Hay Mohammadi Åü fïl dës ørïgïñës


Un projet de Manon Troux et de Initiative Urbaine, dans le cadre du Musée Collectif de Casablanca, Atelier de l’Observatoire
Un livret réalisé en octobre 2019 dans le cadre du Musée Collectif de Casablanca. Auteur : Manon Troux, traduit en arabe classique par Latifa Boualous, Douaa Bakkar, Ghita Benbellag, Hiba Rahmoune et Fatima-Zahra Zerktouni.
Hay Mohammadi, Au fl des origines est un projet de collecte. Une collecte de témoignages, de récits de vie et d’anecdotes. Une collecte sur le passé, le présent et l’avenir de ce quartier.
Le récit de Hay Mohammadi se construit par l’histoire de ses familles, qui ont fait de ce quartier un lieu emblématique de Casablanca. De son passé marqué par l’exode rural à aujourd’hui, quels sont les parcours de ses habitants, et qu’est-ce que cela révèle de l’identité actuelle du quartier ?
D’avril à juillet 2019, nous sommes allés à la rencontre de celles et ceux qui font vivre le quartier. Nous avons été accueillis par des associations, des institutions et des habitants. De lieux en lieux, nous avons déplacé des tableaux de liège, une carte routière du Maroc et des fls de laine. Ces cartes étaient notre support d’échange, autour duquel nous avons débattu, écouté, questionné.
Sur ces cartes, nous avons relié les lieux d’origines et les projets d’avenir. L’accumulation des parcours individuels passés et projetés révèle l’ensemble des cultures différentes qui composent le quartier, mais aussi la dynamique qui le caractérise.
Ce livret permet de retracer cette aventure. Il est le témoin écrit de ces récits parfois poétiques, percutants, contradictoires et visionnaires, où chaque témoignage représente une facette de Hay Mohammadi.
Pour mener ce projet, Manon Troux, architecte et doctorante de l’Université Paris Nanterre et Initiative Urbaine, association de quartier basée à Hay Mohammadi, ont uni leurs forces.
Hay Mohammadi, Au fl des origines fait partie du Musée Collectif de Casablanca, porté par l’Atelier de l’Observatoire. Le Musée Collectif de Casablanca est un musée citoyen et participatif de la mémoire collective des quartiers.
Manon Troux est architecte diplômée d’état et doctorante à l’Université Paris Nanterre, au sein du Laboratoire Architecture Ville Urbanisme et Environnement (LAVUE UMR 7218 CNRS). Formée par Architectes Sans Frontières, elle mène des recherches dans des contextes urbains périphériques et précaires au Maroc, au Brésil et en France. Sa thèse s’intéresse aux transformations à l’œuvre dans le quartier de Hay Mohammadi à Casablanca.
jeunesse du quartier par la promotion et la participation à des actions communautaires. Son ambition est d’inscrire ses projets dans une démarche de transformation des mécanismes plutôt que l’aide à des services directs.
L’association se concentre sur 3 axes principaux :
- Améliorer le niveau scolaire des enfants et des jeunes, à travers la mise en place de cours de soutien scolaire et d’un centre de langue et de communication,
- Renforcer l’employabilité des femmes et des hommes, jeunes et adultes, via des ateliers et la mise en service d’un espace d’accompagnement vers l’insertion professionnelle,
- Consolider le lien entre la population et le territoire.
L’Association Initiative Urbaine a été fondée en 2002 par des jeunes femmes et hommes du quartier Hay Mohammadi, sensibles aux problématiques que connaît leur territoire et consciencieux de leur environnement.
L’association s’est donnée pour mission d’améliorer la qualité de vie des habitants et de contribuer à l’épanouissement de la
Au cours du projet Hay Mohammadi Au fl des origines, l’ensemble du personnel salarié et des bénévoles de l’association ont contribué à sa mise en œuvre. Ont été particulièrement impliqués Abdeljalil Bakkar Secrétaire Général de l’association, Latifa Boualous Coordinatrice des activités du centre socioculturel, qui a eu le rôle d’animatrice et de traductrice, Zahoua Tahoune Coordinatrice des activités du centre de langues et de communication, Lucile Poli Chargée de Projet, Mohammed Jahouar Responsable des animateurs (bénévole), Bouchaib Alhouane Superviseur, Sanna Bakkar Animatrice (bénévole) et Hiba Rahmoune, Fatima-Zahra Zerktouni, Douaa Bakkar et Ghita Benbellag pour la traduction (bénévoles).
L’Atelier de l’Observatoire (Casablanca) est un espace d’art et de recherche qui développe des projets participatifs socialement engagés, en rapprochant artistes, étudiants, chercheurs et habitants.
