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RULES N°1 : NO RULES

La Coupe du Monde 2022 aura été au cœur de tous les scandales. La notion de sport business a rarement été autant sous le feu des projecteurs. Mais saviez-vous que ce sont les frères Dassler, les créateurs d'Adidas et Puma, qui en ont posé les fondements ?

Le foot est le sport le plus suivi dans le monde. Quatre milliards de fans selon certaines statistiques, un chiffre qui donne le tournis lorsque l’on sait que cela fait près d’une personne sur deux sur cette planète. Pas surprenant au final qu’il fasse tourner la tête de beaucoup de monde, au point de laisser les scrupules au fond du tiroir, ou plutôt au fond des valises tant les pots-de-vin semblent être monnaie courante. Mais comment le sport, dont les valeurs véhiculées sont en particulier l’équité, le respect et la discipline, en est venu à tant de coups bas ? Il semblerait que ce soit l’histoire ahurissante et rocambolesque d’une famille, plus précisément de deux frères, où gros sous, rivalité et business ont pris totalement le dessus. Vous connaissez par la force des choses les deux colosses du sportswear, Adidas et Puma. Ce que vous avez peut-être moins, c’est que ce sont deux frères qui sont à l'origine de ces deux marques.

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Un début à l’histoire

Créé dans les années 20, un modeste atelier à Herzogenaurach en Bavière fabriquait au départ chaussures et pantoufles, principalement vendues dans toute l’Allemagne. Derrière tout cela, il y a Adolf, dit “Ad”’, qui a rapidement voulu concevoir des chaussures de sport tant il est amateur de course à pied. La défaite de l’Allemagne de 1918 a hissé le sport au rang d’outil prioritaire pour remonter le moral et le physique de la nation. Le marché est donc colossal. Adi voit sa petite entreprise grandir de façon significative et propose à son frère aîné Rudolf, dit ‘Rudi’, au caractère bien trempé, de venir rejoindre l'équipe. Les rôles sont bien répartis : alors qu’Adi s’occupe de la conception et la fabrication, Rudi se charge des ventes.

C’est désormais sous le nom de société Dassler Frères qu’ils opèrent, une alliance qui va rapidement porter ses fruits. La verve affûtée, Rudi parvient à fournir l'équipe nationale de football qui part disputer les Jeux Olympiques d'Amsterdam de 1928. C’est un premier coup payant pour l’entreprise familiale. Huit ans plus tard, à l'occasion des Jeux Olympiques de Berlin, Adi parviendra à convaincre le célèbre sprinter américain Jesse Owens de passer les épreuves avec ses nouveaux modèles de crampons : l’athlète remporte quatre médailles d’or. Il s’agit là de l’un des placements produit le plus judicieux de l’histoire du footwear. Avec le foot, qui connaît un essor fulgurant, Dassler Frères équipe une majorité de clubs du pays en chaussures de sport. Tout va dans le meilleur des mondes jusqu’à ce que la Seconde Guerre mondiale éclate. Adi est autorisé à rester aux commandes de la société pour fournir les soldats en bottes, tandis que Rudi est mobilisé. Avec des tempérament foncièrement différents, des idéologies opposées (Rudi était pro-nazi, à l’inverse d’Adi), des épouses qui ne se supportent pas, des rumeurs d’infidélité et une jalousie dévorante de l’aîné, il n’en fallait pas plus pour consommer la rupture. Elle ne sera pas froide et ferme. Elle sera acharnée et pernicieuse. Le conflit se poursuit sans relâche dans les affaires, tant est si bien que chacun finit par créer sa propre société, toujours à Herzogenaurach en Allemagne, à quelques centaines de mètres l’un de l’autre : des usines rivales implantées sur les rives opposées de la rivière de la ville. Rudolf lance Ruda en 1948, qu'il changera plus tard en Puma, plus dynamique et prononçable dans toutes les langues. Adolf, lui, nomme son entreprise Adidas en 1949, une contraction de son surnom, Adi, avec la première syllabe de son nom, Dassler. Adidas vs Puma, la guerre est déclarée.