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Moroni en juillet 2005, à l’hôpital de Mitsamiouli, dans le nord de la Grande-Comore, sous le titre « Ophtamologie » : 574 consultations, 31 opérations réalisées (essentiellement des cataractes). Octobre 2009 : ils sont 35 médecins, infirmiers, dentistes à embarquer pour Anjouan, dans le cadre d’une nouvelle « Mission santé ». Parmi eux 14 viennent de Mayotte, 18 de la Réunion et 3 de Madagascar. Mission ? Examiner, soigner, opérer le maximum de patients résidant dans la région la plus déshéritée d’Anjouan, et identifiés par les médecins locaux comme nécessitant des soins urgents. Durant 10 jours, basés à l’hôpital de Domoni, ils apporteront leur savoir-faire mais aussi leurs outils et équipements dernier cri, et, bien entendu, des médicaments. Cette mission « coup de poing », qui peut apparaître même comme une mission « commando » n’est pas une lubie de quelques médecins passionnés d’actions humanitaires. Elle a été longuement préparée avec l’accord des autorités de l’Union des Comores décroché directement auprès du Président Sambi par le Dr Koytcha en août 2009, et le soutien financier du Conseil régional de la Réunion, de la Préfecture de Mayotte (via la DASS) mais sans celui du Conseil général en mauvaise posture financière actuellement. Il faut y ajouter l’aide de plusieurs sponsors à Mayotte. Budget total : 120 000 euros.

Cette mission aurait dû se dérouler en 2006 mais les tensions politiques au sein de l’Union ne l’ont pas rendue possible. Et pourtant ce n’était pas la première du genre et les précédentes avaient fait leurs preuves.

C’était une « coopération de fortune », raconte le Dr Martial Henry Retour en arrière. Année 2000 : cela fait plusieurs années que le Dr Martial Henry lorgne avec admiration et envie vers les actions humanitaires menées par le Dr Firoze Koytcha, un ami de toujours avec lequel il a effectué une partie de ses études secondaires puis médicales. Ce dernier a en effet mis en place, depuis la fin des années 1970, des missions médicales entre la Réunion et Madagascar, son pays d’origine (il est né à Sainte-Marie), qui sont une véritable réussite. Et cela n’a pourtant pas été facile : il faut bien entendu trouver des financements, mais surtout des médecins et des infirmiers qui sont prêts à laisser de côté leur job à l’hôpital durant plusieurs jours (même si une loi, dite loi Kouchner, autorise le personnel hospitalier à s’absenter pour une mission humanitaire sans perdre son salaire), trouver un transporteur… Non que Mayotte n’ait pas apporté jusque-là sa pierre à l’amélioration des soins aux Comores. Mais c’était une « coopération de fortune », raconte le Dr Martial Henry : « Quand il y avait,

à l’hôpital de Moroni ou à celui d’Anjouan, un manque de médicaments (nivaquine, notamment) ou de produits consommables comme des seringues, des ligatures… je constituais des paquets, les remettais à la Brigade de la gendarmerie à Dzaoudzi, qui elle-même les remettait au pilote d’Air Comores en partance pour les Comores qui, enfin, les remettait à l’arrivée, en mains propres, au Dr Halidi Boudra ou au médecin de l’Ambassade de France de Moroni. »

Entrée de l’hôpital de Mitsamiouli dans le nord de la Grande-Comore.


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