Magazine Vivai 5/2018

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Le magazine

du bien-ĂȘtre et du dĂ©veloppement durable

05/2018

NUTRITION Les aliments fermentés: pourquoi sont-ils bons pour nos intestins?

DÉVELOPPEMENT DURABLE Le bioplastique: une alternative valable pour les emballages?

Fait main Les métiers manuels séduisent à nouveau


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ÉDITORIAL

Envie de nouveauté

Photo de couverture: Chris Gilleard; © Sabine Braun, service des monuments historiques de la ville de Saint­Gall

Découvrir Saint-Gall en e-bike. Lorsque cette invita­

tion est arrivĂ©e Ă  la rĂ©daction, j’ai tout de suite pensĂ© que c’était une occasion Ă  ne pas rater. Et l’expĂ©rience a Ă©tĂ© Ă  la hauteur de mes espĂ©ran­ ces. Lors de cette visite gui­ dĂ©e de la ville, nous nous sommes arrĂȘtĂ©s Ă  plusieurs endroits, notamment Ă  la Kinderfestwiese. 30 000 per­ sonnes s’y rĂ©unissent tous les trois ans dans le cadre d’une fĂȘte populaire. Le quartier de Schoren, un bel exemple d’habitat coopĂ©ratif et social construit au dĂ©part pour les collaborateurs des CFF, tĂ©moigne Ă©galement de l’histoire de la ville, de mĂȘme que la Tröckneturm, une tour oĂč l’on mettait Ă  sĂ©cher jadis les tissus sortant de l’usine de teinture. En e­bike, notre groupe a pu facilement se rendre dans des lieux intĂ©ressants qui sont rarement inscrits au pro­ gramme des visites guidĂ©es. Et sans transpirer! Berne a Ă©tĂ© la premiĂšre ville d’Europe Ă  proposer des visites gui­ dĂ©es Ă  vĂ©lo Ă  assistance Ă©lectrique pour les groupes. Si d’autres villes, notamment en Suisse romande et au Tessin, prenaient des initia­ tives similaires, c’est avec plaisir que j’y participerais.

ChĂšre lectrice, cher lecteur, La couture ou l’écriture? Lorsqu’il m’a fallu opter pour une orientation professionnelle, j’ai dĂ» choisir entre les deux. La couture m’a accompagnĂ©e durant toute ma jeunesse. Quand je n’étais pas Ă  l’école, je passais mon temps dans l’atelier de couture de ma mĂšre. J’ai commencĂ© par confectionner des vĂȘtements pour mes poupĂ©es, puis pour moi. Je ne sais pas vraiment pourquoi l’écriture a pris le dessus. Peut-ĂȘtre car il m’était ïŹnalement plus facile d’écrire que de coudre? Le hasard a cependant certainement jouĂ© un rĂŽle. AprĂšs avoir suivi une formation d’enseignante et un cours prĂ©paratoire de design, j’ai obtenu une place de stagiaire Ă  la rĂ©daction d’un journal. Le beau design n’a d’ailleurs jamais cessĂ© de me procurer du plaisir. En tant que journaliste, j’ai fait le portrait de nombreux jeunes crĂ©ateurs et crĂ©atrices. J’ai ainsi pu constater qu’en Suisse, il est bien difïŹcile de rĂ©ussir dans un mĂ©tier artistique. Et que la maĂźtrise parfaite de son art ou de son artisanat est la meilleure des garanties de succĂšs. Je suis donc ravie que ce magazine prĂ©sente six artisans, hommes et femmes, qui exercent leur mĂ©tier avec passion. Nous travaillons beaucoup avec la tĂȘte, et fabriquer quelque chose de ses mains apporte une compensation bĂ©nĂ©ïŹque. Dans l’article «Le virus du DIY» (pour «do-it-yourself», soit «faire soi-mĂȘme»), nous montrons pourquoi les activitĂ©s manuelles connaissent un tel succĂšs, pourquoi nous sommes de plus en plus nombreux Ă  manier le ïŹl et l’aiguille, mĂȘme si tout le monde n’en fait pas son mĂ©tier. Il me reste une chose Ă  vous dire: installez-vous confortablement pour vous plonger dans la lecture de ce numĂ©ro de Vivai. Avec encore plus de plaisir peut-ĂȘtre que vous l’avez fait avec les numĂ©ros prĂ©cĂ©dents. Malheureusement, il s’agit du dernier.

Susanne Schmid Lopardo, responsable de la rédaction Health & Beauty Vivai 2018

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L‚équipe de Vivai vous dit merci et adieu

Les meilleures choses ont une ïŹn. Notre engagement pour Vivai aussi.

De g. à dr.: Cora Gianolla, Cornelia Thalmann, Claudia Wagner, Sylvie Castagné, Stephanie Riedi, Patrizia Villiger, Dora Siegenthaler, Gian Berger, Joshua Amissah, Susanne SchmidLopardo, Reto Mainetti, Mirjam Torres-Suter

Impressum Editeur: Fédération des coopératives Migros Concept et réalisation: Direction communication et médias Ressort Health & Beauty Responsable de la rédaction Health & Beauty: Susanne Schmid Lopardo

© Markus Bertschi

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RĂ©daction/Ă©dition: Stephanie Riedi Directrice artistique: Dora Siegenthaler RĂ©dactrice photo: Cornelia Thalmann WorkïŹ‚ow management: Imelda Stalder (responsable), Anna Francesca Steinmann, Mirjam Torres Traitement d’images: Reto Mainetti Edition française: Sylvie CastagnĂ©

Edition italienne: Cora Gianolla, Claudia Wagner Révision (F): Martine Rivier Adresse de la rédaction: Magazine Vivai, case postale 1766, 8031 Zurich, vivai@mediasmigros.ch, migros.ch/fr/vivai Imprimerie: Vogt-Schild Druck AG, CH-4552 Derendingen Papier: sans bois, FSC-Mix Emissions de CO2 compensées par un projet au Brésil. ISSN: 1663-716X Tirage total de Vivai: 250 060 exemplaires D: 173 127 ex., F: 61 557 ex., I: 15 376 ex. Vivai 2018

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En forme avec © Illustrations: Chris Gilleard; Globi Verlag (image de «Globi chez les rhinocĂ©ros»); photo: Pipilotti Rist, Show a Leg (Raus aus den Federn), 2001, collection du MusĂ©e Migros d’art contemporain

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Un univers onirique Qu’y a-t-il de plus agrĂ©able par mauvais temps que de se rĂ©fugier dans un monde de rĂȘves? C’est ce que nous propose de faire l’installation vidĂ©o «Show a Leg» («Sors du lit») signĂ©e Pipilotti Rist. Avec des rideaux de diffĂ©rentes textures animĂ©s de jeux de lumiĂšre, des sons hypnotiques et des sĂ©quences vidĂ©o, l’artiste suisse entraĂźne le spectateur bien loin de son univers quotidien. Jusqu’au 11 novembre 2018. migrosmuseum.ch

Un plongeon dans l‚enfance Heidi, Globi, Tintin et Milou, quantitĂ© de personnages ont peuplĂ© le monde merveilleux de notre enfance. Hotelplan Suisse nous invite Ă  partir sur leurs traces, dans les lieux oĂč leur aventure a commencĂ©, ou bien oĂč elle a connu des Ă©pisodes particuliĂšrement exaltants. www.hotelplan-suisse.ch/fr/medias/ retour-en-enfance

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Photos : Ghislaine Heger

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Politique sociale, Caritas s’engage ‱ contre le dĂ©mantĂšlement du ïŹlet de la sĂ©curitĂ© sociale ‱ pour que chaque individu obtienne le soutien dont il a besoin pour vivre dans la dignitĂ© (Constitution fĂ©dĂ©rale, art. 12)

Gabrielle Bergamaz a eu le courage de tĂ©moigner de son parcours personnel et professionnel difïŹcile. GrĂące Ă  l’aide sociale, elle a Ă©vitĂ© de glisser trop profondĂ©ment. Elle n’a jamais mĂ©nagĂ© ses efforts pour retrouver son autonomie.

Elle n’a jamais baissĂ© les bras

‱ pour que la Suisse investisse dans la prĂ©vention de la pauvretĂ© ‱ pour perpĂ©tuer l’équilibre social et donc la cohĂ©sion sociale qui font la force de la Suisse

Un divorce trĂšs pĂ©nible l’a brisĂ©e. AprĂšs des annĂ©es Ă  la maison Ă  Ă©lever ses enfants, Gabrielle Bergamaz* s’est retrouvĂ©e au chĂŽmage, puis Ă  l’aide sociale, elle a mĂȘme Ă©tĂ© SDF. Aujourd’hui, elle remonte la pente. Elle souhaite pouvoir se former pour retrouver un emploi stable. Au bĂ©nĂ©ïŹce de l’aide sociale depuis plusieurs annĂ©es, Ă  57 ans, Gabrielle Bergamaz multiplie les emplois pour regagner son autonomie. Elle vit dans le canton de Fribourg. Chaque mois, en entourant des personnes ĂągĂ©es dans leur vie quotidienne, elle couvre une partie de ce que lui alloue l’aide sociale, quelque 1500 francs. Gabrielle n’en dĂ©mord pas : le sĂ©same vers un poste stable est une formation, mais elle peine Ă  accumuler les quelque 3000 francs nĂ©cessaires our la ïŹnancer.

Plus d’informations sur Gabrielle sur : agirtoutsimplement.caritas.ch

Divorce et dĂ©crochage professionnel AprĂšs un apprentissage d’employĂ©e de commerce, elle a travaillĂ© dans une administration communale. Puis elle dĂ©cide de rester Ă  la maison pour s’occuper de ses trois enfants. « J’ai eu quand mĂȘme une vie relativement belle. Une maison. J’étais comme tout le monde » se souvient-elle. En 2012, c’est le divorce, dans des circonstances trĂšs difïŹciles. DisqualiïŹĂ©e professionnellement, elle s’inscrit au chĂŽmage, puis au social. Elle sera mĂȘme sans domicile ïŹxe durant deux ans. Mais elle a toujours cherchĂ© des solutions. « Et on m’a donnĂ© l’opportunitĂ© de travailler avec des personnes ĂągĂ©es ». Elle est enthousiaste. Pour l’instant, elle est payĂ©e Ă  l’heure, modestement. Ses trois enfants l’ont toujours soutenue. Voici 4 ans, sa ïŹlle lui apprend qu’elle est enceinte. Gabrielle suit de prĂšs la grossesse. « Je vaux toujours quelque chose. Je suis utile » se ditelle. Aujourd’hui, elle n’a qu’un objectif : suivre une formation qualiïŹante pour encadrer des personnes ĂągĂ©es. La voie vers un travail stable. *Nom modiïŹĂ©

Caritas appelle l’opinion publique, le monde politique et l’économie Ă  agir. Selon elle, une bonne politique familiale doit notamment garantir la compatibilitĂ© entre activitĂ© professionnelle et prise en charge des enfants, aussi pour les personnes en situation de pauvretĂ©, et amĂ©liorer l’accĂšs Ă  la promotion prĂ©coce pour les enfants, ainsi que les conditions de travail et de formation continue pour les parents. Une bonne scolaritĂ© de base et la formation professionnelle continue protĂšgent de la prĂ©caritĂ©. Compte postal : 60-7000-4 Pour les dons en ligne : caritas.ch/reinsertion-dons


ON AIME

© Illustration: Christopher Corr, photos: Oliver Nanazig/FREITAG lab. ag, Getty Images

Des raquettes Ă  neige en DIY Les randonnĂ©es en raquettes Ă  neige sĂ©duisent particuliĂšre­ ment les amateurs de slow life. L’hiver n’étant plus si loin, si vous en faites partie, pourquoi ne pas commencer Ă  y penser, et mĂȘme fabriquer vous­mĂȘme vos raquettes? Par exemple en participant Ă  un cours au musĂ©e Ballenberg. Vous en repartirez avec une paire de raquettes traditionnelles, dite «queue de castor».

À PlanĂšte SantĂ© live, le salon suisse de la santĂ©, tout tourne autour du bien-ĂȘtre. Au programme de cette manifestation innovante, qui se dĂ©roule Ă  Palexpo, Ă  GenĂšve: de nombreux stands d’exposition, des confĂ©rences, diverses activitĂ©s et des tests. Tous les visiteurs y trouvent ainsi des sources d’inspiration pour amĂ©liorer leur bien-ĂȘtre.

ballenbergkurse.ch/kurse/schneeschuhbau-3

planetesante.ch

PlanÚte santé

Halte au gĂąchis! Une garde-robe compostable Des chaussures vĂ©ganes, des chemises faites avec des dĂ©chets recy­ clĂ©s ou des chemisiers de seconde main, le secteur du textile s’est mis au vert. Les frĂšres Freitag, avec leurs sacs fabriquĂ©s Ă  partir de bĂąches de camions, ont ouvert la voie Ă  des crĂ©ateurs en phase avec le dĂ©ve­ loppement durable. Depuis 2014, ils innovent en proposant des jeans et T­shirts biodĂ©gradables. D’autres fabricants leur emboĂźtent le pas, par exemple Calida avec sa nouvelle collection «I love Nature».

