Nutrition Préventive
et Thérapeutique
Jean-Michel Lecerf
Visit to download the full and correct content document: https://ebookmass.com/product/nutrition-preventive-et-therapeutique-jean-michel-lece rf/

Visit to download the full and correct content document: https://ebookmass.com/product/nutrition-preventive-et-therapeutique-jean-michel-lece rf/
Du même auteur
Nutrition clinique pratique, 2e édition, par J.-L. Schlienger, 2014, 334 pages.
Diététique en pratique médicale courante, par J.-L. Schlienger, 2014, 424 pages.
Endocrinologie, diabète, métabolisme et nutrition pour le Praticien, par J.-L. Wémeau, J.-L. Schlienger, B. Vialettes, 2014, 552 pages.
100 situations clés en médecine générale, par J.-L. Schlienger, 2013, 462 pages.
Les dyslipidémies, par G. Luc, J.-M. Lecerf, 2002, 144 pages.
Autres ouvrages
60 ordonnances alimentaires, 2 e édition, par L. Chevallier, 2011, 368 pages.
Diététique et nutrition, 7e édition, par M. Apfelbaum, M. Romon, M. Dubus. Collection Abrégés de médecine, 2009, 528 pages.
Nutrition : Principes et conseils, 3e édition, par L. Chevallier. Collection Abrégés de médecine, 2009, 272 pages.
Diabétologie, par L. Monnier, 2014, 432 pages.
L’insulinothérapie dans le diabète de type 2, par L. Monnier, 2014, 160 pages.
Les maladies de la thyroïde, par J.-L. Wémeau, 2010, 232 pages.
LE PHOTOCOPILLAGE
TUE LE LIVRE
Ce logo a pour objet d'alerter le lecteur sur la menace que représente pour l'avenir de l'écrit, tout particulièrement dans le domaine universitaire, le développement massif du « photocopillage ». Cette pratique qui s'est généralisée, notamment dans les établissements d'enseignement, provoque une baisse brutale des achats de livres, au point que la possibilité même pour les auteurs de créer des œuvres nouvelles et de les faire éditer correctement est aujourd'hui menacée. Nous rappelons donc que la reproduction et la vente sans autorisation, ainsi que le recel, sont passibles de poursuites. Les demandes d'autorisation de photocopier doivent être adressées à l'éditeur ou au Centre français d'exploitation du droit de copie : 20, rue des Grands-Augustins, 75006 Paris. Tél. 01 44 07 47 70.
Tous droits de traduction, d'adaptation et de reproduction par tous procédés, réservés pour tous pays. Toute reproduction ou représentation intégrale ou partielle, par quelque procédé que ce soit, des pages publiées dans le présent ouvrage, faite sans l'autorisation de l'éditeur est illicite et constitue une contrefaçon. Seules sont autorisées, d'une part, les reproductions strictement réservées à l'usage privé du copiste et non destinées à une utilisation collective et, d'autre part, les courtes citations justifiées par le caractère scientifique ou d'information de l'œuvre dans laquelle elles sont incorporées (art. L. 122-4, L. 122-5 et L. 335-2 du Code de la propriété intellectuelle).
© 2016, Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés
ISBN : 978-2-294-74730-4
e-ISBN : 978-2-294-74761-8
Elsevier Masson SAS, 62, rue Camille-Desmoulins, 92442 Issy-les-Moulineaux CEDEX www.elsevier-masson.fr
Jean-Michel Lecerf est chef du service de nutrition à l'Institut Pasteur de Lille, et praticien au CHRU de Lille, service de médecine interne.
Jean-Louis Schlienger est professeur émérite de médecine interne et de nutrition à la faculté
de médecine de Strasbourg , ancien chef de service de médecine interne et nutrition au CHRU de Strasbourg
L'alimentation nous accompagne tout au long de notre vie, puisque, avec la respiration, la nutrition est un acte vital. Vital mais pas « automatique » comme le sont les mouvements respiratoires ou les battements cardiaques mais suffisamment « machinal » pour que l'on n'y pense plus. Pourtant, il n'y a guère de comportement qui soit autant sous influences multiples que le comportement alimentaire avec l'éducation, le contexte social, la disponibilité alimentaire, le stress, l'ennui, les idées reçues, les rythmes, les saisons, l'activité physique, la solitude, la publicité, pour ne citer que quelques facteurs visibles… sans compter les déterminants physiologiques et la génétique. Quelle est la place des conseils alimentaires dans les choix alimentaires individuels au quotidien ? Y a-t-il un espace dans lequel pourrait se glisser le médecin ?
Aujourd'hui la conscience que les uns ou les autres ont de l'importance de la nutrition dans la santé, est de plus en plus grande et les attentes des patients sont à la hauteur de la confiance qu'ils font toujours aux professionnels de santé. C'est donc à eux d'avoir le discours juste, le conseil pertinent.
Après avoir été longtemps empirique ou intuitive, la nutrition est, peu à peu, devenue une discipline scientifique. Elle vise à déterminer les besoins nutritionnels des individus sains ou malades tout en prenant en compte les besoins hédoniques et les besoins relationnels que l'alimentation doit aussi satisfaire. Voilà pourquoi la nutrition est à la fois une science « exacte » (plutôt précise qu'exacte d'ailleurs…) mais aussi une science humaine. Comme toutes les sciences, elle est en évolution permanente, quitte à se contredire dans le temps, compte-tenu des progrès dans les méthodes de mesure et les connaissances. Il convient d'être prudent et ne pas succomber aux modes, aux injonctions autoritaires et dogmatiques, et de garder le bon sens comme aiguille de notre boussole : variété, modération et plaisir doivent rester au rendez-vous.
Les praticiens, médecins et diététiciens doivent d'abord acquérir la conviction qu'ils ont entre leurs mains un formidable outil de prévention. C'est le but de la première partie consacrée à la nutrition préventive, qui accorde une large place aux questions modernes des contaminants, des régimes à la mode, mais aussi de façon condensée aux recommandations issues des connaissances actuelles. Pour autant la nutrition préventive ne se décrète pas et doit séduire pour convaincre.
La seconde partie est la démonstration de l'omniprésence du conseil nutritionnel dans un très grand nombre de pathologies. La nutrition thérapeutique est rarement le traitement exclusif et spécifique d'une maladie mais elle assure un support essentiel permettant souvent de différer la mise en route d'un traitement pharmacologique ou, à tout le moins, d'en renforcer les effets bénéfiques ou encore d'en prévenir les effets indésirables. Elle est l'archétype des thérapeutiques non médicamenteuses mais peut également contribuer au confort des malades. La nutrition ne se borne pas à la vision restrictive et frustrante des régimes. Bien comprise, elle est d'abord un soin. Elle ne s'improvise et
exige une vraie compétence car bien nourrir c'est soigner. Chaque médecin, quelle que soit son orientation, devrait s'en convaincre.
Pour le médecin et le diététicien, et bien sûr pour le patient, la nutrition, et sa déclinaison appliquée qu'est la diététique, est une arme préventive et thérapeutique qu'il faut savoir utiliser avec science et conscience, avec modestie et avec le respect de la dimension humaine car cette thérapie qui n'est efficace que par le changement des habitudes, fait irruption dans l'intime, sans perdre de vue que la nutrition comme la vie n'ont pas livré tous leurs secrets. Pour autant, nous pouvons et devons agir car c'est un levier puissant.
