacs, chevaux à bascule, commodes à langer ou étagères que l’on a fabriqués soi-même est plus durable. Les objets faits main servent également plus longtemps que ceux produits en séries. Il faut dire qu’ils ont demandé beaucoup de travail et d’engagement.

Il a fallu 310 heures à Regine Meier pour fabriquer une remorque pour son e-bike, avec deux lits et un auvent et qui se replie comme un accordéon. Cette infirmière en psychiatrie avoue en riant avoir attrapé le «virus du do-it-yourself» (DIY). Ses derniers projets: un porteplantes en métal pour le balcon de sa voisine et des flûtes indiennes. C’est sur Internet que Regine Meier va chercher des astuces de bricolage. Là aussi qu’elle a trouvé, moyennant paiement, les plans de construction de sa remorque.

DOSSIER

Pour les fans de DIY ambitieux, il est clair que le web est une mine. Sur YouTube et Instagram, quantité de vidéos et de blogs réalisés par des amateurs particulièrement doués, plus rarement par des professionnels, montrent en détail comment coudre une fermeture éclair, faire des joints de soudure ou assembler des lattes de bois en angle.

Des patrons, des guides de construction, parfois même les matériaux qui vont avec, peuvent être obtenus via Internet.

Il existe d’autres sources d’informations spécialisées qui, sans être virtuelles, connaissent également un bel essor, ce sont les livres de bricolage et les magazines de travaux manuels.

Des ateliers de quartier

Mais que faire quand on a une soudaine envie de bricoler et que l’on ne dispose pas de l’outillage nécessaire, parfois onéreux, ni de l’espace où mener à bien son entreprise, qui s’avère souvent bruyante et génératrice de poussière? «Quant à moi, j’ai scié et fraisé dans la buanderie jusqu’au jour où mon bailleur a glissé un avertissement dans ma boîte aux lettres», raconte le juriste Alexander Köhli. Il y a trois ans, il a ouvert à Berne l’atelier de quartier Viktoria. Il s’agit d’un espace de loisirs, tel qu’il en existe depuis dans beaucoup de villes et communes, avec une menuiserie et une serrurerie entièrement équipées. Un abonnement annuel d’un montant raisonnable donne droit à un accès illimité à l’atelier et à l’outillage. À certaines heures, des bénévoles sont sur place pour donner des conseils.

Alexander Köhli y a fabriqué un mur d’escalade pour enfants. Et en ce moment, il construit une sorte de robot qui joue de la batterie pour son groupe.

La remorque de Regine Meier aussi a vu le jour au Viktoria. Avec Alexander Köhli, Regine Meier fait partie des habitués. Tous deux apprécient de disposer d’un outillage complet et de profiter des échanges avec les autres personnes fréquentant les lieux. Des échanges bien réels, loin du monde virtuel. l Vivai 2018

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Les petites choses cachent souvent de grands dangers

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L‚ARTISANAT

DOSSIER

Au service de la création C‚est bien d‚avoir des idées. Et c‚est encore mieux lorsque ces idées sont mises en œuvre. L‚idéal est qu‚idées et réalisations obtiennent l‚estime qu‚elles méritent. L‚association Creative Hub s‚y emploie.

Texte:Stephanie Riedi

© Katharina Karras, Gian Andri Bezzola, Thai Hua

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es sacs Freitag, l’économe Rex, la chaise Landi, etc., les designers suisses ont créé quantité d’objets du quotidien qui jouissent d’une renommée internationale. Mais le chemin peut être long de l’idée au succès commercial.

Rien que le lancement d’un nouveau produit s’apparente la plupart du temps à une course d’obstacles. Fondée en 2013, Creative Hub est une plate-forme pour la promotion de l’économie du design en Suisse ayant pour objectif de faciliter aux créateurs l’accès au marché. Cette organisation en réseau propose des programmes de soutien, des séances de coaching, des workshops et des événements conçus pour répondre aux besoins des designers. En cinq ans, plus de 80 startups de design ont profité des connaissances et du savoir-faire spécialisé des experts de Creative Hub. Les projets en cours ou menés à bien, ainsi que les designers qui sont à leur origine, sont présentés sur creativehub.ch. Creative Hub offre ainsi une vitrine à des dizaines d’objets originaux ainsi qu’un aperçu de la diversité de la créativité en Suisse.

La plate-forme Creative Hub existe notamment grâce au fonds de soutien Engagement Migros. Un partenariat qui s’attache à établir des ponts entre le secteur de la création et le marché. Creative Hub aide les créateurs à commercialiser leurs produits ou idées de service, les conseille dans la phase de création d’entreprise, et des experts de différentes branches leur offrent un soutien adapté à leurs besoins. l

De l‚idée à l‚objet de design

Animal double face de Katharina Karras

L’idée: montrer d’où viennent les différents morceaux de viande de façon ludique.

Push car tupi de Gian Andri Bezzola

L’idée: un petit véhicule à roulettes pour enfant qui permet de changer très facilement et rapidement de direction.

Lumia de Thai Hua

L’idée: une ligne de luminaires, comprenant des lampadaires et des suspensions, en carton ondulé et bois de bouleau.

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Et le bien-être humain alors?

Tout le monde parle de biodiversité, d‚écologie et de bien-être animal. Cela nous permet d‚espérer qu‚un jour viendra où la gestion du personnel sera également considérée sous l‚angle de la durabilité.

Texte: Ruth Hoffmann Illustrations: Martin Haake

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RESSOURCES HUMAINES

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’expression «human resources» est déjà éloquente en soi. Au cours des quinze dernières années, elle s’est imposée, avec une franchise stupéfiante, pour désigner ce qui était jusqu’alors le personnel d’une entreprise. L’être humain est considéré comme une ressource qu’il convient d’exploiter, pardon, d’employer, efficacement, afin que la machine conti­ nue à fonctionner sans subir trop de per­ tes dues aux frictions. À quoi bon des bureaux pour une ou deux personnes si les mêmes tâches peuvent être effectuées dans un open space, soit un espace de travail sans cloisons, qui permet de ga­ gner de la place et de réduire les coûts? À quoi bon des postes à temps partiel pour les pères et les mères s’il y a suffisam­

DÉVELOPPEMENT DURABLE

ment de gens prêts à travailler à temps plein? À quoi bon employer des seniors alors que les jeunes reviennent moins cher à l’entreprise?

Le fait qu’un grand nombre d’Unwörter («non­mots») de l’année choisis par la très sérieuse Société pour la langue allemande depuis 1991 proviennent du monde du travail ne saurait être dû au hasard. Il y a notamment Entlassungsproduktivität (productivité induite par les licenciements), betriebsratsverseucht (contaminé par le comité d’entreprise), sozialverträgliches Frühableben (décès précoce socialement acceptable) ou Humankapital (capital humain), l’équivalent des ressources humaines en allemand.

Le langage n’est pas neutre. Il reflète

l’évolution de la société, camoufle ou souligne, minimise ce qui est fécond, rend menaçant l’anodin et, souvent, en dit long sur la personne qui s’exprime.