Florian Gyger et Emin Khateeb, deux dĂ©ve­ loppeurs suisses, ont voulu faire quelque chose contre le gaspillage alimentaire. Ils ont donc crĂ©Ă© une appli, Foodshelf, qui invite ses utilisateurs Ă  poster une photo de pro­ duits alimentaires dont ils n’ont plus besoin. AprĂšs avoir contactĂ© l’auteur de la photo, les personnes intĂ©ressĂ©es n’ont qu’à aller cher­ cher les denrĂ©es gratuites. L’appli est, bien sĂ»r, gratuite aussi. Pour Android et iOS. Vivai 2018

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L‚ARTISANAT

DOSSIER

Nouvelle vague Il fut un temps oĂč l‚apprentissage d‚un mĂ©tier manuel apportait une garantie pour l‚avenir. Aujourd‚hui, l‚artisanat fait plutĂŽt appel aux sens. Selon les futurologues, c‚est grĂące Ă  cela qu‚il peut perdurer. Le fait main est le luxe de demain. Texte: Roland GrĂŒter Illustrations: Daniel MĂŒller/illumueller.ch Photos: Lorenz Cugini

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L‚ARTISANAT

DOSSIER

Le désir de posséder

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a main. Le premier outil de l’Homme. GrĂące Ă  elle, il est possible de pren­ dre en main ce qui doit l’ĂȘtre dans la vie. La main traduit nos pensĂ©es, nos dĂ©sirs, nos sentiments. Sans elle, le fruit de nos rĂ©flexions resterait prisonnier de notre tĂȘte. Nous plions et ouvrons la main environ 25 millions de fois au cours de notre vie. Et nous nommons artisanat ce qui naĂźt de gestes effectuĂ©s par les mains. La main est omniprĂ©sente dans l’histoire de l’humanitĂ©, depuis son dé­ but, et elle le restera bien jusqu’à la fin. Au fil des millĂ©naires, marteau, en­ clume, aiguille et ciseaux ont permis de fabriquer quantitĂ© de choses qui rendent la vie plus agrĂ©able. Des corbeilles pour le transport, des pointes de flĂšches pour la chasse, des Ă©toffes pour confectionner des habits
 Plus tard, nous nous som­ mes appliquĂ©s Ă  embellir nos rĂ©alisa­ tions, Ă  peaufiner leur conception, mais ce n’est qu’au XIXe siĂšcle que le terme artisanat a Ă©tĂ© forgĂ©. Jusqu’à aujourd’hui, l’artisanat est toujours restĂ© Ă  la pĂ©ri­ phĂ©rie du domaine du design. Et la fron­ tiĂšre entre ces deux secteurs reste Ă©tan­ che. Les designers conçoivent des proto­ types pour l’industrie, lesquels seront dĂ©veloppĂ©s par d’autres professionnels. Tandis que les artisans sont les seuls au­ teurs de leurs rĂ©alisations, dont chacune est une piĂšce unique.

L’arrivĂ©e massive des machines

Les mains permettent d’avoir prise sur un tas de choses, mais pas sur l’évolution de la sociĂ©tĂ©. À la fin XVIIIe, l’essor de l’industrialisation a Ă©tĂ© marquĂ© par l’ar­ rivĂ©e massive des machines. La produc­ tion (de masse) exigeant des cadences toujours plus rapides, les mains ne par­ vinrent bientĂŽt plus Ă  suivre le rythme. Elles travaillaient moins vite que les machines, Ă©taient plus coĂ»teuses et donc, tout Ă  coup, jugĂ©es inefficaces. Ce fut un coup dur pour l’artisanat, car la plupart des objets du quotidien Ă©taient doré­ navant fabriquĂ©s par des machines, en Chine ou dans d’autres pays nouvelle­ ment industrialisĂ©s. Nombre de consom­

des choses authentiques renaĂźt.

mateurs n’étaient plus prĂȘts Ă  dĂ©penser davantage pour acquĂ©rir une assiette ou une couverture faite main. D’autres doivent cependant en payer le prix, et plus souvent qu’à leur tour: les ouvriers employĂ©s dans des fabriques. Ils Ă©pousent la cadence des machines et, en fin de compte, se retrouvent les mains vides. Le contrepied du tout-jetable

L’artisanat connaĂźt aujourd’hui un regain d’intĂ©rĂȘt. La niche abritant ses nouveaux clients n’est certes pas immense, mais elle grandit en permanence. La tisserande, la cĂ©ramiste et le ferronnier d’art dont vous pouvez lire les portraits Ă  partir de la page 14 le confirment. Des marchĂ©s et des salons de l’artisanat sont organisĂ©s dans toute la Suisse, et ils attirent un public toujours plus vaste. Selon des fu­ turologues du Gottlieb Duttwiler Institut de RĂŒschikon, prĂšs de Zurich, l’artisanat est le nouveau luxe. Ils lui prĂ©disent un avenir radieux. A l’ùre de la mondialisa­ tion et de la numĂ©risation, les produits de masse sont devenus la norme. Des produits sans Ăąme, tous semblables. Ce qui fait aussi naĂźtre le dĂ©sir de possĂ©der moins, mais des choses uniques, authen­ tiques, tangibles, dont on peut connaĂźtre l’origine, la philosophie qui les sous­tend. En apprenant leur histoire, on y participe en quelque sorte. Cela crĂ©e des liens qui, d’aprĂšs les chercheurs de tendances, sont de plus en plus valorisĂ©s. Les artisanes et artisans ne rĂ©alisent pas seulement de belles choses, ils pren­ nent le contrepied de la culture du tout­ jetable et dĂ©fendent un style de vie dura­ ble. Ils sĂ©lectionnent les matĂ©riaux en tenant compte des facteurs Ă©cologiques, tout au long de la chaĂźne de crĂ©ation de

valeur. La mĂȘme chose s’applique Ă  leurs outils. Non seulement il est essentiel de bien les avoir en main, mais ils doivent si possible durer toute une vie. Parce que nous ne lĂąchons pas volontiers les objets qui nous sont familiers et que nous ai­ mons. Nous leur sommes fidĂšles. L’univers digital reflĂšte le poids et l’activitĂ© du secteur de l’artisanat. Plus de deux millions de crĂ©ateurs proposent leurs articles faits main sur la plateforme etsy.com. Et le chiffre d’affaires du site dĂ©passe les 800 millions de francs. En Suisse, l’association formforum rĂ©unit l’élite des crĂ©atrices et crĂ©ateurs. Elle compte 500 membres, actifs dans tous les domaines de l’artisanat, qui ont pour objectif commun d’accroĂźtre leur visibi­ litĂ© et de renforcer l’image de leur travail. Il faut dire que les artisans n’ont jamais assez de mains. Non seulement ils crĂ©ent, mais ils doivent aussi s’occuper de l’as­ pect commercial et marketing, de la dis­ tribution et calculer les coĂ»ts. Afin de rĂ©duire la charge de travail, ils se regrou­ pent souvent en association. Mais cela ne suffit pas Ă  faire leur fortune. L’artisanat n’est guĂšre profitable. Il y a les frais de matĂ©riel, le loyer et l’entretien de l’atelier et, surtout, l’investissement temps nĂ©ces­ saire Ă  la rĂ©alisation. Ce dernier est Ă©nor­ me et ne peut ĂȘtre compensĂ© par le prix. Sinon, les crĂ©ations artisanales seraient encore plus chĂšres. Trop chĂšres, mĂȘme pour les amateurs. Le renouveau que connaĂźt l’artisanat arrive in extremis. Certains mĂ©tiers sont sur le point de disparaĂźtre. Et avec eux, des connaissances et un savoir­faire fai­ sant partie de notre culture, de notre tra­ dition. Le tissage, le tressage de la paille, le travail Ă  la forge Ă  clous ou celui du charron comptent parmi ces activitĂ©s sur le dĂ©clin qui constituent le patrimoine et participent Ă  dĂ©finir l’identitĂ©. Il serait quand mĂȘme dommage que les outils et rĂ©alisations des artisans ne soient bientĂŽt plus visibles qu’au musĂ©e suisse en plein air Ballenberg ou dans des ateliers­ showrooms destinĂ©s aux touristes. Vrai­ ment trĂšs dommage. l Vivai 2018

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Du cƓur Ă  l‚ouvrage Certains en vivent, d‚autres exercent parallĂšlement une activitĂ© lucrative. Mais toutes et tous sont animĂ©s de la mĂȘme passion pour leur artisanat . Texte: Roland GrĂŒter Photos: Roland TĂ€nnler

Le bon son et le hasard

La poterie au tour exige une grande concentration et a quelque chose de mĂ©ditatif qui me plaĂźt beaucoup. J’ai trouvĂ© l’une des rares places d’appren­ tissage Ă  Fribourg et j’y suis restĂ©e. À prĂ©sent, j’ai mon propre atelier oĂč je façonne des petites sĂ©ries d’objets. La lĂ©gĂšretĂ© de mes bols et de mes as­ siettes Ă©tonne beaucoup de gens, ainsi que la prĂ©cision de leurs formes, car la cĂ©ramique est souvent associĂ©e Ă  un artisanat un peu grossier. Il n’en est rien! Bien sĂ»r, la tradition a de la valeur Ă  mes yeux, cependant, j’ai tou­ jours envie d’y introduire de la nou­ veautĂ©. La cĂ©ramique est façonnĂ©e Ă  la main, et sa finalitĂ© est d’ĂȘtre prise en main. C’est pourquoi je porte une attention particuliĂšre Ă  la qualitĂ© de la surface et Ă  sa texture. Mais il y a toujours une part de hasard. Mon cƓur bat Ă  chaque fois que j’ouvre la porte du four en fin de cuisson. La terre n’est pas uniquement souple, douce et vi­ vante, elle est aussi pleine de surprises. saraspirig.ch 14 Vivai 2018

Illustrations: Daniel MĂŒller/illumueller.ch; photos: Lorenz Cugini

Dans son atelier de céramique, Sara Spirig, 31 ans, travaille principalement sur un tour de potier. Ses créations sont étonnamment légÚres.


Un matĂ©riau tendre mais qui a du caractĂšre PremiĂšre maĂźtre tourneuse de Suisse, Gisela MĂŒller, 51 ans, conçoit des objets en bois et, Ă  prĂ©sent, aussi des maisons.

CrĂ©er quelque chose de ses mains, c’est extraordinaire. J’en tire une grande satisfaction. DĂšs l’ñge de 19 ans, il Ă©tait clair pour moi que je voulais apprendre un mĂ©tier manuel. Et aussi que je voulais travailler le bois. C’est un matĂ©riau tendre, qui se laisse façonner facilement mais qui a toutefois du caractĂšre. Je suis donc devenue tourneuse. Les gens pensent que je suis assise devant mon tour toute la journĂ©e, mais ce n’est pas le cas. Je scie, je rabote, je ponce et je perce. Pour rĂ©aliser certaines piĂšces, j’utilise des troncs entiers. Des agriculteurs ou des forestiers m’appellent lorsqu’ils abattent un pommier ou un poirier pour que j’aille le voir. Si l’arbre me convient, je fais sĂ©cher le bois moimĂȘme. Cela prend des mois, parfois mĂȘme des annĂ©es. J’achĂšte Ă©galement du bois, en privilĂ©giant toujours les essences autochtones. Je crĂ©e des formes simples, rĂ©duites Ă  l’essentiel. La structure de la surface m’intĂ©resse davantage que les ornements. Il y a 23 ans, lorsque j’ai amĂ©nagĂ© mon atelier, je m’imaginais faire des petits objets, des moulins Ă  poivre, des bols et des saladiers, etc. Ça a changĂ©. En 2011, j’ai Ă©tudiĂ© l’architecture. Je me suis alors mise Ă  penser en grand format. Depuis, je partage mon temps de travail. Le travail intellectuel et le travail manuel se stimulent mutuellement. Mon nouveau domaine de compĂ©tence m’apporte Ă©galement une libertĂ©, au plan ïŹnancier aussi. Qui veut vivre de son artisanat doit adapter ses dĂ©sirs Ă  ses moyens. www.muellerdrechslerei.ch

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Des projets d‚avenir forgĂ©s avec le feu sacrĂ© Dans sa forge Fuschina da Guarda, Thomas Lampert, 46 ans, rĂ©alise des objets en ferronnerie d’art et des piĂšces pour le bĂątiment. Il a fait des innovations sa tradition.

Des histoires qui se tissent Pour la créatrice textile Katja BÀchtold, 42 ans, le crépitement de son métier à tisser est une musique. Elle y crée depuis sept ans des couvertures et des écharpes uniques.