Engagé dans des pratiques artistiques et citoyennes pour un changement sociétal, l’Atelier de l’Observatoire concentre ses actions autour de la marge, qu’elle soit géographique (quartiers périphériques des villes, milieu rural, territoires marginalisés), historique (narrations invisibilisées) ou sociale (communautés les plus fragilisés).
Le Musée Collectif est un musée citoyen de la mémoire des quartiers qui propose un processus partagé d’écriture de l’histoire de la ville par ses habitants. Il prend la forme d’une série d’ateliers, de rencontres, de projets artistiques et d’expositions temporaires dans plusieurs quartiers - Ain chock, Ancienne Medina, Ben M’sick, Bernoussi, Sidi Moumen, Oulfa, Hay Mohammedi - avant son installation dans l’Ancien Aquarium de Casablanca.
Le Musée Collectif accueille des objets, documents, archives et récits des habitants sur l’histoire de leurs quartiers en valorisant l’intime, le marginalisé et les récits invisibilisés.
et créations en design, architecture, journalisme, création sonore, cinéma, philosophie pour enfants, visites guidées, théâtre, danse et autres créations multidisciplinaires pensées et conçues à partir des enquêtes et mémoires collectées.
Il permet de mener des recherches, souvent inédites, et d’enquêter et réactiver la mémoire des quartiers casablancais, et notamment des récits de familles, des lieux, des pratiques, des objets, des plantes, des paysages et des personnes.
Nous remercions l’équipe de l’Atelier de l’Observatoire pour le soutien : Mohamed Fariji co-fondateur, Sabrina Kamili Chargée de partenariats, Abdeslam Ziou Ziou Chargé de projets et de recherche, Hasna Jabir Chargée de projets, Hanane Benyahia Administratrice, Said Raami Régisseur, Elodie Sacher et Lisa Saintout Chargées de documentation.
Il se développe à travers des ateliers
Casablanca est le poumon industriel du Maroc. La ville compte plus d’un million d’immigrants venus des campagnes1 Aux limites de la commune, un bidonville de 49 000 habitants, nommé Carrières Centrales, est le lieu d’accueil d’une main d’œuvre indispensable à la production industrielle de la ville et du pays. Le bidonville va fortement marquer l’histoire sociale, politique et urbaine de la ville, en devenant le berceau de luttes armées et de mouvements de résistance culturelle. En 1956, à l’indépendance du Maroc, Carrières Centrales est renommé Hay Mohammadi, en hommage au Roi Mohammed V venu y prononcer un discours.
Casablanca est la capitale économique et la plus grande ville du Maroc. Elle fait partie des cinq métropoles africaines les plus attractives2. Un siècle après la construction des premières baraques, Hay Mohammadi est un arrondissement de Casablanca, comptant 138 000 habitants. Qualifé de « populaire », le quartier est constitué d’anciennes cités ouvrières et d’immeubles d’habitation.
Casablanca est une métropole en profonde mutation. Auparavant aux limites de la ville, Hay Mohammadi est à présent un quartier géographiquement central dans l’espace métropolitain. Progressivement, le quartier se transforme sous l’infuence de ces fortes dynamiques, qui modifent son identité. En 2016, les dernières baraques de Carrières Centrales ont été détruites par les autorités, laissant un vaste terrain vide, en friche. Les habitants ont été déplacés en grande périphérie sud, dans la commune de Lahraouiyine.
1 - ESCALLIER Robert, « Espace urbain et fux migratoire : le cas de la métropole économique marocaine, Casablanca. » in : Méditerranée, troisième série, tome 38, 1-1980, pp. 3-14
2 - Rapport PwC, Into Africa - The continent’s Cities of Opportunity, mars 2015, p. 8
Hay Mohammadi, Au fl des origines nous a permis d’ouvrir un espace de dialogue. Un lieu d’échange, pour mieux comprendre le quartier d’hier, d’aujourd’hui et de demain. Des habitants fraîchement arrivés, tout comme d’autres installés depuis plusieurs générations, nous ont livré leurs visions du quartier. Ensemble, nous nous sommes demandés comment défnir Hay Mohammadi aujourd’hui ?
Mais aussi quelles sont les mutations actuellement en cours et comment sontelles vécues et perçues au quotidien ?
De façon plus personnelle, ce projet est une rencontre. La richesse de nos échanges m’a permis de découvrir :
• un quartier multiple, par ses origines mais aussi par ses atmosphères, de Mouahidine à Dar Lamane, en passant par Hay Adil. J’ai découvert qu’hier comme aujourd’hui, le Hay continue d’accueillir des personnes venues de tout le pays,
• un quartier mystérieux, où l’on revendique ses origines, mais où on les raconte peu ; où le sentiment d’être Casaoui ou d’être du Hay prend le pas sur des récits venus d’autres régions du Maroc,
• un quartier accueillant, au doux parfum
de brioches à la feur d’oranger,
• un quartier contradictoire, où l’idée du changement fait consensus mais où la façon de le percevoir est multiple.
