O'SPORT CITOYEN N°3 SPECIAL TOUR 1914/1918

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TOUR

Christian Lax, @Futuropolis, 2013

Le

O’ SPORT CITOYEN n°3

Au Pied Des Tours


MEDIA-PITCHOUNES Equipe «Maillot à Pois» - TOULOUSE L’association Média-Pitchounes est située dans la Zone Urbaine Sensible (ZUS) qui regroupe les quartiers toulousains de Bagatelle, Faourette, Papus, Tabar et Bordelongue. Elle accueille régulièrement et en majorité des jeunes issus du Grand Mirail à Toulouse. Les projets menés auprès de ce public d’enfants et d’adolescents dits «fragilisés» ont comme fil conducteur l’éducation à la citoyenneté à travers le sport et le journalisme sportif. Ils permettent d’établir des liens avec des publics très différents et diversifiés. En 2013, l’association a lancé une pétition auprès des habitants pour un départ du Tour de France depuis le quartier de la Faourette. C’est avec 1200 signatures que l’association a été reçue par le Maire de Toulouse qui a soutenu le projet en portant candidature auprès d’Amaury Sport Organisation pour un départ du Tour de France à Toulouse. Contact: E-mail : association@media-pitchounes.fr Site internet : www.media-pitchounes.fr

AccOord Equipe «Maillot Vert» - NANTES «L’accoord» est une association ayant pour but la réalisation d’activités éducatives, sociales et culturelles de la ville de Nantes. Elle propose un éventail très large d’activités au sein de 20 quartiers de la ville et dans des structures de loisirs situées en périphérie. Les animations, développées selon un projet qui distingue 3 grandes orientations (l’animation sociale, le développement culturel et les loisirs socio-éducatifs) concernent les enfants, les jeunes et les adultes. Le programme de ces activités est établi en tenant compte des besoins sociaux, éducatifs et culturels de la population. Elle dispose pour son action de 20 maisons de quartier ou centres socio-culturels et de 18 espaces Jeunesse répartis sur la ville. Les secteurs Jeunesse de la Bottière et de la Pilotière sont situés à l’est de la Ville au sein du territoire Jeunesse Est-Erdre. Ces espaces s’inscrivent dans le projet de l’association sur le plan socio-éducatif et culturel afin de favoriser, entre autres, la participation des jeunes à la vie de leur quartier et ainsi les amener sur le terrain de la citoyenneté.

Contact: E-mail : anim.bottiere@accoord.fr Site Internet : www.accoord.fr

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Media-Pitchounes - 2014


2KZ Equipe «Maillot Blanc» - DECAZEVILLE L’association est située à Decazeville, dans l’Aveyron. Le public fréquentant l’association est âgé de 14 à 20 ans. Il est très diversifié et rassemble des internes et étudiants du lycée, des collégiens de Decazeville, des jeunes d’origines diverses des cités de Baldy, de Combettes et du Sailhenc. Identifiée comme une maison des jeunes, elle propose diverses activités : - Permanence d’accueil jeunes - Séjours culturels et sportifs Contact: - Activités de proximité Télléphone : 05.65.43.02.95 - Projets de jeunes E-mail : 2kz12@wanadoo.fr - Projets professionnels et covoiturage Site internet : www.2kz.eu - Accompagnement scolaire

ACCENT Jeunes Equipe «Maillot Jaune» - AURILLAC C’est une association d’aide aux jeunes dont l’objet est de «développer une intervention éducative et sociale à des fins de protection de l’enfance et de la jeunesse, et de prévention par l’éducation. Elle peut favoriser toute initiative et contribuer à la mise en oeuvre d’actions en matière de citoyenneté, de prévention, d’insertion, de formation et de médiation favorisant l’évolution de la Jeunesse, des Familles et des populations.» Pour l’association, chaque enfant et chaque jeune en devenir est porteur de capacités et de richesses qui doivent pouvoir s’exprimer et se développer : cela implique que l’adulte soit en mesure de l’entourer dans une relation authentique et de confiance et que la société soit capable de satisfaire aux besoins existentiels de chacun. Contact: E-mail : accent.jeunes@wanadoo.fr Téléphone : 04.71.48.89.10

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L’équipe d’animation : Toulouse: Lauret, Lionel «Meumeu», Quentin, Eglantine, Anne, Anissa, Rachid, Elerika Leroy Nantes: Guillaume, Morad, Antoine Aurillac: Stéphane, Claire Decazeville: Kaltum, Anthony, Mohamed Conception graphique : Pauline Leboulanger 06.37.15.60.57 pl.bulledart@gmail.com www.paulineleboulanger.com Dessin couverture : Christian Lax @Futuropolis, 2013

ASSOCIATION MÉDIA-PITCHOUNES Maison Vestrepain 10, rue Vestrepain 31 100 TOULOUSE 05 67 11 39 05 SUR LE TOUR : 06.26.21.56.54 association@media-pitchounes.fr

© media-pitchounes

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Sommaire p. 2-3 Présentation des associations participantes p.5 B.D. «O’Sport Citoyen : Mode d’emploi» p. 6-7 Les Pitchounes sur le Tour p. 8-9 Parcours 2014 p. 10-11 Point Stratégiques 2014 p. 12-13 Zoom sur les Pyrénées p. 14-15 God save the Tour p. 16-17 Les Joyaux de la Petite Reine p. 18-21 Christian Prudhomme p. 22-25 Mission Centenaire p. 26-28 Sur les chemins de l’Histoire p. 30-33 Pierre-Yves Thouault p. 34-38 Le Tour 1914 - p. 39 : Jeux p. 40-41 Journal du 27 juillet 1914 p. 42-43 Un Tour à Luchon p. 44-46 Anecdotes d’Avant-Guerre p. 47 Fondation LCL p. 48-49 Votre Tour 2014

Media-Pitchounes - 2014

p. 50 Fondation FDJ p. 51 Réclames d’Antan p. 52-53 Philippe Thys p. 54-55 Morts au Front p. 56- 57 Octave Lapize p. 58-59 François Faber p. 60-61 Le pantalon de Faber p. 62-63 Petit-Breton p. 64-67 Nés pendant la Guerre p. 68-69 Gros plan sur Bartali - p. 70 : Jeux p. 72-73 Gustave Garrigou p. 74-76 Roger Lajoie-Mazenc p. 77 Le Jeu des Petits Vélos p. 78-80 Christian Lax - p. 81 : Jeux p. 82-85 Michel Merckel p. 86-87 Jean-Paul Bourgier p. 88-89 Bibliotèque des Pitchounes p. 90 Solutions des Jeux p. 92-93 Nos reporters p. 94 Nous soutenir p. 95 Album photo p. 96 Le Tour au pied des tours


O’Sport Citoyen : Mode d’emploi Chronologie du travail des Pitchounes, naissance d’un magazine Quatre associations implantées dans des quartiers populaires....

Liées par le sport et ses valeurs, elles travaillent en réseau.

La thématique du magazine de cette année : le Tour 1914 !

Dans chaque structure, les enfants sont amenés à se documenter sur le sujet (archives, journaux, interviews, ...).

Suite à leur recherches, ils décident des sujets à aborder.

Les animateurs aident les enfants à la rédaction de leurs articles.

Les articles et les photos choisies sont envoyés à la graphiste.

L’effort physique de l’aventure : décharger le camion!

La mise en page est validée par les jeunes auteurs.

Place à l’impression !

Le rendu final est enfin dévoilé !

Magazines, T-shirts, accréditations, les jeunes sont parés pour le Tour !

N’hésitez pas à interpeller nos Pitchounes sur les routes du Tour !

5 Dessins de Quentin Delord


Le magazine «O’Sport Citoyen N°3» De décembre à avril 2014, les jeunes ont écrit ce magazine composé d’interviews et d’articles consacrés au cyclisme et au Tour de France dans le contexte de la guerre 1914-1918. Ainsi, les jeunes ont découvert, à travers l’histoire du cyclisme, l’un des conflits majeurs de l’histoire de l’Europe. Ce magazine a été rédigé par des adolescents de Toulouse, Nantes, Aurillac et Decazeville. Ils ont été accompagnés par une historienne : Elerika Leroy.

Le Journal TV du Tour Toujours dans un souci de rendre visible l’investissement des jeunes, nous avons voulu mettre en avant l’aspect audiovisuel des productions médiatiques réalisées. Chaque soir, deux Pitchounes seront les présentateurs de leur émission tournée sur des lieux typiques du Tour de France (ligne d’arrivée, bus des coureurs, etc….) Cette émission-TV, diffusée sur le site internet de l’association, permettra de communiquer autour des résultats et des images du jour et de visualiser les faits marquants de la course. Ce sera aussi l’occasion de mettre en avant les rencontres du jour, une enquête sur les à-côtés (le public, l’organisation, la caravane …).

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Media-Pitchounes - 2014


La Newsletter Chaque fin de semaine, à la veille de leur retour, les groupes rédigeront la newsletter. Elle aura pour objectif de transmettre au plus grand nombre les découvertes de nos Pitchounes au sein du Tour jour après jour. Elle témoignera des rencontres faites dans la semaine ainsi que des enquêtes sur des thèmes réfléchis en amont. Composée de 5 ou 6 pages, elle témoignera des découvertes réalisées pour chaque groupe. Après avoir été réalisée en salle de presse comme de véritables journalistes, elle sera diffusée à chaque fin d’immersion sur le site de l’association Média-Pitchounes et sur les réseaux sociaux.

Rendez-vous chaque lundi de 20 h 00 à 21 h 00 avec www.radiovelo.fr Et pendant le Tour, retrouvez chaque lundi à 20 h 00 la chronique "les Pitchounes au coeur du Tour".

Le Film Les Pitchounes mettent à l’honneur tous les aspects du Tour à travers leurs différentes productions journalistiques. Le travail et l’investissement fournis par ces jeunes doit tout autant être valorisé. Quoi de mieux qu’un long métrage pour être au plus près de ce que les jeunes reporters vivent sur le Tour? Cette année, le réalisateur du film suivra toutes les équipes sur l’ensemble du Tour de France. Ce film de 50 minutes retracera la richesse des rencontres autour du thème : la popularité du Tour de France. Il permettra indéniablement à nos Pitchounes de partager leur nouvelle passion et notamment de donner l’envie à chacun, qu’il soit passionné de cyclisme ou non, de participer à cette grande fête sur les routes du Tour! Ce film constituera pour chacun des jeunes qui ont bénéficié du projet, un moyen de transmettre leurs découvertes mais aussi d’être valorisé et encouragé à s’investir dans cette immersion journalistique.

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YORKSHIRE

Grand Départ

HARROGATE ATE YORK

TOUR DE FRANCE

LEEDS

dimanche 6 juillet

SHEFFIELD

samedi 5 juillet

GRANDE-BRETAGNE CAMBRIDGE lundi 7 juillet

LONDRES

mercredi 9 juillet

YPRES

Carte du tour 2014 LE TOUQUET PARIS-PLAGE mardi 8 juillet

BELGIQUE

LILLE ARRAS

ARENBERG PORTE DU HAINAUT jeudi 10 juillet

vendredi 11 juillet

REIMS

PARIS

ÉPERNAY

Champs-Élysées dimanche 27 juillet

TOMBLAINE NANCY

ÉVRY

samedi 12 juillet

GÉRARDMER

LA PLANCHE DES BELLES FILLES

MULHOUSE dimanche 13 juillet

BESANÇON

Repos mardi 15 juillet

lundi 14 juillet

mercredi 16 juillet

BOURG-EN-BRESSE OYONNAX

jeudi 17 juillet

PÉRIGUEUX

SAINT-ÉTIENNE

samedi 26 juillet

samedi 19 juillet

TALLARD

vendredi 25 juillet

jeudi 24 juillet

CHAMROUSSE

GRENOBLE

BERGERAC

PAU HAUTACAM

vendredi 18 juillet

MAUBOURGUET VAL D’ADOUR SAINT-GAUDENS

NÎMES

RISOUL

dimanche 20 juillet

CARCASSONNE

mardi 22 juillet

Repos lundi 21 juillet

SAINT-LARY BAGNÈRES-DE-LUCHON

ESPAGNE

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Media-Pitchounes - 2014

©A.S.O. 2013

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PLA D’ADET

mercredi 23 juillet


Les Etapes du Tour 2014 N° DATE 1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 11 12 13 14 15 16 17 18 19 20 21

DÉPART ARRIVÉE

Samedi 5 Juillet Leeds Dimanche 6 Juillet York Lundi 7 Juillet Cambridge Mardi 8 Juillet Le Touquet-Paris-Plage Mercredi 9 Juillet Ypres Jeudi 10 Juillet Arras Vendredi 11 Juillet Epernay Samedi 12 Juillet Tomblaine Dimanche 13 Juillet Gérardmer Lundi 14 Juillet Mulhouse Mercredi 16 Juillet Bensançon Jeudi 17 Juillet Bourg-en-Bresse Vendredi 18 Juillet Saint-Etienne Samedi 19 Juillet Grenoble Dimanche 20 Juillet Tallard Mardi 22 Juillet Carcassonne Mercredi 23 Juillet Saint-Gaudens Jeudi 24 Juillet Pau Vendredi 25 Juillet Maubourguet Pays du Val d’Adour Samedi 26 Juillet Bergerac Dimanche 27 Juillet Evry

Harrogate Sheffield Londres Lille Métropole Arenberg Porte du Hainaut Reims Nancy Gérardmer La Mauselaine Mulhouse La Planche des Belles Filles Oyonnax Saint-Etienne Chamrousse Risoul Nîmes Bagnères-de-Luchon Saint-Lary Pla d’Adet Hautacam Bergerac Périgueux Paris Champs Elysées

KM 191 198 159 164 156 194 233 161 166 161 187 185 197 177 222 237 124 145 208 54 137

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TOULOUSE - MEDIA-PITCHOUNES

Points StRatEgiques 2014 YORK > SHEFFIELD Deuxième journée avec une étape vers Sheffield que l’organisation du Tour aime à comparer à un mini Liège-Bastogne-Liège. Pas moins de 9 ascensions sont répertoriées. La plus redoutable est le Holme Moss d’une distance de 7km. Étape idéale pour les coureurs dits « puncheurs »…. Les leaders auront l’obligation de se trouver aux avants-postes. Le pronostic des Pitchounes : Peter Sagan

YPRES > ARENBERG PORTE DU HAINAULT Plus dure qu’en 2010 sur le papier, avec 9 secteurs et 15,4 km dans les deux dernières heures de course. « Ils seront empruntés dans le sens inverse de ParisRoubaix », précise Prudhomme qui convoque « l’esprit de 2010 ». À l’époque, Frank Schleck y avait perdu toute ambition, se fracturant la clavicule. La difficulté principale de l’étape se situe dans le secteur pavé du WandigniesHamage dans la commune de Hornaing. De 3700 m, c’est un des passages emblématiques de la course Paris – Roubaix qui, par ailleurs, fut empruntée lors du Tour de France de 1914. Le pronostic des Pitchounes : Fabian Cancellara MULHOUSE > PLANCHE DES BELLES FILLES Le Tour revient à la Planche des Belles Filles pour une étape de 161 km depuis Mulhouse en Alsace. Ce sera la deuxième arrivée du Tour de France au sommet de la station de ski de Haute-Saône, avec six ascensions. Le peloton devra franchir d’abord le Petit Ballon dans le Haut-Rhin, le col des Chevrères en Haute-Saône, puis la montée finale de la Planche : 6 km de pente, un pourcentage moyen de 8.5% et une portion à 20% dans la dernière «ligne droite». Composées d’ascensions et de descentes, c’est la première grande bataille qui s’amorcera entre les grimpeurs. Le pronostic des Pitchounes : Joaquim Rodriguez

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SAINT-ETIENNE > CHAMROUSSE Cette étape mixte confrontera des coureurs polyvalents. La montée du Col de Palaquit suivie par la montée de Chamrousse est un des enjeux majeurs de cette première étape alpestre. Longue de 200 km, cette étape conduira les coureurs de Saint-Étienne (Loire) au sommet de la station olympique de Chamrousse, avec une arrivée à 1 730 m. Le col de Palaquit, sur les pentes de la Chartreuse juste en contrebas du Col de Porte (Sarcenas), représentera la principale difficulté avant l’ascension finale. L’ascension vers Chamrousse par la route de Prémol, avec une pente moyenne de 7,3% et des passages qui frôlent par endroit les 12% (11,1% vers Montgardier et 11,4% entre Fugearet et Prémol) promet une belle empoignade.

Le pronostic des Pitchounes :

Romain Bardet GRENOBLE > RISOUL Longue de 177 km, au départ de Grenoble, cette 14ème étape, dans les Alpes, réserve 3 difficultés : en passant par Bourg d’Oisans, les coureurs attaqueront la longue montée du Col du Lautaret (34 km) et enchaîneront la montée du Col d’Izoard. Après la descente jusqu’à Guillestre, les coureurs attaqueront la montée finale vers Risoul, longue de 12,6 km avec une pente moyenne de 6,9% qui figurait entre autres dans le parcours du Critérium du Dauphiné 2013 et avait permis à Chris Froome de remporter l’étape. Le pronostic des Pitchounes : Rui Costa

SAINT-GAUDENS > SAINT-LARY PLA D’ADET Avant-dernière étape de montagne, elle sera décisive pour les prétendants au maillot de meilleur grimpeur qui peuvent bouleverser le classement final. En effet, les quatre cols qui se succèdent seront le champ de bataille de tous les grimpeurs. Les coureurs accèderont à la montée du Col du Portillon, longue de 8,3 km. Puis place au Col de Peyresourde: une montée de 13,2 km à 7%. La descente vers Loudenvielle sera immédiatement suivie par la montée du Col de Val Louron-Azet. Ensuite, les coureurs descendront jusqu’à Saint-Lary-Soulan, au pied de la montée finale vers le Pla d’Adet, où Daniel Mangeas repensera à sa première prise de micro pour commenter une arrivée d’étape du Tour de France. En effet, en 1974, à cause d’une panne de voiture du speaker principal Pierre Shori, Mangeas avait dû remplacer celui-ci au pied levé pour commenter l’arrivée victorieuse de Raymond POULIDOR au Pla d’Adet ! Le pronostic des Pitchounes : Chris Froome

BERGERAC>PERIGUEUX (Contre la montre) La veille de l’arrivée finale sur les Champs-Elysées à Paris, cette étape sera le seul contre-la-montre de ce Tour de France. Jamais depuis 1934 un Tour de France n’avait eu aussi peu de kilomètres face à un chrono. 54 km plutôt roulants sur les routes de Dordogne. Si les écarts sont faibles, ces quelques kilomètres en épreuve individuelle pourraient donner lieu à quelques boulversements dans la course au podium. Le pronostic des Pitchounes : Bradley Wiggins

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La région Midi-Pyrénées participe au financement d’équipements sportifs, accueille des événements sportifs, soutient la formation, l’entraînement et le perfectionnement des athlètes, c’est pourquoi les Pitchounes ont tenu à interviewer Martin Malvy, Président du Conseil Régional.

Quel rôle joue la région dans la promotion des valeurs du sport ? Martin Malvy : La région a un certain nombre de politiques dans le domaine sportif. Par exemple, sur les valeurs du sports, une manifestation annuelle, le trophée des sports Midi-Pyrénées où nous réunissons ici à Toulouse tous les clubs de MidiPyrénées, quelle que soit la division du club, pas seulement Castres Olympiques ou le Stade Toulousain, mais aussi les petits clubs, qui, dans le cours de l’année qui s’est achevée, ont remporté un titre.

C’est l’occasion de démontrer que nous ne pouvons pas parler de grands clubs ou de petits clubs, les mêmes valeurs sportives doivent transcender les clubs. Il y a 7000 licenciés sportifs dans la région, nous sommes l’une des régions avec le plus grand nombre de licenciés. Ce sont d’abord des jeunes mais pas uniquement. Ce sont des femmes et des hommes qui respectent un certain nombre de règles qui sont autant de valeurs, avec souvent, pour les encadrer, des bénévoles que l’on oublie trop souvent. On a du sport une image déformée à travers les écrans de télévision.

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C’est trop souvent l’argent qui est mis en avant d’une manière qui dépasse régulièrement les limites de ce qui doit être raisonnable. Le sport ne doit pas être une activité d’argent sauf quand elle devient une activité de spectacle et encore… L’immense majorité des sportifs sont des gens qui sont des bénévoles encadrés par des bénévoles. On a eu des actions en direction des arbitres car ce sont eux qui font observer la règle du jeu et en réalité c’est les valeurs du sport, du respect de l’autre. C’est essentiellement cette rencontre annuelle de tous les clubs, dirigeants, sportifs qui sont nombreux et qui dans l’année ont eu un titre, quel que soit ce titre !


TOULOUSE - MEDIA-PITCHOUNES Quelle place occupe le sport dans votre vie personnelle ? Etes-vous supporter ? Martin Malvy: Oui, je suis un supporter. Etre supporter n’est pas suffisant, je regrette beaucoup de ne pas avoir le temps de pratiquer moimême. Je m’astreins essentiellement à la gymnastique puisque c’est ce qui est le plus rapide ou à la marche, mais insuffisamment. Sinon je suis un supporter, après avoir pratiqué plusieurs disciplines, je suis un supporter de toutes les disciplines, sans en avoir une en particulier.

Bien sûr, ici le rugby est en tête de la notoriété, mais, puisque c’est pour le « Tour de France » que vous écrivez et pour le cyclisme aussi, il y a quelques années, le Tour avait fait halte à Toulouse et j’avais proposé à l’époque - ça avait été un bon résultat - d’inviter le « Tour de France » à la Région le soir de l’étape de Toulouse. On avait aussi invité l’ensemble des clubs cyclistes de la région. Étant nombreux, nous avions passé une très belle soirée ! S’ils repassent à Toulouse, nous le referons. Vous pourrez venir !

104 ans de Pyrénées Au début de l’année 1910, Alphonse Steines va proposer une incroyable nouveauté à Henri Desgrange, l’organisateur principal du Tour : il veut envoyer le peloton à l’assaut des Pyrénées ! Malgré les réticences de Desgrange, Steines décide de partir en reconnaissance du col du Tourmalet. À 4 km du sommet, pris par la nuit et la neige, son chauffeur refuse d’aller plus loin. Obstiné, Steines entreprend de finir seul et à pied. Ne le voyant pas revenir, toute l’équipe se met à imaginer le pire. La tension ne redescendra que le lendemain matin, à la réception d’un télégramme :

Passe Tourmalet. Tres bonne route. Parfaitement praticable. Steines Grâce à son courage et à un brin d’inconscience, Steines gratifie les spectateurs de nouvelles splendides étapes de montagne. Il s’agit là d’une décision audacieuse quand on connaît l’état de la route des eaux thermales à l’époque ! Ou plutôt s’agit-il de folie, car cette route ne mérite même pas un tel qualificatif. Il s’agissait en réalité de petits chemins en piteux état dont la dangerosité était avérée. Pourtant, malgré les cris de rage des coureurs lors de l’ascension du Tourmalet en 1910, cette grande première sera un vif succès, pavant la grande et longue histoire du Tour de France de petites histoires pyrénéennes.

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God save the Tour L’histoire entre la France et le Royaume-Uni n’a pas été toujours une affaire d’amitié et de paix. Dix ans avant le début de la Première Guerre mondiale, une réconciliation se dessine entre nos deux pays avec la signature de l’Entente Cordiale. En 1914, l’alliance qui scellera les liens entre la France et le Royaume-Uni est inévitable face aux géants allemands, austro-hongrois et italiens.

Bâtiment ministériel du War Office, drapeau porté par des enfants. - 30 août 1914 Cette curieuse photographie montre bien à quel point la guerre est populaire Outre Manche.

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TOULOUSE - MEDIA-PITCHOUNES Le Royaume-Uni comprend l’ile de Grande-Bretagne et la partie nord de l’ile d’Irlande, ainsi que de nombreuses petites iles. Le territoire britannique partage une frontière avec la République d’Irlande, et est entourée par l’océan Atlantique, avec la mer du Nord à l’est, la Manche au sud, et la mer d’Irlande à l’ouest. Les noms de Grande-Bretagne ou d’Angleterre sont souvent utilisés, à tort, pour désigner le Royaume-Uni dans son ensemble. Replace les noms des pays composant le Royaume-Uni sous leur drapeaux: Angleterre, Pays de Galle, Ecosse, Irlande du Nord

Aujourd’hui, en ce qui concerne le sport, la rivalité entre Français et Britanniques est toujours très forte. Les départs du Tour de France d’abord en 2007 puis cette année en 2014 ont pour volonté de contredire cette image d’éternel conflit entre nos deux nations. Le cyclisme sur route n’a jamais connu la popularité du vélo sur piste au Royaume-Uni. Cependant, l’Union Jack trône sur l’Arc de Triomphe depuis deux ans avec les victoires de Wiggins et Froome. Le départ du Tour en Grande Bretagne était inévitable en 2014. Au-delà du centenaire de la Première Guerre mondiale, c’est aussi l’apaisement des tensions entre nos deux pays que le Tour souhaite mettre à l’honneur tout autant que le succès des coureurs anglais dans la plus emblématique des compétitions sportives au monde.

Certains verront un simple accord financier. dans ce départ d’Angleterre. Transmettre l’engouement populaire français pour le cyclisme au Royaume-Uni est pourtant un des plus beaux symboles qu’est capable de nous offrir le sport. Les peuples se sont toujours rassemblés autour de leurs grands champions et nous devons voir dans ce départ hors de nos frontières un message : le Tour de France ne doit pas entretenir les liens de rivalités entre pays mais doit garder sa fonction première : celle de rassembler.