Protection de la flore et de la faune

Le développement durable étant doréna­ vant un sujet abondamment discuté, on peut y voir un signe positif. Un espoir que soit reconnue la nécessité de montrer davantage de respect pour notre planète dans notre propre intérêt. Et par consé­ quent que le bien­être animal, les condi­ tions d’élevage adaptées aux besoins des espèces et la protection des végétaux sans recours aux produits chimiques sont des objectifs qui méritent tous nos ef­ forts. Après tout, l’exploitation abusive Vivai 2018

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des ressources, la pollution des nappes phréatiques et l’élevage industriel sont franchement intolérables. Mais compte tenu des statistiques alarmantes sur les maladies, nous devrions nous soucier également des ressources humaines, car notre gestion de celles-ci n’est pas moins préoccupante.

Selon une étude mandatée par Promotion Santé Suisse, environ un quart de la population active en Suisse souffre d’un stress considérable au travail, l’épuisement émotionnel jouant un rôle plus important que la fatigue physique. De nombreuses caisses-maladie confirment que l’augmentation du nombre de déclarations de maladie reflète l’accroissement des contraintes. Le coût pour les 26 Vivai 2018

entreprises de l’épuisement et du stress excessif sur le lieu de travail, imputable aux absences et à la baisse de productivité, a été estimé à environ cinq milliards de francs par an.

Mieux gérer la pression, oui mais…

Ce chiffre constitue un argument auquel certaines directions de grandes entreprises sont réceptives. Sous le label «ressources humaines durables», elles proposent à leurs collaboratrices et collaborateurs des cours de fitness et de méditation, des massages, des conseils en nutrition ou des consultations de prévention du stress. Ces initiatives sont certes louables et utiles, mais laissent toutefois un petit goût amer. Ne serait-il pas

préférable, en premier lieu, de ne pas laisser les ressources humaines se tarir?

Les collaboratrices et collaborateurs doivent apprendre à mieux gérer la pression sur leur lieu de travail, c’est à ce niveau que l’on place la «durabilité». Quant aux conditions qui engendrent cette pression, elles ne sont même pas abordées.

Cependant, ce serait tout à fait dans l’esprit du développement durable de se demander s’il n’y a pas moyen de procéder autrement, avec davantage de flexibilité, de sérénité, d’humanité. S’il ne vaut pas mieux des collaborateurs en bonne santé, motivés, gais, d’âges différents, avec une charge de travail adaptée, plutôt qu’une croissance des chiffres trimestriels profitant aux actionnaires.

RESSOURCES HUMAINES

Ne serait-il pas formidable que la valeur en Bourse d’une entreprise dépende de son caractère philanthropique? Il n’est pas du tout exagéré d’affirmer que nous vivrions alors dans un monde meilleur.

Les choses sont compliquées, c’est vrai. Et pourtant, il n’est pas question ici de lois de la nature. Les règles soi-disant immuables du monde professionnel et de notre système économique ont été fixées par l’Homme, tout comme le rythme de plus en plus infernal de notre vie quotidienne. Et cela fait longtemps que l’on peut observer leur impact négatif à long terme, tant sur la planète que sur nousmêmes. Voulons-nous sérieusement nous accommoder de cette situation et continuer à croire ceux qui nous vendent les

DÉVELOPPEMENT DURABLE

” Si la valeur en Bourse d‚une entreprise dépendait de son caractère philanthropique, nous vivrions alors dans un monde meilleur. „

contraintes qui y sont liées sous prétexte qu’il n’y a pas d’autre alternative?

Ce qui est faux, comme le montre l’exemple du Bhoutan. Ce minuscule pays au cœur de l’Himalaya a fait de l’augmentation du bonheur national brut (BNB) un objectif prioritaire, supérieur à la croissance économique. Une telle politique est durable et humaine. Quiconque la pense irréaliste et la considère avec amusement devrait se demander dans quel monde elle souhaite que ses enfants et petits-enfants vivent et travaillent. Si l’on s’en tient aux performances économiques, le Bhoutan s’apparente peut-être à un pays en voie de développement, mais en ce qui concerne le bien-être de ses habitants, il est en avance sur nous. l Vivai 2018

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” En augmentant la durée de conserva­ tion des aliments, l‚ emballage participe à réduire le gaspillage. „

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EMBALLAGES

DÉVELOPPEMENT DURABLE

Est-ce clair?

Le bioplastique est présenté comme une alternative respectueuse de l ‚ environnement au plastique traditionnel largement décrié. À raison ?

Texte: Dinah Leuenberger Photo: Roth & Schmid

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es images d’épais tapis de déchets flottant sur l’océan ont provoqué l’effroi dans le monde entier. Cela ne pourrait pas se produire en Suisse. Nous contrôlons notre système de gestion des déchets. Il y a peu, le lac de Zurich a pourtant fait les gros titres car, par une belle matinée d’été, la surface de l’eau aux environs des bains Utoquai est ap­ parue souillée d’ordures, qui entachaient la beauté du panorama.

La source du problème est la même tout autour de la planète: par négligence, les gens laissent traîner leurs déchets.

Afin d’éviter cela, de tels gestes d’incivi­ lité pourraient à l’avenir être passibles d’amendes. Ou bien une solution radicale pourrait être appliquée, comme au Costa Rica, le premier pays à avoir proclamé une interdiction complète du plastique à usage unique d’ici 2021. Ce bannissement se fera au profit du bioplastique fait de matières premières renouvelables, telles que la canne à sucre ou le maïs, partielle­ ment biodégradable ou compostable. À l’ère du plastique roi, serait­ce le signe d’une révolution? Et le bioplastique apporte­t­il une solution au problème des déchets? «Non», affirme Hanna Krayer, responsable de projet Environnement à Migros. «À l’heure actuelle, le bioplasti­ que ne constitue pas une véritable alter­ native». Migros examine en permanence les nouveaux emballages possibles. Cette année, une vaste étude a même été réa­ lisée sur ce sujet. «Mais pour que nous introduisions un changement, il faut qu’il y ait un bénéfice sur le plan écologique,

soit une incidence positive sur l’écobilan tout au long du cycle de vie de l’embal­ lage.» Or ce n’est pas le cas du bioplas­ tique. «Les matières premières utilisées pour sa fabrication sont souvent des den­ rées alimentaires, comme de la canne à sucre ou du maïs, détournées de leur fonction première.» Leur culture requiert en outre de vastes terres agricoles, qui doivent être irriguées et nécessitent des engrais. Tout cela alourdit énormément l’empreinte écologique.

Une optimisation constante

Ces considérations justifient en partie le fait que seule une fraction du plastique employé à travers le monde soit bio, et qu’en Suisse, on ait si peu recours au bioplastique. Le bioplastique étant moins résistant que le plastique traditionnel, les sacs en bioplastique doivent être plus épais. Leur fabrication exige environ 30 % de matière supplémentaire. «Cette différence participe à aggraver l’écobilan du bioplastique, qui reste aujourd’hui moins bon que celui du plastique tradi­ tionnel», explique Hanna Krayer. Mais elle ajoute: «Nous suivons de près les développements dans ce domaine.» S’il était possible de fabriquer du bioplas­ tique à partir de déchets organiques, cela pourrait marquer un tournant décisif.

En attendant, Migros optimise sans cesse ses emballages. Dans le cadre du programme Génération M, le distribu­ teur s’est engagé à améliorer l’écobilan de plus de 6000 tonnes de matériaux d’emballages d’ici 2020. Des objectifs

cruciaux ont été atteints à ce jour: «Nous réétudions aussi des emballages qui ont déjà été optimisés. Nous avons ainsi réussi à économiser encore 71 tonnes de plastique par an dans la fabrication des bouteilles Aproz, en modifiant leur forme et en raccourcissant le col du bou­ chon», précise Hanna Krayer.

