Rôles, Formes et Transformations des ateliers urbaines au sein des quartiers prioritaires

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RÔLES, FORMES ET TRANSFORMATIONS

DES ATELIERS URBAINS AU SEIN DES

QUARTIERS PRIORITAIRES

Le droit à produire de l’espace à travers les ateliers urbains

Espace Perçu

Espace Vécu

Espace Conçu

Résumé

Actant de la dépossession des citoyens des outils de créativité leur permettant l’appropriation des espaces publics, des collectifs d’architectes ont intuitivement créé des ateliers de fabrication comme une solution pour approcher et concerner les habitants. Ce mémoire d’initiation à la recherche se propose d’étudier la thématique du ‘droit à produire de l’espace’ et celle de la conception participative des espaces publics en prenant comme point d’étude les ateliers urbains implantés dans des quartiers prioritaires de la ville.

En allant à la rencontre de ces ateliers avec un regard proche de celui de l’habitant, plusieurs thématiques sont abordées. Tout d’abord, la capacité de l’atelier à offrir un lieu bienveillant et productif propre à constituer une communauté et encourager la dignité des personnes et leur autonomie.

Ensuite, l’intérêt pour les habitants de produire de la matière pour mieux appréhender leurs espaces et leur quartier. La méthode proposée consiste par la suite à suggérer un modèle où les ateliers seraient une porte d’entrée rayonnant sur l’espace public et la ville. Plusieurs de ces rayonnements sont présentés, tels que celui sur l’aménagement des espaces publics, la sensibilisation et l’appropriation des habitants à ces espaces et à la question des modèles politiques qui se dégagent dans et hors des ateliers.

Cette recherche s’ouvre enfin sur une réflexion à plus grande échelle sur l’organisation des ateliers. Elle s’intéresse également à la place de l’architecte dans ce modèle et sur le bénéfice qu’il en tire. Elle questionne enfin l’intérêt des ateliers comme support de discussion avec les différents acteurs de la ville.

Abstract

Acting on the dispossession of citizens of the tools of creativity allowing them to appropriate public spaces, architectural collectives have intuitively created atelier as a solution to approach and involve the inhabitants. This essay proposes to study the theme of the ‘right to produce space’ and that of the participatory design of public spaces by taking as a point of study urban atelier located in disadvantaged urban areas.

By approaching these ateliers from the perspective of the inhabitants, a number of themes will be addressed. First of all, the capacity of the atelier to offer a caring and productive place to form a community and to promote the dignity of people and their autonomy.

Secondly, the interest for the inhabitants to produce material to better understand their spaces and their neighbourhood. The proposed method then consists of suggesting a model in which the atelier would be a radiant gateway to the public space and the city. Several of these radiations are presented, such as the one on the development of public spaces, the sensitisation and appropriation of the inhabitants to these spaces and the question of the political models which emerge in and outside the workshops.

Finally, this research opens with a broader reflection on the organisation of the atelier. It also looks at the place of the architect in this model and the contribution he makes to it. Finally, it questions the interest of the atelier as a medium for discussion with the different actors in the city.

Remerciements

Ce travail d’initiation à la recherche aura été pour moi riche en émotions. Je retiens de ce dernier une ouverturee sur de nombreux sujets, une compréhension plus sensible de la vie dans les quartiers prioritaires de la ville et des ateliers solidaires. Si cette période particulière, placée sous l’égide du COVID aura laissé quelques frustrations, elles ne sont en rien comparables à la richesse des rencontres que j’ai pu avoir.

Tout cela a été rendu possible grâce à bon nombre de personnes que j’ai eu la chance de rencontrer.

Tout d’abord, je souhaiterais remercier ma Responsable de Mémoire Mme Védrine. Je la remercie vivement pour son accompagnement régulier et son suivi. Ses conseils avisés m’ont énormément ouvert notamment concernant tout un pan de la littérature (Lefebvre, Sennet, Bouchain, Harvey...) qui sont devenus aujourd’hui de grandes références pour moi, bien au- delà de ce travail de mémoire.

Je remercie très chaleureusement les collectifs d’architectes, les ateliers solidaires, les associations et les habitants que j’ai eu la chance de rencontrer dans le cadre de mes études. Qu’ils aient fait avancer mes réflexions ou simplement engendré des échanges chaleureux et humains.

Du côté de l’atelier Bricologis et des architectes de PourquoiPas?! , un remerciement particulier, tout d’abord à Alina, avec qui j’ai pu avoir de nombreux échanges concernant mon mémoire et en dehors. Merci également à Sébastien et Anne-Cécile pour leurs échanges et leur accueil. Merci enfin à Jaqueline pour son temps et ses commentaires sur mon questionnaire.

Du côté du Fablab HYPER et des architectes de Yaspluk, un remerciement général à leur équipe que la situation ne m’a pas pleinement permis de rencontrer. Un remerciement particulier pour Yassine et son enthousiasme et son accueil malgré des temps difficiles.

Enfin, un grand merci pour leurs échanges à Damien architecte et co-directeur de Quatorze et à Minh, directeur de l’agence W.A.O. et de l’atelier WOMA. Leur travail respectif est une grande source d’inspiration et a beaucoup guidé mon travail bien qu’il n’y ait pu y trouver sa place dans le document final.

Dans un contexte plus personnel maintenant, je remercie bien évidemment mes colocataires, Manon et Delphine qui m’ont aidé à prendre du recul sur mon travail et à mieux le structurer.

Enfin, pour finir par le plus important, je remercie bien évidemment ma famille pour leur interet pour mon travail, en particulier ma mère et mon frère.

Merci à tous.

Sommaire

Cadre et choix des

Plan de mémoire

Synthèse du Corpus

Corps de mémoire détaillé

33 Préambule

Contextualisation des sites et de ses problématiques au regard du droit à la ville

35 Contexte des sites

35 Le QPV des Malassis - Bagnolet 37 Abords de l’atelier HYPER 39 Le QPV Grande Ile - Vaulx-en-Velin 41 Abords de Bricologis 47 Première partie

Études des entrées et sorties de l’atelier - Espace perçu

Deuxième partie

Études du fonctionnement interne de l’atelier - Espace vécu 89 Troisième partie

Regard des acteurs sur leur projet initial - Espace conçu et conclusion

Lexique vocabulaire et acronyme

Politique de la villeQPV -

Politique publique spécifique qui existe depuis plus de 40 ans et dont l’objectif principal est de réduire les inégalités sociales et économiques entre les territoires

Zones de concentration (plus de 1000 habitants) de population urbaine à bas revenu, c’est-à-dire dont les ressources sont inférieures à 60 % du revenu fiscal médian de référence. Ce critère de zonage n’a pas toujours été le même suivant les époques de la politique de la ville.

(N)PNRU -

Le (Nouveau) Programme National de Renouvellement Urbain est un dispositif national depuis 2003 qui fixe des orientations globales et communes, ainsi que des moyens, à tous les projets de rénovation urbaine de France. Ces projets se font dans des QPV* où sont identifiés des dysfonctionnements urbains particuliers.

Notes

Toutes les photos dont la légende ne précise pas l’origine sont des clichés réalisés personnellement lors de mes visites de sites et rencontres d’études.

Partie d’un jeu participatif sur l’aménagement urbain. Le support représente le quartier dans lequel les habitants jouent à savoir le quartier du Grand Mas à Vaulx-en-Velin.

‘‘ Redonner du droit à la ville, c’est aussi et surtout redonner à ses habitants la possibilité de concevoir leur ville et son développement ’’

- issue du documentaire «Main mise sur les villes»

Avant - Propos

Mon mémoire est le fruit d’un constat. Celui de l’association possible et certainement vertueuse de deux thématiques au premier abord distinctes pour lesquelles j’ai un grand intérêt.