Il y a une parentĂ© Ă©tymologique entre l’écriture et le tissage. Tisser en latin se dit «texere», dont dĂ©rive le mot «texte». Cela se manifeste dans mon travail. Les ïŹls de chaĂźne sont comme une page blanche sur laquelle la trame inscrit mon texte. Il ne s’agit pas uniquement de tisser des ïŹls, ce travail a une dimension philosophique. Chaque Ă©charpe, chaque couverture raconte sa propre histoire. Cela rend mes crĂ©ations uniques et 16 Vivai 2018

les distingue des produits fabriquĂ©s industriellement. C’est pourquoi la nouvelle dĂ©signation de mon mĂ©tier me plaĂźt davantage que l’ancienne. J’ai suivi une formation de tisserande sur mĂ©tier Ă  bras, et aujourd’hui on parle de crĂ©atrice textile, ce qui correspond mieux Ă  notre artisanat. Ce que nous faisons Ă  proprement parler est du design sur mĂ©tier Ă  tisser. Chaque annĂ©e, une dizaine de jeunes gens est formĂ©e aux techniques du tissage Ă  main. Ils enrichissent ainsi de nouvelles idĂ©es une tradition ancestrale. Toute personne qui croit que le travail sur le mĂ©tier Ă  tisser ne permet qu’une crĂ©ativitĂ© limitĂ©e, ou que toutes les possibilitĂ©s ont Ă©tĂ© explorĂ©es depuis longtemps, devrait venir visiter mon atelier Ă  Uerikon, au bord du lac de Zurich. Elle serait Ă©tonnĂ©e. Chaque piĂšce est diffĂ©rente. unikatja.ch

Bien sĂ»r, ma forge est pittoresque. Elle a Ă©tĂ© fondĂ©e en 1834 Ă  la pĂ©riphĂ©rie de Guarda (GR). Les murs noircis par la suie et le feu dans la cheminĂ©e correspondent Ă  de nombreux clichĂ©s. En ce qui me concerne, je ne me vois pas comme le reprĂ©sentant d’une tradition, mais comme un entrepreneur. Je ne vis pas Ă  l’époque de Gotthelf. Dans la forge, nous fabriquons diffĂ©rents produits: des garde-fous, des croix pour les tombes, des ferrures, etc. La plupart de ces produits sont chers et sont rĂ©servĂ©s Ă  une Ă©lite. Cela me dĂ©range. C’est pourquoi les collections de couteaux et de casseroles que nous fabriquons sont importantes pour moi, parce que ces produits sont Ă  la portĂ©e de toutes les bourses. Je vais prochainement relever un grand dĂ©ïŹ. Nous avons commencĂ© Ă  construire un deuxiĂšme atelier. Nous aurons beaucoup de place aïŹn de rĂ©aliser de nouvelles idĂ©es. La vieille forge Ă©tant petite, il nous faut partager l’espace disponible, ce qui exige une bonne planiïŹcation des travaux quotidiens. BientĂŽt, nous pourrons travailler plus vite et plus facilement, en amĂ©liorant la productivitĂ©. Ma fascination pour le matĂ©riau est restĂ©e intacte. Ni le bois ni la pierre ne peuvent ĂȘtre pliĂ©s ou Ă©tirĂ©s comme le mĂ©tal. Cet aspect m’enthousiasme toujours autant, mĂȘme 30 ans aprĂšs mon apprentissage de serrurierconstructeur. lampert-guarda.ch


ĂŠtre lñ€šartisan de son bonheur.

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DOSSIER

L‚ARTISANAT

Un lien intime avec la paille Lara Blumer, 49 ans, vit depuis 20 ans dans l’une des vallĂ©es en cul-de-sac les plus belles de Suisse, celle d’Onsernone. Avec quatre collĂšgues, elle y fait revivre une vieille tradition locale: le travail de la paille.

Des souliers pour conquĂ©rir le monde Dans sa manufacture, Ena Ringli, cordonniĂšre de 39 ans, conjugue prĂ©cision suisse et Ă©lĂ©gance italienne. Ses souliers faits main font ïŹ des modes et accompagnent longtemps leur propriĂ©taire.

Je suis dingue de chaussures. Une passion qui me vient de ma grandmĂšre italienne. AprĂšs ma maturitĂ©, j’ai cherchĂ© une place de formation dans l’industrie de la chaussure. Malheureusement, le secteur allait trĂšs mal. Je me suis dĂ©cidĂ©e Ă  faire un apprentissage de cordonniĂšre classique et j’ai obtenu un diplĂŽme d’ingĂ©nieure 18

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produit chaussures. Par la suite, je me suis occupĂ©e de plusieurs sites de production Ă  l’étranger. Durant toutes ces annĂ©es, mon dĂ©sir de me mettre Ă  mon compte a mĂ»ri. Je suis rentrĂ©e en Suisse et j’ai fondĂ© ma manufacture, yĂ©p, Ă  Weinfelden (TG). Nous y produisons deux petites collections qui ne suivent pas les caprices de la mode. Je confectionne moimĂȘme, Ă  la main, les modĂšles pour hommes. Du croquis de dĂ©part jusqu’à la ïŹnition, cela reprĂ©sente 150 Ă©tapes. Quant aux modĂšles pour dames, je les fais fabriquer en petites sĂ©ries en Italie. Beaucoup de maĂźtres cordonniers vont partir Ă  la retraite. J’essaie de m’approprier leur savoirfaire et ainsi de le prĂ©server. Quant Ă  savoir si je vais rĂ©ussir dans mon entreprise, l’avenir le dira
 Pour moi, l’aventure ne fait que commencer. yepstore.ch

Un maĂźtre d’apprentissage a dit que la paille Ă©tait un porte-bonheur. Je ne peux qu’ĂȘtre d’accord avec lui. GrĂące Ă  elle, j’ai trouvĂ© dans la vallĂ©e d’Onsernone l’accomplissement, l’intĂ©gration et de nouvelles amies. Aux clients, elle apporte fraĂźcheur et Ă©lĂ©gance – de façon naturelle. La paille est Ă  la fois souple et solide. Parfois, lorsque je me mets Ă  travailler, je ne sais pas encore Ă  quoi ressemblera le rĂ©sultat ïŹnal. Cela peut paraĂźtre bizarre, mais je me sens intimement liĂ©e Ă  la matiĂšre. Elle me dit ce qu’elle veut devenir, chapeau, ceinture, panier ou sac. Pour crĂ©er ces objets, je couds des bandes de paille de riz tressĂ©es. J’ai dĂ» suivre un cours pour apprendre la technique de base. Pour moi, cet artisanat est une passion et un hobby. Pour la vallĂ©e, c’est une tradition sĂ©culaire. Avec quatre personnes originaires de la vallĂ©e, nous avons crĂ©Ă© l’association Pagliarte aïŹn de prĂ©server cet artisanat d’art. J’en suis la prĂ©sidente depuis deux ans. C’est un honneur pour moi qui suis nĂ©e et qui ai grandi en Suisse alĂ©manique. Avant d’arriver ici, j’ai travaillĂ© durant des annĂ©es en tant qu’hĂŽtesse de l’air. Au Tessin, je me suis reconnectĂ©e Ă  la terre. Le destin nous a conduits ici, mon mari et moi, et nous y sommes restĂ©s. J’en suis reconnaissante. En ce qui me concerne, la paille est un porte-bonheur. pagliarte.ch


Faire revivre une tradition.

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Le virus du DIY La couture, la menuiserie et la soudure, des activitĂ©s traditionnelles du secteur de l‚artisanat, sont parties Ă  l‚assaut du monde des loisirs. Texte: Christina Gubler Illustrations: illumueller.ch Photos: Lorenz Cugini


L‚ARTISANAT

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on parcours professionnel avait vraiment bien dĂ©marrĂ©. Juste aprĂšs avoir terminĂ© ses Ă©tudes de design industriel, Simon SchĂ€ppi a eu la chance de dĂ©crocher un job chez Christophe Marchand, un dĂ©veloppeur de produits suisse de renom. Mais le jeune crĂ©atif a vite dĂ©chantĂ©. Les outils numĂ©riques avaient commencĂ© Ă  envahir le monde du travail, et le curseur de la souris d’ordinateur se substituait progressivement Ă  la main du designer. Simon SchĂ€ppi passait le plus clair de son temps devant un Ă©cran. Souhaitant, pour compenser, avoir une activitĂ© manuelle, il s’est inscrit Ă  un cours de cordonnerie. C’était dans les annĂ©es 2000. Depuis, Simon SchĂ€ppi a ouvert sa propre manufacture de chaussures Ă  Zurich. Ses modĂšles raffinĂ©s, en cuir, sont fabriquĂ©s sur mesure et presque entiĂšrement Ă  la main. Parmi ses clients se trouve John Lobb, fournisseur de la cour royale d’Angleterre. C’est dans cette cĂ©lĂšbre maison que Simon SchĂ€ppi s’est initiĂ© aux secrets du mĂ©tier de cordonnier, aprĂšs son passage chez Christophe Marchand. RĂ©parer au lieu de jeter

Bien sĂ»r, tous les gens qui se consacrent Ă  une activitĂ© artisanale durant leurs loisirs ne vont pas ensuite abandonner leur gagne-pain. Les nombreux hommes et femmes, de tous les Ăąges et horizons professionnels, qui dĂ©couvrent aujourd’hui le plaisir de manier le fil et l’aiguille, la scie ou le fer Ă  souder sont toutefois animĂ©s du mĂȘme besoin que Simon SchĂ€ppi Ă  l’époque de sa rĂ©orientation. «Ils veulent rĂ©aliser de leurs mains, de A Ă  Z, quelque chose d’authentique et sentir la rĂ©sistance du matĂ©riau. C’est ça qui rend heureux», affirme Adrian KnĂŒsel. Ce cĂ©ramiste dirige le centre de cours Ballenberg, oĂč Simon SchĂ€ppi a posĂ© les premiers jalons de sa nouvelle carriĂšre. Dans cette institution au bord du lac de Brienz, on peut s’initier Ă  l’art du filage et du tissage, apprendre Ă  sculpter des objets en bois ou le travail de la forge, façonner des toupies, des quilles ou des boules avec un

L‚attrait exercĂ© par les objets faits main est plus durable.

tour, souder un brasero, monter un mur en pierres sĂšches et bien d’autres choses. La participation est encourageante, et cette annĂ©e, jusqu’au mois de juillet, pas moins de 105 cours ont Ă©tĂ© donnĂ©s. Soit environ un tiers de plus que l’an passĂ©. L’intĂ©rĂȘt croissant pour le fait main est manifeste Ă©galement Ă  l’École-club Migros. La couture fait Ă  l’heure actuelle partie du trio de tĂȘte des activitĂ©s les plus prisĂ©es. Et dans la catĂ©gorie Construire & rĂ©parer, la demande s’est accrue d’environ 90 % au cours des quatre derniĂšres annĂ©es. À l’École-club Migros, on est d’avis que cette popularitĂ© est favorisĂ©e notamment par la prise de conscience des enjeux du dĂ©veloppement durable. RĂ©parer au lieu de jeter, tel est le nouveau credo. Et puis l’attrait qu’exercent les vĂȘtements et sacs, chevaux Ă  bascule, commodes Ă  langer ou Ă©tagĂšres que l’on a fabriquĂ©s soi-mĂȘme est plus durable. Les objets faits main servent Ă©galement plus longtemps que ceux produits en sĂ©ries. Il faut dire qu’ils ont demandĂ© beaucoup de travail et d’engagement. Il a fallu 310 heures Ă  Regine Meier pour fabriquer une remorque pour son e-bike, avec deux lits et un auvent et qui se replie comme un accordĂ©on. Cette infirmiĂšre en psychiatrie avoue en riant avoir attrapĂ© le «virus du do-it-yourself» (DIY). Ses derniers projets: un porteplantes en mĂ©tal pour le balcon de sa voisine et des flĂ»tes indiennes. C’est sur Internet que Regine Meier va chercher des astuces de bricolage. LĂ  aussi qu’elle a trouvĂ©, moyennant paiement, les plans de construction de sa remorque.

DOSSIER

Pour les fans de DIY ambitieux, il est clair que le web est une mine. Sur YouTube et Instagram, quantitĂ© de vidĂ©os et de blogs rĂ©alisĂ©s par des amateurs particuliĂšrement douĂ©s, plus rarement par des professionnels, montrent en dĂ©tail comment coudre une fermeture Ă©clair, faire des joints de soudure ou assembler des lattes de bois en angle. Des patrons, des guides de construction, parfois mĂȘme les matĂ©riaux qui vont avec, peuvent ĂȘtre obtenus via Internet. Il existe d’autres sources d’informations spĂ©cialisĂ©es qui, sans ĂȘtre virtuelles, connaissent Ă©galement un bel essor, ce sont les livres de bricolage et les magazines de travaux manuels. Des ateliers de quartier

Mais que faire quand on a une soudaine envie de bricoler et que l’on ne dispose pas de l’outillage nĂ©cessaire, parfois onĂ©reux, ni de l’espace oĂč mener Ă  bien son entreprise, qui s’avĂšre souvent bruyante et gĂ©nĂ©ratrice de poussiĂšre? «Quant Ă  moi, j’ai sciĂ© et fraisĂ© dans la buanderie jusqu’au jour oĂč mon bailleur a glissĂ© un avertissement dans ma boĂźte aux lettres», raconte le juriste Alexander Köhli. Il y a trois ans, il a ouvert Ă  Berne l’atelier de quartier Viktoria. Il s’agit d’un espace de loisirs, tel qu’il en existe depuis dans beaucoup de villes et communes, avec une menuiserie et une serrurerie entiĂšrement Ă©quipĂ©es. Un abonnement annuel d’un montant raisonnable donne droit Ă  un accĂšs illimitĂ© Ă  l’atelier et Ă  l’outillage. À certaines heures, des bĂ©nĂ©voles sont sur place pour donner des conseils. Alexander Köhli y a fabriquĂ© un mur d’escalade pour enfants. Et en ce moment, il construit une sorte de robot qui joue de la batterie pour son groupe. La remorque de Regine Meier aussi a vu le jour au Viktoria. Avec Alexander Köhli, Regine Meier fait partie des habituĂ©s. Tous deux apprĂ©cient de disposer d’un outillage complet et de profiter des Ă©changes avec les autres personnes frĂ©quentant les lieux. Des Ă©changes bien rĂ©els, loin du monde virtuel. l Vivai 2018

