Tunisie... Ghannouchi et ennahda dans le collimateur de la justice

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La France quitte le Mali: Un vrai «trou noir» !

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Jack Lang à La «Majalla» : ONS JABEUR.. Une véritable «révolutionde Meilleure joueuse culturelle » se produit en l’histoire arabe Arabie saoudite grâcedu à la vision de Mohammed Bin Tennis Salman

Issue 1818 - Mars 01/03/2022

Tunisie... Ghannouchi et ennahda dans le collimateur de la justice

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Avec l’invasion de l’Ukraine, Poutine sera :Pierre le Grand, ou Nicolas II



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Issue 1817 - Janvier 01/01/2022

La fin de «Riverdance: l’aventure animée»

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Sociologue nigérien: Chaque africain veut imposer sa propre conception de la démocratie ٣١

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Sommet UE-UA : Comment regagner l’influence Occidentale ٦٤ en Afrique » ? ٣٣

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Highliner français se produit sur slackline dans un parc éolien à Muriaux Une image prise avec un drone du highliner français Nathan Paulin tentant de marcher sur une slackline de 108 mètres de haut s’étendant sur environ 620 mètres entre deux éoliennes du parc éolien de Peuchapatte, à Muriaux, en Suisse, le 1er mars 2022. L’événement, organisé par Suisse Eole en collaboration avec Alpiq, est une occasion inespérée de mettre en lumière le parc éolien, dont la production couvre l’équivalent de trois pour cent de la consommation électrique du canton suisse du Jura

(Photos EPA)

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BRETAGNE-ART-ENCHERES-PHILLIPS-BASQUIAT

Cheyenne Westphal, Chair of Phillips, pose avec une œuvre intitulée Untitled, 1982 de l’artiste américain Jean-Michel Basquiat, lors d’un photocall avant sa vente, à la maison de ventes Phillip’s à Londres le 28 février 2022. - L’œuvre est estimée réaliser plus de 70 millions USD (52 millions GBP, 62 millions EUR) lors d’une vente aux enchères à New York le 18 mai 2022 Londres, Royaume-Uni (Photos AFP)

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Encouverture Assassinats politiques, espionnage et complot contre l’Etat

Tunisie..Ghannouchi et Ennahdha dans le collimateur de la justice

Tunis- La Majalla Le Mouvement Ennahdha, dernier rempart de l’islamisme politique dans les pays arabes, est en train de s’écrouler. Les pierres de son édifice ont commencé à se fissurer après dix années de règne en Tunisie où il a pu mettre son grappin sur les rouages de l’Etat tunisien et a mené le pays à la banqueroute mais il a lâché la bride à ses partisans pour saigner à blanc la trésorerie et à s’enrichir sur le dos des citoyens. Le coup de semonce a été donné le ٢٥ juillet ٢٠٢١, quand le président KaisSaied a annoncé la dissolution de l’Assemblée des représentants du peuple (ARP) et en prenant tout le pouvoir exécutif. Le locataire de Carthage avait promis ce jour-là d’assainir le pays. Un assainissement qui commence selon son projet politique par la justice, d’ailleurs, il a décidé récemment de dissoudre le Conseil supérieur de la magistrature (CSM) et de le remplacer par un autre provisoire. Mais pour lui, ce sont des dispositions exceptionnelles indispensables pour « concrétiser la volonté du peuple »,« pourchasser les corrompus » et « rendre justice aux Tunisiens ». En tout cas, c’est le parti Ennahdha qui serait dans le viseur du président de la République.

En résidence surveillée Et voilà qu’en décembre, l’un des piliers du mouvement islamiste, l’ex-ministre de la Justice, Noureddine Bhiri, est mis en résidence surveillée. Un coup dur pour le parti qui déploie tout ou presque pour faire avorter le projet présidentiel et qui est allé jusqu’à mener une guerre médiatique contre Kais Saied l’accusant de haute trahison et de putsch contre la démocratie. Déjà, depuis l’élection du président de la République la tension était palpable entre KaisSaied et le mouvement Ennahdha. D’ailleurs, le locataire de Carthage accuse implicitement le parti Ennahdha d’avoir conduit, depuis la Révolution, une décennie noire ayant considérablement nui aux Tunisiens, et à leurs droits. D’ailleurs plusieurs enquêtes et procédures judiciaires ont été entamées contre ce mouvement ainsi que contre ses responsables dont notamment Rached Ghannouchi. Ainsi, le comité de défense de Chokri Belaïd et Mohamed Brahmi, assassinés en février et juillet 2013, a révélé au cours d›une conférence de presse tenue récemment à Tunis, «l’existence de données prouvant l›implication du président d’Ennahdha Rached Ghannouchi dans des

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Les Tunisiens réclament la dissolution du CSM dans une manifestation

affaires de blanchiment d›argent, d›intelligence avec des parties étrangères et d›espionnage sur des personnalités politiques et des responsables de l›Etat». Dans le même sillage, Me Koutheir Bouallègue, membre du collectif de défense de Chokri Belaïd et Mohamed Brahmi, a accusé, dans une déclaration à La Majalla, « le procureur général près la cour d›appel de Tunis d›être à la tête de l›appareil secret du mouvement Ennahdha ». La justice impliquée «La justice continue de protéger Rached Ghannouchi et refuse de le poursuivre en justice», a-t-il indiqué à Majalla, lors du sit-in de protestation organisé devant la cour d›appel de Tunis. « Les criminels, les commanditaires et les personnes impliquées dans les assassinats politiques seront démasqués quels que soient les obstacles à franchir», a-t-il souligné à Majalla. Pour sa part, Me Ridha Raddaoui, membre du collectif de défense de Chokri Belaïd et Mohamed Brahmi, a indiqué que les procédures judiciaires sont engagées et ce, à la suite de la décision de la ministre de la Justice d’ouvrir une enquête administrative contre le procureur général près la cour d’appel de Tunis, Boubaker Jeridi.

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En décembre, l’un des piliers du mouvement islamiste, l’ex-ministre de la Justice, Noureddine Bhiri, est mis en résidence surveillée. Ce dernier, a-t-il ajouté à Majalla, sera auditionné pour avoir refusé de diligenter une information judiciaire sur «l›appareil secret» du mouvement Ennahdha et «la chambre noire au ministère de l’Intérieur où des documents importants prouvant l’implication de ce parti ont été trouvés », a-t-il expliqué à La Majalla. Mettre fin à la domination islamiste A ce propos, le secrétaire général du Courant populaire, Zouhair Maghzaoui, a tenu à rappeler dans une déclaration à La Majalla que «La justice est encore sous la domination du mouvement Ennahdha et des lobbies de la corruption qui gangrènent la Tunisie depuis dix ans».


Encouverture

Il a accusé le conseil supérieur de la magistrature «de défendre la corruption et le terrorisme». Sa dissolution est une «décision nécessaire», a-t-il estimé. Quant à la présidente du Parti Destourien Libre (PDL), Abir Moussi, elle a appelé dans une déclaration à Majalla «l›Exécutif à l›urgence de prendre des mesures contre Rached Ghannouchi, président du mouvement Ennahdha, parallèlement aux poursuites judiciaires engagées». Elle a aussi souligné la nécessité de dissoudre le parlement et de démettre Rached Ghannouchi de ses fonctions à la tête de l›Assemblée. Elle a tenu à indiquer que Rached Ghannouchi et ses organisations politiques et associatives formées depuis ٢٠١١ doivent être inscrits dans la liste des personnes et organisations liées aux crimes terroristes.