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LES JOYAUX DE LA PETITE REINE L’histoire du cyclisme anglais débute en 1937, année où Roger Lapébie s’impose dans cette édition. À cette époque, le peloton était composé d’équipes nationales : la Grande Bretagne s’associait au Canada pour participer à la Grande Boucle... Une première ! Trois coureurs composaient cette équipe, un Canadien, Pierre Gachon, qui abandonna dès la 1ère première étape, deux Britanniques, dont Bill Buri qui quitta le Tour dès la deuxième étape. Le plus vaillant des trois fut Charles Holland qui passa les Alpes mais dut renoncer dès les premières pentes pyrénéennes, sur la 14ème étape. La première victoire britannique d’une étape sur le Tour de France sera réalisée par l’Anglais Brian Robinson, entre Saint-Brieuc et Brest en 1958. Il fallut attendre 75 ans pour voir un autre Anglais triompher enfin sur les Champs-Élysées.

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TOULOUSE - MEDIA-PITCHOUNES Les Pitchounes et Chris Froome

En 2012, l’ancien champion Olympique de poursuite, multiple champion du monde sur piste, Bradlley « Wiggo » Wiggins abandonne son statut de pistard pour entrer dans l’histoire du cyclisme. Cette histoire de l’Angleterre avec le Tour put démarrer bien plus tôt dès les années 60, où Tom Simpson marqua son nom sur les grandes courses internationales. De Milan-San Remo au Championnat du monde en 1965. Originaire du Yorkshire, point de départ de l’édition 2014, cet Anglais fut la cible de nombreux journalistes. Quelques jours après sa victoire dans le championnat du monde, Tom Simpson faisait la une des journaux … et pas que pour célébrer sa victoire. L’Anglais ayant tout d’abord révélé « maladroitement » qu’il avait proposé à des adversaires de les acheter en certains circonstances, il abordait ensuite le chapitre du dopage pour démentir certaines accusations.

Originaire du Yorkshire, point de départ de l’édition 2014, cet Anglais fut la cible de nombreux journalistes. Quelques jours après sa victoire dans le championnat du monde, Tom Simpson faisait la une des journaux … et pas que pour célébrer sa victoire. L’Anglais ayant tout d’abord révélé « maladroitement » qu’il avait proposé à des adversaires de les acheter en certains circonstances, il abordait ensuite le chapitre du dopage pour démentir certaines accusations. Premier anglais à endosser le maillot jaune en 1962, il disparut tragiquement sur les pentes du Mont Ventoux lors de l’étape entre Marseille et Carpentras. Les premiers gros soupçons de dopage apparurent sur son nom et ce drame. Le lendemain, tout le peloton décida de lui rendre hommage en laissant la victoire à l’anglais Barry Hoban, surnommé « l’oncle Barry ».

Cet équipier et ami de Tom Simpson prit quelques années plus tard comme épouse la veuve de son regretté équipier ! La montagne, si tragique pour Tom Simpson, fut plus souriante à Robert Millar. Cet Ecossais, originaire de Glasgow, fut le premier Britannique à endosser le maillot à pois en 1984. Ce ne sont certainement que les premières pages d’une histoire entre le Royaume-Uni et la Grande Boucle. D’autres pages risquent d’être écrites sur ce Tour de France 2014 qui revient après un départ en 2007 sur les terres anglaises. Un Tour de France qui devrait sourire selon les spécialistes à Chris Froome, vainqueur l’an passé, et qui fait parti des grands favoris pour le classement général. Un autre Britannique sera très attendu sur les 3 étapes de ce début de Tour, Mark Cavendish qui souhaitera certainement augmenter son palmarès de 25 victoires d’étapes sur le Tour… Un record !

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Christian Prudhomme Le Tour de France 2014, sous la direction de Christian Prudhomme, a été conçu de manière à commémorer le centenaire de la guerre 1914-1918. Nous retrouverons sur le parcours des lieux marquants de la Première Guerre mondiale, ainsi que des hommages aux grands champions morts sur les champs de bataille. Pour quelles raisons Henri Desgrange at-il créé le Tour ? Christian Prudhomme: Au début du 20ème siècle, tu avais une bagarre entre les deux principaux journaux de sport «L’Auto» d’une part et Le Vélo de l’autre. Le patron du journal «L’Auto», qui était donc Henri Desgrange, a décidé de créer une épreuve qui permettrait de vendre davantage son journal. Il avait du mal avec son rival «Le Vélo» et donc «L’Auto» a créé le Tour de France cycliste, ce qui a conduit à la disparition de son concurrent. L’idée était de construire une histoire, un feuilleton, des trucs incroyables, des aventures, des péripéties avec les champions cyclistes et c’est pour cela qu’Henri Desgrange a créé le Tour de France.

Il faut savoir qu’à la fin du 19ème et au début du 20ème siècle, il y avait un engouement exceptionnel pour le cyclisme et la bicyclette et les grandes courses cyclistes, dont certaines existent encore. Liège Bastogne - Liège a été créée en 1892, Paris - Roubaix a été créée en 1896 ainsi que Paris - Tours et le Tour de France en 1903. La renaissance des Jeux Olympiques, c’était aussi à cette époque-là. C’est donc pour ça que le Tour de France a été créé : pour vendre le journal «L’Auto» et supplanter le journal «Le Vélo» qui est mort quelques années plus tard. Henri Desgrange a-t’ il été le précurseur du sponsoring en intégrant des équipes de marques sur le Tour ? Ce fut plutôt l’inverse, au début c’était un peu comme sur le Paris-Dakar où il y a quelques équipes de marques mais seulement pour 3 ou 4 pilotes.

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Après, les équipes de marques, c’était des fabricants de cycles qui mettaient leurs vélos à disposition des champions. En 1930, Henri Desgrange a décidé de lutter contre ces fabricants qui, à cette époquelà, s’entendaient et favorisaient tel ou tel coureur. Il avait été très en colère après la victoire d’un coureur dont il estimait que ce n’était pas le meilleur. Après cela, il décida donc de mettre dehors toutes les équipes de marques, de prendre uniquement des sélections nationales et de donner le même vélo à tout le monde. C’est-àdire qu’il n’y avait pas de supériorité technique d’un vélo sur l’autre, c’était tous les mêmes. Cela a donné une force considérable au Tour de France mais, quand il a fait ça, il a eu besoin de beaucoup d’argent pour financer les vélos. Et c’est à ce moment-là qu’il a créé la caravane publicitaire qui est aujourd’hui un événement essentiel du Tour de France avec les 180 véhicules qui sont avant le peloton et les 11 millions de cadeaux qui sont distribués. Elle a été créée en 1930 précisément pour financer des vélos et que ce soit plus équitable entre les coureurs.


Sur quels critères la Direction du Tour sélectionnait-elle ces équipes ? Christian Prudhomme: C’était bien différent ! A l’époque, le cyclisme, ça n’existait pas partout, donc tu avais des équipes nationales issues des principaux pays où on pratiquait le vélo. Tu avais l’Italie, l’Espagne, la Belgique, les Pays-Bas, l’Allemagne et bien sûr une équipe de France A, une équipe de France B et ensuite des sélections régionales : l’équipe de Bretagne, l’équipe du Sud-Ouest… Il suffisait juste de s’inscrire. Le Tour fait aujourd’hui partie de notre patrimoine mais, en 1903, quand il a été créé c’était une épreuve «comme ça», qu’un illuminé avait décidé d’inventer! Les épreuves cyclistes marchaient très bien sur un jour, mais après, sur la durée, faire un Tour de France, c’était autre chose. Les gens s’inscrivaient eux - mêmes individuellement, ce n’était pas une sélection comme aujourd’hui où tout est régi par un classement mondial avec les 10 premières équipes du monde qui sont sélectionnées d’office et la possibilité pour les organisateurs que nous sommes d’inviter au maximum 4 autres formations. Pouvez-vous nous parler de la catégorie des isolés ? En fait à l’époque, il était possible de courir sans équipe, tu étais tout seul et tu partais faire le Tour de France. Ce n’était pas structuré comme ça l’est aujourd’hui donc c’était vraiment l’aventure avec un grand A. Il fallait déjà qu’ils réussissent à battre le parcours et à trouver des alliances ou de l’entraide avec tel ou tel coureur. C’était quelque chose de tout à fait particulier, les premières années du Tour de France quand un coureur avait un pépin il devait le réparer lui-même.

C’est le fameux épisode de la fourche d’Eugène Christophe qui était l’un des personnages emblématiques du Tour de France et qui, sur le col du Tourmalet, casse sa fourche et va la réparer lui-même chez un forgeron. Mais le forgeron ne peut pas l’aider parce que s’il l’aide, le coureur est éliminé. C’est aussi à cette époque-là qu’est née cette fameuse expression que vous devez connaître « Les forçats de la route » parce que, bien que ça le soit toujours, le Tour était très difficile à l’époque et cela correspondait aussi à la vie d’avant la Première Guerre mondiale. Cette catégorie pourrait-elle renaître dans les futurs Tour de France ? Les indépendants, les touristes routiers, tout ça, non, cela ne me paraît pas possible aujourd’hui. C’est encore une fois très structuré, tu as des équipes de marque qui fonctionnent toute l’année du 1er janvier au 31 décembre quasiment. Aujourd’hui, de toute façon, un coureur seul n’aurait aucune chance ! On dit, le sport cycliste, c’est un sport individuel : tu as un leader, bien sûr, mais s’il n’a pas d’autres coureurs pour l’aider et le protéger, c’est impossible. Ils luttent constamment contre le vent ou la résistance de l’air donc si tu as des gens devant toi pour te protéger tu es moins épuisé. Quand tu es le premier, tu fais environ 15 à 20% d’efforts supplémentaires comparé aux coureurs qui te suivent donc si tu es tout seul tu n’as strictement aucune chance. Il faut que tu aies tes équipiers pour te protége. Revenir à des coureurs qui sont seuls, c’est aujourd’hui impossible.

Comment étaient sélectionnées les villes-étapes il y a 100 ans ? Il y avait une volonté d’Henri Desgrange de faire le Tour de la France. Si tu regardes les cartes du Tour de France de l’époque, c’est vraiment l’Hexagone. Ils sont sur le long des frontières quasiment tout le temps. Ce qui est très différent par rapport à aujourd’hui, c’est qu’autrefois, n’importe quelle étape pouvait faire la différence. Aujourd’hui, les plus longues font 230 – 240 km alors qu’avant ils faisaient des étapes de 500 km! C’était donc des étapes très longues et très dures. Il y avait des différences considérables entre les meilleurs et les moins bons. Aujourd’hui, les coureurs professionnels sont très entraînés et très homogènes, ils sont tous à un très haut niveau, il n’y a quasiment aucun écart et cela se joue à rien. Une autre chose était essentielle pour Henri Desgrange qui était très patriote. Il faut savoir que le Tour de France s’est créé après la défaite de la France en 1870. Il y avait donc une volonté de revanche, la France avait perdu les provinces de l’est, l’Alsace et la Lorraine donc il fait exprès d’amener le Tour en Lorraine, à Metz qui est en Allemagne à cette époque ! Et puis ensuite, les Allemands se disent : « Attends! Qu’est-ce qu’il est en train de nous faire, celui-là ? ». Et, quand le Tour de France reprend après la Première Guerre mondiale, il fait exprès d’inscrire Strasbourg qui est la capitale de l’Alsace, il fait exprès de mettre Strasbourg sur le parcours et il dit « On revient chez nous ». Il y avait une vraie logique politique alors qu’aujourd’hui, lorsqu’on fait un parcours, c’est dans une logique une, sportive et deux esthétique.

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Le Tour de France c’est montrer les territoires traversés par la plus belle des manières, la France vue d’hélicoptère c’est absolument magnifique ! La façon de tracer un Tour de France c’était très différent à l’époque, c’était beaucoup plus politique et nationaliste à l’époque que ça ne l’est aujourd’hui… Quel était le déroulement type d’une étape en 1914 (heure de départ, arrivée, fléchage,…)? Christian Prudhomme: Le Tour de France commençait très tôt, ils partaient vers 4 ou 5 h du matin parfois à 3 h et ils arrivaient la nuit. C’était vraiment quelque chose de très différent parce qu’il fallait d’abord qu’ils se battent contre les éléments. L’introduction de la montagne par exemple et des Pyrénées en 1910 c’était vraiment quelque chose d’insensé à l’époque !

Personne ne franchissait les cols à bicyclette et d’ailleurs, pendant le Tour 1910, très peu de coureurs ont réussi à franchir le Tourmalet. C’était quelque chose de vraiment particulier. Le Tour de France 1914 part le jour même où se déclenchent les prémices de la Première Guerre mondiale. Le jour du départ du Tour 1914, à Sarajevo (qui est aujourd’hui la capitale de la Bosnie Herzegovine) a lieu l’assassinat de l’Archiduc François-Ferdinand. Le Tour de France, c’est l’insouciance, c’est la compétition sportive, le bonheur des foules au bord des routes et puis de l’autre côté, tu as la marche pour la guerre … Et dans le peloton du Tour de France 1914, tu as trois anciens vainqueurs du Tour qui vont mourir pendant la guerre. C’était donc un dernier moment de bonheur et d’insouciance avant quatre années absolument effroyables pour la France et plus généralement pour l’Europe occidentale. C’était vraiment dévasté et beaucoup de jeunes sont morts à la guerre. Comme vous voyez sur les monuments aux morts, ce fut un massacre dans tous les villages de France.

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C o m m e n t reconnaissait-on le leader du classement général avant la création du maillot jaune ? Je sais bien sûr que le premier maillot jaune c’était en 1919. Avant cela, le leader avait un brassard vert qui signifiait et indiquait quel était le leader du classement général. Quand Maurice Garin remporte le premier Tour de France en 1903 et qu’il arrive à Paris, il avait un brassard vert sur le bras qui différenciait le leader du classement général des autres concurrents. Certains historiens du Tour de France expliquent que dès 1913 Henri Desgrange voulait que Philippe Thys, qui était un coureur belge, porte le maillot jaune. Il n’avait pas voulu le faire et Desgrange lui avait dit « l’année prochaine vous porterez le brassard » et l’année suivante il ne l’a évidemment pas porté parce qu’il y a eu la guerre. Mais en 1919 le vainqueur a donc porté le maillot jaune à l’arrivée à Paris. Le tout premier porteur du maillot jaune, c’était Eugène Christophe dont j’ai parlé tout à l’heure avec le fameux épisode de la fourche dans les Pyrénées.


TOULOUSE - MEDIA-PITCHOUNES Le règlement émis par Est-ce que la reprise la direction du Tour du Tour en 1919 était à cette époque était- un moyen d’oublier la il trop sévère d’après guerre ? vous ? Oui. En tout cas, c’était de montrer Christian Prudhomme: que la vie recommençait. Il faut Il faut toujours se remettre dans le bien voir que la Première Guerre contexte de l’époque. Ce qui est mondiale - je ne l’ai pas connue plus certain, c’est qu’au tout début, que vous, je vous rassure, mais mon personne ne pouvait aider un grand-père, si - c’était effroyable. coureur. Mais l’être humain est ainsi La France avait gagné la guerre fait que dès qu’une règle est établie, alors qu’elle l’avait perdue une beaucoup essaient de la contourner. quarantaine d’années plus tôt en Tu avais des coureurs, par exemple, 1870, 1919 c’était donc le retour, qui prenaient le train pour essayer l’esprit de revanche pour les Français. d’arriver plus vite à l’étape. Il n’y avait Et puis, cela allait donner les années pas la télé qui montrait tout, il n’y avait folles, des années d’insouciance, de pas des commissaires de course à bonheur, où on voulait tout oublier. chaque tournant ni de journalistes. Il y Mais malheureusement ce fut court et avait toujours des gens qui essayaient fragile. Un moyen d’oublier la guerre, de contourner les règles. Ce n’est comme ça l’a été en 1947. Pourquoi pas que les règles étaient trop rudes c’est une très bonne chose que à l’époque mais en revanche, ils le Tour de France existe ? On peut avaient une vraie difficulté à les faire se dire qu’il y a 8 pelés qui courent appliquer cela c’est certain ! aujourd’hui et même si le chômage existe etc... On vit en paix, on a une Comment l’application chance extraordinaire, ça n’a pas de ce règlement était- toujours existé la paix en Europe, il contrôlé sur la et les deux évènements qui ont fait que le Tour de France n’a pas été longueur des étapes ? Dans la façon de construire un organisé c’est la guerre mondiale Tour de France, de le bâtir, Henri d’abord 14/18 et puis après 39/45. Desgrange déterminait le parcours en fonction des villes où il y avait des gares. Les commissaires sportifs (et pas les policiers) pouvaient être au départ à temps et vérifier que tout se passe bien et ralliaient l’arrivée avant les coureurs. C’est comme ça qu’ils se sont rendu compte de certaines tricheries ou supercheries en voyant que certains coureurs étaient avec leurs vélos dans le train. C’était moins fatiguant et plus rapide bien sûr mais naturellement ils étaient sanctionnés et éliminés du Tour !

Et quand le Tour de France, en 1947 comme en 1919, revient, c’était le symbole du retour de la paix et de la vie normale qu’on n’apprécie plus aujourd’hui parce qu’on ne sait plus ce qu’est la guerre et heureusement d’ailleurs ! On fait donc moins la différence, on a tendance à baisser la tête quand des difficultés arrivent. Il faut bien voir que c’est une chance extraordinaire d’avoir la paix en Europe occidentale depuis 1945 !

Pourquoi les coureurs de cette époque changeaient-ils leurs noms ? (Par exemple Lucien Mazan devient Petit Breton) Je ne sais pas si à l’époque il y en avait tant que ça qui changeaient de nom. Il y a effectivement Petit Breton qui était Lucien Mazan, le «géant de Colombes» qui était François Faber vainqueur du Tour de France qui d’ailleurs est mort pendant la guerre, Federico Bahamontes c’était «l’Aigle de Tolède», tu avais avant Charly Gaul, «l’Ange de la Montagne», le Luxembourgeois, Eddy Merckx «le Cannibale», bien sûr Bernard Hinault «le Blaireau» parce que le blaireau ne lâche rien : si jamais tu essaies de lui marcher sur la queue, il va avoir une réaction très vive. Aujourd’hui tu as Chris Froome, c’est Froomy, mais c’est plus une déformation du nom. Tu as un coureur Fabian Cancellara le Suisse qui est favori du Paris-Roubaix pour la course qui aura lieu dimanche prochain, c’est «Spartacus» parce qu’il est très costaud. Tu as quelques surnoms comme ça.

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La Mission du Centenaire de la Première Guerre mondiale est un groupement d’intérêt public créé en 2012 par le Gouvernement dans la perspective de préparer et de mettre en oeuvre le programme commémoratif du centenaire de la Première Guerre mondiale. Constituée par seize membres fondateurs, elle travaille sous l’autorité du ministre délégué chargé des Anciens combattants, Monsieur Kader Arif. Le label «Centenaire» permet de distinguer les projets les plus innovants et les plus structurants pour les territoires. Il permet aux projets retenus de figurer sur le programme national officiel des commémorations du Centenaire et d’être éligible à un financement de la Mission du Centenaire.

http://centenaire.org/fr

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Secrétaire d’Etat chargé des Anciens combattants

Interview de Kader Arif

Quelles sont vos principales missions en tant que secrétaire d’État aux Anciens Combattants ? Mon ministère se compose de plusieurs volets, j’occupe la fonction de secrétaire d’État en charge des Anciens combattants aux côtés Jean-Yves Le Drian. Il y a quelques jours par exemple, à Toulouse, j’ai assisté au baptême de l’A400M, un avion de transport militaire appelé « Toulouse » comme la ville, construit par Airbus. C’est le deuxième avion livré aux armées françaises. Il y a donc cette partie de mon travail qui est une partie Défense et qui occupe une bonne partie de mon temps. Une autre de mes missions dans ce ministère concerne les anciens combattants. Il faut savoir qu’aujourd’hui on compte environ 1 200 000 anciens combattants en France. Le ministère s’occupe également des veuves, des orphelins, des mutilés de la nation etc. C’est un peu plus de 3 000 000 de personnes qui sont concernées par ce ministère. Son budget compte 3 milliards d’euros, 95% de ce budget sert à verser des pensions, c’est-à-dire les retraites ou autres. Il peut aussi servir lorsque nos jeunes soldats se voient handicapés à vie par les aléas de la guerre.

Nous avons une enveloppe d’un million d’euros qui est affectée à cela. Les anciens combattants peuvent être les anciens soldats de la guerre d’Algérie, de la Deuxième Guerre mondiale ou encore ceux qui ont participé à la guerre d’Indochine ou plus récemment ceux qui se sont engagés lors des conflits au Liban. Il ne faut tout de même pas oublier ceux qui, en ce moment, sont en en mission extérieure, qui eux sont combattants et deviendront plus tard des anciens combattants quand ils rentreront de République Centrafricaine par exemple. Ce n’est donc pas un ministère tourné exclusivement vers le passé mais une organisation qui agit sur le présent et le futur. Voilà donc le premier volet de mon travail pour ce qui concerne la Défense. L’autre volet agit pour la reconnaissance des anciens combattants.

C’est-à-dire prendre en charge certains combattants lorsqu’ils ont des droits ou comme ce soir, participer à de grandes cérémonies en compagnie parfois du Président de la République, du Premier Ministre, du Ministre de la Défense afin de rendre hommage aux soldats français. D’autres cérémonies également plus douloureuses quand il s’agit de rendre hommage à nos soldats morts en opération. Par exemple, j’ai participé à la cérémonie aux Invalides à Paris. Ma mission m’appelle donc souvent à me déplacer en France ou à l’étranger à la rencontre de mes homologues (personnes ayant les mêmes missions que moi dans beaucoup de pays). Une autre de mes missions est comme aujourd’hui, de tout mettre en place et préparer le centenaire de la Première Guerre mondiale ou encore les 70 ans de la Seconde Guerre mondiale. Je me suis donc déplacé dans plus de cinquante départements en France et dans environ 20 à 30 pays.

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En quoi consiste le programme de la Mission Centenaire ? C’est une mission qui est présidée tout d’abord par le général Irastorza qui a été chef des états-majors de l’armée de Terre et qui est dirigée par Joseph Zimet qui, lui, est directeur général de la Mission Centenaire. Une quinzaine de personnes travaille au sein de la Mission. Elle est placée sous ma responsabilité et a pour but de préparer tout ce qui peut se faire autour de cet événement en France mais aussi dans le reste du monde lorsqu’on travaille avec d’autre pays.

Aujourd’hui, on compte plus de mille projets retenus par la Mission du Centenaire. On dit «labélisés» car l’on donne un label à l’échelle nationale. Il y a encore d’autres projets qui vont être lancés l’année prochaine et pour les quatre ans à venir pour la commémoration du Centenaire. On prévoit déjà trois grandes dates comme par exemple : Le 14 juillet 2014 sur les Champs-Élysées, où le président de la République sera présent et ainsi que les 74 pays ayant participé à la Grande Guerre, des pays qui étaient à l’époque alliés ou adversaires et qui défileront aux côtés de l’armée française avec une double représentation. Une représentation militaire et une représentation de leur.

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Ensuite, il y aura une manifestation le 3 août avec le Président François Hollande et le Président allemand, Joachim Gauck, à la Frontière entre la France et l’Allemagne. Cet événement se déroulera le 3 août 2014 car c’est à cette date qu’ en 1914, la guerre a commencé. Cet évènement vise à montrer cette amitié franco-allemande qui existe entre les peuples, deux pays qui ont autrefois fait la guerre pendant toute une bonne partie du XXème siècle et qui aujourd’hui ont construit l’Europe de la paix. Tout cela pour montrer et valoriser un couple qui, à une échelle mondiale, a une importance capitale. La troisième date est fixée au mois de septembre pour commémorer la bataille de la Marne, l’engagement des troupes françaises, une bataille gigantesque et dramatique. J’évoquais lors de mon discours, le quatorzième régiment, issu de notre région qui est venu soutenir le combat de la France lors de cette bataille dans la Marne.


TOULOUSE - MEDIA-PITCHOUNES Et enfin, concernant la quatrième et dernière date, le 11 novembre 2014 où il sera inscrit dans un monument à Notre-Dame-de-Lorette (dans le Nord Pas-De-Calais) les six cent mille noms de soldats morts au champ d’honneur dans cette région. Quelles que soient leurs origines, leur religion, leur grade ou leur nationalité. On gravera leur nom par ordre alphabétique. Ils sont trois anciens vainqueurs du Tour de France à avoir perdu la vie au cours de cette guerre 14-18, en tant que grand sportif, auraient-ils pu bénéficier de faveurs particulières ? Avant d’être sportif, politique ou peu importe son métier, on est tout d’abord citoyen d’une nation. La question serait plutôt de savoir s’il est utile de faire la guerre ? C’est pour cela que je défends toujours la paix. Je pense que le travail que vous faites sert et servira toujours à se battre pour lutter contre les problèmes du quotidien comme le racisme, la xénophobie, l’antisémitisme, le nationalisme… Faire de tout ce qui est déchirure, séparation et conflit à cause d’une religion différente, d’une couleur différente, du fait d’un nom différent, ne soit pas au final des prétextes à faire la guerre. Toujours se battre pour l’idée que le monde dans son universalité, dans ce qu’il représente, dans ses relations comme celles entre les hommes et les femmes doit être un monde de fraternité, de paix, un monde de tolérance. Alors oui, des sportifs plus ou moins jeunes, et cela a été rappelé tout à l’heure, sont morts. Mais au-delà des sportifs, on compte parmi les morts des ingénieurs, des instituteurs, des ouvriers, des paysans c’est-à-dire la France entière.

