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Jacques Séguéla LA MARQUE DU GÉNIE

Publicitaire de génie avec l'invention de slogans devenus mythiques, Jacques Séguéla marque le passage à ses 90 ans en publiant un nouveau livre, « 90 ans d'amour ».

Texte et illustration David Bail livres plus tard, le plus célèbre des publicitaires sort son nouvel ouvrage. Savoureux, tendre, pétillant, c’est le Séguéla intime qui se dévoile, dans cette version revue et augmentée de ses Mémoires. L'auteur explique : « Ce livre est le livre d’une vie où se mêlent des campagnes légendaires et les pires dérapages, les dîners les plus électriques, les rencontres les plus éclectiques. On y croise, pêle-mêle, Dalí et le poids de ses mots, Prévert et le choc de ses images, Gainsbourg et la magie de ses sons, Romy Schneider et sa beauté sur pellicule, Claudia Schiffer et sa témérité, Tapie et son tempérament, Coluche et sa bonté... Comme tant d’autres qui m’ont montré le chemin. Ce livre est drôle et tendre, véritable tourbillon de coups de cœur et de leçons de vie qui font rimer humour et amour. De chacun, je raconte les heurts ou les bonheurs vécus.

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De tous, j’ai appris le meilleur. Ce livre est un livre passion. Passion de l’aventure, de l’Autre, de la pub, de l’échange, de la politique. De la victoire de Mitterrand à l’échec de Jospin, des premiers pas du candidat Macron à l’arme fatale de Sarkozy, de l’humour du Dalaï-Lama à l’inhumanité de Poutine. »

Invité par le cabinet de conseil en stratégie BSPK et son fondateur Henri Prevost, nous nous sommes entretenus avec le publicitaire dans ses bureaux chez Havas à Paris.

: Qu’auriez-vous aimé embrasser comme carrière si la publicité ne vous avait pas choisi ?

Jacques Séguéla : Le métier de mon fils Tristan : il est producteur, auteur, cinéaste. Ce qui nous différencie, c’est le petit talent de la pub qui fait des spots de 2 min, face au grand talent du ciné et des séries qui sont des heures de créativité.

: Quelles sont vos plus grandes satisfactions en matière de campagne publicitaire, vos meilleurs slogans ?

J. S. : L’homme qui a fait ma carrière s’appelle François Mitterrand. Sans “La Force Tranquille” je ne serais pas là aujourd’hui.

: Vous avez dit : « À cinquante ans, si on n'a pas une Rolex, on a raté sa vie ! ». Que pensez-vous du succès que connaissent actuellement les marques de luxe ?

J. S. : Le luxe est l’avenir du commerce et de la communication. Le monde est à la fois un monde de pauvreté mais, assez cyniquement, plus il y a de déshérités, plus il y a de milliardaires sur cette terre.

Ce ne devrait pas changer dans les années qui viennent. Tant qu’il y aura des hommes, ils auront besoin de rêver, le rêve est l’arme fatale du luxe. La vieillesse commence lorsque les regrets l’emportent sur les rêves. Il faut cultiver nos rêves.

Quant au Metaverse qui nous propose une cartoon way of life, il lui faudra beaucoup s’humaniser s‘il veut régner un jour.

: Vos études de pharmacie vous ont finalement dirigé vers la publicité. Quelles sont selon vous les qualités que doit posséder un entrepreneur qui n’a pas fait de grandes écoles aujourd’hui ?

J. S. : 1- Le courage de la différence. Cocteau a demandé un jour à Diaghilev quelle était la définition de son métier, il a répondu : « Étonne-moi ».

2- L’optimisme à tout crin. Les optimistes ont inventé l’avion, les pessimistes le parachute. Restez dans l’avion !

3- Camus écrivait : « On ne change pas le monde, on le répare ». Ce devrait être la priorité de tout terrien, s’il ne veut pas perdre un jour sa terre natale.

: Quelle motivation vous a poussé à accepter l’invitation d’Henri Prevost à intervenir aux « Rencontres Stratégiques du Manager » ?

J. S. : Le besoin d’évangéliser : la meilleure façon de marcher c’est d’aimer !

: Dans votre ouvrage « Le diable s’habille en GAFA », vous vous posez la question « Qu’on fait de nous les GAFA en une décennie ?». Quel est votre constat ?

J. S. : Comme le prédisait le diable dans ce livre, les 4 garçons, propriétaires des GAFA, étaient condamnés soit, à dominer le monde, soit à se ruiner, mais se ruiner, même si c’est en douceur. Le monde a décidé pour eux.

: Le monde virtuel occupe de plus en plus de place dans nos vies, que pensez-vous de cette vie et de ces visibilités non-tangibles ?

J. S. : Le Metaverse a du plomb dans l’aile, je l’ai dit dès ses premiers pas. On ne décide pas de l’avenir du monde, c’est lui qui en décide. Les GAFA ont perdu, en moins d’un mois, près de 50% de leur valeur. Preuve que cette valeur était en partie fictive.

Jacques Séguéla sera le président d’honneur de l’édition 2023 aux Rencontres Stratégiques du Manager de BSPK le 23 mars 2023 à Luxembourg

LA CHRONIQUE DE HIGHWAVE CAPITAL