La suite de ce livret donne la parole aux habitants que nous avons rencontrés dans le cadre des ateliers. Pour donner à lire ces témoignages, nous avons enregistré chaque atelier, puis transcrit et traduit les récits. Les textes présentés respectent les expressions et le vocabulaire utilisés par les participants. La colonne vertébrale du livret reprend le fl chronologique de nos échanges lors des ateliers. Ces témoignages sont un instantané, une façon de penser le quartier aujourd’hui. La multitude de ces trajectoires individuelles forme un récit plus global, où les parcours de vie s’entremêlent avec la transformation des espaces urbains.
Le projet Hay Mohammadi, Au fl des origines est né de la rencontre avec Manon Troux, il y a près d’un an.
Manon était venue au siège par le biais des rencontres de la Serre sur le toit, un événement organisé par l’Atelier de l’Observatoire et Initiative Urbaine. Elle avait évoqué avec nous son idée de projet cartographique. Le projet tel que présenté aujourd’hui est un projet qui s’est construit de fl en aiguille, au gré des discussions entre Manon, Abdeljalil et Emeline, chargée du développement à l’association à ce moment-là. Peu de temps après, Lucile et Latifa ont pleinement rejoint l’équipe.
Ainsi ce projet est le fruit d’une rencontre et de rencontres avec des positionnements et des ressentis différents au sein même de l’équipe. Pour toute l’équipe d’Initiative Urbaine ce projet représentait un fort intérêt car il permettait de renouer avec une partie de la population du Hay et de prendre contact avec des acteurs associatifs avec qui nous n’avions encore jamais collaboré jusqu’à ce jour. Il a permis de nouvelles rencontres enrichissantes, et aussi de retrouver la population de
Carrières Centrales, aujourd’hui répartie entre plusieurs quartiers de la ville.
Ce fut également une expérience enrichissante d’un point de vue personnel pour les membres de l’association. Animer des ateliers où les participants sont invités à se livrer, au détour d’une conversation sur l’avant, l’après et le maintenant de leur vie dans le quartier, n’est pas un exercice aisé. Et même si l’association avait pu déjà s’essayer à l’exercice il y a quelques années, ce n’est pas quelque chose de facile, tant cela touche à l’intime. D’autant que l’équipe a joué tour à tour le rôle d’animateur et de participant, car la majorité est issue du quartier de Hay Mohammadi. En tant qu’association, cela nous a permis de reprendre la pleine mesure du contexte dans lequel nous intervenons.
Initiative Urbaine, Derb Moulay Cherif • Initiative Urbaine est une association de quartier dédiée à la réussite de la jeunesse et au renfort du lien social • Centre de Langues et de Communication, Hay Adil • Le Centre propose diverses activités scolaires et parascolaires pour les enfants, les jeunes et les adultes. Des cours de langues, de soutien scolaire, d’alphabétisation, d’éducation non formelle et des formations en informatique sont dispensés • Association Relais Prison-Société, Dar Lamane • Créée en 2005, cette association lutte contre la récidive par la réhabilitation et l’aide à la réinsertion des sortants de prison. Nous avons rencontré des anciens détenus vivant et ayant grandit à Hay Mohammadi • Chez Houria Lazaar, Lahraouiyine • Houria Lazaar est professeur d’arabe classique au Centre de Langues et de Communication. Elle vivait auparavant à Carrières Centrales. Elle nous a reçu chez elle, et elle a convié ses voisins qui, comme elle, vivaient à Carrières Centrales avant sa destruction • Association AMAL Marocaine des Handicapés AAMH, Laâyoune • L’association AMAL est une ONG nationale créée en 1992. Elle aide les personnes en situation d’handicap en leur accordant le soutien nécessaire en terme d’accompagnement pour l’éducation, la formation, l’emploi, ou encore le matériel • Faculté des Sciences Juridiques
Economiques et Sociales, Aïn Sebaâ • La faculté FSJES est un établissement public d’enseignement supérieur. Nous avons rencontré des étudiants vivant ou ayant vécu à Hay Mohammadi • Chez Abdelmajid Akhrif, Mouahidine • Abdelmajid Akhrif nous a convié dans la cour intérieure de sa résidence située au sein du quartier Mouahidine, où nous avons rencontré ses voisins • Association Nostalgia Derb Moulay