«Il faut geler les fonds en leur possession et empêcher les financements provenant de l›étranger sous couvert d›œuvres caritatives et sociales», a-telle affirmé. Son parti, le PDL a aussi réclamé la fermeture immédiate des sièges des associations suspectes des«Frères musulmans» en lien avec le président d›Ennahdha.

Saïed a décidé récemment de dissoudre le Conseil supérieur de la magistrature (CSM) et de le remplacer par un autre provisoire.

Le siège du CSM encerclé par la police après l’annonce de sa dissolution

Manifestation à Tunis pour révéler la vérité sur les assassinats politiques

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Conférence de presse du Comité de défense des deux martyrs

Suite à ces révélations, la garde nationale d’AlAouina a entamé l’ouverture d’une enquête contre Rached Ghannouchi sur fond d’une plainte portée par le comité de défense des deux martyrs auprès du tribunal militaire portant sur des suspicions «de trahison et d’espionnage». A preuve, les documents présentés, par le comité de défense des martyrs Belaid-Brahmi ont résonné comme des révélations explosives, levant le voile sur un pouvoir judiciaire aux ordres des lobbies nahdhaouis. Soit un pouvoir qui n’est pas digne de ce nom. Dix ans durant, la justice tunisienne n’a jamais été indépendante. Et encore moins diligente et ferme dans ses jugements, ainsi s’indigne nombre d’avocats, fervents défenseurs de la cause humaine. Certes, la vérité dérange, mais la réalité en dit aussi long sur un colosse aux pieds d’argile. Son état désastreux n’est guère un secret pour personne. L’affaire des deux martyrs, mais aussi celles de milliers procès du droit commun dont le processus juridictionnel traine en longueur, n’est que la partie visible de l’iceberg. Dans les couloirs des tribunaux, une véritable foire d’empoigne !

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Il est à noter aussi que l’ancien procureur de la république, Bechir Akremi et le juge Taieb Rached, suspendus de leurs postes, ont été inculpés de dissimulation des preuves liées à l’affaire de Belaid et Brahmi. Pourtant, le président du CSM dissout n’a jamais agi à leur encontre. Il continue à se taire, comme un diable muet. C’est la raison pour laquelle le chef d’Etat tunisien a décidé de dissoudre de le CSM.

La garde nationale d’AlAouina a entamé l’ouverture d’une enquête contre Rached Ghannouchi sur fond d’une plainte portée par le comité de défense des deux martyrs auprès du tribunal militaire portant sur des suspicions «de trahison et d’espionnage».


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La France quitte le Mali: Un vrai «trou noir» ! Par : Nasreddine Ben Hadid L’image du porte-parole de l’Armée malienne, sur la télévision gouvernementale, exigeant un «retrait immédiat» du dispositif militaire français, et ce en réponse à la déclaration du président français, insistant sur le fait, que ce «retrait prendrait quelques mois», est à lui seul, capable de résumer le désarroi de Paris, face au comportement «non-amical» du «pouvoir de fait» qui s’est installé à Bamako, selon le descriptif employé par Emmanuel Macron…

La présence française dans son ex-colonie, le Mali, a été toujours déterminante pour la «stabilité» du pays, dans tous les sens du mot, à la fois économique, qu’essentiellement militaire, surtout depuis le lancement de l’opération Barkhane. Le poids du passé… L’histoire retiendra la date de la chute d’Ibrahim Boubacar Keïta, mieux connu sous ses initiales «IBK», le ١٨ août ٢٠٢٠, comme étant un moment charnière, de l’histoire du pays, et encore plus des relations stratégiques avec l’ex-colonisateur, comprendre la France. Le coup d’Etat fomenté dans le camp militaire

Soundiata-Keïta situé à Kati, une ville située à ١٥ kilomètres au nord de Bamako, la capitale du Mali, par les forces armées maliennes, a mis fin, avec une rupture brusque et tranchante, à une relation, qui a été, malgré des fluctuations, une des «raisons de la pérennité» du régime en place dans cette république qui détient une position plus que stratégique, bien au centre du Sahel, une région qui traverse depuis un dizaine d’années, et plus précisément, depuis la chute du régime de Kadafi en ٢٠١١, une période de très fortes turbulences… Il faut rappeler que la présence française dans son ex-colonie, le Mali, a été toujours déterminante pour la «stabilité» du pays, dans tous les sens du mot, à la fois économique, qu’essentiellement militaire, surtout depuis le lancement de l’opération Barkhane. Barkhane désigne une opération militaire menée au Sahel et au Sahara par l’Armée française, avec une aide secondaire d’armées alliées, qui vise à «lutter contre les groupes armés salafistes djihadistes dans toute la région du Sahel. Lancée le ١er août ٢٠١٤, elle remplace les opérations Serval et Épervier». Faut-il rappeler que Barkhane s’est inscrite dans une dimension régionale, comprendre une stratégie des forces prépositionnées dans la région, en partenariat avec les États de la zone. Elle mobilise plusieurs milliers de soldats. Aussi, et ceci n’est nullement moins important, le Mali, vit depuis ٢٠١١ au centre et surtout au nord du pays, une instabilité sécuritaire, tant la région

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Quel vide, laisserait Barkhane ?

est le terrain de contestations de mouvements séparatistes, Touaregs essentiellement, en croisement avec des groupuscules terroristes allant bien au-delà des frontières de pays. L’éternel CFA…. Le Mali est membre de la zone franc CFA (franc de la Communauté financière africaine), ensemble monétaire couvrant la plus grande partie de l’ancien empire colonial français d’Afrique subsaharienne. Les devises des pays membres de cette zone, comme le Mali, sont à parité fixe avec l’euro et leur valeur est garantie par le Trésor public français. Aujourd’hui, la pertinence du franc CFA, est remise en question. Si la France avance toujours que le franc CFA donne au Mali davantage de crédibilité grâce à la garantie monétaire française, par contre, les pays de la zone souffrent de la surévaluation de leur monnaie, l’euro étant une devise très forte, handicapant par conséquence tout commerce autre qu’avec le «Métropole»… De plus en plus d’élites, des ex-colonies françaises, mettent en cause cette «forme ancestrale» qui vise à maintenir la «domination française» allant

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Barkhane s’est inscrite dans une dimension régionale, comprendre une stratégie des forces prépositionnées dans la région, en partenariat avec les États de la zone. Elle mobilise plusieurs milliers de soldats. jusqu’à considérer que l’indépendance «totale» ne peut se concrétiser tant cette monnaie est d’usage… Dans un document de ٢٩ pages publié le ١٣ avril ٢٠١٨, l’économiste Dominique StraussKahn dresse un tableau presque élogieux de la monnaie (notamment la bonne performance de la Zone franc au niveau macroéconomique grâce à la garantie dont elle bénéficie), mais relève les inconvénients qui, selon lui, fragilisent les économies de la région. En avril ٢٠١٩, Bruno Le Maire, ministre des Finances français, abonde dans ce sens en rappelant que : «La Zone Franc, c’est de la stabilité pour les pays africains