D’une part, la question du droit à la ville et de la participation citoyenne dans l’espace public, sujet qui a fait couler beaucoup d’encre dans un grand nombre de domaines tant politiques que sociaux. Pour l’architecte, cette question répond à l’éternelle problématique de comprendre au mieux ceux pour lesquels il conçoit allant jusqu’à, pourquoi pas, les intégrer au processus de création.

De l’autre, la question de la place et le rôle que peuvent prendre les ateliers de fabrication contemporains en ville. Ces lieux, héritiers de nombreux courants et pensées1, aujourd’hui ouverts au public et où il semble possible de fabriquer ‘presque’ tout pour paraphraser Neil Gershenfeld, le père reconnu des fab labs (un type d’atelier public).

Au premier abord, il semble difficile d’imaginer qu’un lieu de fabrication, fusse-t-il artisanal, puisse résoudre les dérives des politiques participatives d’une part, aider les architectes à ouvrir un dialogue avec une population jugée inaccessible de l’autre. C’est la démarche empirique qu’ont pourtant mis en place plusieurs collectifs d’architectes, au sein de quartiers prioritaires de la ville.

‘Quels problèmes cherchent-ils à y résoudre ?’ ‘Pourquoi en sont-ils arrivés à la conclusion d’implanter un atelier social ?’ ‘Et qu’est-ce que ce lieu peut leur apporter ?’ sont les premières questions à se poser pour aborder ce sujet pleinement.

Par la suite, pour étudier la démarche des collectifs d’architectes, le mémoire se propose de transposer le regard de l’habitant à travers un système de modélisation propre aux sciences de l’ingénieur, celui de la boite noire.

1 Des guildes d’artisans aux mouvements des hackers sur lesquelles nous reviendrons.

Introduction

L’Insee présente les quartiers prioritaires de la politique de la ville (QPPV ou QPV, noté ainsi par la suite) comme des territoires comportant d’importants dysfonctionnements sur lesquels le Ministère de la Ville exerce une action sans intermédiaire. L’identification des QPV repose sur un critère unique1 cherchant à mesurer la pauvreté.

Sur les 1300 QPV de la France Métropolitaine, plus de 55 % d’entre eux sont situés au sein de quartiers HLM périphérique2 à une grande unité d’habitation3 ou dans sa banlieue éloignée d’après l’Observatoire National de la Politique de la Ville (ONPV).

La surreprésentation de ces espaces de banlieues peut sembler prévisible après la lecture des écrits d’Henri Lefebvre. Dans le droit à la ville, ouvrage de référence de ce mémoire, le penseur remonte le fil des évènements ayant contribué à la banlieurisation. Lefebvre détaille largement la stratégie de classe qui, en visant à expulser le prolétaire du centre des villes, a engendré l’ensemble de ces évènements. Pour comprendre les grandes problématiques des quartiers prioritaires, il semble nécessaire de faire un point détaillé sur ses constats.

Tout d’abord, Lefebvre explique que le prolétaire marginalisé à la périphérie de la ville va se retrouver dans ce que l’auteur appelle une ‘urbanisation désurbanisante’4 où l’habitant est à la fois hors de la ville et dépendant de celle-ci. L’architecture moderne en effaçant toutes traces structurelles urbaines (rues, places, espace de rencontre…) achèvera la perte de conscience urbaine et politique du citoyen. Ensuite, la redéfinition de la notion d’habiter va pousser le prolétaire à se désintéresser de l’espace social. Si habiter voulait dire autrefois « participer à une vie sociale, à une communauté, village ou ville »5, la classe dominante va la faire idéologiquement passer à l’idée d’accès à la propriété. La question du logement occultera alors complètement la problématique de la ville et de l’urbain aux yeux de l’habitant.

1 Le revenu médian par unité de consommation Il doit être égal ou inférieur à 60 % d’une moyenne des revenus médians de la France métropolitaine et de l’unité urbaine concernée. Les données permettant d’établir ce critère sont directement issues de l’Insee.

2 Dans leur définition du ‘Cadre de vie’ l’ONPV définit 5 typologies (centre ancien, quartier HLM de petite unité urbaine, quartier périphérique de petites adresses, quartier HLM périphérique et quartier HLM de banlieues éloignés). http://www.onpv.fr/publications

3 Ville de plus de 100 000 habitants

4 Lefebvre, H. (1968). Le droit à la ville. p15

5 ibid, p14

La perte d’accès aux outils de production est la dernière conséquence notable de l’urbanisation. Dépossédé de ce que l’auteur appelle ‘la conscience créatrice’, le prolétaire ne sera pas seulement découragé à participer à la conception de l’espace public, mais en deviendra tout simplement incapable. Cette incapacité amènera frustration et désociabilisation, du prolétaire. Ce dernier deviendra inaccessible, préoccupé uniquement par son logement et indifférent à la vie sociale qu’il jugera comme ‘non faire pour elle’. De fait, le banlieusard se désengagera également de la vie politique et entretiendra un sentiment de défiance envers elle (lorsque cela ne mène tout simplement pas à des révoltes).

La participation, Lefebvre en fait état bien avant l’émergence en Europe de la démocratie participative. L’auteur annonce que la participation est une idéologie qui permet « d’obtenir au moindre prix l’acquiescement des gens intéressés et concernés. Après un simulacre plus ou moins poussé d’information et d’activité sociale, ils rentrent dans leur tranquille passivité »6.

Si aujourd’hui en Europe, la démocratie participative est encore à ses balbutiements, une littérature existe déjà à son sujet, notamment en prenant des exemples de l’Amérique Latine. Si leur regard n’est pas aussi radical que celui de Lefebvre (ce dernier cherchant à prôner l’autogestion), ils montrent effectivement les limites d’une participation poussive qui n’arrivent pas à concerner les habitants.7

Dans le cas des Quartiers Prioritaires de la Ville, on retrouve une série d’outils mis en place depuis les émeutes des années 80 dont le manque de portée n’a contribué qu’à augmenter un peu plus la défiance des habitants. Les problèmes soulevés par le dernier en date, le conseil citoyen, font parfaitement office de synthèse aux propos de Lefebvre.

Si dans le rapport aux ministres Démocratie participative et quartiers prioritaires : réinvestir l’ambition politique des conseils citoyens, les auteurs ne dressent pas un tableau noir au conseil citoyen, ils en montrent cependant toutes les limites. La défiance de ces conseils

6 Lefebvre, H. (1968). Le droit à la ville. p94

7 Un exemple de système, précurseur reconnu mondialement, est celui du budget participatif de Porto Alègre au Brésil. Malgré ses efforts, ce dernier n’est parvenu à faire participer que 1 à 1.5 % de sa population dans le débat public chaque année. Pire encore, si Porto Alègre portait un véritable engagement de représentation sociale dans son système, fort est de constater que les populations en marge du système n’y ont jamais vraiment participé. Aussi, de nombreux modèles participatifs, reproduisent les ségrégations habituelles du système. Viktorovitch, C. (2015, Mars 7 ). La démocratie participative est-elle un conte de fées ? Paris.

est présente tant du côté des élus (qui le voient comme illégitime et non représentatif) que des habitants (qui n’y voient qu’un rôle d’animation sans réel contrepouvoir et se sentent parfois manipulés). Le tirage au sort pour forcer les habitants en marge à participer ne fonctionne pas (ils se désengagent rapidement). Enfin, le rapport dresse le constat que les QPV se sectorisent toujours davantage avec un conseil citoyen ne parvenant pas à faire de liens avec d’autres quartiers ou la ville-centre.

La défiance, l’isolement et le sentiment d’indifférence envers leurs espaces publics sont les problématiques présentées par Lefebvre et toujours d’actualité aujourd’hui, auxquelles une simple réinsertion d’outils participatifs n’est plus suffisante.