Cherif • L’association Nostalgia regroupe des habitants et des anciens habitants de Derb Moulay Cherif • Association Marocaine pour la Solidarité et l’Action Sociale Dar El Mouatine, Hay Adil • Cette association dispense des cours à destination des femmes, tels que des cours de cuisine, de couture et d’alphabétisation • Papillons Rebelles, Derb Moulay Cherif • Papillons Rebelles est un collectif de femmes artisanes spécialisées dans la couture • Association Rahma
Lilkhayr, Projet 2 • Cette association s’occupe des orphelins et des enfants des rues •
Je suis né à Berrechid. Mon oncle travaillait à Cosumar la nuit. Sa femme restait seule à la maison. Il a décidé de me faire venir pour que je puisse rester avec sa femme. J’avais 6 ans • Mohamed • Au village il n’y avait pas de travail. Si tu veux travailler, il faut que tu ailles à Casablanca • Je suis née à Hay Mohammadi, Derb Moulay Cherif, rue 1. Je suis originaire de Ouarzazate. D’un village de la région de Ouarzazate. Mon père est venu à Casablanca à l’âge de 12 ans, pour le travail. Il a acheté un terrain à Derb Moulay Cherif et il a construit son appartement. Il est venu tout seul à Hay Mohammadi. On vit toujours dans la maison que mon papa a construit. On est nés là-bas, on a grandit là-bas, on restera là-bas jusqu’à la mort inchallah • Najat • Je suis originaire de Marrakech. Mon père est venu à Hay Mohammadi, puis ma mère. Mon père voulait venir ici pour voir la mer et puis après il a habité à Hay Mohammadi • Ahmed • Je suis née dans la région de Ouarzazate. Le grand atlas. Zaouia El Kadi. Je suis arrivée à Hay Mohammadi à 42 ans, et je m’y suis mariée • Kaltoum • Je suis née à El Jadida. Mes parents y sont toujours. Je suis venue chez ma tante, pour faire mes études d’alphabétisation Je suis arrivée il y a 8 ans. Je retourne chaque année à El Jadida, l’été • Najat • Je me suis mariée et je suis venue au Hay, car mon mari est un fls du Hay. Mon mari c’est Bouassa, un grand joueur de football • Aïcha • Lorsque j’étais enfant, je venais en congés à Casablanca, chez ma grand-mère, à Hay Mohammadi. Casablanca
voyager dans un autre pays. J’ai essayé de convaincre mes parents pour vivre avec ma grand-mère. J’ai obtenu mon bac et je suis restée chez elle. Le jour où elle est décédée, j’ai pris un appartement à Grande ceinture. Et maintenant si tu me prends pour aller à Khénifra, je reste deux jours, trois jours, et je reviens à Hay Mohammadi. Il y a beaucoup de choses que j’aime ici. En plus du travail, il y a des endroits pour se défouler et s’amuser. Pourquoi je ne voulais pas m’installer à Khénifra ? Parce qu’il n’y avait pas de travail, il y a que de la nature. Je suis venue pour construire ma carrière, mon futur • Nadia •
Moi je suis née à Saf. Mon père travaillait là-bas. Mais son travail a changé de siège, on était obligé de venir. Au début c’était diffcile de s’intégrer avec les coutumes des casablancais. C’était un peu dur. Parce que toute notre famille réside à Saf. Et ici, lorsque l’on a déménagé, on était seuls, on ne connaissait personne, c’était un peu diffcile. La première des choses c’est le langage. Il est un peu différent par rapport à notre propre langage de Saf. Je ne parle pas du langage arabe. Il y a ce qu’on appelle l’argot. L’argot ça change un tout petit peu. Ici on s’est senti, auparavant pas maintenant, on a senti qu’on était un peu étranger par rapport aux autres personnes. Mais ce n’était pas notre sentiment à nous seuls. C’était le sentiment de tout le monde. Parce que le quartier où nous étions, il y avait des personnes, chacun est venu d’un endroit. Ce ne sont pas des personnes qui sont originaires de Casa. Chacun vient d’une région, peut-être pour un motif de travail, peut-être pour une autre raison etc… Mais avec le temps, on arrive à s’intégrer, c’est très bien. On a trouvé une autre famille, même si ce n’est pas notre famille, on est devenu une famille.
• Naima •
Mon grand-père était cheminot, il travaillait dans les chemins de fer. Mes parents étaient à Socica. L’histoire de Casablanca est riche, il y a beaucoup d’origines. Parce que c’était un lieu de commerce, économique. Les gens viennent pour travailler. Ils ont trouvé ce qu’ils souhaitent : la stabilité fnancière. Il y a aussi beaucoup de raisons pour lesquelles ils ont quitté leur pays d’origine. Il y a des gens qui ont fui le protectorat, il y a des gens qui sont venus par la famille. Il y avait des guerres dans les campagnes. Mon grand-père fuyait ce phénomène.