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présence militaire française, notamment faute de victoires plus probantes». La commission sénatoriale devant laquelle l’ambassadeur s’exprimait lui reproche la «stigmatisation de l’armée française à travers des comportements certainement vrais de certains soldats». Après la convocation de l’ambassadeur Le pesant du présent… au ministère français des affaires étrangères, le En février ٢٠٢٠, les propos de l’ambassadeur ministre malien homologue se déplace à Paris et du Mali en France provoquent un incident se désolidarise de son ambassadeur, estimant que diplomatique : ce dernier se plaint d’«un «les militaires français font honneur à la Nation». comportement déplacé dans les «Pigalle de Les observateurs établis à Bamako, s’accordent Bamako»» de membres des forces armées pour dire que les instigateurs du coup d’État au françaises, mettant par ailleurs en avant «un Mali du ٢٤ mai, avait «une dent contre la France». «ressenti au sein de la population» vis-à-vis de la Paris, elle aussi, a fait comprendre qu’elle considérait ce «putsch contraire au cheminement démocratique» dans lequel s’inscrivait (bon gré, mal gré) le régime d’IBK. membres, un moyen de lutter contre l’inflation et une zone qui permet un développement économique dans de bonnes conditions. La France est ouverte à une réforme de cette zone mais c’est aux États membres de décider».

La France avance toujours que le franc CFA donne au Mali davantage de crédibilité grâce à la garantie monétaire française.

Les relations diplomatiques entre les deux pays connaissent un regain de tension en septembre et octobre ٢٠٢١. Celui-ci puise ses racines dans la condamnation de la part du Premier ministre malien Choguel Maïga du retrait de la force Barkhane du pays africain, que le chef de gouvernement a qualifié d’«abandon en plein vol» lors de la ٧٦e session de l’Assemblée générale

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IBK, le dernier ami de la France ?


L’âge d’or de l’amitié franco-malienne

des Nations unies à New York, le ٢٨ septembre ٢٠٢١. Le surlendemain, Emmanuel Macron, «choqué» et vexé, rétorque à ces allégations «inacceptables» qu’il décrit comme une «honte» et renchérit en déclarant que «ça déshonore ce qui n’est même pas un gouvernement». En réaction, la junte malienne convoque l’ambassadeur français à Bamako, Joël Meyer, le ٥ octobre ٢٠٢١, pour lui manifester formellement son mécontentement. Dans la foulée, le ministère malien des affaires étrangères, dirigé par Abdoulaye Diop, publie un communiqué protestant contre les «propos inamicaux et désobligeants» d’Emmanuel Macron. Le gouvernement de Bamako déclare le ٣١ janvier ٢٠٢٢ que l’ambassadeur de France est sommé de «quitter le Mali d’ici ٣ jours». L’échiquier africain… La présence des mercenaires de la société russe Wagner, démenti au début par Bamako, puis reconnue implicitement, depuis l’aveu du président russe Vladimir Poutine, transborde la «crise franco-malienne» de sa dimension duale et historique, entre les deux pays, vers une logique

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De plus en plus d’élites, des excolonies françaises, mettent en cause cette «forme ancestrale» qui vise à maintenir la «domination française» allant jusqu’à considérer que l’indépendance «totale» ne peut se concrétiser tant cette monnaie est d’usage… plus régionale, et même internationale. Ces mêmes mercenaires russes ont établi en Centrafrique une «base arrière» pour partir à la conquête de l’Afrique, du moins cette région de fortes turbulences. Même la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO), qui a instauré des sanctions contre la junte (putschiste) établie à Bamako, et a exprimé une sévérité (qui se veut) exemplaire, commence à lâcher du lest. Tant cette intransigeance est contre-productive.


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Par: Abdelkader Zaoui

Les Etats-Unis et l’Islam politique : Un mariage catholique Le phénomène de l’islam politique a suscité l’attention des médias, des instituts de recherche universitaires, et des cercles de décision politique aux États-Unis d’Amérique, depuis que des membres des Frères musulmans ont tenté d’assassiner le président Jamal Abdel Nasser, en 1954, à Menchia à Alexandrie. L’intérêt s’est encore accru dans les années soixante-dix du siècle dernier, avec la rébellion du Collège technique militaire contre le président Anouar Sadate en 1974. Puis avec le succès de la révolution iranienne à renverser le régime du Shah et à y établir une République islamique. Ces événements, qui ont trouvé leur apogée, avec le succès des islamistes extrémistes, en 1981, à assassiner le président Sadate, ont été pris pour indicateur fort de l’ampleur des grandes transformations que le tissu social, commence à connaitre, dans les pays arabes et Mondes islamiques, à savoir la disparition de l’idéologie nationaliste, et l’émergence, de ce qu’on a pris l’habitude de nommer «réveil islamique», avec ce que cela pose comme risques pour la stabilité de nombreux régimes dans la région, qu’ils soient pro, ou anti-occidentaux. Anticipant l’impact que ces transformations pourraient avoir sur les intérêts leur pays dans la région, représentés à l’époque par l’arrêt de l’avancée soviétique, la sécurisation des approvisionnements pétroliers, ainsi que la garantie de la sécurité d’Israël, les stratégies américaines ont d’abord cherché à encadrer le phénomène de l’Islam politique et à comprendre ses diverses dimensions. Puis travailler à le contenir, en quête d’un éventuel emploi ultérieurement, sans nulle distinction entre modérés et extrémistes. Les Américains n’ont pas tardé à utiliser ce phénomène, à leur profit, avant même d’avoir pris connaissance 16

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de toutes ses manifestations et de toutes ses particularités locales. L’invasion soviétique de l’Afghanistan a constitué une occasion en or, qui a permis à Washington, en étroite coopération avec les pays arabes et islamiques, d’exploiter avec succès et efficacité, à la fois les deux tendances de l’Islam politique, aussi bien modéré qu’extrémiste. Entre la branche officielle affiliée à certains pays, ou partisane, affilée d’une manière discrète aux Frères musulmans, la modérée a joué un rôle majeur dans l’incitation de l’opinion publique arabe et islamique contre l’Union soviétique, en le diabolisant sur tous les et médias, et les plates-formes religieuses, en le présentant comme tant un régime athée, qui a envahi un pays musulman. Sachant que la branche extrémiste a constitué le réservoir humain, qui a vu en ses éléments en «moudjahidines», qu’il a plongé dans des batailles contre «l’envahisseur athée». Ainsi, et malgré les pressions exercées sur les milieux décisionnels américains, pour les avertir que l’intégrisme islamique est l’ennemi alternatif au communisme, et que le phénomène de l’islam politique constitue une menace pour l’Occident, et ses valeurs démocratiques, les administrations américaines ont traité et communiqué ouvertement, politiquement et à travers les médias, avec les forces islamistes, qu’elles qualifient de modérées, et ont entretenu des relations secrètes de renseignement avec des courants extrémistes, y compris ceux qui ont été contraints de les désigner comme terroristes, et les attaquer militairement. Cette orientation pragmatique de la politique étrangère américaine, a été théoriquement enracinée à plus d’une occasion par de hauts fonctionnaires du département d’État américain, peut-


