Laplumedesavocats

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(c)Carlos Cabeza

#3 JUILLET - SEPTEMBRE 2014 LES AVOCATS, UNE MAR CHANDISE COMME UNE AUTRE ? • LES CANDIDATS DE L A CNA-PARIS AU CONSEIL DE L’ORDRE • L A VOIX DES AVOCATS PARISIENS RECOIT CHRISTIANE FERAL-SCHUHL et JEAN-YVES LE BORGNE • L’INCUBATEUR DU BARREAU DE PARIS • CARLOS CABEZA ET L’ART CINETIQUE


Directrice de la publication Anne-Katel MARTINEAU, Présidente de la CNA - PARIS Directeur de la rédaction Bertrand PAVLIK Rédacteur en chef Philippe Girard-Foley Rédacteur en chef adjoint Julien Boutiron Membres du comité de rédaction Serge BAKOA Marie-Claude EDJANG Christian-Claude GUILLOT Thibault HALMENSCHLAGER Vincent LEJEUNE Michel PASOTTI Heidi RANçON - CAVENEL Dimitri SONIER Ont participé à ce numéro Carlos Cabeza Moad NEFATI Frédéric Pelouze Jean-Marc Peyrical Jacqueline Socquet-Clerc Lafont Diane de TARR-MICHEL Alexandra Uhel

Editeur Association La Plume et la Voix des Avocats Parisiens La Maison des associations du 6ème arrondissement 60-62, rue Saint-André des Arts 75006 PARIS Imprimeur FORTIN LE PROGRES 33, rue Médéric 92582 CLICHY Cedex Tél : 01 41 06 89 38 - Fax : 01 41 06 18 35 votrecontact@fortinleprogres.fr En partenariat avec la section parisienne de la Confédération Nationale des Avocats (CNA - PARIS) Adresse de correspondance : Anne-Katel MARTINEAU, Présidente de la CNA - PARIS Avocat à la Cour 49, rue de Richelieu 75001 PARIS Pour contacter la rédaction et proposer vos articles, nous informer de vos actualités, d’événements organisés par les avocats et / ou pour les avocats, vous pouvez adresser un courriel à : contact@laplumedesavocatsparisiens.org Pour participer à l’émission de radio La Voix des Avocats Parisiens, vous pouvez contacter l’association La Plume et la Voix des Avocats Parisiens par courriel à : contact@laplumeetlavoixdesavocatsparisiens.org

Remerciements Carlos Cabeza pour son oeuvre qui nous a permis de réaliser la couverture de ce magazine. Arya PHOUANGSAVATH pour sa créativité dans le graphisme du magazine. FORTIN LE PROGRESS pour la réalisation de la version papier du magazine.

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Le prochain numéro paraîtra le 19 décembre 2014 - La Plume des Avocats Parisiens est diffusé en version numérique et en version papier. www.laplumeetlavoixdesavocatsparisiens.org


SOMMAIRE

ÉDITORIAL

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SYNDICALISME Les avocats, une marchandise comme une autre ? par Jean-Marc PEYRICAL

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CANDIDATS AU CONSEIL DE L’ORDRE - CNA PARIS CHRONIQUE Le cyberavocat en 2030 par Michel PASOTTI

RETOUR SUR UN ÉVèNEMENT DE LA CNA - PARIS La voix des avocats parisiens reçoit Christiane Féral-Schuhl et Jean-Yves Le Borgne

FOCUS

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> les professions déréglementées par Jacqueline SOCQUET-CLERC LAFONT > Un nouvel espace de liberté pour le développement de la profession par Jean-Louis SCHERMANN

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RETOUR SUR LA JURIS’CUP A MARSEILLE Les avocats parisiens ont le pied marin !

évènement du Barreau de Paris

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Les Mousquetaires de l’innovation

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EUROPE ET INTERNATIONAL

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> Le fond des choses par Philippe GIRARD-FOLEY > La Tour de Justice de Chicago par Moad NEFATI

LES ÉLÈVES - AVOCATS Interview d’une élève - avocat : Johanna PRÉVOST

CULTURE

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LA VOIX DES AVOCATS PARISIENS L’avocat européen et la dérégulation : entre libéralisme et concurrence

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ART CONTEMPORAIN A la rencontre de Carlos CABEZA, artiste peintre

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MUSIQUE Mina AGOSSI, «Fresh» son nouvel album

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LIVRES Interview de l’écrivain Jacques H. Paget par Julien BOUTIRON Les arts premiers pour les nuls de Emmanuel PIERRAT D’une femme inconnue... de Patrice HAFFNER Vie pro - vie perso. Le cocktail explosif de Michelle JEAN-BAPTISTE

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ÉDITO

SOYONS DES FEMMES ET DES HOMMES REVOLTÉS!

Révoltés, nous devons l’être face aux juges qui fin septembre s’en sont pris à notre bâtonnier, Pierre-Olivier Sur. Certes, le bâtonnier n’est pas intouchable et il peut être critiqué ! Toutefois, à travers la saisie et l’étude de ses relevés téléphoniques et de ceux de plusieurs membres de son équipe, de janvier à avril 2014, c’est toute une profession qui est visée, la nôtre. Ne nous trompons pas, c’est notre secret professionnel qui est en cause, pas le « sanctuaire » du bâtonnier ou celui d’un homme qui souhaiterait être au-dessus des lois. Ce serait bien mal le connaître ! Cette affaire des « fadettes du bâtonnier » illustre une nouvelle fois l’opposition séculaire entre magistrats et avocats, cette histoire ne se terminera donc jamais comme dans les contes de Perrault. Révoltés, nous devons l’être face au gouvernement qui poursuit ses attaques, plus ou moins directes et subtiles, contre les professions réglementées : à travers notamment le projet de réforme des retraites, l’an dernier, des projets de déréglementation incohérents, comme le souligne Jacqueline Socquet-Clerc Lafont dans ce numéro... Ne plus se révolter, c’est ne plus avoir de valeurs et finir par trouver tout normal ou sans importance. Nous sommes encore quelques uns à agir, à écrire, à parler, à ne pas courber l’échine malgré l’augmentation de nos charges et de notre travail qui se complexifie, aussi, sans cesse. Il n’y a qu’à voir, par exemple, le nombre de candidats aux élections au Conseil de l’Ordre et au Conseil National des Barreaux, et encore, ceux d’entre nous, qui avons une vie d’engagement associatif et politique dans la Cité. Certains ont pris leur plume, telle une épée, pour ce numéro 3 de « La plume des avocats parisiens », je les en remercie. Ainsi, Jean-Marc Peyrical tente de nous provoquer par le choix d’un titre accrocheur « L’avocat, une marchandise comme une autre ? ». Le point d’interrogation nous laisse-t-il encore un peu d’espoir ? D’autres, et non les moindres, sont venus nous parler et échanger lors de notre émission de radio «La voix des avocats parisiens». Ainsi, Monsieur le Vice-Bâtonnier Jean-Yves Le Borgne nous a alertés sur ce qui se cache parfois derrière le monde soi-disant merveilleux du cyberespace, où l’avocat d’aujourd’hui et de demain doit pourtant évoluer. A cette occasion, Madame le Bâtonnier Christiane Féral-Schuhl a rappelé que la lutte acharnée, qu’elle a menée contre les braconniers du droit, doit se poursuivre plus que jamais. J’espère qu’il y aura de moins en moins de résignés et de plus en plus de révoltés dévoués au barreau de Paris afin de continuer à défendre notre profession. La CNA à Paris, ou en province, ne faiblit pas. La prochaine émission de radio traitera de l’avocat européen et de la dérégulation : entre libéralisme et concurrence.

(c)David Nivière

Ecrivez par vos actions, « l’Histoire des avocats de France » et poursuivez ainsi avec conviction celle décrite dans le bel ouvrage de Bernard Sur et du bâtonnier, Pierre-Olivier Sur, avec lequel nous avions ouvert notre première émission de radio !

Anne-Katel MARTINEAU Présidente de la CNA - PARIS

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Depuis maintenant plus de 10 ans, les collectivités publiques (Etat, collectivités locales, établissements publics comme les hôpitaux, les universités...) mais aussi parapubliques (Sociétés d’économie mixte...) doivent mettre en concurrence leurs avocats avant de leur confier une mission, qu’il s’agisse d’un conseil juridique ou d’une représentation. Cette mise en concurrence, pour laquelle certaines collectivités poussent le formalisme très loin, a des conséquences dramatiques tant pour les avocats que pour elles-mêmes.

SYNDICALISME

Les avocats, une marchandise comme une autre ?

Ici et là, grâce à l’action de Barreaux comme celui de Paris qui a créé un observatoire des marchés publics dans le cadre de sa commission ouverte de droit public, des décisions de juridictions administratives commencent à sanctionner des attributions de marchés de prestations juridiques à des opérateurs ne disposant pas de compétences juridiques et ne s’étant pas adjoint d’avocats aux sein de leur groupement ; rappelant par là-même que la loi du 31 décembre 1971 ne permet pas de sous-traiter la réalisation des prestations juridiques (v. TA Grenoble, 20 juin 2014, Ordre des Avocats au Barreau de Paris, req 1203893 ; v. aussi CAA Lyon, 15 mai 2014, Préfet de la Côte d’Or, req 13LYO1309 qui rappelle que les entités ou les personnes exerçant une activité non règlementée ne peuvent réaliser des consultations juridiques que si elles remplissent des conditions précisément définies et notamment si elles bénéficient d’une qualification reconnue par l’Etat ou attestée par un organisme public ou un organisme professionnel agréé et si ces consultations ont un lien avec leur activité principale tout en étant accessoires par rapport à cette dernière.)

Pour les avocats, tout d’abord. Pour les collectivités publiques, ensuite. Mécaniquement, une mise en concurrence s’accompagne d’une diminution des tarifs proposés, ce qui n’est pas une mauvaise chose en soi. Cela le devient néanmoins dès lors que ces tarifs sont qualifiables de prix prédateurs et donc par nature anticoncurrentiels. Est-il normal aujourd’hui que bon nombre d’avocats soient choisis par les collectivités publiques pour prendre en charge des dossiers (de construction d’écoles, d’universités, d’usines d’incinération d’ordures ménagères, de choix de modes de gestion de piscines, de réseaux d’eau potable ou de transport ou plus simplement de dossiers relatifs à leur fonctionnement quotidien et régulier) particulièrement sensibles pour elles à des taux horaires inférieurs à 100 euros ou à des forfaits proches de ceux de l’aide juridictionnelle ? Les répercussions d’une telle spirale tarifaire se font ressentir jusque dans les cabinets, dont l’affaiblissement progressif de la rentabilité limite fortement l’évolution et le recrutement, sachant que, dans le même temps, le nombre des élèves-avocats arrivant sur le marché ne cesse de croître avec les années, notamment au Barreau parisien. Autre conséquence néfaste pour les avocats : la concurrence de plus en plus exacerbée de non-avocats, des dénommés « consultants » aux divers bureaux d’études qui ont, pour la plupart, la fâcheuse tendance à intervenir de façon illégale dans un périmètre - celui du conseil juridique - sinon fermé du moins rigoureusement réglementé.