Mon enfance était tout à fait normale, comme tous les enfants. Je suis très très fer d’être né à Carrières Centrales, Hay Mohammadi. Au départ, il y avait trop de monde. Il y avait un problème d’électricité. Il y avait des bougies, des lampes. Il y avait de l’eau potable, des sources par quartiers, puis après des robinets. On devait apporter notre eau pour nos besoins. Vers la fn des années 1990, il y avait de l’eau et de l’électricité dans chaque maison. • Aziz •
On est arrivés à Hay Mohammadi avant la marche verte, en 1974/1975. Lorsque j’étais en CM2, on a déménagé dans une maison devant Carrières Centrales. La première fois, on a trouvé des différences. On habitait à Derb Sultan, à côté de kissariat Lhafari, quartier spagnioli, une grande maison. Lorsqu’on est venu habiter à Hay Mohammadi, on a trouvé des différences de Hay Mohammadi à Derb Sultan. C’était diffcile de déménager de Derb Sultan à Hay Mohammadi, à côté de Carrières… Lorsqu’on habitait à Derb Sultan, pas de Carrières, seulement des maisons. On était pas habitué. On va rester lundi, mardi, mercredi, jeudi, vendredi, on va à Derb Sultan. On reste vendredi, samedi, dimanche, on part pour l’école. Mais on s’est habitué à Hay Mohammadi. C’est très bon Hay Mohammadi. Même si on habitait devant les Carrières Centrales. Les habitants de Carrières Centrales sont des gens très bons. On a créé une relation avec eux. Mes frères, mon père… ce sont des gens bons… Il y a de la solidarité.
De l’intérieur...
...et de l’extérieur
A Hay Mohammadi sont nés plusieurs artistes, qui sont reconnus ici au Maroc, comme Nass El
Ghiwane et Dounia Batma
• Fatima-Ezzahra
• Carrières Centrales, c’est un monument historique • Il y avait 4 cinémas à Hay Mohammadi : Cinéma Saada, Cinéma Cherif, Cinéma
Massira, Cinéma Farah. Les cinémas c’était la télévision offcielle •
Hamza • Mes parents ne sont pas venus pour le travail, mais pour la résistance • Fouzia • Il y avait une danse qui s’appelait Smuff, l’année 1986. C’est de beaux souvenirs. Une danse populaire, venue des Etats-Unis. Il y avait une compétition entre les quartiers. Talaza Dahabiya, ou Blues band, c’était le nom du groupe du Hay
• Ahmed • C’est Carrières Centrales qui a fait l’indépendance du Maroc. Pendant la colonisation, il y avait des armes de contrebande cachées dans des pastèques
• Nadia • Pour Hay Mohammadi, il y avait un seul bus. Le 2. Lorsque le car te dépose à Hay Mohammadi, tu ne sais pas où aller, du coup tu prends le bus 2. Il y avait que des Carrières, pas de bâtiments. Le bus 2 TAC • Said • Presque tout l’art est sorti de Hay Mohammadi • Khadija • C’était vraiment une grande joie et une ferté d’aller au cinéma • Ahmed • Hay Mohammadi c’est l’un des noyaux de Casablanca quand on parle de luttes • Mon père est venu à Hay Mohammadi en 1956. L’indépendance.
Il a vu Sa Majesté le Roi Mohammed V lorsqu’il est venu à côté de la mosquée. Une grande foule, tous les habitants de Hay Mohammadi saluent le Roi. C’était une grande joie. Il est venu, il a inauguré la mosquée. Mon père nous a raconté que notre maison était la seule dans le quartier. Elle était comme le village. Des terres vertes… Il n’y avait pas beaucoup de maisons. C’était la première du secteur • Mariam •
Je fais partie des habitants originels de Hay Mohammadi. Je suis née à Cosumar. Lorsque j’étais petite, ma mère m’emmenait à la mer à côté de Cosumar. Aujourd’hui ce n’est plus possible. C’est devenu un autre monde. Des nouveaux habitants, des nouvelles habitudes, tout a changé là-bas. Un jour je voulais aller là-bas mais je ne me rappelais pas du chemin • Malika • Avant il y avait la famille, les voisins et l’entourage qui prenaient en charge les diminués. Aujourd’hui il y a des associations, il y a la commune, il y a beaucoup de programmes qui viennent en aide aux personnes diminuées • Aziz • à Hay Mohammadi, il y a à la fois la tradition et la modernité
• Youssef • Depuis que les Carrières sont parties, c’est diffcile. Il n’y a pas d’ambiance. Vide, vide, vide. Il y a le tram, on entend le son du tram • Malika • Les lignes de tramway qui sont proposées ici, c’est la civilisation. C’est une civilisation. Quand on monte dans le tramway, on est civilisé. Quand on descend, notre vérité nous frappe à la fgure • J’aime Hay Mohammadi car c’est un quartier populaire. Populaire parce que les gens ici ont un mode de vie simple
• Lina • Il y a une évolution. Considérable, touchable et louable • Le Hay c’est une école sans cartable • Bouchra • Ils ont détruits Carrières Centrales, depuis j’habite à la rue
• Hay Mohammadi a beaucoup donné pour les gens, puis ils sont partis • Said • Il n’y a plus de bidonvilles. On a une bonne infrastructure culturelle et sportive.