Est-ce qu’il y a des c omm é mor at ion s prévues lors du Tour de France, cette année ? En effet, on compte trois belles étapes qui vont passer par des lieux de conflits, sur les lignes de front pendant la Première Guerre mondiale. Une première étape qui part de Ypres en Belgique, ville où à l’époque furent utilisés pour la première fois des gaz moutarde. J’ai d’ailleurs rencontré pour ces trois étapes Christian Prudhomme (directeur du Tour), Daniel Bilalian (chef des sports à France Télévisions) mais aussi JeanPaul Ollivier (commentateur du Tour) qui va raconter sur ces trois étapes ce qu’était la guerre de 14 alors que les coureurs du Tour traverseront ces départements et ces régions. Un hommage sera également rendu aux trois vainqueurs de l’époque qui sont François Faber, Octave Lapize et Lucien Petit-Breton.

Existe-t-il un monument dédié aux sportifs morts pour la France ? Beaucoup de monuments sont dédiés à des sportifs en particulier. Il y en a une à Toulouse, place Héraklès pour Alfred Mayssonnié qui était un rugbyman international, joueur du Stade Toulousain et qui est malheureusement mort pendant la guerre de 14-18. Lorsque l’on passe à côté, souvent, on n’y prête pas beaucoup attention, d’ailleurs peu de gens savent pourquoi il est ici, pourtant c’est un monument dédié à la mémoire d’un sportif de hautniveau, qui a marqué l’histoire du Stade Toulousain et l’histoire de la France.

Quel rôle a joué le sport lors de la Première Guerre mondiale ? Il a été dit que des sportifs ont eu un rôle à jouer lors de cette Première Guerre mondiale. Il y a des images célèbres, des grands moments de sport, des moments de fraternité juste avant la guerre lorsque l’équipe de France de rugby s’est confrontée à l’équipe de Nouvelle-Zélande. Il y a aussi cette partie de football que l’on évoque au moment de Noël, entre les soldats allemands et français qui pendant un moment, organisent une trêve pendant ces moments d’horreur et qui partagent un moment de fraternité autour d’un ballon.

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Sur le chemin de l’histoire Le parcours du Tour 2014 nous amène sur les traces de la Grande Guerre...

MERCREDI 9 JUILLET Ypres Ypres, ville étape du Tour de France a été une des villes martyres de la Première Guerre mondiale. Quelques mois après l'invasion allemande de la Belgique le 4 août 1914, la ligne de combat stagnait auprès de la petite ville médiévale d’Ypres. D'octobre 1914 à octobre 1918, les tranchées s'étendaient du nord au sud, décrivant un arc de cercle autour de la ville. Dans ce fameux Saillant d'Ypres se sont déroulées pas moins de cinq batailles sanglantes. Le 22 avril 1915, la deuxième bataille d'Ypres commença avec la plus grande attaque de gaz de chlore qui tua des milliers de militaires alliés, surtout les troupes françaises et les armées nord-africaines. C'était la première fois dans l'histoire qu'une telle arme de destruction massive était utilisée. Plus tard, se confirmait aussi que le Saillant d’Ypres était un champ de bataille expérimental: en juillet 1915, le premier lance-flammes a été mis en service. En juillet 1917, le terrible gaz moutarde, aussi connu comme ‘Yperiet’ faisait ses premiers morts. Du 31 juillet au 10 novembre 1917 avait lieu la troisième bataille d’Ypres, nommée « la bataille de Passendale » qui fut un véritable massacre.

Dans les tranchées autour de la ville, au moins un demi-million d’hommes ont péri entre 1914 et 1918. Parmi eux pas seulement des allemands, français, britanniques et belges, mais aussi des marocains, algériens, tunisiens, canadiens, australiens, néo-zélandais, sud-africains, chinois, indiens, et plusieurs autres nationalités. Pendant les quatre années de guerre, la ville, qui se trouvait au milieu du Saillant, était détruite presque complètement. Les derniers habitants ont été évacués en mai 1915. Dès ce jour, il n’y avait plus personne dans la ville. Début 1919, les premiers habitants revenaient vers leur ville dévastée, où les premières années, ils vivaient dans des maisons en bois. La reconstruction a été lancée en 1921.

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Dans les années 20, plus de 150 cimetières militaires ont été aménagés dans et autour de la ville. Des monuments ont également été érigés, le principal étant la Porte de Menin. Ces monuments et cimetières, mais aussi les maisons, reconstruites à l'identique ou non, nous rappellent aujourd'hui encore l'absurdité de la guerre et la période la plus tragique de l'histoire d'Ypres.


JEUDI 10 JUILLET le Chemin des Dames Situé dans l’Aisne, le Chemin des Dames a été tracé avant la révolution de 1789. En 1776, la duchesse de Narbonne, dame d’honneur de Madame Adélaïde, a décidé de bâtir à la place d’une route carrossable, un chemin pavé plus propre. Comme le chemin a été bâti lors d’une promenade de la duchesse, Madame Adélaïde et sa sœur Sophie, le chemin s’appelle le Chemin des Dames. Après la bataille de la Marne de 1917 (lors de la guerre 14-18), les Allemands restèrent au chemin pour repousser les défenses des armées françaises et anglaises. L’offensive du général Nivelle en 1917 qui consistait à attaquer les troupes Françaises par surprise (avec 1 million d’hommes) pour destabiliser les militaires allemands. Ce fut un échec. Jusqu’en Octobre, les combats au Chemin des Dames se poursuivirent. La victoire des Français, à Malsaison, met les Allemands en échec et les oblige à quitter le Chemin des Dames et à se replier au Nord de l’Ailette. Le Chemin des Dames se situe maintenant vaux alentours de Reims, au sud de Laon. Ce 10 juillet, le peloton entrera dans le département de l'Aisne par le canton de Saint-Simon, pour rejoindre le Ternois, Condren, Coucyle-Château, Brancourt-en-Laonnois, puis Pinon. Le peloton entrera ensuite sur le Chemin des Dames qui sera, à l'occasion du Centenaire, parée de bleuets.

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NANTES - ACCOORD

VENDREDI 11 JUILLET Verdun L’armée allemande envoie l’artillerie sur les lignes françaises le 21 février 1916 à Verdun, située dans le département de la Meuse en Lorraine. Les premiers obus tombent à 8h15 visant la gare et les ponts en amont de la cité. Fidèle à une stratégie qui sera désormais suivie par toutes les armées allemandes, l’artillerie prépare le terrain en pilonnant les lignes françaises pendant plusieurs heures. Une lutte impitoyable oppose donc les deux camps dès les premières heures. Elle se prolongera pendant plusieurs mois sur cette poche de quelques kilomètres carrés, causant la perte de 163 000 Français et 143 000 Allemands, tués ou disparus, 216 000 Français et 196 000 Allemands seront blessés.

Des combats particulièrement durs. Les Poilus qui en réchappent peuvent jouir de quelques moments de répit à l’arrière. Pour 4 jours de combat, deux jours de repos. Ce n’est pas le cas des troupes ennemies jamais relevées, usées par « l’enfer de Verdun ». Car c’est bien d’un enfer qu’il s’agit. Des villages entiers sont détruits, les champs sont labourés par les obus, l’air est vicié par les gaz toxiques, les bois disparaissent pour laisser place à un paysage lunaire fait de cratères et de tranchées dans lesquels se terrent les survivants. Sur le champ de bataille, autour de Verdun, neuf villages furent détruits: Beaumont, Bezonvaux, Cumières, Douaumont, Fleury, Haumont, Louvemont, Ornes, Vaux ; les habitants, 3000 au total, ayant fui avant le mois de février 1916. Dès la fin de la guerre, se pose le problème de la désignation de cet espace dont la remise en état paraît difficile, voire impossible, pour des raisons techniques, économiques et morales.

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Dès 1919, l'Etat se rend acquéreur de ces territoires jugés irrécupérables. Ainsi la "Zone Rouge" est-elle constituée, une appellation générique sans rapport symbolique avec le sang versé ou la puissance de feu déployée mais due simplement, semble-t-il, au traçage en rouge sur les plans cadastraux de la délimitation de ces terrains ! Ces villages martyrs sont considérés comme de véritables communes dirigées par des commissions municipales (pour huit d'entre eux), chargées de perpétuer leur mémoire. Une chapelle a été érigée sur chacune d'entre elles, ou chaque année, le jour de la Fête nationale, les anciens habitants s'y rassemble et prient pour leurs défunts. Le statut administratif de ces villages "fantômes" constitue un cas unique en France !


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Pierre-Yves Thouault En interviewant Pierre-Yves Thouault, directeur adjoint du Tour de France, et Christian Prudhomme, Directeur du Tour, les Pitchounes sont allés au coeur de l’information avec deux personnalités incontournables dans l’organisation du Tour de France.

Quels rôles le sport et le « Tour de France » doivent-ils jouer pour entretenir la mémoire de la Première Guerre mondiale ? Pierre-Yves Thouault: Les deux événements sont étroitement liés. Le jour de l’élément déclencheur de la guerre, le 21 juin 1914 à Sarajevo, lors de l’attentat de l’archiduc François-Ferdinand, il y avait le départ du Tour de France. Donc, les deux dates coïncident et c’est cela que nous avons voulu célébrer et associer à la Mission Centenaire.

Historiquement, nous sommes liés à la Grande Guerre, puis il y a eu des champions qui sont morts sur les champs de bataille, c’est pour cela que l’on veut célébrer à notre manière et mettre en avant tous les événements que l’on pourra faire à l’occasion du Tour de France. Il y a un élément historique qui fait qu’il était tout naturel que l’on s’associe à la commémoration de la Grande Guerre.

Le parcours et les conditions de course en 1914 étaient beaucoup plus difficiles que maintenant, les coureurs d’aujourd’hui seraient-ils capables de faire le Tour en 1914 avec les mêmes conditions ? Pierre-Yves Thouault: D’abord il faudrait leur poser la question. C’est toujours difficile de transposer une épreuve comme le Tour de France d’une époque à l’autre car les routes n’étaient pas de la même qualité, le matériel n’était pas pareil…

En tout cas, il faut savoir que les étapes, à l’époque, étaient beaucoup plus longues qu’aujourd’hui. Par exemple, en 1903, quand le Tour a été créé, il n’y avait que 6 étapes et le Tour faisait pratiquement 4500 km. On faisait des étapes de 500 km alors qu’aujourd’hui les plus longues étapes font autour de 200 km.

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Il faudrait poser la question aux coureurs actuels s’ils sont capables de les faire, mais je pense qu’aujourd’hui, on est dans un cyclisme qui est totalement différent et qu’il n’est pas envisageable de revenir à ces étapes-là. Le matériel a beaucoup évolué donc il serait, à mon sens, un peu compliqué et ce serait plutôt au coureur cycliste de répondre à cette question-là.


A-t-il été envisagé de reproduire une étape du Tour de 1914 sur le Tour de France 2014, à l’identique : distance, qualité de la route, poids du vélo,...? C’était le centenaire ! On ne va Il va y avoir des passages du Tour Pierre-Yves Thouault: Non, cela n’a pas été envisagé. pas, en 2014, reprendre une étape de France à côté des champs de On l’a fait en 2003 pour fêter le de l’époque. En revanche le Tour bataille, nous allons aller à Ypres, centenaire du Tour de France 1903, de France va passer, puisque nous Verdun… Toutes ces choses-là ont le premier Tour de France. Je dis bien l’avons souhaité - surtout Christian été faites dans le but de commémorer le centenaire et pas la centième Prudhomme, le directeur du Tour de la Grande Guerre, mais nous n’allons édition, car le Tour de France, c’est France - sur des lieux où il y a eu la pas reprendre une étape de 1914. arrêté deux fois pendant les 2 guerre : sur le Chemin des Dames, Cependant nous passerons à côté guerres : la Grande Guerre 1914- dans l’Aisne, que nous allons longer des hauts lieux de la Grande Guerre. 1918 puis l’autre guerre 1939-1945. durant 22 km exactement.

Ils sont trois anciens vainqueurs du Tour de France à avoir perdus la vie au cours de cette guerre 14-18. En tant que grands sportifs, auraient-ils pu bénéficier de faveurs particulières ? Oui. Lucien Petit-Breton, Octave Lapize, et François Faber. Nous, ce que l’on a voulu, pour les mettre en avant, c’est dessiner un parcours qui tracera les lieux des grandes empreintes de la guerre, comme à Ypres, je le disais, comme au Chemin des Dames ou à Verdun. Nous allons commémorer leur mémoire en passant sur des lieux comme ceux-là. À chaque fois que nous passerons, nous pourrons faire référence à ces trois champions.

D’ailleurs, il y en a d’autres mais en tant que vainqueurs, tu as raison, il y en a trois : Lapize, Faber et Petit-Breton. J’en profite pour te dire que le Chemin des Dames, que l’on va emprunter sur 22 km, sera bordé par des milliers de bleuets (c’est une bande fleurie). On appelait «bleuets» les Poilus de l’époque, des jeunes recrues qui partaient au front. Nous allons donc commémorer cela sur le Chemin de Dames.

C’est l’étape qui passe dans l’Aisne, on doit être sur la 6ème ou 7éme étape. À chaque fois qu’on passera sur un lieu de la guerre, nous mettrons en avant ces grands champions morts sur le champ de bataille !

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Existe-il un monument en mémoire des vainqueurs morts au front ? Pierre-Yves Thouault: C’est une très bonne question, je ne sais pas ! Sur ces trois vainqueurs, Lapize, Petit-breton et Faber ? Oui. Je ne crois pas qu’il en existe, mais il faudrait que je recherche cela. On se rapprochera de toute façon, avec la Mission Centenaire, des familles pour les inviter sur l’arrivée sur les Champs-Élysées.

L’histoire du Tour aurait-elle pu s’arrêter à cause de cette guerre ? Le Tour s’est arrêté. Il aurait pu complètement s’arrêter en 1914, mais le Tour était déjà assez populaire à l’époque et l’idée était de repartir après la Grande Guerre avec les journalistes qui organisaient le Tour de France à l’époque. Le Tour de France a été créé par un journal qui s’appelait «L’Auto» et qui est devenu le journal «L’Équipe», que vous connaissez peut-être, un grand journal dédié au sport ! Les journalistes se sont mobilisés et ont fait repartir le Tour de France dès l’arrêt de la guerre en 1919.

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Le Tour aurait très bien pu s’arrêter là, mais le Tour n’a été arrêté que 2 fois, et on peut le comprendre lors des deux grandes guerres mondiales. Le Tour est toujours reparti tellement il apporte de bonheur aux gens… Quelles sont les c omm é mor at ion s prévues sur ce Tour de France 2014 afin de célébrer le centenaire de la Première Guerre mondiale ? Alors, je le disais tout à l’heure, à Ypres il va y avoir des commémorations. Ypres est le départ en Belgique d’une étape. Il va y avoir dans l’Aisne, bien évidemment, quand nous allons passer sur le Chemin de Dames, à Verdun bien évidemment là aussi.


TOULOUSE - MEDIA-PITCHOUNES Ce que je voudrais vous signaler, c’est que nous allons organiser, non pas le 28 juin 2014, qui correspondrait à 100 ans jour pour jour au début de la guerre 1914, mais le 22 juin 2014, nous allons aller avec des grands champions vivants, Bernard Hinault, Eddy Merckx, Greg Lemond, Miguel Indurain, à Sarajevo.

Nous organiserons un critérium de la paix, pour commémorer la mémoire avec des jeunes de BosnieHerzégovine, dans l’est de l’Europe. À Sarajevo, nous allons venir avec une voiture rouge du Tour de France, c’est la voiture de la direction course du Tour, avec des grands coureurs pour encore commémorer la mémoire, et cela se passera le 22 juin.

Nous irons avec ces champions faire une petite course, une randonnée, on fera comme si c’était un peu de Tour de France et surtout, nous avons associé des enfants qui ont eux aussi souffert de la guerre dans les années 90, en Bosnie-Herzégovine, et notamment à Sarajevo. Cela va être une année particulière !

Que faisait Henri Desgrange pendant la guerre ? Pierre-Yves Thouault: C’est une bonne question, c’est un peu une colle. Tu connais un peu Geo Lefèvre et Henri Desgrange ? Oui, ils ont créé le Tour ! Oui, tout à fait, tu as raison, c’était des journalistes et les patrons du journal «L’Auto». Ils ont relancé ça, après je ne sais pas s’ils sont allés au front… Je vous donne un défi et je compte sur vous pour nous éclairer !

En 1917, Henri Desgrange, s’engage dans l’infanterie en tant que simple soldat de seconde classe, à plus de 50 ans. Il part sur le Front et revient avec la Croix de Guerre et la Légion d’Honneur à titre militaire (il la possédait déjà, à titre civil), tout en continuant d’écrire des éditoriaux sensés galvaniser les troupes, sous le pseudonyme de Desgrenier. Il participe aussi à la création et anime le « Comité d’éducation physique » qui fournira aux jeunes un entraînement physique les préparant au combat. L’armistice étant signé le 11 novembre 1918, 9 jours seulement après, le journal «L’Auto» publie … le parcours du Tour 1919 ! Géo Lefèvre était au service automobile et a terminé la guerre avec le grade de lieutenant.

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Le Tour 1914

5405 kilomètres, plus de 200 heures d'efforts acharnés. Et au final, seulement 1 minute 49 sépare Philippe Thys de son malheureux dauphin Henri Pélissier. Ce dernier gardera cette défaite en travers de sa gorge toute sa vie. Mais il faudra admettre que Thys aura été leader de la course de la première à la dernière étape. Encore une innovation. En l'absence de Gendarmerie Nationale, comme c'est actuellement le cas, les coureurs disposaient chacun d'un sifflet pour prévenir les automobilistes de leur passage lors des descentes. Mais quelques jours suivant ce Tour de France, la Première Guerre mondiale commence et Henri Desgrange annoncera même dans le journal «L'Auto» un carnage "Mes p'tis gars, écoutez-moi. Je ne vous ai jamais donné de mauvais conseils. Il n'est pas possible qu'un Français puisse succomber devant un Allemand !". A 50 ans, Desgranges s'engagera comme volontaire. Ce Tour de France, douzième édition, a lieu du 28 juin au 26 juillet 1914 dans un contexte international perturbé, annonciateur du premier conflit mondial. Au fil des quinze étapes de la « Grande Boucle », la tension diplomatique s’accentue en Europe.


La « course à la guerre » Pendant que les passionnés du Tour de France suivent les 15 étapes avec exaltation, accueillant le vainqueur Philippe Thys dans l’euphorie générale, le conflit d’ampleur mondiale ne cesse de s’amplifier, pour conduire à la mobilisation générale en France le 2 août 1914.

30 juin 2ème étape Le Havre-Cherbourg Ce même jour, Jean Jaurès, président de la SFIO, et ardent défenseur de la paix, se trouve en voyage privé à Cherbourg avant de rejoindre Paris et participer aux débats de l’Assemblée Nationale. 2 juillet 3ème étape Cherbourg-Brest L’Autriche-Hongrie accuse ouvertement le gouvernement serbe d’être responsable de l’attentat. L’Empire cherche le soutien de l’Allemagne de Guillaume II avant de déclarer la guerre à la Serbie. Georges Clemenceau dénonce cette stratégie dans son journal « L’homme libre » le 3 juillet 1914.

28 juin 1ère étape Pa ris - L e Hav r e Départ du Tour au Pont de Saint-Cloud pour la première étape longue de 388 km, onze vainqueurs du Tour sont sur la ligne de départ. Sarajevo : un jeune révolutionnaire bosniaque, Gavrilo Princip, assassine l’Archiduc François-Ferdinand héritier du trône d’Autriche Hongrie. Les autorités autrichiennes vont profiter de cet attentat pour lancer une répression contre ce petit état de Serbie. Les Français découvrent la poudrière des Balkans. Cet attentat va déstabiliser une paix fragile et entraîner l’Europe dans la guerre.

4 juillet 4ème étape Brest-La Rochelle Le départ de la course est donné à minuit au départ de Brest pour la plus longue étape de ce Tour (470 km) Guillaume II réaffirme à l’AutricheHongrie sa fidélité au traité de « Triple Alliance » signé en 1882 (Alliance entre l’Allemagne, l’Autriche-Hongrie et l’Italie). Face à cette alliance, une « Triple Entente » avait été signée en 1907 entre la France, la Russie et le Royaume-Uni.

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6 juillet 5ème étape La Rochelle-Bayonne Sous le soleil d’été, l’étape se déroule dans une certaine léthargie, le relief se prêtant peu aux offensives. À l’approche des Pyrénées, les coureurs réservent leurs énergies. La perspective d’un conflit généralisé n’effleure pas Guillaume II qui réitère son soutien à l’empereur autrichien François Joseph. En revanche, Georges Clemenceau, tout comme le chancelier allemand Bethmann-Hollweg, sont beaucoup plus clairvoyants et craignent au contraire que ce conflit ne se limite pas aux frontières de la Serbie.

étape Bayonne-Luchon 8 juillet 6ème Avec l’ascension de ses 5 cols, cette étape décisive est très disputée. L’équipe Peugeot avec Firmin Lambot remporte cette première étape pyrénéenne. Les coureurs arrivent en ordre dispersé à Luchon, le dernier coureur franchissant la ligne d’arrivée après minuit. La fièvre belliqueuse contre la Serbie s’envenime en Autriche ainsi qu’en Hongrie malgré les réticences du Président du Conseil hongrois Istvan Tisza qui redoute une guerre européenne. Les aristocrates hongrois, réunis autour du Ministre autrichien des Affaires étrangères le comte Berchtold prônent avec force la guerre contre la Serbie pour permettre à l’Empire d’Autriche-Hongrie de dominer les Balkans.

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10 juillet 7ème étape Luch on - Pe r pi g n a n Cette étape est marquée par les cols accidentés, en particulier le fameux col du Portet-d’Aspet, par un duel entre coureurs belges (Thys et Spiessens) et français (Pelissier et Alavoine). Jean Alavoine s’affirme dans le col du Puymorens et remporte l’étape dans un sprint final slalomant au milieu des Catalans de Perpignan. A Paris, les parlementaires préparent l’organisation d’un débat au Sénat pour évoquer la mauvaise préparation et la faiblesse des armements français... 12 juillet 8ème étape Perpignan-Marseille Foule nombreuse à l’arrivée du peloton de tête de 25 coureurs au vélodrome du Prado à Marseille marquée par un sprint final et des chutes... Le gouvernement serbe est dédouané de toute responsabilité dans la préparation de l’attentat contre l’héritier de l’Empire austrohongrois. Pourtant les tensions contre la Serbie ne s’apaisent pas.


14 juillet 9ème étape Marseille - Nice En ce jour de fête nationale, c'est un coureur belge, Jean Rossius, qui remporte l'étape au terme des 338 km. À l'arrivée, de nombreux coureurs abandonnent le Tour, dont le mythique Lucien Petit-Breton, vainqueur du Tour en 1907 et 1908. A Paris, le Président de la République, Raymond Poincaré et le Chef du gouvernement, René Viviani, entament une visite officielle à SaintPetersbourg chez leur allié russe, le tsar Nicolas II.

16 juillet 10ème étape Nice-Grenoble Cette étape, l'une des plus difficiles du Tour est marquée par la victoire du Français, Henri Pelissier au terme d'une course de plus de treize heures. Pelissier consacre la domination de l'équipe Peugeot sur ce Tour. Jean Jaurès prend la parole face aux militants socialistes réunis en congrès. Il tente d'alerter sur les menaces qui pèsent sur la paix. Jaurès harangue les militants pour qu'ils prennent conscience du danger et les engage à organiser une grève générale en cas de menace de guerre.

18 juillet 11ème étape Grenoble - Genève Les 325 km de l'étape sont marqués par de nombreux cols dont « le géant du Tour » celui du Galibier. C'est le Français Gustave Garrigou qui remporte la victoire au terme d'une bataille avec Thys et Pelissier. La tension diplomatique s'accentue en Europe.. En Autriche, le camp des bellicistes autour du comte Berchtold a gagné, l'Autriche décide d'adresser un ultimatum à la Serbie.

20 juillet 12ème étape Genève-Belfort Après la rude traversée des Alpes, le coureurs sont épuisés et c'est Henri Pelissier de l'équipe Peugeot qui arrive en tête à Belfort. C'est au cours de cette étape, que selon la légende, aurait été attribué pour la première fois un maillot jaune au vainqueur d'étape. Georges Clemenceau dénonce l'inertie du gouvernement français et l'absence du président de la République, en voyage officiel en Russie.

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TOULOUSE - MEDIA-PITCHOUNES

22 juillet 13ème étape Belfort-Longwy Le tracé de cette étape longe les territoires français perdus lors de la guerre de 1870, l'Alsace et la Moselle, occupés depuis par les Allemands. C'est François Faber qui remporte l'étape au terme d'une longue échappée, acclamé par la foule composée en majorité d'ouvriers étrangers des usines sidérurgiques. Le président français achève son voyage officiel en Russie, dont le but est de confirmer l'alliance entre les deux nations. L'ultimatum adressé à la Serbie par l'Autriche-Hongrie a été envoyé et le sort de la paix est maintenant scellé... Un mois plus tard, le 22 août 1914, Longwy est le théâtre d'une terrible bataille qui s'achève par de lourds bombardements de l'artillerie allemande laissant la ville détruite.