Prix prédateurs et « appauvrissement » des cabinets d’avocats ne peuvent à nouveau mécaniquement que conduire à une diminution notable de la qualité des prestations rendues. Comment éviter par exemple que les prestations de conseil fournies trois ou quatre fois moins chères que le taux moyen habituellement pratiqué sur le marché ne le soient, non pas par des avocats d’expérience, mais par des élèves-avocats , ou pire - mais c’est une situation de plus en plus classique - par des stagiaires ? A une époque où le droit se complexifie sans cesse et où les besoins de sécurisation juridique des actes et décisions des collectivités publiques sont de plus en plus prégnants, on se retrouve dans la situation paradoxale où elles sont justement davantage fragilisées que sécurisées... Sachant que ce phénomène de mise en concurrence aux effets pervers touche de plus en plus les entreprises privées, qui ont tendance à utiliser les mêmes schémas que les collectivités publiques pour le choix de leurs avocatsconseils. Les nouvelles Directives Marchés Publics et Concessions de Service récemment adoptées le 26 février et entrées en vigueur le 17 avril ont néanmoins apporté une éclaircie dans cet environnement plutôt sombre. Elles ont ainsi exclu de leur champ les services de représentation légale et

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Sans une telle évolution tant des textes que de la pratique, les avocats des collectivités publiques - et donc, petit à petit des entreprises - vont se retrouver banalisés. Les entités publiques et privées vont acheter des prestations d’avocats au même titre que des prestations de nettoyage et de balayage, d’acquisition et de maintenance de matériel de reprographie et d’informatique ou d’achat de crayons et de ramettes de papier. La marchandisation, qui touche tant d’autres secteurs, est en train de grignoter l’esprit même du lien qui doit être tissé entre l’avocat et son client, le fameux « intuitu personae ». Sans ce lien de confiance, remplacé par la course au prix le moins cher, c’est toute une manière de travailler qui va se retrouver profondément remise en cause, touchant par là même le fonctionnement et la qualité des services publics pour lesquels l’assistance des avocats est pourtant plus qu’indispensable. A nouveau, une rapide prise de conscience tant de la part des instances ordinales - ce qui, comme on l’a vu, commence effectivement à être le cas pour certaines - que des pouvoirs publics - ce qui là est moins certain, même si l’espoir est permis - est donc une ardente obligation avant que la situation ne devienne irréversible. Et justement afin d’éviter une telle situation, peut-être faut-il aller encore plus loin et mettre en place des mesures plus drastiques comme celle consistant à sanctionner dès lors qu’un plancher d’honoraires ne serait pas atteint. Reste à définir les éléments objectifs de calcul permettant de déterminer ce ou ces planchers. Au-delà des tarifs de l’aide juridictionnelle susmentionnés, il existe d’ores et déjà des professions juridiques à tarifs plus ou moins règlementés comme les notaires ou les huissiers. Il est donc possible de s’en inspirer et en tout cas de réfléchir à des modalités d’encadrement et de contrainte susceptibles d’apporter 6

enfin une réponse concrète aux problèmes posés par les prix prédateurs dans les marchés d’avocats. Par exemple, peut-être pourrait-on réfléchir à l’établissement d’une grille de prestations et de dossiers en fonction de leur nature et de leur complexité (requête en référé, évaluation préalable en contrat de partenariat, audit d’un PLU, analyse d’une convention d’occupation domaniale...) et à la définition d’un nombre d’heures ou d’un montant de rémunération en fonction de ces critères. Il pourrait également être envisagé de tenir compte du montant d’une opération (le coût de la reconstruction d’une école par exemple) et déterminer un pourcentage correspondant au montant de l’assistance juridique sollicitée. On rejoindrait ici le mécanisme des pourcentages de rémunération appliqués aux architectes, le risque étant, comme ce qui arrive à cette profession, que le pourcentage diminue avec les années et devienne dans certains cas particulièrement bas, voire disproportionné au regard du montant total de l’opération concernée. Mais au-delà de la difficulté, voire de l’impossibilité, d’établir des grilles d’honoraires au regard du droit de la concurrence, il faudrait pour ce faire recenser les taux et les heures pratiqués par nos confrères sur ces dossiers afin d’essayer d’en tirer sinon une moyenne objective du moins des indications suffisantes pour tenter de mettre en place un plancher en-dessous duquel une suspicion de prix anormalement bas pourrait être dégagée. De même, devraient être pris en compte des éléments liés à la taille des cabinets et à leurs frais directs et indirects, une approche en termes de comptabilité analytique - comme pour les entreprises répondant aux marchés publics et délégations de service public - s’avérant sans doute indispensable afin d’atteindre un tel objectif. Il ne s’agit là que de pistes de réflexions, qui pourront apparaître iconoclastes et provocantes aux yeux de certains. Mais on ne peut s’alarmer sur une situation existante sans prendre le risque de proposer des solutions pour y remédier. Tout combat d’idée sans action concrète est vain et il est sans doute temps que les avocats concernés par le fléau des prix prédateurs en aient conscience. (c)D.R

SYNDICALISME

de conseils associés, le périmètre de cette exclusion étant très large et incluant donc des missions de consultation dès lors qu’elles ont un lien en amont ou en aval avec un contentieux; les autres services juridiques étant soumis à une procédure allégée qui de plus ne s’applique qu’audelà d’un seuil élevé de 750.000 euros...c’est donc un véritable espace de liberté que les institutions de Bruxelles ont ouvert au profit des acheteurs publics. Espérons qu’ils sauront l’utiliser à bon escient et que les pouvoirs publics Français chargés de la transposition de ces textes en droit interne feront preuve de souplesse et éviteront de « surtransposer » comme ils ont eu tendance à le faire jusqu’à présent (v. à ce sujet l’article de Jacques Buès, avocat à la Cour d’appel de Paris et expert droit public auprès du conseil des Barreaux Européens « la spécificité de l’avocat reconnue par le droit européen de la commande publique », l’observateur de Bruxelles, juillet 2014, p.40)

Jean-Marc PEYRICAL


CNA

Les candidats investis par la CNA-PARIS

Conseil de l’ Ordr

pour les prochaines élections au Conseil de l’ Ordre sont :

Jean-Marc PEYRICAL PEYRICAL et SABATTIER ASSOCIES (SEL) (2 associés - 6 collaborateurs)

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Anne-Katel MARTINEAU MEDIASTIC-MARTINEAU ASSOCIES AARPI Présidente de la CNA-Paris (2 associés - 1 collaborateur)

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Valérie ALBOU Exercice individuel

ENGAGEMENT, COURAGE ET MOTIVATION

3 mots qui caractérisent les 3 candidats investis par la CNA-PARIS Ils sauront vous représenter, défendre vos intérêts et rester à votre écoute.

VOTEZ POUR EUX LES 25 ET 26 NOVEMBRE 2014 ! Vous pouvez leur adresser vos questions au bureau de la CNA-Paris bureau@cna-avocats-paris.fr


CHRONIQUE

Le cyberavocat en 2030 Verbatim

Chronique sur la Voix des Avocats Parisiens du 26 septembre 2014 Cher ami auditeur, Voici venu le moment de tendre l’oreille. Car vous pourrez écouter bientôt des propos d’une rare pertinence et d’une infinie portée. Durant les prochaines minutes, il vous sera brossé le portrait de l’un des héros les plus mystérieux et fascinants des années à venir. Peut-être l’avez vous déjà deviné ? C’est du cyberavocat que je m’en vais vous entretenir. Mais attention, pas de n’importe lequel de ces cyberavocats. L’entreprise aurait été trop simple. C’est donc le cyberavocat dans sa version 2030 que vous allez découvrir. Commençons par le commencement, c’est à dire par la définition même du terme « cyber ». L’encyclopédie Wikipédia nous précise qu’il s’agit d’un préfixe à la mode à partir de la deuxième moitié du xxe siècle, tiré du mot grec Kubernêtikê signifiant « gouvernail », et qui n’est rien d’autre que l’apocope du terme cybernétique. Ce terme lui-même fut popularisé par Norbert WIENER, mathématicien de génie, qui publia dès 1948 un ouvrage ayant pour titre « Cybernetics or control and communication in the animal and the machine ». Dit autrement, WIENER proposait une théorie unifiée permettant d’automatiser à la fois le comportement des machines et celui des êtres vivants. Cette idée plut beaucoup, tout d’abord et surtout aux auteurs de science-fiction. Ils s’empressèrent de rêver à la fusion entre humains et ordinateurs, donnant naissance à toute une série de fascinants cyborgs, dont Terminator n’est que le plus chétif des représentants. Et c’est ainsi que, le succès aidant, «cyber» devient très vite un préfixe fourre-tout particulièrement prisé, couramment ajouté à n’importe quel mot afin de le rendre high-tech. A tel point que le Journal Officiel du 22 juillet 2005 se sentait obligé de préciser « le préfixe « Cyber » est peu satisfaisant sur le plan étymologique ». Mais en définitive, même si on ne sait plus très bien ce qu’il signifie, force est de constater que le préfixe « Cyber » a fait florès. De sorte que, après les cyber-cafés, les cyber-criminels,

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le cyber-droit et le cyber-sexe, l’avocat ne pouvait pas être en reste. Ainsi naissait le cyber-avocat, improbable rejeton de l’accouplement incertain - non pas, comme d’aucuns ont pu le croire, entre cyber-délinquants et cyber-sexe - mais plus prosaïquement entre la profession d’avocat et les avancées technologiques. Aujourd’hui, en 2014, c’est donc une affaire entendue : le cyberavocat, c’est celui qui utilise abondamment l’informatique et surtout internet. Souvent, pour le meilleur, quand il communique de manière fluide avec ses clients ou avec les juridictions. Parfois, pour le pire, quand la vitesse des échanges généralise le règne de l’immédiat, au détriment du temps accordé à la réflexion ou - tout aussi utilement - à l’apaisement des tensions. Mais qu’en sera-t-il de demain ? Tout esprit à peu près sain ne manquera pas de décomposer cette question en deux sous-questions. En premier lieu, qu’adviendra-t-il de la profession d’avocat en 2030 ? En second lieu, quelles seront les évolutions technologiques qui interviendront d’ici là ? Comme certains le relèvent parfois, avec un humour plus ou moins maîtrisé, la prévision du futur est souvent plus complexe que celle du passé. De sorte que, plutôt que de prendre le risque de dire n’importe quoi, il paraît judicieux de se référer aux récentes conclusions du cabinet ROLAND BERGER, très éminente et prestigieuse société de Conseil en stratégie, l’un des leaders mondiaux du domaine et le premier cabinet d’origine européenne en la matière. Ledit cabinet Roland BERGER a publié dans les colonnes du Point, le 3 juillet 2014, d’intéressants chiffres concernant la France et dérivés d’une très complète étude menée par une équipe de chercheurs de l’Université d’Oxford, consacrée aux probabilités d’informatisation de 702 professions, estimées sur le marché du travail aux Etats-Unis. Et, s’agissant de la catégorie des professions juridiques, les chiffres publiés sont particulièrement édifiants. Ainsi, le taux de susceptibilité d’informatisation de la profession d’Assistant juridique et para-juridique est de 94%. Celui de la profession de greffier s’établit à 41% tandis que celui de juge est de 40%.


Oui et non. Ou plutôt non et oui.

De manière plus étonnante, le taux relatif à la profession d’avocat est de 4%. Ce chiffre est si bas que les chercheurs d’Oxford ont spontanément trouvé nécessaire de le justifier. Aussi, ils écrivent dans la langue d’Oxford : « thus, for the work of lawyers to be fully automated, engineering bottlenecks to creative and social intelligence will need to be overcome ».

La première d’entre elles est évidemment constituée par la généralisation des communications électroniques et leur montée en puissance.

Ce qui revient à dire, en français de tous les jours, que la complète automatisation de la profession d’avocat impose que soient surmontés - au préalable - des goulots d’étranglement relatifs à l’intelligence créative et sociale. Voici donc de quoi nourrir notre ego en tant qu’avocats. Ce n’est pas demain la veille que nous serons remplacés par des robots. L’intelligence créative et sociale serait donc consubstantielle à la profession d’avocats. Les experts de l’Université d’Oxford l’ont donc analysé et les visionnaires stratèges du cabinet Roland BERGER confortent cette analyse en la déclinant en France. C’est ainsi que, 10 ans plus tard, je m’étonne moins des propos qu’avait tenu en cours magistral le très excellent Georges BORENFREUND, professeur de droit social à l’Université Paris X. A quelque chose près, celui-ci avait sidéré son amphithéâtre en affirmant : « La première qualité des avocats, c’est l’imagination ». Alors que les meilleures notes allaient à ceux, et surtout celles, qui savaient mettre en fiches leurs cours de droit, voici qu’un très respecté professeur, bien peu suspect de fantaisie, faisait - à voix haute - de l’imagination la première qualité de l’avocat. Même sans maitriser parfaitement toutes les subtilités du distinguo entre imagination productrice et imagination reproductrice, chacun pressent que l’imagination s’oppose à la mémorisation et ne fait pas bon ménage avec l’automatisation. De sorte que le métier d’avocat resterait, dans sa substance, peu affecté par les évolutions technologiques. Voilà donc bien de quoi nous surprendre. Est ce à dire qu’à l’heure où l’on nous chante du matin au soir toutes les vertus des réseaux 4G, de la fibre optique, des médias sociaux, du cloud et du big data - sans oublier la sempiternelle intelligence artificielle - le métier de l’avocat ne sera pas vraiment transformé durant les 15 prochaines années ?