Ces problématiques, sont aujourd’hui le souci de nombreux collectifs d’architectes qui cherchent à les résoudre. Si les collectifs d’architectes ne sont pas le cœur de sujet de ce mémoire, ils sont, par leur idéologie et leurs méthodes d’actions les premiers ‘extérieurs’8 à agir sur l’espace public. Cette idéologie de démocratisation de l’architecture et du souci de sensibiliser les habitants9, voire par la suite de les intégrer au processus de production de la ville n’est pas anodine. Elle est issue de plusieurs décennies de recherche pour comprendre l’espace public dont l’inspiration se fait sentir en deux points, celui de l’observation et celui du ‘faire avec’ qu’il nous faut détailler.

Jusqu’aux années 6010, l’architecte concevait des structures sans se soucier de la présence humaine dans l’espace urbain11. Cette situation va par la suite évoluer, des premières critiques de l’espace public moderne vont se faire entendre notamment grâce au regard d’autres professions et des sciences sociales. Comme l’explique l’urbaniste Jan Gehl, la préoccupation se portera dès lors sur une recherche des ‘outils manquants’12 à la compréhension de la vie sociale moderne.

8 Nous verrons que la question de savoir si les architectes sont des acteurs intérieur ou extérieur des projets à toute son importance.

9 Macaire, E., (2014) Collectifs d’architectes. Expérimenter la coproduction de l’architecture

10 Moment où justement la vie sociale se délite complètement selon Lefebvre

11 Gehl, J., & Svarre, B. (2013). La vie dans l’espace public, comment l’étudier ? Ecosociété. p10

12 Ibid, p15

De ces outils et méthodes, on peut en remarquer plusieurs cherchant à observer les passants. Que ce soient les descriptions rédigées13 de la vie ordinaire de l’écrivain Georges Perec aux comptages des passants et aux photos narratives de Jan Gehl en passant par les travaux de Jane Jacob et de son mentor William H. Whyte qui présentent méthodes d’observation et chronophotographie14. De l’observation, les méthodes vont par la suite passer à la déambulation. La promenadologie proposée par le mouvement des Stalker en 1996 en est un bon exemple. Il s’agit toujours d’observer, mais en se « laissant guider par les faits ». 15

Des observations des Gehl aux promenades de 4min de Bosselmann16, l’architecte est de plus en plus invité à s’impliquer dans l’espace qu’il observe, à aller à la rencontre des habitants, voire à prendre leur place.

De ces principes apparait alors une notion importante pour les collectifs d’architectes, celle de la permanence architecturale, ou l’idée que l’architecte doit vivre sur le lieu où il réalise ses projets pour permettre un dialogue sincère et unique avec les acteurs de la vie sociale.

Son manifeste, rédigé en 2015, bien que pratiqué de manière plus ancienne, résume assez bien le propos et la transformation proposés au rôle d’architecte « La permanence architecturale c’est la leçon de Simone et Lucien Kroll : ne plus faire la ville pour des habitants ni même avec, mais bien en tant qu’habitant »17.

Si les propos du manifeste de la permanence architecturale sont forts, ils s’emportent un peu. En produisant la ville comme un habitant, il s’agit bien évidemment de faire également avec eux. Cette idée est au cœur de la pensée et du travail de Patrick Bouchain (dont le bureau Construire est également un des acteurs principaux de la permanence architecturale) présenté dans son livre Construire Autrement. Comment faire ? Vu comme une référence pour de nombreux collectifs d’architectes18 19 .

13 Dont Perec présente les méthodes dans son ouvrage Espèces d’espaces 1974

14 Dans son ouvrage The social Life of Small Urbain Places » (1980)

15 STALKER. (1996). Attraverso i territori attuali.

16 Reprensentation of Places (1998)

17 Hallauer, É. (2015, octobre 16). Manifeste de la Permanence Architecturale. SaintPierre-des-Corps.

18 Dans une conférence réalisée par AAIIA en 2021, Patrick Rubin, de l’atelier Canal Architecture appel les collectifs d’architectes ‘les enfants de Bouchain’. Preuve de l’association forte qui semble exister.

19 Et également une référence importante pour ce mémoire

Pour Patrick Bouchain « La matière est plus compréhensible si elle est montrée que si elle est écrite […] il s’agit de montrer pour transmettre […], car il est impossible de représenter quelque chose qui n’est pas représentable autrement que par la construction »20

Cette logique s’applique à l’architecture. Plutôt que montrer des plans, l’architecte invite à voir la production de matière comme un outil de dialogue.

Le rôle de l’architecte est alors d’introduire l’interprétation, l’inattendu et le non voulu. En somme, tout ce qui ne rend pas l’architecture lisse comme un dessin. Pour ce faire, il invite à laisser une part de liberté aux projets pour permettre aux artisans de la construction et aux usagers de participer à la transformation de l’œuvre.

L’usager transforme, l’usager participe et donc l’usager produit. Cette simple réflexion, de nombreux collectifs d’architectes se sont appliqués à la traduire dans l’espace public. Ces derniers ont poursuivi la recherche de nouvelles méthodes et outils de compréhension de l’espace public par l’expérimentation sur site.

L’observation s’est transformée en workshop, en atelier à ciel ouvert ou en autre chantier participatif permettant de faire avec l’habitant, de l’inviter à être critique et actif dans la conception des espaces. En somme à le faire ne plus se sentir indifférent face à son espace de vie sociale et l’aider à retrouver l’accès à la ‘créativité’ dont Lefebvre avait décrit la perte.

C’est dans cette mouvance que sont apparus les ateliers urbains issus des collectifs d’architectes. Bien qu’ils fussent ouverts de manière empirique, à la base prévus comme un simple espace de mutualisation des machines du collectif, ou un espace de préparation des ateliers publics, ces lieux semblent aujourd’hui révéler de nombreuses qualités sociales. Mais qu’est-ce qu’un atelier ? Et à quoi pouvons-nous nous attendre en franchissant le pas des ateliers sociaux de ces agences d’architectes ?

20 Bouchain, P. (2006). Construire autrement, comment faire ? ACTES SUD.

Dans son livre Ce que sait la main, le sociologue Richard Sennett, une dernière référence importante pour ce mémoire, fournit un certain nombre de réponses. Ce dernier cherche à réhabiliter ‘l’animal laborans’ un concept de Hannah Arendt21 décrivant un homme abruti par le travail, incapable de penser. Sennett va alors montrer que devant la prétendue indifférence de cet homme face à la finalité de son travail, il est en réalité capable de penser en faisant. Il détaillera cette idée en mettant en avant les valeurs de l’artisan et de l’atelier.

Pour l’auteur, les ateliers sont tout d’abord historiquement le foyer de l’artisan. Un espace de petite taille (à échelle humaine) où « vie et travail se mêlaient et se faisaient face »22. Il actualise cependant rapidement sa définition en venant intégrer une logique politique et sociale à ces espaces. Pour Sennett, l’atelier est «un espace productif dans lequel les gens traitent face à face des problèmes d’autorité »23. Cette dimension est importante, et se rattache parfaitement aux idées de Bouchain sur le rapport entre l’acte de faire et le dialogue. Pour le sociologue, les compétences productives sont ce qui donne sa légitimée à l’autorité du maitre artisan. Du côté de l’apprenti, l’acquisition d’expérience est d’abord source de dignité puis d’autonomie. Les inégalités et problèmes d’autorité sont alors un problème de chair et non des devoirs établis sur le papier.

Cette réalité, on la retrouve parfaitement au sein des Fab Labs. Les Fab Labs (Fabrication Laboratory) sont des ateliers dont le concept a été élaboré au sein du MIT au cours des années 2000. Comme le montre Camille Bosqué, dans son rapport Des FabLabs dans les marges : détournements et appropriations, en citant Mel King24, les fab labs ne sont pas très différents des ateliers à ceci près qu’ils utilisent des outils numériques. Cette différence apporte cependant de nouvelles idéologies propres au monde du numérique. Les notions de hacker et de maker, sont propres au monde du numérique. Les hackers (qu’on pourrait traduire par bidouilleurs) sont ceux qui transgressent, ceux qui détournent de leur utilisation première les choses.