24 juillet 14ème étape Longwy-Dunkerque L'avant-dernière étape relance le suspens de la victoire du Tour. En effet, Thys, en tête au classement général, est pénalisé par les commissaires de course pour un changement de roue non régulier. Les deux coéquipiers de l'équipe Peugeot, Thys et Pelissier, ne sont plus qu'à quelques minutes d'écart. L'étape est remportée pour la seconde fois consécutive par François Faber. Dans les Balkans, les événements s'accélèrent, les relations diplomatiques entre l'Autriche et la Serbie sont interrompues. La Serbie n'a d'autre choix que d'ordonner la mobilisation générale et d'en appeler au soutien de la Russie. Au soir du 25 juillet, Jean Jaurès prononce l'un de ses ultimes discours à Lyon (discours de Vaise) et annonce : « L'Europe se débat comme dans un cauchemar... Songez à ce que serait le désastre pour l'Europe : ce ne serait plus, comme dans les Balkans, une armée de trois cent mille hommes, mais quatre, cinq et six armées de deux millions d'hommes. Quel massacre, quelles ruines, quelle barbarie ! ». Moins d'une semaine plus tard, le 31 juillet, « l’apôtre de la Paix » est assassiné.

26 juillet 15 étape DunkerqueParis Loin de l'ambiance dramatique qui règne dans les chancelleries européennes, le Tour s'achève dans l'euphorie générale. La foule parisienne acclame l'arrivée du Tour et applaudit avec ardeur le sprint final au Parc des Princes remporté par Henri Pelissier. Au terme des 5 380 km, la Grande Boucle de 1914 s'achève par la victoire éclatante du Belge Philippe Thys (2ème victoire du Tour de France remporté en 1913, puis après la guerre, 3ème victoire en 1920) et de l'équipe Peugeot-Wolber. Après le refus de la Serbie d'accepter l'ultimatum, l'Empire d’Autriche Hongrie déclare la guerre au petit État serbe. Le jeu des alliances et des ententes vient confirmer ce qu'avait annoncé Jaurès. Le 2 août, la mobilisation générale est ordonnée en France. Le même jour, le premier militaire français est tué au combat, un caporal nommé Jules-André Peugeot. ème

Source principale : BOURGIER Jean-Paul, Le Tour de France 1914, De la fleur au guidon à la baïonnette au canon, Edition Le Pas d’Oiseau, Toulouse, 2011.

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Observe les uniformes et trouve la nationalité de chacun de ces soldats 1.Fantassin russe 2.Tirailleur marocain 3.Fantassin anglais 4.Sikh de l’Inde 5.Volontaire irlandais 6.Fantassin français 7.Tirailleur algérien 8.Fantassin japonais 9.Tirailleur Sénégalais

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Solutions page 90

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Journal du lundi 27 juillet 1914 : DĂŠbut de la Guerre et ArrivĂŠe du Tour


LUCHON TERRE DE POETES Luchon ville de bien-être ne date pas d’aujourd’hui, nous avons retrouvé une présentation « poétique » de cette ville au cours de nos recherches, dans le journal « LE FLORÉAL », datant d’après-guerre, en 1923. Une vraie déclaration d’amour entre Bagnères-deLuchon et l’écrivain Pierre Guitet-Vauquelin.

« De l'aveu de tous, — et de tout temps, — Luchon est la « Reine des Pyrénées », la vallée par excellence, la station type. Située dans une région d'une beauté sans seconde, entourée des pics géants où culmine la chaîne des Pyrénées, elle offre une variété de décors inouïe. Tout autour d'elle rayonnent les plus pittoresques, vers la Vallée et le Cirque du Lys, chers à Lamartine, vers les hautes vallées d'Oueil et de Larboust peuplées de vestiges de l'époque romaine et où José-Maria de Hérédia fit moisson d'épigraphiste pour illustrer les sonnets des Trophées, vers les torrents et les sources claires dont Edmond Rostand a noté les symphonies dans les poèmes des Musardises, vers ces rendez-vous mondains où s'exerça la verve incisive de Jean Lorrain, et vers Saint-Bertrand de Comminges, ce pur joyau de l'architecture du passé.

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Pour les paresseux qui se privent de la joie d'aller à pied, le funiculaire de la Chaumière monte assez haut pour qu'on en puisse contempler la vallée merveilleuse, et le chemin de fer électrique à crémaillère les pousse en plein ciel, à 1.800 mètres d'altitude, vers cet hôtel de féerie que les efforts combinés des Compagnies de l'Orléans et du Midi ont dressé sur le plateau de Superbagnères. D'ici, l'on domine tout le panorama pyrénéen, du pic du Midi aux MontsMaudits, du Val d'Aran aux plaines lointaines où la Garonne se fraye un chemin de lumière. Voici l'hippodrome de Moustajon et les links du Golf Club, les jardins du Casino que hantèrent les derniers rois. Mais voici surtout, à nos pieds, les Thermes où la science minéro-thermale a remporté ses plus remarquables succès avec les Lambron, les Ferras, les Garrigou, les Moureu, les Sabatier, tous les savants qui codifièrent les vertus du soufre et, plus récemment, commencèrent d'éclairer les mystères de la radioactivité des sources. Car Luchon possède la plus belle gamme d'eaux sulfurées du monde entier. Leur variété permet d'y combattre une infinité de misères, — jusqu'à celles qu'on ne nomme pas, — et il serait injuste de passer sous silence cette source de Ravi dont la réputation grandit d’heure en heure, et dont l'eau sulfurée sodique silicatée doit être considérée comme la providence des reins qui se ressentent de tout ce que la terrible vie moderne, pourvoyeuse de poisons, fait pour les démolir. »


LE LUCHON THERMAL Juillet 1914… dans le journal Luchonnais, le passage du Tour donnait à l’époque une petite brève dans ce journal local que nous a confié Philippe Guilhem, conservateur du musée de la ville. Grande animation, mercredi dernier à Luchon pour l’arrivée des concurrents du Tour de France cycliste. Le contrôle était installé au café de la Paix sous la direction de M. Dupont, correspondant de l’Auto. C’est vers cinq heures qu’est arrivé le premier coureur Lambot (Belge). Bientôt suivi de Thys , Pélissier , puis un peu plus tard Alavoine , Rossins , Geoget , Buysse , Defraye , Egg . A 8 heures, 38 concurrents étaient arrivées, à 11h. 1 /2 arrivaient les derniers. Le service d’ordre était assuré par la police locale et un piquet d’infanterie venu de SaintGaudens. Vendredi à 3 heures du matin, le départ était donné pour la 7eme étape Luchon-Perpignan. La ville de Luchon a donné un prix de 200 francs pour le premier coureur arrivé à Luchon. Il semble qu’il y aurait mieux à faire pour l’avenir. Les hôteliers de la station, qui profitent du mouvement crée par le passage du Tour de France devraient eux aussi offrir un prix.

Interview de Philippe Guilhem, conservateur du Musée du Pays de Luchon

En quelle année la ville de Luchon a-t-elle accueilli le Tour pour la première fois ? Philippe Guilhem: Le Tour de France a démarré en 1910 à Bagnères-de-Luchon. Il faut savoir que nous sommes la 3ème ville après Bordeaux et Paris à avoir accueilli le Tour de France le plus de fois dans l’histoire. Soit qu’il passe, soit en tant que ville de départ ou d’arrivée. Si mes souvenirs sont bons, je crois que nous en sommes à notre 55 … ou 56ème fois ici à Bagnères. Comment étaient les étapes à cette époque par rapport à aujourd’hui ? Les étapes de montagne qui se sont déroulées au travers des différents tours de France étaient des étapes très longues. Il faut savoir que les coureurs sur le Tour de France en 1910 mais également en 1914 partaient le matin très tôt, c’est-à-dire qu’ils se levaient à 2 - 3 heures du matin pour partir vers 4 heures du matin sur les cols pyrénéens. Les premiers arrivaient vers 17 heures et les derniers arrivaient tard le soir vers 22h – 23 heures . Les coureurs à présent sont sur des routes de bien meilleure qualité, dans certains endroits, on refait même le goudron avant le passage d’une étape ! En 1910, les routes de montagne n’étaient que des chemins de terre qui ne servaient qu’à monter le bétail dans les alpages. Sachant qu’en 1914 les coureurs ne disposaient pas d’équipements ni d’assistance, comment faisaient-ils pour réparer les crevaisons ou autres problèmes techniques ? Alors tout simplement, sous la selle ils avaient tout leur matériel pour réparer le vélo, lors des crevaisons, ils avaient un « boyau » de rechange autour du cou. Ils n’avaient droit à aucune assistance et devaient se débrouiller seul. Soit en réparant sur place, soit porter leur vélo jusqu’au prochain village afin de trouver du matériel de réparation. Luchon a-t-elle été touchée par la guerre ? Oui, comme dans beaucoup d’endroits en France, Luchon a participé à cette Grande Guerre par ses combattants. La ville a aussi accueilli énormément de blessés qui ont séjourné dans les différents lieux de la ville et dans les centres de loisirs qui ont été à cette époque aménagés en hôpitaux temporaires.

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anecdotes d’avant-guerre Quelques stratagèmes et tricheries utilisés par les coureurs... 1903 : Premiers tricheurs

1904 : Cornet avec « piston » Quels sont le nom et l’âge du plus jeune vainqueur du Tour de France ? Henri Cornet, 19 ans. Vainqueur du deuxième Tour de France en 1904. Pour commencer, son nom : Henri Cornet est un pseudonyme, il s’appelle en fait Henri Jardy. Ensuite, dans les pelotons, on l’appelle « le Titi parisien ». Il est né en 1884 dans le Pas-de-Calais. « C’est un drôle ce Cornet », dit de lui Hippolyte Aucouturier (qui terminera deuxième en 1905), même en course, il raconte des blagues, fait le clown, prend des mimiques. Certains le qualifiaient déjà de « Cornet le rigolo », puis de « Cornet le mécanicien », après un gag dans l’étape La Rochelle-Brest de 1911 : comme tous les coureurs avaient ralenti, Cornet expliqua à Desgrange qu’il avait oublié une clé anglaise au contrôle. Retour en arrière sous l’œil éberlué du patron, et retour en course, où il terminera 9ème de l’étape à Brest. A l’arrivée à Paris, Maurice Garin est premier, devant Lucien Pothier, César Garin et Hippolyte Aucouturier. Le jeune Henri Cornet est cinquième. Mais, coup de théâtre quelques semaines après l’arrivée, les quatre premiers sont déclassés « pour violation des règlements ». Etonnamment, « l’ingénieur », c’est son nouveau surnom, est resté, depuis cent Tours de France, le plus jeune vainqueur de la Grande Boucle.

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Mercredi 1er juillet 1903, 15 H 16. Ils sont soixante coureurs rassemblés devant le café Le Réveil Matin, à Montgeron, au départ de la première étape du premier Tour de France : Paris-Lyon, 467 kilomètres. Une des plus longues de l’histoire de la Grande Boucle, remportée par Maurice Garin, vainqueur de ce premier Tour, en 17 H 45’ 44’’. Moyenne de 27,28 km/h. Phénoménal, quand on sait que son vélo pesait près de 20 kg, sur des routes à peine carrossables ! Et pourtant, en ce premier jour du Tour, première tricherie : on raconte que certains coureurs, non contents de s’accrocher à d’autres vélos, se laissaient traîner derrière les autos ou même grimpaient dans une voiture le temps de se refaire une petite santé. Mais le coup le plus spectaculaire a été l’affaire du train : les commissaires de course, pour devancer les meilleurs, prenaient le train en direction de Lyon. Géo Lefèvre, l’adjoint de Desgrange qui lui a proposé l’idée d’un Tour de la France, avouait le 2 juillet : « L’arrivée, eh ben je l’ai manquée ! Ce Garin et ce Pagie m’ont précédé à Lyon sur leur simple bicyclette, tandis que je roulais dans l’Express ! » Garin et Pagie n’ont pas triché. En revanche, des petits malins, eux, se sont faits prendre. Les commissaires, quittant le train, virent quelques coureurs descendre des wagons avec leur vélo et prestement se remettre en selle pour rejoindre l’arrivée. Une sorte de TGV de l’époque : de Très Grands Vilains!s


Bataille générale, coups de poing, coups de bâton, jets de pierres. L’armée est obligée d’intervenir ! Henri Desgrange craque, les quatre premiers du Tour sont déclassés (Maurice Garin, Pothier, César Garin, Aucouturier. Dans un article célèbre de «L’Auto», Desgrange écrit : «Le Tour de France est terminé. Il sera mort de son succès ». Deux mois plus tard, le patron change d’avis. Il organisera le Tour de 1915, et, en 2014, la Grande Boucle continuera à tracer sa route.

1904 : Flics et Voyous Maurice Garin est surnommé « le petit ramoneur ». Après avoir enlevé Paris-Roubaix, il gagne le premier Tour de France de 1903, avec 2 h 59’ d’avance sur Lucien Pothier. Un record : Il reçoit une prime de 6000 francs-or et passe près de la disqualification pour avoir frappé son coéquipier Fernand Augereau dans l’avant-dernière étape. Malgré ses trente-trois ans, Garin est toujours aussi fort, ce qui agace les autres coureurs et certains spectateurs. Dans la deuxième étape Lyon-Marseille, des bandits entrent en action. Ils veulent la victoire de leur champion, le stéphanois Alfred Faure. Ils montent alors un véritable guetapens dans le col de la République. Insultes, coups de bâton, jets des pierres, les coureurs chutent, c’est la panique générale ! Des coups de revolver sont tirés pour effrayer les assaillants. Du jamais-vu en sport. Maurice Garin est blessé, Henri Desgrange atterré. Le Tour vacille ! Les organisateurs ont repéré des coureurs qui se font aider. Dortignacq et Payan, par exemple. Dans le sud, du coté de Nîmes, d’où ils sont originaires, on apprend la nouvelle : début d’émeute. Le passage de la course à Nîmes est digne d’un western.

1905 : Les clous du spectacle Histoire de clous, pour Louis Trousselier, dit « Troutrou », fils de fleuriste du boulevard Haussmann. Echaudés par un Tour 1904 où les incidents et les tricheries se sont multipliés, les organisateurs répètent qu’ils vont surveiller la course et les routes comme jamais ! Pourtant, dès la première étape entre Meaux et Châlons-sur-Marne, le Tour roule sur des milliers de clous. Un véritable attentat. Crevaisons par centaine ! On s’arrête, on répare, on repart, on crève de nouveau… Certains coureurs sans assistance perdent une demi-heure, une heure… Devant, les favoris se sont échappés : Cornet, Pottier, Aucouturier, Trousselier et Petit-Breton. Mais d’autres clous sont répandus sur la route avant Vitry-le-François. Un scandale ! Henri Desgrange, fou furieux, veut arrêter le Tour à Nancy, puis se ravise. PetitBreton, sans pneu de rechange, décide d’arrêter.

Il saute dans un train pour Paris et croise un journaliste : « Je vais appeler Desgrange, pour plaider ta cause. » Effectivement, le futur vainqueur des Tours 1907 et 1908 retourne à Nancy et repart dans la course avec une simple pénalité. On n’a jamais retrouvé les coupables, même si l’enquête a prouvé que 125 kg de clous avaient été achetés chez Rémion et Roger, quincailliers en gros, rue du Faubourg- du-Temple, dans le 3e arrondissement. Par qui, on ne le saura jamais… comme on ne sait toujours pas qui a jeté les clous, en 2012, sur la route de l’Ariège, entre Limoux et Foix. En revanche, ce que l’on sait aujourd’hui, c’est que dans les premiers Tours, certains coureurs expliquaient sous le manteau qu’on leur avait conseillé, entre tel et tel kilomètre par exemple, de rouler bien à droite sur la chaussée, pour éviter les clous.

1906 : Pottier, drôle de Tour Drôle de vainqueur, ce René Pottier. Vingt-sept ans, membre vedette du fameux Vélo Club de Levallois, dont le maillot blanc à bande noire va marquer l’histoire de ce quatrième Tour de France. L’année précédente déjà, en 1904, René Pottier avait bluffé tout le monde en avalant à plus de 20 km/h la première vraie difficulté du parcours depuis la création du Tour : le ballon d’Alsace. Chapeau, monsieur Pottier !

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AURILLAC - ACCENT JEUNES

1906 : 14 à l’arrivée Qui va donc gagner, en 1906, le Tour le plus décoiffant de l’histoire de la compétition? Cette année-là, on passe de onze à treize étapes, avec un parcours plus long de 1500 km : 2994 km en 1905, 4483 km en 1906. Mais l’événement sera surtout le nombre historique d’abandons. Ils sont 82 courageux au départ, ils ne sont que 14 à l’arrivée. Incroyable !

A Metz, ville allemande à cette époque, la rivalité tourne à l’embrouille : Trousselier et Georget sprintent ensemble, laissant PetitBreton à quelques mètres. « Trousselier vainqueur devant Georget », déclare le juge à l’arrivée… Pendant quelques minutes c’est la confusion. Discussions, arguments, doutes et finalement, Henri Desgrange en personne tranche : pour la première fois dans l’histoire du Tour, il y aura deux vainqueurs pour cette étape. Trousselier et Georget sont ex-aequo.

1910 : « Vous êtes des assassins ! » 1907 : Ex aequo Rare et presque unique dans l’histoire du Tour. Nous sommes le mercredi10 juillet, dans la deuxième étape du Tour 1907, entre Roubaix et Metz. Au bout de 398 km de course, deux coureurs, Louis Trousselier et Emile Georget, vont se retrouver ex-aequo à l’arrivée. Pour comprendre ce résultat étonnant, il faut savoir que cette année-là, Peugeot et Alcyon, deux constructeurs de cycles se mènent une guerre sans merci. Peugeot se vante partout d’avoir gagné les deux derniers Tours. Dès la première étape, Paris-Roubaix, la bataille est intense : Trousselier et Georget, les Alcyon, mènent le peloton et impressionnent même les Peugeot, Petit-Breton et Cadolle.

En 1910, la Grande Boucle découvre la vraie, la grande, la haute montagne. Le 21 juillet, l’étape proposée à ces cyclistes montagnards est dantesque : 326 km entre Luchon et Bayonne, en escaladant les cols de Peyressourde (1569 m), d’Aspin (1489 m), du Tourmalet (2115 m) et d’Aubisque (1909 m). Les héros du Tour face aux géants des Pyrénées. Gustave Garrigou réussit le premier le grand exploit de gravir le Tourmalet sans mettre pied à terre et, pour cela, empochera une prime de 100 francs or ! Mais Octave Lapize, ce jour-là, a des jambes de feu, en jargon cycliste, on dit qu’il « voltige ». Avantagé par son petit gabarit, il va gagner cette étape historique. A l’arrivée, il ne mâche pas ses mots et déclare : « Vous êtes des assassins ». Octave Lapize gagne le Tour 1910, félicité à son arrivée au Parc de Princes par les « assassins ».

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1911 : La pomme « empoisonnée » Du poison dans un bidon que l’on donne à l’un des favoris du Tour pour se débarrasser de lui ! « La Pomme », c’est le surnom de Paul Duboc, excellent coureur qui a terminé quatrième du Tour en 1909, en gagnant la treizième étape BrestCaen de 415 km. Pendant le Tour 1911, il est en super forme. Vainqueur de la 8ème étape entre Marseille et Perpignan, il récidive le mardi 18 juillet avec une victoire entre Perpignan et Luchon. Bref, le fameux « La Pomme » est mûr pour commencer à inquiéter Gustave Garrigou, le 1er du classement général. Le 20 juillet, c’est la fameuse étape Luchon-Bayonne, avec les géants des Pyrénées à escalader. Le 9ème Tour de France est en train de se jouer. Soudain, coup de théâtre ! Juste après le col d’Aubisque, Duboc prend un bidon et, quelques secondes plus tard, fait un malaise. Desgrange, qui vient de le rattraper, dira : « je flairais moi-même un bidon qu’il avait à coté de lui, et qui me parut ne pas sentir l’odeur du thé… » « La Pomme » mit plus d’une heure à s’en remettre. Le mal était fait, tous les meilleurs l’avaient dépassé, et Duboc avait perdu le Tour. Gustave Garrigou, deux fois 2ème du Tour (1907 et 1909), terminera cette fois 1er à Paris. Bidon, poison, passion, champions, etc. C’est l’histoire du Tour, où parfois, pour gagner, tout est bon...


Média - Pitchounes et la Fondation LCL : UNE BELLE RENCONTRE « Média-Pitchounes a pour vocation de fédérer des personnes qui n’ont pas l’occasion de se rencontrer » est-il écrit en exergue du magazine O’Sport citoyen n°2. La probabilité de se rencontrer avec les Pitchounes et leur animateur Laurent Girard était effectivement assez faible. C’est grâce au Tour de France que la rencontre a pu avoir lieu, Laurent Girard ayant décidé de « prospecter » tous les partenaires du Tour de France et donc LCL qui accompagne cet événement depuis 33 ans. . Créée en juillet 2012, la Fondation LCL est un tout jeune acteur du mécénat. Elle mène notamment des actions en faveur des jeunes habitant des quartiers dits sensibles. Le « Tour au pied des tours » lui a paru d’emblée un projet vraiment intéressant, et qui permettait de donner une autre dimension au partenariat sportif de la banque. Les liens se sont tissés pendant le Tour 2013. Tant les collaborateurs LCL que leurs invités,tous ont été séduits par la gentillesse de l’équipe, la qualité des échanges avec les Pitchounes et leurs animateurs. Leur intégration par les équipes LCL du Tour a été immédiate. Ils ont ensuite été accueillis pour une visite du siège historique de la Banque, boulevard des Italiens à Paris. Média-Pitchounes est emblématique des associations que la Fondation LCL souhaite soutenir : une association de proximité, qui travaille en profondeur, intéresse à son projet les habitants du quartier, travaille en réseau avec d’autres associations, et est profondément concernée par les jeunes qu’elle accueille. Cette année, pour la 5ème édition du « Tour au pied des tours », Média-Pitchounes a décidé de partager l’aventure avec trois autres associations de Nantes, Aurillac et Decazeville. Cette nouvelle dimension du projet qui dénote une grande générosité a séduit la Fondation LCL. Le rayonnement de l’opération bien au-delà du quartier de Bagatelle à Toulouse promet de nouvelles et belles rencontres ! La Fondation LCL est vraiment heureuse de contribuer pour la deuxième année consécutive à cette magnifique aventure des Pitchounes qui par leur dynamisme, leur ouverture aux autres, incarnent parfaitement l’esprit de … MédiaPitchounes !

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Le Tour 2014 Etape 1 : Leeds/Harrogate

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Etape 2 : York/Sheffield

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Etape 3 : Cambridge/Londres

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Etape 4 : Le Touquet - Paris

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Etape 5 : Ypres/Arenberg

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Le

TOUR

Au Pied Des Tours

Toute l’actualité des Pitchounes sur www.media-pitchounes.fr

Etape 6 : Arras/Reims

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Etape 7 : Epernay/Nancy

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Etape 8 : Tromblaine/Gérardmer

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Etape 9 : Gérardmer/Mulhouse

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Etape 10 : Mulhouse/La Planche

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Arrivée : Evry - Pa Vainqueur d’étape


au Jour Le Jour Etape 11 : Besançon/Oyonnax

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Etape 12 : Bourg-en-B./St Etienne

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Etape 13 : St-Etienne/Chamrousse

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Etape 14 : Grenoble/Risoul

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Etape 15 : Tallard/Nîmes

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Etape 16 : Carcassonne/Bagnères

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Etape 17 : St-Gaudens/St-Lary

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Etape 18 : Pau/Hautacam

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Etape 19 : Maubourguet/Bergerac

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Etape 20 : Bergerac/Périgueux

Vainqueur d’étape

aris Champs-Elysée

05 67 11 39 05 association@media-pitchounes.fr


Média Pitchounes et la Fondation FDJ En développant chez les jeunes les valeurs du sport et en les sensibilisant sur les incivilités lors d’évènements sportifs mais aussi dans la vie quotidienne, les actions de Média Pitchounes trouvent tout leur sens auprès de la Fondation FDJ. Commencé en 2010, le partenariat entre la Fondation FDJ et MédiaPitchounes permet l’organisation de séjours pour des jeunes de quartiers dits sensibles sur le Tour de France et la découverte du métier de journaliste. Cette année, pour la 5 ème édition du « Tour au pied des tours », MédiaPitchounes partage l’aventure avec trois autres associations. Ce sont 30 apprentis reporters venus de toute la France qui vont vivre des moments inoubliables sur la 101éme édition du Tour de France qui a pour thématique le centenaire 1914-1918. Petite histoire à l’heure de la célébration du centenaire de 1914 -1918 : les Gueules Cassées.

La Loterie Nationale, l’ancêtre de FDJ®, a été créée pour venir en aide aux victimes de la Grande Guerre. Peu de gens le savent, mais les mises des joueurs permettent encore aujourd’hui d’aider les anciens combattants. Tout le monde a entendu parler des Gueules Cassées, ces grands blessés revenus des tranchées gravement mutilés de la face. Mais le lien qui les unit avec la Française des Jeux est souvent méconnu. Pourtant, ces hommes sont bel et bien à l’origine de l’entreprise. Pour comprendre, revenons un peu en arrière...