Beaucoup de terrains de proximité • Abdelmajid • La Kissariat c’est comme Jamaâ El-Fna de Marrakech
• Ahmed • Beaucoup de choses ont changé. Les gens, les rituels… Il y avait des rituels particuliers à Hay Mohammadi. Par exemple si mon voisin a son enfant ou son frère qui est malade, je vais aller lui rendre visite, alors que maintenant non, les portes sont fermées, on ne parle pas, il n’y a pas de visites. Il n’y a plus ce rituel, tout le monde ferme sa porte • Les gens qui arrivent ne savent pas comment s’adapter au rythme, aux gens, avec les anciens, avec les traditions • On a tout mais il nous manque de tout
• Najat • En détruisant Carrières Centrales, ils ont détruit Hay Mohammadi •
Ce projet nous a permis aussi de nous connaitre, parce qu’on est voisins depuis plus de 10 ans. Et on a jamais discuté. Plus de 15 ans enfait. 20 ans qu’on est là. ça fait 20 ans qu’on habite là, ici. Plus de 20 ans.
• Quartier Mouahidine, le 4.07.19 •
Parmi mes meilleurs souvenirs dans ma vie à Hay Mohammadi, c’est que c’était le plus beau des quartiers quand il y avait des bidonvilles, et quand tu voyais la solidarité entre les gens. Mais ces derniers temps on a commencé à voir Hay Mohammadi d’une autre façon, vu que tout est devenu vide, mais ces choses ne sont pas importantes. Il y a la Kissariat Hay Mohammadi où ils vendent des belles choses surtout de la nourriture, comme les escargots et skafkaf. Et il y a d’autres choses au Hay comme Foum lahcen, où ils vendent des belles couvertures. Mais le meilleur endroit pour moi c’est le café de mon grand-père où tu peux rencontrer toutes les cultures du Maroc.
Pendant Aïd El Adha, tout est disponible, il y a les marchés de moutons, les beaux jours commencent, tout le monde est solidaire. Pour celui qui ne peut pas assurer ses besoins, je vois les gens qui se cotisent entre eux pour l’aider, et pour qu’il puisse rendre ses enfants heureux. Tout le monde travaille, si tu sors tu trouveras tout ce que tu veux. Après l’Aïd, il y a Achoura où les femmes et les flles commencent à jouer aux tambours. Il y a des pétards, et on passe une nuit pleine d’ambiance. Et juste après il y a Zamzam où l’on joue à l’eau toute la journée. Bref, la meilleure chose c’est Hay Mohammadi parce que je fnirai jamais d’en parler.
Mon père et ma mère disent que mon frère est malade de Hay Mohammadi, Il n’arrive pas à sortir de sa maison. Nous aussi on a la maladie du Hay. Hay Mohammadi est un amour. Une addiction. Hay Mohammadi c’est l’amour !
• Najat •
Je quitte Casa et je reviens à Casa. J’aime Casa. On s’est habitué à Casablanca. A côté de tout, la mer, la nature… Casa à son charme. Si le poisson sort de la mer, qu’est-ce qu’il fait ? Il meurt !
• Mahjouba •
Pour avoir un musée collectif qui réunit les traditions, je trouve qu’il y a un lieu symbolique, c’est Carrières Centrales. Parce que c’est l’origine des Casablancais. Et ça, j’insiste. J’insiste. J’insiste. J’insiste. J’insiste. Parce que c’est le lieu... C’est un symbole pour les casablancais. Carrières Centrales. De la vie, la souffrance, la durabilité, le développement, le social, la politique, tout ça… C’est la résistance, c’est la culture, c’est le social, c’est beaucoup de choses… c’est le nid des travailleurs. ça reste toujours comme ça. Et si ce musée est installé à Carrières Centrales, il va y avoir un effet global, beaucoup d’avenir à Hay Mohammadi et Casablanca. C’est un symbole. Carrières Centrales.