21 Dont il était l’élève

22 Sennett, R. (2010). Ce que sait la main. Albin Michel. P77

23 Ibid p78

24 Un chercheur important du MIT ayant fondé l’équivalent d’un Fab Lab au sein des quartiers populaires de Boston. Mel King a beaucoup œuvré pour son quartier et pour le droit à la ville, encourageant les habitants à manifester et occuper des espaces publics pour empêcher la construction de parkings.

Camille Bosqué, en cherchant à montrer comment les ateliers numériques permettent de repenser des communautés et des territoires, montre surtout les valeurs sociales de ces lieux. De ses interviews, les fab labs sont tour à tour vus comme des ressources communautaires, des lieux de convivialité ou encore des lieux neutres, sans filtre favorisant les interactions entre individus.

La dimension spatiale de ces lieux est aussi révélée comme importante. Elle permet le regroupement d’une communauté qui va adapter la forme et le rôle de l’atelier en fonction de ses besoins. Le Fab Lab est dès lors un lieu appropriable. Si l’espace productif est important et support de la transmission de savoir, l’auteure y présente des espaces autres, jusqu’à l’implantation d’une cuisine au sein du MIT-Fablab Norway.

Si les corrélations entre droit à la ville et fab lab semblent nombreuses, peu d’écrits semblent pourtant en dresser un lien direct. On trouve cependant plusieurs articles de Raphaël Besson sur le sujet. Si dans La Fabcity de Barcelone ou la réinvention du droit à la ville, l’expert en socioéconomie urbaine se concentre sur les enjeux d’une ville numérique25, il présente également une évolution possible du droit à la ville vers un droit à infrastructurer la ville26. Cette proposition est intéressante, car elle défend l’idée que les habitants veulent maintenant coproduire leurs espaces (mobilier et infrastructures urbaines) et que les fab labs peuvent être les points de rayonnement de cette démarche. Cette idée comme nous l’avons vu est cependant anticipée dans notre cas, ou la volonté de coconstruire et la conscience du droit à produire de l’espace est loin d’être un acquis.

25 Une problématique importante, en effet cœur de cible des Fab Lab dont l’une des premières missions est de s’assurer la non-spoliation des individus face à la société numérique. Cette problématique semble cependant un peu éloignée des priorités des habitants au sein des quartiers prioritaires.

26 Il reprend ici les termes de l’anthropologue espagnol Alberto Corsín

Ces problématiques du droit à la ville au sein des quartiers prioritaires, comme nous l’avons vu, réalisent de nombreuses liaisons entre les ateliers et les démarches entreprises par les collectifs d’architectes. L’envie d’accompagner les habitants à se réapproprier leurs espaces par l’action et la participation est sincère. Qu’il s’agisse d’autogestion pour Lefebvre ou de formation vers l’autonomie pour les ateliers, la finalité semble la même. L’atelier est-il finalement la version contemporaine de ce que Lefebvre appelle ‘les outils de production’ qui offrent l’accès à la ‘créativité’ des habitants ? Comment alors utiliser cet outil au sein des quartiers prioritaires ? Il s’agit de se poser la question en ces termes

Quelle place pour l’atelier urbain dans la conception d’une urbanisation collective et une prise de conscience du droit à produire de l’espace au sein des quartiers prioritaires de la ville ?

De la littérature précédemment présentée, on sait que le fab lab est un concept souple et un lieu qui s’adapte à la situation économique et sociale du quartier où il s’implante. S’il sera nécessaire par la suite de dresser une série d’hypothèses plus fines sur les ateliers étudiés en fonction de leurs quartiers, on peut cependant dresser les hypothèses générales suivantes :

- L’animation engendrée par les activités de l’atelier a un rayonnement équivalent à son quartier dont il s’agira de définir les limites.

- Ce rayonnement se porte principalement sur l’espace public, mais au vu des problématiques propres aux Quartier Prioritaires de la Ville, on peut supposer que tout atelier dans ces quartiers traîte tout également de la question du logement, sous l’impulsion de son équipe ou de ses usagers.

- Si les Fab lab sont des lieux de production, ils sont avant tout des lieux de rencontre permettant de créer une communauté autour d’une thématique commune au sein des QPV.

- A se titre, les ateliers sont également des lieux d’apprentissage et de transmission d’un savoir technique qui n’est pas dispensé autrement au sein des QPV.

- Les fab labs fonctionnant principalement grâce à leur communauté, on peut penser que les fab lab en QPV reçoivent également des usagers multiples et variés, notamment sous la forme d’associations diverses. A ce titre, les ateliers constituent certainement un maillon important du réseau associatif du Quartier Prioritaire de la Ville dont l’importance et la place seront à vérifier.

- Enfin, si le concept de Fab lab se définit comme apolitique, on peut supposer cependant que ces lieux fournissent les informations, les échanges et surtout les outils nécessaires à une compréhension du territoire qui contribue à politiser ses usagers sur cette thématique.

De ces hypothèses nous pouvons tirer trois pistes importantes. On suppose que les ateliers sont des lieux, d’apprentissage, de convivialité et lieu de fabrication. Il s’agira donc de voir si l’habitant les perçoit bien ainsi, et s’ils le sont vraiment.

Cadre et choix des sites

Pour répondre à la question du mémoire, il est proposé de se concentrer sur une étude comparative de deux ateliers urbains répondant aux caractéristiques que nous avons présentées.

Tout d’abord, son implantation doit se situer au sein d’un quartier prioritaire de la ville. L’arrivée de son implantation doit être relativement récente (afin de mesurer le ressenti des habitants à cette arrivée). Enfin, l’atelier doit avoir été initié et accompagné par un collectif d’architectes.

Les ateliers choisis répondent tous deux à ces critères.

Le premier est l’Atelier HYPER, créé par le collectif d’architectes

YA+K en 2016 dans la commune de Bagnolet au sein du quartier prioritaire des Malassis.

J’ai découvert cet atelier en novembre 2019 par une émission de France Culture. Choisi entre autres pour sa proximité avec mon lieu de résidence, il m’a été de fait possible de m’y rendre à plusieurs reprises dès la fin novembre 2019.

Le second proposé pour cette étude est l’atelier Bricologis situé dans la commune de Vaulx-en-Velin dans le quartier prioritaire de Grande île. Le collectif d’architectes PourquoiPas ?! a coréalisé et accompagné sa conception en 2017. Le collectif est quant à lui présent sur site en permanence architecturale depuis 2015.

J’ai découvert ce site de par la relation du collectif avec l’École d’Architecture de Lyon. Si plusieurs échanges ont été établis auparavant, la proximité avec l’École m’a permis de le visiter régulièrement à partir de septembre 2020.

Usages de l’atelier

Enjeux politiques

Collectifs d’architectes

Observer

Habitudes des habitants

Enjeux sociaux

Quotidien

Jeunes du quartier

Rencontrer

FabManagers

Co-construction

Participer

Évènements

Habitants

Ateliers extérieurs

Les trois actions de la méthode d’analyse

Méthode

Pour répondre à la question de ce mémoire, une méthode générale en deux parties est proposée. Une partie pour la récupération de données et une pour la retranscription de ces dernières.

Méthodes et corpus d’analyse

La récupération de données prend appui sur les méthodes présentées au cours de l’introduction ainsi que de leurs structures. Un ouvrage de référence est celui de Jan Gehl et Birgitte Svarre (Gehl, J., & Svarre, B. (2013). La vie dans l’espace public, comment l’étudier ? Ecosociété) qui recense un grand nombre de méthodes et de techniques d’approche de l’espace public.

Cette récupération de données se développe donc, à la manière de l’introduction en trois sous-thématiques.

