Mayotte Hebdo n°971

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DOSSIER

M.H. : Quelles sont les valeurs qui vous donnent la force de vous engager, les bases sur lesquelles vous vous reposez ? M.M.A. : Ma première base est mon époux, et mes enfants, qui me comprennent, y compris la petite de deux ans qui participe à toutes mes réunions en visio ! C'est le noyau dur. Quand on est femme, on fait toujours face des histoires à dormir debout, à des critiques sur notre légitimité, et une base solide permet de nous redonner de l'énergie. Si on se met des barrières parce qu'il y a des difficultés, on ne fera jamais rien dans cette vie. M.H. : Conseilleriez-vous à votre fille de s'engager en politique ?

lors du forum économique. Une solidarité existe-t-elle entre vous ? M.M.A. : S'il y avait une solidarité, elle se serait exprimée le 1er juillet [lors de l'élection à la présidence du Conseil départemental, NDLR]. La solidarité féminine, oui, mais jusqu'à quel point ? Nous avons quand même du chemin à parcourir, même s'il y a beaucoup de respect entre représentants du Conseil départemental. J'espère que les jeunes femmes qui veulent se lancer en politique se serviront de mon exemple pour ne faire qu'une, mais surtout pour retomber dans la réalité, car ce sont 300 000 personnes qui attendent des actions bien concrètes, qui espèrent.

M.M.A. : Je lui conseillerais surtout de s'activer pour elle-même, pas pour une cause bien précise. Qu'on le veuille ou non, on fait de la politique. Mais, quand on le fait pour soi, c'est que l'on a des valeurs, et que l'on s'en sert pour se surpasser. Je me suis engagée en politique pour changer les choses, bien sûr. Mais il n'y a pas que l'action directe, c'est un tout, un combat de mentalité. Il faut donc d'abord penser à soi.

“Je laisserai le peuple me porter là où il veut que je sois”

M.H. : Quels sont vos modèles de femmes, qu'elles soient mahoraises ou non ?

M.H. : Comment aimeriez-vous voir Mayotte dans cinq, dix ans ?

M.M.A. : Mon premier modèle restera toujours ma maman, la base de tout. Et puis, il y a toutes les femmes qui se sont activées pour que Mayotte soit un territoire libre, portées par Zéna Mdéré, Coco Djoumoi, Mouchoula... C'était un réseau d'Amazones mahoraises, éparpillé sur l'île. Ce sont toutes ces femmes de l'ombre, qu'on ne voit pas, qui font partie de ce modèle politique et économique des Chatouilleuses qu'il faudrait faire revenir en le structurant. J'encourage en tout cas toutes les jeunes filles, au collège, au lycée ou dans les réseaux étudiants, à avoir confiance en elles, à aller au bout de leurs rêves et de leurs projets, et à se dire que tout est possible.

M.M.A. : Je vois un accès à l'eau, sans les coupures et sans les excuses. Je vois une Mayotte zéro déchets, et nous avons les possibilités de le faire via le recyclage et la valorisation de nos déchets. Je vois plus de sécurité. Je vois également une Mayotte reliée, connectée, car nous n'avons qu'une route pour les voitures, les camions, les gens, les vaches, les bus, les brouettes, les vélos... On ne s'en sortira pas, donc j'espère vraiment qu'on pourra faire DzaoudziSada en 30 minutes, par exemple, en empruntant d'autres voies. Mais aussi une Mayotte connectée avec les îles des Comores, avec Paris... Une Mayotte où on n'a pas peur. À l'heure actuelle, on a peur, d'avoir une nouvelle compagnie aérienne, d'entreprendre et de concurrencer...

M.H. : Une nouvelle génération de politiciennes mahoraises émerge, vous parliez par exemple avec Hélène Pollozec

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