Non tout d’abord, car nul doute que plusieurs tendances lourdes et générales vont continuer à produire leurs effets sur le mode de travail des avocats.

CHRONIQUE

A dire vrai, les chiffres ci-dessus ne sont guère vraiment surprenants, car l’on pressent bien que l’informatique permettra de plus en plus des gains de productivité qui exposeront à risque tout particulièrement les professions para-juridiques.

Entre les avocats eux-mêmes mais aussi avec les greffes et surtout entre les avocats et leurs clients. Si les deux tendances qui viennent d’être évoquées restent assez générales et se déclinent pour la plupart des professions du secteur tertiaire, celle d’avocat pourrait bien connaître un changement encore plus radical. Ce changement résulterait non pas de l’effet direct des nouvelles technologies mais de leurs effets indirects. Pour faire simple, tout s’est précipité avec ce qu’il est convenu d’appeler le web 2.0; c’est-à-dire la faculté donnée à tous de publier et d’interagir via le réseau internet. Voici qu’à présent tout un chacun peut donner son avis sur toute chose en ce bas monde et dispose de la faculté de demander conseil à la terre entière. Ainsi le salarié visé par une procédure de licenciement ne manquera de passer toutes ses nuits sur internet avant d’aller consulter son avocat, voire pour le choisir. Il en ira de même pour le père divorcé rêvant à une augmentation de la pension alimentaire que lui verse son ex-épouse. Ou pour celui qui hésite entre les statuts d’une SARL et ceux d’une SAS comme pour celui qui est intimement convaincu qu’un chanteur en vogue a plagié sa mélodie. Bref, on l’aura compris, grâce aux nouvelles technologies, tout un chacun pourra se familiariser avec le droit applicable avant d’aller consulter son avocat. Tandis que, si besoin, les téléconseillers de ses diverses assurances de protection juridique s’empresseront de compléter son information. Quant aux juristes en entreprises, ils auront de moins en moins à envier aux avocats en ce qui concerne la connaissance du droit, à la fois parce qu’ils disposeront de systèmes d’informations perfectionnés mais aussi parce qu’ils seront encore et toujours plus fréquemment recrutés parmi nos confrères. De sorte que la relation avocat-client évoluera profondément durant les prochaines années. Et que ce n’est plus par sa connaissance du droit que l’avocat se distinguera d’ici quelques années. 9


technologies utilisées, seules nos idées créatives font notre valeur.

Au-delà de leur déontologie, qu’apporteront-ils de différent et d’unique à leurs clients ?

Ainsi, au bout du compte, les cyber-technologies n’auront fini que par réduire le temps que consacrent les avocats aux tâches annexes à leur coeur de métier, notamment les déplacements. Et, le cas échéant, elles auront aussi permis de tailler dans les équipes de personnel para-légal.

Certes, Montaigne voyait dans « l’éloquence prompte et soudaine » la qualité distinctive de l’avocat. Mais force est de constater que celle-ci n’est plus au goût du jour. Tant du fait des évolutions des règles du procès civil et que de la multiplication des modes de communication lorsque l’avocat intervient en tant que conseil. Mais alors, en définitive, ne manquerez vous pas de vous interroger : quelle sera la spécificité du cyberavocat ? Quels seront les caractères distinctifs qui, en 2030, feront sa différence avec l’avocat de droit commun ? Au risque de vous décevoir, commençons donc par tordre le cou à une idée reçue : le cyberavocat ne sera pas plus bronzé que ses confrères. En effet, il ne semblerait pas qu’il puisse passer son temps sous le soleil des Açores tout en s’occupant de ses clients restés sous la grisaille parisienne. Car, curieusement, à l’heure où les télécommunications se généralisent et montent en puissance, il apparait que les grandes métropoles mondiales attirent et concentrent toujours plus les populations les plus actives. Une fois cette considération d’ordre esthétique écartée, il reste donc à chercher d’autres critères.

De surcroît, sous la pression de la concurrence mais aussi des instances ordinales, il n’y aura plus guère d’avocats pour rester à la traîne et le niveau d’équipement des cabinets se sera pratiquement uniformisé. De sorte que la technologie ne sera plus vraiment un facteur de différenciation ni un avantage compétitif. Au pire, elle pourra même détourner l’avocat de son métier en reléguant au second plan sa qualité d’éloquence, à l’instar de l’effet pervers que nous constatons lors de nos très rituelles présentations « PowerPoint ». Ainsi, en 2030, il adviendra au cyberavocat ce qu’il est déjà advenu au cyber-café. Il sera tout simplement frappé d’obsolescence. (c)D.R

CHRONIQUE

Mais que restera-t-il donc aux avocats, ne manquerez vous pas, ami auditeur, de vous interroger ?

Hélas, celui de la technologie ne paraît pas pouvoir s’avérer pertinent car la plupart des avocats auront, peu ou prou, intégrés l’usage des cybertechnologies dans leur pratique, d’autant plus que la célèbre - tout autant que floue - loi de Moore semble proche de ses limites. Il paraît donc bien plus judicieux de revenir aux travaux réalisés par les chercheurs d’Oxford : c’est l’intelligence créative et sociale de l’avocat qui constitue le coeur de son métier, et celui-ci resterait, dans sa substance, peu affecté par les évolutions technologiques. Au fond, l’avocat, bien qu’armé de puissants moyens de communication et de traitement, devra d’abord et avant tout se tourner vers son génie intérieur pour y trouver comment rendre juste la cause de son client, perpétuant ainsi une démarche intellectuelle - et, n’ayons pas peur des mots , un métier, qui remontent aux premiers sophistes. De sorte que s’appliquerait aux avocats le refrain entonné depuis peu par les plus brillants de nos publicitaires : notre métier est « media neutral », peu nous importe les 10

Michel PASOTTI


Verbatim

Anne-Katel MARTINEAU, Présidente de la CNA-Paris, a vu les choses en grand pour la troisième émission de « La Voix des Avocats Parisiens » puisqu’elle a eu l’honneur et le plaisir de recevoir avec Bertrand PAVLIK à la fois Madame le Bâtonnier Christiane FERAL-SCHUHL et Monsieur le Vice-Bâtonnier Jean-Yves LE BORGNE. La première partie de l’émission consacrée à l’avocat confronté à l’épreuve des nouvelles technologies aussi bien dans les activités de contentieux que de conseil a permis d’évoquer notamment la dématérialisation des procédures et la cybercriminalité. Madame le Bâtonnier Christiane FERAL-SCHUHL nous a parlé de la communication électronique entre avocats, juges et greffiers et du Réseau Privé Virtuel des Avocats (RPVA). Elle nous rappelle le soutien qu’elle a apporté au développement de ce nouvel outil de communication et sa conviction qu’il doit permettre de « réduire la fracture numérique et mettre tous les avocats sur un pied d’égalité ». Cependant, si le RPVA présente des avantages, il ne faut pas tomber dans la déshumanisation. Des « brigades d’avocats » sont là pour former les autres au RPVA et proposer des améliorations à cet outil. « La dématérialisation est en marche ». Monsieur le Vice-Bâtonnier Jean-Yves LE BORGNE soulève les risques de la dématérialisation liés au sentiment que ce qui est dématérialisé est éphémère et sans importance. Lorsque « le disque dur a craché ce que le passé semblait avoir enfoui dans une mémoire infidèle », l’avocat s’étonne ensuite de ce qu’il a bien pu écrire. Ce qui est dématérialisé n’est donc pas nécessairement négligeable. Bertrand PAVLIK, joue alors avec la célèbre citation de Pascal pour dire que « Le silence éternel de ces cyberespaces infinis m’effraie ».

Jean-Marc PEYRICAL a ensuite parlé de la dématérialisation dans le domaine des marchés publics. Il a évoqué le manque de confiance à la fois des collectivités et des entreprises dans la dématérialisation des appels d’offre. Il a donc insisté sur le rôle de l’avocat qui doit les rassurer et les accompagner pour faire face à ce « frein psychologique ». Les défis à relever pour l’avocat d’aujourd’hui et de demain dans la lutte contre la cybercriminalité ont ensuite été abordés. Monsieur le Vice-Bâtonnier JeanYves LE BORGNE a partagé son opinion concernant les particularités du cybercrime. Il a notamment évoqué les enjeux de l’internationalisation du crime et des difficultés liées à l’harmonisation des systèmes judiciaires. Madame le Bâtonnier Christiane FERAL-SCHUHL a alors expliqué les règles applicables au cybercrime et ses actions au sein de la Commission de réflexion sur le droit et les libertés à l’âge du numérique.

RETOUR SUR UN ÉVÉNEMENT DE LA CNA - PARIS

LA VOIX DES AVOCATS PARISIENS SUR LE « CYBERAVOCAT »

Valérie ALBOU a partagé son point de vue d’avocat contentieux sur la dématérialisation. Elle fait partie des 17.000 avocats utilisant la clé RPVA et illustre à quel point cet outil qui « facilite le dialogue avec les greffes » présente des avantages pour l’avocat en termes de coût et d’énergie. Madame le Bâtonnier rappelle à ce sujet « qu’il est important que les avocats restent la voix de leurs clients ».

Madame le Bâtonnier Christiane FERAL-SCHUHL a aussi soulevé la question du faux sentiment de sécurité et d’intimité souvent ressenti par ceux qui communiquent sur Internet. Monsieur le Vice-Bâtonnier a alors illustré en quoi « l’anonymat est criminogène ». Bertrand PAVLIK a, en effet, rappelé que « si selon Aristote les yeux sont la fenêtre de l’âme, dans le cyberespace on ne les voit pas ». Concernant la dématérialisation et l’avenir de la profession d’avocat, Monsieur le Vice-Bâtonnier Jean-Yves LE BORGNE s’est inquiété du risque que des avocats fassent appel à des juristes sous-traitants indiens ou chinois pour rédiger des actes et s’oppose fermement à ce que l’avocat devienne « le diffuseur d’une pensée qui n’est pas la sienne ». Madame le Bâtonnier Christiane FERAL-SCHUHL constate que le droit devient de plus en plus accessible par le biais d’internet. L’avocat de demain ne doit donc pas se contenter de connaître le droit, mais apporter une réelle valeur ajoutée aussi bien dans le cadre d’un contentieux que d’une consultation. Dans la seconde partie de l’émission, le débat s’est porté sur « l’avocat communiquant » et notamment la communication de l’avocat sur internet et les relations entre les médias et les avocats. 11


RETOUR SUR UN ÉVÉNEMENT DE LA CNA - PARIS

Madame le Bâtonnier nous a rappelé brièvement les règles que l’avocat doit respecter en matière de communication sur internet. Elle a alerté les avocats sur le fait que les règles déontologiques s’appliquent aussi sur Internet. Il est facile de basculer vers une violation du secret professionnel sur les réseaux sociaux parfois sans même sans rendre compte, par exemple par le biais des fonctions de géolocalisation. Cependant, elle indique la grande difficulté à surveiller le respect de la déontologie dans l’immensité de la toile. La presse étant aujourd’hui beaucoup reprise sur la toile, Anne-Katel MARTINEAU a enfin interrogé ses invités sur les relations entre les journalistes et les avocats, notamment les pénalistes.