Tout d’abord, la récupération de données a été faite par de l’observation. Quatre visites de sites ont été réalisées au sein de chaque atelier. S’en sont suivi plusieurs séries de photos, des relevés d’usage et des descriptions narratives inspirés des travaux de Georges Perec (tels que présentés dans Espèces d’espaces). Ces observations seront complétées par le travail de Betty Ruby, ayant réalisé un récit de l’implantation de l’atelier Bricologis (Ruby, B. (2019). Trois bricoles et tout un monde. Vaulx-en-Velin.)

Ensuite, la récupération de données a pris la forme de rencontre. Une série d’échanges a été réalisée avec les occupants des ateliers, les bénévoles, les équipes, les architectes et quelques usagers. Certains de ces échanges ont été enregistrés et leur retranscription est un support de données important. On notera dans ces interviews retranscrites, deux interviews avec Alina Garkoucha du collectif d’architectes PourquoiPas ?!, une avec le collectif d’architectes YA+K, et une avec Jacqueline El Ouarraki, citoyenne de Vaulx-en-Velin et membre du conseil d’administration de Bricologis.

Les interviews réalisées avec Damien Beslot, architecte au sein du collectif Quatorze et avec Minh Man Nguyen (architecte cofondateur de l’agence WAO et de l’atelier urbain W.O.M.A., président de la Fab-

city Paris) serviront de support uniquement pour les ouvertures de ce mémoire.

Un questionnaire adressé aux usagers de Bricologis a également été réalisé, il servira d’appui à certains constats. De plus, seront exploitées plusieurs ressources manuscrites. Côté Bricologis, on notera un certain nombre de documents techniques. (Bricologis. (2018). Règlement intérieur de l’association BRICOLOGIS. Vaulx-en-Velin., Bricologis. (2019). Rapport d’activité. Vaulx-en-Velin., Bricologis. (2020). Diagnostic 360° - Activité et environnement - démarche d’obtention de l’agrément ‘espace de vie sociale’. Vaulx-en-Velin.)

Enfin, et partiellement dans le même temps que celui de la rencontre, la récupération de données a également été réalisée par l’action et le ‘faire avec’. Cette forme d’obtention de données est notamment marquée par mon adhésion bénévole à l’atelier Bricologis et la participation à l’un de leurs évènements (Fête de quartier ‘distillons l’été’, septembre 2020)

Méthodes et corpus de retranscription

Le principe de la boite noire

La défiance de l’habitant face à l’atelier

Comme il a été présenté en introduction l’habitant des quartiers prioritaires ne se sent plus concerné par son espace public, il est difficile à atteindre et répond généralement par de la défiance aux propositions ou installations issues des pouvoirs publics. De fait l’habitant, à l’arrivée d’un atelier public n’a aucune raison de se précipiter vers lui. Le terme d’atelier, et encore plus celui de fab lab peuvent lui être complètement étrangers. Il n’a aucune raison de vouloir faire partie de cette activité.

En somme l’atelier social est un mystère dont

l’habitant ne connait ni les codes ni les principes et n’a aucune idée de ce qui s’y passe.

Pour autant, comme nous l’avons vu en introduction, l’implantation d’un atelier aura tendance à créer une activité qui transformera l’environnement de l’habitant, lui faisant ainsi remarquer le lieu.

Ce constat a été réalisé après une première période d’observation. Fort de ce dernier, et étant ingénieur de formation, m’est venu à l’idée d’associer un modèle très employé dans les sciences de l’ingénieur et qui semblait parfaitement se transposer au cas étudié, celui de la boite noire. Le regard de l’habitant sur l’atelier inconnu revient alors à étudier un système de boite noire.

Il semble nécessaire de présenter de manière succincte ce qu’est une boite noire. La boite noire est un modèle d’analyse que l’on retrouve notamment en ingénierie. Elle est la représentation d’un système dont on ne connaitrait pas le fonctionnement interne (soit, car il est inaccessible, soit de manière délibérée). Le système n’est alors appréhendé, dans un premier temps, que sous l’angle de ses interactions, ce qui rentre dans le système et ce qui en sort.

La boite noire est une méthode qui se veut ludique comme le rappelle le mathématicien René Thom1. Le principe est de deviner ce qui se trouve à l’intérieur de la boite noire en faisant varier ses entrées et ses sorties et en les comparant. Les hypothèses issues de ce jeu doivent permettre de supposer ce qui se trouve à l’intérieur de la boite. Il est alors possible ensuite d’ouvrir la boite et de comparer ces hypothèses à la réalité.

Cette méthode est utilisée dans plusieurs domaines dont nous pouvons retenir plusieurs éléments pour notre transposition sur l’atelier En économie, l’entreprise étudiée est vue comme une boite noire dont on ne regarde que les entrées et les sorties. En psychologie, l’individu peut être vu comme une boite noire. Les entrées et sorties

1 «Ce qui — en dernière analyse — justifie l’attitude ludique, c’est que le seul moyen concevable de dévoiler une boîte noire, c’est de jouer avec. ».

Bourgois, C., (1980). Modèles mathématiques de la morphogenèse . Paris

Schéma d’une boite noire

peuvent prendre des formes diverses, ce sont en général des stimulations de l’environnement. Enfin, en automatique des systèmes, les boites noires sont des fonctions. Chaque boite constitue une fonction et il est possible de subdiviser l’intérieur de la boite en une série de fonctions élémentaires.

Quelques principes d’une boite noire dans différents domaines

Dans notre cas, l’atelier joue le rôle de la boite noire aux yeux de l’habitant et les entrées et sorties peuvent être de plusieurs formes :

- Les entrées peuvent être des entités physiques (matières premières, livraisons diverses...) ou des personnes physiques ou morales (des usagers, des employés, des associations...).

- Les sorties peuvent être des entités physiques (meubles, objets divers...), des rapports sociaux (ce que racontent les gens qui reviennent de l’atelier), des activités (les évènements de l’atelier qui permettent de le faire connaitre), des aménagements extérieurs (affichages, objets significatifs, appropriations d’une place...) ou des personnes morales (des associations issues de l’atelier...)

La méthode de la boite noire appliquée à l’atelier a donc pour objectif de comprendre les fonctions internes de l’atelier qui lui permettent de transformer une entrée en sortie.

Quelles actions de l’atelier sur ses entrées ?

Fonctions de l’atelier

Telle une boite noire classique, une fois les hypothèses émises sur son fonctionnement, il nous sera possible de l’ouvrir. Dans notre cas, les différentes pièces de l’atelier et leurs différentes fonctions pourront être vues comme des sous-systèmes de l’atelier.

Enfin, contrairement à l’ingénieur qui contrôle les entrées, il n’est pas véritablement possible pour nous de jouer avec. C’est pourquoi d’une part il a été proposé d’observer et d’étudier deux ateliers. Dans une étude comparative, il sera alors possible de regarder les entrées, sorties et systèmes internes de chaque boite.

La conclusion de la méthode prendra ainsi appui sur la pensée de Lefebvre concernant ‘la production de l’espace’2. Dans le livre éponyme, l’auteur fait une distinction entre la manière dont a été pensé l’espace (espace conçu) et ce qui se passe véritablement dans l’espace (ce qui est perçu et vécu).

Les étapes de notre système de boite noire se transposent parfaitement à cette image.

2 Lefebvre, H. (1974). La production de l’espace.

Plan de mémoire schématisé

Plan de mémoire

Suite à la méthode proposée, l’organisation du mémoire prendra la forme suivante.

Une première partie contextualisera les deux sites de projets au regard du Droit à la ville D’Henri Lefebvre. Le but de cette partie sera de confirmer les enjeux des deux quartiers prioritaires présentés. Puisqu’il n’est pas possible de véritablement se mettre à la place d’un habitant dans notre cas, cette mise en contexte permettra de définir le cadre de la boite noire, d’en dresser les contours et la forme générale. -1-

Par la suite, le plan s’inspire du triptyque de pensée de Lefebvre entre les espaces perçus, vécus et conçus tels que présentés dans la méthode de la boite noire.