Tout commence au lendemain de la Grande Guerre, lorsque trois soldats, eux-mêmes gravement blessés, décident de fonder une association d’entraide et de soutien en faveur de leurs camarades d’infortune. Il faut savoir que les blessures au visage n’étant pas considérées comme invalidantes, les Gueules Cassées ne bénéficient alors d’aucune aide publique. C’est ainsi que naît l’UBFT, l’Union des Blessés de la Face et de la Tête. Aux côtés d’autres associations de victimes de guerre, nos trois soldats ont l’idée de lancer une souscription nationale assortie d’une tombola qui bénéficiera aux Gueules Cassées. Nous sommes à la fin des années 20 et le succès est immédiat. L’attractivité des lots, qui vont de la bicyclette à l’avion de tourisme en passant par le cyclomoteur et l’auto « grand luxe », y est sûrement pour quelque chose. Mais les Français sont également fiers et heureux de participer à cette entreprise de bienfaisance nationale..

www.groupefdj.com Fondation FDJ

L’ampleur de la réussite fait des émules. En 1933, l’Etat s’inspire de l’idée pour créer la Loterie Nationale en vue de réparer les dommages financiers et humains de la guerre, mais également pour dédommager les victimes des catastrophes agricoles. L’opération est ainsi totalement fidèle à l’esprit fondateur des loteries qui remonte à l’Empire romain : collecter des fonds au service de l’intérêt général. Les billets émis sont estimés trop chers ? Qu’à cela ne tienne, les Gueules Cassées les fractionnent en « dixièmes » qu’ils émettent et distribuent eux-mêmes sur l’ensemble du territoire. Et c’est un nouveau succès. En 1976, les Gueules Cassées auront à nouveau un rôle moteur en étant les promoteurs du jeu LOTO®. Huit décennies plus tard, la Loterie Nationale, devenue FDJ®, a bien changé, mais elle compte encore parmi ses actionnaires l’UBFT, qui détient 9,2 % de son capital, et la Fédération Maginot* 4,2 %. Quant à sa vocation redistributrice, elle est toujours bien inscrite dans l’ADN de l’entreprise. Ce que le joueur mise est redistribué, pour une part sous forme de gains, pour une autre part aux détaillants et le reste à la collectivité via les sommes perçues par l’Etat. 95 % des mises sont ainsi redistribuées et orientées en partie vers des causes d’utilité publique qui profitent au plus grand nombre. Fidèle à ses origines et à son histoire, c’est donc tout naturellement que FDJ® a souhaité s'associer à la Mission Centenaire 1914-1918 et rendre un hommage particulier à ces Gueules Cassées, à l’origine de l’entreprise et qui, malgré l’adversité, ont su porter l’espoir et brandir l’optimisme de leur célèbre devise : « Sourire quand même ». * Fédération nationale André Maginot des anciens combattants et victimes de guerre a été créée en 1888.

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RECLAMEs D’AnTAN Quelques anciennes publicités qui nous ont fait rire

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Lettre à Philippe Thys Cher Philippe, cher Champion,

Nous sommes très heureux pour ta victoire sur ce Tour 1914. Nous t’avons rédigé cette lettre pour te montrer à quel point le Tour de France moderne est … beaucoup plus simple ! Les vélos sont ultra-perfectionnés et ultralégers. Les coureurs peuvent même changer de vélo en fonction des étapes : plaine, montagne… De nos jours ; ce sont des équipes et des coureurs qui viennent du monde entier ! Ils sont des cinq continents, américains, australiens,… En 2014, il faut savoir que le Tour de France va partir d’Angleterre, nos alliés militaires ! bien qu’ils aient toujours été nos plus grands adversaires, même sur le vélo, ils sont à ce jour….imbattables !. Que penses-tu de ça ? Et comment étaient les conditions de course alors qu’il faisait nuit, aviez-vous un éclairage sur votre bicyclette ou alors rouliez-vous à l’aveugle ? Depuis de nombreuses années les étapes sont plus courtes et ne se déroulent plus la nuit. Est-ce que tu aurais aimé que le Tour que tu viens de gagner soit comme celui de 2014 ou bien pour toi le Tour de France doit rimer avec souffrance ? Dans quelques jours, la guerre va commencer. Quel est ton état d’esprit ? Penses-tu que cette guerre va durer et es-tu fier d’aller défendre ton pays ? …Cette fichue guerre va faire plus de 10 millions de morts…. La bonne nouvelle, c’est que toi, tu vas t’en sortir, mais au cœur du peloton, ceux de Petit-Breton, Lapize, Faber et tant d’autres vont cesser de battre… Pire, une seconde guerre éclatera 20 ans plus tard ! Le Tour de France est devenu la troisième compétition sportive au monde la plus regardée. En effet, la télévision couleur a été créée, c’est-à-dire que le monde entier peut voir vos exploits dans son canapé, chez lui sur un écran et bien évidemment le suivre avec la radio A ton époque, un seul journal parlait du Tour de France : «L’Auto» aujourd’hui appelé «L’Equipe». Mais ce sont plusieurs magazines qui parlent maintenant du Tour de France et de ses résultats. Nous, même en tant qu’apprentis journalistes, nous rédigeons un magazine sur cette compétition historique. Aujourd’hui tout le monde connait le Tour de France et des millions de personnes viennent regarder le passage du peloton mais aussi de la caravane. .. Ça aussi, tu ne dois pas savoir ce que sait ! Ce sont plein de grandes marques qui défilent avec leurs chars avant les coureurs et distribuent plein de cadeaux aux gens qui vous attendent sur le bord des routes ! Le maillot jaune a été créé, il est le symbole de cette course récompensant le leader du classement général, il y’a aussi un maillot vert, et un maillot blanc … à pois rouges pour les rois de la montagne ! Les choses dans le monde ont bien changé depuis ta victoire, on a marché sur la lune, on communique à présent par des petits appareils pas plus grands qu’une main pour téléphoner ou des machines appelées ordinateurs. Même les coureurs cyclistes ont une petite oreillette afin de parler stratégie de course avec leurs équipiers et directeur sportif. ! Et on ne te parle pas des CD, du cinéma en 3D ou du train à grande vitesse qui va à 574,8 km/h ! La France est diversifiée, les gens surtout dans nos quartiers sont originaires de plein de pays différents. Bien que la France ne soit pas en guerre et soit un pays libre, de nombreux conflits règnent encore mais à cause de problèmes économiques entre les nations. Pour terminer, nous voulions te remercier pour le magnifique héritage que tu as laissé au sport et plus particulièrement au cyclisme.

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Les Pitchounes


Philippe Thys

Biographie: Coureur cycliste belge né le 8 octobre 1890 à Anderlecht. Philippe Thys, engagé par la marque Peugeot, fait ses débuts chez les professionnels en 1912, et se classe sixième du Tour de France la même année. En 1913, Philippe Thys remporte ce Tour de France, l’un des plus fertiles en rebondissements depuis la création de l’épreuve, devant Gustave Garrigou, à 8 min 37 s et Marcel Buysse, à 3 h 30 min 55 s. En 1914, Philippe Thys s’impose une deuxième fois dans la Grande Boucle, après avoir été le leader du classement général du premier au dernier jour. Il aura pourtant dû repousser les assauts d’Henri Pélissier jusque dans l’ultime étape pour assurer son succès, précédant en définitive le Français de 1 min 50 s. En outre, un incident s’est produit lors de l’avant-dernière étape : Philippe Thys a chuté et brisé sa fourche. Il s’est rendu chez un marchand de cycles, qui l’a aidé à réparer sa machine ; il savait que cela lui vaudrait une pénalité, mais il avait surtout conscience que s’il tentait d’effectuer seul la réparation, il perdrait plus d’une heure, et donc le Tour de France. Thys écopa finalement d’une pénalité de 30 minutes, mais conserva sa première place au classement général. En 1917, Philippe Thys gagne Paris-Tours et le Tour de Lombardie, à l’issue d’un sprint houleux avec Henri Pélissier. En 1920, Philippe Thys remporte une troisième fois – exploit alors unique – le Tour de France, reléguant le deuxième, son compatriote Hector Heusghem, à 57 min 21 s. Philippe Thys gagne le Critérium des as en 1921, encore deux étapes sur le Tour de France en 1924. Il met un terme à sa carrière en 1927. Il décède le 16 janvier 1971 à Bruxelles à l’âge de 80 ans.

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UNE LONGUE ÉCHAPPÉE POUR CES ROIS DU GUIDON MORTS AU FRONT Il aura fallu quatre ans de guerre pour en quelques sortes décimer tout un peloton. Le cyclisme, comme le football et le rugby, verra bon nombre de ses pratiquants perdre la vie lors de ce conflit. Soixante-dix-sept seront recensés parmi les professionnels, routiers et pistards connus. Si l’on ajoute des centaines d’amateurs anonymes, c’est véritablement un peloton entier qui a disparu et à qui nous voulons rendre hommage. Outre les 3 anciens vainqueurs du Tour de France que nous vous avons présenté précédemment, c'est 48 anciens coureurs français ayant participé au Tour qui donnèrent leur vie à leur patrie. Parmi eux, Georges Bronchard, lanterne rouge du Tour 1906, décédé dans une ambulance qui le ramenait blessé à l'arrière du front. Camille Fily qui avait pris le départ du Tour de France 1904 à seulement... 17 ans, mort au mont Kemmel en Belgique au printemps 1918. Citons

également

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Bon nombre également de grands espoirs que la guerre a "subtilisé" au futur palmarès du Tour, parmi eux, le grand espoir du cyclisme avantguerre, Frank Henry (cf. photo ci-dessous), mortellement blessé le 9 novembre 1914 à une quinzaine de kilomètres au sud du Chemin des Dames. François Henry pour l’état civil, devenu Frank Henry pour la route était un routier complet, rouleur formidable, excellent grimpeur et sprinter redoutable.

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Francois Lafourcade (cf. photo

à gauche), qui en 1910, lors de la première grande étape dans "ses montagnes" entre Luchon et Bayonne réalisera l'exploit de basculer en tête au sommet de l'Aubisque avec 15 minutes d'avance sur Octave Lapize. Épuisé par ses efforts, il s’arrêtera au bas de la descente, sera rejoint, et terminera cinquième de l’étape. Henri Alavoine, le frère de Jean, qui lors du Tour 1909, accidenté, accomplit à pied, le vélo sur l’épaule, les dix derniers kilomètres de la dernière étape. Il sera victime d’une chute d’avion, et décédera le 19 juillet 1916 à l’hôpital de Pau.

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Parmi tous ces jeunes et ardents coureurs, il devait s’affirmer comme un champion d’une classe exceptionnelle et tous étaient d’accord pour prédire au rude Breton les plus beaux succès dans sa carrière professionnelle. Émile Engel, mort le 14 septembre 1914 à Maurupt-le-Montois, lors de la bataille de la Marne. Il avait remporté une étape du Tour de France en 1914. Inscrit sur le Tour parmi les "isolés", il était devenu un coureur sur qui il allait falloi compter pour les prochaines éditions.


TOULOUSE - MEDIA-PITCHOUNES Autre espoir, Pierre Vugé qui remporta la 5ème étape du Tour de France des indépendants en 1910 et porta les couleurs de l’équipe la Française Hutchinson en 1914 aux côtés d’Octave Lapize et du champion de France, Charles Crupelandt. Pierre Vugé est mort le 10 septembre 1918 à Thoix. Tué au Bois de la Gruerie en juin 1915, Anselme Mazan était le frère cadet de Petit-Breton et participa au tour de France 1907. Des trois frères Mazan, seul Pau,l qui fut lui aussi coureur cycliste et obtint même un titre de champion de France chez les amateurs, échappa au massacre. Nous nous devons également de rendre hommage à Marceau Narcy, René Etien, tué sur le front oriental pendant la bataille de Gallipolli, René Cottrel, Jean

Perreard, Marius Villette, François Cordier, Frédéric Rigaux, ou encore Antony Wattelier. Citons également Charles Privas, individuel en

1913. Il est mort le 22 octobre 1914 à Saint-Laurent-Blangy. PierreGonzague Privat, qui mit un terme à sa carrière en 1909, devenu caricaturiste, tué 2 jours après la chute de Hourlier et de Comès. On associe souvent Léon Hourlier à son beau-frère Léon Comes (cf. photo à droite) avec qui il fit équipe dans des épreuves de 6 jours, car ils trouvèrent la mort dans le même accident d’avion à Saint-Etienneau-Temple dans la Marne, le 16 septembre 1915 alors qu’ils rendaient visite à un autre aviateur connu, le boxeur Georges Carpentier. Parmi les pistards, citons entre autres Emile Maitrot, champion du monde de Vitesse Amateurs en 1901, l’anglais Tom Gascoyne et le prometteur Albert Tournié, abattu au cours d’un terrifiant combat aérien le 6 septembre 1918.

Et que dire du triple-champion du monde de demi-fond Georges Parent, plusieurs fois blessé et décoré, cité 4 fois à l’Ordre de guerre et qui mourut... de la grippe espagnole 3 semaines avant l’armistice... ! Côté allemand, la liste des cyclistes tués au front apparaît plus courte, la politique délibérée de l’état-major allemand n’envoya que très peu de ses athlètes célèbres sur les champs de bataille, contrairement aux Alliés. Sept coureurs germaniques ayant participé au Tour de France laisseront leur vie lors de ce conflit, dont Josef Fischer qui fut le seul à le boucler en 1903 en terminant 15ème. Parmi les pistards, on retiendra Ludwig Opel, le plus jeune des cinq frères dont la famille fonda la dynastie automobile que l’on connaît. Ils furent tous les cinq coureurs cyclistes. Ludwig, le dernierné de la fratrie pratiqua le cyclisme en compétition de 1896 à 1899 en tant qu’amateur puis il devint professionnel jusqu’en 1906. Très bon pistard, Ludwig Opel fut vicechampion du monde amateur du sprint en 1898. Il est mort sur le front de l’est le 16 avril 1916.

En Italie, le plus connu fut Carlo Oriani.(cf. photo ci dessus) vainqueur du Giro 1913, il fut emporté par une pneumonie contractée après avoir plongé dans les eaux glacées du Tagliamento pour sauver un de ses camarades qui était en train de se noyer. Coté belge, Marcel Kerff fut le plus vieux coureur cycliste à avoir trouvé la mort durant la guerre de 14. Il fut coureur cycliste professionnel de 1896 à 1904. Il participa au Tour de France 1903 en se classant 6éme à l’âge de … 37 ans ! Sa mort est tragique : peu après l’invasion de la Belgique, au début de la guerre, il se rendait à moto à proximité d’un camp allemand afin de voir et comprendre ce qu’il s’y passait. Fait prisonnier par les soldats allemands, il fut condamné à mort pour espionnage et exécuté par pendaison le 7 août 1914 à Moelingen. Un monument a été érigé près du lieu de son exécution en mémoire des cyclistes belges morts durant le conflit. Et tant d’autres que l’on ne peut tous oiter...

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Octave LAPIZE « Tatave » ou le « Le Frisé » Octave Lapize est né le 24 octobre 1887 à Paris. Son père est lozérien et a suivi l’exode rural en cette fin de 19ème siècle. A la naissance d’Octave, son père est limonadier à Montrouge. Octave Lapize est surtout connu pour avoir remporté le premier Tour de France passant par les Pyrénées en 1910. C’est un coureur trapu, robuste, et résistant qui mesure juste 1 m 65. Il fait ses débuts en 1907 comme amateur et passe professionnel en 1909 dans la formation Biguet. Sa victoire sur le Tour de 1910 (formation Alcyon) est la seule édition qu’il a terminée. En effet, il a abandonné en 1909, 1911, 1912, 1913 et 1914. Au total, il a remporté 6 étapes sur le Tour de France.

Le Tour de France 1910 est mémorable. C’est la première année où sont franchis les cols de montagne pyrénéens, dans l’ordre suivant : Peyresourde (1569 m), Aspin (1489 m), Tourmalet (2115 m), Aubisque (1909 m) et Osquich (507 m) A cette époque, le classement ne se fait pas au temps mais aux points. Quinze étapes sont au programme entre le 3 et le 31 juillet, avec une journée de repos entre chaque étape. Les horaires de départ des étapes sont situés entre 23 h 30 et 6 h 30, pour que les arrivées soient jugées dans l’après-midi ! … C’est l’année également de l’apparition de …la voiture balai !

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AURILLAC - ACCENT JEUNES Lorsque Henri Desgrange annonce aux 136 engagés que le Tour franchira des cols dans les Pyrénées, 26 coureurs décident de ne pas partir. Sur les 110 participants, seuls 41 finiront le Tour. La montée du Tourmalet est terrible (Tourmalet signifie « mauvais détour »). Elle correspond à l’étape entre Luchon et Bayonne, étape longue de 326 km. Apres 13 km, Octave Lapize met pied à terre. A cette époque, les cols des Pyrénées ressemblent à des sentiers pour les troupeaux. Certains chemins boueux, creusés d’ornières sont surnommés « le cercle de la mort ». De plus, les vélos de l’époque pèsent entre 12 et 13 kg, contre 7-8 actuellement. On connaît déjà le dérailleur, mais les modèles à plusieurs vitesses ne seront utilisés que dans les années 1930. A l’arrivée, Octave Lapize distance François Faber de 10 minutes mais compte encore 10 points de retard sur le Luxembourgeois. Dès lors, il va le harceler et à Paris, il remportera la Grande Boucle avec 4 points d’avance sur Faber. « Tatave » gagne l’estime populaire pour avoir su s’opposer au patron du Tour de France Henri Desgrange dont il dit à plusieurs reprises que c’est un «assassin».

Son palmarès : Paris-Roubaix (1909, 1910, 1911) Paris-Tours (1911) Paris-Bruxelles (1911, 1912, 1913) Champion de France sur route (1911, 1912, 1913) On dit que c’est « l’homme des triplés ». Ses équipes : Biguet (1909) Alcyon (1910) La Française (1911-1914) Pour la suite de sa carrière, Octave Lapize va choisir de préférence les courses sur piste qui sont plus lucratives. Il court sur les vélodromes en France, en Belgique et dispute la fameuse course du Buffalo. Quand la guerre arriva, le coureur, fan d’aviation, s’engagea dans l’armée de l’Air. Il apprit les techniques de combat à Cazaux et à Pau avant de rejoindre le front en 1917 à Bar-Le-Duc puis à Toul, sous les ordres du lieutenant Pierre Weiss. Le sergent Lapize, cité à l'Ordre du Corps d'armée pour avoir dégagé un avion en péril, mit hors de combat un avion ennemi le 28 juin 1917, mais au petit matin de la Fête nationale du 14 juillet, il affronta un biplan allemand effectuant un réglage d'artillerie au-dessus du bois de Mort-Mare en Meurthe-et-Moselle (située non loin de Pont-àMousson). Le combat s'engagea à 4500 m d'altitude et selon un témoin de la scène, son avion, frappé par une rafale de son adversaire, partit en vrille et alla s'écraser à 8 km des lignes.. D'après la citation publiée le 17 juillet à l'ordre de la 8e armée et signée par le Général Pétain, Octave Lapize aurait affronté deux adversaires. Les archives de l'armée notent son décès à l'hôpital de Toul où il fut enterré au cimetière militaire de Toul le 17 juillet en présence de son père. À la demande de sa famille, ses restes furent transportés en novembre 1917 au cimetière de Villiers-sur-Marne où son souvenir s'est perpétué : le stade Octave Lapize de Villiers-sur-Marne.

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FRANCOIS FABER « le géant de Colombes » NAISSANCE D’UN GÉANT François Faber voit le jour le 26 janvier 1887 à Aulnay-sur-Iton dans l'Eure. De nationalité luxembourgeoise, comme son père il s’installe en banlieue parisienne avec ses parents dans la ville de Colombes. Il quitte l’école à 14 ans pour être embauché dans une usine de traitement des eaux. Un travail très physique pour ce jeune adolescent. A 17 ans, en 1904, c’est en tant que docker qu’il est embauché au port de Courbevoie. C’est à ce même moment que François découvre le vélo et s’intéresse au Tour de France. A peine deux ans après, il participe à son premier Tour en tant que coureur indépendant mais il est disqualifié pour être arrivé avec sept heures de retard, après la fermeture du dernier contrôle officiel.

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AURILLAC - ACCENT JEUNES

AU TOP DU CLASSEMENT En 1907, François Faber est repéré par Alphonse Baugé, soigneur et directeur sportif de l’équipe Labor. Il termine 7ème au classement général du Tour de France et empoche une prime de 600 francs, soit 100 jours de paie d’un ouvrier agricole. La presse le surnomme affectueusement ”le géant de Colombes”. En 1908, il a 21 ans. Au sein de l’équipe Peugeot, il gagne 4 étapes et termine 2ème au classement général, derrière Lucien Petit-Breton. En 1909, il est le premier étranger à remporter le Tour de France. À l’époque, le Tour se court à une vitesse moyenne de 28 km/h sur 4 500 km divisés en 14 étapes se déroulant sur 2 jours de course entrecoupés d’une journée de repos. Sur 150 participants engagés, 55 passent la ligne d’arrivée. Peugeot ne présentant pas de coureurs, François Faber va courir dans l’équipe Alcyon. Henri Desgrange, directeur de l’épreuve souhaite améliorer le règlement et procède à quelques modifications. Le classement aux points créé en 1905 est reconduit. Il y a une nouvelle catégorie : « les isolés », au nombre de 112.

Ces coureurs ne peuvent bénéficier de l’assistance technique et médicale des grandes équipes (comme Alcyon, Biguet, le Globe…). François Faber est loin d’être le favori en raison d’un physique très imposant (1,78m pour 91 kg). Cependant, il se montre résistant, endurant et courageux face aux mauvaises conditions météo. François Faber domine la course, transi de froid, pendant laquelle 69 coureurs abandonneront. Malgré des conditions difficiles, il garde son sourire et sa gaité. Il effectue même une réparation à côté d’une paysanne à qui il demande : « Avezvous une fille à marier ? ». Lors des dernières étapes vers Paris, François Faber devient l’idole du public. Il remporte l’épreuve en gagnant six étapes et en se classant trois fois second et deux fois troisième. Malgré ses victoires, Faber n’est pas cycliste professionnel. Le vainqueur du Tour réintègre modestement une équipe de dockers à Courbevoie et à Saint-Denis. Lorsque la crue de la Seine fait céder la digue de Bezons le 26 janvier 1910, lui et ses frères aident les sapeurs du Génie1. Avec une barque payée sur leurs deniers, ils assurent les évacuations, surveillent les pavillons, participent à l’acheminement des denrées.

Son palmarès : Vainqueur de Paris-Bruxelles en 1909 Vainqueur de Paris-Tours en 1909 et 1910 Vainqueur du Tour de Belgique en 1908 et 1912 2ème du Tour de France en 1908 Vainqueur du Tour de France en 1909 2ème du Tour de France en 1910 Vainqueur de Bordeaux-Paris en 1911 Total de 19 victoires d’étape sur le Tour de France

FABER S’EN VA-TEN GUERRE Dès le début de la guerre, Faber, de nationalité luxembourgeoise, prend la décision de servir la France, son pays d’adoption, et s’engage dans la Légion Étrangère. Il est affecté au 2ème de Marche du 1er Régiment Étranger sous le matricule 25 860. Il connaît son baptême du feu à Sillery. Nommé caporal le 1er octobre 1914, il vit la dureté des conditions de vie des tranchées. Le 9 mai 1915, quelques jours après la naissance à Colombes de sa fille, Raymonde - qu’il ne connaîtra jamais - il prend part au Mont-Saint-Éloi (Pas-deCalais) aux combats des Ouvrages Blancs. Le « Géant de Colombes » n’en reviendra pas. Son corps ne sera jamais retrouvé et le champ de bataille labouré par les obus sera sa sépulture. Il sera décoré à titre posthume de la Croix de Guerre. En sa mémoire, la rue de Seine sera rebaptisée "rue François Faber" par la Ville de Colombes, en 1924.

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Le Pantalon de Faber Nous allons vous raconter l’histoire d’un modeste pantalon rouge garance de très grande taille, retrouvé par hasard dans un vieux meuble. À l’intérieur de ce pantalon, des numéros de matricule apparaissent nettement. Caché derrière une petite poche, on peut y lire un nom : FABER !

Au hasard d’une brocante locale, Dominique Xavier trouve dans un meuble remisé un vêtement de soldat. Un pantalon de velours rouge de l’infanterie de ligne. Il n’a aucune idée de son origine. Plusieurs années après, en juin 2010, il le confie à Michel Merckel qui poursuit ses travaux sur le sport et la Grande Guerre. Après un nettoyage délicat, ils découvrent à l’intérieur un numéro, le 1 8837 et, caché derrière une petite poche, un nom :

Un signe du destin, car pour Michel Merckel, François FABER, « le géant de Colombes », a toujours fait partie de sa vie et pour cause! Il est né dans cette ville près du stade Yves du Manoir. Il habitait avec ses parents dans la rue qui porte le nom du champion ! Le hasard est troublant ! Autres signes troublants, son ami Dominique habite à quelques kilomètres d’Authon-sur-Iton, le lieu de naissance de l’ancien vainqueur du Tour! La longueur de jambe du pantalon est de 110 cm. Ce sont des jambes de géant ! L’orthographe du nom est parfaite et le fond semble avoir été renforcé comme pour un cuissard …de cycliste !