Monsieur le Vice-Bâtonnier Jean-Yves LE BORGNE a commenté les relations difficiles entre journalistes et avocats. Il remarque que la difficulté de ce dialogue tient surtout à ce que les journalistes souhaitent obtenir et communiquer des informations trop précipitamment. La « trahison des médias » vient de ce besoin fiévreux de donner l’information au risque de communiquer de fausses informations. Selon Monsieur le Vice-Bâtonnier, « on peut gagner le procès médiatique sans gagner le procès judiciaire voire parfois même l’inverse ». L’une des nouvelles missions de l’avocat est donc de défendre son client non seulement au Palais mais aussi dans les médias. D’après les propos de Madame le Bâtonnier Christiane FERAL-SCHUHL et Monsieur le Vice-Bâtonnier Jean-Yves LE BORGNE rapportés par Diane de TARR-MICHEL.

Christiane FERAL-SCHUHL Jean-Yves LE BORGNE

Michel PASOTTI

Michel PASOTTI Michel PASOTTI, Christiane FERAL-SCHUHL, Anne-Katel MARTINEAU, Jean-Yves LE BORGNE, Bertrand PAVLIK

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FOCUS

Mais revenons tout d’abord sur la méthode :

les professions déréglementées par Jacqueline SOCQUET-CLERC LAFONT

Comme le rappelait utilement le chroniqueur Jean-Marc VITTORI (Les Echos du mardi 7 octobre 2014), l’OCDE, en 2009, publiait un rapport «The Political Economy of Reform», contenant cet utile conseil :

DEFINITIONS : - Provocation : injurieux et violent appel à la lutte - Démolition : destruction

«La conception des mesures doit être étayée par des travaux de recherche et une analyse solide»

Cette mesure est présentée comme nécessaire à la mise en oeuvre de la future loi : «croissance et pouvoir d’achat ». L’UNAPL (Union Nationale des Professions Libérales) qui, à juste titre, accusait Bercy de vouloir occulter tout débat contradictoire et démocratique, réclamait cette publication depuis le mois de Juillet ! Ce rapport, établi sans aucune concertation quelconque avec les professionnels concernés, est pour l’UNAPL -organisation représentative des professions libérales, réglementées ou non- celui de toutes les «provocations» et une véritable entreprise de «démolition». A l’abri des coursives du vaisseau de Bercy, ses fonctionnaires protégés ont montré leur profonde méconnaissance de l’exercice libéral et de certaines professions réglementées.

Quant au fond, l’ouverture du capital des SEL à des investisseurs étrangers à la profession elle-même, fait évidemment craindre la disparition de l’indépendance de notre profession : on comprendrait alors la démarche des clients voulant s’assurer au préalable que l’Avocat auquel ils s’adressent n’est pas soumis à des forces financières extérieures (politiques, économiques ou autres...). Sur la dérisoire mesure de la suppression de la postulation, même si les techniques modernes de communication évitent, à l’évidence, le transport de la procédure dans un sac attaché à la selle du cheval, comme au 18ème Siècle, la représentation par un Avocat local demeure un lien nécessaire et utile, ne serait-ce que pour conserver à la Justice une apparence de rapports humains... En supprimant ce «tarif» de la rémunération obligatoire du «postulant», seuls les justiciables ayant les moyens seront bien servis. C’est quand même bien curieux de si mal connaître, à la fois la Justice et la nature humaine ! (c)D.R

Après une annonce fracassante d’un précédent Ministre, l’actuel Ministre de l’Economie, de l’Industrie et du numérique s’est enfin décidé à rendre public le rapport de l’Inspection Générale des Finances (près de 800 pages en 3 volumes...) recommandant la «déréglementation» de 37 professions libérales, dont les Avocats.

Il est impossible de retrouver l’application de cette règle de bon sens dans le rapport de Bercy...

Pour ne parler que de la profession d’Avocat, il faut rappeler que celle-ci, d’un accès libre, sous les conditions de capacité et moralité exigées par la loi, a toujours su proposer d’utiles réformes de son exercice, sans s’arquebouter sur un «monopole», d’ailleurs restreint et parfaitement adapté à la seule protection du client. Deux des «trouvailles» de Bercy (ouverture de capital de certaines sociétés d’exercice et suppression de la postulation) sont, à la fois, inutiles et inefficaces – la première étant financièrement et économiquement, dangereuse et la seconde, parfaitement dérisoire.

Jacqueline Socquet-Clerc Lafont Présidente d’honneur de la CNA et de la CNA-Paris Présidente d’honneur de l’UNAPL 13


FOCUS

Un nouvel espace de liberté pour le développement de la profession par Jean-louis SCHERMANN Membre de la Commission des règles et usages du CNB, j’ai eu l’honneur d’animer un groupe de travail sur la conformité de nos règles professionnelles en matière de publicité au regard de la directive service 2006/123/CE mais également à la suite d’un arrêt de la Cour de justice de l’Union européenne du 5 avril 2011. Grâce au travail collectif des membres de la Commission des règles et usages qui composaient ce groupe de travail et aux votes successifs de l’assemblée générale du CNB, la profession a, sur ce sujet, toujours été en avance et a obtenu un cadre législatif, loi du 17 mars 2014, conforme à ses souhaits et a adopté une modification du règlement intérieur national (article 10) avant même que le décret pris en application de la loi soit paru. En effet, après que la France ait été interpellée officiellement par la Commission européenne notamment sur la non-conformité du décret du 25 août 1972 relatif au démarchage et à la publicité en matière de rédaction d’actes juridiques avec les dispositions de l’article 24 de la directive, un travail en commun a été mené par ce groupe de la commission des règles et usages et la Chancellerie (DACS). Dès le 19 octobre 2012, l’assemblée générale du CNB était en mesure d’adopter les termes d’une proposition d’amendements à la loi du 31 décembre 1971. Jusqu’alors l’autorisation pour les avocats de faire de la publicité relevait du décret (article 15 décret de 1991 modifié en juillet 2005) et proscrivait la sollicitation personnalisée. Par ailleurs, dans la loi de 1971, l’article 66-4 qui concerne toutes les professions autorisées à rédiger des actes juridiques interdisait le démarchage. Le nouveau texte proposé par le CNB a abouti à la loi du 17 mars 2014 qui autorise les avocats non seulement à faire de la publicité mais aussi une sollicitation personnalisée, c’està-dire de promouvoir leurs services auprès de personnes physiques ou morales qui ne sont pas les clients de l’avocat. Dans les travaux successifs du groupe de travail, il a été précisé que cette sollicitation ne pourrait pas prendre la forme d’une démarche physique ou téléphonique voire par sms. Le projet de décret dont nous avons connaissance reprend ces restrictions qui sont justifiées par des considérations d’intégrité et de délicatesse mais également par la nécessité de pouvoir contrôler les messages.

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Il faut en effet retenir que si la directive service pose le principe de la liberté de toute communication dans l’alinéa premier de l’article 24, le second alinéa dispose que les Etats membres veillent à ce que les communications commerciales faites par les professions réglementées respectent les règles professionnelles, conformes au droit communautaire, qui visent notamment l’indépendance, la dignité et l’intégrité de la profession ainsi que le secret professionnel, en fonction de la spécificité de chaque profession. Les règles professionnelles en matière de communication commerciales doivent être non discriminatoires, justifiées par une raison impérieuse d’intérêt général et proportionnées. C’est dans cet esprit que nos nouvelles règles sont prises. Le nouvel article 10 après avoir défini les modes de communication (art 10.1) et fixé les dispositions communes à respecter pour toutes les formes de communication, traite ensuite de la publicité et de la sollicitation personnalisée (art 10-3), des annuaires (art 10-4), de la publicité par internet (art 10-5) et enfin de l’information professionnelle (art 10-6 papier à lettres, plaques et cartes de visite). Mesurons que ce nouvel espace de liberté met les avocats en mesure de communiquer avec des moyens modernes (internet, radio, télévision) sur les services qu’ils peuvent rendre à nos concitoyens. Si la profession peut regretter que la loi sur les actions soient réservées, pour leur mise en oeuvre, à 15 associations et exclut les questions de santé publique ou d’environnement, la sollicitation personnalisée peut être le moyen pour les avocats d’engager des actions de masse sur ces matières qui échappent aux actions de groupe. Il s’agit bien d’un nouvel espace de liberté pour le développement de la profession dans le respect de nos principes essentiels, le respect des règles professionnelles étant une exigence du droit européen. A l’heure où certains mettent en avant une totale dérégulation, il est bon de rappeler que les traités européens et les directives considèrent que les professions réglementées peuvent invoquer des règles propres dès lors qu’elles sont justifiées par une raison impérieuse d’intérêt général. Dans de multiples arrêts la CJUE l’a reconnu, ainsi pour le secret professionnel dont ne peut se prévaloir l’avocat salarié néerlandais dans une entreprise anglaise faute d’être indépendant, ainsi pour les capitaux extérieurs lorsqu’il est reconnu que la loi italienne les proscrivant pour les pharmaciens est justifiée par des impératifs de santé publique. La nouvelle communication des avocats fera l’objet d’un atelier lors de la Convention nationale des avocats à Montpellier le 29 octobre 2014 à 14h30, Pour vous inscrire il vous suffit de suivre ce lien : http://evenements.cnb.avocat.fr/CNA2014/



(c) Anne-Katel MARTINEAU

(c) Loïc FOURNIER-FOCH

JURIS’CUP 2014 A MARSEILLE

LES AVOCATS PARISIENS ONT LE PIED MARIN ! L’équipage Lexbase-Barreau de Paris skippé par Henri de la Motte Rouge a accompli un très bel exploit puisqu’ils ont terminé premier de la course réservée aux «monotypes Classe Grands surprises» alors qu’il était le seul à ne pas avoir un skipper professionnel.

(c) Anne-Katel MARTINEAU

«La plume des avocats parisiens» souhaite saluer la ténacité de ces jeunes avocats parisiens qui ont fait preuve d’une belle cohésion. Ils seront au rendez-vous l’année prochaine pour défendre le titre. Venez nombreux les encourager lors de ce bel événement qui est magistralement organisé par nos Confrères marseillais!

(c) Loïc FOURNIER-FOCH

La Présidente de la CNA-PARIS, Anne-Katel MARTINEAU, a été chaleureusement accueillie par le Président de la Juris’cup, Denis REBUFAT, et la Vice-Présidente, Sandra-Nathalie MARTINI. Nous adressons donc nos remerciements à l’association JURIS’CUP et félicitons tous ses membres pour ce très bel événement né il y a déjà 24 ans.

Palmarès : 3ème en 2009 (Legal Suite) 3ème en 2010 ( Me Feral- Schuhl, campagne bâtonnat) Victoire en 2012 (Barreau de Paris) Second en 2013 (Barreau de Paris) Victoire en 2014 (Lexbase / Barreau de Paris). 16 18

L’équipage victorieux avec le Bâtonnier Pierre-Olivier SUR


A la rencontre de deux acteurs majeurs de l’incubateur du barreau de Paris, Alexandra UHEL et Frédéric PELOUZE En janvier 2014, l’incubateur du barreau de Paris a été officiellement créé sous l’impulsion de notre bâtonnier, Pierre-Olivier SUR, et de notre vice-bâtonnier, Laurent MARTINET, avec un double objectif, encourager une réflexion sur l’avenir de la profession et accompagner des projets innovants au sein de notre barreau. J’ai rapidement souhaité connaître ceux qui sont à la tête de ce projet qui s’inscrit dans le cadre du Barreau entreprenarial dont Delphine PUJOS, collaboratrice du cabinet Linklaters, et membre du Conseil de l’Ordre, est en charge. Je découvre à travers mes recherches sur Google et lors d’une interview sur BFM TV, trois confrères et un entrepreneur, à savoir Lise DAMELET, Alexandra UHEL, Adrien PERROT et Frédéric PELOUZE. Cela me fait tout de suite pensé aux trois mousquetaires et d’Artagnan, les influences de lectures de jeunesse sans doute... Qui sont donc ces mousquetaires de l’innovation ? Qu’estce que cet incubateur ? Quels sont les projets innovants? L’incubateur existera-t-il au-delà du Bâtonnat de Pierre-Olivier SUR et du Vice-Bâtonnat de Laurent MARTINET ? Autant de questions qui m’ont amenée à rencontrer chez Linklaters, Alexandra UHEL, collaboratrice au sein de ce cabinet, et Frédéric PELOUZE, qui a quitté le barreau pour créer sa société ALTER LITIGATION. Alexandra UHEL, ambassadrice souriante et posée, me propose un café au sein d’une des jolies salles de réunion du cabinet Linklaters. Quelques minutes après, Frédéric PELOUZE, sportif de haut niveau, nous rejoint, telle une tornade, charmant, le casque sous le bras, il avait dû sillonner Paris à la vitesse grand V pour nous rejoindre. Il se présente en commençant par m’indiquer qu’il est un des « déçus » du barreau de Paris. Il a donc décidé de répondre à un besoin en créant ALTER LITIGATION qui a pour objet de trouver des fonds pour financer les contentieux. Je vous l’écris, l’étoffe d’un d’Artagnan, la comparaison s’arrête là… J’oublie donc le roman d’Alexandra DUMAS afin de me concentrer sur mes questions, surtout leurs réponses et idées.