Nombre de consommatrices et de consommateurs se plaignent que les légumes et fruits bio soient vendus dans des emballages plastique. Hanna Krayer s’explique: «En ce qui concerne les pro­ duits bio, il y a une obligation de déclara­ tion.» Ceux pour lesquels il est possible de remplir cette obligation par un auto­ collant ou un bandeau avec le logo Bio peuvent être vendus sans emballage. En ce moment, nous examinons également l’élargissement de la gamme de fruits et légumes bio dans plusieurs coopératives.

Migros opte, dès que possible, pour des emballages en matières premières renouvelables. C’est le cas du carton.

Mais Hanna Krayer émet des réserves à ce sujet: «Le problème est que la fabri­ cation d’emballages en carton nécessite souvent davantage de matière première, donc de carton. Par conséquent, leur éco­ bilan peut vite s’avérer moins bon que celui des emballages de plastique fin par exemple.» Là aussi, Migros entreprend des changements uniquement lorsque l’écobilan final est favorable. Les embal­ lages réutilisables restent donc la meil­ leure solution. «Ainsi, chacun et chacune d’entre nous peut s’y mettre sans atten­ dre», conclut Hanna Krayer. l Vivai 2018

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ENFANT MIGROS

Avis de tempête Le rédacteur photo Ben Böttcher, 38 ans, aime les chewing-gums qui mettent la bouche en feu, mais aussi les fruits et les légumes frais.

Texte: Regula Burkhardt Photos: Christian Schnur (montage Vivai)

Ben Böttcher, vous vivez en Suisse depuis 15 ans, mais vous vous considérez comme un enfant Migros.

Comment cela se fait-il?

Depuis que je vis en Suisse, je fais mes courses à Migros. Quand je suis arrivé d’Allemagne à Saint-Gall, je venais juste de finir mes études et je devais alors faire très attention à mes dépenses.

C’est pourquoi j’achetais souvent des produits de marque propre Migros. Non seulement ils sont de qualité, mais en plus, ils ne sont pas chers. Les saucisses de Vienne aux épices M-Budget, par exemple, faisaient alors partie de mes produits préférés.

En achetez-vous encore?

Non, j’ai arrêté d’en manger. Ma femme et moi veillons aujourd’hui davantage à nous alimenter sainement. Par conséquent, nous achetons beaucoup de légumes, de fruits, de produits laitiers, ainsi que des biscuits Blévita, les préférés de nos enfants âgés de cinq et huit ans.

Et lequel est votre produit Migros préféré à vous?

Ce sont les chewing-gums M-Classic Menthol Extra Strong, pour leur intense

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saveur mentholée. J’aime cette sensation d’avoir la bouche en feu dès qu’on mord dedans. C’est comme un vent frais. Je m’amuse aussi à observer la réaction des gens lorsque je leur offre un chewinggum. Elle en dit long sur leur caractère...

Votre famille partage-t-elle votre goût pour ce chewing-gum?

Pour les enfants, il est trop fort, et ma femme préfère les chewing-gums Skai aux parfums de fruits. Mais certains de mes collègues de travail me demandent parfois un chewing-gum, car ils savent que j’en ai des extra-forts.

” J‚aime la sensation d‚avoir la bouche en feu. ” Avec les chewing-gums M-Classic Menthol Extra Strong, à l’emballage bleu, Ben Böttcher peut respirer à fond.

Il apprécie leur intense saveur mentholée et s’en sert parfois pour tester le caractère de ses collègues.

Qu’est-ce qui vous plaît en Suisse?

La Suisse est un pays sûr, avec une qualité de vie élevée et un système d’éducation formidable.

Et qu’est-ce que vous aviez en Allemagne qui vous manque?

Au début, ce qui me manquait, c’était le pain complet au levain, qui est typiquement allemand. Heureusement, ces dernières années, l’assortiment Migros s’est élargi et il comprend dorénavant du pain au levain qui ressemble beaucoup à celui que l’on trouve outre-Rhin.

Facts

& Figures

Qui l’eût cru? Les chewing-gums M-Classic sortent de la seule fabrique de chewing-gums de Suisse, qui appartient à Chocolat Frey AG. Et cela fait neuf ans qu’ils sont proposés en version Menthol Extra Strong, l’une des préférées des clients Migros. En 2017, il en a été vendu 56 tonnes.

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Ni cru ni cuit Les aliments fermentés sont tendance. Mais que se passe-t-il vraiment lors d‚un processus de lacto-fermentation? Et pourquoi dit-on des produits fermentés qu‚ils nettoient les intestins? Nous avons cherché des réponses à ces questions.

Texte: Kian Ramezani

Photos: Roth & Schmid

carottes

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betteraves

LA FERMENTATION

tomates

NUTRITION

brocoli

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e critique gastronomique américain Sandor Katz décrit la fermentation comme «l’espace de créativité entre la fraîcheur et la pourriture». Pas vrai­ ment appétissant. Mais sans fermenta­ tion, il n’y aurait ni chocolat, ni fromage, ni café, ni vin. Pas de pain, de bière ou de choucroute non plus. Idem des spécia­ lités exotiques comme la sauce soja ou le kimchi coréen. La lacto­fermentation est tendance, certes, mais cette assertion peut prêter à sourire. En effet, cela fait des milliers d’années que des aliments sont fermentés, partout dans le monde.

Ce qui a changé est la motivation première ainsi que la compréhension des processus microbiologiques à la base de la fermentation. Il est clair qu’au néoli­ thique, on n’avait pas idée que certaines bactéries transformaient les glucides en acide lactique (d’où le terme de lacto­ fermentation). Il avait toutefois déjà été observé que les aliments fermentés se gâtaient moins rapidement. Certes de nos jours, des aliments frais sont disponibles en permanence. Par conséquent, les sou­ cis de conservation nous semblent un tantinet obsolètes. Mais deux autres as­ pects non moins fascinants de la lacto­ fermentation sont actuellement mis en évidence: la digestibilité des produits fermentés et leur saveur.

Dans notre organisme, il y a dix fois plus de bactéries que de cellules – dont des bactéries lactiques bénéfiques pour la flore intestinale, qui est un facteur déterminant du système immunitaire.

Connues pour «nettoyer les intestins», elles inhibent la prolifération de germes pathogènes et préviennent la constipa­ tion. Les bactéries lactiques stimulent en outre la digestion du lactose et diminuent le taux de cholestérol dans le sérum san­ guin. Et elles faciliteraient l’absorption de fer, bien que les processus biochi­ miques justifiant cette thèse n’aient pas encore été complètement identifiés.

Une précision doit être apportée: les aliments fermentés ne devraient pas être chauffés avant d’être consommés, car la chaleur détruit les micro­organismes.

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Une fois pasteurisée, la choucroute ne contient plus de bactéries lactiques. Le mieux est de consommer les produits fermentés froids, en accompagnement des repas principaux, comme cela se fait en Corée avec le kimchi.

