RESSENTIR
Le physique, c’est comme l’argent : s’il ne fait pas le bonheur, il peut y contribuer. Mais c’est quoi, être beau ? Notre journaliste s’est posé la question.
Texte Mathias Chaillot. Photos Corentin Fohlen/Divergence pour NEON
C
ertains matins, le miroir est une épreuve, avec ce type dégarni au gros pif qui a l’air de me lancer : « T’as vraiment une sale gueule. » D’autres, plus rares, l’homme en face de moi ébauche un sourire et se dit : « Eh ! finalement, t’es quand même un peu beau gosse. » Et tous les autres matins, majoritaires, je ne me regarde pas. Trop risqué. On s’est tous, un jour, posé la question : « Suis-je beau ? » Quand l’été arrive, on interroge son bronzage ou ses fesses. On fait croire qu’on va se mettre au sport se met au sport ou au régime parce que même si on ne compte pas sur son physique pour rencontrer quelqu’un, on donne de l’importance au regard qu’on portera sur nous. En soirée, quand la personne qu’on n’a pas quittée des yeux repart avec le bellâtre/ la poupée, on se dit, pour se rassurer : « Tout dans le physique, rien dans la tête. » Si cette question est importante, c’est parce qu’elle influence notre vie. Pour bien la gagner, mieux vaut avoir un physique gracieux : le salaire est alors supérieur de 22 % à celui d’un collègue jugé « normal ». A l’école, déjà, une copie corrigée par différents professeurs obtiendra une meilleure note si l’examinateur a une photo de l’élève et que celui-ci est beau. Ken et Barbie ont aussi davantage confiance en eux, sont jugés plus compétents, ont un meilleur relationnel et réussissent mieux en politique. Exemple : Jean-Pierre Raffarin = Premier ministre français. Barack Obama = président des Etats -Unis. CQFD.
Mon physique peut-il faire le poids face à celui de Mister France (à gauche, vous avez deviné) ? Les regards des passants semblent me prouver que non.
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EST-CE QUE JE SUIS BEAU ?
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