On a envie de rester à Hay Mohammadi. Mais pour les études ou le travail, j’aimerais bien aller à l’étranger • Moi vraiment j’ai l’intention de changer de quartier, mais vers l’Europe. Pourquoi ? Car avec ma flle, parce que j’ai une petite flle, et ce n’est pas parce que je veux changer de Casablanca, Hay Mohammadi, le Maroc en général. Mais vraiment avec ma petite flle j’aimerais bien, si je peux, découvrir d’autres villes, d’autres pays, pour un avenir «plus», pourquoi pas, au niveau de ses études. Nous on veut que nos enfants découvrent le monde, découvrent d’autres pays, découvrent d’autres études • Aziza • Si on reste à Hay Mohammadi, on ne va pas avoir d’argent • Faris • Je veux aller en Amérique. Pour que les étrangers connaissent notre religion • Oussama • Le meilleur quartier c’est Hay Mohammadi. Je vais déménager à Sidi Moumen mais j’ai le sentiment que je n’arrive pas à quitter le Hay. Je vais déménager parce que à Hay Mohammadi je suis juste locataire, mais à Sidi Moumen je suis propriétaire • Mon projet est d’aller en Corée du Sud pour faire des études d’ingénieur • Ghita • Moi si je change de quartier, c’est parce qu’il n’y a pas d’amélioration. Le quartier il recule. On le sent par rapport à la scolarité, la délinquance, par rapport à pas mal de choses. Donc on a peur pour nos enfants
• Jawad • Dès que j’obtiens mon bac, je vais aller faire mes études au Canada. Ma
là-bas, à Montréal. Je veux faire des études d’économie • Riham • Hay Mohammadi son grand problème c’est le déménagement des gens. à un certain niveau, les gens, ils déménagent • Mohamed • Moi je veux continuer mes études en France, comme mon frère. Il étudie à Lyon • Pour moi Hay Mohammadi,
choses
je veux
besoin. Par exemple, moi je veux continuer mes études, mais les études que je veux faire, elles ne sont pas au Maroc. Même si c’est au Maroc, je préfère aller à l’étranger, gagner un petit peu d’argent et après je reviens au Maroc • Badreddine •
tante habite
c’est quelque chose que j’aime, mais il ne contient pas les
que
et dont j’ai
L’ambiance c’est Hay Mohammadi, mais les gens qui font l’ambiance c’est les personnes qui sont à Lahraouiyine. Il y a beaucoup de gens de Lahraouiyine qui passent la journée à Hay Mohammadi. Ils reviennent dormir à Lahraouiyine. On est parti de Carrières Centrales, pour une chose qui est moins bien que Carrières Centrales. C’est pas logique. Mais il n’y a pas de supermarchés, d’endroits pour les enfants, il n’y a pas beaucoup de choses.
Quand tu dis Carrières Centrales, tu dis Mesnaoua, tu dis Nass El Ghiwane… Des gens qui ont fait l’ambiance. Il y a même des docteurs qui sont nés à Carrières Centrales. Je pense que Lahraouiyine ne va pas faire des gens comme ça. Parce qu’il n’y a pas des choses qui vont améliorer par lui-même. Je vais prendre mon cas. J’ai une idée, mais où je vais la partager ? Il n’y a pas des espaces, comme l’Association Initiative Urbaine, où je vais faire du théâtre, de la danse… C’est ce qu’il manque à Lahraouiyine.
Je suis née dans l’ancienne médina. Mes enfants aussi. Nous sommes venus à Carrières Centrales car mon mari a acheté là-bas. J’habite Lahraouiyine depuis 7 ans. Je me sens confortable ici. Maintenant, j’ai ma propre maison. à Carrières Centrales, c’était des bidonvilles, la pluie rentrait chez moi. On manquait de sécurité. On avait peur du feu. à Lahraouiyine, il y a la sécurité, tu fermes ta porte, personne ne te parle, personne ne te fait du mal. Je suis tranquille. Je fais mes achats à la Kissariat de Hay Mohammadi. Le mode de vie là-bas est moins cher. C’est seulement cette année que des petits supermarchés ont ouverts à Lahraouiyine. Avant j’étais obligée de me déplacer au Hay. Avant, à la station de tram Carrières Centrales, il y avait un marché. Maintenant que le tram passe là-bas, les commerces ont déménagés à Lahraouiyine. Ils vendent des fruits, des légumes… Je suis contente qu’ils soient venus faire leur commerce ici à Lahraouiyine.
Vu par Sadek...
...et Fatima
Quand je suis partie au Texas, chez mes enfants. Mes trois enfants. J’étais pas heureuse. J’étais triste, je pleurais tout… souvent. J’ai habité un an. J’étais pas heureuse. Je voulais revenir à tout prix. Parce que la langue, je parlais pas l’anglais, c’était une complication. Tout automatique, tout avec les boutons, tout avec les... C’est pas comme chez nous. Chez nous, il y a beaucoup de facilités. Les gens sont gentils, ils vous montrent. Là-bas, personne ne vous montre. Dans tout le Maroc, les gens aident, ils vous facilitent la vie. Iek ? Tout est moins cher. Tout est bon. C’est la vérité hein, c’est la vérité. Je préfère rester au Maroc • Fatna • Tous les gens qui sont ici, même les anciens, ils ont un lien avec le quartier Hay Mohammadi. C’est notre mère. Même si on déménage on va toujours revenir ici, sentir l’air du quartier • Jawad • Si je pouvais, je reviendrais habiter au Hay • Najat • Je suis née à Derb Moulay Cherif. Le quartier a changé. Il n’y pas plus les Carrières. Les gens qui étaient à Hay Mohammadi, il n’y en a plus. Mes amis d’enfance ont quitté le quartier. Pour le mariage, pour le travail, d’autres qui ont déménagé avec leurs parents, d’autres parce que leur maison menaçait de s’effondrer, ce qui les as obligés à déménager. C’est obligatoire qu’ils reviennent. Les habitants de Derb Moulay Cherif vont revenir. Moi je me suis mariée à Roches Noires.