Outre le fait qu’ils sont source de bien­être pour l’organisme, les légumes fermentés sont également très aromati­ ques. Leur goût, difficile à anticiper et qui peut se révéler de savoureux à acide, dépend de plusieurs facteurs. En prin­ cipe, une carotte fermentée a toujours le goût de carotte. D’autres aliments sont soumis à une transformation plus com­ plexe. Il y a par exemple des personnes qui n’aiment pas les radis frais, mais s’en régalent lorsqu’ils sont fermentés, car une légère acidité se substitue à leur goût piquant. Leur aspect aussi est différent.

Sous l’effet de la saumure, les pigments de la peau se diffusent dans le radis, qui prend une teinte mauve uniforme. «Faire fermenter des aliments, c’est expérimen­ ter», dit le chef Rolf Caviezel (interview ci­contre), surtout en jouant avec les pa­ ramètres du temps et de la température.

Le temps et la température sont des éléments clés. Plus la fermentation est longue et plus le goût est intense, et plus la température est élevée, plus le processus s’accélère. Pour Ken Forkish, le «roi du pain» américain, ces deux facteurs sont même des «ingrédients». Et combien de temps dure la fermentation?

Réponse de Ken Forkish: «On me pose toujours cette question. C’est une affaire de goût. Après cinq à sept jours, vous pouvez goûter et voir si ça vous plaît.»

En ce qui concerne la température, elle doit être, dans la mesure du possible, maintenue constante, sinon le résultat est imprévisible. Chez soi, les aliments à fer­ menter peuvent être placés à la cave. La saumure ne constitue pas un ingrédient à proprement parler, car elle ne favorise pas la fermentation. Au contraire, le sel empêche les aliments de pourrir trop vite, au moins jusqu’à ce que les bac­ téries lactiques se soient multipliées et soient présentes en quantité suffisante. l

choucroute

Fermentation sans frontières La choucroute: le grand classi­ que de la fermentation, à base de chou blanc ou de chou pointu.

Le kimchi: c’est la choucroute coréenne en quelque sorte, à base de chou chinois et d’autres légumes, comme le concombre, le poireau et le radis long.

Le miso: une pâte typiquement japonaise utilisée pour faire de la soupe, à base de haricots de soja cuits à la vapeur, de riz et d’orge mis à fermenter dans un tonneau.

Le tempeh: un ersatz de viande d’Indonésie qui s’emploie de diffé­ rentes façons, à base de haricots de soja fermentés au goût de noisette et de champignon.

Le kombucha: un thé fermenté consommé froid, dont la couleur varie du rosé au brun foncé.

Le pain au levain: du pain dont la pâte est mise à fermenter avec de la levure sauvage. D’un goût intense, il se garde plus long­ temps que le pain fait avec de la levure ordinaire.

LA FERMENTATION

NUTRITION

Rolf Caviezel

Chef plusieurs fois primé et pionnier de la cuisine moléculaire, il enseigne la lacto-fermentation à l’École-club Migros.

La marche à suivre De quoi a-t-on besoin pour faire fermenter des aliments chez soi?

De peu de choses. D’un bon couteau, par exemple en céramique, pour que les aliments ne s’oxydent pas aussitôt à son contact. D’un bocal avec un système de fermeture, de préférence en verre. Je déconseille d’utiliser du plastique. Du papier sulfurisé pour obstruer l’ouverture, afin que les gaz puissent s’échapper sans que l’air ne pénètre dans le bocal. On peut aussi investir dans une cuve de fermentation. À quoi faut-il faire attention?

Surtout à avoir les mains propres, à bien les laver et à les désinfecter avant. Le plan de travail aussi doit être nickel. Ensuite, détailler les aliments, les presser, les pétrir, puis les mettre à fermenter dans leur jus ou dans la saumure. Selon les aliments et la température, il faut ouvrir le récipient de temps en temps pour évacuer la pression.

Après cinq à sept jours, on peut goûter.

kimchi

Avec quels aliments peut-on commencer?

On peut commencer avec des carottes, car elles ont une forte teneur en sucre. Par la suite, on peut essayer avec du chou-fleur ou du brocoli, qui ont un peu plus de croquant. Les fraises aussi permettent d’obtenir des résultats très intéressants. Comme les cerises, qui changent de couleur.

Comment sait-on que quelque chose ne va pas?

Une forte acidité sur la langue signifie clairement qu’il ne faut pas avaler. L’odeur est également un bon indicateur. Si le cerveau dit «non», il ne faut pas insister. Et puis, il n’y a qu’à regarder: s’il y a de la moisissure, on ne mange pas!

Quel produit connaît le plus de succès dans vos cours?

Le kwas. C’est une bière d’Europe de l’Est à base de pain. On peut la boire après deux à trois jours de fermentation. C’est parfait quand on souhaite un résultat rapide.

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CADDIE SOUS LA LOUPE

L‚ ANALYSE DU PSY

Ces achats ont été faits à Migros Buchthalen, à Schaffhouse.

Cherchez l‚intrus En l‚absence de fruits et légumes frais sur le tapis de caisse, notre psychologue de la nutrition mise sur un frontalier semainier. Ce fin limier aurait-il une fois de plus mis dans le mille?

Texte: Robert Sempach Photos: Nik Hunger

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es premières pensées sont les suivantes: l’auteur de ces courses est un homme qui vit seul, se contente de plats simples et ne se soucie guère de gastronomie.

L’image que j’ai sous les yeux me donne l’impression de provisions faites pour un séjour de plusieurs jours dans un studio avec coin kitchenette. C’est pourquoi je mise sur un frontalier semainier, un constructeur de tunnels ou un artisan, 36 Vivai 2018

qui travaille en Suisse la semaine et ren­ tre chez lui le week­end pour retrouver sa famille ou sa compagne.

Ses habitudes alimentaires semblent suivre un schéma assez régulier. Le matin, il doit boire un café et manger un yogourt ou une tartine avec du beurre et de la confiture. Le repas de midi est pris à l’extérieur, parfois au restaurant, parfois sous forme d’un casse­croûte composé de pain et de saucisse, de lard

cru ou de fromage. Le soir, un repas sim­ ple fait l’affaire, comme une pizza passée au four ou des spaghetti avec de la sauce tomate. Les trois produits à base de tomate m’interpellent quelque peu. Mon acheteur mystère ne consomme pas de sauces toutes prêtes, mais préfère les préparer lui­même.

Les neuf litres d’eau minérale indi­ quent clairement qu’il veille à étancher sa soif avec une boisson non calorique.

Peut-être emporte-t-il tous les jours une bouteille d’eau sur son lieu de travail.

Ces choix alimentaires confirment mon intuition première: mon acheteur mystère est un frontalier, peut-être originaire d’Italie ou d’Autriche, qui travaille la semaine dans le canton des Grisons.

Le bouquetin sur le lard cru me fournit un indice sans équivoque: il réside certainement dans les Grisons, au moins de façon temporaire.

Par ailleurs, je suis frappé par l’absence de produits frais. Il n’y a ni fruits ni légumes. Ce constat pourrait corroborer mon hypothèse. En revanche, la bouteille d’huile de pépins de courge de Styrie, dont l’achat ne doit certainement rien au hasard, constitue pour moi une énigme. Que vient-elle faire dans les achats dictés par les habitudes culinaires et alimentaires d’un frontalier semainier? Il est possible qu’elle ait été achetée en raison de ses vertus thérapeutiques,

”De nombreuses vertus sont attribuées à l‚huile de pépins de courge.„ Le psychologue de la nutrition Robert Sempach est responsable du projet Santé pour le Pour-cent culturel Migros. Son projet Tavolata a pour but de réunir des personnes âgées autour d’une table. Infos sur: www.tavolata.net.

notamment en cas de troubles de la prostate, de maladies cardiovasculaires ou de problèmes articulaires. Ou alors l’acheteur l’aurait glissée dans son panier par nostalgie de son pays d’origine. Ou simplement parce qu’il apprécie sa saveur. particulière. Elle fait toutefois figure d’intruse dans le mode d’alimentation que j’imagine être celui de notre acheteur mystère. De quelle manière l’utilise-t-il?