Anne-Katel MARTINEAU (AKM) : Qu’est-ce que l’incubateur du barreau de Paris ? Alexandra UHEL (AU) : L’incubateur n’a pas d’entité juridique et est rattaché au barreau entreprenarial. Il est né de la volonté de poser un outil à la suite de la «caravane» qui est allée à la rencontre de près de 300 jeunes durant la campagne de Pierre-Olivier SUR et Laurent MARTINET. Ce projet est depuis le début de l’année divisé en un Lab et un incubateur de projets. Ce dernier a pour vocation à récompenser des projets innovants par la remise d’un Prix de l’Innovation et d’accompagner les lauréats dans leur projet pendant une année. Les lauréats bénéficieront ainsi d’un accompagnement par une équipe d’avocats, entrepreneurs, économistes et de professeurs pour mener à bien leur projet. Les dossiers de candidatures peuvent encore être soumis jusqu’au 30 novembre 2014.

évènement du Barreau de Paris

Les mousquetaires de l’innovation

Frédéric PELOUZE (FP) : Le Lab a pour objectif principal de réfléchir aux réformes permettant d’adapter la profession aux nouveaux marchés du droit et aux demandes des justiciables au regard notamment des innovations technologiques et à la concurrence accrue à laquelle fait face la profession d’avocat. AU : L’incubateur a été reçu à Londres pour une conférence européenne le 20 juin dernier. AKM : A qui sont décernés ces prix de l’innovation dont Alexandra UHEL parlait au début de notre échange ? FP : Ils sont destinés à des avocats et des non avocats. Le prix «non avocats » vise à récompenser une solution innovante au service des avocats. AKM : Comment comptez-vous attirer l’attention pour aboutir à des réalisations concrètes favorables à l’innovation des cabinets d’avocats ? AU : Nous ne sommes pas des représentants de l’Ordre et nous pensons tout simplement soumettre des idées aux membres du Conseil de l’Ordre à travers notamment le barreau entreprenarial. FP : N’étant plus avocat, je pense bénéficier d’une certaine liberté de ton. Le groupe est libre, ouvert et sans condition d’adhésion.

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AU : Oui, tout à fait. Lors d’un détachement en Australie, j’ai travaillé sur la problématique des class actions et de leur financement. Il s’avère qu’un grand pourcentage de class actions australiennes est financé par des tiers. AKM : Quels sont les thèmes des prochaines conférences que vous souhaitez aborder ?

(c)D.R

évènement du Barreau de Paris

AKM : Est-ce qu’être collaboratrice au sein du cabinet Linklaters constitue un avantage pour enrichir ce projet ?

AU : L’interprofessionnalité et le démarchage seront certainement abordés. L’enjeu pour nous est de trouver des pistes d’évolution pour l’exercice de la profession d’avocat à Paris. AKM : Qui seront les mentors et les soutiens de ces projets ? AU : Gilles AUGUST, Jean-Michel DARROIS, Thierry COTTY, Lionel SCOTTO, et d’autres.

Alexandra UHEL

(c)D.R

FP : Nous avons eu de nombreux soutiens. David GORDONKRIEF est « à fond » sur le financement de l’innovation par les cabinets d’avocats.

L’incubateur a vraiment commencé à faire parler de lui le 9 octobre dernier, postérieurement donc à cette interview. Il s’agissait de sa première conférence participative sur le thème « Barreau 2.0 : Update & Upgrade ! » au NUMA, lieu de co-working et de promotion de start-up dans le quartier du Sentier surnommé par certains le « Silicon Sentier ». Cette première conférence aurait permis d’évoquer au cours de tables rondes les thèmes de l’intelligence artificielle appliquée aux prestations de services juridiques, les modes de financement externes des cabinets d’avocats et la question de la réforme de la formation des avocats.

(c)David Nivière

L’incubateur du barreau de Paris est donc à suivre de très près ainsi que ces quatre talents…

Anne-Katel MARTINEAU

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Frédéric PELOUZE


CONFÉDÉRATION NATIONALE DES AVOCATS PARIS

C O N F E R E N C E- D E B AT

Validation 2014

FEMMES DE RESEAUX organisée par la CNA-PARIS sous la Présidence de Anne-Katel MARTINEAU le 4 novembre 2014 de 18 heures à 20 heures Maison du Barreau, Salle Gaston Monnerville 2, rue de Harlay 75001 PARIS

Discours d’ouverture par Chloé TALLOT, artiste d’art contemporain

Après des études de philosophie à la Sorbonne, elle intègre l’Ecole Supérieure Nationale des Arts Décoratifs. Particulièrement sensible à la question des femmes dans la société d’aujourd’hui, elle soulèvera la question du féminisme au XXIème siècle.

Nos invitées : Aline PONCELET, Présidente de WIG (Women’s Interest Group) Avocat au Barreau de Paris, associée du cabinet Paul Hastings

Céline BONDARD, Présidente de la FABA (French American Bar Association) Avocat au Barreau de Paris et de New York, exercice individuel

Venez débattre avec nous autour des questions suivantes : > Actions pour la promotion des femmes avocats > Conciliation vie privée et vie professionnelle > Regard outre-Atlantique: comparaison France-Etats-Unis sur la place des femmes juristes et avocats La conférence sera suivie d’un verre place Dauphine à 20 heures. Inscriptions obligatoires : bureau@cna-avocats-paris.fr


EUROPE ET INTERNATIONAL

Le fond des choses par Philippe GIRARD-FOLEY Dans le débat sinon éternel du moins constant entre la place respective du droit civiliste et de la common law comme les deux seuls systèmes auxquels se rattachent toutes les cultures juridiques du monde sans exception, si nous essayions d’aller jusqu’à l’origine de tout, pour en tirer des conclusions qui peut-être nous surprendront ? Bien, je commence à la marge de la réflexion. Comment se fait-il qu’il existe une classe intellectuelle américaine (ÉtatsUnis) que l’on ne retrouve pas en Grande-Bretagne ? Choquant pour certains, mais par mon expérience d’où s’est formée cette opinion, les Américains sont beaucoup moins matérialistes que les Britanniques. C’est un paradoxe auquel ne s’attendent pas les Français, pris comme beaucoup d’autres nations dans les stéréotypes, mais c’est mon vécu en tant que tri-culturel que je partage ici.

In my humble opinion, la raison en est que les États-Unis sont un grand pays qui offre un environnement sinon propice du moins non hostile à la réflexion et l’originalité, alors que la Grande-Bretagne n’est pas dans ce cas. Surement pas par manque de capacité intellectuelle loin de là, alors pourquoi ? Parce que l’Angleterre est le berceau et le gardien du mercantilisme, qu’elle est la seule à pratiquer à l’état pur. Je ne fais pas allusion au mercantilisme en tant que doctrine économique, même si les deux sont connectés, mais d’un état d’esprit. Le pragmatisme à l’état absolu, non édulcoré. Sommes nous loin du droit ? Nous y reviendrons, mais vous avez j’espère déjà compris que je suis bien au-delà de l’opposition à mon avis superficielle entre pensée continentale et pensée anglo-saxonne. Le mercantilisme anglais en tant que mode de réflexion est une réaction prodigieusement intelligente de défense. De la part d’une petite île peu peuplée (à l’époque) sans ressources (à l’époque, le pétrole de la mer du Nord était loin d’être découvert) qui doit survivre à tout prix. La solution, on le sait, a été le commerce, l’empire britannique étant un empire de commerce, la possession géographique n’étant qu’un moyen.

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D’où, déduction, le droit anglais est un droit avant tout mercantile. Ce terme a une connotation négative en France, ce n’est pourtant pas justifié. C’est tout simplement une approche. Le pragmatisme à l’état initial et non dilué, à nouveau. Il se trouve que ce droit a essaimé dans l’Empire tandis que le droit US n’est un droit de common law qu’en apparence, étant devenu continental in its own right par la nature même du pays qui l’accueille. Il est isolé du reste de la common law, ses précédents ne sont pas cités dans le monde anglo-britannique et vice versa. La couverture géographique du droit anglais (il n’y a pas de droit britannique comme on sait, c’est England & Wales mais il est justifié de parler de droit anglo-britannique, un paradoxe de plus) est immense, sinon en territoire au moins en nombre de juridictions : Australie, Inde, Hong Kong SAR, Malaisie, Myanmar, Nouvelle Zélande, Singapour. En termes d’influence juridique, par exemple par le biais des centres d’arbitrage, l’influence est encore plus marquée. La conclusion, en tout cas la mienne que je porte humblement, est qu’il n’existe pas deux systèmes fondamentaux mais trois. Le droit civiliste de création et d’inspiration françaises (même s’il a des racines romaines et une extension romano-germanique), la common law anglaise qui règne dans la zone de common law britannique (je sais..) et la common law nord-américaine, création sui generis des États-Unis d’Amérique sur la base de ce qui précède. Ma proposition est que pour mieux coexister et prospérer, ces trois systèmes doivent d’abord reconnaître leurs frontières, et que les professionnels du droit peuvent et donc devraient s’inspirer de cette diversité dans un esprit non pas de concurrence mais de coopération, dans l’intérêt des sociétés civiles. Pour ce qui est des frontières, ce n’est pas sans raison si j’ai employé avec répétition le terme de droit mercantile. Celuici ne remplit nullement le concept de « droit des affaires », ne laissant au droit civiliste que les personnes physiques et leurs biens. Le droit mercantile est par définition celui des échanges, qu’ils soient physiques ou dématérialisés comme les flux financiers. Mais il n’a aucune justification à couvrir d’autres domaines relevant clairement du droit des affaires, comme le droit de la distribution, des implantations, des coopérations industrielles et commerciales, bref de tout ce qui intègre un élément de permanence. Ce qui laisse un espace considérable en droit des affaires au droit civiliste. De même, la common law nord américaine sait remarquablement traiter des questions relatives à la vie interne de l’entreprise.


Ceci est confirmé par une série de cas jurisprudentiels dont le dernier est aussi récent qu’avril 2014 (HKSAR v. Ip Hon Ming & Others). Dans cette affaire, un agent libre promettait à des victimes de préjudices corporels de se charger de leur indemnisation contre une rétrocession de 20% des dommages intérêts ainsi obtenus. Il confiait le soin de leur défense à un solicitor, toujours le même, avec lequel il n’avait aucun accord formel et qui a prétendu pour sa défense ne rien savoir de l’arrangement entre les plaignants et l’agent. Il n’existait aucun partage d’honoraires entre l’agent et le solicitor, ce dernier n’opérant aucune rétrocession au profit du premier. Toutefois, les fonds de l’indemnisation reçus dans les comptes du solicitor faisaient ensuite l’objet de deux chèques par celui-ci, l’un de 80% du montant au profit du plaignant, et l’autre de 20% au profit de l’agent. Ceci a suffit à la Cour pour considérer qu’il y avait « collaboration » entre les deux protagonistes, que celle-ci avait un objet commercial, et que l’intérêt primordial du solicitor n’était pas celui de ses clients mais le sien propre, ce qui créait un risque pour l’intégrité du système judiciaire.