Jean-Michel Lecerf
Jean-Louis Schlienger
AAA Acides aminés aromatiques
AAB Acides aminés branchés
AAC Apports alimentaires conseillés
ACAT Acyl-coenzyme A cholestérol acyltransférase
ADDFMS Aliment diététique destiné à des fins médicales spéciales
ADH Antidiuretic Hormone
AENA Apport énergétique non alcoolique
AET Apport énergétique total
AGE Advanced Glycation Endproducts
AJMT Apport journalier maximal théorique
AMM Autorisation de mise sur le marché
ANC Apports nutritionnels conseillés
ARA II Antagonistes du récepteur de l'angiotensine II
ASRA Antagonistes du système rénineangiotensine
BDNF Brain-Derived Neutrophic Factor
BEB Besoins énergétiques de base
BET Besoins énergétiques totaux
BNM Besoin nutritionnel moyen
CAP Coefficient d'activité physique
c.à.s. Cuillère à soupe
CB Circonférence brachiale
CBS Cystathione β-synthase
CETP Cholesteryl Ester Transfer Protein
CMB Circonférence musculaire brachiale
CML N-carboxyméthyllysine
CNO Compléments nutritionnels oraux
CRP C-Reactive Protein
CT Cholestérol total
DASH Dietary Approaches to Stop Hypertension
DCU Déficits du cycle de l'urée
DDT Dichlorodiphényltrichloroéthane
DER Dépense énergétique de repos
DGAL Direction générale de l'alimentation
DHA Acide docosahexaénoïque
DIAAS Digestible Indispensable Amino Acid
Score
DISCO Score de digestibilité corrigé des protéines
DJA Dose journalière admissible
DMLA Dégénérescence maculaire liée à l'âge
DPA Acide docosapentaénoïque
DPK Dicétopipérazine
DPP-4 Dipeptidyl peptidase-4
EFSA European Food Safety Authority
EPA Acide eicosapentaénoïque
ER Équivalents rétinol
EAT Étude sur l'alimentation totale des Français
FODMAPs Fermentable Oligo-, Di-, Monosaccharides And Polyols
FOS Fructo-oligosaccharides
FSA Feuille de surveillance alimentaire
GALT Gut-Associated Lymphoid Tissue ou galactose-1-phosphate uridyltransférase, selon contexte
GH Growth Hormone
GIP Gastric Inhibitory Polypeptide
GKRP Glucokinase Regulatory Protein
GLP-1 Glucagon-Like Peptide 1
GOS Galacto-oligosaccharides
GPE Gastrostomie percutanée par voie endoscopique
GPR Gastrostomie percutanée par voie radiologique
GSD Glycogen Storage Diseases
HAP Hydrocarbures aromatiques polycycliques
HDL High-Density Lipoprotein
HDLc HDL-cholestérol
HFCS High Fructose Con Syrup
HGPRT Hypoxanthine-guanine phosphoribosyltransférase
HMF Hydroxyméthylfurfural
HMG-CoA 3-Hydroxy-3-méthylglutarylcoenzyme A
HTA Hypertension artérielle
IARC International Agency for Research on Cancer
IEC Inhibiteurs de l'enzyme de conversion
IG Index glycémique
IGF Insulin-like Growth Factor
IGFBP3 Insulin-like Growth Factor Binding Protein 3
IM Intramusculaire
IPP Inhibiteurs de la pompe à protons
IQ Indoles quinolines et indoles quinoxalines
IRC Insuffisance rénale chronique
IV Intraveineux
LDL Low-Density Lipoprotein
LDLc LDL-cholestérol
LMR Limite maximale de résidus
LPL Lipoprotéine lipase
LPS Lipopolysaccharide
MDA Malondialdéhyde
MdR Métabolisme de repos
MELAS Mitochondrial Encephalomyopathy, Lactic Acidosis, and Stroke-like episodes
MEOS Microsomal Ethanol Oxidizing System
MET Équivalent métabolique
MG Matière grasse
MNA Mini Nutritional Assessment
MICI Maladies inflammatoires cryptogénétiques de l'intestin
MIDD Maternally Inherited Diabetes and Deafness
MODY Maturity Onset type Diabetes of the Young
MTP Microsomal Transfer Protein
NACRe Réseau national Alimentation Cancer Recherche
NAD Nicotinamide adénine dinucléotide
NADH NAD réduit
NADPH Nicotinamide adénine dinucléotide phosphate réduit
NAFLD Non Alcoholic Fatty Liver Disease
NAP Niveau d'activité physique
NASH Non Alcoholic SteatoHepatitis
NE Nutrition entérale
NED Nutrition entérale à domicile
NOC N-nitroso-composés
NPC1L1 Niemann-Pick C1-like 1
NPED Nutrition parentérale à domicile
NPIP Nutrition parentérale intrapéritonéale
NPPD Nutrition parentérale per-dialytique
NRI Nutritional Risk Index
NRS Nutrition Risk Screening
OCT Ornithine carbamyl-transférase
PA Pression artérielle
PAD Pression artérielle diastolique
PAS Pression artérielle systolique
PAH Phénylalanine hydroxylase
PAI Projet d'accueil individualisé
PATO Produits d'altération thermo-oxydative
PCB Polychlorobiphényles
PCT Pli cutané tricipital
PDCASS Protein Digestibility Corrected Amino Acid Score
PhIP 2-Amino-1-méthyl-6-phénylimidazo[4,5-b]pyridine
PNNS Programme National Nutrition Santé
POPs Polluants organiques persistants
PPY Peptide YY
PREDIMED Prevención con Dieta Mediterrañea
PS Pouvoir sucrant
PSDM Prestataires de services et distributeurs de matériels
PSMF Protein Sparing Modified Fast
RBP Retinol Binding Protein
RCUH Rectocolite ulcéro-hémorragique
RGO Reflux gastro-œsophagien
SC Sous-cutanée
SFNEP Société francophone de nutrition entérale et parentérale
SGLT2 Sodium-Glucose Cotransporter 2
SMOF Soy bean, Medium chain triglyceride, Olive oil, Fish oil
SRB1 Scavenger receptor class B member 1
SRO Soluté de réhydratation orale
SSR Soins de suite et de réadaptation
SU.VI.MAX SUpplémentation en VItamines et Minéraux Anti-oXydants
TCC Thérapies cognitivo-comportementales
TCL Triglycérides à chaîne longue
TCM Triglycérides à chaîne moyenne
TFG Taux de filtration glomérulaire
TG Triglycérides
TMAO Triméthylamine-N-oxyde
TNF Tumor Necrosis Factor
URAT1 Urate transporter 1
VADS Voies aérodigestives supérieures
VLCD Very Low Calorie Diet
VLDL Very Low-Density Lipoprotein
VTR Valeur toxicologique de référence
XO Xanthine oxydase
XOS Xylo-oligosaccharides
L'alimentation a des effets puissants sur la santé ; mais, avant d'avoir des effets sur la santé, elle a des effets physiologiques que l'on peut résumer en deux fonctions : – elle nourrit ; – elle fait plaisir.
Dans les deux cas, elle fait du bien. C'est probablement parce qu'elle fait du bien en nourrissant qu'il fallait qu'elle fasse plaisir, c'est-à-dire qu'elle engendre une satisfaction, un bien-être. Imaginons que manger ne soit pas agréable, nous ne mangerions pas… et nous mourrions de faim ! Ce double effet sensoriel et nourrissant est intriqué, car le plaisir naît aussi de l'effet énergétique (une partie essentielle de l'effet nourrissant) de la prise alimentaire qualifié de post-ingestif. Un aliment plaisant mais non nourrissant ne remplit pas toutes les fonctions de l'alimentation. C'est pour cela que notre alimentation est faite d'aliments variés, multiples et complémentaires. Dans la mesure où il n'y a pas d'aliment parfait, pour satisfaire les besoins nutritifs de l'homme, notre omnivorisme est une bonne réponse, c'est même une nécessité.
Le premier effet santé de l'alimentation, nous le ressentons lorsqu'ayant faim ou en état de jeûne
nous mangeons : c'est la correction d'un déplaisir et un regain d'énergie. Le second effet réside dans le bénéfice de la couverture des apports nutritionnels conseillés ; là aussi, le bienfait santé peut être immédiatement appréhendé par l'inverse, à savoir les déficits nutritionnels induits par les conséquences de la sous-nutrition, volontaire ou non.
À ces bénéfices élémentaires immédiats ou retardés qu'il est bon de rappeler et qui sont la correction d'un « moins », il faut rajouter grâce aux connaissances accumulées depuis le milieu du siècle dernier, le « plus » santé : à savoir la réduction du risque de survenue de certaines pathologies. Pour cela, on conçoit aisément que cela puisse résulter de l'équilibre judicieux entre des nutriments et aliments dits protecteurs et des nutriments, aliments et constituants naturels ou néoformés qui le seraient moins, voire pourraient avoir des effets négatifs.
À ces deux fonctions — nourrir, réjouir —, il faut en rajouter une troisième essentielle : réunir, qui donne à l'acte alimentaire toute son humanité et une partie de son sens.
Les bénéfices santé sont un corollaire de cette triple fonction.
Nutrition préventive et thérapeutique © 2016, Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés
Les glucides, ou hydrates de carbone, sont des nutriments vitaux car le glucose est le substrat énergétique privilégié du cerveau et un substrat majeur du muscle ; en outre, les réserves en glucides de l'organisme (glycogène) sont extrêmement faibles.
D'un point de vue biochimique, on les classe en fonction du nombre d'unités de sucres simples (tableau 1.1) :
• monosaccharides (glucose, fructose, galactose) et disaccharides : saccharose (glucose-fructose), lactose (glucose-galactose), maltose (glucoseglucose) ;
• oligosaccharides (3 à 9 unités de sucres simples), séparés en deux sous-familles selon le type de liaison entre deux sucres : – liaisons α, pouvant être hydrolysées par les enzymes digestives pancréatiques : il s'agit des maltodextrines ;
– liaisons β, ne pouvant être hydrolysées et appartenant donc aux glucides fermentescibles : fructo-oligosaccharides, galacto-oligosaccharides et xylo-oligosaccharides ;
• polysaccharides (plus de 9 unités de sucres simples), qualifiés parfois de glucides complexes, séparés également en :
– α-glucanes : l'amidon et l'amylopectine ;
– polysaccharides non amylacés appartenant aux fibres alimentaires (cellulose, hémicellulose, dont les β-glucanes), pectine, etc.
On peut aussi les classer :
• selon leur goût sucré (et même leur pouvoir sucrant), seuls les mono- et disaccharides ayant un goût sucré : le pouvoir sucrant du fructose est plus élevé que celui du glucose ; et le pouvoir sucrant du galactose comme celui du lactose est très bas ;
• selon leur caractère assimilable : les oligosaccharides non α-glucanes, l'amidon résistant et les polysaccharides non amylacés ne sont pas assimilables ; ils exercent donc un effet « fibre », voire dans certains cas un effet prébiotique ;
• selon leur index glycémique, c'est-à-dire leur capacité à induire une élévation plus ou moins importante de la glycémie : on parle ainsi de glucides à index glycémique haut (≥ 70), moyen (40–70) ou bas (< 40) ; la notion d'index glycémique a remplacé celle de glucides rapides et de glucides lents. Enfin, il existe une famille à part, les sucresalcools ou glucides hydrogénés ou encore polyols, qui peuvent avoir aussi une longueur de chaîne variable : monosaccharides (sorbitol, mannitol, xylitol…), disaccharides (lactitol, maltitol…), oligosaccharides et polysaccharides. Ils sont soit naturels soit issus de process industriels.
La notion de glucides rapides et de glucides lents est non seulement dépassée mais elle est aussi fausse, car elle a été tirée d'une très ancienne étude menée par Allen chez le chien diabétique pancréatectomisé, chez qui le glucose entraînait une élévation rapide de la glycémie à l'inverse de l'amidon ; en réalité, elle n'était pas due à la nature du sucre mais à la disparition de l'amylase !
Sous-groupe
Tableau 1.1. Classification des glucides selon leur structure chimique FAO-OMS 1998–2007. Classe, degré de polymérisation
(1–2) Mono- et disaccharides
Monosaccharides
Disaccharides
(3–9) Oligosaccharides
Malto-oligosaccharides (α-glucanes)
Autres oligosaccharides (non α-glucanes)
(> 9) Polysaccharides
Amidon (α-glucanes)
Polysaccharides non amylacés (non α-glucanes)
Les rôles physiologiques des glucides sont multiples. Leur rôle principal est la fourniture énergétique pour le cerveau, les globules rouges, les muscles et tous les tissus. L'utilisation du glucose est insulino-indépendante au niveau du cerveau et des érythrocytes, ce qui témoigne du caractère vital du glucose. Le cerveau peut utiliser également des corps cétoniques mais, en cas d'absence d'apport glucidique, il va commencer par utiliser le glucose issu de la glycogénolyse hépatique et musculaire — les réserves sont très faibles — puis de la néoglucogenèse hépatique à partir des acides aminés glucoformateurs, tels que l'alanine, ou de la néoglucogenèse intestinale. Ainsi, le glucose et donc les glucides assimilables, bien que non indispensables au sens strict — l'organisme peut en fabriquer —, sont extrêmement importants. En l'absence prolongée de glucides, une fonte
Principaux
Glucose
Fructose
Galactose
Saccharose ou sucrose (glucose-fructose)
Lactose (glucose-galactose)
Maltose (glucose-glucose)
Isomaltulose
Tréhalose
Maltodextrines
Raffinose
Fructo-oligosaccharides (FOS) ou fructanes
Galacto-oligosaccharides (GOS) (raffinose, stachyose, verbascose)
Inuline
Amylose
Amylopectine
Amidon modifié
Cellulose
Hémicellulose
Pectine
Arabinoxylanes
β -Glucanes
Hydrocolloïdes
musculaire, par détournement des acides aminés à partir des protéines, apparaît donc. Or, chez les sujets âgés, du fait d'une diminution de l'anabolisme protéique postprandial, une sarcopénie s'installe, faisant le lit de la dénutrition : le déficit glucidique va aussi la favoriser.