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Les petites choses cachent souvent de grands dangers

Plus d’infos sur les allergies plus de qualitĂ© de vie www.aha.ch aha! Centre d’Allergie Suisse aha!infoline: 031 359 90 50 CP 30-11220-0


L‚ARTISANAT

DOSSIER

Au service de la crĂ©ation C‚est bien d‚avoir des idĂ©es. Et c‚est encore mieux lorsque ces idĂ©es sont mises en Ɠuvre. L‚idĂ©al est qu‚idĂ©es et rĂ©alisations obtiennent l‚estime qu‚elles mĂ©ritent. L‚association Creative Hub s‚y emploie. Texte:Stephanie Riedi

© Katharina Karras, Gian Andri Bezzola, Thai Hua

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es sacs Freitag, l’économe Rex, la chaise Landi, etc., les designers suisses ont crĂ©Ă© quantitĂ© d’objets du quotidien qui jouissent d’une renommĂ©e internationale. Mais le chemin peut ĂȘtre long de l’idĂ©e au succĂšs commercial. Rien que le lancement d’un nouveau produit s’apparente la plupart du temps Ă  une course d’obstacles. FondĂ©e en 2013, Creative Hub est une plate-forme pour la promotion de l’économie du design en Suisse ayant pour objectif de faciliter aux crĂ©ateurs l’accĂšs au marchĂ©. Cette organisation en rĂ©seau propose des programmes de soutien, des sĂ©ances de coaching, des workshops et des Ă©vĂ©nements conçus pour rĂ©pondre aux besoins des designers. En cinq ans, plus de 80 startups de design ont profitĂ© des connaissances et du savoir-faire spĂ©cialisĂ© des experts de Creative Hub. Les projets en cours ou menĂ©s Ă  bien, ainsi que les designers qui sont Ă  leur origine, sont prĂ©sentĂ©s sur creativehub.ch. Creative Hub offre ainsi une vitrine Ă  des dizaines d’objets originaux ainsi qu’un aperçu de la diversitĂ© de la crĂ©ativitĂ© en Suisse. La plate-forme Creative Hub existe notamment grĂące au fonds de soutien Engagement Migros. Un partenariat qui s’attache Ă  Ă©tablir des ponts entre le secteur de la crĂ©ation et le marchĂ©. Creative Hub aide les crĂ©ateurs Ă  commercialiser leurs produits ou idĂ©es de service, les conseille dans la phase de crĂ©ation d’entreprise, et des experts de diffĂ©rentes branches leur offrent un soutien adaptĂ© Ă  leurs besoins. l

De l‚idĂ©e Ă  l‚objet de design

Animal double face de Katharina Karras

L’idĂ©e: montrer d’oĂč viennent les diffĂ©rents morceaux de viande de façon ludique.

Push car tupi de Gian Andri Bezzola

L’idĂ©e: un petit vĂ©hicule Ă  roulettes pour enfant qui permet de changer trĂšs facilement et rapidement de direction.

Lumia de Thai Hua

L’idĂ©e: une ligne de luminaires, comprenant des lampadaires et des suspensions, en carton ondulĂ© et bois de bouleau.

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Et le bien-ĂȘtre humain alors? Tout le monde parle de biodiversitĂ©, d‚écologie et de bien-ĂȘtre animal. Cela nous permet d‚espĂ©rer qu‚un jour viendra oĂč la gestion du personnel sera Ă©galement considĂ©rĂ©e sous l‚angle de la durabilitĂ©. Texte: Ruth Hoffmann Illustrations: Martin Haake

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RESSOURCES HUMAINES

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’expression «human resources» est dĂ©jĂ  Ă©loquente en soi. Au cours des quinze derniĂšres annĂ©es, elle s’est imposĂ©e, avec une franchise stupĂ©fiante, pour dĂ©signer ce qui Ă©tait jusqu’alors le personnel d’une entreprise. L’ĂȘtre humain est considĂ©rĂ© comme une ressource qu’il convient d’exploiter, pardon, d’employer, efficacement, afin que la machine conti­ nue Ă  fonctionner sans subir trop de per­ tes dues aux frictions. À quoi bon des bureaux pour une ou deux personnes si les mĂȘmes tĂąches peuvent ĂȘtre effectuĂ©es dans un open space, soit un espace de travail sans cloisons, qui permet de ga­ gner de la place et de rĂ©duire les coĂ»ts? À quoi bon des postes Ă  temps partiel pour les pĂšres et les mĂšres s’il y a suffisam­

DÉVELOPPEMENT DURABLE

ment de gens prĂȘts Ă  travailler Ă  temps plein? À quoi bon employer des seniors alors que les jeunes reviennent moins cher Ă  l’entreprise? Le fait qu’un grand nombre d’Unwörter («non­mots») de l’annĂ©e choisis par la trĂšs sĂ©rieuse SociĂ©tĂ© pour la langue allemande depuis 1991 proviennent du monde du travail ne saurait ĂȘtre dĂ» au hasard. Il y a notamment EntlassungsproduktivitĂ€t (productivitĂ© induite par les licenciements), betriebsratsverseucht (contaminĂ© par le comitĂ© d’entreprise), sozialvertrĂ€gliches FrĂŒhableben (dĂ©cĂšs prĂ©coce socialement acceptable) ou Humankapital (capital humain), l’équivalent des ressources humaines en allemand. Le langage n’est pas neutre. Il reflĂšte

l’évolution de la sociĂ©tĂ©, camoufle ou souligne, minimise ce qui est fĂ©cond, rend menaçant l’anodin et, souvent, en dit long sur la personne qui s’exprime. Protection de la ïŹ‚ore et de la faune

Le dĂ©veloppement durable Ă©tant dorĂ©na­ vant un sujet abondamment discutĂ©, on peut y voir un signe positif. Un espoir que soit reconnue la nĂ©cessitĂ© de montrer davantage de respect pour notre planĂšte dans notre propre intĂ©rĂȘt. Et par consé­ quent que le bien­ĂȘtre animal, les condi­ tions d’élevage adaptĂ©es aux besoins des espĂšces et la protection des vĂ©gĂ©taux sans recours aux produits chimiques sont des objectifs qui mĂ©ritent tous nos ef­ forts. AprĂšs tout, l’exploitation abusive Vivai 2018

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des ressources, la pollution des nappes phrĂ©atiques et l’élevage industriel sont franchement intolĂ©rables. Mais compte tenu des statistiques alarmantes sur les maladies, nous devrions nous soucier Ă©galement des ressources humaines, car notre gestion de celles-ci n’est pas moins prĂ©occupante. Selon une Ă©tude mandatĂ©e par Promotion SantĂ© Suisse, environ un quart de la population active en Suisse souffre d’un stress considĂ©rable au travail, l’épuisement Ă©motionnel jouant un rĂŽle plus important que la fatigue physique. De nombreuses caisses-maladie confirment que l’augmentation du nombre de dĂ©clarations de maladie reflĂšte l’accroissement des contraintes. Le coĂ»t pour les 26 Vivai 2018

entreprises de l’épuisement et du stress excessif sur le lieu de travail, imputable aux absences et Ă  la baisse de productivitĂ©, a Ă©tĂ© estimĂ© Ă  environ cinq milliards de francs par an. Mieux gĂ©rer la pression, oui mais


Ce chiffre constitue un argument auquel certaines directions de grandes entreprises sont réceptives. Sous le label «ressources humaines durables», elles proposent à leurs collaboratrices et collaborateurs des cours de fitness et de méditation, des massages, des conseils en nutrition ou des consultations de prévention du stress. Ces initiatives sont certes louables et utiles, mais laissent toutefois un petit goût amer. Ne serait-il pas

prĂ©fĂ©rable, en premier lieu, de ne pas laisser les ressources humaines se tarir? Les collaboratrices et collaborateurs doivent apprendre Ă  mieux gĂ©rer la pression sur leur lieu de travail, c’est Ă  ce niveau que l’on place la «durabilité». Quant aux conditions qui engendrent cette pression, elles ne sont mĂȘme pas abordĂ©es. Cependant, ce serait tout Ă  fait dans l’esprit du dĂ©veloppement durable de se demander s’il n’y a pas moyen de procĂ©der autrement, avec davantage de flexibilitĂ©, de sĂ©rĂ©nitĂ©, d’humanitĂ©. S’il ne vaut pas mieux des collaborateurs en bonne santĂ©, motivĂ©s, gais, d’ñges diffĂ©rents, avec une charge de travail adaptĂ©e, plutĂŽt qu’une croissance des chiffres trimestriels profitant aux actionnaires.


RESSOURCES HUMAINES

Ne serait-il pas formidable que la valeur en Bourse d’une entreprise dĂ©pende de son caractĂšre philanthropique? Il n’est pas du tout exagĂ©rĂ© d’affirmer que nous vivrions alors dans un monde meilleur. Les choses sont compliquĂ©es, c’est vrai. Et pourtant, il n’est pas question ici de lois de la nature. Les rĂšgles soi-disant immuables du monde professionnel et de notre systĂšme Ă©conomique ont Ă©tĂ© fixĂ©es par l’Homme, tout comme le rythme de plus en plus infernal de notre vie quotidienne. Et cela fait longtemps que l’on peut observer leur impact nĂ©gatif Ă  long terme, tant sur la planĂšte que sur nousmĂȘmes. Voulons-nous sĂ©rieusement nous accommoder de cette situation et continuer Ă  croire ceux qui nous vendent les

DÉVELOPPEMENT DURABLE

” Si la valeur en Bourse d‚une entreprise dĂ©pendait de son caractĂšre philanthropique, nous vivrions alors dans un monde meilleur. „

contraintes qui y sont liĂ©es sous prĂ©texte qu’il n’y a pas d’autre alternative? Ce qui est faux, comme le montre l’exemple du Bhoutan. Ce minuscule pays au cƓur de l’Himalaya a fait de l’augmentation du bonheur national brut (BNB) un objectif prioritaire, supĂ©rieur Ă  la croissance Ă©conomique. Une telle politique est durable et humaine. Quiconque la pense irrĂ©aliste et la considĂšre avec amusement devrait se demander dans quel monde elle souhaite que ses enfants et petits-enfants vivent et travaillent. Si l’on s’en tient aux performances Ă©conomiques, le Bhoutan s’apparente peut-ĂȘtre Ă  un pays en voie de dĂ©veloppement, mais en ce qui concerne le bien-ĂȘtre de ses habitants, il est en avance sur nous. l Vivai 2018

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” En augmentant la durĂ©e de conserva­ tion des aliments, l‚ emballage participe Ă  rĂ©duire le gaspillage. „

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EMBALLAGES

DÉVELOPPEMENT DURABLE

Est-ce clair? Le bioplastique est prĂ©sentĂ© comme une alternative respectueuse de l ‚ environnement au plastique traditionnel largement dĂ©criĂ©. À raison ? Texte: Dinah Leuenberger Photo: Roth & Schmid

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es images d’épais tapis de dĂ©chets flottant sur l’ocĂ©an ont provoquĂ© l’effroi dans le monde entier. Cela ne pourrait pas se produire en Suisse. Nous contrĂŽlons notre systĂšme de gestion des dĂ©chets. Il y a peu, le lac de Zurich a pourtant fait les gros titres car, par une belle matinĂ©e d’étĂ©, la surface de l’eau aux environs des bains Utoquai est ap­ parue souillĂ©e d’ordures, qui entachaient la beautĂ© du panorama. La source du problĂšme est la mĂȘme tout autour de la planĂšte: par nĂ©gligence, les gens laissent traĂźner leurs dĂ©chets. Afin d’éviter cela, de tels gestes d’incivi­ litĂ© pourraient Ă  l’avenir ĂȘtre passibles d’amendes. Ou bien une solution radicale pourrait ĂȘtre appliquĂ©e, comme au Costa Rica, le premier pays Ă  avoir proclamĂ© une interdiction complĂšte du plastique Ă  usage unique d’ici 2021. Ce bannissement se fera au profit du bioplastique fait de matiĂšres premiĂšres renouvelables, telles que la canne Ă  sucre ou le maĂŻs, partielle­ ment biodĂ©gradable ou compostable. À l’ùre du plastique roi, serait­ce le signe d’une rĂ©volution? Et le bioplastique apporte­t­il une solution au problĂšme des dĂ©chets? «Non», affirme Hanna Krayer, responsable de projet Environnement Ă  Migros. «À l’heure actuelle, le bioplasti­ que ne constitue pas une vĂ©ritable alter­ native». Migros examine en permanence les nouveaux emballages possibles. Cette annĂ©e, une vaste Ă©tude a mĂȘme Ă©tĂ© rĂ©a­ lisĂ©e sur ce sujet. «Mais pour que nous introduisions un changement, il faut qu’il y ait un bĂ©nĂ©fice sur le plan Ă©cologique,

soit une incidence positive sur l’écobilan tout au long du cycle de vie de l’embal­ lage.» Or ce n’est pas le cas du bioplas­ tique. «Les matiĂšres premiĂšres utilisĂ©es pour sa fabrication sont souvent des den­ rĂ©es alimentaires, comme de la canne Ă  sucre ou du maĂŻs, dĂ©tournĂ©es de leur fonction premiĂšre.» Leur culture requiert en outre de vastes terres agricoles, qui doivent ĂȘtre irriguĂ©es et nĂ©cessitent des engrais. Tout cela alourdit Ă©normĂ©ment l’empreinte Ă©cologique. Une optimisation constante