EUROPE ET INTERNATIONAL

Prenons un exemple. Le Champerty. Le mot a une résonance française, je me garderais d’extrapoler, mais une signification anglaise. Il s’agit de la pratique consistant pour une partie sans lien aucun avec un litige à financer sous une forme ou une autre un procès, en contrepartie d’un pourcentage de la compensation accordée par le tribunal. Elle a pour origine une tendance des seigneurs anglais à prêter leur nom, leur influence et leur argent à des individus de condition inférieure pour en tirer profit. Esprit mercantile et pratique, disais-je, il suffisait d’y penser. Le concept a été écarté comme base d’une action civile ou pénale dans la plupart des juridictions de common law britannique mais pas nécessairement si récemment (en Australie où je vis la plus grande partie de l’année, en 1958 dans mon État de Victoria, mais en 1993 seulement en Nouvelles Galles du Sud) et l’on peut se demander s’il s’agit d’un toilettage du droit ou d’une autorisation implicite. Cette notion médiévale survit toujours néanmoins... à Hong Kong, ce menu territoire de common law retourné à la Chine en 1997.

Ne pourrait-on, dans l’intérêt supérieur des usagers du droit, et incidemment de la préservation du respect que ceux-ci doivent avoir de façon justifiée pour notre profession, prendre de chacun ce qui est le meilleur ? Trois systèmes fondamentaux plutôt que deux, complémentaires plutôt que concurrents, et s’enrichissant l’un l’autre. Une utopie ? En tout cas, un dépassement du clivage souvent mis en avant.

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Il existe aussi des domaines dans lesquels chacun est le meilleur. Il en est un où la common law est en pointe depuis… le Moyen Age, c’est la déontologie de l’avocat. Pourquoi ne pas reconnaître cet hommage du vice à la vertu ?

Philippe GIRARD-FOLEY

En prenant un exemple tiré de l’interprétation des principes généraux de déontologie, on ne saurait être soupçonné, en principe, de promouvoir la supériorité d’un système sur un autre pour la plus grande satisfaction des avocats français, alors qu’il s’agit bien de complémentarité. 21


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L’exemple du Cook County Circuit Court « Dailey Center » de Chicago La Tour de Justice qui s’annonce du côté des Batignolles à l’horizon 2017, laisse une partie de la profession perplexe. Si l’idée d’une justice verticale peut susciter des réserves, il est toujours possible de se «rassurer» en voyant comment nos confrères américains évoluent dans ces tribunaux verticaux, à travers l’exemple du Cook County Circuit Court « Dailey Center » de Chicago! Le tribunal de Chicago s’appelle le Cook County Circuit Court mais les Chicagoans l’appellent affectueusement le Dailey Center, en hommage à l’un de plus illustres maires de la ville. C’est une immense tour de 29 étages avec plus de 120 salles d’audiences ainsi qu’une immense bibliothèque compilant toutes les jurisprudences et lois des 50 Etats. Elle fut construite en 1965 par l’architecte Jacques Brownson, qui fut l’élève du célèbre architecte allemand Ludwig Mies Van der Rohe, dans un style appelé le «style international» que l’on retrouve notamment à Paris avec la Tour Montparnasse. Dans ses entretiens, l’architecte a indiqué qu’il souhaitait donner le plus de lumière possible à ce lieu piégé au milieu des tours. Il y a plusieurs moyens d’accéder au tribunal. D’abord par la place Dailey, qui est une des rares places ouvertes à Chicago, ainsi que par un système de tunnels souterrains, le « pedway ». Ce système connecte un certain nombre de bâtiments entre eux et donne des accès au métro. Ainsi on pouvait sortir d’une rame de métro, suivre quelques tunnels du Pedway, et accéder par un ascenseur à l’entrée du Tribunal. Au Dailey Center de Chicago, l’accès à la justice se fait sans aucune forme « d’intimidation architecturale », les espaces sont ouverts, et les accès sont multiples.

La place et le pouvoir des juges dans les tribunaux américains Les juges américains fixent, eux-mêmes, les règles de communication des conclusions, des pièces dans un règlement qui doit être observé par les avocats et qui s’intitule «standing order». 22

Ainsi ce système donne une part belle aux juges qui ont une importance considérable dans la tenue des débats. Ce qui est tout à fait intéressant de noter, c’est la transparence entre le justiciable, l’avocat et le juge américain. Cette transparence donne l’occasion aux magistrats d’affirmer clairement leurs demandes en engendrant une quasi-normativité en matière de procédure, très adaptée à leur pratique quotidienne. Ce système est fait pour standardiser au maximum les procédures ainsi que la communication des pièces strictement nécessaires. Il n’y a rien de superflu dans les demandes et les requêtes formulées aux Juges. Toutes les demandes de requêtes sont disponibles sur Internet ou au tribunal voire même dans les salles d’audience. Celles-ci sont pré-remplies et ne laissent aucune place à l’improvisation. L’efficacité des tribunaux américains est impressionnante, les moyens sont surement considérables, mais d’un point de vue structurel et organisationnel les méthodes standardisées employées par les Tribunaux américains sont très intéressantes.

La bibliothèque au 29ème étage du Cook County Cicuit Court (c)D.R

EUROPE ET INTERNATIONAL

La Tour de Justice de Chicago par Moad NEFATI

Cette bibliothèque est tout simplement impressionnante. Il y a là toutes les lois et la jurisprudence des 50 Etats des Etats-Unis. C’est une collection gigantesque qui comprend plus de 300.000 ouvrages. La bibliothèque n’est pas réservée aux avocats et est ouverte au public. Il suffit de montrer sa carte d’identité au bibliothécaire et signer un registre à l’entrée sans aucune autre formalité. La bibliothèque est composée de grandes salles de lectures et de bureaux permettant d’accueillir quatre à cinq personnes dans des espaces fermés, idéal pour des réunions avec des clients.


Au 8ème et au 9ème étage du Cook County Circuit Court se trouvait le greffe civil du tribunal géré par un bataillon de greffiers qui travaillaient derrière des comptoirs dans des bureaux « open space » qui occupaient tout l’étage.

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Quelques greffiers étaient au contact du public pour mettre à disposition les dossiers les plus récents, fixer des dates d’audience, transmettre des copies certifiées etc... Des ordinateurs étaient aussi à disposition du public. Il était possible d’accéder à tous les dossiers, même très anciens, à travers leur système informatique. Ce système fonctionne grâce à un « Case Number » équivalent de notre numéro de Rôle Général, et permettait d’extraire et imprimer toutes les pièces du dossier concerné, y compris les conclusions et requêtes versées par les parties adverses. Tous les dossiers étaient en accès libre et il était possible de les consulter en remettant une carte d’identité, et après avoir signé un document.

EUROPE ET INTERNATIONAL

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Le greffe central du Cook County Circuit Court

Des machines mises à libre disposition du public permettaient de tamponner et de dater, soi-même, les actes que les avocats ou les justiciables déposaient au greffe. Au 7ème étage, se trouvait le bureau du Scheriff, qui était en charge de l’exécution forcée des décisions.

Cette participation active du Barreau dans l’aménagement du futur Palais de Justice devrait passer par la conquête d’espaces fondamentaux pour les avocats, tel que la Bibliothèque qui devrait être conçue, non seulement comme un espace de travail mais aussi comme un espace de rencontre avec le justiciable. Il me semble que la question d’une nouvelle pépinière se doit aussi d’être abordée, afin d’offrir aux jeunes avocats un nouvel espace de travail plus fonctionnel que l’actuel... Enfin, le Barreau de Paris devrait encourager une redéfinition de ses relations avec les autres acteurs de la Justice, notamment avec les greffiers, par la constitution de greffes centralisés par pôles, totalement ouverts en « open space » où avocats et justiciables pourraient se croiser.

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Il me semble que le Barreau doit avoir toute sa place dans l’aménagement de la future tour de justice parisienne. Cette construction peut être une formidable occasion de créer de nouvelles manières de pratiquer le Droit, en s’inspirant notamment de l’accessibilité des procédures au public, et d’une meilleure communication des usages fixés par les magistrats dans le traitement des affaires.

La plume des avocats parisiens appartient à nos lecteurs comme vous le savez. Aussi, nous recevons chaque mois des livres et des articles proposés par des Confrères. Nous vous en remercions. Pour ce troisième numéro, nous avons choisi l’article d’un jeune confrère qui nous fait part de sa vision de la Tour de Justice à Chicago qui devrait, selon lui, inspirer le nouveau Palais de Justice. Si vous souhaitez réagir à cet article, vous pouvez nous écrire afin d’être publié. Le comité de rédaction de la plume des avocats parisiens. 23


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LES ÉLÈVES - AVOCATS

Interview d’une élève - avocat

Johanna PRÉVOST

Johanna PRÉVOST est âgée de 25 ans. Elle est diplômée d’un LLM, ainsi que de deux Master 2, l’un en contentieux européens (Université Panthéon-Assas, Paris 2), et l’autre en droit des créations numériques (Université Sorbonne, Paris 1 et Université Paris-Sud, Paris 11). Après avoir intégré l’EFB en 2013, elle est titulaire du CAPA depuis le 16 octobre dernier. Johanna Prévost recherche une première collaboration dans un cabinet de taille moyenne avec une activité contentieuse dans les domaines du droit de la propriété intellectuelle, droit de la presse, ainsi que droit pénal / droit pénal des affaires.

Julien Boutiron (JB) : Pourquoi avoir adhéré à la CNA ? Johanna Prévost (JP) : J’ai découvert la confédération nationale des avocats par le biais d’une camarade de Master membre de ce syndicat. Je venais tout juste de réussir l’examen d’entrée au centre régional de formation professionnelle des avocats et de débuter ma formation à l’EFB. Fière d’intégrer cette école et prochainement la profession d’avocat, je souhaitais découvrir et m’investir dans la vie professionnelle du barreau. J’ai donc participé à la soirée « vin et fromages » organisée par la CNA-Paris au sein du cabinet Schermann et Masselin en janvier 2013, à la suite de l’élection de Anne-Katel MARTINEAU à la présidence du bureau parisien de la CNA. Lors de cette soirée qui réunissait des avocats exerçant la profession depuis plusieurs années, ainsi que des élèves-avocats, j’ai rencontré des membres de la CNA et écouté avec attention les projets du syndicat et la volonté de Anne-Katel MARTINEAU de donner la parole aux jeunes avocats. J’ai notamment été séduite par le projet de référents pour accompagner les jeunes avocats, qui permettrait à un avocat expérimenté d’être en contact avec un jeune avocat et de lui prodiguer des conseils pour sa carrière et son entrée dans la profession. 24

JB : En cette période d’élections, je souhaiterais savoir ce qu’un élève-avocat attend d’un membre du Conseil de l’ordre ? JP : A l’heure où la profession d’avocats fait l’objet de nombreuses critiques, la place des membres du Conseil de l’ordre au sein du barreau me semble être plus que jamais fondamentale, non seulement dans l’organisation de la profession et la discipline, mais surtout dans la représentation des avocats et leur défense. L’unité de la profession est primordiale sur des dossiers importants tels que l’aide juridictionnelle ou encore la réforme des professions réglementées. En tant que future avocate, je m’intéresse également aux projets des candidats au Conseil de l’ordre du barreau de Paris concernant les jeunes avocats et leur insertion dans la vie professionnelle. JB : Vous venez de terminer votre formation à l’EFB, quel bilan faites-vous ? JP : La formation à l’EFB, et plus particulièrement la phase des cours, est souvent critiquée. Je reconnais que certaines critiques me paraissent fondées. La formation théorique me semble fondamentale, notamment concernant les cours de déontologie, puisqu’il s’agit d’une matière nouvelle et dont la connaissance des grands principes est nécessaire à l’exercice de la profession. Malheureusement, cette formation de quatre ou six mois (selon les sections) reste très théorique. Après plus de cinq années d’études de droit, nous avons tous hâte de mettre un pied dans la profession et d’être en stage final dans un cabinet d’avocats. Toutefois, la formation à l’EFB présente de nombreux avantages. Je garde notamment un très bon souvenir des foisonnements. Il s’agit d’une mise en situation pratique, dans laquelle les étudiants sont amenés, en binôme, à rédiger des conclusions, à se les échanger dans le respect du contradictoire, ainsi qu’à les plaider. Cet exercice a été très formateur et me semble être indispensable dans la formation d’un élève-avocat. Par ailleurs, je sais qu’il est proposé de réduire la durée du PPI (projet personnel individualisé) qui est actuellement de six mois. Personnellement, je trouve que cette durée n’est pas excessive dans la formation, dans la mesure où elle permet aux élèves-avocats de s’ouvrir au monde extérieur des cabinets d’avocats et de découvrir par exemple le métier de juriste d’entreprise, proche collaborateur des avocats, ou encore de passer du temps à l’étranger et de découvrir un autre système juridique. Ayant étudié deux années à l’étranger, je ne peux que recommander une telle expérience. Je dresse donc un bilan positif de ma formation et je me réjouis, après quelques mois de cours, six mois au sein d’une entreprise et six mois passés au sein d’un cabinet d’avocats, de pouvoir rejoindre et m’investir dans cette belle profession pleine d’avenir.