Le glucose et donc les glucides assimilables fournissent 4 kcal/g, les polyols 2 kcal/g ; quant aux glucides non assimilables (oligosaccharides et polysaccharides), ils en fournissent vraisemblablement aussi environ 2 kcal/g.
Les glucides contribuent aussi fortement au plaisir alimentaire. L'attirance pour le goût sucré chez l'homme est naturelle et innée ; elle est aussi nécessaire car, dans la mesure où les glucides sont des aliments énergétiques, cette attirance pousse l'homme à manger… des aliments nourrissants. Le lien entre l'effet sensoriel immédiat et l'effet post-ingestif (énergétique) des aliments
glucidiques conduit au rassasiement conditionné et explique l'alliesthésie positive, c'est-à-dire le renforcement de la composante affective alimentaire en cas de déficit énergétique.
Facilitant le passage du tryptophane dans le cerveau sous l'effet de l'hyperinsulinémie qu'il entraîne, le glucose a un effet psychotrope apaisant car le tryptophane est précurseur de la sérotonine.
Enfin, les glucides non assimilables exercent un effet « fibre », sont plus ou moins fermentescibles et peuvent avoir un effet prébiotique.
Les polyols exercent un effet laxatif par appel d'eau car ils ne sont pas absorbés : ceci rend compte des effets sur le transit de la prune, de la cerise…
Lors de la mastication, au contact de l'amylase salivaire, les glucides complexes, l'amidon en l'occurrence, sont partiellement hydrolysés. Cette étape est plus importante qu'on ne le croyait car le nombre de copies du gène de l'amylase salivaire peut avoir un impact sur la fermentation colique et le gain de poids.
Puis, c'est l'α-amylase pancréatique qui va avoir un rôle majeur dans l'hydrolyse de l'amidon, le scindant :
• en amylose : polymère linéaire de molécules de glucose unies par des liaisons α(1→4) ;
• et en amylopectine : polymère ramifié de molécules de glucose unies par des liaisons α(1→6) pour la partie ramifiée et par des liaisons α(1→4) pour la partie linéaire.
Au niveau intestinal, ce sont des disaccharidases qui vont intervenir pour scinder les disaccharides :
• la lactase, qui est une β-glucosidase, hydrolyse le lactose en glucose et galactose ;
• le maltose et le saccharose sont hydrolysés respectivement en glucose et glucose et glucose et fructose par une α-glucosidase ;
• enfin, les isomaltases vont hydrolyser les dextrines « limites », c'est-à-dire des molécules formées de trois glucoses au point de ramification de l'amylopectine.
L'absorption du glucose et celle du fructose ne sont pas identiques : le glucose est capté par un transporteur, le GLUT2, tandis que le fructose est capté par un transporteur différent, le GLUT5, qui peut être saturé. Ceci explique, d'une part,
un index glycémique beaucoup plus bas pour le fructose et, d'autre part, ceci rend compte en cas d'apport excessif (> 15 g) d'une malabsorption voire, au-delà de 30 g, d'une diarrhée.
Le lactose, s'il n'est pas totalement hydrolysé, parvient au niveau du côlon où il va être l'objet d'une fermentation physiologique, mais parfois gênante, avec une production d'hydrogène qui sera expirée et mesurable (breath-test).
Le fructose est lui presque entièrement capté par le foie à chaque passage grâce à l'activation du fructose-1-P par la fructokinase, qui se lie à une protéine, la GKRP, activant le glucose en glucose-6–P par la glucokinase ; il facilite la captation du glucose par le foie et facilite son stockage sous forme de glycogène, il diminue ainsi la glycémie. À forte dose (plus de 50 ou 100 g par jour), il va stimuler la lipogenèse hépatique, favoriser la stéatose hépatique et exercer un effet hypertriglycéridémiant et hyperuricémiant.
L'index glycémique (IG) représente le pouvoir hyperglycémiant d'un glucide. Le glucose a un IG arbitrairement fixé à 100. Le fructose, compte tenu des différences d'absorption et de métabolisme hépatique, a un IG de 20 et le saccharose de 60 car il est équi-moléculaire en glucose et en fructose.
L'index glycémique dépend : • de paramètres liés à la digestion et à l'absorption, qui dépendent de facteurs propres à l'aliment et propres au sujet ; • mais aussi de la capacité d'utilisation du glucose, elle-même dépendant de facteurs endogènes tels que l'insulinorésistance ou l'insulinosécrétion, elle-même dépendant par exemple de l'apport en protéines (insulinosécrétrices) et de leur nature, ou de facteurs liés au mode de vie tels que l'activité physique.
Les facteurs exogènes (les aliments) et endogènes (le sujet) sont intriqués. Ainsi, la vidange gastrique est importante : son ralentissement abaisse l'index glycémique (IG) ; elle est ralentie par un repas gras, par des boissons froides, par l'acide acétique (vinaigre). La baisse de l'accessibilité de l'amylase à l'amidon diminue aussi l'absorption du glucose : celle-ci dépend de la granulométrie, de la présence de fibres ou encore de la structure de l'amidon : la rétrogradation
de celui-ci lors du refroidissement, conduisant à l'amidon résistant, réduit l'IG.
L'IG n'est donc pas un paramètre nutritionnel qui serait étiquetable car il est l'objet de variations intra- et interindividuelles importantes : il s'agit d'un paramètre métabolique sous influences multiples.
Il faut aussi l'interpréter en fonction de la quantité de l'apport glucidique : un aliment de fort IG mais consommé en très petite quantité n'a pas le même impact qu'un aliment de fort IG fortement consommé. C'est pourquoi a été introduite la notion de charge glycémique, qui est le produit de l'IG et de l'apport en glucides de l'aliment considéré. On peut aussi calculer la charge glycémique de l'ensemble de l'alimentation.
Les lipides ont été longtemps considérés comme négatifs du seul fait de leur « pouvoir » énergétique. Ils fournissent effectivement 9 kcal par gramme — au lieu de 4 pour les glucides et les protéines, 7 pour l'alcool et 2 pour les fibres.
D'une part, l'apport énergétique est la première finalité de la nutrition ; d'autre part, la nature des lipides et donc des acides gras a aussi une importance considérable. La question qui sera à discuter, comme toujours, sera celle de l'équilibre : entre l'apport énergétique et les dépenses ; entre les divers acides gras.
Concernant la contribution des lipides à l'apport énergétique, elle doit être envisagée séparément en deux dimensions, en partie mais pas totalement liées : l'apport lipidique en valeur absolue (grammes par jour) et l'apport lipidique en valeur relative (% de l'apport énergétique total).
Il n'y a pas de recommandation formelle pour la valeur absolue de l'apport lipidique, mais, lorsqu'elle est très élevée ou très faible, il y a des grandes « chances » que le pourcentage de lipides dans l'apport énergétique (valeur relative) soit inadéquat — les exceptions sont un petit mangeur petit dépenseur et, à l'autre extrême, un grand mangeur grand dépenseur.
Concernant la valeur relative de l'apport énergétique par les lipides, le repère 35–40 % qui a été proposé par l'ANSES est considéré comme adapté
à un apport énergétique (et donc à des dépenses énergétiques) moyen de 2 000 kcal par jour. Au-delà de 40 %, un stockage lipidique survient et, compte tenu d'une prédominance en acides gras saturés dans l'alimentation française, d'autres conséquences négatives peuvent apparaître. En deçà de 35 %, il n'y a pas de preuve d'un bénéfice mais il n'y a pas de preuve d'un risque, si ce n'est un risque de non-couverture des apports conseillés en acides gras essentiels. Il faut cependant comprendre ces bornes comme un repère adapté aux pratiques alimentaires des Français.
Aspect qualitatif
Lorsque nous mangeons des lipides, nous ingérons essentiellement des triglycérides (98 %), puis des phospholipides (2 %) et des esters de cholestérol, comprenant respectivement trois, deux et un acide(s) gras (liaison ester).
L'unité de base en matière de lipides est donc celle des acides gras. Les acides gras sont constitués d'une chaîne hydrocarbonée avec un groupement méthyle terminal (-CH3) et carboxyle (-COOH). Ceux-ci peuvent être classés selon leur longueur de chaîne en acides gras à chaîne courte et moyenne (≤ 10 C) et en acides gras à chaîne longue et très longue (≥ 12 C). Ils sont aussi classés en fonction du nombre de doubles liaisons entre deux atomes de carbone (tableau 1.2) :
• s'il n'y en a pas, l'acide gras est saturé ;
• s'il y en a une, il est monoinsaturé ;
• s'il y en a plus d'une, il est polyinsaturé.
On peut aussi distinguer le type de configuration de cette double liaison selon que les deux hydrogènes sont placés du même côté de la double liaison (configuration cis) ou de part et d'autre (configuration trans). C'est l'hydrogénation partielle d'un acide gras polyinsaturé qui conduit à des acides gras trans : celle-ci peut être naturelle (ruménale, c'est-à-dire dans le rumen des ruminants) ou catalytique (industrielle) ; la forme cis est toujours naturelle.
Acides gras saturés
Les acides gras saturés sont très nombreux. La plupart sont pairs, mais il existe aussi des acides gras saturés impairs notamment dans la graisse laitière : c'est le cas du C15:0 (acide pentadécanoïque) et du C17:0 (acide heptadécanoïque). La majorité des acides gras saturés vont de C12 à C18,
Tableau 1.2. Principaux acides gras.