Pour ses vinaigrettes? Il faudrait donc qu’il ait quelque part une source d’approvisionnement en légumes et salades. Un jardin ou une ferme à proximité de son domicile? Cette éventualité ne cadre à nouveau pas vraiment avec les pizzas surgelées et les cervelas. Cela me déconcerte quelque peu, mais je maintiens ma première supposition: ces achats ont été faits par un quinquagénaire, qui réside la semaine entre Coire et Landquart.

Pour savoir qui a fait ces achats, tournez la page.

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CADDIE SOUS LA LOUPE

La solution

C’est Jan Kysela, 77 ans, qui a fait ces achats. Aujourd’hui retraité, il a travaillé comme chimiste. Il vit seul à Schaffhouse.

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e ne suis certes par un résident à la semaine, mais malgré mon âge, je ne suis pas sédentaire non plus. J’ai besoin de bouger, chaque jour. Il n’est pas question que je prenne du ventre en vieillissant! Tous les matins, je vais me promener. Mais avant de partir, je mange deux kiwis et un yogourt nature. Depuis 50 ans, c’est toujours le même menu au petit-déjeuner. Et je bois un café noir.

J’adore le café. J’en bois quatre ou six tasses dans la journée. À midi, je prépare quelque chose de simple. Quand il fait chaud, je mange du poisson deux fois par semaine. En accompagnement, il y a presque toujours de la salade. Que mes achats ne comprennent pas de produits frais est peu courant. C’est parce que j’en avais encore suffisamment à la maison. J’aime beaucoup les endives par exemple, avec du paprika et des tomates. Quant à l’huile de graines de courge, elle donne à la sauce à salade un petit goût particulier qui me plaît. Je ne résiste pas non plus à la cuisine italienne. Je me sers des sauces tomate pour assaisonner les spaghettis.

Ou bien j’en étale sur une pâte à pizza que j’ai faite moi-même.

Après manger, je prends mon vélo à assistance électrique et je vais aux bains ou à la pêche. J’emporte systématiquement une bouteille d’eau minérale avec moi. Le soir, je prépare également quelque chose de facile. Avec le cervelas et le fromage, je fais une petite salade ou j’enroule un peu de lard cru autour d’une saucisse, et je fais griller le tout. J’utilise aussi du lard pour faire de la carbonara.

Je ne mange pratiquement jamais à l’extérieur. Je vais au restaurant uniquement lorsque je suis en vacances dans mon pays d’origine, la République tchèque. Si j’ai de la visite de proches ou d’amis de Tchéquie, je veille à ce que mes invités aient un petit-déjeuner copieux. Ce qui explique la présence de confiture dans mon panier. Elle n’entre pas du tout dans mon rituel du petit-déjeuner, inchangé depuis des années. l Propos recueillis par Anna Meyer

Comme beaucoup d’autres glaciers et régions arctiques, le Langgletscher, situé dans le Lötschental en Valais, est fortement menacé par les changements climatiques. Notre vie et les paysages qui nous entourent sont de plus en plus influencés par la montée des températures. Veillons à transmettre à nos enfants une nature intacte. Mobilisons-nous pour la préservation du climat.

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Protégeons le monde dans lequel nos enfants naîtront

BOUGEZ!

UN DOS SAIN

Zoom sur le dos Le bassin, la colonne vertébrale et les muscles du centre du corps forment un système qui maintient notre dos droit et en bonne santé.

Texte: Petra Koci

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© Trunk Archive

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ous pouvons dire merci à notre dos. Garant de notre stabilité et de notre mobilité, il porte égale­ ment de nombreuses charges. Et merci à la nature qui a conçu pour cela un sché­ ma de construction formidable. La co­ lonne vertébrale porte le poids du haut du corps et de la tête. Elle maintient la tête droite et amortit les chocs, avec le sou­ tien des muscles du dos et des abdomi­ naux qui forment une espèce de corset.

Les muscles profonds et obliques du tronc, appelés muscles du core (de l’an­ glais «centre, noyau») jouant le rôle de piliers. Grâce à cela, nous pouvons nous tenir droits, avoir une posture correcte, et la stabilité ainsi que la bonne santé de notre dos sont assurées.

Malheureusement notre style de vie est souvent préjudiciable à la bonne santé de notre dos, notamment à cause du man­ que d’exercice physique. Nous passons des heures assis et, durant nos loisirs, il n’est pas rare que nous ayons le dos voûté, la tête penchée en avant, les yeux fixés sur un écran. Même à vélo, nous sommes courbés au­dessus du guidon.

Exposés au stress ou en proie à des sen­ timents négatifs, nous adoptons incons­ ciemment la posture d’un Néandertalien, tête et épaules pendantes. Mais incliner le corps engendre une pression au niveau des disques intervertébraux. Porter une charge trop lourde ou avec la mauvaise posture provoque de surcroît des contrac­ tures musculaires. Parmi les facteurs de risque pouvant entraîner des maux de dos figurent l’inactivité, la répétition monotone des mêmes gestes ainsi qu’une posture incorrecte ou unilatérale.

La façon dont nous portons habituel­ lement des charges n’est pas idéale. Un sac à bandoulière toujours suspendu à la même épaule favorise une surcharge d’un côté. Un sac à dos trop lourd est néfaste pour les épaules et le dos. Les Africaines et les Asiatiques s’y prennent tout autrement. Elles posent les charges en équilibre sur la tête. Elles avancent ainsi le bas du dos droit et la tête haute.

Une posture altière qui étire le dos.

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Travail en profondeur Notre dos a besoin de mouvement. Alors, faisons-lui plaisir! La méthode d‚entraînement Antara a été élaborée sur la base des découvertes scientifiques les plus récentes.

l Dos droit, épaules rejetées vers l‚arrière, mains croisées dans le dos : la cage thoracique s‚ouvre, ce qui facilite la respiration.

a méthode Antara a été mise au point par la Suissesse Karin Al­ brecht. Cette méthode d’entraî­ nement se concentre sur les muscles profonds stabilisateurs situés au milieu du corps, les fameux muscles du core.

Des muscles qui protègent le plancher pelvien ainsi que la région lombaire et soutiennent également la respiration abdominale fonctionnelle, tout en par­ ticipant à dessiner le ventre.

L’objectif d’Antara est de faire se contracter les muscles individuellement, en adoptant une posture correcte et grâce à des exercices ciblés. Les muscles sont ainsi renforcés dans leur fonction et sont en mesure de travailler de concert, comme un système bien rodé. Ils peuvent stabiliser et soutenir le plancher pelvien, la colonne vertébrale et le torse.