CULTURE Ne manquez pas les débats sur la Voix des avocats parisiens qui auront lieu sur

(c)Studio Saint-Honoré

L’avocat européen et la dérégulation : entre libéralisme et concurrence

Les co-animateurs Bertrand PAVLIK et Anne-Katel MARTINEAU

Émission en ligne à partir du 23 novembre 2014 sur notre site internet : www.laplumeetlavoixdesavocatsparisiens.org

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CNA’RT 3ème édition INTERACTION TECHNOLOGIQUE EXPOSITION D’ART CONTEMPORAIN ORGANISÉE PAR LA SECTION PARISIENNE DE LA CONFÉDÉRATION NATIONALE DES AVOCATS SOUS LA PRÉSIDENCE DE ANNE-KATEL MARTINEAU

LE LUNDI 27 OCTOBRE 2014 À 20 HEURES

Milène Guermont LOVE SONGS, 2014 Sculpture en Béton Polysensoriel

Les artistes sélectionnéEs sont : Chloé TALLOT, Hélène TAMALET, Milène GUERMONT, Naziha MESTAOUI

Ne manquez pas cet évènement !

m m RETROUVEZ-NOUS À LA MAISON DU BARREAU m Inscriptions obligatoires : bureau@cna-avocats-paris.fr

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Salons de Harlay et de l’Horloge 2, Rue de Harlay 75001 Paris.


AKM : Considérez-vous que votre oeuvre s’inscrit dans le courant de l’art cinétique?

CULTURE

ART CONTEMPORAIN : A la rencontre de Carlos CABEZA, artiste peintre

CC : En fait, je pense que je ne suis pas un artiste cinétique dans le sens littéral du terme. Indirectement, mon travail est encré dans le processus dans lequel la construction est un complément pictural et graphique dans sa conception sur l’espace. La façon dont j’ utilise la ligne et la couleur donne une dynamique dans la construction de ma peinture qui a été influencée par des références à la modernité. AKM : Vous vivez à Paris depuis plusieurs années, pourquoi ce choix ?

Anne-Katel MARTINEAU (AKM) : Vous avez travaillé avec Soto dont plusieurs de ses oeuvres sont exposées actuellement au Musée Guggenheim à New York. En quoi vous a-t-il influencé? Carlos Cabeza (CC) : J’ai commencé à travailler comme assistant dans l’atelier de Jésus Soto au début des années quatre-vingt. Parallèlement, j’étudiais à l’école des BeauxArts qui se trouvait à côté de son atelier. Cette proximité me permettait de faire mes études, de travailler mon art et de poursuivre mes recherches dans la bibliothèque d’art du Musée contemporain de Caracas qui était très proche. Je me suis ensuite installé dans un appartement qui était entre l’école et la bibliotheque du musée. Soto habitait en France et était déjà reconnu dans le monde entier. Bien avant de le rencontrer, j’avais un intérêt particulier pour son travail et ses théories sur l’art cinétique. Soto m’a aussi fait découvrir le travail de Pevsner et Gabo Naum, Malevitch Kazimir, Alesandr Rodchenko, Vladimir Tatlinr, Lissitzky et tout ce qui touche à l’avant-garde russe du début du siècle dernier. Soto avait un intérêt très profond pour le travail de Mondrian et celui de Malevitch surtout le tableau blanc sur un fond blanc et Broadway Boogie Woogie pour Piet Mondrian. Lors de nos conversations sur l’art et sur plus précisément l’immatérialité, on a beaucoup parlé du travail du nouveau réaliste, Yves Klein, qui était par ailleurs son ami. L’immatériel et la dématérialisation de l’art étaient une préoccupation majeure chez Klein et Soto. Cette influence a donc été radicale dans ma façon de penser l’art absolu comme une forme d’expression. Ses connaissances et ses théories ont donc très certainement influencé mon travail tout au début de ma carrière.

CC : Dans ma jeunesse, j’ai toujours été fasciné par la France déjà à l’école. Paris, est le berceau de l’art. L’art, ses mouvements, les tendances naissaient à Paris. Il y avait une vitalité dans les cafés où les artistes, parfois bohèmes, avaient des conversations profondes sur l’art. L’art était une préoccupation importante pour l’existence même de l’Homme. J’étais, plus particulièrement, fasciné par les écrits de Pierre Restany qui, des années plus tard, venait à ma première exposition personnelle à Paris en 1992 à la galerie Mostini. Nous sommes d’ailleurs devenus de bons amis... AKM : Vous serez exposé à Art Basel - Miami, en décembre prochain, par la Galerie Oscar Ascanio? Allez-vous exposer de nouvelles oeuvres? CC : Cette année la galerie expose une sélection d’oeuvres de plusieurs de ses artistes. Pour les artistes vivants, de nouvelles pièces seront choisies en accord avec la collection de la galerie pour garder une cohérence avec l’importance de l’événement auquel nous aurons le plaisir de nous y revoir, je crois... AKM : Est-ce que pour vous le mariage entre le design et l’art contemporain était une évidence ? CC : Bien entendu, aujourd’hui l’art et le design font partie intégrale du mode de vie actuel. Il existe dans le design des pièces qui sont considérées par les acheteurs comme des oeuvre d’art. Les expositions de design se font dans les foires d’art,les galeries et les musées. Ce dialogue est intéressant entre la forme et l’espace. Si l’on regarde plusieurs années en arrière, dans les années 30, la collaboration entre un peintre et un architecte existait déjà, c’était par exemple celle entre Gustav Klimt et Josef Hoffmann. L’architecture et l’art ont toujours fait une belle fusion, il en est de même, selon moi, entre l’art contemporain et le design. 27



CULTURE

MUSIQUE : Mina AGOSSI «Fresh» son nouvel album Le comité de rédaction de «La plume des avocats parisiens» a sélectionné l’album «Fresh» de Mina Agossi.

(D.R.)

Ce 11ème album de la chanteuse de jazz saura vous surprendre. Son prénom est celui d’un petit oiseau béninois, clin d’œil à ses origines béninoises que l’on retrouve aussi dans le rythme de la batterie et de son chant. Mina Agossi est très demandée dans le monde, plus de 400 dates! Pour vous, parisiens chanceux, vous pourrez l’écouter au Café de la Danse le 24 octobre 2014.

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CULTURE

LIVRES : Les techniques de l’illusionnisme au service de l’art de convaincre Interview de l’écrivain Jacques H. PAGET par Julien BOUTIRON Dans son livre « Le pouvoir de l’illusion » paru aux éditions Plon, Jacques H. Paget, avocat de formation et expert en illusions explique comment les méthodes de persuasion de l’illusionnisme peuvent être transposées pour convaincre. Loin de l’image de l’illusionniste de music-hall tels Gérard Majax ou Garcimore, Jacques H. Paget assiste de nombreux dirigeants d’entreprises qui préfèrent rester anonymes ou des particuliers souhaitant bénéficier de ses conseils. Il est également aujourd’hui un grand conférencier demandé dans de nombreux pays. Ses livres ont été traduits en chinois et en russe. Notre Bâtonnier, Pierre-Olivier Sur, qui le connaît bien, interviewé à son sujet par le magazine le Point dit de lui « qu’il est étourdissant ». « Le pouvoir de l’illusion » et sa suite « Le pouvoir de la force mentale » sont remplis de conseils pratiques qui peuvent être appliqués dans notre vie professionnelle, et tout autant à l’occasion d’un oral d’examen ou d’un contrôle de gendarmerie. Les sujets abordés vont de la précision de la gestuelle au timbre de la voix, une voix grave étant plus persuasive qu’une voix aiguë. Il recommande de ne jamais dire « je » et de parler lentement en alternant la sympathie et l’antipathie. Jacques H. PAGET - Julien BOUTIRON Bien au-delà de la simple question de la diction, l’originalité de la technique repose sur le contrôle de l’esprit critique de son interlocuteur. Ces livres délivrent des conseils tout au long des 200 pages qu’ils comptent. Julien Boutiron a rencontré Jacques H. Paget pour l’interroger. 30


Jacques H. Paget (JHP) : L’illusion consiste à faire croire à l’impossible, non à le réaliser. Il faut préciser qu’il existe deux manières de le pratiquer. La première méthode s’exerce sur scène avec du gros matériel qui aboutit au numéro de la femme coupée en deux. La seconde est le « close up » qui signifie en français « gros plan » où seuls de petits accessoires (cartes à jouer, balles...) sont utilisés. Seule cette dernière forme va nous intéresser. Ce procédé ne repose pas sur le détournement du regard mais sur celui du raisonnement. L’art de produire des illusions n’est pas un don. Cela réclame quelques années de pratique pour les artistes-interprètes et de longues années de recherche et de mise au point pour les inventeurs de ces tours. Certaines techniques psychologiques utilisées par les illusionnistes pour enrober leurs numéros peuvent être utilisées dans différentes professions et donner des résultats inattendus. JB: Comment pourriez-vous présenter brièvement votre méthode et celle-ci n’aboutit-elle pas à une manipulation de l’esprit ? JHP : Sans pouvoir présenter toutes les réflexions et les idées développées dans mon livre, cette méthode ne constitue pas une manipulation de l’esprit mais l’utilisation d’un système psychologique puissant fondé sur le silence, le calme, le doute, la cohérence, le coefficient de sympathie. Il ne s’agit pas de prendre le pouvoir sur quelqu’un mais d’améliorer sa manière de communiquer afin d’avoir un impact positif sur son interlocuteur. JB: Il semble paradoxal que le silence soit un moyen de convaincre ? JHP : Contrairement à ce que l’on peut croire, le silence crée une hiérarchie en faveur de celui qui se tait et impose le respect. Le silence est toujours difficile à supporter car il évoque la mort. Il est porteur d’inquiétude et de mystère. Celui qui garde le silence domine. Au contraire, celui qui prend la parole cherche à compenser la peur engendrée par le silence. Bien entendu, le silence ne consiste pas à se taire à tout jamais. Mais en sachant se taire, on renforce la force de ce que l’on va dire. Il est préférable de parler en dernier et de maintenir le silence après avoir formulé une question ou une proposition. Le calme est le corollaire du silence et en est indissociable. A l’opposé, il faut proscrire toute forme d’énervement qui est révélatrice d’angoisse. Ce calme doit se traduire également dans la gestuelle. Les techniques expliquées dans mon livre permettent de laisser son interlocuteur utiliser sa faculté d’extrapolation.

JB: Qu’est-ce-que vous voulez dire par «faculté d’extrapolation» ?