Saturés
Acides gras à chaîne
courte et moyenne
Acide laurique C12
Acide myristique C14
Acide palmitique C16
Acide stéarique C18
Monoinsaturés
Oméga 7
Acide palmitoléique
Insaturés
Oméga 9
Acide oléique
mais il existe aussi des acides gras saturés allant au-delà ou en deçà. En deçà, il s'agit des acides gras à chaîne courte ou moyenne, dont le métabolisme est différent : leur absorption ne nécessite pas la formation de micelles, ni l'action de la lipase, ni l'incorporation dans les chylomicrons ; ils sont transportés tels quels par voie porte et non pas par voie lymphatique. Leur métabolisme hépatique est différent : ils ne sont pas hypercholestérolémiants à dose nutritionnelle, leur fourniture énergétique est moindre. Au-delà, il s'agit de l'acide arachidique (C20:0), de l'acide béhénique (C22:0), de l'acide lignocérique (C24:0), à la fois d'origine alimentaire (noix) et d'origine endogène.
Les acides gras saturés ne sont pas indispensables mais ils sont utiles ! Ils sont non indispensables car ils peuvent être synthétisés de novo par le foie à partir du glucose, du fructose ou de l'alcool. Ils sont utiles : la preuve en est apportée par le fait qu'en cas de déficit d'apport, ils sont effectivement davantage synthétisés par le foie et assemblés sous forme de triglycérides puis exportés dans le sang au sein des VLDL (Very Low Density Lipoprotein). Cette synthèse conduit principalement à l'acide palmitique (C16:0). Leurs rôles sont multiples : non seulement ils sont source d'énergie mais ils ont également un rôle structural (membranes, cerveau) et un rôle fonctionnel, notamment à travers une liaison avec des protéines que l'on appelle myristoïlation (avec l'acide myristique) ou palmitoïlation (avec l'acide palmitique), conférant à ces protéines un rôle fonctionnel.
Acides gras monoinsaturés
Les acides gras monoinsaturés ne comportent qu'une seule double liaison. Ils comprennent deux familles. La famille, ou série, n-7 ou oméga 7 (ω7)
Polyinsaturés
Oméga 6
Acide linoléique
Oméga 3
Acide α-linolénique
↓ ↓
Acide γ -linolénique EPA
↓ ↓
Acide arachidonique DHA
et la famille, ou série, n-9 ou oméga 9 (ω9). Ceci correspond à la place de la double liaison à partir du groupement méthyle terminal. L'acide palmitoléique (C16:1n−7) est le principal représentant de cette série. Il peut être de configuration cis ou trans. L'acide trans palmitoléique est naturel, essentiellement d'origine laitière, alors que l'acide cis palmitoléique provient de la synthèse endogène à partir de l'acide palmitique endogène (néoformé) ou de l'acide palmitique exogène (alimentaire).
L'acide oléique (C18:1n 9) est le principal représentant de la série ω9. Quantitativement il est le plus important des acides gras monoinsaturés et de tous les acides gras. Il est sous forme cis. L'hydrogénation partielle d'un acide gras polyinsaturé tel que l'acide linoléique conduit à l'acide élaïdique (hydrogénation catalytique), isomère de l'acide oléique de configuration trans, ou à l'acide trans-vaccénique (hydrogénation ruménale) d'origine laitière, deux acides gras monoinsaturés.
L'acide oléique a essentiellement un rôle énergétique. Il n'est pas indispensable car il peut provenir de l'acide stéarique (C18:0).
Acides gras polyinsaturés
Les acides gras polyinsaturés comportent deux, ou plus de deux, doubles liaisons. Ils comprennent deux familles, la famille n-3 ou oméga 3 (ω3) et la famille n-6 ou oméga 6 (ω6), ce qui signifie que la première double liaison se situe après le 3e ou après le 6e atome de carbone à partir du groupement méthyle.
Le chef de file de la famille ω3 est l'acide α-linolénique (C18:3n 3) et le chef de la famille ω6 est l'acide linoléique (C18:2 n 6). Les doubles
liaisons suivantes sont toujours séparées par un atome de carbone de sorte que l'on peut les déduire facilement, sauf pour les acides gras dits conjugués pour lesquels la double liaison suivante est contiguë : on parle d'acide linoléique conjugué. C'est le cas de l'acide ruménique d'origine laitière issu de l'acide linoléique et précurseur de l'acide trans-vaccénique. On peut avoir également des acides gras polyinsaturés avec une double liaison de configuration trans , par exemple l'acide linoélaïdique issu du chauffage ou de l'hydrogénation partielle de l'acide linoléique.
L'acide linoléique et l'acide α-linolénique sont indispensables car ils ne peuvent être synthétisés par les animaux et donc par l'homme, mais sont synthétisés par les plantes. Ils sont l'objet d'une biotransformation hépatique avec une succession d'élongases (rajoutant deux atomes de carbone) et de désaturases (rajoutant une double liaison en supprimant deux hydrogènes), Δ6- et Δ5-désaturases, qui sont des étapes limitantes insulinosensibles.
La série oméga 6 conduit à l'acide arachidonique (C20:4n−6) via l'acide γ-linolénique (C18:3n−6), isomère de position de l'acide α-linolénique (C18:3n−3) ; tandis que l'acide α-linolénique conduit à l'acide eicosapentaénoïque ou EPA
Animaux d’élevage monogastriques
Oléagineux et huiles (et dérivés)
Arachide, Car thame
Tour nesol
Maïs
Soja
Pépins de raisin
Huile Onagre
Bourrache
Pépins de cassis
(C20:5n−5), puis à l'acide docosapentaénoïque ou DPA (C22:5n−3) et à l'acide docosahexaénoïque ou DHA (C22:6n−3). Cette biotransformation a une efficacité très limitée (moins de 4 %), de sorte que le DHA est aussi considéré comme un acide gras indispensable.
Ces deux familles (figure 1.1) sont à la fois indépendantes — car chez l'homme on ne peut pas passer d'une série à une autre (il faut donc un apport des deux chefs de file) — et liées, car les enzymes désaturases étant les mêmes il existe une compétition de substrat : de ce fait, un apport trop élevé en oméga 6 va réduire la biotransformation de la série oméga 3. Heureusement, il existe une plus grande affinité de l'acide α-linolénique pour la Δ6-désaturase, de sorte que le rapport optimal entre l'acide linoléique (oméga 6) et l'acide α-linolénique (oméga 3) est de 4/1.
L'acide arachidonique, l'EPA et le DHA conduisent à des dérivés supérieurs, les eicosanoïdes, prostaglandines et leucotriènes, dont les rôles sont considérables et qui sont différents selon les familles. Leur production et leur équilibre dépendent donc des apports respectifs en acide linoléique et en acide α-linolénique.
Les acides gras polyinsaturés ont un rôle triple :
Acide linoléique Acide alphalinoléique
C18:2n-6
Delta 6 desaturase
C18:3n-3
Acide gamma linolénique
C18:3n-6
Acide arachidonique Viande
Œuf
Foie
C20:4n-6
EPA C20:5n-3
DPA C22:5n-3
DHA C22:5n-6
Figure 1.1. Sources d'acides gras polyinsaturés.
Lait, œufs
Lapin
Cheval
Monogastriques selon alimentation
Germe de blé, graines de moutarde
Lin, chanvre, luzerne
Noix
Huile de colza
Soja
Pour pier, épinards, mâche
Périlla, cameline
Lait et produits laitiers
Lait maternel
Microalgues Poisson ++ Viande
• énergétique, c'est notamment le cas de l'acide α-linolénique dès lors que l'apport en acides gras est insuffisant ;
• un rôle structural, c'est en particulier le cas de l'EPA et surtout du DHA dans toutes les membranes cellulaires et en particulier au niveau des tissus nerveux et rétiniens (dans les segments externes des photorécepteurs, les bâtonnets) ;
• et enfin un rôle fonctionnel précurseur des dérivés supérieurs.
Les apports conseillés en acides gras pour un bon équilibre nutritionnel et pour la santé sont de moins de 12 % pour les acides gras saturés, avec pour trois d'entre eux — acide laurique, (C12:0), acide myristique (C14:0) et acide palmitique (C16:0) — moins de 8 % de l'apport énergétique. Pour les acides gras monoinsaturés, ils sont de 15 à 20 % (maximum) — essentiellement l'acide oléique. Pour les acides gras polyinsaturés, ils sont de 4 % pour l'acide linoléique, de 1 % pour l'acide α-linolénique, de 250 mg pour le DHA et de 500 mg pour la somme DHA + EPA. Le rapport oméga 6/oméga 3 est donc de 4 pour 1. Ce rapport est surtout important lorsque l'apport en EPADHA est faible. Chez les femmes, la biotransformation en DHA est plus efficace sous l'effet des œstrogènes, ce qui est particulièrement important chez les femmes enceintes et allaitantes pour une fourniture adéquate au fœtus et au nouveau-né.
Protides
Les protides sont des nutriments sources d'azote et sont constitués d'une chaîne d'acides aminés.
Les protéines corporelles (tissulaires et circulantes) sont issues de la synthèse protéique à partir des acides aminés via l'ADN, donc selon le code génétique, et sont, à ce titre, considérées comme nobles.
Les protéines alimentaires ont essentiellement un rôle « bâtisseur », même si elles fournissent 4 kcal/g.
Biochimie
Les protides comportent les acides aminés (unités de base), les peptides (assemblage de plusieurs acides aminés, moins de dix) et les protéines proprement dites.
Les acides aminés présents dans notre alimentation sont au nombre de vingt environ. Mais huit (neuf chez l'enfant) ne peuvent être synthétisés et sont donc considérés comme indispensables. Il s'agit de :
• isoleucine ;
• leucine ;
• lysine ;
• méthionine (acide aminé soufré, comme la cystéine dont elle est un précurseur ; la cystéine devient essentielle si la méthionine est en quantité limitée) ;
• phénylalanine (acide aminé aromatique, comme la tyrosine dont elle est un précurseur ; la tyrosine devient essentielle si la phénylalanine est en quantité limitée) ;
• thréonine ;
• tryptophane ;
• valine ;
• (+ histidine chez l'enfant).
Les peptides sont classés en dipeptides (deux acides aminés) et en oligopeptides.
Les protéines à proprement parler comportent plus de dix acides aminés. Elles possèdent une structure primaire (chaîne d'acides aminés), secondaire (configuration spatiale, hélicoïdale par exemple), tertiaire (repliement lié à des liaisons entre acides aminés) et quaternaire (par agrégat de sous-unités globulaires).
Chaque aliment comporte des protéines spécifiques dans leur composition en acides aminés et dans leur structure.