C’est quelque chose que l’on ressent instantanément dès que l’on se redresse,

que l’on s’étire le dos: on «grandit». En même temps, la cage thoracique s’ouvre, facilitant la respiration. Des change­ ments s’opèrent également sur le plan mental. Au lieu de courber le dos en fixant un écran, on regarde alors droit devant soi. l

Un dos plus fort La coach iMpuls Fabiana vous montre dans une vidéo comment renforcer votre dos avec une bande élastique, chez vous ou à la salle de fitness. www.migros-impuls.ch/dos

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Pain aux noix foncé au Philadelphia herbes, figues juteuses et jambon de Parme Ingrédients:

1 tranche de pain de seigle aux noix 30g de Philadelphia aux herbes 0.5 figue (25g), 5 pistaches décortiquées 1 tranche de jambon de Parme

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en

Su a iss ns e

Préparation:

1. Tartinez le pain avec du Philadelphia aux herbes.

2. Détaillez la figue en fines lamelles. Hachez grossièrement les pistaches.

3. Garnissez le pain avec le jambon de parme et les lamelles de figue et saupoudrez les petits morceaux de pistaches.

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UN DOS SAIN

”Antara embellit„ Madame Albrecht, comment fonctionne la méthode Antara?

Antara se concentre sur la posture, les muscles du core et la respiration, qui sont indissociables. L’entraînement s’effectue dans une posture optimale permettant de cibler chaque muscle. C’est un entraînement classique avec un bon flow, des positionnements précis. «Antara» vient du sanskrit et signifie «cœur, noyau». Nous commençons par nous intéresser au core et travaillons vers l’extérieur, le mouvement, la force, la mobilité, l’endurance.

En quoi Antara se distingue-t-il du Pilates, aussi axé sur le centre du corps?

La respiration est différente. Au Pilates, on respire au niveau des côtes. Avec Antara, la contraction du muscle le plus profond doit permettre la respiration. Et il n’y a pas d’exercices où on penche le corps en avant. Pas de colonne vertébrale enroulée.

Cela n’est pas bon pour les disques intervertébraux. Nous travaillons les étirements intensifs, la rotation, les flexions latérales.

BOUGEZ !

Séance en trois temps Etirement actif et activation du dos

1. Mobilisation du bassin S’asseoir le dos droit sur le tiers extérieur d’une chaise, jambes écartées au-delà de la largeur des hanches. Mobiliser le bassin en le faisant rouler plusieurs fois sur le coccyx d’avant en arrière. Le dos doit rester bien étiré tandis que le corps se penche vigoureusement vers l’avant.

2. Mobilisation des épaules Ensuite, faire

quatre grands cercles vers l’arrière avec les épaules.

Antara peut-il aider en cas de douleur dans les épaules ou la nuque?

Oui. Nous travaillons à partir du bassin, puis viennent le bas du dos, le thorax, le cou. Tout est lié. Même une tension musculaire dans le haut du corps a son origine dans le bassin. Si la position du bassin est correcte, celle de la colonne vertébrale, du thorax et de la tête l’est également.

Est-ce adapté quand on souffre du dos?

© Photo: Trunk Archive, illustrations: Tina Berning

Absolument! Antara vise avant tout la bonne santé du dos. C’est pourquoi les étirements occupent une place importante.

C’est bien aussi pour les personnes ayant des problèmes de disques intervertébraux.

Et cela rend beau…

Adopter une posture correcte déclenche des réactions en chaîne: les fesses se redressent, la cage thoracique s’ouvre, les épaules se relâchent, la musculature du ventre est mobilisée. On a plus belle allure.

Spécialiste du stretching et auteure, Karin Albrecht donne des cours sur la posture corporelle, la stabilité et la mobilité. C’est elle qui a développé la méthode Antara.

3. La position du roi Puis, pencher quatre fois le torse vers l’avant, en partant des hanches, mais en veillant à ne pas aller trop loin pour que le bas du dos reste stable. L’important est que le bassin demeure dans une position neutre, c’est-à-dire qui préserve la courbure naturelle de la région lombaire, ou lordose.

Poser à présent les mains sur le sternum et porter son attention sur la région lombaire. S’imaginer que l’arc qu’elle dessine grandit, sans que les vertèbres ne bougent. Tenir la position une vingtaine de secondes ou durant 4 à 5 respirations. Cette contraction effectuée sans bouger stimule et active les muscles profonds du dos.

Terminer l’exercice par une mobilisation du bassin.

Des cours d’Antara sont proposés sur: ecole-club.ch, fitnessparks.ch, aktivfitness.ch

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DÉTENTE

LES PARFUMS

Des odeurs pour s‚évader L‚aromathérapie a longtemps prêté à sourire.

Parfums et odeurs influencent toutefois bel et bien notre humeur.

Texte: Petra Koci

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”Les parfums sont les sentiments des fleurs. „

© Trunk Archive, Jamie Chung / Trunk Archive

Heinrich Heine

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DÉTENTE

LES PARFUMS

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Se fier à son nez Quelques arômes appréciés et leur effet, d‚ apaisant à stimulant.

La lavande Le parfum de lavande est réputé pour favoriser l’endormissement. Une vertu que lui confère le linalol, une molécule à l’effet calmant. Il est possible aussi que le fait de s’imaginer un champ de lavande en fleurs s’étendant à l’infini sous le soleil de Provence mette du baume au cœur.

Le pin Lorsque le sauna sent comme une forêt de conifères, il y a fort à penser que du concentré d’aiguilles de pin est utilisé pour l’arrosage. Les effluves boisés et épicés font naître des réminiscences de promenades dans la nature. Et ce sentiment de vitalité que l’on ressent après avoir passé du temps dehors.

L’essence de pin régénère l’esprit et stimule en cas de fatigue. Elle purifie et clarifie en outre l’atmosphère.

Le bois de santal C’est le parfum classique des bâtons d’encens, auquel on prête volontiers des propriétés calmantes. Le bois de santal permettrait de réduire le stress.

Des bâtons d’encens au bois de santal brûlent dans les temples de nombreux pays asiatiques. Serait-ce également pour nous une raison d’associer cette odeur à la chaleur et à la sérénité?

L‚orange et la mandarine Les effluves d’orange et de mandarine évoquent Noël à certaines personnes, et rappellent les vacances au bord de la Méditerranée à d’autres. Quoi qu’il en soit, ils dispensent de la bonne humeur, de la chaleur et renforcent l’équilibre intérieur. En cas de stress et de manque de motivation, il est recommandé de respirer des parfums d’orange pour leur fraîcheur et leur effet stimulant. Ils font l’effet d’un vent du sud chargé de fragrances.

La vanille Son parfum doux nous fait penser au pudding ou à des bougies parfumées.

L’odeur de vanille impacte positivement l’humeur et apaise. Il semblerait également qu’elle diminue l’envie de sucré.

C’est ce qu’a montré une étude lors de laquelle des participants ont été invités à respirer de la vanille avant de manger du chocolat. Ils se sont révélés deux fois moins gourmands. Les chercheurs supposent qu’il y a un lien entre l’arôme de vanille et la production de sérotonine, dite hormone du bonheur.

Des cours d’aromathérapie sont proposés à l’École-club Migros. ecole-club.ch

© Sylvere Azoulai / Trunk Archive, Jamie Chung / Trunk Archive, iStock

e délicat parfum des roses invite le promeneur à flâner, perdu dans ses rêveries. Quant à l’arôme de citron, il booste l’humeur, et les effluves de cuir sont souvent empreints de nostalgie.