CULTURE

Julien Boutiron (JB): L’image de l’illusionniste est plutôt celle d’un saltimbanque sortant un lapin d’un chapeau, comment cette discipline qui semble surtout nécessiter de l’adresse peut être utilisée pour convaincre ?

JHP : C’est permettre à son interlocuteur de construire luimême un raisonnement logique qui lui convient. Mais il se trompera souvent à votre avantage. Votre interlocuteur ne doit avoir aucune certitude sur votre caractère et vos objectifs. S’il se sent trop sécurisé sur sa propre compréhension, il prendra l’ascendant et tentera toujours d’avoir l’avantage sur vous. Pour éviter cela, il est prudent d’en dire le moins possible sur vous-même. JB : Dans votre livre, vous semblez proscrire la sympathie qui ne permettrait pas d’emporter la conviction ? JHP : La tentation naturelle lorsque l’on rencontre une personne est de vouloir paraître sympathique. Or, la sympathie n’est pas nécessairement un facteur d’attrait. Cette technique prône la non-évidence de votre personnalité. En effet, le doute suscite l’intérêt. Une personnalité trop évidente est dépourvue de charme. Si vous abordez un inconnu dans la rue avec un sourire sans raison apparente, il se méfie... En étant légèrement antipathique au début d’un entretien, vous conserver l’avantage de vous révéler sympathique au cours de la négociation. JB: Vous avez une formation d’avocat et vous avez même exercé ce métier très peu de temps. Comment passe-t-on de l’avocature à l’illusionnisme ? Ces deux professions ont-elle des points communs ? JHP : Dès l’âge de 6 ans, je me suis intéressé à l’illusionnisme. Cette discipline était un violon d’Ingres au moment où j’ai commencé mes études de droit. Par la suite, j’ai eu la possibilité d’être illusionniste tout en étant conseiller secret pour de grands patrons. La profession d’illusionniste n’a rien à voir avec celle d’avocat. L’avocat n’est pas un illusionniste et ne doit pas l’être. Mais certaines techniques propres à l’illusionnisme peuvent être utilisées avec une grande efficacité dans l’exercice de cette profession. JB : Quels conseils spécifiques donneriez-vous à un avocat et notamment dans la plaidoirie ? JHP : De lire mes livres et de mettre en pratique leur contenu.

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CULTURE

LIVRES : Les arts premiers pour les nuls Emmanuel PIERRAT, féru d’art et notamment d’arts premiers, vient de publier un nouvel ouvrage sur ces arts souvent méconnus et encore peu présents dans les musées traditionnels. L’auteur des « Arts premiers pour les Nuls » avait déjà publié en 2008 un livre sur les arts premiers en Afrique (« Comprendre l’art africain », éditions Chêne). Il revient cette fois avec un ouvrage qui traite des arts premiers dans leur ensemble et de toutes les questions que l’on pourrait se poser à leur sujet. Que faut-il entendre par arts premiers ? Quels sont les différents types d’arts premiers ? Où les trouve-t-on ? De quelles civilisations s’agit-il ? Quelle influence et reconnaissance ont désormais ces arts en Occident ?

On comprend rapidement que les arts premiers sont les arts des premiers peuples de diverses régions de la planète qui ne relèvent pas des « grandes » religions ou civilisations qui attirent généralement toute l’attention du public. Il s’agit d’art africain, précolombien, océanien et aborigène ou encore de l’art des premiers habitants du Grand Nord ou des steppes de l’Himalaya. Cet ouvrage nous permet donc à la fois de remonter le temps et de voyager à travers les différents continents au cœur des arts et des cultures de ces civilisations étonnantes sur lesquelles on a rarement l’occasion de s’attarder.

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Il convient de souligner que ces arts premiers qui ont influencé de célèbres artistes, tels que Picasso, Matisse ou Brancusi, sont tout à fait dans l’air du temps puisqu’ils suscitent un intérêt croissant aussi bien chez les collectionneurs que les institutions culturelles.

Diane de TARR-MICHEL

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les Arts premiers pour les nuls. Auteur : Emmanuel PIERRAT. Editeur : First. Collection : Pour les nuls GF. EAN : 13 9782754017664. ISBN : 978-2-7540-1766-4 Parution : 26/06/2014. Prix : 22,95 euros

(c) Anne-Katel MARTINEAU

Le format ludique de cette collection lui permet d’aborder ces questions avec humour et un grand nombre d’anecdotes diverses et surprenantes qui font que cet ouvrage fort documenté s’adresse aussi bien aux profanes qu’aux passionnés d’arts premiers.


CULTURE

LIVRES : D’une femme inconnue... de Patrice HAFFNER

«D’une femme inconnue...» sortira le 2 novembre prochain aux éditions l’Harmattan. L’auteur, Patrice HAFFNER, avocat honoraire, ancien secrétaire de la conférence, n’en est pas à son coup d’essai! Il a déjà publié quatre ouvrages : L’invitation à la guerre (Le Soleil Noir, 1982) qui a obtenu le prix du Palais littéraire, L’Ange de l’Oubli (La Table Ronde,1987), La Carpe Miroir (L’Harmattan, 2010) et Un instant d’éternité, (L’Harmattan, 2010) grâce auquel il a été lauréat de l’Académie de Marine, l’an dernier.

Le thème risqué de l’identité est celui traité dans ce nouveau roman. Patrice HAFFNER a choisi de brouiller les pistes en mélangeant les genres, perdant ainsi le lecteur entre le romantisme et le policier, pour mieux le tenir en haleine. Nous souhaitons à notre confrère d’être distingué par un nouveau prix et le recevrons en décembre sur notre webradio «la Voix des Avocats Parisiens» avec d’autre avocats écrivains.

D’une femme inconnue... Auteur : Patrice HAFFNER Editeur : L’Harmattan Collection : Roman ISBN : 978-2-343-04757-7 Prix : 21 euros

Achat possible en ligne sur le site Internet de l’Harmattan. www.editions-harmattan.fr

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CULTURE

LIVRES : Vie pro - Vie perso. Le cocktail gagnant de Michelle JEAN-BAPTISTE

Lorsque ma consœur Anne-Katel Martineau m’a fait parvenir l’invitation à la deuxième rencontre des « Femmes de réseaux » organisée le 04 Novembre par la CNA-Paris à la Maison du Barreau de Paris sur le thème de la promotion des femmes avocats et de la conciliation vie pro-vie perso, j’ai été naturellement très intéressée par le sujet, à double titre. Et lorsqu’elle m’a invitée à présenter mon livre « Vie Pro Vie Perso : le cocktail gagnant ! » qui vient de paraitre aux Editions Fortuna j’ai été à la fois enchantée et très touchée. Mes passions m’ont en effet menées successivement (et parfois cumulativement) à donner de la voix et de la plume pour le droit, l’entrepreneuriat mais aussi les réseaux, les femmes et le développement des échanges à l’international. Défendre ses clients, enseigner le droit en écoles d’ingénieurs ou de commerce, œuvrer au sein d’associations d’entrepreneurs et écrire tout en n’oubliant pas pour autant d’être une femme, une mère et une personne épanouie, il faut bien reconnaitre que c’est du sport ! Un jour à force de m’entendre dire « Comment fais-tu pour tout concilier ? » ou « comment arrives-tu à tout caser dans l’agenda ? » j’ai eu l’idée de développer quelques astuces utiles et ludiques pour concilier vie pro et vie perso sans exploser et de les partager. « Vie pro - vie perso : le cocktail gagnant ! » n’est pas un livre aussi « technique » que ceux que j’ai pu écrire auparavant que ce soit avec mon frère Philippe sur le « Marketing On Line » aux Editions d’Organisation, en collectif sur le développement E-Commerce chez Nathan-Les Echos ou avec Hervé Lassalas sur les conseils pour réussir grâce aux réseaux chez Larousse. C’est un livre plus personnel et en même temps tellement plus collectif, plus universel. Les premiers retours de mes lecteurs hommes et femmes me confortent sur l’importance cruciale de la conciliation des temps de vie dans notre quotidien et sur le fait que je ne suis pas seule à vouloir tout faire et que ce soit toujours «au Top». Nous sommes nombreux et nombreuses à vivre cette course effrénée au résultat immédiat tout en aspirant à une vie qui ait du sens. Pour y arriver, une des clefs est de savoir s’entourer et de partager ses bonnes pratiques. C’est d’ailleurs ce que proposent des évènements comme « Femmes de réseaux ». Ne pas rester seul(e) pour apprendre des autres et obtenir des conseils, du soutien c’est essentiel si l’on veut tenir le cap avec le sourire en prime.

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Photographe professionnel, portraitiste, spécialisé dans le portrait d’avocat, réalisation photographique de site internet, trombinoscope et toutes sortes de portraits pour votre communication. Une photo professionnelle associée à votre logo d’entreprise renforcera l’impact de votre communication. Je me tiens à votre disposition et à votre écoute pour toutes vos productions photographiques.

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BULLETIN D’ADHÉSION 2014 A retourner accompagné de votre chèque libellé à l’ordre de l’Association La Plume et la Voix des Avocats Parisiens à : La Maison des Associations du 6ème arrondissement A l’attention du bureau de l’association La Plume et la Voix des Avocats Parisiens 60-62, rue Saint-André des Arts 75006 PARIS Vous souhaitez participer au projet de la Plume et la Voix des Avocats Parisiens à travers notre magazine et notre émission de radio, rejoignez-nous en adhérant à l’association! C’est à vous! COORDONNÉES : Madame

Monsieur

Nom: Prénom : Adresse postale : Adresse email : Tél. fixe : Tél. portable : Barreau : Domaine d’interventions : Spécialisations : Cotisations : cotisation avocat au Barreau de Paris 120 euros - cotisation élève-avocat 20 euros Date: Signature:




C O N F E D E R AT I O N N AT I O N AL E D E S AV O C AT S COTISATIONS ANNÉE 2014 La cotisation donne droit à une assurance groupe * CNA au titre de l’année 2014. L'adhésion emporte adhésion au CNAE (Centre National des Avocats Employeurs) pour ceux qui ne sont pas avocats salariés non associés.

- Cotisation normale ………………………………............................ ou cotisation de soutien à partir de ...………...……………… - Avocats 5 premières années d'exercice …………………………... - Avocats Honoraires et Correspondants étrangers (pas d'assurance) - Elèves avocats (pas d'assurance) .………………………………… total …………………………….. En cas d'adhésion de plusieurs avocats associés de la même structure d'exercice, ajoutez à la première cotisation (normale ou de soutien) 200 € par avocat supplémentaire, soit 200 € x = TOTAL PAYÉ …………………………………………………………..

360 € * 500 € * 150 € * 80 € gratuit -------------€

…… € -------------€

Joindre le chèque correspondant à l'ordre de la CNA

Nom : ………………………………… Prénom …………………………………………. Barreau de : ……………………………………………………………………………….. Adresse : …………………………………………………………………………………… ……………………………………………………………………………………………….. Tél. : ……………………………………… Télécopie : ………………………………….. E. mail : (merci d'écrire lisiblement) Date de prestation de serment : …………………………………………………………. Activités dominantes (facultatif)…………………………………………………………….. ……………………………………………………………………………………………….. Spécialisations : …………………………………………………………………………… STATUT : avocat libéral �

individuel � ou associé ** � ou collaborateur �

ou avocat collaborateur salarié � En cas d'adhésion de plusieurs associés de la même structure d'exercice, merci de préciser les noms, coordonnées et autres données pour chacun d'eux et préciser le type et nom de la structure d’exercice (sur une feuille supplémentaire si nécessaire). * Seuls sont assurables les avocats en exercice et à condition de ne pas avoir 70 ans et plus en cours d’année civile, voir sur notre site les conditions de cette assurance. ** dont avocat associé salarié de sa structure

Siège social : 120, RUE D'ASSAS - 75006 PARIS

Téléphone 01.43.54.65.48 http://www.cna-avocats.fr

Télécopieur 01.43.54.75.09

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La Maison des Associations du 6ème arrondissement 60-62, rue Saint-AndrÊ des Arts 75006 PARIS

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