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TOULOUSE - MEDIA-PITCHOUNES Michel et Dominique se lancent dans de longues et passionnantes recherches qui sont aussi synonymes d’échecs. Ni aux archives de Paris, ni à celles du château de Vincennes, ils ne trouvent trace de Faber. La seule certitude, est que « Le Géant de Colombes » avait été affecté au 2ème de Marche du 1er Régiment Étranger sous le matricule 25 860. Après maintes tentatives de prise de contact avec cette unité, les recherches stagnent faute d’informations. Mais « ce pantalon rouge » avait décidé de ne pas en rester là, et confronta de nouveau le hasard face à Michel Merckel ! Nous sommes le 15 juillet 2012, dans l’Aude au matin de l’étape reliant Limoux à Foix. Michel Merckel se retrouve en présence de Serge Joffredo, officier supérieur dans la Légion Étrangère. Celui-ci prend le temps de l’écouter et son efficacité fit le reste. C’est à Aubagne, enfouie au fin fond des archives du bureau des Anciens de la Légion Étrangère Quartier Viénot, que peu de temps après, le destin de ce pantalon va changer. Le numéro 1 8837, inscrit sur le revers du pantalon, est bien le numéro de paquetage d’un certain caporal… Francois Faber ! Né le 26 janvier 1887 à Aulnay-sur-Iton dans l’Eure d’un père luxembourgeois et d’une mère française, tombé aux combats des Ouvrages Blancs le 9 mai 1915 à Mont-Saint-Éloi dans le Pas-de-Calais… Ce pantalon, un siècle plus tard, a retrouvé son âme, et Michel Merckel conclura : « Cet étonnant clin d’oeil du destin sous la forme d’un simple pantalon est-il un hasard, une coïncidence ou un signe de l’au-delà ? Le Grand François m’a-t-il répondu à sa façon ? M’a-t-il dit qu’il cautionnait ma révolte d’enfant profondément indigné par les morts absurdes et inutiles de millions d’êtres humains que génèrent ces folles guerres déclarées par des adultes qui se disent responsables et donc sensés montrer l’exemple ? Impossible de le savoir, mais le gamin de la rue François FABER de Colombes ne s’était pas trompé sur la personnalité attachante et exceptionnelle du champion. Un siècle après sa mort, cet être d’exception, digne du plus grand respect, toujours présent dans la mémoire collective populaire, reste un remarquable référent pour tous »

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Petit-Breton

Le cycliste français Lucien Mazan, plus connu sous le nom de « PetitBreton », est le premier coureur à avoir remporté à deux reprises la Grande Boucle en 1907 et 1908. Une carrière exceptionnelle stoppée par la Grande Guerre où il laissera la vie. Nous avons interrogé Laurent Desavoye, journaliste à VELO 101, pour en savoir un peu plus sur ce grand champion. Petit-Breton est-il son vrai nom ? Non, Petit-Breton est son surnom Mais en disputant diverses courses, en vrai, il s’appelle Lucien Mazan. il s’aperçut qu’un autre coureur Il est né le 18 octobre 1882 à portait ce nom et, afin d’éviter Plessé (Loire-inférieure). Parti à l’âge toute confusion, il se fit appeler de 8 ans à Buenos Aires avec ses « Petit-Preton », un pseudonyme qu’il parents, ce surnom servait à cacher transmettra plus tard à son fils. Ce sa pratique sportive, activité que son qui n empêche pas le public de le père désapprouvait fermement. Il se surnommer également « l’Argentin » fit donc appeler « breton » dans un ou « l’élégant Argentin » en raison premier temps, sans doute par rapport de la beauté de son style et de son à sa province d’origine, la Bretagne. élégance vestimentaire.

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À quel âge va-t-il commencer le vélo ? Lucien Mazan se passionna dès son plus jeune âge pour les exploits des coureurs cyclistes et dévore les magazines de sport. Il acheta une bicyclette et se lança aussitôt dans la compétition cycliste, sur piste notamment, où il remporte rapidement de beaux succès. Il devient champion d’Argentine sur piste puis sur route en 1899 et se construit une solide réputation de coureur batailleur, combattant très apprécié du public.


NANTES - ACCOORD Quel était son rôle dans la guerre ? Il fut mobilisé comme beaucoup dès les premiers mois de la guerre. Il était vaguemestre (facteur militaire). Il est mort pendant cette guerre, mais pas au front., pendant un accident de circulation le 20 décembre 1917 en percutant une charrette d un paysan saoul, à 20 km du front. Il repose dans le petit cimetière de Penestin sur la côte morbihannaise.

Quel est son palmarès dans sa carrière ? Il débuta sa carrière professionnelle en 1902. En 1905, il bat le record de l’heure, avec 41 110 km ainsi que des 20 km, des 10 km et gagna le Bol d’or. L’année d’après, il s’imposera sur Paris-Tours et Milan San Remo. Il s’imposera sur le Tour de France en 1907, en 1908 sur Paris-Bruxelles, le Tour de Belgique et de nouveau sur le Tour de France à la moyenne de 28 740 km heure, un record qu’il détiendra jusqu’en 1931 avec la victoire Antonin Magne. A-t-il couru pour une équipe professionnelle ? Oui, il a même fait partie de plusieurs équipes, mais c’était compliqué à l’époque. Il a fait partit de Cycles J.C en 1905, de Peugeot en 1906, puis de Peugeot Wolber avec AlcyonDunlop en même temps en 1907. En 1909, le Legnano – Pirelli mais il courut aussi en individuel sur certaines courses entre 1909 et 1914. Sa dernière équipe professionnelle fut l’Automoto – Continental où il termina sa carrière.

PETIT-BRETON (Lucien Mazan)

Pourquoi est-il si célèbre ? Parce que c’était une grande figure du cyclisme de l’avant-guerre. Aussi parce que les exploits des cyclistes de cette époque était plus grands que ceux d’aujourd’hui car les étapes par exemple étaient beaucoup plus longues, plus de 400 km ! Le matériel était aussi différent, les vélos étaient 2 fois plus lourds. Sa célébrité vient également de son histoire et de son incroyable palmarès qui aurait pu être encore plus grand s’il n’y avait pas eu la guerre. C’est un coureur qui a marqué son époque et reconnu du public, vous avez dû remarquer que dans votre ville, à Nantes, le vélodrome porte son nom !

Date de naissance 18 octobre 1882

Date de décès 20 décembre 1917 (à 35 ans)

Palmarès Tours de France 1907 et 1908 3 classiques Milan-San Remo 1907 Paris-Tours 1906 Paris-Bruxelles 1908 8 étapes de grands tours Tour de France (7 étapes) Tour d'Italie (1 étape)

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NES PENDANT LA GUERRE 2014 est la date anniversaire des 100 ans de la 1ère guerre mondiale. Pour marquer cet évènement, nous avons décidé de travailler sur les grands coureurs cyclistes nés pendant la Première Guerre mondiale. Grâce au site internet « Mémoire du cyclisme », nous avons sélectionné une liste de coureurs qui ont participé au Tour de France. Comme ils sont nombreux, nous avons choisi de présenter ceux qui ont été classés dans les 50 premières places du palmarès. Voici notre sélection : nous allons vous présenter leur Carte d’Identité Sportive (nom, prénom, date de naissance, nationalité, équipe/maillot, palmarès). Alphonse ANTOINE Nationalité : Française

Né le 19 août 1915 à Corny-sur-Moselle Mort le 11 novembre 1999 à Saint-Pierre de Boeuf

TOUR DE FRANCE Équipe : PEUGEOT-DUNLOP

Professionnel de 1935 à 1949

Équipes : 1935 : PEUGEOT HUTCHINSON 1936 – 1939 : PEUGEOT DUNLOP 1941 – 1942 : FRANCE SPORT DUNLOP 1947 : LA PERLE HUTCHINSON 1949 : VANOLI

Classement général En 1936 : 27ème. En 1937 : Abandon à la 15ème étape. Une victoire d’étape en 1937

Aldo BINI Nationalité : Italienne

Né le 30 juillet 1915 à Montemurlo (Province de Prato, en Toscane) Mort le 16 juin 1993 à Prato

TOUR DE FRANCE Équipe : BIANCHI Classement général : En 1938 : 48ème

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Professionnel de 1935 à 1953

Équipes : 1935 – 1936 : MAINO 1937 – 1941 : BIANCHI 1942 : VISCONTEA 1945 : PRATESE 1946 : LEGNANO 1949 : GUERRA 1952 : BIANCHI PIRELLI 1953 : BARTALI


Fermo CAMELLINI Nationalité : naturalisé Français le 8 octobre 1948 TOUR DE FRANCE Équipes : 1947: RAY-DUNLOP, OLMO et BENOTTO­ 1948: MÉTROPOLE, BENOTTO, TEBAG et OLYMPIA Classement général En 1947 : 7ème En 1948 : 8ème 2 Victoires d’Etapes en 1947

Mathias CLEMENS Nationalité : Luxembourgeoise TOUR DE FRANCE Équipe : ALCYON Classement général En 1936 : 7ème En 1938 : 5ème En 1939 : 4ème

Né le 7 décembre 1914 à Scandione Mort le 27 août 2010 à Beaulieu-sur-Mer Professionnel de 1937 à 1951

Équipes : 1937- 1939 : URAGO 1948 : METROPOLE-DUNLOP et TEBAG / BENOTTO, OLYMPIA-DUNLOP et SANTAMARIA 1941 : FRANCE SPORT DUNLOP 1949: RIVA SPORT-DUNLOP et TEBAG 1942 – 1944 : MERCIER HUTCHINSON 1950: ELVISH-FONTAN 1946 : RAY-DUNLOP et OLMO 1951: BERTIN 1947 : BENOTTO RAY-DUNLOP et OLMO Né le 8 août 1915 à Redange (France) Mort le 24 novembre 2001 à Huncherange Professionnel de 1935 à 1948

Équipes : 1935 – 1940 : ALCYON 1941 – 1943 : WANDERER 1947 – 1948 : CYCLES WOLF et GARIN-WOLBER

Un victoire d’étape en 1936 Paul GIGUET Nationalité : Française

TOUR DE FRANCE Équipes : 1947 : PEUGEOT-DUNLOP 1948 : PEUGEOT-DUNLOP 1949 : PEUGEOT-DUNLOP 1950 : PEUGEOT-DUNLOP, AIGLON-DUNLOP 1951 : PEUGEOT-DUNLOP 1952 : PEUGEOT-DUNLOP Classement général En 1947 : 19ème En 1948 : 25ème En 1949 : 47ème En 1950 : 24ème En 1951 : 34ème En 1952 : 66ème

Né le 25 avril 1915 à Paris 5ème Mort le 28 septembre 1993 à Alberville Professionnel de 1935 à 1953

Équipes : 1935 : PEUGEOT-HUTCHINSON 1936 – 1953 : PEUGEOT-DUNLOP Il fut le coéquipier de Louison BOBET (équipe de France sur le Tour de France en 1948 et 1950) et René VIETTO.

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Victor COSSON Nationalité : Française

Né le 11 octobre 1915 à Lorges (Loir-et-Cher) Mort le 18 juin 2009 à Paris Professionnel de 1937 à 1950

TOUR DE FRANCE Équipe : MERCIER HUTCHINSON Classement général : En 1937 : 17ème En 1938 : 3ème En 1939 : 25ème

Équipes : 1937 - 1938 : MERCIER HUTCHINSON 1945 : GARIN-WOLBER 1938 – 1939 : R.LAPEBIE et HUTCHINSON 1946 – 1947 : ROCHET-DUNLOP 1939 – 1942 : MERCIER – HUTCHINSON 1949 – 1950 : CHAPLAIT-HUNICHINSON 1942 – 1944 : EUROPE-DUNLOP

Embauché comme menuiser chez Renault, il fait ses débuts sportifs à l’Athlétique Club de Boulogne Billancourt (l’ACBB) et devient ajusteur puis se lance dans une carrière professionnelle de cycliste interrompue par la guerre. Durant celle ci, il est affecté au théâtre aux armées où il accompagne Charles Trenet dans ses tournées. En 1948, il trouve à travailler en tant que motard de presse notamment sur le Tour de France, métier qu'il exercera jusqu'à la retraite en 1976. Sa sépulture est au cimetière qui se trouve au bout de la rue Thiers, où il habitait, à Boulogne Billancourt. Marcel KINT Nationalité :Belge, Surnommé « L’Aigle Noir »

Né le 20 septembre 1914 à Zwevegem Mort le 23 mars 2002 à Courtrai

TOUR DE FRANCE Équipes : 1936 : MERCIER-HUTCHINSON 1937 : MERCIER et F.PÉLISSIER 1938 : MERCIER et F.PÉLISSIER 1939 : MERCIER et F.PÉLISSIER Classement général : En 1936 : 9ème En 1938 : 9ème En 1939 : 34ème

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Professionnel de 1935 à 1951

Équipes : 1936, 1937/1938 : MERCIER-HUTCHINSON-A.LEDUCQ 1937, 1938/1939 : Fr.PELISSIER 1939/1950, 1951 : MERCIER-HUNTCHINSON 1950/1951 : GIRARDENGO


DECAZEVILLE - 2KZ Roger LAMBRECHT Nationalité :Belge TOUR DE FRANCE Équipes : 1948 - STELLA et STUCCHI 1949 - STELLA et VONNY SPORT 1950 – STELLA Classement général : En 1948 : 7ème En 1949 : 11ème En 1950 : 13ème Une victoire d’étape en 1948 Une victoire d’étape en 1949 René VIETTO Nationalité : Française, Surnommé le « Roi René » TOUR DE FRANCE Équipes : 1948 - STELLA et STUCCHI 1949 - STELLA et VONNY SPORT 1950 – STELLA Classement général : En 1934 : 5ème En 1947 : 5ème En 1935 : 8ème En 1948 : 17ème En 1939 : 2ème En 1949 : 28ème 4 victoires d’étape en 1934 2 victoires d’étape en 1935 2 victoires d’étape en 1947

Né le 1er janvier 1916 à Sint-Joris ten Distel (Belgique) Mort le 4 août 1979 à Guipavas (France) Professionnel de 1945 à 1954

Équipes : 1945 – 1946 : GARIN-HUTCHINSON 1951 : TERROT-WOLBER 1947 : GARIN-WOLBER 1952 : ARLIGUIE-HUTCHINSON 1948 : STUCCHI 1953 : ROYAL-FABRIC 1948 – 1950 : STELLA-DUNLOP 1954 : ROYAL-CONDRIX

Né le 17 février 1914 à Rocheville Mort le 14 octobre 1988 à Orange Professionnel de 1935 à 1953

Équipes : 1935/1944, 1950/1951 : HELYETTHUTCHINSON 1948 : CLIO 1946/1949 : FRANCE SPORT DUNLOP 1952 : VIETTO-HUTCHINSON 1947 : THOMAS-ROSSET 1953 : VIETTO-D’ALESSANDRO

Il était le plus populaire des cyclistes français au sortir de ma 2de GM. C’était un ancien chasseur dans un casino de Cannes. Meilleur grimpeur d'avant-guerre, il se devient célèbre aux yeux de la France entière, notamment lors de l’étape des Pyrénées où il accepta de s'arrêter et donna sa roue à Antonin Magne, son leader, qui avait une roue endommagée. Ce geste émut la France entière. Il était écrit que René Vietto ne gagnerait jamais un Tour de France. Après sa carrière de coureur, il fut directeur sportif, puis géra un élevage de porcins dans les Pyrénées.

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NES PENDANT LA GUERRE Gros plan sur Bartali, « Juste parmi les Nations » Gino BARTALI est né le 18 juillet 1914 à PONTE A EMA (près de Florence) en Italie. Il est décédé le 05 mai 2000. C’était un coureur cycliste italien, professionnel de 1935 à 1954. C’était un excellent grimpeur, il a gagné 2 fois le Tour de France, en 1938 et 1948. Il était surnommé «Gino le Pieux» du fait de sa foi chrétienne. Son père Torello était terrassier. Gino Après cette victoire, il passe n’était pas fils unique : il avait 2 sœurs indépendant puis il est recruté par aînées et un frère cadet. A 13 ans, la société Frejus. Commence alors sa Gino est réparateur de bicyclettes carrière professionnelle. Sa première à Florence. Son patron, Oscar course en tant que professionnel est Casamonti, lui-même coureur cycliste celle de Milan - San Remo en 1935. indépendant, a vu en lui de grandes Malgré sa défaite, il est sélectionné capacités sportives pour le cyclisme. pour participer en mai au Tour Avec son aide, Gino s’achète son d’Italie, en tant que porteur d’eau premier vélo. Il participe et gagne de Giuseppe Martano. Dans cette sa première course en juillet 1931. course, il remporte la 1ère étape de Depuis, il est considéré comme un montagne. En fin de saison, il gagne bon espoir dans sa région. le titre de champion d’Italie. Ce titre lui A partir de ce jour et grâce à permet de rejoindre en 1936 l’équipe Casamonti, il dispute ses premières Legnano. En 1936, il remporte pour la courses officielles en tant que première fois le Tour d’Italie et en fin débutant. Il s’inscrit au club de son de saison le Tour de Lombardie. En village, qui s’appelait L’Aquila. En 1937, il participe pour la première 1932, il finit 3ème du Championnat fois au Tour de France. Il est considéré d’Italie des débutants et en 1933 comme l’un des favoris. Il porte pour la 2ème du Championnat d’Italie juniors. 1ère fois le maillot jaune suite à sa Voulant se mesurer aux professionnels, victoire au col du Galibier. Mais pour il s’inscrit au Grand Prix Fiume à Turin en son 1er coup d’essai, il abandonne 1934. Il croit perdre pensant qu’il lui à la 12ème étape, sur ordre de son reste un tour à faire… Mais finalement, coach (directeur technique) à le voilà vainqueur !!! Malheureusement, cause d’une chute dans un torrent n’étant pas de la région piémontaise, en contrebas, qui lui fait prendre du sa victoire n’est pas acceptée !!! retard sur la route. En 1938, 2ème participation au Tour de France, qui lui donne sa 1ère victoire avec 21 minutes d’avance sur le 2ème coureur !!! En 1948, il renouvelle cet exploit : vainqueur du Tour de France !!!

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DECAZEVILLE - 2KZ La suite de son palmarès en Tour de France est quand même très glorieuse : 2ème en 1949, 4ème en 1951 et 1952, 11ème en 1953 !!! Sa carrière sportive professionnelle n’est pas la seule chose qui le fera entrer dans l’Histoire. Sa participation discrète durant la Seconde Guerre mondiale lui donne également le titre de « Juste parmi les Nations ». En effet, en 1941, Gino est mobilisé : grâce à ses performances, il est messager à bicyclette, ce qui lui permet de continuer à s’entraîner. Il est ainsi autorisé à participer à certaines courses. Ne voulant pas soutenir le parti politique de son pays, il démissionne de son poste en juillet 1943. En fervent catholique et membre de l’Action catholique, il fait le vœu d’aider les autres, notamment en envoyant des colis de nourriture au Vatican pour les populations dans le besoin. Le cardinal de Florence, qui dirigeait un réseau clandestin, du nom de Delasem (Délégation pour l’assistance des émigrants juifs) le sollicite pour transporter des documents et des photos qui serviront à fabriquer des faux papiers destinés aux réfugiés. Prétextant s’entraîner, le grand champion parcourt parfois plusieurs centaines de kilomètres pour transporter ces documents, les cachant dans le tube de son guidon et de sa selle. Il aide ainsi à sauver la vie de plus de 800 juifs italiens. Chaque jour, il risque sa vie pour aider les autres. Ce qui lui valut d’être interrogé par les forces de l’ordre du pouvoir fasciste. Cette bonne action lui vaut d’être surnommé « Gino Le Juste » et d’obtenir à titre posthume la distinction de « Juste parmi les Nations », décernée par le mémorial Yad Vashem de Jérusalem.

SES EQUIPES 1935 : FREJUS 1936 – 1943 : LEGNANO 1945 – 1948 : LEGNANO 1949 – 1954 : BARTALI SES PRINCIPALES VICTOIRES 5 grands Tours Tour de France : 1938 et 1948 Tour d’Italie : 1936, 1937 et 1946 9 Classiques Milan / San Remo : 1939, 1940, 1947 et 1950 Tour de Lombardie : 1936, 1939 et 1940 Championnat de Zurich : 1946 et 1948 9 classements annexes de grands Tours Meilleur grimpeur du Tour de France : 1938 et 1948 Meilleur grimpeur du Tour d’Italie : 1935, 1936, 1937, 1939, 1940, 1946 et 1947 4 courses à étapes Tour du Pays basque : 1935 Tour de Suisse : 1946 et 1947 Tour de Romandie : 1949 4 championnats nationaux Champion d’Italie sur route : 1935, 1937, 1940 et 1952

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Où est notre « Charly »? Indices : - Ce n’est pas une femme - Ce n’est pas un pitchoune - Il n’a ni chapeau, ni casquette - Il ne porte pas de lunettes - Il n’est ni en bleu…ni en vert - Il n’apparait pas au premier plan - Il n’est pas torse-nu - Notre « Charly » a un t-shirt très bariolé !

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Le

TOUR

Au Pied Des Tours

Au quotidien - Au quotidien - Au quotidien

Retrouvez chaque jour Le Journal du Tour sur www.media-pitchounes.fr 71


CYPRIEN GUSTAvE GARRIGOU Un coureur cycliste bien de chez nous! Cyprien Gustave GARRIGOU est né le 24 septembre 1884 à VABRETIZAC (AVEYRON, 12). Il est décédé le 28 janvier 1963 à ESBLY. C’était un coureur cycliste français, qui a été professionnel de 1907 à 1914 pour Alcyon puis pour Peugeot. Il a été vainqueur du Tour de France en 1911. Sans les efforts d’un passionné de cyclisme et féru d’histoire, Monsieur Roger LAJOIE-MAZENC, personne ne saurait aujourd’hui que ce grand coureur cycliste professionnel était natif de l’Aveyron ! Grâce à ce passionné et cycliste amateur, le 12 juillet 2011, un monument rappelant le centenaire de sa victoire au Tour de France de 1911 a été inauguré dans son village natal, profitant du passage du Tour non loin de là. Voulant faire du cyclisme, Garrigou s’oppose à ses parents qui souhaitaient qu’il reprenne le commerce familial. Par défi, il change même son nom et son prénom : il enlève le X de son nom de famille et supprime son 1er prénom !!! Il intègre en 1891 le club cycliste de Rodez. Avant d’entamer sa carrière cycliste, il effectue son service militaire en 1905, en tant que messager à bicyclette. Il n’en fera qu’une seule année car son père, entre-temps, décède. Il devient soutien de famille. Il occupe un poste d’entraîneur, saisissant ainsi l’occasion de s’entraîner lui-même !

Au départ amateur, il passe professionnel en 1907. Cette même année, il gagne le Championnat de France, le Paris – Bruxelles et le Tour de Lombardie !!! Rien que ça !! Autre performance : en 1910, il est le seul coureur cycliste à monter le col du Tourmalet sans mettre pied à terre. Il touche ainsi une prime de 100 francs. La 4ème tentative est la bonne : en 1911, il remporte le Tour de France, qui restera l’une des éditions les plus difficiles : 5000 km en 15 étapes !!! (Alors que 100 ans plus tard, l’édition 2011 compte 21 étapes de 3471 km) Une médaille en or lui est remise par la ville de Pantin pour sa victoire.

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Petite anecdote : Tous les coups sont permis pour être sur le podium. Les sabotages de l’équipement et de la route, et les empoisonnements étaient monnaie courante ! Pour sa part, Garrigou a été victime d’un sabotage : sa cuvette a été dévissée et ses billes se sont déversées sur la route, l’obligeant à s’arrêter pour effectuer des réparations. Lors de l’étape des Pyrénées lors du Tour de France 1911, il a été également suspecté et accusé d’avoir empoisonné Duboc, alors favori du Tour de France. L’équipe de Duboc promet de se venger. Craignant ces menaces, Garrigou fait repeindre son vélo, change de maillot et fait enlever les plaques de numéro de son vélo ! Finalement, aucune représaille ! Et Garrigou est déclaré vainqueur du Tour ! L'Aveyronnais de Pantin deviendra artilleur, « canonnier » comme il disait, pendant la guerre de 14-18, puis la guerre terminée, il abandonne la compétition pour s'établir marchand de couleurs dans une quincaillerie, rue Lepic à Paris. C'était un homme réservé qui forçait le respect, il termina ses jours à Esbly, le 25 janvier 1963, dans l'anonymat le plus total.

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Roger LAJOIE-MAZENC Ancien journaliste pour La Dépêche du Midi Roger Lajoie-Mazenc est un ancien journaliste passionné de cyclisme, de son histoire, auteur de plusieurs ouvrages. Il pratique le vélo depuis ses 15 ans et a participé à de nombreuses compétitions dans les catégories amateur et indépendant, il a couvert 600.000 km à vélo !! Pouvez-vous vous présenter ? Mon nom est Roger LajoieMazenc (nom composé car je suis un enfant adoptif, orphelin de père et de mère). Né à Decazeville, je suis âgé de 78 ans. J’ai exercé la profession de journaliste pendant 42 ans. J’ai publié 23 livres dont 4 consacrés au cyclisme, le dernier, intitulé « Le cyclisme à l’ancienne » venant tout juste de paraître. Pourquoi avoir voulu faire ce sport ? Difficilement explicable : il n’y avait pas encore la télévision dans les foyers, j’écoutais les arrivées d’étapes du Tour de France à la radio chez un camarade, je lisais les résultats dans des journaux qu’on me prêtait, et je suis tombé là-dedans à 15 ans. J’ai disputé ma première course cycliste à 16 ans. Mon premier vélo a été celui, restauré et modifié, qu’utilisait mon père, décédé, pour aller au travail à la mine ou au ravitaillement au tout début de la guerre.