Les odeurs ont le pouvoir d’influencer notre état d’esprit, de raviver de lointains souvenirs et d’améliorer notre bienêtre psychique et physique. La plupart des récepteurs olfactifs se trouvent dans le nez, mais il y en a dans différentes cellules du corps. Entraînées par la respiration, les molécules de parfum arrivent dans les poumons, d’où le sang les transporte jusqu’au cerveau, qui libère des hormones en une fraction de seconde.

Bien que ce phénomène se produise inconsciemment, les parfums influencent bel et bien nos sentiments. Ils sont d’abord transformés dans le système limbique, siège des émotions. Ce n’est que parvenues au cortex cérébral que les sensations se transforment en perceptions conscientes. Et parce que le cerveau enregistre souvent durablement des odeurs avec les images et situations auxquelles elles sont liées, un parfum est capable de faire revivre une ambiance vécue, même après des dizaines d’années.

Dans l’Égypte ancienne et en Inde, des huiles entraient dans la composition de baumes. Les Grecs pensaient pouvoir communiquer avec les dieux par le biais de la fumée dégagée par des substances odorantes, et les indigènes d’Amérique utilisaient de la sauge blanche lors des cérémonies de purification. Mais ce n’est que dans les années 1920-1930 que le chimiste français René-Maurice Gattefossé a mis au point une thérapie basée sur les odeurs des plantes. Il est ainsi considéré comme le fondateur de l’aromathérapie moderne. Aujourd’hui, des procédés neurologiques permettent de constater et de mesurer les modifications de l’activité cérébrale induites par les parfums. Pourquoi ne pas en faire soimême l’expérience? Les odeurs peuvent s’avérer efficaces en cas de stress ou pour égayer l’humeur, particulièrement lorsque les jours raccourcissent. l

”Un jour sans parfum est un jour perdu.„ Aphorisme égyptien

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ESCAPADES

BAINS THERMAUX

Des bains divins Flotter dans une eau saline agréablement chauffée procure un exquis sentiment de détente. Voici notre palmarès des cinq meilleurs bains thermaux de Suisse.

Texte: Matthias Mächler Illustrations: Hannah Rollings

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d

ans un bain d’eau saline, pas besoin de s’agiter dans tous les sens, il suffit de se laisser flotter. Et ça, c’est déjà un bonheur.

Quelques petits mouvements de bras par-ci, par-là. Inspirer, expirer. Un sentiment de légèreté, comparable à celui décrit par les personnes qui se sont baignées dans la mer Morte, envahit l’être entier.

Il faut avouer qu’il est bien commode de pouvoir recharger ses batteries d’énergie primitive sans rien faire. Le corps entier devrait crier sa gratitude. En effet, le sel débarrasse la peau de ses impuretés (soigne même, dit-on, l’eczéma, que l’on préfère cacher dans les bains publics), il favorise l’irrigation sanguine, soulage les articulations, décontracte les muscles, renforce le système nerveux végétatif par osmose et a également un impact positif sur le cœur.

Pendant longtemps toutefois, seuls les bains d’eau sulfurée réussissaient à offrir un cadre encore moins attractif que les établissements d’eau saline.

Comme s’ils avaient été inventés uniquement à des fins thérapeutiques et surtout pas comme des lieux de détente ou de plaisir. En tout cas, il en a fallu du temps avant que les stations thermales d’eau saline ne se muent en magnifiques palais des bains. Aujourd’hui, en Suisse, la plupart des bains d’eau saline séduisent aussi par leur esthétique. (Même les installations privées des hôtels dont on peut profiter en s’acquittant d’une entrée pour la journée.) Cinq établissements originaux figurent dans notre bucket list.

Le nec plus ultra sole uno, à Rheinfelden

Une étendue d’eau à ciel ouvert de 250 mètres carrés, sur laquelle flotte une légère couche de vapeur. On frôle la perfection, particulièrement l’hiver ou par temps de pluie. Les sels originaux de Rheinfelden sont en outre considérés parmi les plus efficaces au monde. L’eau saline est extraite à une profondeur de 200 mètres et mélangée à l’eau de Rheinfelden, naturellement très riche en calcium et en magnésium.

Chauffée à une température comprise entre 33 et 36 degrés, elle procure un bien-être immense, comparable à celui ressenti par l’embryon dans le ventre de sa mère.

Le bassin extérieur de sole uno est équipé de lits à bulles, de douches pour la nuque, de buses de massage, d’une cascade, ainsi que d’un canal circulaire pour se laisser porter par le courant avec allégresse. Mais c’est son atmosphère qui distingue le bassin extérieur.

Et il en est de même pour le bassin intérieur, surtout à la tombée de la nuit, avec ses éléments colorés qui créent des effets de lumière à la surface de l’eau.

Le nec plus ultra attend cependant dans une salle attenante, à l’architectonique étonnante: le bassin d’eau saline intensive. La concentration élevée de sel, l’éclairage qui apporte une dimension mystérieuse et les mélodies diffusées sous l’eau font basculer dans un état proche de l’apesanteur et s’envoler les pensées. Dans les espaces nouvellement aménagés se trouve notamment ce que l’on appelle un bâtiment de graduation. Une installation qui agit comme un brumisateur d’eau saline, purifie les voies respiratoires et stimule leur régénération, même en cas d’affections comme la bronchite. soleuno.ch Vivai 2018

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ESCAPADES

BAINS THERMAUX

En route pour le 7e ciel Termali Salini & Spa, à Locarno

La fontaine de jouvence

La tendance du ”floating„

Hôtel Eden Spiez

Hôtel Backstage, à Zermatt

Au Lido de Locarno, les Termali Salini apparaissent comme une œuvre d’art de pierre et de bois. L’un des bassins semble conduire directement du ventre de ce temple des bains jusqu’au lac.

Le panorama est saisissant. Et à chaque étage, car les Termali Salini forment un parcours composé de jets de massage, de plusieurs bassins, de buses et d’ambiances odorantes qui mène jusqu’au toit, où l’on se dilue dans le paysage sur des socles de pierre chauffés.

D’une surface de 400 mètres carrés, les Termali Salini sont les plus vastes bains d’eau saline du Tessin. Le nouveau Lido de Locarno fait par ailleurs la part belle au sport et au divertissement. Ce complexe de verre au bord du lac Majeur est entouré de piscines et comprend un espace pour enfants proposant différentes attractions, dont un toboggan avec looping unique en Suisse.

Cela vaut la peine de consulter le programme. Une fois par mois, par exemple, les Termali Salini & Spa restent ouverts presque jusqu’à minuit.

Une fontaine de jouvence? Ça existe donc! Mais réfléchissez avant de vider votre compte en banque et de réserver une chambre à l’hôtel Eden pour une demi-année. En effet, il vous faudrait également financer le temps supplémentaire ainsi gagné. Mieux vaut donc se limiter à un séjour de quelques jours.

Techniquement parlant, l’eau enrichie de sel suisse est structurée. C’est-à-dire qu’elle est soumise à des vibrations, brassée comme elle l’est dans la nature, ce qui modifie sa structure moléculaire et augmente sa teneur en oxygène.

