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événement

vendredi 7 mars 2014 www.metronews.fr

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FRANCE Bernadette Chirac veut rempiler.

Elle brigue le siĂšge de conseillĂšre municipale Ă  Sarran, en CorrĂšze, qu’elle occupe depuis 1971. Une candidature qui intervient alors que l’ancienne premiĂšre dame se bat pour Ă©viter la disparition de son canton.

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En plein meeting, JeanPierre Raffarin demande Ă  Nadine Morano d’arrĂȘter de tweeter.

metronews.fr/ video

Au dßner du Crif, le député Hervé Mariton reste bloqué au portique de sécurité.

Politique. Christiane Taubira est la femme politique la plus influente sur Internet selon le palmarĂšs 2014 e-RĂ©putation publiĂ© jeudi par metronews. La ministre de la Justice, qui vient de rĂ©pondre dans un livre aux attaques racistes qu’elle a subies depuis le vote de la loi sur le mariage homosexuel, revient sur son rapport aux rĂ©seaux sociaux.

Vous ĂȘtes premiĂšre de notre palmarĂšs politique e-RĂ©putation. Saviez-vous que vous aviez autant de «pouvoir virtuel» ? Non ! J’aime le pouvoir rĂ©el et concret, mais le pouvoir virtuel en plus, ouah ! [rires] Plus sĂ©rieusement, je suis trĂšs sensible Ă  la relation rĂ©elle avec les gens : se voir, se toucher, se parler, prendre du temps. J’aime beaucoup le livre papier plus que les tablettes. Mais, en mĂȘme temps, j’ai compris depuis plusieurs annĂ©es qu’il y a lĂ  un espace oĂč une forme de sociabilitĂ© se dĂ©veloppe. Il n’y a aucune raison de s’en tenir Ă  l’écart : la politique, c’est s’occuper des gens, comprendre leurs attentes. Quel usage faites-vous des rĂ©seaux sociaux au quotidien ? Pour moi, c’est une façon de parler aux gens, de les entendre aussi. Je ne les utilise pas au quotidien dans le sens oĂč ce n’est pas une addiction chez moi. Ce qui m’importe, c’est de saisir les lignes de force, mais pas l’effervescence. Toutes ces choses dĂ©risoires, mineures, qui font du tapage, je m’en tiens Ă  l’écart. Pour vous, c’est un moyen de partager vos rĂ©flexions et de faire progresser vos idĂ©es ? Oui, surtout les choses qu’on aime et qui nous prĂ©occupent. Quand j’apprĂ©cie un spectacle, je le partage trĂšs volontiers. Dire Ă  des personnes : « LĂ  vous pouvez aller recueillir de l’émotion et de la joie»,

Christiane taubira, ministre de la Justice.

« DerriÚre des pseudos, ils donnent libre cours à la haine. »

c’est important. Je sais que ces coups de cƓur, c’est un vrai partage. Cela peut ĂȘtre Ă©tonnant de voir une ministre partager ses coups de cƓur sur Twitter... Non, je crois que c’est le non-partage qui est Ă©tonnant. La raison d’ĂȘtre de la politique, c’est de faire pour les gens. Mais si c’est juste faire des choses techniques, sĂ©rieuses, sans doute trĂšs utiles mais pas forcĂ©ment comprĂ©hensibles et qui restent froides, on se prive de l’essentiel. Ce qui est naturel dans l’action politique, c’est de se prĂ©occuper de ce qui peut ĂȘtre source de joie, de sĂ©rĂ©nitĂ©, de paix, et de le partager, parce que la vie nous fournit le lot de tracas dont nous n’avons pas besoin. Internet permet aussi de dĂ©livrer une parole «hors cadre» : dĂ©but janvier, vous aviez choisi de publier une tribune dans le Huffington Post pour rĂ©agir Ă  l’affaire DieudonnĂ©... Oui, je trouve qu’il y a plus de libertĂ© sur Internet. Le communiquĂ©

entretien

Christiane taubira. AFP

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najat Vallaud-belkacem. AFP

Aux Etats-Unis, un enfant a été renvoyé de son école pour avoir mimé un pistolet.

«Avec Internet, on touche plus de monde» PIERRE ANDRIEU / AFP

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ZAP

trĂšs formel, solennel, a sa fonction. Mais avec Internet, on touche beaucoup plus de monde. C’est un support d’une autre nature pour moi, qui peut vĂ©hiculer autre chose que ce qu’on peut mettre dans une interview dans un journal ou Ă  la radio. Je voulais par exemple partager autrement le dĂ©chirement que j’ai Ă©prouvĂ© Ă  la mort de Mandela. Et faire part autrement de la rage et de la fureur qui m’habitent face Ă  DieudonnĂ©. Dans votre livre Paroles de libertĂ©, vous revenez sur les insultes racistes que vous avez affrontĂ©es sur les rĂ©seaux sociaux. Est- ce aussi et surtout la bassesse qui domine sur les rĂ©seaux sociaux ? Je ne dirais pas que cela domine, mais oui, malheureusement, il y a le meilleur et le pire sur Internet. Des gens se dissimulent derriĂšre des pseudonymes et donnent libre cours Ă  la haine, au rejet de l’autre, Ă  la dĂ©testation. Dans mon cas il y a eu aussi des injures dans l’espace public, y compris de la part d’élus qui signaient de leur nom. C’est un jeu profondĂ©ment malsain parce que eux savent rester Ă  la limite de ce qui tombe sous le coup de la loi. On sait que cela commence par les mots et que cela se termine par les actes, mĂȘme si ceux qui les prononcent et ceux qui les font ne sont pas les mĂȘmes. §ProPos recueIllIs PAr Gilles Daniel

Ă©Crire Sur l’imPenSable Le livre est dĂ©diĂ© aux «Madiba (le surnom de Mandela) du XXIe siĂšcle». Avec Paroles de libertĂ©, Christiane Taubira rĂ©pond d’une voix puissante au dĂ©ferlement d’attaques racistes qu’elle a essuyĂ© l’an dernier. Dans un texte court, rĂ©digĂ© en quelques nuits, la ministre Ă©crit sur «l’impensable», ce racisme dont elle a tant fait l’expĂ©rience, depuis sa jeunesse Ă  Cayenne jusqu’à l’insulte d’une «pauvre petite fille» de la Manif pour tous - «C’est pour qui la banane ? C’est pour la Guenon !» «Le temps n’est pas Ă  l’ordinaire », souligne la garde des Sceaux, qui dĂ©fend avec force les valeurs de la RĂ©publique. Paroles de libertĂ©, Christiane Taubira, Ă©ditions Flammarion, 138 p., 12 €.


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