Ces considĂ©rations justifient en partie le fait que seule une fraction du plastique employĂ© Ă  travers le monde soit bio, et qu’en Suisse, on ait si peu recours au bioplastique. Le bioplastique Ă©tant moins rĂ©sistant que le plastique traditionnel, les sacs en bioplastique doivent ĂȘtre plus Ă©pais. Leur fabrication exige environ 30 % de matiĂšre supplĂ©mentaire. «Cette diffĂ©rence participe Ă  aggraver l’écobilan du bioplastique, qui reste aujourd’hui moins bon que celui du plastique tradi­ tionnel», explique Hanna Krayer. Mais elle ajoute: «Nous suivons de prĂšs les dĂ©veloppements dans ce domaine.» S’il Ă©tait possible de fabriquer du bioplas­ tique Ă  partir de dĂ©chets organiques, cela pourrait marquer un tournant dĂ©cisif. En attendant, Migros optimise sans cesse ses emballages. Dans le cadre du programme GĂ©nĂ©ration M, le distribu­ teur s’est engagĂ© Ă  amĂ©liorer l’écobilan de plus de 6000 tonnes de matĂ©riaux d’emballages d’ici 2020. Des objectifs

cruciaux ont Ă©tĂ© atteints Ă  ce jour: «Nous rĂ©Ă©tudions aussi des emballages qui ont dĂ©jĂ  Ă©tĂ© optimisĂ©s. Nous avons ainsi rĂ©ussi Ă  Ă©conomiser encore 71 tonnes de plastique par an dans la fabrication des bouteilles Aproz, en modifiant leur forme et en raccourcissant le col du bou­ chon», prĂ©cise Hanna Krayer. Nombre de consommatrices et de consommateurs se plaignent que les lĂ©gumes et fruits bio soient vendus dans des emballages plastique. Hanna Krayer s’explique: «En ce qui concerne les pro­ duits bio, il y a une obligation de dĂ©clara­ tion.» Ceux pour lesquels il est possible de remplir cette obligation par un auto­ collant ou un bandeau avec le logo Bio peuvent ĂȘtre vendus sans emballage. En ce moment, nous examinons Ă©galement l’élargissement de la gamme de fruits et lĂ©gumes bio dans plusieurs coopĂ©ratives. Migros opte, dĂšs que possible, pour des emballages en matiĂšres premiĂšres renouvelables. C’est le cas du carton. Mais Hanna Krayer Ă©met des rĂ©serves Ă  ce sujet: «Le problĂšme est que la fabri­ cation d’emballages en carton nĂ©cessite souvent davantage de matiĂšre premiĂšre, donc de carton. Par consĂ©quent, leur Ă©co­ bilan peut vite s’avĂ©rer moins bon que celui des emballages de plastique fin par exemple.» LĂ  aussi, Migros entreprend des changements uniquement lorsque l’écobilan final est favorable. Les embal­ lages rĂ©utilisables restent donc la meil­ leure solution. «Ainsi, chacun et chacune d’entre nous peut s’y mettre sans atten­ dre», conclut Hanna Krayer. l Vivai 2018

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ENFANT MIGROS

Avis de tempĂȘte Le rĂ©dacteur photo Ben Böttcher, 38 ans, aime les chewing-gums qui mettent la bouche en feu, mais aussi les fruits et les lĂ©gumes frais. Texte: Regula Burkhardt Photos: Christian Schnur (montage Vivai)

Ben Böttcher, vous vivez en Suisse depuis 15 ans, mais vous vous considérez comme un enfant Migros. Comment cela se fait-il?

Depuis que je vis en Suisse, je fais mes courses Ă  Migros. Quand je suis arrivĂ© d’Allemagne Ă  Saint-Gall, je venais juste de finir mes Ă©tudes et je devais alors faire trĂšs attention Ă  mes dĂ©penses. C’est pourquoi j’achetais souvent des produits de marque propre Migros. Non seulement ils sont de qualitĂ©, mais en plus, ils ne sont pas chers. Les saucisses de Vienne aux Ă©pices M-Budget, par exemple, faisaient alors partie de mes produits prĂ©fĂ©rĂ©s. En achetez-vous encore?

Non, j’ai arrĂȘtĂ© d’en manger. Ma femme et moi veillons aujourd’hui davantage Ă  nous alimenter sainement. Par consĂ©quent, nous achetons beaucoup de lĂ©gumes, de fruits, de produits laitiers, ainsi que des biscuits BlĂ©vita, les prĂ©fĂ©rĂ©s de nos enfants ĂągĂ©s de cinq et huit ans. Et lequel est votre produit Migros prĂ©fĂ©rĂ© Ă  vous?

Ce sont les chewing-gums M-Classic Menthol Extra Strong, pour leur intense

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saveur mentholĂ©e. J’aime cette sensation d’avoir la bouche en feu dĂšs qu’on mord dedans. C’est comme un vent frais. Je m’amuse aussi Ă  observer la rĂ©action des gens lorsque je leur offre un chewinggum. Elle en dit long sur leur caractĂšre... Votre famille partage-t-elle votre goĂ»t pour ce chewing-gum?

Pour les enfants, il est trop fort, et ma femme prĂ©fĂšre les chewing-gums Skai aux parfums de fruits. Mais certains de mes collĂšgues de travail me demandent parfois un chewing-gum, car ils savent que j’en ai des extra-forts.

” J‚aime la sensation d‚avoir la bouche en feu. ” Avec les chewing-gums M-Classic Menthol Extra Strong, Ă  l’emballage bleu, Ben Böttcher peut respirer Ă  fond. Il apprĂ©cie leur intense saveur mentholĂ©e et s’en sert parfois pour tester le caractĂšre de ses collĂšgues.

Qu’est-ce qui vous plaüt en Suisse?

La Suisse est un pays sĂ»r, avec une qualitĂ© de vie Ă©levĂ©e et un systĂšme d’éducation formidable. Et qu’est-ce que vous aviez en Allemagne qui vous manque?

Au dĂ©but, ce qui me manquait, c’était le pain complet au levain, qui est typiquement allemand. Heureusement, ces derniĂšres annĂ©es, l’assortiment Migros s’est Ă©largi et il comprend dorĂ©navant du pain au levain qui ressemble beaucoup Ă  celui que l’on trouve outre-Rhin.

Facts

& Figures

Qui l’eĂ»t cru? Les chewing-gums M-Classic sortent de la seule fabrique de chewing-gums de Suisse, qui appartient Ă  Chocolat Frey AG. Et cela fait neuf ans qu’ils sont proposĂ©s en version Menthol Extra Strong, l’une des prĂ©fĂ©rĂ©es des clients Migros. En 2017, il en a Ă©tĂ© vendu 56 tonnes.


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Ni cru ni cuit Les aliments fermentĂ©s sont tendance. Mais que se passe-t-il vraiment lors d‚un processus de lacto-fermentation? Et pourquoi dit-on des produits fermentĂ©s qu‚ils nettoient les intestins? Nous avons cherchĂ© des rĂ©ponses Ă  ces questions. Texte: Kian Ramezani

Photos: Roth & Schmid

carottes

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betteraves


LA FERMENTATION

tomates

NUTRITION

brocoli

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e critique gastronomique amĂ©ricain Sandor Katz dĂ©crit la fermentation comme «l’espace de crĂ©ativitĂ© entre la fraĂźcheur et la pourriture». Pas vrai­ ment appĂ©tissant. Mais sans fermenta­ tion, il n’y aurait ni chocolat, ni fromage, ni cafĂ©, ni vin. Pas de pain, de biĂšre ou de choucroute non plus. Idem des spĂ©cia­ litĂ©s exotiques comme la sauce soja ou le kimchi corĂ©en. La lacto­fermentation est tendance, certes, mais cette assertion peut prĂȘter Ă  sourire. En effet, cela fait des milliers d’annĂ©es que des aliments sont fermentĂ©s, partout dans le monde. Ce qui a changĂ© est la motivation premiĂšre ainsi que la comprĂ©hension des processus microbiologiques Ă  la base de la fermentation. Il est clair qu’au nĂ©oli­ thique, on n’avait pas idĂ©e que certaines bactĂ©ries transformaient les glucides en acide lactique (d’oĂč le terme de lacto­ fermentation). Il avait toutefois dĂ©jĂ  Ă©tĂ© observĂ© que les aliments fermentĂ©s se gĂątaient moins rapidement. Certes de nos jours, des aliments frais sont disponibles en permanence. Par consĂ©quent, les sou­ cis de conservation nous semblent un tantinet obsolĂštes. Mais deux autres as­ pects non moins fascinants de la lacto­ fermentation sont actuellement mis en Ă©vidence: la digestibilitĂ© des produits fermentĂ©s et leur saveur. Dans notre organisme, il y a dix fois plus de bactĂ©ries que de cellules – dont des bactĂ©ries lactiques bĂ©nĂ©fiques pour la flore intestinale, qui est un facteur dĂ©terminant du systĂšme immunitaire. Connues pour «nettoyer les intestins», elles inhibent la prolifĂ©ration de germes pathogĂšnes et prĂ©viennent la constipa­ tion. Les bactĂ©ries lactiques stimulent en outre la digestion du lactose et diminuent le taux de cholestĂ©rol dans le sĂ©rum san­ guin. Et elles faciliteraient l’absorption de fer, bien que les processus biochi­ miques justifiant cette thĂšse n’aient pas encore Ă©tĂ© complĂštement identifiĂ©s. Une prĂ©cision doit ĂȘtre apportĂ©e: les aliments fermentĂ©s ne devraient pas ĂȘtre chauffĂ©s avant d’ĂȘtre consommĂ©s, car la chaleur dĂ©truit les micro­organismes. 34 Vivai 2018

Une fois pasteurisĂ©e, la choucroute ne contient plus de bactĂ©ries lactiques. Le mieux est de consommer les produits fermentĂ©s froids, en accompagnement des repas principaux, comme cela se fait en CorĂ©e avec le kimchi. Outre le fait qu’ils sont source de bien­ĂȘtre pour l’organisme, les lĂ©gumes fermentĂ©s sont Ă©galement trĂšs aromati­ ques. Leur goĂ»t, difficile Ă  anticiper et qui peut se rĂ©vĂ©ler de savoureux Ă  acide, dĂ©pend de plusieurs facteurs. En prin­ cipe, une carotte fermentĂ©e a toujours le goĂ»t de carotte. D’autres aliments sont soumis Ă  une transformation plus com­ plexe. Il y a par exemple des personnes qui n’aiment pas les radis frais, mais s’en rĂ©galent lorsqu’ils sont fermentĂ©s, car une lĂ©gĂšre aciditĂ© se substitue Ă  leur goĂ»t piquant. Leur aspect aussi est diffĂ©rent. Sous l’effet de la saumure, les pigments de la peau se diffusent dans le radis, qui prend une teinte mauve uniforme. «Faire fermenter des aliments, c’est expĂ©rimen­ ter», dit le chef Rolf Caviezel (interview ci­contre), surtout en jouant avec les pa­ ramĂštres du temps et de la tempĂ©rature. Le temps et la tempĂ©rature sont des Ă©lĂ©ments clĂ©s. Plus la fermentation est longue et plus le goĂ»t est intense, et plus la tempĂ©rature est Ă©levĂ©e, plus le processus s’accĂ©lĂšre. Pour Ken Forkish, le «roi du pain» amĂ©ricain, ces deux facteurs sont mĂȘme des «ingrĂ©dients». Et combien de temps dure la fermentation? RĂ©ponse de Ken Forkish: «On me pose toujours cette question. C’est une affaire de goĂ»t. AprĂšs cinq Ă  sept jours, vous pouvez goĂ»ter et voir si ça vous plaĂźt.» En ce qui concerne la tempĂ©rature, elle doit ĂȘtre, dans la mesure du possible, maintenue constante, sinon le rĂ©sultat est imprĂ©visible. Chez soi, les aliments Ă  fer­ menter peuvent ĂȘtre placĂ©s Ă  la cave. La saumure ne constitue pas un ingrĂ©dient Ă  proprement parler, car elle ne favorise pas la fermentation. Au contraire, le sel empĂȘche les aliments de pourrir trop vite, au moins jusqu’à ce que les bac­ tĂ©ries lactiques se soient multipliĂ©es et soient prĂ©sentes en quantitĂ© suffisante. l

choucroute

Fermentation sans frontiĂšres La choucroute: le grand classi­ que de la fermentation, Ă  base de chou blanc ou de chou pointu. Le kimchi: c’est la choucroute corĂ©enne en quelque sorte, Ă  base de chou chinois et d’autres lĂ©gumes, comme le concombre, le poireau et le radis long. Le miso: une pĂąte typiquement japonaise utilisĂ©e pour faire de la soupe, Ă  base de haricots de soja cuits Ă  la vapeur, de riz et d’orge mis Ă  fermenter dans un tonneau. Le tempeh: un ersatz de viande d’IndonĂ©sie qui s’emploie de diffé­ rentes façons, Ă  base de haricots de soja fermentĂ©s au goĂ»t de noisette et de champignon. Le kombucha: un thĂ© fermentĂ© consommĂ© froid, dont la couleur varie du rosĂ© au brun foncĂ©. Le pain au levain: du pain dont la pĂąte est mise Ă  fermenter avec de la levure sauvage. D’un goĂ»t intense, il se garde plus long­ temps que le pain fait avec de la levure ordinaire.