La deuxième partie, par les observations et les rencontres, présentera l’environnement extérieur immédiat de l’atelier et étudiera ainsi les entrées et sorties du modèle de boite noire. Il s’agit d’une phase d’analyse qui permettra de comprendre comment est perçu l’atelier par un habitant du QPV. Cette phase mènera à une série d’hypothèses propre aux systèmes d’études que sont les boites noires. -2-

La troisième partie, par les observations, rencontres et actions, s’intéressera au système à l’intérieur de l’atelier, cherchera à comprendre ses dynamiques et son quotidien. Cette phase d’analyse permettra de comprendre comment est vécu l’atelier du point de vue de ses usagers et de réaliser des comparaisons entre les deux sites -3-

En amorce de la conclusion, une partie s’intéressera aux objectifs initiaux voulus par les concepteurs des ateliers, architectes et équipes de l’atelier. Ces objectifs offriront un regard sur la manière dont ont été conçus les ateliers. -4-

La conclusion pourra alors comparer les systèmes perçus et vécus par les habitants, aux systèmes initialement conçus pour les deux ateliers afin de dresser un bilan. -5Deux ouvertures viennent compléter la réflexion. Une première se propose de suivre les sorties de la boite noire pour en regarder les conséquences sur le système ‘ville’. La deuxième propose de faire un point concernant les échanges entre les acteurs de la ville au sein de l’atelier. Il sera alors possible de voir l’impact des actions de l’atelier sur ce plan. -6-

Synthèse du Corpus

Ressource littéraire

• Bouchain, P. (2006). Construire autrement, comment faire ? ACTES SUD.

• Gehl, J., & Svarre, B. (2013). La vie dans l’espace public, comment l’étudier ? Ecosociété.

• Harvey, D. (2011). Le capitalisme contre le droit à la ville. Paris: Editions Amsterdam.

• Lefebvre, H. (1968). Le droit à la ville.

• Sennett, R. (2010). Ce que sait la main. Albin Michel.

Ressource observation

• Quatre visites des deux sites d’atelier.

• Ressources photographiques personnelles

• Ressources photographiques des ateliers

• Prises de notes personnelles

• Ruby, B. (2019). Trois bricoles et tout un monde. Vaulx-en-Velin.

Ressource rencontre

• Bricologis. (2018). Règlement intérieur de l’association BRICOLOGIS. Vaulx-en-Velin.

• Bricologis. (2019). Rapport d’activité. Vaulx-en-Velin.

• Bricologis. (2020). Diagnostic 360° - Activité et environnement - démarche d’obtention de l’agrément ‘espace de vie sociale’. Vaulx-en-Velin.

• Retranscription des statistiques du questionnaire citoyen personnelle

• Elkherfih, Y., & Goelo, A. (.-d. (2020, septembre 10). Interview du Collectif YA+K, un fablab à Bagnolet. (H. Chiappori, Intervieweur)

• Garkoucha, A. (2020, Mai 29). Interview de Mme Garkoucha, architecte au sein du Collectif Pourquoi Pas. (H. Chiappori, Intervieweur)

• Garkoucha, A. (2020, septembre 16). Interview du Collectif Pourquoipas, Un atelier social à Vaulx-en-Velin. (H. CHIAPPORI, Intervieweur)

• Prises de notes personnelles de discussions

Ressource action

• Participation bénévole à un évènement festif au four à pas du Petit Bois à Vaulx-en-Velin en animant le stand bricolage de Bricologis. retranscription de passages audio, photos personnelles et notes de cet évènement

Ressources complémentaires pour l’ouverture

• Beslot, D. (2020, septembre 10). Interview du collectif Quatorze, discussion autour de leur atelier et de leurs actions participatives. (H. Chiappori, Intervieweur)

• Nguyen, M. M. (2020, Mai 27). Interview du fondateur de l’agence d’architecte WAO, de l’atelier W.O.M.A. et président de la Fabcity Paris. (H. Chiappori, Intervieweur)

RÔLES, FORMES ET TRANSFORMATIONS

DES ATELIERS URBAINS AU SEIN DES

QUARTIERS PRIORITAIRES

Le droit à produire de l’espace à travers les ateliers urbains

Hugo CHIAPPORI sous la direction de Corine VEDRINE (direction mémoire 2019-2020)

Espace Perçu

Espace Vécu

Espace Conçu

Préambule

Contextualisation des sites

Abords de l’Atelier de Bricologis

Cette partie doit confirmer d’une part, que les problématiques du droit à la ville selon Lefebvre (Urbanisation désurbanisante, individualisation de la notion d’habiter et sentiment d’inférence pour l’espace public, perte des outils et de la conscience créatrice et défiance et désengagement politique des habitants) se retrouvent bien dans les deux sites étudiés. De l’autre, elle doit permettre de se faire une idée du contexte social et économique du quartier d’implantation de l’atelier pour en supposer la forme.

Contexte

HYPER

Plan de localisation du Quartier 1.10000e

QPV Malassis Sadi - Carnot

L’épicerie des Malassis dans son container. Comme le montre la photo, cette situation fait aussi de l’épicerie un lieu de rassemblement des jeunes du quartier - Projet de Yaspluk - photo issu de Google earth.

Dalle Maurice Thorez

Contextualisation des sites

Le QPV des Malassis - Bagnolet

Le quartier des Malassis est un quartier prioritaire de la ville (et également un NPNRU, confirmant la préoccupation nationale du quartier) qui en reprend les autres caractéristiques communes (les statistiques les plus récentes pour le QPV Malassis - Plateau - La Noue présentent un taux de pauvreté de presque 40 % et un taux de chômage de 23 %, couplé à une faible part d’imposition des ménages - 35 % - et une forte part des prestations sociales dans le revenu des ménages - 16 % - pour une faible part des activités -71 %-)1. On notera également que près de 90 % du parc immobilier est composé de HLM.

Le quartier constitue un des sept quartiers de la commune de Bagnolet, situé à l’est de Paris. Placé en surplomb du reste de la ville, sur la colline de Romainville, le quartier est géographiquement naturellement isolé. Un sentiment renforcé par le passage de l’autoroute A3 au sud. Le site est donc bien lieu d’une urbanisation désurbanisante comme l’a décrit Lefebvre, à la fois ni ville ni campagne et dépendant de son centre. La construction dans les années 60 d’un quartier de grands ensembles parachève cette critique. En effet, il n’y a à proprement parlé ni place ni rue dans le quartier et la plupart des grands espaces publics se révèle être des parkings en pied d’immeuble (même si l’on note quelques espaces verts). De ce fait, et au regard des moyens modestes de la commune, les espaces publics sont très peu aménagés. Ce facteur, couplé à une présence commerciale faible, limite l’animation et l’appropriation des espaces communs. Cette situation, comme nous le reverrons, pousse la commune à être ouverte aux démarches d’appropriation spontanées, confirmant une grande place laissée aux pratiques hétérotopiques.

Coté associatif, l’atelier semble être la seule structure portant sur la fabrication dans le secteur. On notera cependant la présence de nombreuses associations artistiques et culturelles (Association 19.1, Kosmopolite, La Fabrique Made in Bagnolet...). On y retrouve des activités de toutes sortes tel que le street art, très visible dans le quartier ce qui prouve que l’expression et la conscience créative ne sont pas complètement perdues.

Un dernier point notable est la dalle Maurice Thorez. Ce sol artificiel délabré d’une superficie de 3500 m² a été pensé à l’époque moderne comme le coeur social du quartier. Aujourd’hui encore, la plus grande partie des infrastructures sociales et sportives du quartier s’y concentrent.

1 Indice INSEE 2020 sur le revenu - (QP093009)

Centre de Quartier Pablo Neruda

Centre de musique et de Danse

Piscine municipale - photo jérémy Cuenin

Rue Angela Davis
Dalle Maurice Thorez
Atelier d’architectes Collectif Yaplusk
Secours Populaire
Atelier HYPER

Abords de l’atelier HYPER

L’atelier est situé au sein même de la dalle Maurice Thorez, au milieu des barres et des tours, dans un des rares espaces de la dalle qui ne soit pas insalubre1.