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être le plus éminent d’entre eux est l’ambassadeur Edward Jerjian, ancien secrétaire d’État adjoint, qui a souligné dans un discours qu’il a prononcé le 2 juin 1993 : < La religion ne détermine pas la nature des relations de l’Amérique avec autrui, car elle considère l’Islam comme l’une des grandes religions du monde, et non une idéologie alternative au communisme, qui menacerait l’Occident et la paix mondiale. < Washington est conscient de l’existence de groupes et de mouvements au Moyen-Orient et en Afrique du Nord, qui cherchent à renouveler leurs sociétés et à les ramener aux idéaux islamiques. < Washington ne croit pas, en l’existence d’un effort international unifié derrière les groupes et mouvements islamiques.

exploités, dans le but de provoquer une atmosphère d’instabilité, dans la région et d’entretenir un état de déstabilisation chronique. Car cette atmosphère assure aux Américains la pérennité de leur industrie d’armement.

L’extrémisme, s’alimente, a-t-il dit, d’injustice sociale, de tyrannie politique, et de misère économique. Sur la base de ce constat, auquel la plupart des mouvements politiques islamiques, notamment sunnites, ont su s’adapter, en prétendant répondre aux appels occidentaux à condamner le terrorisme et à adopter l’option démocratique avec tout son contenu de liberté et de pluralisme, et à garantir l’égalité des sexes et les droits des minorités, il semble remarquable que les administrations américaines successives n’aient exclu aucun courant islamique actuel. Sunnites et chiites se valent à ce niveau. Aussi bien les modérés que les extrémistes. Concernant le traitement des mouvements politiques et terroristes chiites, les administrations américaines tiennent compte du fait que ces mouvements, quels que soient leurs domaines d’activité, disposent d’une référence à la fois commune et unique, à savoir Téhéran. De ce fait, ces derniers, sont actuellement

C’est pourquoi, malgré l’exagération de nombreux régimes arabes et non arabes du danger de l’islam politique, de toutes sortes afin de convaincre – l’Occident en général et l’Amérique en particulier – que l’alternative à celui-ci est bien pire, et malgré tous les coups douloureux reçus par de nombreux mouvements islamiques modérés et extrémistes, Washington, en l’absence d’alternative capable de perturber localement chaque pays, et d’envenimer la situation régionalement, voit toujours dans l’Islam politique une carte valable à jouer pour préserver ses intérêts dans la région, et peut être utilisée dans tous les cas, à l’exemple des futurs affrontements avec la Russie ou la Chine, avec une idéologie, capable de mobiliser les minorités musulmanes des deux pays, à la fois. Il semble que Fred Halliday ait eu raison lorsqu’il a intitulé son livre sur la religion et la politique au Moyen-Orient :«L’islam et le mythe de la confrontation».

A l’opposé de cet emploi spécifique des courants chiites qui existent déjà pour servir les ambitions expansionnistes iraniennes, l’accent américain a été mis sur l’exploitation de l’islam politique sunnite au maximum, car ce dernier émane de l’environnement de la majorité musulmane, de multiples tendances et de divers groupes, sans cerner le contour de chaque entité. Tout en sachant, que certaines se sont rebellées contre les autorités de leur pays et cherchent à détruire leurs institutions.

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Malgré tous les coups douloureux reçus par de nombreux mouvements islamiques modérés et extrémistes, Washington, en l’absence d’alternative capable de perturber localement chaque pays, et d’envenimer la situation régionalement, voit toujours dans l’Islam politique une carte valable à jouer pour préserver ses intérêts dans la région


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Sport et politique.. A chacun son «but» et son «hors-jeu» L’histoire retiendra que la présidente de la Croatie Kolinda Grabar-Kitarović, de ٢٠١٥ à ٢٠٢٠, un charme féminin certain, mais retiendra, que cette femme a su exploiter la participation de son pays à la Coupe du Monde. Les annales de la Coupe du Monde du football de ١٩١٨, ont bien enregistré la défaite de la sélection croate devant celle de la France, en finale. Certes, une défaite, qui a fait pleurer les Bleus de joie, et les porteurs de la tunique à carreaux d’amertume et de désolation, mais reste, que ces annales (du football) n’ont pas enregistré, que les Croates ont su fructifier la «défaite» d’une manière plus qu’intelligente. L’art de convertir la «défaite» footballistique en «victoire»… L’histoire retiendra que la présidente de la Croatie Kolinda Grabar-Kitarović, de ٢٠١٥ à ٢٠٢٠, un charme féminin certain, mais retiendra, que cette femme a su exploiter la participation de

son pays à la Coupe du Monde, qui s’est tenue en Russie, et convertir la défaite en finale, en une «poule d’or» qui a porté une image glorieuse, de ce petit pays, coincé dans une mosaïque sanglante au Balkan, au-delà, et bien plus loin que cette présidente, ne pouvait espérer ou même en rêver. Arborant le maillot de la sélection de son pays, Kolinda Grabar-Kitarović, a pu bénéficier d’un vrai et réel bain de flashes photographiques. Les images ont fait le tour du monde, et elle a pu faire de l’ombre sur la présence du président français Emmanuel Macron. Le nombre des touristes, dans ce pays, a brusquement augmenté. Les autorités ont entamé une campagne de promotion, visant à attirer les investissements extérieurs. Comme si un lien organique pouvait exister entre la participation à la Coupe du Monde, d’une part, et l’attractivité financière…. Un lien inventé, ou plutôt suggéré. En tout, la magie a fonctionné et l’alchimie a fait son effet. Depuis la Grèce antique, et ses athlètes aux corps parfaits, en passant par Rome et ses gladiateurs, et finir par les temps modernes, la relation entre sport et politique, a toujours épousé l’arc-en-ciel, possible et pensable : De l’extrême à l’extrême. Du conflit le plus atroce, à l’exploitation la plus barbare. Plus même, l’image du football actuellement, comme vraie industrie réellement lourde, et activité brassant des centaines de milliards de dollars, n’est pas nouvelle, du moins

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Une femme au-dessus du lot…

schématiquement. Rome, plus précisément, les Césars et les Sénats, qui l’ont gouverné, ont toujours pensé à assurer le pain, mais aussi le défoulement. L’exemple le plus frappant, est le Colisée de Rome, qui par sa taille, prouve bien que les combats mortels entre gladiateurs n’ont rien à envier, du moins par la notoriété aux Stars du football actuel. Les premiers étaient des prisonniers… Les seconds sous-contrats, qui en font de simples outils dans une machine infernale, qui ne diffère de rien, entre les deux cas. Les Jeux olympiques de Coubertin… A Hitler. Les vœux du baron français Pierre de Coubertin, en actualisant, en ١٨٩٤, les Jeux olympiques, que la Grèce antique ait connu du VIIIe siècle av. J.-C. au Ve siècle apr. J.-C., étaient, et restent plus que candides. A savoir, instaurer la paix, et faire de l’activité sportive, une occasion pour les peuples, ainsi que les gouvernements, de délaisser les rixes, et aller au-delà des confrontations que le globe terrestre vivait depuis la nuit des temps.