Ce n’est que plus tard que j’ai pu, grâce à des petits boulots (nettoyage, vendanges) pendant les grandes vacances et à des primes dans les courses de fêtes que j’ai pu m’offrir le premier vrai vélo de course. Pourquoi n'aimez-vous pas le froid pour faire du vélo ? Sans doute une question de constitution physique, peut-être un problème de circulation du sang, je suis sensible au froid sur mon vélo. Lors d’une épreuve de nuit (Bordeaux-Paris), un 24 juin, il m’est même arrivé de souffrir de l’onglée à chaque franchissement de vallée. Je suis un homme de canicule : j’adore pédaler par forte chaleur. Quel est votre coureur cycliste préféré ? Mon coureur préféré lorsque j’étais jeune était Louison Bobet (3 fois vainqueur du Tour de France). Aujourd’hui, j’aime bien Thomas Voeckler et Sylvain Chavanel pour leur combativité. Mais je ne suis pas insensible aux coureurs qui montent comme Romain Bardet et l’Aveyronnais Alexandre Geniez.

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Quelle est votre équipe préférée ? Aujourd’hui, je n’ai pas d’équipe préférée car elles sont toutes montées autour d’enjeux financiers. J’ai la nostalgie de l’époque où le Tour se disputait par équipes nationales et régionales. On pouvait soutenir l’équipe de son pays et avoir un faible pour celle représentant sa région : pour nous, ici, l’équipe Centre-Midi avec notamment un Aveyronnais, Manuel Busto, un mineur originaire d’Aubin-Cransac, dont je retrace la carrière dans mon dernier livre.


BIBLIOGRAPHIE SUR LE CYCLISME Ces gentlemen en culottes courtes (l’incroyable aventure des vétérans du cyclisme), 1973, Préface de Raymond Poulidor. Cyclo folie (forgé à coups de pédale et serti de coups de cœur), 1989.

Pourquoi le Tour de France n'est pas mixte ? À ma connaissance, il n’y a pas de sport professionnel se disputant en mixité. Le cyclisme se pratique chez les féminines : elles ont eu leur Tour de France spécifique, lequel a disparu en raison d’enjeux financiers auxquels cette formule ne pouvait faire face du fait d’une audience médiatique insuffisante. Que cela ne nous fasse pas oublier la formidable carrière de notre meilleure représentante nationale, Jeannie Longo. Etes-vous plutôt grimpeur, sprinter, rouleur? Au plus fort de ma carrière j’étais bon rouleur, excellent grimpeur et piètre descendeur (ce qui m’a coûté plusieurs victoires). Etes-vous plutôt piste ou route ? J’ai participé à des épreuves sur piste notamment sur les grandes pistes qu’étaient le Vélodrome d’hiver à Paris et la Cipale de Vincennes mais ce n’était pas ma spécialité. J’étais surtout routier et j’ai fait l’essentiel de ma carrière dans cette spécialité avec une prédilection pour le contre la montre.

Gustave Garrigou, géant de la route (et les aveyronnais dans le Tour de France), 1996, Préface de Jean-Marie LEBLANC. Le cyclisme à l’ancienne et le peloton des régionaux : Busto échappé de la mine – Zolno relève le gant, 2014. « Ces gentlemen en culottes courtes » et « Cyclo folie » : dons à des Clubs cyclistes et organisateurs de manifestations dont le Cyclo Club Firminois, l’Epreuve Bordeaux-Ventoux, le Jubilé Louviot à Capdenac, le Guidon Decazevillois, l’Avenir Olympique Viviezois, le Vélo Club Ruthénois, etc. Gustave Garrigou, géant de la route : Syndicat d’Initiative de Vabre-Tizac et l’association Les amis de Garrigou.

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DECAZEVILLE - 2KZ Quel est votre palmarès ? Mon palmarès est somme toute modeste : des victoires dans les catégories amateur et indépendant (je ne suis jamais passé professionnel) un peu partout en France et des participations à de grandes épreuves sur quatre continents (Colombie, Mexique, Maroc, Tunisie, Sri Lanka, Tchécoslovaquie, Bulgarie, Grande-Bretagne, etc.). J’ai toujours préféré disputer de grandes courses (sans chance de victoire) que des courses faciles : une place d’honneur dans une belle épreuve me semblait préférable à une victoire dans une course modeste. En vétéran (plus de 40 ans) j’ai été quatre fois champion de France des journalistes, une fois champion de France des élus (en tant que maire de Firmi), une fois champion du monde et une fois vicechampion du monde des journalistes. A quel âge avez-vous commencé le vélo ? J’ai commencé à faire du vélo à 5 ou 6 ans mais une fois ce vélo d’enfant brisé sous le poids d’une adolescente, j’ai dû attendre l’âge de 15 ans pour avoir un vrai vélo, celui de mon père.

Que ressentez-vous en faisant du vélo ? Beaucoup de plaisir. Même s’il y a des moments difficiles (lors de la reprise d’entraînement suite à une interruption ou dans les forts pourcentages des ascensions par exemple), le plaisir prend toujours le dessus à travers le dépassement de soi. C’est une école de volonté. Votre plus grande déception ? Sans doute mes accidents de sport, hélas trop nombreux, mais, au bout du compte, avec 600 000 km couverts à vélo, je me dis que le bonheur prend le dessus et je ne regrette rien.

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Quel est votre sentiment sur la thématique de la 5ème édition de ce projet (« Mémoires sportives – 1914/1918 ») ? Je dis très franchement que c’est une très bonne initiative et c’est bien pour cela que j’ai répondu avec plaisir à l’invitation de vos animateurs à apporter ma contribution à votre recherche. Je suis très attaché à la mémoire comme le démontrent mes ouvrages. Que vous vous intéressiez à la fois au sport et à la guerre est doublement louable. C’est bien pourquoi je vous souhaite pleine réussite dans votre entreprise que je vous suivrai jusqu’à son terme avec intérêt.


1) Combien de secteur pavés emprunteront les coureurs sur l’étape d’Ypres-Arenberg ? (p. 10)

9) Quel coureur remporte la 7ème étape du Tour 1914 entre Luchon et Perpignan ? (p. 36)

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2) Combien y a-t-il de licenciés sportifs sur la région Midi-Pyrénées ? (p.12)

10) En quelle année Bagnères-deLuchon a-t-elle accueillit le Tour pour la première fois ? (p.43)

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3) En quelle année fut sacré champion du monde Tom Simpson ? (p. 16)

11) Qui était surnommé « la Pomme » en 1911 ? (p. 46)

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4) En quelle année fut créée la caravane publicitaire ? (p. 18)

12) Qui avait comme surnom « Tatave » ? (p. 56)

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5) Dans quel département se situe le Chemin des dames ? (p.

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13) Dans quelle ville fut inauguré la rue François Faber en 1924 ? (p. 59)

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6) Où a eu lieu l’attentat de l’Archiduc FrançoisFerdinand ? (p. 26)

14) Quel rôle occupait Lucien petit-Breton pendant la guerre ? (p. 63)

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7) Sous quel pseudonyme Henri Desgrange signait ses éditoriaux pendant la guerre ? (p. 29)

15) En quelles années Gino Bartali gagna-t-il le Tour de France ? (p. 68)

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8) Quel général préside la Mission Centenaire ? (p. 32)

16) Quel nom porte le héros de Christian Lax dans ses BD dédiées au vélo ? (p. 79)

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ChristiAn Lax L’imaginaire fait partie de notre enfance et de notre quotidien, les livres et les bandes dessinées l’alimentent, et Christian Lax nous a offert un merveilleux moment en écrivant des bandes dessinées qui traitent du cyclisme dans la période de la Première Guerre mondiale, il nous a transportés dans le contexte et le cyclisme d’époque. D’où vient cette passion pour le cyclisme ? Christian Lax: Ça vient de l’enfance, car comme tous les enfants, quand j’étais petit, j’ai eu des vélos. J’ai toujours aimé cela, même par la suite à l’âge adulte. J’ai toujours pratiqué le vélo. Je n’ai jamais eu de scooter ou de mobylette car mes parents ne voulaient pas donc j’en étais réduit à faire tourner mes jambes. Parallèlement à cela, je me suis toujours intéressé, depuis l’enfance, aux courses cyclistes, comme le Tour de France, à ces grands événements autour du vélo. J’écoutais la radio, puisque nous n’avions pas la télé, puis après il y a eu la télé, les premières retransmissions et je me suis mis à les suivre.

Même encore maintenant, l’été, pendant la période du Tour de France, pendant les périodes où il y a les étapes de montagne, il ne faut pas trop me demander de m’éloigner de ma télévision parce que je suis malheureux. Quand je peux aller voir passer le Tour, j’y vais. J’ai été invité plusieurs fois dans des voitures de l’organisation à suivre des étapes, c’est un univers qui me plaît beaucoup, c’est le dépassement de soi, c’est une manière pour des jeunes gens de classes peu favorisées de progresser dans la société, de se faire un nom, de gagner des courses et partant de là, de gagner de l’argent. Il y a une dimension sur le plan de l’individu, une dimension humaine qui m’intéresse.

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Dessinateur de bandes dessinées

Pourquoi avoir choisi la période de la guerre 14-18 ? J’ai choisi cette période un peu par hasard. Comme vous l’avez remarqué dans « L’aigle sans orteils », mon histoire commence à peu près à la période où l’observatoire du Pic du Midi est construit. C’était important pour moi d’évoquer cela donc je me suis retrouvé un petit peu « obligé », mais ça ne me gênait pas du tout d’inscrire mon histoire dans ce contexte, ce double contexte, de la construction de l’observatoire, en tout cas de la fin de la construction, et des premiers Tours puisque ça concordait. C’est vrai que pour moi les premiers Tours de France étaient plus romanesques, je trouve qu’il y a beaucoup plus d’aventure dans les faits. Les coureurs étaient beaucoup moins accompagnés qu’aujourd’hui, beaucoup plus livrés à eux-mêmes. C’était une aventure beaucoup plus personnelle. Ils partaient de nuit, ils faisaient des étapes très longues, ils étaient sur des routes qui n’en avaient que le nom mais qui n’étaient souvent que des chemins défoncés. Je trouve que tous ces éléments, en tant que lecteur ou en tant que spectateur de cette épopée, me font beaucoup plus rêver et même si le Tour aujourd’hui continue de m’intéresser, je trouve qu’évoquer les Tours de France de cette époque-là est plus intéressant graphiquement et d’un point de vue romanesque.


Il y avait l’ombre de la guerre mondiale qui se profilait, qui allait arriver et je voulais mettre en scène un coureur dont la trajectoire personnelle, la carrière serait brisée par la guerre. J’avais beaucoup d’intérêt à inscrire mon histoire dans cette époque-là. Pourquoi avoir choisi qu’Amédée Fario soit en situation de handicap sur le Tour de France, avant même le début de la guerre ? Christian Lax: Le handicap est une problématique que je connais, j’ai été élevé avec un frère un peu plus jeune que moi lourdement handicapé. J’ai toujours eu sous les yeux, même après quand il est devenu adulte, quelqu’un qui a passé sa vie à surmonter son handicap avec beaucoup de courage, à faire comme s’il était comme les autres malgré ce boulet incommensurable qu’il trainait sur le plan physique et sur le plan moral. Il arrivait à se surpasser et j’ai toujours été fasciné par le surpassement de soi, je trouvais que si mon personnage d’Amédée avait un petit quelque chose en plus ou en moins, comme on veut, pour surmonter, pour arriver au sommet, c’était encore mieux, encore plus fort, c’est pour cela qu’Amédée Fario a un handicap. D’ailleurs, le handicap est souvent présent dans mes albums, dans « L’écureuil du Vel d’Hiv’ », il y a aussi le frère du pistard qui est handicapé. C’est vraiment un aspect de la vie des hommes qui m’interpelle.

Pourquoi faire mourir le personnage principal de votre bande dessinée dès le premier tome ? N’aurait-il pas pu au contraire revenir de la guerre en héros et gagner le Tour 1919 ? Le problème est que quand j’ai fait « L’aigle sans orteils », je ne pensais pas faire une suite. J’étais parti pour faire un seul album. Il y a eu de nombreux coureurs qui sont morts pendant la guerre de 14-18, Lapize, tué en combat aérien, Faber, qui avait gagné le Tour de France , tué dans les tranchées, et bien d’autres. J’avais envie d’évoquer ce grand malheur, je me suis dit qu’inévitablement mon personnage finirait par perdre ses profits au cours de cette guerre qui a vu des millions de morts. Si j’avais su, à l’époque, que j’allais faire une suite, je ne me serais peut-être pas « débarrassé » d’Amédée Fario, mais comme je ne pensais pas revenir ladessus, je l’ai fait disparaître dans les tranchées. J’aurais pu le faire ressusciter ou j’aurais pu avec une pirouette, un subterfuge m’en resservir après, le faire réapparaître d’une manière ou d’une autre mais je trouvais cela un peu artificiel. Je préférais, quand je suis reparti sur « Pain d’Alouette », qu’il ait laissé derrière lui un héritier et c’était plus intéressant si c’était une héritière puisque là aussi il y a avait un handicap, le handicap d’être une fille dans un milieu d’hommes.

Amédée Fario vous a-t-il été inspiré par la biographie d’un coureur de l’époque ? Christian Lax: Absolument pas ! Amédée Fario est totalement inventé, il y a dans cette époque du cyclisme comme par la suite des destins romanesques, des coureurs qui ont eu des destins tragiques. Par la suite, j’ai appris après avoir écrit « L’aigle sans orteils », qu’un coureur qui s’appelait René Vietto, un grand coureur cycliste de l’après-guerre, a été amputé d’un orteil, et cela ne l’empêchait pas de courir. Il y a aussi actuellement, quelqu’un qui est en retraite, qui fut un grand alpiniste, un italo-autrichien qui s’appelle Reinhold Mesner, qui avait les orteils amputés puisque ses pieds avaient gelé lors d’une expédition en haute-montagne où il était resté coincé. On peut arriver à faire du sport de haut niveau en étant lourdement handicapé, pour preuve aujourd’hui les sportifs qui pratiquent le handisport et qui arrivent à des performances très élevées aussi.

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TOULOUSE - MEDIA-PITCHOUNES Quel support avezvous utilisé pour retranscrire le contexte de l’époque ? Christian Lax : Le support, c’est du travail sur du papier, à la main, c’est le support physique de mon travail, des dessins aux crayons puis le trait est passé à l’encre et les couleurs sont faites avec des encres de couleur et des aquarelles. Concernant le support visuel, je me suis renseigné sur des vieux livres, des vieux films, c’est beaucoup de documents qui m’aident à rendre mon travail le plus authentique possible.

Le cyclisme moderne vous inspire-t-il ? J’aurais du mal à travailler sur le cyclisme moderne, j’aurais de toute façon du mal à retravailler sur le cyclisme. J’ai l’impression aujourd’hui, d’avoir fait le tour de la question. J’étais très motivé pour écrire des histoires de vélo, j’ai fait une trilogie. « Pain d’alouette » fait même deux volumes, ça fait beaucoup de pages, à peu près 300 pages autour du cyclisme. J’ai presqu’envie de dire que quelqu’un d’autre s’y colle, moi j’ai assez donné dans ce domaine.

Pourquoi avoir choisi « Pain d’Alouette » comme titre de votre bande dessinée ? Je cherchais un titre pour cette histoire qui soit un peu original, je ne savais pas trop quoi trouver et puis ça m’est venu un peu par hasard. E n cherchant dans le vocabulaire du pays minier du nord de la France, puisque il est question de mineurs et non pas d’alouette, cette course Paris-Roubaix se déroulant en pays minier, j’ai trouvé dans leur vocabulaire cette expression « Pain d’alouette » qui m’a beaucoup plue et qui porte en elle un certain mystère. Je trouvais que cela chantait bien à l’oreille, c’était surprenant, c’est un titre qui, à ma connaissance, n’avait pas été utilisé et qui rendait hommage aux mineurs qui sont très proches des efforts que font les coureurs dans le Paris-Roubaix.

Aurons-nous l’occasion de vous voir sur le Tour de France 2014 ? Je ne peux pas vous dire, j’y suis parfois invité. Si on m’y invite et que je suis disponible c’est avec plaisir et je m’y précipiterai. J’aime beaucoup passer une journée sur le Tour quand c’est possible et qu’on m’en donne l’opportunité.

Envisagez-vous un autre ouvrage sur le cyclisme ? Non, je travaille sur tout autre chose. Je laisse un peu de côté le vélo, j’y ai travaillé pendant environ 5 ans, j’ai dit pas mal de choses sur cette univers. J’ai assouvi mon envie de dessiner ces personnages-là, de retranscrire par le dessin le récit de ces épopées. J’avais envie de passer à autre chose donc je travaille sur une adaptation de « Don Quichotte » qui est contemporaine, et qui n’a plus rien à voir avec le vélo.

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Images: Futuropolis, 2013


Retrouve les 7 poilus cachés dans cette photo

Beaucoup d’expressions nommaient divers objets dans les tranchées : Sauras-tu les retrouver?

A LE PINARD B LE GODILLOT C LE PINCEAU D LE FLINGOT E LE BRICHETON F LE FROMETON G LA BIDOCHE H LE JUS I LE PERLOT J LA BOUFFARDE K LES TOTOS

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1 - LA CHAUSSURE 2 - LE TABAC 3 - LES POUX 4 - LE CAFÉ 5 - LE FROMAGE 6 - LE BALAI 7 - LA VIANDE 8 - LE FUSIL 9 - LA PIPE 10 - LE VIN 11 - LE PAIN

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Michel Merckel La Première Guerre mondiale a été une période sombre du XX° siècle, pourtant, l’échange culturel émanant de cette guerre par la rencontre des soldats venus de l’ensemble du territoire a permis un développement et une démocratisation du sport. Michel Merckel nous raconte son ouvrage, « 14-18, Le sport sort des tranchées ». Pourquoi avoir écrit un livre sur la thématique du sport pendant la Première Guerre mondiale ? Michel Merckel : J’ai voulu savoir pourquoi les grandes fédérations (football, rugby, athlétisme…) se sont créées dès le lendemain de la Grande Guerre. N’ayant aucune réponse, je suis allé les chercher ! Le résultat très étonnant de cette longue quête est dans mon ouvrage « 14-18, le sport sort des tranchées ». Où avez-vous trouvé l’inspiration pour écrire ce livre ? Ta question est très intéressante, effectivement ce livre a surpris beaucoup de gens. Certains m’ont dit : « comment se fait-il qu’un professeur de sport écrive un livre ? » Ca fait partie du jeu, et j’ai répondu à ces gens que j’étais même capable de compter jusqu’à 5 en m’aidant de mes doigts, c’est de l’humour.

L’idée m’est venue lorsque j’avais 20 ans, j’étais étudiant en éducation physique pour être professeur de gym, et j’ai appris que la fédération de football est créée en 1919, dès le lendemain de la guerre de 14, et pour moi c’est une vraie question. Alors que des millions de personnes ont été blessées, handicapées, il y a eu 1 400 000 morts, nous avons créé une fédération sportive. C’est comme ça que j’ai commencé à rechercher. Alors maintenant, la démarche est purement intellectuelle, c'est-à-dire par curiosité, et au fur et à mesure que j’avance dans mes recherches je récupère énormément d’informations et de documents, je dirais que c’est des morceaux d’un puzzle. Et à un moment j’ai eu envie de mettre en place le puzzle et lorsque je suis arrivé à la retraite, j’ai écrit ce livre. Pourquoi vous ne l’avez pas écrit plus tôt, pourquoi attendre la retraite ? Quand j’étais en activité, je n’avais pas beaucoup de temps, j’étais très pris par le sport scolaire et civil, et ce n’était pas encore clair dans ma tête.

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Une fois arrivé en retraite, je me suis bien posé, car pour écrire ce livre j’étais pris pratiquement 24 heures sur 24 durant 1 an, j’étais complètement dans l’écriture, j’ai même passé une nuit complète sur une phrase pour bien faire comprendre ce que je voulais dire. Il faut donc énormément de temps. Je ne souhaitais pas l’écrire je l’ai écrit, je ne souhaitais pas l’éditer, et Henri est tombé dessus et l’a édité, et ça me fait plaisir de voir que ce livre est apprécié par beaucoup de gens dont vous, ça me fait plaisir car j’ai écrit ce livre pour vous tous. Quelles ont été vos sources pour avoir toutes ces informations ? Les courriers (entre 3 et 4 milliards de lettres échangées) et carnets de Poilus, les journaux de tranchées (plus de 600 titres), la presse et les journaux de l’époque.


TOULOUSE - MEDIA-PITCHOUNES Qu’est-ce que les journaux des tranchées ? Michel Merckel : Il y a des hommes à la guerre qui sont divisés en unités et en régiments et chaque régiment rédige son journal avec son quotidien, ce qu’il vit, ce qu’il fait au front. Il y a le « Journal du 37 », le « Journal des boyaux »,... Il y en plus de 600 types, tous avec une diversité où chaque régiment, chaque soldat va raconter son quotidien. C’est comme si vous, vous faisiez le journal de votre classe et que vous racontiez ce que vous faites. C’est pour tout le monde. C’est un document extrêmement riche et intéressant puisqu’on peut savoir entre autres ce que les soldats ont fait au front. Est-­ce que le monde du sport pour le sportif pendant la guerre est le même que maintenant ? Il y a eu une évolution de la perception, de l’approche, de la pratique sportive pendant toute la durée du conflit. Au début, c’est pour oublier la guerre et occuper le temps, à la fin, c’est une pratique qui permet de développer le potentiel physique et mental individuel ainsi que l’esprit d’appartenance à un groupe. Ce sont toujours les vraies valeurs du sport actuel pratiqué en permanence par des millions de sportifs qui ont pour seule motivation, comme l’ont très bien compris les Poilus, de vivre avec des amis un moment d’échange et d’amitié sincère. C’est ce sport qu’on aime et qui n’a rien à voir avec les outrances du sport spectacle.

Pendant la trêve de Noël des soldats allemands et français ont décidé d’organiser une partie de football, à ce moment pourquoi les soldats n’ont pas stoppé cette guerre ? Pour trois raisons essentielles, le patriotisme est très ancré dans les mentalités, l’amour de son pays n’est pas un vain mot. Les Français aiment la France et ses valeurs, or celle-ci est envahie, on se doit de la défendre afin de la libérer. Pas question de déserter tant que l’ennemi occupe le territoire. Il y a aussi la répression. L’institution militaire a mis en place un redoutable système punitif afin de maintenir les hommes au front. Le moindre refus d’obéissance est sanctionné par le peloton d’exécution. Et pour finir, l’alcool et le vin sont distribués en grande quantité aux soldats, particulièrement avant les attaques. L’alcoolisme sera un grave fléau national dans les années qui vont suivre la fin de la guerre. Pourquoi les gens de la ville pratiquaient plus de sport et non pas ceux du monde rural ? On est en 1900, la France était un pays de ruralité, c'est-à-dire qu’il y avait beaucoup plus de paysans que de citadins. La vie à la campagne était très dure, les gens travaillaient dur, ils se levaient avec le soleil et ils se couchaient avec le soleil, ils n’avaient donc pas le temps de pratiquer le sport. Le sport coûtait aussi un peu d’argent et les gens gagnaient très peu d’argent donc ils n’avaient ni le temps ni les moyens de faire du sport.

Vous avez vu que le football, avant la guerre de 14, était un sport qui était pratiqué par les gens qui avaient de l’argent, les gens aisés. Le peuple ne pratiquait pas le football. La vie en 1900 était très dure pour les Français, ils travaillent énormément, ils gagnaient très peu, il y avait des grandes maladies qui décimaient la population, il n’y avait aucune sûreté dans le travail, la vie était vraiment dure, donc le sport avait très peu de place. Seul le cyclisme et la boxe étaient pratiqués par le peuple parce qu’il y avait des possibilités d’être un professionnel et de gagner de l’argent. C’étaient les seuls sports où le professionnalisme existait, nous avons quelques grands sportifs de l’époque qui vont d’ailleurs se faire tuer à la guerre de 14, qui sortent du peuple et qui eux, sont des grands champions. Y a-­ t-­ il eu de grands sportifs qui sont allés au front et qui, après la guerre, ont continué de pratiquer leur sport à haut niveau ? Pour les sportifs français, la guerre est une hécatombe. 427 champions ont été tués ! Peu sont revenus ! Georges Carpentier est de ceux-là. Il devient, le 12 octobre 1920, le premier Français champion du monde de boxe. Par contre, la pratique sportive au front va révéler des talents comme Joseph Guillemot qui deviendra champion olympique du 5000m aux Jeux d’Anvers en 1920. Le cas d’Armand Massard mérite aussi d’être souligné.

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Escrimeur et champion de France à l’épée en 1914, il est grièvement blessé. Après la guerre, il ne reprendra que difficilement le chemin des salles d’armes. Néanmoins, son courage est payant, car il remporte, en 1920, le titre de champion olympique à l’épée aux Jeux d’Anvers. Après sa carrière sportive, il devient président de la Fédération Française d’Escrime, président du Comité Olympique Français de 1933 à 1967 et viceprésident du CIO de 1952 à 1970. Autre exemple, le 11 juillet 1915 aux Éparges, le boxeur Eugène Criqui a la mâchoire inférieure fracassée, des dents arrachées et la langue tranchée en deux par une balle. Recueilli comme mort, il subit 7 opérations pendant lesquelles les chirurgiens consolident son maxillaire par la pose d’une plaque d’acier. À la fin de la guerre, après un long travail de rééducation, il retrouve sa voix et contre l’avis de tous, il décide de reprendre le chemin des rings. Il s’impose un dur entraînement et après une impressionnante série de victoires, le 2 juin 1923, en battant au 6e round par KO Johny Kilbane au Polo Ground de New York, « Gégène Gueule Cassée » devient champion du monde des poids plume. Vous dites que JeanPaul Bourgier (auteur du Tour de France 1914) est votre ami, avezvous l’habitude de travailler ensemble ? Michel Merckel : C’est un ami puisqu’on échange, on a une vraie amitié bien sûr.