L’atelier donne sur la face sud de dalle, rue Angela Devis. À côté de lui se trouve un office du Secours Populaire et en face une salle de musculation. Seul commerce des environs. Les autres commerces au sein de la dalle restent les stores baissés. Il est probable que, au vu de la situation structurelle de la dalle, le bailleur accepte de louer à une association, mais pas à des commerces qu’il faudrait dédommager en cas d’expulsion.

Cette situation se retrouve dans la plupart des barres des environs. Pharmacie et épiceries ont toutes les devantures fermées. Seul un épicier/restaurateur situé dans un container à quelques centaines de mètres de l’atelier est ouvert. Il constitue le seul commerce alimentaire de proximité ouvert de manière hebdomadaire. Il faut noter d’ailleurs que ce container est un projet du collectif d’architecte Yaspluk et de l’atelier pour répondre à cette problématique.

L’atelier HYPER, ici présenté, est d’ailleurs issu du collectif d’architecte Yaspluk. Le collectif installé un an avant l’ouverture de son atelier, se situe en bordure de la dalle, au rez-de-chaussée d’une barre.

On retrouve enfin sur la dalle plusieurs structures publiques telles qu’une piscine municipale, un grand centre de quartier, qui organise entre autres des barbecues sur la dalle, et un centre de musique et de danse. Enfin, le stade des Malassis est installé immédiatement au sud-est de la dalle.

Ces infrastructures sociales, sportives et culturelles font de la rue Angela Devis un lieu de passage pour l’ensemble de la population locale, quelques photos laissent à penser qu’elle peut être également un lieu où l’on s’arrête volontiers.

1 Depuis 2006 au moins, l’état de délabrement avancé de la Dalle est reconnu, mais les fonds débloqués semblent jouer au yo-yo et ne l’ont jamais vraiment atteint.

Le QPV Grande Ile - Vaulx-en-Velin

Le quartier prioritaire de la ville de Grande Ile, est, tant par sa dimension que par la situation économique de sa population, dans un contexte beaucoup plus précaire que le quartier des Malassis (bien qu’ils soient pourtant tous deux des NPNRU). Ainsi, là où le QPV des Malassis (en ajoutant la Noue et le Plateau) fait 0,7 km² étendu sur les communes de Bagnolet et de Montreuil, le QPV Grande Ile fait près du double 1,4 km² et occupe une grande partie des surfaces construites de la ville de Vaulx-en-Velin.

En ce qui concerne les revenus, la part d’imposition des ménages y est seulement de 20 % (15 points de moins que les Malassis) avec un revenu des ménages composé à 24 % de prestations sociales pour seulement 58 % de parts d’activité. Un chiffre plus marquant encore, près de 4 habitants sur 10 du quartier voient leur revenu composé à plus de 50 % par des prestations sociales.1

Le quartier du Mas du Taureau est un espace de 0,3 km² situé dans la partie ouest du QPV au sein de la ZAC qui porte le même nom. La ville de Vaulx-en-Velin est actuellement engagée dans un grand processus de destruction des barres et tours pour un réaménagement général de la ville. La ZAC du Mas a récemment terminé la première phase de destruction engendrant (en attendant le projet de réaménagement) un grand nombre d’espaces à l’abandon auxquels la municipalité n’a pas donné crédit.

Bricologis présente dans son diagnostic du quartier2 ces espaces comme des sources de nuisance (sols impraticables, végétaux provoquant des allergies...), mais également des lieux investis pour des activités diverses vus autant comme des opportunités que des nuisances (fêtes de quartier, aménagements transitoires, des espaces de jeux de ballon, des campements pour des populations en transition, des espaces de détente, barbecue, des espaces potagers improvisés...) Nous le reverrons, mais toutes ces occupations et appropriations hétérotopiques ne sont pas souvent bien vues par la municipalité qui entretient des rapports conflictuels avec certaines réalisations spontanées.

1 Indice INSEE 2020 sur le revenu - (QP069018)

2 Bricologis - Diagnostic 360° - Activité et Environnement - Démarche d’obtention de L’Agrément Espace de Vie Sociale, 2020

Terrain d’anciens immeubles occupés par des ‘gens du voyage’

Avenue

Maurice Thorez

Chemin du Petit Bois
Chemin du Grand Bois
Petit bois - zone du four à pain
Terrain de football
Atelier Bricologis et bureau de PP?!
Tour de l’atelier depuis le parking

Abords de Bricologis

Au contraire des environs de l’HYPER de Bagnolet, ceux de Bricologis sont très verts. Cela notamment dû au grand nombre d’espaces à l’abandon lié aux destructions récentes de plusieurs barres. Ces destructions sont liées à un programme de transformation important de la ZAC rattaché au quartier. Un projet de ville dont, d’après le collectif d’architectes PourquoiPas?! (aussi noté PP?!) bon nombre d’habitants ne sont simplement pas au courant.

L’atelier Bricologis est situé dans le ‘Grand Bois’, nom donné au regroupement de sept barres (de 400 logements) gérées par Est Métropole Habitat. L’atelier se trouve au rez-de-chaussée de l’une d’entre elles, encerclé par un grand parking. Il semble constituer le seul lieu d’activité de la zone.

Pour trouver une activité commerciale, il est nécessaire de remonter la rue Maurice Thorez1 sur le rond-point du Mas ou la descendre jusqu’au cours Emile Zola.

À plus large échelle, cette rue constitue un axe majeur. Le bus C3, qui y passe, rattache le quartier à Villeurbanne et Lyon en passant par les deux centres-villes ainsi que le centre économique de La Part Dieu.

Deux chemins partent de l’atelier, le chemin du Grand Bois, vers l’ouest et celui de Petit Bois vers le nord. Au nord de ce dernier se trouve un camp de gens du voyage qui occupent l’espace tant que les travaux de la ZAC ne sont pas lancés. À mi-chemin se trouve un terrain de football, seul espace sportif de ce genre dans les environs immédiats.

C’est à ses abords qu’une appropriation citoyenne a débuté par l’installation d’une roseraie (dans le cadre d’un projet artistique). Bricologis et le collectif d’architectes PP?! ont ensuite lancé un projet d’aménagement par l’installation d’un four à pain, puis de tables et de chaises en béton. Aménagement sur lequel nous reviendrons.

1 Note à part, les deux ateliers étudiés donnent sur un espace Maurice Thorez (dalle ou rue) confirmant un passé communiste commun pour leurs deux municipalités.

Rapport de l’habitant à son espace public

Dans le quartier du Mas du Taureau et de ses environs, la situation semble tendue entre la municipalité et vérifie un certain nombre de points concernant la défiance entre habitant et pouvoir public mis en avant par Lefebvre. On notera cependant que la situation avec les organisateurs du grand projet de ville (échelon nationale) semble meilleure.

Cette situation est décrite par plusieurs habitants du quartier avec lesquels j’ai échangé.

Tout d’abord Jaqueline El Ouarraki, habitante depuis 22 à Vaulx en Velin qui explique qu’il n’y a plus de Centre Social dans le quartier du Mas. Le dernier en date ayant été détruit dans le cadre des travaux de la ZAC. Il avait auparavant brulé par trois fois.

Les expressions hétérotopiques destructives sont nombreuses dans le quartier. Des voitures sont régulièrement incendiées. Cette situation fait que, lorsque Le Collectif du petit bois, association de Jaqueline, demande à organiser un évènement festif nommé « réchauffons l’hiver » à la municipalité, cette dernière en refuse le nom par peur des associations avec les incendies criminels.