Le nombre des touristes, dans ce pays, a brusquement augmenté. Les autorités ont entamé une campagne de promotion, visant à attirer les investissements extérieurs.

olympiques, n’ont pas tardé à se convertir en terrain de confrontation, par d’autres moyens, des rivalités que le monde vive. En ouvrant les XIe Jeux olympiques modernes, le ١er août ١٩٣٦, à ١٦ heures, devant ١٢٠٫٠٠٠ Reste, que «chassez le naturel (violent de spectateurs rassemblés dans le nouveau stade de l’être humain), il revient au galop». Les Jeux Berlin, Adolf Hitler a voulu démontrer, ce que la

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cinéaste et amie du dictateur, Leni Riefenstahl, a exprimé à travers un film de propagande, «Les dieux du stade». «Un pays prospère et un peuple heureux, pacifique et uni autour de ses dirigeants», est l’image qu’a voulu offrir le ministre de la Propagande Josef Goebbels au monde entier. Une manière de faire oublier la promulgation des premières législations antisémites promulguées. Sans oublier le rétablissement du service militaire, la réoccupation de la Rhénanie et l’offre de services aux putschistes espagnols. Autant de signes prémonitoires du cataclysme à venir mais que l’opinion publique occidentale persiste à minorer. Toute l’armada de propagande nazie, a été mise «hors-jeu», par un jeune athlète noir américain de

L’image du football actuellement, comme vraie industrie réellement lourde, et activité brassant des centaines de milliards de dollars, n’est pas nouvelle, du moins schématiquement.

٢٣ ans, Jesse Owens. Le führer Adolf Hitler en refusant de serrer la main à ce «noir» aux quatre médailles d’or, a dévoilé la vraie image et la réelle essence du nazisme. En ١٩٥٦, à l’occasion des Jeux olympiques, le ministre des Affaires étrangères hongrois Gyula Hegyi ordonna que l’on descende le drapeau russe des quartiers hongrois. Lors de leur arrivée à Darwin (Australie), plusieurs athlètes avaient retiré l’étoile communiste pour la remplacer par l’emblème national. À leur arrivée à Darwin, ٢٠٠٠ Hongrois les ont accueillis en chantant l’hymne national révolutionnaire. Avant leur départ de Hongrie, des affrontements ont eu lieu à Budapest, mais Hegyi affirma qu’aucun athlète n’avait été blessé. Les temps modernes Le film «Le Petit Monde de don Camillo» (١٩٥١) illustre sur le ton de l’humour la nature conflictuelle du sport en général, et du football en particulier, à l’image du match de football opposant le Dynamo de Peppone à La Gaillarde de Don Camillo. Comme l’annonce si bien et clairement Alfred Wahl : «Au niveau le plus modeste, celui du village, l’association sportive constitue un champ d’affrontement entre notables car elle peut devenir un marchepied pour l’accession au pouvoir».

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Servir le football pour s’en servir


Le sport en premier a dévoilé le vrai visage du .nazisme

Les différentes communautés religieuses d’Angleterre furent à l’origine de nombreux clubs de football après la création de la Football Association, si bien que dans les années ١٨٨٠, un club de football sur quatre avait été créé par une paroisse. Parmi les clubs anglais les plus prestigieux d’origine ecclésiastique, citons Aston Villa, Bolton Wanderers et Everton.

Toute l’armada de propagande nazie, a été mise «hors-jeu», par un jeune athlète noir américain de ٢٣ ans, Jesse Owens. Le führer Adolf Hitler en refusant de serrer la main à ce «noir» aux quatre médailles d›or, a dévoilé la vraie image et la réelle essence du nazisme.

longtemps, ses matches contre Cliftonville Le conflit nord-irlandais a eu un impact sur le FC, club situé en plein quartier catholique, se football de l’île. En Irlande du Nord, le principal jouaient sur terrain neutre à Windsor Park pour club de Belfast, Linfield FC est composé raison de sécurité. À la suite de la multiplication exclusivement de joueurs protestants. Pendant des incidents à domicile et à l’extérieur, le club catholique de Derry City FC joue désormais dans le championnat d’Irlande. Point d’orgue de ce conflit, le massacre perpétré dans un bar de Loughinisland (en) le ١٨ juin ١٩٩٤ par des miliciens de l’Ulster Volunteer Force. Des membres de cette milice loyaliste ont attaqué un bar régulièrement fréquenté par des catholiques et où été diffusé un match de la coupe du monde ١٩٩٤ opposant la République d’Irlande à l’Italie. L’assaut a causé la mort de ٦ personnes. La situation est également tendue à Glasgow entre les protestants du Glasgow Rangers et les catholiques du Celtic FC, et dans une moindre mesure à Édimbourg entre Heart of Midlothian et Hibernian.

L’exemple le plus frappant, est le Colisée de Rome, qui par sa taille, prouve bien que les combats mortels entre gladiateurs n’ont rien à envier, du moins par la notoriété aux Stars du football actuels. 21

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Le hooliganisme…. Un vrai cancer

hooligans anglais sont alors montrés du doigt et une politique globale des supporters est instaurée Présents dès les débuts du football professionnel à travers tout un arsenal sécuritaire et judiciaire, en Angleterre (en ١٨٨٥, on recense lors de (création d’une nouvelle peine de détention nombreux incidents en tribune d’un match entre pour mineurs, renforcement des dispositifs Preston North End et Aston Villa), les hooligans policiers lors des matchs, prohibition de l’alcool bénéficient d’une relative clémence médiatique dans et autour des stades, interdiction d’objets et politique, voire d’une certaine attractivité dangereux, élargissement du droit de fouille de puisqu’au début des années ١٩٨٠, certains la police, interdictions préventives, suppression politiciens britanniques d’extrême-droite (British des places debout…) Movement, National Front) faisant de l’entrisme au sein de ces mouvements. La lutte politique D’autres nations d’Europe de l’Ouest (France, contre le hooliganisme a connu un virage dans Allemagne, Pays-Bas, Italie, Belgique) sont touchées par le hooliganisme, et tentent de mettre en place des politiques globale pour traiter cette question.

La lutte politique contre le hooliganisme a connu un virage dans les années ١٩٨٠ en raison du drame du Heysel et de la tragédie de Hillsborough.

les années ١٩٨٠ en raison du drame du Heysel et de la tragédie de Hillsborough. Les

À la fin des années ١٩٩٠, le hooliganisme a émergé dans les pays de l’Est. Amateurs de sports de combat, rigoureusement entraînés et structurés, peu en marge de la société, ces hooligans organisent régulièrement des combats collectifs en plein air de façon déconnectée du calendrier des matchs. À l’occasion du match opposant l’Angleterre à la Russie lors de l’Euro ٢٠١٦, des hooligans russes se sont violemment battus contre des supporters anglais.