LA FERMENTATION

NUTRITION

Rolf Caviezel

Chef plusieurs fois primĂ© et pionnier de la cuisine molĂ©culaire, il enseigne la lacto-fermentation Ă  l’École-club Migros.

La marche Ă  suivre De quoi a-t-on besoin pour faire fermenter des aliments chez soi?

De peu de choses. D’un bon couteau, par exemple en cĂ©ramique, pour que les aliments ne s’oxydent pas aussitĂŽt Ă  son contact. D’un bocal avec un systĂšme de fermeture, de prĂ©fĂ©rence en verre. Je dĂ©conseille d’utiliser du plastique. Du papier sulfurisĂ© pour obstruer l’ouverture, aïŹn que les gaz puissent s’échapper sans que l’air ne pĂ©nĂštre dans le bocal. On peut aussi investir dans une cuve de fermentation. À quoi faut-il faire attention?

Surtout Ă  avoir les mains propres, Ă  bien les laver et Ă  les dĂ©sinfecter avant. Le plan de travail aussi doit ĂȘtre nickel. Ensuite, dĂ©tailler les aliments, les presser, les pĂ©trir, puis les mettre Ă  fermenter dans leur jus ou dans la saumure. Selon les aliments et la tempĂ©rature, il faut ouvrir le rĂ©cipient de temps en temps pour Ă©vacuer la pression. AprĂšs cinq Ă  sept jours, on peut goĂ»ter.

kimchi

Avec quels aliments peut-on commencer?

On peut commencer avec des carottes, car elles ont une forte teneur en sucre. Par la suite, on peut essayer avec du chou-ïŹ‚eur ou du brocoli, qui ont un peu plus de croquant. Les fraises aussi permettent d’obtenir des rĂ©sultats trĂšs intĂ©ressants. Comme les cerises, qui changent de couleur. Comment sait-on que quelque chose ne va pas?

Une forte aciditĂ© sur la langue signiïŹe clairement qu’il ne faut pas avaler. L’odeur est Ă©galement un bon indicateur. Si le cerveau dit «non», il ne faut pas insister. Et puis, il n’y a qu’à regarder: s’il y a de la moisissure, on ne mange pas! Quel produit connaĂźt le plus de succĂšs dans vos cours?

Le kwas. C’est une biĂšre d’Europe de l’Est Ă  base de pain. On peut la boire aprĂšs deux Ă  trois jours de fermentation. C’est parfait quand on souhaite un rĂ©sultat rapide. Vivai 2018

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CADDIE SOUS LA LOUPE

L‚ ANALYSE DU PSY

Ces achats ont été faits à Migros Buchthalen, à Schaffhouse.

Cherchez l‚intrus En l‚absence de fruits et lĂ©gumes frais sur le tapis de caisse, notre psychologue de la nutrition mise sur un frontalier semainier. Ce fin limier aurait-il une fois de plus mis dans le mille? Texte: Robert Sempach Photos: Nik Hunger

m

es premiĂšres pensĂ©es sont les suivantes: l’auteur de ces courses est un homme qui vit seul, se contente de plats simples et ne se soucie guĂšre de gastronomie. L’image que j’ai sous les yeux me donne l’impression de provisions faites pour un sĂ©jour de plusieurs jours dans un studio avec coin kitchenette. C’est pourquoi je mise sur un frontalier semainier, un constructeur de tunnels ou un artisan, 36 Vivai 2018

qui travaille en Suisse la semaine et ren­ tre chez lui le week­end pour retrouver sa famille ou sa compagne. Ses habitudes alimentaires semblent suivre un schĂ©ma assez rĂ©gulier. Le matin, il doit boire un cafĂ© et manger un yogourt ou une tartine avec du beurre et de la confiture. Le repas de midi est pris Ă  l’extĂ©rieur, parfois au restaurant, parfois sous forme d’un casse­croĂ»te composĂ© de pain et de saucisse, de lard

cru ou de fromage. Le soir, un repas sim­ ple fait l’affaire, comme une pizza passĂ©e au four ou des spaghetti avec de la sauce tomate. Les trois produits Ă  base de tomate m’interpellent quelque peu. Mon acheteur mystĂšre ne consomme pas de sauces toutes prĂȘtes, mais prĂ©fĂšre les prĂ©parer lui­mĂȘme. Les neuf litres d’eau minĂ©rale indi­ quent clairement qu’il veille Ă  Ă©tancher sa soif avec une boisson non calorique.


Peut-ĂȘtre emporte-t-il tous les jours une bouteille d’eau sur son lieu de travail. Ces choix alimentaires confirment mon intuition premiĂšre: mon acheteur mystĂšre est un frontalier, peut-ĂȘtre originaire d’Italie ou d’Autriche, qui travaille la semaine dans le canton des Grisons. Le bouquetin sur le lard cru me fournit un indice sans Ă©quivoque: il rĂ©side certainement dans les Grisons, au moins de façon temporaire. Par ailleurs, je suis frappĂ© par l’absence de produits frais. Il n’y a ni fruits ni lĂ©gumes. Ce constat pourrait corroborer mon hypothĂšse. En revanche, la bouteille d’huile de pĂ©pins de courge de Styrie, dont l’achat ne doit certainement rien au hasard, constitue pour moi une Ă©nigme. Que vient-elle faire dans les achats dictĂ©s par les habitudes culinaires et alimentaires d’un frontalier semainier? Il est possible qu’elle ait Ă©tĂ© achetĂ©e en raison de ses vertus thĂ©rapeutiques,

”De nombreuses vertus sont attribuĂ©es Ă  l‚huile de pĂ©pins de courge.„ Le psychologue de la nutrition Robert Sempach est responsable du projet SantĂ© pour le Pour-cent culturel Migros. Son projet Tavolata a pour but de rĂ©unir des personnes ĂągĂ©es autour d’une table. Infos sur: www.tavolata.net.

notamment en cas de troubles de la prostate, de maladies cardiovasculaires ou de problĂšmes articulaires. Ou alors l’acheteur l’aurait glissĂ©e dans son panier par nostalgie de son pays d’origine. Ou simplement parce qu’il apprĂ©cie sa saveur. particuliĂšre. Elle fait toutefois figure d’intruse dans le mode d’alimentation que j’imagine ĂȘtre celui de notre acheteur mystĂšre. De quelle maniĂšre l’utilise-t-il? Pour ses vinaigrettes? Il faudrait donc qu’il ait quelque part une source d’approvisionnement en lĂ©gumes et salades. Un jardin ou une ferme Ă  proximitĂ© de son domicile? Cette Ă©ventualitĂ© ne cadre Ă  nouveau pas vraiment avec les pizzas surgelĂ©es et les cervelas. Cela me dĂ©concerte quelque peu, mais je maintiens ma premiĂšre supposition: ces achats ont Ă©tĂ© faits par un quinquagĂ©naire, qui rĂ©side la semaine entre Coire et Landquart. Pour savoir qui a fait ces achats, tournez la page. Vivai 2018

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CADDIE SOUS LA LOUPE

La solution

C’est Jan Kysela, 77 ans, qui a fait ces achats. Aujourd’hui retraitĂ©, il a travaillĂ© comme chimiste. Il vit seul Ă  Schaffhouse.

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e ne suis certes par un rĂ©sident Ă  la semaine, mais malgrĂ© mon Ăąge, je ne suis pas sĂ©dentaire non plus. J’ai besoin de bouger, chaque jour. Il n’est pas question que je prenne du ventre en vieillissant! Tous les matins, je vais me promener. Mais avant de partir, je mange deux kiwis et un yogourt nature. Depuis 50 ans, c’est toujours le mĂȘme menu au petit-dĂ©jeuner. Et je bois un cafĂ© noir. J’adore le cafĂ©. J’en bois quatre ou six tasses dans la journĂ©e. À midi, je prĂ©pare quelque chose de simple. Quand il fait chaud, je mange du poisson deux fois par semaine. En accompagnement, il y a presque toujours de la salade. Que mes achats ne comprennent pas de produits frais est peu courant. C’est parce que j’en avais encore suffisamment Ă  la maison. J’aime beaucoup les endives par exemple, avec du paprika et des tomates. Quant Ă  l’huile de graines de courge, elle donne Ă  la sauce Ă  salade un petit goĂ»t particulier qui me plaĂźt. Je ne rĂ©siste pas non plus Ă  la cuisine italienne. Je me sers des sauces tomate pour assaisonner les spaghettis. Ou bien j’en Ă©tale sur une pĂąte Ă  pizza que j’ai faite moi-mĂȘme. AprĂšs manger, je prends mon vĂ©lo Ă  assistance Ă©lectrique et je vais aux bains ou Ă  la pĂȘche. J’emporte systĂ©matiquement une bouteille d’eau minĂ©rale avec moi. Le soir, je prĂ©pare Ă©galement quelque chose de facile. Avec le cervelas et le fromage, je fais une petite salade ou j’enroule un peu de lard cru autour d’une saucisse, et je fais griller le tout. J’utilise aussi du lard pour faire de la carbonara. Je ne mange pratiquement jamais Ă  l’extĂ©rieur. Je vais au restaurant uniquement lorsque je suis en vacances dans mon pays d’origine, la RĂ©publique tchĂšque. Si j’ai de la visite de proches ou d’amis de TchĂ©quie, je veille Ă  ce que mes invitĂ©s aient un petit-dĂ©jeuner copieux. Ce qui explique la prĂ©sence de confiture dans mon panier. Elle n’entre pas du tout dans mon rituel du petit-dĂ©jeuner, inchangĂ© depuis des annĂ©es. l Propos recueillis par Anna Meyer


Comme beaucoup d’autres glaciers et rĂ©gions arctiques, le Langgletscher, situĂ© dans le Lötschental en Valais, est fortement menacĂ© par les changements climatiques. Notre vie et les paysages qui nous entourent sont de plus en plus inïŹ‚uencĂ©s par la montĂ©e des tempĂ©ratures. Veillons Ă  transmettre Ă  nos enfants une nature intacte. Mobilisons-nous pour la prĂ©servation du climat.

W

Protégeons le monde dans lequel nos enfants naßtront


BOUGEZ!

UN DOS SAIN

Zoom sur le dos Le bassin, la colonne vertébrale et les muscles du centre du corps forment un systÚme qui maintient notre dos droit et en bonne santé. Texte: Petra Koci

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© Trunk Archive

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ous pouvons dire merci Ă  notre dos. Garant de notre stabilitĂ© et de notre mobilitĂ©, il porte Ă©gale­ ment de nombreuses charges. Et merci Ă  la nature qui a conçu pour cela un sché­ ma de construction formidable. La co­ lonne vertĂ©brale porte le poids du haut du corps et de la tĂȘte. Elle maintient la tĂȘte droite et amortit les chocs, avec le sou­ tien des muscles du dos et des abdomi­ naux qui forment une espĂšce de corset. Les muscles profonds et obliques du tronc, appelĂ©s muscles du core (de l’an­ glais «centre, noyau») jouant le rĂŽle de piliers. GrĂące Ă  cela, nous pouvons nous tenir droits, avoir une posture correcte, et la stabilitĂ© ainsi que la bonne santĂ© de notre dos sont assurĂ©es. Malheureusement notre style de vie est souvent prĂ©judiciable Ă  la bonne santĂ© de notre dos, notamment Ă  cause du man­ que d’exercice physique. Nous passons des heures assis et, durant nos loisirs, il n’est pas rare que nous ayons le dos voĂ»tĂ©, la tĂȘte penchĂ©e en avant, les yeux fixĂ©s sur un Ă©cran. MĂȘme Ă  vĂ©lo, nous sommes courbĂ©s au­dessus du guidon. ExposĂ©s au stress ou en proie Ă  des sen­ timents nĂ©gatifs, nous adoptons incons­ ciemment la posture d’un NĂ©andertalien, tĂȘte et Ă©paules pendantes. Mais incliner le corps engendre une pression au niveau des disques intervertĂ©braux. Porter une charge trop lourde ou avec la mauvaise posture provoque de surcroĂźt des contrac­ tures musculaires. Parmi les facteurs de risque pouvant entraĂźner des maux de dos figurent l’inactivitĂ©, la rĂ©pĂ©tition monotone des mĂȘmes gestes ainsi qu’une posture incorrecte ou unilatĂ©rale. La façon dont nous portons habituel­ lement des charges n’est pas idĂ©ale. Un sac Ă  bandouliĂšre toujours suspendu Ă  la mĂȘme Ă©paule favorise une surcharge d’un cĂŽtĂ©. Un sac Ă  dos trop lourd est nĂ©faste pour les Ă©paules et le dos. Les Africaines et les Asiatiques s’y prennent tout autrement. Elles posent les charges en Ă©quilibre sur la tĂȘte. Elles avancent ainsi le bas du dos droit et la tĂȘte haute. Une posture altiĂšre qui Ă©tire le dos. Vivai 2018