Cette situation, le collectif d’architectes PourquoiPas?! en a vécu lCette situation, le collectif d’architectes PourquoiPas?! en a vécu l’expérience avec des actes de vandalisme sur les différents projets qu’elle a réalisée pour l’espace public du quartier.

Ces destructions mettent en avant pour eux (d’après l’interview d’Alina Garkoucha) la difficulté pour des individus extérieurs du quartier d’être vus comme légitimes et acceptés par la population. Les habitants ont vu beaucoup de personnes venir dans une intention de les aider, mais ne jamais rester durablement pour mettre en pratique leurs promesses.

Dans Trois Bricoles et tout un monde, Tamara, architecte et fondatrice de l’atelier Bricologis emploie le terme fort de la peur d’arriver dans le quartier tel un «colon». Un terme que j’ai plusieurs fois entendu et qui semble avoir été donné par quelques habitant à l’atelier à ses débuts. Nous le verrons, le souci de la légitimité des ateliers au sein de leur quartier est un point important pour ces derniers. Un dernier point important souligné par Alina Garkoucha, membre du collectif d’architecte PourquoiPas?!, qui va en droite ligne avec

les propos de Lefebvre, est celui d’un sentiment d’indifférence et de manque de légitimité visible entre certains habitants et leur espace public. Ces derniers ayant trop à faire à se consacrer à leur lieu d’habitation.

Pour citer Alina plus précisément, cette dernière explique :

«Je me rends compte que nous parlons beaucoup de la fabrique de la ville, mais beaucoup n’ont pas encore cette idée-là de créer la ville en commun pour améliorer son quotidien parce que le quotidien de la plupart des familles qui vivent, en tout cas sur le Mas du Taureau, ça se passe chez eux. Donc eux ils ont envie d’améliorer leur chez-soi, mais pas forcément leur espace public. […] Je n’ai pas encore beaucoup d’hypothèse, mais je me dis peut-être qu’en passant les gens se disent, ce n’est pas moi, ce n’est pas pour moi. Voilà, d’autres juste n’y portent pas attention, ce n’est pas chez eux, ce n’est pas autour de leur habitat. Peut-être qu’il y a encore beaucoup de travail de sensibilisation [à faire] autour de ça.»1

(Garkoucha, 2020)

Enfin, si la municipalité de Vaulx-en-Vellin dispose de structures sociales, telle qu’une Maison des Jeunes et de la Culture (MJC) à proximité du quartier du site du Mas du Taureau. Il est difficile de mesurer les impacts sociaux qu’a cette structure sur l’espace public, notamment en cette période.

De manière assez générale, le site semble être actuellement dans un entre deux. Entre les destructions des barres et l’attente des nouveaux projets de villes qui y prendront place.

1 Voir l’interviews d’Alina Garkoucha dans les annexes

Entrées possibles

Les habitants de tout le quartier

Des associations artistiques

Des services sociaux

Enjeux Habitants

la légitimité de l’atelier

HYPER, Bagnolet

lieu d’apprentissage ?

lieu de fabrication

lieu de convivialité ?

Entrées possibles

Les habitants des environs

Des agents du projet sur la ZAC

Des services sociaux

Enjeux Habitants

la légitimité de l’atelier

La question de l’entretien et l’animation de leur espace social

Bricologis, Vaulx

lieu d’apprentissage ?

lieu de fabrication

lieu de convivialité ?

La question de leur lieu de vie

Sorties possibles

Un rayonnement à l’échelle locale voir communale

Animation et rénovation des locaux

Sorties possibles

Un rayonnement à l’échelle locale

Des missions sur le logement

Cadre du regard habitant

La présentation des sites pour le regard du droit à la ville, sur son animation et sa situation sociale permettent de se faire une idée des enjeux et de la manière possible avec laquelle les habitants vont appréhender l’arrivé d’un atelier sur leur site. Si l’habitant a été vu dans un sens large de manière volontaire jusqu’à présent, ce cadrage permet de se faire une idée des acteurs potentiels sur le site qui pourraient avoir une relation avec l’atelier.

Du côté de l’HYPER à Bagnolet, on comprend que s’insère au coeur du dispositif social du quartier un petit espace au sein d’une dalle vétuste. Sa simple présence dans cette structure laisse penser à une volonté de revitalisation et d’animation du site. De surcroit le milieu associatif du quartier y semble déjà important. On imagine ainsi :

- Que le centre aura de multiples échanges avec les acteurs locaux

- Que sa vocation première sera d’animer et de réactiver l’espace où il a été investi

- Que sa présence au coeur de l’espace social du quartier lui donnera un rayonnement important.

Du coté de Bricologis à Vaulx en Velin, on comprend que la situation est au premier abord assez tendue, et que la population semble hermétique à la transformations de ses espaces. Le site étant en plus dans une phase de grande transformation. Le site est également assez isolé, éloigné d’autres structures sociales ou commerciales.

On imagine ainsi :

- Que la question du logement sera particulièrement importante

- Que la légitimité de l’atelier et de ses acteurs sera déterminente

- Que donner des supports aux multiples expressions hétérogènes sera une des missions principales de l’atelier

D’autre part, il faut souligner pour compléter le regard habitant, que dans les deux cas, les collectifs prenant place dans les ateliers ont cherché à organiser des ateliers et réunions pour signaler l’arrivée prochaine de leurs ateliers et ainsi réaliser une préphase pour concerner les habitants et obtenir leurs réactions.

Première partie

Études des entrées et sorties de l’atelier

Espace Perçu

Façade d’entrée de l’atelier

Hyper

Cette partie présente les entrées et sorties directes que peut percevoir un habitant du quartier en s’approchant de l’atelier ainsi que les entrées et sorties indirectes (évènements, médiatisation de l’atelier, bouche à oreille...). Sont présentées par la suite seulement les entrées et sorties les plus pertinentes. La synthèse de la boite noire en présentera l’ensemble. L’objectif de cette partie est de conclure sur des hypothèses concernant le fonctionnement de l’atelier.

L’équipe de l’HYPER, basée sur les jeunes du quartier en services civiques. Aujourd’hui certains d’entre eux sont en CDI. - Photo issue de la page web de l’HYPER

Entrées de l’atelier

Les équipes

Les équipes sont un révélateur de la stratégie qu’ont chaque atelier pour s’intégrer. Il en dit aussi sur l’histoire de la construction du lieu. Cette information est connue des habitants, à minima car ces gens ouvrent les portes de l’atelier, et en sortent régulièrement tout au long de la journée. Mais également car cette information est relayée au sein de la communauté des habitants, par le bouche à oreille.

Une stratégie d’intégration passant par la jeunesse du côté de l’HYPER,

L’équipe de l’HYPER est composée de trois fabmanagers, tous de jeunes hommes d’une vingtaine d’années. Ce sont tous des habitants du quartier des Malassis qui y ont passé leur enfance. Yaspluk, le collectif d’architectes qui a créé la structure, m’a expliqué qu’il s’agissait d’une intention dès le début. Les fabmanagers ont tout d’abord été pris en service civique. Mr Zahrouni, un des fabmanagers m’a expliqué ensuite que son statut a évolué au fur et à mesure de la prise d’autonomie de l’atelier (il est passé par le CDD et l’auto-entreprenariat avant d’avoir finalement son CDI à l’HYPER).

L’équipe est donc composée de trois fabmanagers à temps plein et indépendants ainsi que de plusieurs jeunes en services civiques qui tournent régulièrement.

Cette démarche en dit long sur la volonté d’aide à l’autonomie de l’atelier sur lequel nous reviendrons. Ce que l’on en retient pour notre boite noire c’est surtout le choix d’une équipe permettant une intégration immédiate de l’atelier dans son environnement social, et un rayonnement apporté par le bouche à oreilles à travers les différentes communautés concernées.

L’équipe de Bricologis, basé sur noyau inspiré par la permanence architecturale auquel s’ajoute une communauté d’habitants actifs et d’artisans locataires de locaux dans l’association.

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