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Un cancer qui range le sport


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Politique étrangère américaine... Absence de vision et perte d’intérêts Par: Bakou - Ahmed Taher Après près de trois décennies depuis le début des années 90 du siècle dernier et à la suite de l›effondrement de l›Union soviétique et l›émergence des États-Unis d’Amérique en tant que pôle unilatéral du système international, sa politique étrangère a été confrontée à plusieurs défis, certains ont été couronnés par le succès à l’instar de sa réussite dans la réunification de l›Allemagne et de son intégration au sein de l›OTAN, son traitement ordonné de la deuxième guerre du Golfe dans le cadre de la légitimité internationale conformément aux résolutions des Nations Unies exigeant la libération du Koweït de l›occupation irakienne (1990-1991), son action diplomatique et ses efforts militaires en vue de mettre fin à la guerre et aux massacres dans l›ex-Yougoslavie, la conclusion de l’accord de paix de Dayton en 1995 et la rédaction de nouveaux accords commerciaux dans le cadre de l’Organisation mondiale du commerce, et le sauvetage de millions de vies humaines grâce aux aides d’urgence humanitaires et de secours. Mais en comparant ces réalisations aux échecs accusés, nous concluons que les échecs l›ont emporté sur les réalisations, car la politique américaine n’a pas été en mesure de relever la majorité des défis auxquels elle était confrontée ou de réduire leurs répercussions sur ses intérêts et ceux de ses alliés, ce qui a conduit au déclin de son rôle mondial, même si l’occasion était propice pour qu’elle prouve sa force et son contrôle sur les ressources et les affaires du

monde après avoir été le seul à diriger le système mondial en dominant la gestion de la plupart de ses problèmes. Cependant, les Etats-Unis n›ont pas été en mesure de développer une vision harmonieuse pour gérer ces problèmes malgré le fait qu’ils disposent jusqu’à ce jour de nombreux éléments de puissance globale qui puisque les estimations révèlent qu›en 2021, qu’ils ont dépensé environ 772 milliards de dollars pour la défense, soit plus que sept pays suivants réunis à savoir : la Chine, l›Inde, la Russie, le Royaume-Uni, l’Arabie Saoudite, l’Allemagne et la France, avec un total de 609 milliards de dollars, soit moins de 160 milliards de dollars que les États-Unis. En effet, les États-Unis disposaient d›environ 13 000 avions de combat en 2016 alors que la Russie et la Chine, qui talonnent son classement international, n’avaient respectivement que 3 000 et 2 000 avions. Les États-Unis comptent aussi environ 800 bases militaires à l’étranger dans plus de soixante-dix pays, tandis que le nombre de bases étrangères russes, britanniques et françaises ne dépasse pas la trentaine. Les États-Unis sont également en avance dans la fabrication d’avions de combat sans pil ote par rapport aux autres, bien qu’ils soient concurrencés par la Chine et la Russie dans cette industrie, suivies par Israël et la Turquie. En effet, certaines données publiées par le journal britannique « The Guardian » indiquent que les États-Unis posséderont un millier d’avions de

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L’amerique

combat sans pilote en l’an 2028, tandis que la Chine et la Russie n’en posséderont que le un dixième de ce nombre. Sur le plan économique, les États-Unis, malgré le déclin de son rôle, restent en première place, puisque la taille de l›économie américaine est de 20,5 trillions de dollars en 2021, suivis de l’économie chinoise avec 17 trillions de dollars et de l›économie japonaise avec 5 000 milliards de dollars, ce qui procure l›économie américaine 22,3 % du volume de l›économie mondiale tout en prenant en considération sa régression constante dans le classement mondial puisqu’il accaparait dans les années soixante 40% du volume économique mondial. Des décisions précipitées Malgré cette position mondiale croissante des États-Unis sur le plan militaire, économique et même culturel, la réalité révèle le succès d’autres partis qui ont pu progresser aux dépens des ÉtatsUnis dans certains indicateurs, par exemple, les progrès accomplis par la Russie dans le secteur nucléaire et sa progression dans certains dossiers militaires puisque les États-Unis occupent la deuxième place derrière la Russie pour le

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Les États-Unis possèdent toujours les éléments d’une puissance globale malgré la baisse de ses réalisations nombre de chars détenus en possédant environ 12 000 chars, tandis que les États-Unis n’en ont que 6 600, ce qui se réplique aussi pour les armes nucléaires où la Russie possède 6 255 têtes, tandis que les États-Unis n’ont que 5 550 tout en tenant compte du fait que cela ne signifie pas que l›équilibre des forces n’est plus en faveur des États-Unis car ils possèdent toujours de nombreux éléments de puissance qui renforcent leur position et leur permettent d’atteindre leurs objectifs à condition qu’ils se rendent compte que la nature du système international ne s›équilibrera pas à partir d’un seul tympo, car des


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changements dans sa structure à la lumière des conflits croissants à son sommet s’opèrent, et que le maintien de sa position dans cette structure dépendra de sa capacité à gérer ses problèmes, ses crises et ses alliances d›une manière qui ne donne pas la possibilité aux concurrents de se hisser au sommet du système et de disputer son leadership. C’est pourtant là où ont échoué les États-Unis en gérant mal leurs relations avec leurs alliés malgré avoir tracé des voies d’action avec leurs concurrents et ennemis en adoptant des politiques et en prenant des décisions irréfléchies similaires à ses décisions après les événements du 11 septembre 2001, à commencer par l›occupation de l’Afghanistan en 2001, puis de l›Irak en 2003, lesquelles occupations les ÉtatsUnis ont mis fin par des décisions soudaines et inconsidérées qui ont eu des répercussions sur la situation dans ces régions. Ainsi, après le retrait des américains, l›Irak est devenu une

La politique étrangère américaine a besoin d’une révision attentive de ses orientations, de ses actions et de la manière de prendre les décisions.

proie à l’incursion iranienne et l’Afghanistan est devenue une arène aux talibans après que l›administration Trump a signé un accord avec eux en février 2020 en vertu duquel, le 1 er m+ai a été fixé comme date limite pour le retrait des forces américaines du pays dans l’espoir de parvenir à la stabilité, alors que cet accord n›a pas réussi à contraindre les talibans à déposer les armes ou même à s’engager à un cessez-lefeu. Il n’était donc pas un accord de paix autant qu’un accord pour faciliter un retrait militaire américain précipité du premier incubateur du terrorisme mondial. La même chose s’est répétée dans sa gestion du dossier nucléaire iranien, cherchant à un moment donné à conclure un accord avec Téhéran (2015), qui ne prévoyait pas d’empêcher l’Iran d’acquérir l’arme nucléaire. Ce qui a poussé l’administration américaine du temps de Donald Trump à renégocier avec Téhéran pour tenter d›obtenir un nouvel accord quel qu›en soit le prix sans toutefois prendre en considération la poursuite des iraniens à développer l’arme nucléaire avec toutes ses conséquences sur les pays de la région. La récente crise ukrainienne, qui a poussé Moscou à reconnaître deux nouvelles républiques sur le sol ukrainien, a représenté un autre exemple de la précipitation américaine sans en calculer les conséquences et les répercussions pour le peuple ukrainien et la sécurité dans cette région qui souffre de conflits sous-jacents et de