On distingue, selon l'origine, les protéines animales et les protéines végétales. Les protéines laitières comportent les caséines et les protéines du lactosérum. Les protéines de l'œuf comprennent les protéines de l'albumine (blanc) et du vitellus (jaune). Les protéines de la viande et du poisson sont constituées de protéines extracellulaires (collagène, élastine) et intracellulaires (myosine, myoglobine…). Les protéines végétales sont tout aussi complexes. Les protéines des légumineuses comprennent des globulines, de l'albumine, des glutamines ; les protéines des céréales comportent des prolamines, gliadines (monomères α) et gluténines (polymères) pour le blé, hordénines pour l'orge, sécalines pour le seigle.
La qualité des protéines dépend de deux facteurs : • leur digestibilité, qui est appréciée par le coefficient d'utilisation digestive et est atténuée par
des facteurs antinutritionnels (notamment présents dans les légumineuses avant cuisson) ; • leur efficacité, parfois dénommée pouvoir de rétention, correspondant à la capacité qu'a l'organisme à les utiliser pour la synthèse protéique : elle est appréciée par leur valeur biologique qui dépend de leur composition en acides aminés mesurée par leur indice chimique.
L'indice chimique est calculé à partir de la teneur en acide aminé limitant. L'acide aminé limitant correspond à l'acide aminé indispensable (un des huit) en déficit par rapport au profil théorique de la protéine idéale définie par la FAO/ OMS. Ceci représente une différence majeure entre les protéines végétales et les protéines animales. Les protéines animales ne possèdent pas d'acide aminé limitant, tandis que les protéines des céréales sont déficitaires en lysine et les protéines des légumineuses sont déficitaires en acides aminés soufrés (méthionine, cystéine). Cependant, l'association des protéines des céréales et des protéines des légumineuses aboutit à une complémentation parfaite en acides aminés.
Ces paramètres ont permis d'établir un index, l'indice DISCO (PDCAAS en anglais), qui est le produit de la digestibilité (%) et de l'indice chimique. Récemment, un nouvel indice a été proposé par la FAO/OMS, le DIAAS, qui est fondé sur la digestibilité réelle mesurée au niveau de l'iléon et calculée pour chaque acide aminé indispensable, la plus faible valeur étant désignée pour le DIAAS.
Dans le milieu gastrique, l'acide chlorhydrique solubilise certaines protéines, comme celles du lactosérum. C'est à pH bas que les enzymes peptiques gastriques scindent les protéines stabilisées. Dans l'intestin grêle, les protéases pancréatiques (trypsine, chymotrypsine, élastase) dégradent les protéines alimentaires en oligopeptides. Les carboxypeptidases de l'intestin grêle achèvent l'hydrolyse et conduisent à des di- et tripeptides ou à des acides aminés alors absorbés au niveau de la bordure en brosse.
Les acides aminés parviennent ainsi au pool des acides aminés circulants.
La synthèse protéique a lieu essentiellement en postprandial. Elle dépend de l'amino-acidémie postprandiale. La leucinémie postprandiale est un signal important de cette synthèse. Les protéines
riches en leucine, comme le lactosérum, stimulent davantage cette synthèse. L'IGF-1 est un facteur de croissance produit au niveau du foie sous l'effet de la GH hypophysaire et est stimulée par l'insuline ; en présence d'acides aminés, l'IGF-1 induit, via la voie mTOR, la synthèse protéique au niveau des tissus cibles comme le muscle ou l'os.
On distingue depuis quelques années les protéines dites rapides et les protéines dites lentes. Les protéines rapides comme celles du lactosérum solubles à pH acide dans l'estomac sont rapidement hydrolysées, libérées et absorbées au niveau du grêle et vont donc stimuler rapidement la synthèse protéique postprandiale ; tandis que les protéines lentes telles que la caséine précipitent dans l'estomac, sont plus lentement hydrolysées et absorbées dans le grêle, et seront plus longtemps disponibles pour la synthèse protéique. Il y a donc là une belle complémentarité.
Les protéines corporelles représentent 10 à 12 kg chez l'homme. Elles sont présentes dans la masse maigre, représentée essentiellement par les muscles (40 %) et les os ainsi que par certains organes (foie, rein, intestin…). Elles sont en permanence l'objet d'un anabolisme (synthèse) et d'un catabolisme (destruction ou protéolyse) en équilibre (figure 1.2), équivalent à 250 à 300 g de part et d'autre, quotidiennement. Ce réservoir de protéines corporelles alimente en permanence un pool d'acides aminés circulants libres d'environ 60 à 80 g, qui lui-même est en équilibre entre les apports (80 à 100 g par jour) et les pertes obligatoires (80–100 g par jour) intestinales, urinaires, cutanées…
Les protéines corporelles, et donc la masse maigre, doivent rester stables. Ce n'est pas une réserve au sens d'un stock dans lequel on pourrait puiser (comme le tissu adipeux), car les protéines
Activité physique
PROTÉINES
CORPORELLES 10–12 kg
Masse maigre
–
Muscles (40 %)
–
g ANABOLISME (fabrication ou synthése) APPORTS 80–100 g
CATABOLISME (destruction) Pool AA
Circulants Libres 60–80 g
Transformation(fonctions spécifiques) foie intestin
PERTES 80–100 g
OXYDATION
Pertes réelles
Figure 1.2. Le métabolisme protidique : un double jeu.
corporelles ont un rôle physiologique majeur. Il faut les considérer comme un capital à préserver.
La masse maigre diminue avec l'âge, au profit de la masse grasse. Cette diminution physiologique peut conduire à la sarcopénie qui fait le lit de la dénutrition.
Le rôle des protéines est donc essentiellement celui de la synthèse protéique.
Toutefois, en cas de déficit d'apport énergétique glucidique, les protéines tissulaires et essentiellement musculaires vont être détournées de cette finalité : ainsi, certains acides aminés tels que l'alanine vont participer à la néoglucogenèse hépatique pour contribuer à la production hépatique de glucose nécessaire pour la fourniture énergétique cérébrale.
Des rôles spécifiques peuvent être liés à des acides aminés ou peptides. Ainsi, l'arginine est précurseur de l'oxyde nitrique (NO) vasorelaxant ; la tyrosine est précurseur de la synthèse des catécholamines ; le tryptophane est précurseur de la synthèse de la sérotonine cérébrale ; la méthionine contribue à la synthèse de l'homocystéine ; le glutathion participe au système de défense vis-à-vis des radicaux libres ; l'histidine est le précurseur de l'histamine impliqué dans l'allergie ; la glutamine est très importante pour le métabolisme énergétique entérocytaire.
On note qu'une grande partie de ces acides aminés ne sont pas indispensables, ce qui est logique car, s'ils sont très utiles, il est important que l'organisme puisse aussi les synthétiser.
Certains peptides, dits fonctionnels ou bioactifs, peuvent être absorbés tels quels et jouer un rôle spécifique sur de nombreuses cibles (os, croissance, pression artérielle, vaisseaux, agrégation plaquettaire, stress…). Tous les aliments protidiques peuvent en apporter ; les produits laitiers en sont les plus grands pourvoyeurs, les plus étudiés.
Les apports conseillés sont de 1 g/kg par jour chez l'adulte jeune en bonne santé. Chez le sujet âgé, compte tenu d'un plus faible anabolisme postprandial, on estime qu'il est de 1,1 g/kg par jour. Chez le sujet âgé « agressé » (infection, stress…), il est de 1,25 à 1,50 g/kg par jour, et en cas de
perte tissulaire (escarres, plaies, brûlures, fractures, ulcères, cicatrisation…), il est de 1,5 à 2 g/ kg par jour. On peut aussi exprimer ces apports en pourcentage de l'apport énergétique non alcoolique ; si celui-ci est normal, on l'estime entre 12 et 15 % de l'AENA (apport énergétique non alcoolique). Actuellement, il augmente aux alentours de 16–17 % en France.
La proportion protéines animales/protéines végétales n'est pas formellement établie : certains estiment qu'elle devrait être de 1/1, alors qu'elle est de 3 à 4/1. On pourrait essayer de tendre vers 2/1, mais pas en dessous chez les personnes âgées.
Longtemps considérées comme des « résidus » (on parlait de régime « sans résidus »), les fibres alimentaires sont des constituants des plantes non digérés par les enzymes digestives humaines.
Les premiers travaux effectués sur le lien entre fibres et santé datent de 1969 avec Burkitt et 1972 avec Trowell, chercheurs anglo-saxons qui ont émis l'hypothèse que, quoique non digérées, les fibres pouvaient être impliquées dans la prévention de pathologies telle que les diverticules du côlon ou le cancer du côlon.
D'un point de vue biochimique la plupart des fibres sont des polysaccharides, non amylacées ou amylacées (amidon résistant), mais il existe aussi des oligosaccharides et, enfin, des fibres non glucidiques comme certains composés phénoliques tels que la lignine.
L'amidon résistant est une fibre car il n'est pas attaqué par les enzymes digestives pancréatiques, en l'occurrence l'amylase. Il a plusieurs origines : la plus courante correspond au type 3, celui issu de la rétrogradation après cuisson et refroidissement, conduisant à un changement de structure physico-chimique de la molécule et empêchant l'accès des enzymes aux liaisons osidiques.
Les polysaccharides non amylacés correspondent :
• d'une part à la cellulose, polymère linéaire de glucose en β(1→4), liaison non hydrolysée par les enzymes digestives ;
• d'autre part aux polysaccharides non cellulosiques ; ceux-ci comprennent :
– l'hémicellulose, polyoside branché comprenant des hexoses neutres (glucose, galactose, mannose) ; – la pectine qui est un polyoside très complexe de β(1→4)-d-acide glucuronique ramifié avec d'autres sucres (xylose, arabinose, galactose, rhamnose) ;
– les arabinoxylanes qui sont des polymères de xylose et d'arabinose avec des résidus d'acide uronique ;
– les β-glucanes qui sont des polyosides linéaires de glucose β(1→4) et β(1→3) ;
– l'inuline, qui est un polymère de fructose dont dérivent les FOS.
Les oligosaccharides non α-glucanes sont, selon le glucide de base, des fructo-oligosaccharides (FOS), des xylo-oligosaccharides (XOS) ou des galacto-oligosaccharides (GOS). Les GOS sont une exception dans le monde des fibres car ils peuvent être d'origine animale puisqu'ils sont présents dans le lait maternel et dans tous les laits de mammifères.
La lignine et certains acides phénoliques (acide gallique, acide férulique) sont des fibres non polysaccharidiques.