Lors de son travail de recherche, nous avons beaucoup échangé ensemble, lui a beaucoup travaillé sur le vélo, et moi je lui ai donné des informations que j’avais et qui pouvaient l’intéresser. Cependant, il travaille seul. Le travail qu’il fait est remarquable, je vous invite à lire ses livres. Il y a toujours une phase de recherche puisque c’est un travail d’histoire donc on se doit de dire la stricte vérité, quand j’ai pu lui apporter des éclairages, je l’ai fait avec grand plaisir. C’est ça l’amitié ! Où en sont vos démarches pour le mémorial dédié aux sportifs morts au front ? Concernant l’idée de monument pour les champions français morts aux combats de 14-18, le mercredi 19 février, j’ai rencontré à ce sujet Kader ARIF le ministre des Anciens combattants. L’entretien, très cordial, a duré une heure et nous avons avancé quant à la concrétisation de ce projet. Totalement séduit, il compte mettre les moyens pour qu’il se réalise au plus vite. L’idée de l'emplacement à Paris devant la place de la Maison du Sport Français et du stade Charlety semble se dégager. J’ai demandé à plusieurs artistes une idée d’oeuvre ainsi qu’un devis. Cela va avancer, car beaucoup de partenaires importants vont être sollicités rapidement. Je pense sincèrement que ce projet va se concrétiser.

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Qu’est-ce qu’on peut vous apporter pour vous soutenir? C’est très gentil, j’apprécie beaucoup, ce qui serait intéressant c’est que vous diffusiez l’information. Je veux que ce soit un monument qui permette de rassembler au maximum tous les français, tous les sportifs dans le souvenir. Je prends ce symbole du monument, ce sont les grands sportifs, les premiers champions qui ont écrit les premières lignes du sport français et qui après ont été tués à la guerre, ce n’est pas rien ! Imaginez que Zidane, Ribéry, ou Lavillenie, les grands champions actuels soient tués à la guerre, nous ne pouvons pas les oublier, nous devons nous en rappeler ! Je lance un parrainage, si vous voulez amener votre contribution, elle sera la bienvenue ! Emmanuel Petit a apprécié votre livre? Emmanuel Petit a lu mon livre, effectivement quand je l’ai rencontré, il m’en a parlé puisqu’ il a appris énormément de choses qu’il ne savait pas en particulier sur la Coupe de France, la fameuse Coupe de France ! Il l’a gagnée, mais il ne savait pas qu’elle avait été inventée durant la guerre. J’ai eu la chance de rencontrer Emmanuel Petit, mais j’ai rencontré aussi grâce à ce livre énormément de personnes. Savez-vous qui est Roger Bambuck, la personne qui a fait la préface de mon livre ? Non ! Roger Bambuck a été « recordman » du monde du 100 mètres… Vous connaissez Usain Bolt ! En 1968, Roger Bambuck, né en Guadeloupe, a été « recordman » du monde du 100 mètres et médaillé olympique. C’est un homme remarquable, qui a été ministre et qui m’a écrit cette préface. Il fait partie des gens importants avec qui j’ai pu travailler sur ce livre.


Vous étiez professeur de gym ? Michel Merckel : Oui, j’étais professeur de gym, j’ai adoré mon métier et mes élèves. Quels sports pratiquezvous aujourd’hui ? Quand j’étais jeune, j’étais judoka, j’ai fait beaucoup de judo et je suis d’ailleurs professeur de judo. Maintenant, j’ai quand même de l’âge, mais je continue à faire beaucoup de bateau, je fais de la compétition. Pour m’entretenir physiquement et faire marcher le système cardio-vasculaire, je fais beaucoup de vélo. Pourquoi avez-vous choisi la maison d’édition Le pas d’oiseau ? Je suis breton ! Pourquoi Henri Taverner et Le pas d’oiseau ? Dans un premier temps, quand j’ai écrit cet ouvrage je ne savais pas comment les gens pouvaient le ressentir, donc je l’ai envoyé à quelques-uns de mes amis qui l’ont lu et un m’a dit : « il faut absolument que tu l’édites », je lui ai posé la question est-ce que tu connais un éditeur ? Il m’a dit oui, j’en connais un et c’est comme cela que j’ai connu Henri. Je suis vraiment ravi et très content de travailler avec lui, car il est honnête et sincère et il rend honneur à cette profession que sont les éditeurs, beaucoup pensent à l’argent mais ce ne sont pas ses valeurs.

Les éditions Le Pas d’oiseau Pour donner des lettres au sport C’est dans l’univers du vélo que nous avons publié nos premiers livres. Le fait que je sois moi-même “vacciné au rayon de bicyclette” a facilité les contacts avec les Jean Bobet, Antoine de Caunes, Jean Durry, Paul Fournel, Serge Laget ou encore Jacques Seray – tous gens bien-nés dans la grande famille du cycle que nous avons publiés ou qui ont préfacé certains de nos titres. Dès ses débuts, le vélo fut plus qu’un outil de déplacement. Instrument sportif générateur de mythologie, il continue de stimuler la plume de grands auteurs et invite au voyage et à la réflexion sur ce que fut l’irruption du sport dans la société moderne. Peu de sports ont généré autant de littérature que le cyclisme. Multiplier les regards sur le sport Les regards d’auteurs ou d’historiens sur le fait sportif sont plus rares que ceux motivés par la nostalgie ou l’admiration, ils sont donc pour nous d’autant plus précieux. Raconter le Tour 1914 qui démarre le jour de l’assassinat à Sarajevo est un de ces tours de force réussi par le cycliste-professeur d’histoire Jean-Paul Bourgier. Se pencher sur les rapports entretenus par le sport et la presse sous l’Occupation en est un autre. Dans ces deux livres, le sport offre une grille de lecture inattendue de l’Histoire. Et si le travail de Michel Merckel sur le rôle et le développement du sport durant la guerre 14-18 suscite un grand intérêt aujourd’hui, c’est bien que le rapport Sport-Histoire est un domaine riche encore trop peu exploré. Notre but est clairement de donner des lettres au sport, nous avons aujourd’hui plus de vingt titres sur le vélo et le sport en général. Avec notre collection “Du petit véhicule”, nous essayons de tirer le sport du côté de la littérature pour le sortir du strict domaine de la performance. En témoignent le «Je me souviens» de Maître Jacques plus proche du haïku que d’une page de L’Équipe, ou encore le Fignon ! exercices d’admiration écrits par un prof de philo fan du champion trop tôt disparu. Et pourquoi Le Pas d’oiseau ? “Parce que, au passage d’un col, seul le vélo sait offrir à celui qui passe à la fois la sensation du marcheur et la vision de l’oiseau.” C’est aussi le nom qu’on donne en Ariège aux toits à redans de ces granges qui ponctuent des routes qui semblent dessinées pour le bon plaisir du cycliste. Les éditions Le Pas d’oiseau sont nées en 2005, à deux pas de Médias-Pitchounes, de l’autre côté de la rocade toulousaine, dans le quartier voisin du Mirail.

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JEAN-PAUL BOURGIER Jean-Paul Bourgier est né à Saint-Etienne. Avant de se lancer dans une carrière d’écrivain et de publier sur l’histoire du cyclisme, Jean-Paul Bourgier a enseigné l’histoire-géographie au lycée Claude Fauriel de Saint-Etienne. Passionné de cyclotourisme, Jean-Paul Bourgier, passionné par l’histoire du cyclisme et le déroulement du Tour de France 1914 avait tout pour réunir ces deux passions. Pourquoi un livre sur le Tour 1914 ? Jean-Paul Bourgier: J’étais professeur d’histoiregéographie et enseignais à mes élèves l’attentat de Sarajevo (en Bosnie-Herzégovine) lors duquel l’archiduc autrichien FrançoisFerdinand a été assassiné. On dit que c’est la cause du déclenchement de la Première Guerre mondiale. Cet événement se déroule le 28 juin 1914, or cette journée est celle du départ du Tour de France qui va pouvoir se dérouler normalement, car il se termine le 26 juillet et que les déclarations de guerre interviennent dans les premiers jours d’août 1914. Je fais le parallèle entre la montée des tensions dans les lieux de pouvoir en Europe et le Tour. Je fais revivre mon grand-père maternel, paysan dans le département de la Loire, qui travaille à sa ferme sans se douter que quelques-jours plus tard il va devoir rejoindre son régiment et partir au front.

Le Tour de France aurait-il pu ne pas redémarrer après la guerre ? Je ne le pense pas car le Tour était source de revenus très importants pour le journal organisateur qui s’appelait L’Auto (ancêtre du journal L’Equipe actuel). Or le Tour est comme un feuilleton avec un épisode quotidien qui fait vendre le journal. L’autre raison est que depuis le début du XXème siècle, les compétitions étaient de plus en nombreuses et importantes.

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D’où vous vient cette passion du cyclisme ? Depuis ma plus tendre enfance, le Tour était jour de fête pour des familles ouvrières modestes comme la mienne. J’ai vu mon premier Tour en juillet 1950 sur les épaules de mon père, j’avais un an. C’est lui qui m’a souvent expliqué ce que j’avais vu. Le vélo était un moyen de déplacement essentiel pour nous. Par ailleurs, Papa a appartenu au monde du travail du cycle dont Saint-Etienne, ma ville natale, était la capitale : de nombreux fabricants, et surtout une forte activité pour la production de pièces détachées. Papa polissait les manivelles qui étaient alors en acier.


TOULOUSE - MEDIA-PITCHOUNES Y a-t-il eu une évolution du cyclisme suite à cette guerre ? Non, le principal au lendemain de la guerre est de se procurer le matériel. Par exemple, les pneumatiques manquent parce que d’importantes usines de production ont été détruites par les bombardements. Les changements viendront dans les années suivantes avec des équipes de marques de bicyclette bien organisées, puis les équipes nationales à partir de 1930. Quels sont les moyens pour le public de suivre le Tour? Limités à l’époque : être au bord de la route pour voir passer les coureurs et lire les journaux en particulier L’Auto. Fréquenter les bars où étaient affichés les résultats. Quelle était la popularité du Tour il y a cent ans ? Je pense qu’il était très populaire dans les villes car on voit souvent des foules en bord de rue sur les photos d’époque. Dans les campagnes, il était à mon avis très nettement moins connu.

Les coureurs actuels seraient-ils capables de parcourir le Tour 14 dans les mêmes conditions ? Réponse très difficile à fournir. Les conditions étaient rudes autrefois, mais il est mal venu de comparer des époques différentes. Athlétiquement je pense qu’ils en seraient capables, mais pas prêts à accepter les conditions des courses d’alors. Quelle anecdote suite à vos travaux de recherches vous a le plus marqué sur le Tour 1914 ? A l’arrivée de l’étape à Marseille, les coureurs se gênent. Emile Engel, qui a été à ses yeux battu irrégulièrement, proteste. Il pose réclamation mais sa demande est refusée. Il s’en prend à un commissaire de course et, pour ce geste, est immédiatement disqualifié. Emile ne termine pas le Tour de France et mourra dès le mois de septembre 1914 sur un champ de bataille. Existe-il un monument qui honore les cyclistes de cette époque et qui ont donné leur vie pour défendre leur pays ? Il n’existe pas de monument à ma connaissance dédié aux cyclistes morts au combat. En revanche, les champions qui meurent à la guerre ont souvent des plaques, des noms de stades, de vélodromes rappelant leur souvenir (mais à titre individuel).

Pouvez-vous nous parler des « isolés » et lequel vous a le plus marqué sur ce Tour 1914 ? Celui qui a le plus marqué ce Tour 1914 est Camille Botte, un coureur belge qui remporte le classement des isolés, que l’on appellera aussi «les ténébreux» et plus tard «les touristesroutiers».

Le nouveau livre de Jean-Paul BOURGIER : 1919, le Tour renaît de l’enfer

C’en est fini de la guerre, il est grand temps que les champs de bataille laissent la place aux forçats de la route. 1919 sera l’année de cette renaissance. Des rivages de la mer du Nord à ceux de l’Adriatique, de la Flandre à la Champagne, des collines de l’Artois aux côtes de Meuse et de Moselle, des « ballons » vosgiens aux cols pentus des Dolomites, les courses cyclistes racontent l’histoire d’une Europe meurtrie qui veut revivre sans oublier. Le lendemain de la signature du traité de Versailles, démarre le 13e Tour de France qui fait étape dans les villes reconquises de Strasbourg et Metz. Les 10 et 11 novembre 1919, avec le Grand Prix de l’Armistice de Strasbourg à Paris, le sport cycliste célèbre le souvenir de celle que l’on pensait être la der des der…

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La BibliothEquE

14-18, le sport, sort des tranchées Michel Merckel – Le Pas d’oiseau On connaissait les dégâts faits par la Grande Guerre parmi les gloires sportives de l’époque, mais beaucoup moins son rôle dans la diffusion du sport en France. C’est au départ pour remonter le moral des troupes entre deux assauts que de jeunes officiers pédagogues, reprenant l’initiative de quelques soldats, eurent l’idée de recourir au sport. Pour les Poilus, souvent issus du monde rural, ces séances – bien plus ludiques que les manœuvres – furent l’occasion de toucher pour la première fois un ballon de foot ou de rugby. Parfois de découvrir l’idée même du sport aux côtés de leurs frères d’armes britanniques ou américains. Le sport se mit aussi directement au service de la guerre à travers les épreuves de lancer de grenades, l’action des Corps francs ou celle des groupes de Chasseurs cyclistes. 14-18 contribua de plus à l’éclosion du sport féminin et du handisport, né pour gérer les séquelles laissées par l’effroyable conflit. Que cette longue période de souffrance ait permis au sport de conquérir les couches populaires est un des plus surprenants héritages de la Première Guerre mondiale. L’École de Joinville, formatrice de moniteurs d’éducation physique, fit office de creuset pour sa propagation. Une galerie de portraits d’athlètes tombés au front complète ce travail de mémoire qui dresse en ultime hommage une liste de 424 champions morts durant la Grande Guerre.

Dictionnaire du cyclisme

Echappées belles

Claude Sudres – Calmann Lévy

Christian Lax – Futuropolis

4319 mots pour tout, tout, tout savoir sur le cyclisme de A jusqu’à Z : C’est le dictionnaire du Cyclisme, dont la lecture vous rendra incollable sur votre sport favori. Dans le peloton , vous trouverez : 1072 mots usuels , technique et courants ; 1532 coureurs ; 434 épreuves nationales et internationales y compris les championnats mondiaux ; 285 marques et firmes spécialisées ; 158 personnalités qui ont fait l’histoire du cyclisme ; 512 villes , 317 cols et côtes , 29 pays avec leurs résultats nationaux ; les comités régionaux composant la fédération française du cyclisme les associations les plus importante les challenges et les trophée tous les records , les jeux olympiques , et le langage du peloton , soit 225 expressions caractéristiques .Plus de 500 pages largement illustrées : un ouvrage-champion , le maillot jaune des dictionnaires sportifs

Avec L’Aigle..., l’auteur raconte le destin sublime d’Amédée Fario, dans les années 1910, qui courut amputer de ses orteils. Avec Pain d’alouette, c’est le récit, dans les années 1930, de «l’enfer du Nord» et celui de l’enfer de la mine, les deux intimement liés, où l’on suit une autre destinée peu banale, celle de Reine Fario, la fille… de «l’Aigle sans orteils» ! Enfin, avec L’Écureuil du Vel’d’Hiv, Christian Lax sublime une amitié fraternelle pendant les années noires de l’Occupation. Avec cette trilogie, en définitive, Christian Lax raconte le vélo comme la métaphore de la souffrance et de la dignité des humbles…

Les coulisses des 100 Tours de France Françoise Et Serge Laget –Hugo & sport

Toulouse, Mémoire des Rue Elérika Leroy Elérika Leroy, historienne, spécialiste de la Résistance à Toulouse, auteur de « Toulouse, mémoire de rues » (guide des Années noires et de la Résistance à Toulouse à travers les plaques de rues) nous a accompagné tout au long de cette aventure journalistique.

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Le Tour, ce sera 100 éditions en 2013, et pourtant, tout est encore à dire et à montrer. C’est ainsi : sauf exception très rare, ce sont toujours les mêmes histoires que l’on raconte et les mêmes photos que l’on montre. Il existe pourtant des dizaines d’autres anecdotes, et autant d’images fortes inconnues. Alors, il s’agit de les chercher, des les trouver, et de les ajuster C’est ce qu’a fait Serge Laget. Pendant 40 ans, il a chiné, écrit, rencontré d’anciens « géants de la route « dont il est devenu l’ami. Il a ainsi recueilli des témoignages de première main et a acheté des images perdues. Cette étonnante double cueillette permet de découvrir une facette complètement inconnue de ce Tour de France. 100 photos inédites et 100 histoires insensées, qui vont feront découvrir ou redécouvrir la magie du Tour de France.


des Pitchounes

Pendant la grande guerre

Le tour de France 1914

Rose, France, 1914-1918 – Gallimard Jeunesse

Jean-Paul Bourgier – Le Pas d’oiseau

Rose, neuf ans, raconte sa vie au fil des jours en France, entre 1914 et 1918, dans son journal. Sa maîtresse lui a expliqué que c’était la meilleure façon de se préparer à la dictée et à la rédaction du certificat d’études. Elle habite à Lens, au nord de la France, dans une région envahie par l’armée allemande. Elle doit traverser le pays et se réfugier dans le département du Gers, dans le Sud-ouest. Elle découvre la vie à la campagne mais aussi les privations et les souffrances des «poilus» que raconte son père dans ses lettres.

L’équipe - Tour de France 100 ans 1903-2003 Gérard Schaller – Le Tour de France 89 Tours de France racontés en 3 volumes : Volume 1 : 1903-1939, 256 pages Volume 2 : 1947-1977, 272 pages Volume 3 : 1978-2002, 256 pages Un coffret de prestige plus de 2000 photos ou documents en grande partie inédits. Les plus grandes signatures de «L’Equipe», les éditos des bâtisseurs Henri Desgrange et Jacques Goddet , les dessins de Pellos, Déro et Chenez , les grands événements, les émotions les drames, les duels, les étapes inoubliables, les faits divers, les polémiques. Les repères sportifs et extra-sportifs pour mieux comprendre la période. Les champions de légende de Garin à Armstrong en passant par Bobet, Coppi, Anquetil, Merckx, Hinault ou Indurain. Sans oublier Christophe ou Thus. Trousselier ou Pottier. Bartali ou Robic, Walkowiak ou Fignon, LeMond ou Poulidor, Géminiani ou Zoetemelk. Les résultats. Les palmarès des grands champions. Les chiffres et les statistiques.

28 juin 1914 : la douzième édition du Tour de France s’élance de Paris pour rallier Le Havre ; le même jour, à Sarajevo, capitale de Bosnie-Herzégovine, l’archiduc autrichien François-Ferdinand et son épouse sont assassinés : cette concomitance de faits rend ce Tour-là bien singulier.

Les grandes heures du Cyclisme François Terbeen - PAC

Cet ouvrage n’a aucunement pour but de retracer l’historique du cyclisme, tant il est évident qu’un tel < monument > eût exigé plusieurs volumes ! Le propos de l’auteur, à la demande des Edition PAC, a été essentiellement de relater, depuis les origines jusqu’à nos jours, les heures les plus Pendant que le tracé de la Grande Boucle marquantes de la piste et de la route. Il fut dessine, étape après étape, le portrait de une époque, en effet ou les vedettes de son vainqueur, les tensions diplomatiques la pite ont été aussi populaires, sinon plus s’aggravent pour conduire à la Première que les coureurs du Tours de France, mais il Guerre mondiale : quand Philippe Thys est vrai que ceux-ci on été plus nombreux l’emporte, l’Europe est au bord du gouffre. à s’illustré sur les parcours des classiques et des épreuves par étapes. Or, les <Grandes Participant à l’élan patriotique qui heures > du cyclisme ont été si tumultueuses, accompagne la mobilisation, de nombreux si fécondes en épisodes passionnant, cyclistes professionnels rejoignent leur garnison qu’opérer un choix parmi elles, au fil du dès août 1914, le Tour à peine bouclé. Parmi temps nécessitait une parfaite maitrise du eux de prestigieux champions mourront pour sujet, une recherche a la fois objective et la France, François Faber, Octave Lapize rigoureuse exacte. C’est pourquoi nous et Lucien Petit-Breton, mais aussi des sans- avons fait appel, pour réaliser cette analyse grades qui ont tout autant leur place ici. fantastique à François TERBEEN, qui a fait une brillante et longue carrière de journaliste La mémoire familiale de l’auteur croise ici la spécialisé et aussi d’écrivain. Il a procédé grande Histoire, et Jean Bobet relève dans par touches diverses, comme l’aurait fait un sa préface cet entrelacement des deux peintre, s’il avait eu a choisir entre plusieurs niveaux : «On lit dans le même temps la fin esquisses. Il a eu le soin de respecter l’ordre des fenaisons chez le grand-père Jean-Marie chronologique des principaux événements en haut-Forez et l’agitation frénétique dans pour en détacher les grandes heures, et il les chancelleries de Vienne et Budapest...» a su donner a cette étude le ton agréable d’un roman .L’ouvrage fera date, car il Jean-Paul Bourgier est né à Saint-Étienne, il renferme l’essentiel de ce qu’il faut savoir et a enseigné l’histoire-géographie avant de retenir, d’entre la multitude d’exploits que les publier sur l’histoire du cyclisme champions les plus célèbres ont crées au fil d’une merveilleuse épopée.

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Jeu des Uniforme (p. 37)

Jeu des Drapeaux (p. 15)

A)3 B)5 C)4 D)2 E)9 F)8 G)6 H)7 I)1 Expressions (p. 81)

1) 9 secteurs Ecosse

Angleterre

A)10 B)1 C)6 D)8 E)11 F)5 G)7 H)4 I)2 J)9 K)3 7 Poilus (p. 81)

Le Jeu des petits vélos (p.77)

2) 7000 licenciés Pays de Galles

Irlande

3) 1965 4) 1930 5) L’Aisne 6) À Sarajevo 7) Desgreniers 8) Le général Irastorza 9) Jean Alavoine 10) 1910 11) Paul Duboc 12) Octave Lapize 13) Colombes 14) Il était Vaguemestre (facteur militaire)

Trouver Charlie? (p. 70)

15) 1938 et 1948 16) Amédée FARIO

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Equipe «Maillot Vert» - Nantes Equipe «Maillot à Pois» - Toulouse

Jason

Dylan

Mohamed

Amanda

Naby

Benjamin

Hayet

Calvin

Daniela

Binty

Samy

Alicia

Guilhem

Yasmine

Korad


Equipe «Maillot Blanc» - Decazeville Equipe «Maillot Jaune» - Aurillac

Bilel

Thibault

Youcef

Zakaria

Léa

Daniel

Mori

Cécilia

Yassine

Kévin

Théo

Paul

William

Stacy

Dylan

Talia

Justin

Janis


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TOUR

Le

O’ SPORT CITOYEN n°3

Au Pied Des Tours

Depuis 2010, l’association Média-Pitchounes mène le projet du « Tour au pied des tours » envers des jeunes issus de quartiers classés prioritaires. Ce projet permet aux bénéficiaires de partir en immersion journalistique sur les trois semaines que dure le Tour de France. Le Tour de France est la compétition sportive la plus importante dans notre pays que ce soit en termes d’organisation mais aussi en raison de l’immense popularité qu’elle engendre. Mais cette passion est peu présente chez les jeunes issus des quartiers populaires. L’impact du projet « Le Tour au pied des tours » est tel que nous l’étendons aujourd’hui au territoire national. L’objectif est de donner la possibilité à des jeunes issus de la France entière de découvrir les vertus et valeurs que véhicule cette compétition à travers l’immersion journalistique possible grâce aux accréditations délivrées par Amaury Sport Organisation (propriétaire du Tour) sur l’ensemble de la compétition. Rédaction du magazine O’Sport Citoyen N°3 : Le Tour de France 1914 Rédigé par les adolescents bénéficiaires de l’immersion journalistique. Distribué à 10 000 exemplaires sur les routes du Tour de France et aux différents partenaires. Fête du Tour : 31 mai 2014 Le quartier se mobilise pour un départ du Tour à Bagatelle - Faourette 14 stands d’initiation au cyclisme Reconstitution d’un village du Tour en 1914 Diffusion de films vidéos –débat Mobilisation de 40 partenaires et Ouvert gratuitement aux enfants, adolescents et adultes

5ème Edition

Immersion journalistique sur le Tour de France Accrédités Sous forme de relai Du 5 au 27 juillet 27 jeunes issus : de l’association Média-Pitchounes à Toulouse, du centre social de la Bottière à Nantes de l’association 2KZ à Decazeville du club de prévention Accent Jeunes d’Aurillac Les actions journalistiques des Pitchounes : 21 émissions quotidiennes en direct du Tour 5 newsletters 1 documentaire sur la popularité du Tour

Suivez les aventures des Pitchounes sur : www.media-pitchounes.fr


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