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Travail en profondeur Notre dos a besoin de mouvement. Alors, faisons-lui plaisir! La mĂ©thode d‚entraĂźnement Antara a Ă©tĂ© Ă©laborĂ©e sur la base des dĂ©couvertes scientifiques les plus rĂ©centes.

l Dos droit, Ă©paules rejetĂ©es vers l‚arriĂšre, mains croisĂ©es dans le dos : la cage thoracique s‚ouvre, ce qui facilite la respiration.

a mĂ©thode Antara a Ă©tĂ© mise au point par la Suissesse Karin Al­ brecht. Cette mĂ©thode d’entraß­ nement se concentre sur les muscles profonds stabilisateurs situĂ©s au milieu du corps, les fameux muscles du core. Des muscles qui protĂšgent le plancher pelvien ainsi que la rĂ©gion lombaire et soutiennent Ă©galement la respiration abdominale fonctionnelle, tout en par­ ticipant Ă  dessiner le ventre. L’objectif d’Antara est de faire se contracter les muscles individuellement, en adoptant une posture correcte et grĂące Ă  des exercices ciblĂ©s. Les muscles sont ainsi renforcĂ©s dans leur fonction et sont en mesure de travailler de concert, comme un systĂšme bien rodĂ©. Ils peuvent stabiliser et soutenir le plancher pelvien, la colonne vertĂ©brale et le torse. C’est quelque chose que l’on ressent instantanĂ©ment dĂšs que l’on se redresse,

que l’on s’étire le dos: on «grandit». En mĂȘme temps, la cage thoracique s’ouvre, facilitant la respiration. Des change­ ments s’opĂšrent Ă©galement sur le plan mental. Au lieu de courber le dos en fixant un Ă©cran, on regarde alors droit devant soi. l

Un dos plus fort La coach iMpuls Fabiana vous montre dans une vidĂ©o comment renforcer votre dos avec une bande Ă©lastique, chez vous ou Ă  la salle de ïŹtness. www.migros-impuls.ch/dos

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Pain aux noix foncĂ© au Philadelphia herbes, ïŹgues juteuses et jambon de Parme IngrĂ©dients:

1 tranche de pain de seigle aux noix 30g de Philadelphia aux herbes 0.5 ïŹgue (25g), 5 pistaches dĂ©cortiquĂ©es 1 tranche de jambon de Parme

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Su a iss ns e

Préparation:

1. Tartinez le pain avec du Philadelphia aux herbes. 2. DĂ©taillez la ïŹgue en ïŹnes lamelles. Hachez grossiĂšrement les pistaches. 3. Garnissez le pain avec le jambon de parme et les lamelles de ïŹgue et saupoudrez les petits morceaux de pistaches.

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UN DOS SAIN

”Antara embellit„ Madame Albrecht, comment fonctionne la mĂ©thode Antara?

Antara se concentre sur la posture, les muscles du core et la respiration, qui sont indissociables. L’entraĂźnement s’effectue dans une posture optimale permettant de cibler chaque muscle. C’est un entraĂźnement classique avec un bon ïŹ‚ow, des positionnements prĂ©cis. «Antara» vient du sanskrit et signiïŹe «cƓur, noyau». Nous commençons par nous intĂ©resser au core et travaillons vers l’extĂ©rieur, le mouvement, la force, la mobilitĂ©, l’endurance. En quoi Antara se distingue-t-il du Pilates, aussi axĂ© sur le centre du corps?

La respiration est diffĂ©rente. Au Pilates, on respire au niveau des cĂŽtes. Avec Antara, la contraction du muscle le plus profond doit permettre la respiration. Et il n’y a pas d’exercices oĂč on penche le corps en avant. Pas de colonne vertĂ©brale enroulĂ©e. Cela n’est pas bon pour les disques intervertĂ©braux. Nous travaillons les Ă©tirements intensifs, la rotation, les ïŹ‚exions latĂ©rales.

BOUGEZ !

SĂ©ance en trois temps Etirement actif et activation du dos

1. Mobilisation du bassin S’asseoir le dos droit sur le tiers extĂ©rieur d’une chaise, jambes Ă©cartĂ©es au-delĂ  de la largeur des hanches. Mobiliser le bassin en le faisant rouler plusieurs fois sur le coccyx d’avant en arriĂšre. Le dos doit rester bien Ă©tirĂ© tandis que le corps se penche vigoureusement vers l’avant.

2. Mobilisation des Ă©paules Ensuite, faire

quatre grands cercles vers l’arriĂšre avec les Ă©paules.

Antara peut-il aider en cas de douleur dans les Ă©paules ou la nuque?

Oui. Nous travaillons Ă  partir du bassin, puis viennent le bas du dos, le thorax, le cou. Tout est liĂ©. MĂȘme une tension musculaire dans le haut du corps a son origine dans le bassin. Si la position du bassin est correcte, celle de la colonne vertĂ©brale, du thorax et de la tĂȘte l’est Ă©galement. Est-ce adaptĂ© quand on souffre du dos?

© Photo: Trunk Archive, illustrations: Tina Berning

Absolument! Antara vise avant tout la bonne santĂ© du dos. C’est pourquoi les Ă©tirements occupent une place importante. C’est bien aussi pour les personnes ayant des problĂšmes de disques intervertĂ©braux. Et cela rend beau


Adopter une posture correcte dĂ©clenche des rĂ©actions en chaĂźne: les fesses se redressent, la cage thoracique s’ouvre, les Ă©paules se relĂąchent, la musculature du ventre est mobilisĂ©e. On a plus belle allure. SpĂ©cialiste du stretching et auteure, Karin Albrecht donne des cours sur la posture corporelle, la stabilitĂ© et la mobilitĂ©. C’est elle qui a dĂ©veloppĂ© la mĂ©thode Antara.

3. La position du roi Puis, pencher quatre fois le torse vers l’avant, en partant des hanches, mais en veillant Ă  ne pas aller trop loin pour que le bas du dos reste stable. L’important est que le bassin demeure dans une position neutre, c’est-Ă -dire qui prĂ©serve la courbure naturelle de la rĂ©gion lombaire, ou lordose. Poser Ă  prĂ©sent les mains sur le sternum et porter son attention sur la rĂ©gion lombaire. S’imaginer que l’arc qu’elle dessine grandit, sans que les vertĂšbres ne bougent. Tenir la position une vingtaine de secondes ou durant 4 Ă  5 respirations. Cette contraction effectuĂ©e sans bouger stimule et active les muscles profonds du dos. Terminer l’exercice par une mobilisation du bassin. Des cours d’Antara sont proposĂ©s sur: ecole-club.ch, ïŹtnessparks.ch, aktivïŹtness.ch

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DÉTENTE

LES PARFUMS

Des odeurs pour s‚évader L‚aromathĂ©rapie a longtemps prĂȘtĂ© Ă  sourire. Parfums et odeurs influencent toutefois bel et bien notre humeur. Texte: Petra Koci

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”Les parfums sont les sentiments des fleurs. „

© Trunk Archive, Jamie Chung / Trunk Archive

Heinrich Heine

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DÉTENTE

LES PARFUMS

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Se fier Ă  son nez Quelques arĂŽmes apprĂ©ciĂ©s et leur effet, d‚ apaisant Ă  stimulant. La lavande Le parfum de lavande est rĂ©putĂ© pour favoriser l’endormissement. Une vertu que lui confĂšre le linalol, une molĂ©cule Ă  l’effet calmant. Il est possible aussi que le fait de s’imaginer un champ de lavande en ïŹ‚eurs s’étendant Ă  l’inïŹni sous le soleil de Provence mette du baume au cƓur.

Le pin Lorsque le sauna sent comme une forĂȘt de conifĂšres, il y a fort Ă  penser que du concentrĂ© d’aiguilles de pin est utilisĂ© pour l’arrosage. Les efïŹ‚uves boisĂ©s et Ă©picĂ©s font naĂźtre des rĂ©miniscences de promenades dans la nature. Et ce sentiment de vitalitĂ© que l’on ressent aprĂšs avoir passĂ© du temps dehors. L’essence de pin rĂ©gĂ©nĂšre l’esprit et stimule en cas de fatigue. Elle puriïŹe et clariïŹe en outre l’atmosphĂšre.

Le bois de santal C’est le parfum classique des bĂątons d’encens, auquel on prĂȘte volontiers des propriĂ©tĂ©s calmantes. Le bois de santal permettrait de rĂ©duire le stress. Des bĂątons d’encens au bois de santal brĂ»lent dans les temples de nombreux pays asiatiques. Serait-ce Ă©galement pour nous une raison d’associer cette odeur Ă  la chaleur et Ă  la sĂ©rĂ©nitĂ©?

L‚orange et la mandarine Les efïŹ‚uves d’orange et de mandarine Ă©voquent NoĂ«l Ă  certaines personnes, et rappellent les vacances au bord de la MĂ©diterranĂ©e Ă  d’autres. Quoi qu’il en soit, ils dispensent de la bonne humeur, de la chaleur et renforcent l’équilibre intĂ©rieur. En cas de stress et de manque de motivation, il est recommandĂ© de respirer des parfums d’orange pour leur fraĂźcheur et leur effet stimulant. Ils font l’effet d’un vent du sud chargĂ© de fragrances.

La vanille Son parfum doux nous fait penser au pudding ou Ă  des bougies parfumĂ©es. L’odeur de vanille impacte positivement l’humeur et apaise. Il semblerait Ă©galement qu’elle diminue l’envie de sucrĂ©. C’est ce qu’a montrĂ© une Ă©tude lors de laquelle des participants ont Ă©tĂ© invitĂ©s Ă  respirer de la vanille avant de manger du chocolat. Ils se sont rĂ©vĂ©lĂ©s deux fois moins gourmands. Les chercheurs supposent qu’il y a un lien entre l’arĂŽme de vanille et la production de sĂ©rotonine, dite hormone du bonheur.

Des cours d’aromathĂ©rapie sont proposĂ©s Ă  l’École-club Migros. ecole-club.ch

© Sylvere Azoulai / Trunk Archive, Jamie Chung / Trunk Archive, iStock

e dĂ©licat parfum des roses invite le promeneur Ă  flĂąner, perdu dans ses rĂȘveries. Quant Ă  l’arĂŽme de citron, il booste l’humeur, et les effluves de cuir sont souvent empreints de nostalgie. Les odeurs ont le pouvoir d’influencer notre Ă©tat d’esprit, de raviver de lointains souvenirs et d’amĂ©liorer notre bienĂȘtre psychique et physique. La plupart des rĂ©cepteurs olfactifs se trouvent dans le nez, mais il y en a dans diffĂ©rentes cellules du corps. EntraĂźnĂ©es par la respiration, les molĂ©cules de parfum arrivent dans les poumons, d’oĂč le sang les transporte jusqu’au cerveau, qui libĂšre des hormones en une fraction de seconde. Bien que ce phĂ©nomĂšne se produise inconsciemment, les parfums influencent bel et bien nos sentiments. Ils sont d’abord transformĂ©s dans le systĂšme limbique, siĂšge des Ă©motions. Ce n’est que parvenues au cortex cĂ©rĂ©bral que les sensations se transforment en perceptions conscientes. Et parce que le cerveau enregistre souvent durablement des odeurs avec les images et situations auxquelles elles sont liĂ©es, un parfum est capable de faire revivre une ambiance vĂ©cue, mĂȘme aprĂšs des dizaines d’annĂ©es. Dans l’Égypte ancienne et en Inde, des huiles entraient dans la composition de baumes. Les Grecs pensaient pouvoir communiquer avec les dieux par le biais de la fumĂ©e dĂ©gagĂ©e par des substances odorantes, et les indigĂšnes d’AmĂ©rique utilisaient de la sauge blanche lors des cĂ©rĂ©monies de purification. Mais ce n’est que dans les annĂ©es 1920-1930 que le chimiste français RenĂ©-Maurice GattefossĂ© a mis au point une thĂ©rapie basĂ©e sur les odeurs des plantes. Il est ainsi considĂ©rĂ© comme le fondateur de l’aromathĂ©rapie moderne. Aujourd’hui, des procĂ©dĂ©s neurologiques permettent de constater et de mesurer les modifications de l’activitĂ© cĂ©rĂ©brale induites par les parfums. Pourquoi ne pas en faire soimĂȘme l’expĂ©rience? Les odeurs peuvent s’avĂ©rer efficaces en cas de stress ou pour Ă©gayer l’humeur, particuliĂšrement lorsque les jours raccourcissent. l


”Un jour sans parfum est un jour perdu.„ Aphorisme Ă©gyptien

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ESCAPADES

BAINS THERMAUX

Des bains divins Flotter dans une eau saline agréablement chauffée procure un exquis sentiment de détente. Voici notre palmarÚs des cinq meilleurs bains thermaux de Suisse. Texte: Matthias MÀchler Illustrations: Hannah Rollings

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d

ans un bain d’eau saline, pas besoin de s’agiter dans tous les sens, il suffit de se laisser flotter. Et ça, c’est dĂ©jĂ  un bonheur. Quelques petits mouvements de bras par-ci, par-lĂ . Inspirer, expirer. Un sentiment de lĂ©gĂšretĂ©, comparable Ă  celui dĂ©crit par les personnes qui se sont baignĂ©es dans la mer Morte, envahit l’ĂȘtre entier. Il faut avouer qu’il est bien commode de pouvoir recharger ses batteries d’énergie primitive sans rien faire. Le corps entier devrait crier sa gratitude. En effet, le sel dĂ©barrasse la peau de ses impuretĂ©s (soigne mĂȘme, dit-on, l’eczĂ©ma, que l’on prĂ©fĂšre cacher dans les bains publics), il favorise l’irrigation sanguine, soulage les articulations, dĂ©contracte les muscles, renforce le systĂšme nerveux vĂ©gĂ©tatif par osmose et a Ă©galement un impact positif sur le cƓur. Pendant longtemps toutefois, seuls les bains d’eau sulfurĂ©e rĂ©ussissaient Ă  offrir un cadre encore moins attractif que les Ă©tablissements d’eau saline. Comme s’ils avaient Ă©tĂ© inventĂ©s uniquement Ă  des fins thĂ©rapeutiques et surtout pas comme des lieux de dĂ©tente ou de plaisir. En tout cas, il en a fallu du temps avant que les stations thermales d’eau saline ne se muent en magnifiques palais des bains. Aujourd’hui, en Suisse, la plupart des bains d’eau saline sĂ©duisent aussi par leur esthĂ©tique. (MĂȘme les installations privĂ©es des hĂŽtels dont on peut profiter en s’acquittant d’une entrĂ©e pour la journĂ©e.) Cinq Ă©tablissements originaux figurent dans notre bucket list.