Les propriétés des fibres dépendent de leurs propriétés physico-chimiques, en particulier de leur solubilité et de leur viscosité. Leur caractère hygroscopique, c'est-à-dire leur capacité à retenir l'eau, leur confère une solubilité variable. La cellulose et la lignine ne sont pas solubles et ne forment donc pas de gel, tandis que les pectines et les β-glucanes sont hydrosolubles et ont une viscosité élevée. Les hémicelluloses sont soit solubles, soit insolubles.
Toutes parviennent non digérées au niveau du côlon où elles vont être un substrat pour la flore colique, ce qui se traduit par la fermentescibilité, c'est-à-dire leur capacité à être fermentées par le microbiote.
Leurs effets physiologiques sont multiples. L'effet le plus classique est l'augmentation du volume du bol fécal, d'une part du fait de leur pouvoir hygroscopique et, d'autre part, du fait de l'augmentation de la masse bactérienne induite par la fermentation. C'est ainsi qu'elles régulent le transit intestinal, l'accélérant ou le ralentissant selon les circonstances.
Les fibres exercent aussi des effets métaboliques : d'une part, en ralentissant la vidange gastrique, elles peuvent contribuer à abaisser l'index glycémique ; d'autre part, du fait de leur fermentescibilité, elles participent à la production de GLP-1, d'origine intestinale, favorisant à la fois le rassasiement et la sécrétion d'insuline. Les effets sur le métabolisme du cholestérol sont plus complexes : les fibres diminuent la réabsorption des acides biliaires et réduisent ainsi leur cycle entérohépatique ce qui conduit à réduire la récupération du cholestérol par le foie via les acides biliaires ; cela entraîne ainsi une augmentation compensatrice des récepteurs hépatiques aux LDL et donc la captation du cholestérol-LDL au niveau du foie et sa baisse plasmatique. Les β-glucanes sont les fibres les plus hypocholestérolémiantes.
De même, les fibres s'opposent partiellement à la réabsorption des hormones sexuelles, les œstrogènes notamment, et donc diminuent leur cycle entéro-hépatique, leur concentration plasmatique et leur élimination urinaire, et peuvent ainsi réduire l'hyperœstrogénie.
Les fibres fermentescibles conduisent à une production de gaz (CO2 , H2 , CH4) mais surtout à la production d'acides gras à chaîne courte, anciennement dits acides gras volatils — acide acétique (C2), acide butyrique (C 4), acide propionique (C6) — qui exercent des effets trophiques sur les colonocytes de l'épithélium de la muqueuse colique, ce qui contribue à leur effet bénéfique vis-à-vis de la cancérogenèse colique. En outre, elles diminuent la formation des acides biliaires secondaires qui sont agressifs vis-à-vis de cette muqueuse. D'autres effets mineurs sont à souligner : en abaissant le pH colique, les acides gras volatils permettent la dissociation des complexes des minéraux qui sont des cations divalents (calcium, magnésium, fer…) et leur solubilisation et donc leur absorption tardive au niveau colique. Enfin les fibres, en favorisant la croissance bactérienne, entraînent une augmentation des besoins des micro-organismes en azote et favorisent son extraction à partir de l'urée sanguine, ce qui représente un effet d'épargne azoté pour le rein.
Certaines fibres fermentescibles sont qualifiées de prébiotiques. Initialement, ceci était limité au caractère bifidogène de ces fibres, c'est-à-dire à leur effet favorable sur cette souche bactérienne (bifidus). Aujourd'hui, la définition est élargie et
Another random document with no related content on Scribd:
See (in this volume)
PHILIPPINE ISLANDS: THE NATIVE INHABITANTS.
PAN-GERMANIC UNION.
See (in this volume)
AUSTRIA-HUNGARY: A. D. 1901.
----------PAPACY: Start--------
PAPACY: A. D. 1894. Conference with Eastern Patriarchs.
A conference of Eastern Patriarchs to consider the reunion of the Eastern Churches (Armenian, Maronite, Melchite, etc.) with the Church of Rome was opened at the Vatican, in October, under the presidency of the Pope. The meeting had no result.
PAPACY: A. D. 1894-1895.
The Hungarian Ecclesiastical Laws.
See (in this volume)
AUSTRIA-HUNGARY: A. D. 1894-1895.
PAPACY: A. D. 1896 (March). Resumption of authority over the Coptic Church.
The authority of the Pope over the Coptic Church was resumed on the 30th of March, 1896, after a suspension of four centuries, by the re-establishment of the Catholic Patriarchate of Alexandria. Bishop Macarius was appointed Patriarch and two bishops were appointed for Upper and Lower Egypt.
PAPACY: A. D. 1896 (September).
In September, 1896, the final decision of the Vatican, on a reopened question as to the validity of ordinations under the ritual of the Church of England, was announced by Pope Leo XIII. in a bull which declares: "After long study, I must confirm the decree of my predecessors, that all ordinations made under the Anglican rite are absolutely invalid." Soon after the decision was announced, a writer in the "Contemporary Review" gave the following account of circumstances connected with it:
"The question of Anglican Orders was taken up in connection with the appeal for union made by Leo XIII. in the Encyclical' Præclara' of 1894, and more particularly in his letter to the English people. The group of Anglicans of whom Lord Halifax is the spokesman took this appeal seriously, and ever since that time negotiations have been going on more or less continuously between them and the Vatican. … The idea of an incorporate union, so dear to Lord Halifax, and so much favoured in the first instance by the Pope, could only be carried out on the basis of a prior admission that the Anglican Church had an existence as a Church, and was therefore in a position to discuss a union with the Roman Church. {345}
Once recognise the validity of her Orders, and it would be possible to go into conference as to the points of difference between the two Churches, and the means of coming to an agreement. It is quite certain that the Pope entered heartily into these views. The Abbé Duchesne was accordingly deputed to inquire into the validity of the Anglican Orders, and was well aware that a favourable conclusion would be very well received. This was before the Abbé was put at the head of the French College at Rome. He made his investigation, arrived at the conclusion that the Orders were valid, sent his report to the Vatican, and received from Cardinal Rampolla a letter of thanks and congratulations, together with a grand silver
examination of the question to the congregation of cardinals called ' Suprema.' … The 'Suprema' met on July 16, under the presidency of the Pope. All the cardinals were of opinion that the matter had been long since decided, and that the debates in the preliminary commission had served to show how wise the decision had been. … The Bull declaring Anglican Orders null and void was published about the middle of September."
The Pope and the Anglicans: The Policy of the Bull (Contemporary Review, December, 1896).
PAPACY: A. D. 1897. Influence in Austria.
See (in this volume)
AUSTRIA-HUNGARY: A. D. 1897.
PAPACY: A. D. 1898 (January).
Encyclical Letter of Pope Leo XIII. on the Manitoba School Question.
See (in this volume)
CANADA: A. D. 1898 (JANUARY).
PAPACY: A. D. 1899. Secession of German Catholics in Austria from the Church.
See (in this volume)
AUSTRIA-HUNGARY: A. D. 1899-1000.
PAPACY: A. D. 1899 (January).
Encyclical Letter of Pope Leo XIII. condemning certain opinions "called by some 'Americanism.'"
The following passages are from the translation of an encyclical letter addressed, on the 22d of January, 1899, by
Pope Leo XIII. to Cardinal Gibbons, for communication to the bishops and clergy of the Catholic Church in America:
"To Our Beloved Son, James, Cardinal Gibbons, Cardinal Priest of the Title Sancta Maria, Beyond the Tiber, Archbishop of Baltimore: … We have often considered and admired the noble gifts of your nation which enable the American people to be alive to every good work which promotes the good of humanity and the splendor of civilization. Although this letter is not intended, as preceding ones, to repeat the words of praise so often spoken, but rather to call attention to some things to be avoided and corrected; still because it is conceived in that same spirit of apostolic charity which has inspired all our letters, we shall expect that you will take it as another proof of our love; the more so because it is intended to suppress certain contentions which have arisen lately among you to the detriment of the peace of many souls.
"It is known to you, beloved son, that the biography of Isaac Thomas Hecker, especially through the action of those who undertook to translate or interpret it in a foreign language, has excited not a little controversy, on account of certain opinions brought forward concerning the way of leading Christian life. We, therefore, on account of our apostolic office, having to guard the integrity of the faith and the security of the faithful, are desirous of writing to you more at length concerning this whole matter.
"The underlying principle of these new opinions is that, in order to more easily attract those who differ from her, the Church should shape her teachings more in accord with the spirit of the age and relax some of her ancient severity and make some concessions to new opinions. Many think that these concessions should be made not only in regard to ways of living, but even in regard to doctrines which belong to the deposit of the faith. They contend that it would be opportune, in order to gain those who differ from us, to omit certain
points of her teaching which are of lesser importance, and to tone down the meaning which the Church has always attached to them. It does not need many words, beloved son, to prove the falsity of these ideas if the nature and origin of the doctrine which the Church proposes are recalled to mind. The Vatican Council says concerning this point: 'For the doctrine of faith which God has revealed has not been proposed, like a philosophical invention to be perfected by human ingenuity, but has been delivered as a divine deposit to the Spouse of Christ to be faithfully kept and infallibly declared. Hence that meaning of the sacred dogmas is perpetually to be retained which our Holy Mother, the Church, has once declared, nor is that meaning ever to be departed from under the pretense or pretext of a deeper comprehension of them.'
Constitutis de Fide Catholica, Chapter iv. …
{346}
"Let it be far from anyone's mind to suppress for any reason any doctrine that has been handed down. Such a policy would tend rather to separate Catholics from the Church than to bring in those who differ. There is nothing closer to our heart than to have those who are separated from the fold of Christ return to it, but in no other way than the way pointed out by Christ.
"The rule of life laid down for Catholics is not of such a nature that it cannot accommodate itself to the exigencies of various times and places. The Church has, guided by her Divine Master, a kind and merciful spirit, for which reason from the very beginning she has been what St. Paul said of himself: 'I became all things to all men that I might save all.'
"History proves clearly that the Apostolic See, to which has been intrusted the mission not only of teaching but of governing the whole Church, has continued 'in one and the same
doctrine, one and the same sense, and one and the same judgment.'
Constitutis de fide, Chapter iv.