Ce procédé rendrait l’eau plus douce, soyeuse. L’hôtel promet, entre autres, que ses nouveaux bassins d’eau saline, uniques en Suisse, agissent comme une source de jouvence et régule les énergies, soit que les rayonnements émis par les réseaux wi-fi et l’électrosmog sont neutralisés. En tout cas, l’endroit est véritablement spécial. Le spa de l’hôtel Eden Spiez est assurément un lieu à part, où la beauté du cadre accentue le sentiment de bien-être.

termali-salini.ch

eden-spiez.ch

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Il y a aussi cette tendance originaire d’outre-Atlantique qui consiste à aménager, dans les quartiers industriels et au cœur des villes, des lieux avec des petites pièces faiblement éclairées et pourvues d’un caisson d’eau saline: le floating. Flotter dans un caisson, en solo ou à deux, fait perdre tout sens de l’espace et du temps. On y fait le plein de nouvelles énergies tout en se relaxant dans l’eau saline.

Le caisson de floating le plus intéressant de Suisse est probablement celui de l’hôtel Backstage, à Zermatt. Heinz Julen y a réinventé la Genèse, en sept stations offrant autant d’expériences sensuelles et poétiques. La cinquième évoque la création de la faune. En immersion dans l’eau saline, on entend des sons émis par des baleines et des dauphins. Et dès que l’on sort la tête de l’eau, ce sont des chants d’oiseaux qui parviennent à nos oreilles. Le caisson se vide automatiquement après 20 minutes. Cette expérience est avant tout une thérapie pour l’esprit. backstagehotel.ch

La découverte Hôtel Baron Tavernier, à Chexbres

Le pouvoir du sel

Quand on cherche le bien-être également par la contemplation de beaux paysages, on pense automatiquement à Lavaux. Les étendues de vignobles en terrasses s’étirant entre Lausanne et Vevey, en surplomb du Léman, ont été classées au patrimoine mondial naturel de l’Unesco. Il est probable que toute personne qui traverse la région en train pense la même chose: un jour, j’aimerais pouvoir m’arrêter ici, dans ces splendides vignobles, et y rêver à loisir.

L’hôtel Baron Tavernier est un lieu de villégiature idéal pour réaliser ce souhait. C’est un petit établissement plein de charme situé à Chexbres, au cœur des vignobles, qui perpétue l’histoire de Jean-Baptiste Tavernier.

Cet explorateur du XVIIe y posa ses malles pour reprendre des forces et y laissa quelques objets rapportés de ses périples en terre lointaine.

L’infatigable voyageur aurait certainement aimé se baigner dans de l’eau saline – une occupation tant appréciée des hôtes d’aujourd’hui – mais, à l’époque, l’hôtel n’était bien sûr pas équipé pour. Au Baron Tavernier, il ne faut pas s’attendre à vivre des aventures exaltantes. Le spectacle est assuré par le cadre naturel. Flotter dans une eau saline à 31 °C, s’asseoir dans le jacuzzi, ou se rafraîchir sous la petite cascade dans le jardin en admirant le panorama a un effet régénérant.

De quoi réveiller l’explorateur plein d’entrain qui sommeille en nous. barontavernier.ch

Le sel de cuisine est composé de sodium (Na) et de chlore (Cl). iMpuls vous dit tout sur les fonctions vitales que remplit le sodium et la quantité de sel nécessaire pour l’organisme. www.migros-impuls.ch/sel

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ESCAPADES

BAINS THERMAUX

Centre thermal Alpentherme & Spa, Loèches-les-Bains

La Suisse est un pays splendide, auquel il ne manque que la mer. Enfin, c’est une opinion personnelle. Par chance, de merveilleuses institutions nous apportent ses bienfaits, concentrés et sublimés, réussissant du même coup à nous transporter dans un univers d’embruns iodés. Le mot magique est PUBLICITÉ

«thalasso», un ensemble de soins englobant toutes les thérapies qui utilisent les substances actives de la mer. Cela va des enveloppements d’algues et massages aquatiques jusqu’aux bains de boue marine, en passant par les thérapies par le mouvement dans de l’eau saline chauffée. Les algues sont les stars de la thalasso. Non seulement parce que leur teneur en minéraux et en vitamines excède celle des autres produits naturels, mais aussi parce qu’elles stimulent tout l’organisme. Et où peut-

on profiter de leurs vertus? Au centre thermal Walliser Alpentherme de Loèches-les-Bains par exemple, où des plaisirs variés sont proposés dans un cadre attrayant.

Et puis, à cette époque de l’année, qu’y a-t-il de plus jouissif que de contempler, d’en haut, la mer de nuages qui envahit la vallée? Surtout quand on imagine ceux qui triment en dessous, tandis que l’on se fait caresser par les vagues. Du moins en pensée… alpentherme.ch

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„Je suis très sociable. C’est pourquoi j’aime cette rue, qui est un lieu de rencontres."

Joshua Amissah, 22 ans, a la fibre artistique. Il étudie le design à la Haute école d’art de Zurich et travaille actuel­ lement en tant que co­ commissaire de l’expo­ sition photo19 Zürich.

Il habite dans la vieille ville de Winterthour.

Steinberggasse, Winterthour

© Anne Gabriel-Jürgens

l

’un de mes endroits préférés est la Steinberggasse, à Winterthour. Il faut dire que je suis vraiment très sociable et que cette rue paisible de la vieille ville est un lieu de rencontres. Les conversations s’y engagent spontané­ ment. Tandis que dans la rue parallèle, les gens chargés de sacs courent d’un magasin à un autre, dans la Steinberg­ gasse, ils flânent entre les rangées de maisons colorées. Ici, on se salue et on se regarde dans les yeux quand on se croise.

Préservée de la folie de la consomma­ tion, la Steinberggasse est bordée de

petits commerces où on connaît encore personnellement les clients.

J’y passe plusieurs fois par jour, pour me rendre à l’un des marchés, pour aller au bar Albani ou pour rencontrer des amis. Et bien sûr, je ne manque jamais le festival de musique annuel, les Musik­ festwochen, où se produisent des artistes locaux et internationaux.

La Steinberggasse est aussi un lieu de contrastes. Au milieu se trouvent trois fontaines réalisées par l’architecte mini­ maliste américain Donald Judd. Leur design moderne tranche avec les façades

des maisons anciennes. Quand il fait chaud, les gens s’assoient dans les fon­ taines pour se rafraîchir et bavarder. Cela n’a rien d’exceptionnel ici. Et il m’est souvent arrivé de me retrouver dans une fontaine avec des enfants, des étudiants ou des retraités. Des situations qui donnent lieu à des conversations sympas avec des personnes que je ne connaissais pas auparavant. Ces rencontres inter­ générationnelles sont des moments pré­ cieux. Je n’ai jamais rien vécu de tel dans d’autres grandes villes l Propos recueillis par Regula Burkhardt.

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Par carte postale (courrier A): Editions Vivai,

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Date limite de participation: le 20 octobre 2018 Solution du précédent numéro: condition Nom de la gagnante: Lila Barella, Mendrisio

Le/la gagnant(e) sera tiré(e) au sort parmi les bonnes réponses des éditions de Vivai dans les trois langues. Les prix ne peuvent pas être convertis en espèces. La voie juridique est exclue. Aucune correspondance ne sera échangée au sujet du concours. Les gains n’ayant pas été retirés dans les trois mois suivant le tirage au sort sont considérés comme caducs. Ils ne donnent lieu à aucune contrepartie. Les collaborateurs de la Fédération des coopératives Migros ne sont pas autorisés à participer au concours. Le gagnant ou la gagnante sera avisé(e) par écrit.

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