Le nec plus ultra sole uno, Ă  Rheinfelden

Une Ă©tendue d’eau Ă  ciel ouvert de 250 mĂštres carrĂ©s, sur laquelle flotte une lĂ©gĂšre couche de vapeur. On frĂŽle la perfection, particuliĂšrement l’hiver ou par temps de pluie. Les sels originaux de Rheinfelden sont en outre considĂ©rĂ©s parmi les plus efficaces au monde. L’eau saline est extraite Ă  une profondeur de 200 mĂštres et mĂ©langĂ©e Ă  l’eau de Rheinfelden, naturellement trĂšs riche en calcium et en magnĂ©sium. ChauffĂ©e Ă  une tempĂ©rature comprise entre 33 et 36 degrĂ©s, elle procure un bien-ĂȘtre immense, comparable Ă  celui ressenti par l’embryon dans le ventre de sa mĂšre. Le bassin extĂ©rieur de sole uno est Ă©quipĂ© de lits Ă  bulles, de douches pour la nuque, de buses de massage, d’une cascade, ainsi que d’un canal circulaire pour se laisser porter par le courant avec allĂ©gresse. Mais c’est son atmosphĂšre qui distingue le bassin extĂ©rieur. Et il en est de mĂȘme pour le bassin intĂ©rieur, surtout Ă  la tombĂ©e de la nuit, avec ses Ă©lĂ©ments colorĂ©s qui crĂ©ent des effets de lumiĂšre Ă  la surface de l’eau. Le nec plus ultra attend cependant dans une salle attenante, Ă  l’architectonique Ă©tonnante: le bassin d’eau saline intensive. La concentration Ă©levĂ©e de sel, l’éclairage qui apporte une dimension mystĂ©rieuse et les mĂ©lodies diffusĂ©es sous l’eau font basculer dans un Ă©tat proche de l’apesanteur et s’envoler les pensĂ©es. Dans les espaces nouvellement amĂ©nagĂ©s se trouve notamment ce que l’on appelle un bĂątiment de graduation. Une installation qui agit comme un brumisateur d’eau saline, purifie les voies respiratoires et stimule leur rĂ©gĂ©nĂ©ration, mĂȘme en cas d’affections comme la bronchite. soleuno.ch Vivai 2018

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ESCAPADES

BAINS THERMAUX

En route pour le 7e ciel Termali Salini & Spa, Ă  Locarno

La fontaine de jouvence

La tendance du ”floating„

HĂŽtel Eden Spiez

HĂŽtel Backstage, Ă  Zermatt

Au Lido de Locarno, les Termali Salini apparaissent comme une Ɠuvre d’art de pierre et de bois. L’un des bassins semble conduire directement du ventre de ce temple des bains jusqu’au lac. Le panorama est saisissant. Et Ă  chaque Ă©tage, car les Termali Salini forment un parcours composĂ© de jets de massage, de plusieurs bassins, de buses et d’ambiances odorantes qui mĂšne jusqu’au toit, oĂč l’on se dilue dans le paysage sur des socles de pierre chauffĂ©s. D’une surface de 400 mĂštres carrĂ©s, les Termali Salini sont les plus vastes bains d’eau saline du Tessin. Le nouveau Lido de Locarno fait par ailleurs la part belle au sport et au divertissement. Ce complexe de verre au bord du lac Majeur est entourĂ© de piscines et comprend un espace pour enfants proposant diffĂ©rentes attractions, dont un toboggan avec looping unique en Suisse. Cela vaut la peine de consulter le programme. Une fois par mois, par exemple, les Termali Salini & Spa restent ouverts presque jusqu’à minuit.

Une fontaine de jouvence? Ça existe donc! Mais rĂ©flĂ©chissez avant de vider votre compte en banque et de rĂ©server une chambre Ă  l’hĂŽtel Eden pour une demi-annĂ©e. En effet, il vous faudrait Ă©galement financer le temps supplĂ©mentaire ainsi gagnĂ©. Mieux vaut donc se limiter Ă  un sĂ©jour de quelques jours. Techniquement parlant, l’eau enrichie de sel suisse est structurĂ©e. C’est-Ă -dire qu’elle est soumise Ă  des vibrations, brassĂ©e comme elle l’est dans la nature, ce qui modifie sa structure molĂ©culaire et augmente sa teneur en oxygĂšne. Ce procĂ©dĂ© rendrait l’eau plus douce, soyeuse. L’hĂŽtel promet, entre autres, que ses nouveaux bassins d’eau saline, uniques en Suisse, agissent comme une source de jouvence et rĂ©gule les Ă©nergies, soit que les rayonnements Ă©mis par les rĂ©seaux wi-fi et l’électrosmog sont neutralisĂ©s. En tout cas, l’endroit est vĂ©ritablement spĂ©cial. Le spa de l’hĂŽtel Eden Spiez est assurĂ©ment un lieu Ă  part, oĂč la beautĂ© du cadre accentue le sentiment de bien-ĂȘtre.

termali-salini.ch

eden-spiez.ch

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Il y a aussi cette tendance originaire d’outre-Atlantique qui consiste Ă  amĂ©nager, dans les quartiers industriels et au cƓur des villes, des lieux avec des petites piĂšces faiblement Ă©clairĂ©es et pourvues d’un caisson d’eau saline: le floating. Flotter dans un caisson, en solo ou Ă  deux, fait perdre tout sens de l’espace et du temps. On y fait le plein de nouvelles Ă©nergies tout en se relaxant dans l’eau saline. Le caisson de floating le plus intĂ©ressant de Suisse est probablement celui de l’hĂŽtel Backstage, Ă  Zermatt. Heinz Julen y a rĂ©inventĂ© la GenĂšse, en sept stations offrant autant d’expĂ©riences sensuelles et poĂ©tiques. La cinquiĂšme Ă©voque la crĂ©ation de la faune. En immersion dans l’eau saline, on entend des sons Ă©mis par des baleines et des dauphins. Et dĂšs que l’on sort la tĂȘte de l’eau, ce sont des chants d’oiseaux qui parviennent Ă  nos oreilles. Le caisson se vide automatiquement aprĂšs 20 minutes. Cette expĂ©rience est avant tout une thĂ©rapie pour l’esprit. backstagehotel.ch


La découverte HÎtel Baron Tavernier, à Chexbres

Le pouvoir du sel

Quand on cherche le bien-ĂȘtre Ă©galement par la contemplation de beaux paysages, on pense automatiquement Ă  Lavaux. Les Ă©tendues de vignobles en terrasses s’étirant entre Lausanne et Vevey, en surplomb du LĂ©man, ont Ă©tĂ© classĂ©es au patrimoine mondial naturel de l’Unesco. Il est probable que toute personne qui traverse la rĂ©gion en train pense la mĂȘme chose: un jour, j’aimerais pouvoir m’arrĂȘter ici, dans ces splendides vignobles, et y rĂȘver Ă  loisir. L’hĂŽtel Baron Tavernier est un lieu de villĂ©giature idĂ©al pour rĂ©aliser ce souhait. C’est un petit Ă©tablissement plein de charme situĂ© Ă  Chexbres, au cƓur des vignobles, qui perpĂ©tue l’histoire de Jean-Baptiste Tavernier. Cet explorateur du XVIIe y posa ses malles pour reprendre des forces et y laissa quelques objets rapportĂ©s de ses pĂ©riples en terre lointaine. L’infatigable voyageur aurait certainement aimĂ© se baigner dans de l’eau saline – une occupation tant apprĂ©ciĂ©e des hĂŽtes d’aujourd’hui – mais, Ă  l’époque, l’hĂŽtel n’était bien sĂ»r pas Ă©quipĂ© pour. Au Baron Tavernier, il ne faut pas s’attendre Ă  vivre des aventures exaltantes. Le spectacle est assurĂ© par le cadre naturel. Flotter dans une eau saline Ă  31 °C, s’asseoir dans le jacuzzi, ou se rafraĂźchir sous la petite cascade dans le jardin en admirant le panorama a un effet rĂ©gĂ©nĂ©rant. De quoi rĂ©veiller l’explorateur plein d’entrain qui sommeille en nous. barontavernier.ch

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ESCAPADES

BAINS THERMAUX

Centre thermal Alpentherme & Spa, LoĂšches-les-Bains

La Suisse est un pays splendide, auquel il ne manque que la mer. Enfin, c’est une opinion personnelle. Par chance, de merveilleuses institutions nous apportent ses bienfaits, concentrĂ©s et sublimĂ©s, rĂ©ussissant du mĂȘme coup Ă  nous transporter dans un univers d’embruns iodĂ©s. Le mot magique est PUBLICITÉ

«thalasso», un ensemble de soins englobant toutes les thĂ©rapies qui utilisent les substances actives de la mer. Cela va des enveloppements d’algues et massages aquatiques jusqu’aux bains de boue marine, en passant par les thĂ©rapies par le mouvement dans de l’eau saline chauffĂ©e. Les algues sont les stars de la thalasso. Non seulement parce que leur teneur en minĂ©raux et en vitamines excĂšde celle des autres produits naturels, mais aussi parce qu’elles stimulent tout l’organisme. Et oĂč peut-

on profiter de leurs vertus? Au centre thermal Walliser Alpentherme de LoĂšches-les-Bains par exemple, oĂč des plaisirs variĂ©s sont proposĂ©s dans un cadre attrayant. Et puis, Ă  cette Ă©poque de l’annĂ©e, qu’y a-t-il de plus jouissif que de contempler, d’en haut, la mer de nuages qui envahit la vallĂ©e? Surtout quand on imagine ceux qui triment en dessous, tandis que l’on se fait caresser par les vagues. Du moins en pensĂ©e
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„Je suis trùs sociable. C’est pourquoi j’aime cette rue, qui est un lieu de rencontres."

Joshua Amissah, 22 ans, a la ïŹbre artistique. Il Ă©tudie le design Ă  la Haute Ă©cole d’art de Zurich et travaille actuel­ lement en tant que co­ commissaire de l’expo­ sition photo19 ZĂŒrich. Il habite dans la vieille ville de Winterthour.

Steinberggasse, Winterthour

© Anne Gabriel-JĂŒrgens

l

’un de mes endroits prĂ©fĂ©rĂ©s est la Steinberggasse, Ă  Winterthour. Il faut dire que je suis vraiment trĂšs sociable et que cette rue paisible de la vieille ville est un lieu de rencontres. Les conversations s’y engagent spontané­ ment. Tandis que dans la rue parallĂšle, les gens chargĂ©s de sacs courent d’un magasin Ă  un autre, dans la Steinberg­ gasse, ils flĂąnent entre les rangĂ©es de maisons colorĂ©es. Ici, on se salue et on se regarde dans les yeux quand on se croise. PrĂ©servĂ©e de la folie de la consomma­ tion, la Steinberggasse est bordĂ©e de

petits commerces oĂč on connaĂźt encore personnellement les clients. J’y passe plusieurs fois par jour, pour me rendre Ă  l’un des marchĂ©s, pour aller au bar Albani ou pour rencontrer des amis. Et bien sĂ»r, je ne manque jamais le festival de musique annuel, les Musik­ festwochen, oĂč se produisent des artistes locaux et internationaux. La Steinberggasse est aussi un lieu de contrastes. Au milieu se trouvent trois fontaines rĂ©alisĂ©es par l’architecte mini­ maliste amĂ©ricain Donald Judd. Leur design moderne tranche avec les façades

des maisons anciennes. Quand il fait chaud, les gens s’assoient dans les fon­ taines pour se rafraĂźchir et bavarder. Cela n’a rien d’exceptionnel ici. Et il m’est souvent arrivĂ© de me retrouver dans une fontaine avec des enfants, des Ă©tudiants ou des retraitĂ©s. Des situations qui donnent lieu Ă  des conversations sympas avec des personnes que je ne connaissais pas auparavant. Ces rencontres inter­ gĂ©nĂ©rationnelles sont des moments pré­ cieux. Je n’ai jamais rien vĂ©cu de tel dans d’autres grandes villes l Propos recueillis par Regula Burkhardt. Vivai 2018

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