"But in regard to ways of living she has been accustomed to so yield that, the divine principle of morals being kept intact, she has never neglected to accommodate herself to the character and genius of the nations which she embraces. Who can doubt that she will act in this same spirit again if the salvation of souls requires it? In this matter the Church must be the judge, not private men who are often deceived by the appearance of right. In this, all who wish to escape the blame of our predecessor, Pius the Sixth, must concur. He condemned as injurious to the Church and the spirit of God who guides her the doctrine contained in proposition lxxviii of the Synod of Pistoia, 'that the discipline made and approved by the Church should be submitted to examination, as if the Church could frame a code of laws useless or heavier than human liberty can bear.'
"But, beloved son, in this present matter of which we are speaking, there is even a greater danger and a more manifest opposition to Catholic doctrine and discipline in that opinion of the lovers of novelty, according to which they hold such liberty should be allowed in the Church, that her supervision and watchfulness being in some sense lessened, allowance be granted the faithful, each one to follow out more freely the leading of his own mind and the trend of his own proper activity. They are of opinion that such liberty has its counterpart in the newly given civil freedom which is now the right and the foundation of almost every secular state.
"In the apostolic letters concerning the constitution of states, addressed by us to the bishops of the whole Church, we discussed this point at length; and there set forth the difference existing between the Church, which is a divine
society, and all other social human organizations which depend simply on free will and choice of men. It is well, then, to particularly direct attention to the opinion which serves as the argument in behalf of this greater liberty sought for and recommended to Catholics.
"It is alleged that now the Vatican decree concerning the infallible teaching authority of the Roman Pontiff having been proclaimed that nothing further on that score can give any solicitude, and accordingly, since that has been safe-guarded and put beyond question a wider and freer field both for thought and action lies open to each one. But such reasoning is evidently faulty, since, if we are to come to any conclusion from the infallible teaching authority of the Church, it should rather be that no one should wish to depart from it and moreover that the minds of all being leavened and directed thereby, greater security from private error would be enjoyed by all. And further, those who avail themselves of such a way of reasoning seem to depart seriously from the over-ruling wisdom of the Most High which wisdom, since it was pleased to set forth by most solemn decision the authority and supreme teaching rights of this Apostolic See willed that decision precisely in order to safeguard the minds of the Church's children from the dangers of these present times.
"These dangers, viz., the confounding of license with liberty, the passion for discussing and pouring contempt upon any possible subject, the assumed right to hold whatever opinions one pleases upon any subject and to set them forth in print to the world, have so wrapped minds in darkness that there is now a greater need of the Church's teaching office than ever before, lest people become unmindful both of conscience and of duty.
"We, indeed, have no thought of rejecting everything that modern industry and study has produced; so far from it that we welcome to the patrimony of truth and to an ever-widening
scope of public well-being whatsoever helps toward the progress of learning and virtue. Yet all this, to be of any solid benefit, nay, to have a real existence and growth, can only be on the condition of recognizing the wisdom and authority of the Church. …
"From the foregoing it is manifest, beloved son, that we are not able to give approval to those views which, in their collective sense, are called by some 'Americanism.' But if by this name are to be understood certain endowments of mind which belong to the American people, just as other characteristics belong to various other nations, and if, moreover, by it is designated your political condition and the laws and customs by which you are governed, there is no reason to take exception to the name. But if this is to be so understood that the doctrines which have been adverted to above are not only indicated, but exalted, there can be no manner of doubt that our venerable brethren, the bishops of America, would be the first to repudiate and condemn it as being most injurious to themselves and to their country. For it would give rise to the suspicion that there are among you some who conceive and would have the Church in America to be different from what it is in the rest of the world.
"But the true church is one, as by unity of doctrine, so by unity of government, and she is catholic also. Since God has placed the centre and foundation of unity in the chair of Blessed Peter, she is rightly called the Roman Church, for 'where Peter is, there is the church.' Wherefore, if anybody wishes to be considered a real Catholic, he ought to be able to say from his heart the self-same words which Jerome addressed to Pope Damasus; 'I, acknowledging no other leader than Christ, am bound in fellowship with Your Holiness: that is, with the chair of Peter. I know that the church was built upon him as its rock, and that whosoever gathereth not with you, scattereth.' … "
American Catholic Quarterly Review, April, 1899.
{347}
PAPACY: A. D. 1900 (September-October).
Church and State in Austria.
See (in this volume)
AUSTRIA-HUNGARY: A. D. 1900 (SEPTEMBER-DECEMBER).
PAPACY: A. D. 1900 (December).
Pope Leo XIII. on the French Associations Bill.
See (in this volume))
FRANCE; A. D. 1901 (JANUARY).
PAPACY: A. D. 1900-1901.
Proclamation of the Universal Jubilee of the Holy Year Nineteen Hundred. Its extension for six months.
The following is the text of the Papal proclamation of the Universal Jubilee, in its English translation, as published in the "American Catholic Quarterly Review":
"To all the Faithful of Christ who shall read these Letters, Health and Apostolic Benediction. The century, which, by the grace of God, we have ourselves seen almost from its commencement, draws rapidly to its close. Willingly have we followed the institutions of our predecessors in so ordering things that they may redound in the good of all Christian peoples, and which may be perhaps for them the last proof of our care to the government of the Sovereign Pontificate. We speak of the Great Jubilee introduced in ancient times among Christian customs and observed by our predecessors, who bestowed upon the years of general jubilee the title of the
Holy Year, because it was usual for such a year to be blessed by a greater number of holy ceremonies, as these furnish the most copious means of help for the correction of morals and the leading of souls to sanctity.
"We have ourselves seen with our own eyes the fruitful result of the last solemn celebration of the Holy Year. It was in the Pontificate of Leo XII, and we were as yet in the years of our youth. It was truly a grand sight to see then the manifestations of religious fervor in Rome. We can remember as if the scene were still before our eyes, the immense concourse of pilgrims, the multitudes which flocked processionally to one or other of the great basilicas, the sacred orators who preached in the public streets, and the most frequented quarters of the city resounding with the Divine praises. The Sovereign Pontiff himself, with a numerous suite of Cardinals and in the sight of all the people, gave a noble example of piety and charity.
"From such thoughts as these we turn with renewed sorrow to the times in which we now live; for such practices of piety, when without hindrance they were fulfilled under the eyes of all the citizens, augmented admirably the fervor and piety of the whole people; but now, on account of the changed condition of Rome, it is impossible to renew them, for in order to do so in any measure we must depend upon the arbitration of others. But however that may be, God, who ever blesses salutary counsels, will concede such is our hope success to this our design, undertaken solely for Him and for His glory. At what do we aim or what do we wish? Nothing else truly than to render more easy the way of eternal salvation to the souls confided to us, and for this end to administer to the infirm of spirit those remedies which it has pleased our Lord Jesus Christ to place in our hands. This administration seems to us not alone a duty of our apostolic office, but a duty which is peculiarly necessary to our times. The present age, however, cannot be said to be sterile, either in regard to good works or to Christian virtues. Thanks be to God, we have examples of
both in abundance, nor is there any virtue, however lofty and arduous its attainment and practice, in which many are not found to signalize themselves, because it is a power proper to the Christian religion, Divinely founded, inexhaustible and perpetual, to generate and nourish virtue. Yet, casting our eyes around, we see, on the other hand, with what blindness, with what persistent error, whole peoples are hurrying to eternal ruin. And this thought strikes bitterly to our heart how many Christians, led away by the license of hearing and of thought, absorbing with avidity the intoxicating errors of false doctrine, go on day by day dissipating and destroying the grand gift of the faith. Hence arise repugnance to Christian living, that insatiable appetite for the things of this world, and hence cares and thoughts alienated from God and rooted in the world. It is almost impossible to express in words the damage which has already accrued from this iniquitous source to the very foundations of society. The minds of men ordinarily rebellious, the blind tendency of popular cupidity, hidden perils, tragical crimes, are nothing more to those who seek their source and cause than the unrestrained strife to possess and enjoy the goods of this world.
"It is of supreme importance, therefore, to public no less than private life, to admonish men as to the duties of their state, to arouse souls steeped in forgetfulness of duty, to recall to the thought of their own salvation those who run imminent risk of perishing and of losing through their negligence and pride those celestial and unchangeable rewards for the possession of which we are born. This is the aim of the Holy Year. The Church, mindful only of her intrinsic benignity and mercy as a most tender Mother, studies at this time, with love and by every means within her ample power, to re-conduct souls to better counsels and to promote in each works of expiation by means of penance and emendation of life. To this end, multiplying prayers and augmenting the fervor of the faithful, she seeks to appease the outraged majesty of God
and to draw down His copious and celestial gifts. She opens wide the rich treasury of indulgences, of which she is the appointed dispenser, and exhorts the whole of Christianity to the firm hope of pardon. She is purely intent upon vanquishing with unconquerable love and sweetness the most rebellious wills. How, then, may we not hope to obtain, with God's help, rich fruits and profuse, and such as are most adapted to the present needs?
"Several extraordinary solemnities, the notices of which we believe to be already sufficiently diffused, and which will serve in some manner to consecrate the end of the nineteenth century and the beginning of the twentieth, greatly increase the advantage of the opportunity now given. We speak of the honors to be rendered at this time in every part of the world to Jesus Christ as our Redeemer. On this account we were profuse in our approbation and praise of a project which had its source in the piety of private individuals, and, in fact, what could be more holy and salutary? All that which man should hope for and desire is contained in the only-begotten Son of God, our Salvation, Life, and Resurrection.
{348}
To desire to abandon Him is to desire eternal perdition. We could never silence adoration, praise, thanksgiving due to our Lord Jesus Christ, and without intermission they should be repeated everywhere, for in every place no thanksgiving, no honor, can be so great but that it may be increased. Our age produces perhaps many men who are forgetful and ungrateful, who ordinarily respond to the mercy of their Divine Saviour with disdain and to His gifts with offenses and injuries. Certainly the lives of many are so far removed from His laws and His precepts as to argue in themselves ungrateful and malicious souls. And what shall we say to see renewed again in these times and not once alone, the blasphemy of the Arian heresy regarding the Divinity of Jesus Christ. Courage, then, and to work, all you who with this new and most beautiful proposition seek to excite the piety of the people to new
fervor. Do what you can in such manner that you impede not the course of the Jubilee and the appointed solemnities. Let it be added that in the forthcoming manifestations of faith and religion this special intention shall be kept in view hatred of all that which within our memory has been impiously said or done, especially against the Divine Majesty of our Lord Jesus Christ, and to satisfy publicly for the injuries publicly inflicted upon Him. Now if we are really in earnest, we must know that to repent of evil done, and, having implored peace and pardon of God, to exercise ourselves with great diligence, in the duties necessary to virtue, and to assume those we have cast aside, is the means of satisfaction most desirable and assured, and which bears upon it the impress of truth. Since the Holy Year offers to all the opportunities which we have touched on in the beginning, it is a necessary provision that the Christian people enter upon it full of courage and of hope.