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Guerre en Ukraine


guerres ouvertes. Cette approche mal calculée des orientations de la politique américaine dans ses relations extérieures confirme ce qui se passe également sur le continent latin, puisque depuis 2017, les États-Unis ont imposé des sanctions au régime du président vénézuélien Maduro, qui est au pouvoir à ce jour causant ainsi des souffrances au peuple vénézuélien. Les Etats-Unis n’atteindront pas seuls le succès A la lumière de ces faits, il était important que les administrations américaines successives se penchent sur les causes de ces échecs répétés, loin des interprétations de la théorie du complot qui représente une solution facile qui culpabilise les autres, voire l’entêtement à poursuivre la même politique dont la conséquence exacerbe ou complique les problèmes. Malgré le fait que certains considèrent que la continuité de la politique étrangère est un pilier fondamental de son succès, basé sur l’idée d’accumulation créée par la poursuite des mêmes politiques, cette vision, en dépit de sa pertinence qui réside dans l’importance d›avoir des constantes majeures dans les orientations de politique étrangère de chaque pays, ne doit pas signifier la stagnation et l’abandon des exigences du moment présent et des transformations géostratégiques, car les échecs américains en politique étrangère ne sont pas seulement payés par les États-Unis, mais leurs effets s’étendent à toutes les parties qu’il s’agisse de ses ennemis qui testent les limites de sa faiblesse et les exploitent, ou de ses alliés qui se méfient de plus en plus de la capacité et de la crédibilité des États-Unis à travailler ensemble face à des menaces communes et là où les alliés se retrouvent face à leurs défis individuellement devant une absence soudaine ou un changement d›urgence dans la position américaine loin des promesses faites et des accords signés. Ce qui creuse davantage les lits de méfiance entre les États-Unis et ses alliés et verse directement dans l›intérêt des adversaires qui attendent de saisir l›occasion ou de se soustraire à des obligations internationales à d’autres moments. En somme, la politique étrangère américaine, avec ses multiples échecs, qui a connu une courbe ascendante au cours des trois dernières décennies, a besoin d›une révision attentive de ses tendances, de ses actions et de la manière de prendre ses décisions. Comme Richard Haas,

directeur de la planification des politiques au département d’État américain, a expliqué dans un article publié dans la revue «Foreign Affairs», malgré la promesse du président américain Joe Biden d’aider à conduire le monde vers un avenir plus pacifique et plus prospère pour tous, la vérité est que le crise n’est pas dans la nature du système international et de ses principaux acteurs, mais plutôt dans le fait que les américains veulent profiter des bénéfices du système international sans faire le travail sérieux de le construire et de le maintenir. Ce qui oblige les États-Unis à se rendre compte que son succès ne sera pas réalisé seul, mais doit travailler avec d’autres, qu’ils soient des alliés traditionnels ou de nouveaux partenaires, tout en s’appuyant sur tous les moyens disponibles formels et informels dans le but d›arriver à un ensemble de règles et de normes internationales et à un mécanisme d’organisation de l’action collective. À ce moment-là, les ÉtatsUnis pourront gérer les crises et les problèmes du système international d’une manière qui réalise leurs intérêts et ceux de leurs alliés, et en même temps maintenir la paix et la sécurité internationales, ce qui aura un impact positif sur le monde et en même temps assurer la stabilité et réduire le nombre de conflits et leur niveau. Politique étrangère américaine

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Sociologue nigérien: Chaque africain veut imposer sa propre conception de la démocratie Par : Nasreddine Ben Hadid

De l’Afrique animée par l’espoir du décollage, on est passé vers celle de la désolation. Tout vire au rouge, et l’espoir du sauvetage l’emporte sur le rêve de l’épanouissement. Sur ce thème, La «Majalla» rencontre le sociologue nigérien, Mahamadou Baba, qui non seulement opère une dissection chirurgicale de la société africaine, mais surtout délaisse et admet un certain recul, face aux défis auxquels le continent noir, est confronté : < En Afrique, le terme «démocratie» fait miroiter une image plus portée vers les élections, et pas du tout vers les droits économiques et sociaux. Situation qui a engendré des «démocraties» stériles sur les plans économiques et sociales. Comment expliquez-vous la chose ? Avant de répondre, nous sommes dans l’obligation de clarifier le sens que chacun de nous octroie au terme «démocratie». Nul besoin de revenir aux origines grecques, mais uniquement, se poser la question suivante : «Sommes-nous (dans un quelconque pays africain, et plus généralement du tiersmonde) porteurs d’une commune appréhension de ce terme ? Personne, même dans les démocraties bien ancrées, ne peut exiger que tout le monde

soit une copie conforme d’une référence unique. Néanmoins, on peut remarquer qu’un «espace de compréhension commun» existe en occident, qui fait office de socle fondateur. Mais aussi, tout différent, même grave, ne peut, ou plutôt ne doit menacer, ou mettre en péril, ce «dénominateur commun».

Personne, même dans les démocraties bien ancrées, ne peut exiger que tout le monde soit une copie conforme d’une référence unique. Sur la base de ce préambule, je peux répondre à votre question : En Afrique, à des degrés différents, ce «dénominateur commun» est absent, volatile, ou même éphémère. Chacun pense que sa propre conception est la seule légitime, et encore plus que tout le monde doit l’admettre pour référence unique, et même sacrée.

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L’Etat post-colonial, a toujours considéré que son «capital révolutionnaire» est inépuisable, mais aussi, que toute critique de ce nouveau pouvoir, relèverait d’une volonté antirévolutionnaire. ne sont que les symptômes fiévreux de cette pathologie.

Sociologue nigérien Mahamadou Baba

< Que le modèle soit libéral ou socialiste, les Etats africains n’ont pu engendrer le On remarque des «guerres tribales» pour développement. Sommes-nous devant une imposer son propre concept de la démocra- mauvaise application du choix (libéral ou tie. socialiste), ou devant un mauvais choix, tout court ? < L’Etat post-colonial africain a pris sa légitimité, dans sa promesse de prospérité, Le libéralisme ainsi que le socialisme, en partage des richesses, et respect des droits tant que concepts, sont nés en Occident. De de l’individu. Comment évaluez-vous la ce fait, on ne peut évoquer l’un des termes, situation ? hors de son espace historique, tout en imaginant qu’il va garder la même significaAussi forte ? que puisse être une machine tion, et surtout engendrer les mêmes effets. de propagande, la population finira par de- On ne peut évoquer au maximum, que des mander les dividendes promis. tentatives de projection de concepts hors de leurs champs historiques, tout en sachant Tous les mouvements de libération, aussi que le résultat, ne serait pas le même. bien armés, que pacifiques, ont promis toutes les merveilles du monde. < Les investissements, et les échanges commerciaux des pays africains, se font L’Etat post-colonial, a toujours considéré pour plus de 75% avec des partenaires que son «capital révolutionnaire» est inépu- non-africains. Comment expliquez-vous isable, mais aussi, que toute critique de ce ce phénomène ? Surtout en remédier ? nouveau pouvoir, relèverait d’une volonté antirévolutionnaire. Un effritement à dif- Les échanges économiques se font sur la férentes vitesses, a touché ce «capital ré- base de deux facteurs : Un, ce que vous avez volutionnaire», sans capacité de recharge. à offrir. Deux, ce dont vous avez besoin. D’où, ce qu’on remarque d’affaiblissement Les pays africains, exportent à forte domide l’Etat, et même de dislocation, et surtout nante de la matière première, même manude faiblesse, à contrer le terrorisme, le ban- facturée, restent tributaires, d’une machine ditisme, et le séparatisme. Ces trois maux

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économique globalisée. A titre d’exemple : La marchandise chinoise, arrive à capter l’attention du consommateur africain, plus que la production d’un pays voisin, et même, dans plusieurs cas, plus que la marchandise du pays même. Je pense que les économies africaines, sont, même à des degrés différents, très liés à des centres de décisions, qui se situent hors du continent. La querelle entre Chinois et Occidentaux, constitue l’exemple le plus significatif.