ça fait deux ans. Mon enfant est né la-bas. Et après je suis revenue à Derb Moulay
Carte A
• Association Initiative Urbaine
• Association Rahma Lilkhayr •
Papillons Rebelles • 60 participant·e·s • Carte B
Communication
• Centre de Langues et de
• Association Marocaine pour la Solidarité et l’Action Sociale
Dar El Mouatine • 55 participant·e·s • Carte C
Derb Moulay Cherif
Carte D
• Association Nostalgia
• Association Relais Prison-Société • 17 participant·e·s
• Faculté des Sciences Juridiques Economiques et Sociales •
Association AMAL Marocaine des Handicapés AAMH
• Chez Houria Lazaar,
Lahraouiyine • 33 participant·e·s • Carte E • Chez Abdelmajid Akhrif,
Mouahidine
• 19 participant·e·s •
aux participantes et participants,
Mahjouba
Amina
Safa
Khadija
Ahmed
Ilias
Fatima-Ezzahra
Abdelmajid
Amine
Amine
aux associations, aux institutions et à celles et ceux qui nous ont ouvert leurs portes,
M. Idriss Abbadi • Doyen de la Faculté des Sciences Juridiques Economiques et Sociales Aïn Sebaâ
M. Abdelah Achahou • Président de l’Association Marocaine pour la Solidarité et l’Action Sociale Dar El Mouatine
M. Abdelmajid Akhrif • Représentant du syndicat d’habitation de la résidence Al Mouahidine
M. Abdeljalil Bakkar • Directeur du Centre de Langues et de Communication Hay Adil et Secrétaire Général de l’Association Initiative Urbaine
Mme Bouchra Belmouffeq • Vice - Doyen de la Faculté des Sciences Juridiques Economiques et Sociales Aïn Sebaâ
Mme Fatna El Bouih • Présidente de l’Association Relais Prison-Société
Mme Fatima Imsrour • Formatrice au sein de l’Association Marocaine pour la Solidarité et l’Action Sociale Dar El Mouatine
Mme Mbarka Kenzaz • Directrice pédagogique de l’Association AMAL Marocaine des Handicapés AAMH
Mme Fouzia Khalkhal • Présidente de l’Association Nostalgia Derb Moulay Cherif
Mme Houria Lazaar • Professeur d’arabe classique au sein du Centre de langues et de communication
M. Youssef Maddad • Directeur de l’Association Relais Prison-Société
Mmes les membres du Collectif Papillons Rebelles
Mme Khadija Manar • Présidente de l’Association Rahma Lilkhayr
M. Youssef Rkhiss • Président de l’Association AMAL Marocaine des Handicapés AAMH
Mme Zahoua Tahoune • Coordinatrice des programmes au Centre de Langues et de Communication
aux personnes ayant contribué à la réalisation de ce livret,
Mme Céline Bernard • Graphiste, pour son accompagnement dans la mise au point de la charte graphique
MAMMA GROUP, Mémoire des architectes modernes marocains • pour la diffusion de leur fond de plan de Hay Mohammadi et Aïn Sebaâ
p1 • Couverture et charte graphique
• réalisée à partir d’un fond de plan de Hay Mohammadi et Aïn Sebaâ de MAMMA GROUP, Mémoire des architectes modernes marocains • p6
• Portrait Manon Troux • Fleuriane Spada, lesgraphismesdefeur
• p10 • Photographies • Association Initiative Urbaine • p12 • Schémas
Casablanca
• Manon Troux • p14-15 • Plan Hay Mohammadi et Aïn
Sebaâ • réalisé à partir d’un fond de plan de MAMMA GROUP, Mémoire des architectes modernes marocains
• p16-17
• Plan Lahraouiyine
• réalisé à partir d’un fond de plan de MAMMA GROUP, Mémoire des architectes modernes marocains, complété par Manon Troux • p20
• Photographies
et Manon Troux • p23
• Latifa Boualous (Association Initiative Urbaine)
• Photographie
• Manon Troux • p26 • Photographie
• Abdeljalil Bakkar (Association Initiative Urbaine)
• p28
• Photographies
• Latifa
Boualous (Association Initiative Urbaine) et Manon Troux • p32 • Photographies
• Elodie Sacher (Atelier de l’Observatoire), Latifa Boualous (Association Initiative Urbaine)
et Manon Troux
• p35-36-37
• Photographies
• Manon Troux
• Librairie Papeterie Nationale, Hachette Livre •
• p41-42-43-44 • Carte
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