"For which reason, raising our eyes to heaven and praying from our heart that God, so rich in mercy, would vouchsafe to concede benignly His blessing and favor to our desires and works, and would illuminate with His Divine light the minds of all men, and move their souls to conform with His holy will and inestimable goodness, We, following in this the example of the Roman Pontiffs, our predecessors, with the assent of the Cardinals of the Holy Roman College, our Venerable Brethren, in virtue of these letters, with the authority of Christ, of the blessed Peter and Paul, and with our own authority, order and promulgate from this hour the great and universal jubilee, which will commence in this holy city of Rome at the first Vespers of the Nativity of our Lord Jesus Christ of the year 1899, and which will close at first Vespers of the Nativity of our Lord of the year 1900. May all redound to the glory of God, the salvation of souls, and the good of the Church. During this year of jubilee we concede and impart mercifully in our Lord full indulgence, remission and pardon of sin to all faithful Christians of either sex, who, being truly
penitent shall confess and communicate, visiting devoutly the Roman basilicas of SS. Peter and Paul, St. John Lateran, and St. Mary Major, at least once a day for twenty days continuously or at intervals; that is, the obligation is to be fulfilled between the first Vespers of each day and the last Vespers of the day following, whether the Faithful be citizens of Rome or not, if they are residing permanently in Rome. If they come to Rome as pilgrims, then they must visit the said basilicas in the same manner for ten days, praying devoutly to God for the exaltation of Holy Church, for the extirpation of heresies, for peace and concord amongst Christian princes, and for the salvation of the whole Christian people.
"And since it may happen to many that with all their good-will they cannot or can only in part carry out the above, being either, while in Rome or on their journey, impeded by illness or other legitimate causes, we, taking into account their good-will, can, when they are truly repentant and have duly confessed and communicated, concede to them the participation in the same indulgences and remission of sins as if they had actually visited the basilicas on the days appointed. Rome, therefore, invites you lovingly to her bosom, beloved children, from all parts of the world, who have means of visiting her. Know also that to a good Catholic in this sacred time it is fitting that he come to Rome guided purely by Christian faith, and that he should renounce especially the satisfaction of sight-seeing merely idle or profane, turning his soul rather to those things which predispose him to religion and piety. And that which tends greatly so to predispose him, if he look within, is the natural character of the city, a certain character divinely impressed upon her, and not to be changed by human means, nor by any act of violence. For Jesus Christ, the Saviour of the world, chose only, amongst all its cities, that of Rome to be the centre of an action more than earthly, consecrating it to Himself. Here He placed, and not without long and careful preparation, the throne of His own empire; here He commanded that the see of
His Vicar should be raised to the perpetuity of time; here He willed that the light of revealed truth should be jealously and inviolably guarded, and that from here light should be diffused throughout the whole earth in such a manner that those who are alienated from the faith of Rome are alienated from Christ. The religious monuments raised by our fathers, the singular majesty of her temples, the tomb of the Apostles, the Catacombs of the martyrs, all serve to increase the aspect of holiness and to impress those who visit her in the spirit of faith. Whosoever knows the voice of such monuments feels that he is no pilgrim in a foreign city, but a citizen in his own, and by God's grace he will realize this fact at his going, more forcibly than at his coming.
"We wish, in order that these present letters may be brought more easily under the notice of all, that printed copies, signed by a public notary and furnished with the seal of some ecclesiastical dignitary, shall be received with the same faith as would be given to the original by those who have heard or read it.
"To no one will it be lawful to alter any word of this our disposition, promulgation, concession, and will, or to rashly oppose it. If any should presume to make any such attempt, let them know that they incur thereby the indignation of God Almighty and of His Apostles Peter and Paul.
"Given at St. Peter's, Rome, on the 11th of May, in the year of the Incarnation of our Lord 1899, and the 22d of our Pontificate. C. Card. ALOISI-MASELLA, Pro-Datory. L. Card. MACCHI.
{349}
"Witnessed on behalf of the Curia: G. DELL' AQUILA VISCONTI. Registered in the Secretariate of Briefs, J. CUGNONI. In the year of the Nativity of our Lord 1899, on the 11th day of May,
feast of the Ascension of our Lord Jesus Christ, in the 22d year of the Pontificate of our Holy Father and Lord in Christ, Leo XIII, by Divine Providence Pope, I have read and solemnly promulgated the present apostolical letters in the presence of the people, in the porch of the Holy Patriarchal Vatican Basilica. GIUSEPPE DELL' AQUILA VISCONTI, Official of the Curia."
On the termination of the "holy year," by a letter "given at Rome in the year of Our Lord 1901," the Pope announced: "We do, therefore, by the authority of Almighty God, of the Blessed Apostles Peter and Paul, and by our own, extend and prorogue, for a period of six months, the Great Jubilee which has just been celebrated in the Holy City. Wherefore, to all the faithful of both sexes, in all parts of the earth, including even those that have come to Rome during the past year and there or elsewhere gained the Jubilee under any conditions, we grant and accord mercifully in the Lord, for once, the fullest indulgence, remission and pardon of their sins, the annual Paschal confession and communion being, however, not valid as conditions for gaining the Jubilee, provided that within six months from the date of the publication in each diocese of this letter they visit the cathedral in the episcopal city or the principal church in other parts of the different dioceses, together with three other churches in the same place, as appointed by the Ordinary either directly or through his officials, the parish priests or Vicar Foran, at least once a day for fifteen continuous or uninterrupted days, natural or ecclesiastical (the ecclesiastical day being that which commences with the first vespers of one day and ends with the dusk of the day following), and pray devoutly to God for the exaltation of the Church, the extirpation of heresy, the concord of Catholic princes and the salvation of the Christian people. In places where there are not four churches, power is granted in the same way to the Ordinaries to fix a smaller number or churches, or even one church where there is only one, in which
the faithful may make the full number of visits, separate and distinct, on the same natural or ecclesiastical day, in such a way that the sixty visits be distributed through fifteen continuous or interrupted days."
Provisions relating to the circumstances of persons at sea or traveling, or in religious community, or in prison, are prescribed in the papal letter, and special privileges and powers are granted to "Jubilee confessors,"
PAPACY: A. D. 1901.
Encyclical Letter of Pope Leo XIII. concerning Social and Christian Democracy.
In a letter dated January 18, 1901, addressed "to the Patriarchs, Primates, Archbishops, Bishops, and other Local Ordinaries in communion with the Apostolic See," the Pope has discussed the subjects of Democracy and Socialism, with reference to controverted views and opinions "defining what Catholics ought to think," and giving them "some injunctions so as to make their own action larger in scope and more beneficial to the commonwealth." The letter opens with these words: "Venerable Brethren Grave economical disputes in more than one country have long been raging; peace and concord are affected; the violence of the disputants grows every day, insomuch that the thoughts of the wiser part are laden with doubt, and apprehension. These disputes arise in the first instance from widespread philosophical and moral error. The scientific resources belonging to the age, increased facilities of communication and appliances of all kinds for economizing labor and making it more productive have resulted in a keener struggle for existence. Through the malefic influence of agitators the gulf between rich and poor has been widened, so that frequent disturbances arise and even great calamities seem impending such as would bring ruin on a country."
The Pope then refers to his early encyclicals ("Quod Apostolici Muneris," issued in 1878, on the error in socialistic opinions, and "Rerum Novarum," issued in 1891, on "the rights and duties binding together the two classes of capitalists and laborers"), and to the good influence which he finds reason to believe they have had, and says further: "Thus, therefore, under the guidance of the Church, some sort of concerted action and institutional provision has been set up among Catholics for the protection of the lower classes, who are very often as much the victims of dangerous machinations and snares as they are suffering from hardship and poverty. The creed of the benefactor of the people had originally no name of its own; that of Christian Socialism and its derivatives, which some brought in, has not undeservedly grown obsolete. Afterward many wanted, very rightly, to name it Popular Christianity. In some places those who devote themselves to such work are called Christian Socialists; elsewhere it is called Christian Democracy, and its supporters Christian Democrats, as opposed to the Social Democracy, which Socialists uphold. Of these two appellations, certainly that of Christian Socialists, if not also of Christian Democracy, is offensive to many right-minded people, inasmuch as they think there is a perilous ambiguity attaching to it. They are afraid of the name for several reasons popular government may be covertly promoted or preferred to other forms of political constitution; the influence of Christianity may seem to be confined to the benefit of the common people, all other ranks being as it were left out in the cold; beneath the specious designation may lurk some design or other of subverting all legitimate authority, being civil and religious.
"There is now commonly much dispute, and sometimes over-bitter dispute, on this topic, and we deem it our duty to put an end to the controversy by defining what Catholics ought to think; moreover we intend to give them some injunctions so as to make their own action larger in scope and more beneficial to the commonwealth.
"What Social Democracy means, and what Christian ought to mean, does not surely admit of doubt. The former, more or less extreme, as the case may be, is by many carried to such extravagance of wickedness as to reckon human satisfaction supreme and acknowledge nothing higher, to pursue bodily goods and those of the natural world, and to make the happiness of man consist in attaining and enjoying them. Hence they would have the supreme power in a state to be in the hands of the common people, in such sort that all distinction or rank being abolished and every citizen made equal to every other, all might have equal access also to the good things of life; the law of lordship is to be abolished, private fortunes confiscated and even socialization of the appliances of labor carried out.
{350}
But Christian Democracy, as Christian, ought to have as its foundation the principles laid down by divine faith, having regard, indeed, to the temporal advantage of the lower orders, but designing therewith to fit their minds for the enjoyment of things eternal. Accordingly, to Christian Democracy, let there be nothing more sacred than law and right; let it bid the right of having and holding be kept inviolate; let it maintain the diversity of ranks which properly belong to a well-ordered state; in fine, let it prefer for human association that form and character which its divine author has imposed upon it. Clearly, therefore, Social and Christian Democracy can have nothing in common; the difference between them is no less than that between the sectarianism of socialism and the profession of the Christian law.
"Far be it from any one to pervert the name of Christian Democracy to political ends. For although democracy by its very name and by philosophical usage denotes popular rule, yet in this application it must be employed altogether without