Comment convertir les richesses en développement ? En économie, le capital essentiel est le savoir, plus que la matière première. Si vous disposez d’une mine de diamants, sans pouvoir assurer le polissage, soyez certains que celui qui va accomplir la tâche, aura une part des bénéfices meilleure à la vôtre. L’Afrique regorge de richesses, mais peine à en tirer autre, bénéfice, que la vente en matière première. De ce fait, l’Occident doit assurer la stabilité de ces pays. Les «aides» assument cette mission.

< L’Afrique porte l’image des «aides», malgré une richesse plus que conséquente. Je pense que l’enjeu actuel, n’est nullement le passage d’une économie archaïque vers un développement soutenu, mais plutôt de préserver l’intégrité territoriale, et surtout, une stabilité sociale, qui laisse déjà apparaitre des signes de faiblesse.

Les économies africaines, sont, même à des degrés différents, très liés à des centres de décisions, qui se situent hors du continent.

< Le monde entier est entré en état d’alerte à cause du Coronavirus, sans trop accorder l’importance qu’il faut, à Ebola ou au paludisme, entre autres. Comment

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Sociologue nigérien Mahamadou Baba


la démocratie en afrique

expliquez-vous la chose ?

La capacité à faire face à ce fléau. Cet indiLe coté instinctif est dominant actuelle- ce, même s’il n’est pas encore mis en équament. La peur l’emporte sur la raison, et le tion arithmétique, est d’une importance stratégique. Car sur sa base, va se dessrepli sur l’ouverture. iner le futur économique même, et même L’Occident, de ce fait, ne peut penser qu’à la santé psychologique de la population de ses propres besoins. Tant le Coronavirus le tout pays. menace, il va chercher des remèdes à ce virus. Les autres fléaux se situent au-delà Les pays africains, sont toujours dans la réaction, sans nul effort de planifier ou de de sa propre conception du danger. dresser des visions stratégiques. < Quelles sont les conséquences les plus graves de la pandémie qu’on vit actuellement ? L’enjeu actuel, n’est nullement le passage Essentiellement pour les pays africains ? Sur la base des statistiques de l’OMS, notre continent semble – globalement – en dehors des grandes vagues de cette pandémie. Ceci nous enchante au premier degré, mais ne peut nous satisfaire, car cette épidémie a redistribué les cartes, et même a introduit un indice nouveau à prendre en considération :

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d’une économie archaïque vers un développement soutenu, mais plutôt de préserver l’intégrité territoriale, et surtout, une stabilité sociale, qui laisse déjà apparaitre des signes de faiblesse.


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Sommet UE-UA : Comment UHJDJQHU O·LQÁXHQFH Tunis- La Majalla Les chefs d’État ou de gouvernement des États membres de l’Union africaine (UA) et de l’Union européenne (UE) se sont réunis à l’occasion du sixième sommet Union européenne Union africaine, qui s’est tenu à Bruxelles les 17 et 18 février 2022. Il est à noter que 40 des 55 dirigeants membres de l’Union africaine (UA) ont retrouvé leurs homologues de l’UE pour définir un nouveau partenariat fondé sur «l’échange et le partage». Bien que l’objectif déclaré de ce sommet fût de « s’écouter mutuellement, de mieux se comprendre et de mieux connecter les deux continents, pour partager des objectifs communs et déployer des moyens afin de se rapprocher des objectifs de développement et de coopération », il s’agissait plutôt de contrer l’expansion économique chinoise et russe sur le continent. Comment rattraper le retard des Occidentaux, alors que la Chine a pu se constituer une « large clientèle africaine » qui remplit plusieurs de ses objectifs géopolitiques ? En effet, l’Union Européenne semble

avoir appréhendé que les pays africains pèsent plus grand à l’assemblée générale des Nations unie avec 54 voix, soit près de 30% des votants qui ont apporté durant les deux dernières leurs soutiens aux motions proposées par la Chine. Il est aussi question de renverser la vapeur car la Chine est devenue le premier partenaire commercial du continent africain, depuis 2019, et de combler le retard accusé par les occidentaux. Une enveloppe de 150 milliards d’euros Pour regagner cette influence qui a été perdue à travers une activité diplomatique chinoise intense et des investissements colossaux, à la clôture du sommet UE-UA une enveloppe de 150 milliards d’euros sur sept ans a été annoncée en vue d’une nouvelle

Comment rattraper le retard des Occidentaux, alors que la Chine a pu se constituer une « large clientèle africaine » qui remplit plusieurs de ses objectifs géopolitiques ? 32

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Drapeaux des pays participants au sommet.

stratégie globale d’investissements ». « Cette enveloppe, si elle est effectivement mobilisée, constitue une avancée considérable et un pont entre nos continents » a salué Macky Sall, président du Sénégal et de l’Union africaine (UA). « L’Union européenne veut être le partenaire de référence pour le financement des infrastructures », a confirmé pour sa part le président français Emmanuel Macron. Ainsi, le sommet de Bruxelles a affiché son ambition de vouloir « aider des projets voulus et portés par les Africains » en vue d’une reconquête d’une perte d’influence sur le continent face au géant chinois. C’est pourquoi, pendant deux jours à Bruxelles, soufflait un esprit nouveau, un esprit tourné vers l’avenir, un esprit ambitieux qui doit être la fondation de cette relation, de ce partenariat privilégié entre l’Europe et l’Afrique. Un nouvel état d’esprit ambitieux, tourné vers l’avenir, s’est 33

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A la clôture du sommet UEUA une enveloppe de 150 milliards d’euros sur sept ans a été annoncée en vue d’une nouvelle « stratégie globale d’investissements ». fait jour et qui doit constituer le fondement de ce partenariat spécial entre l’Europe et l’Afrique. Lutte contre le terrorisme, restitution de pièces du patrimoine, vaccins, climat, redistribution de « droits tirage spéciaux », le sommet UE-UA aura planché sur la redéfinition d’un « partenariat rénové entre les deux continents. Une forte volonté Ces annonces démontrent une forte volonté de poursuivre le partenariat avec un engagement pour le continent africain dans la durée, pour


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faire face à tous les défis posés, a été fermement exprimée. A cet effet, les dirigeants des deux continents ont discuté des outils et des solutions permettant de promouvoir la stabilité et la sécurité grâce à une architecture renouvelée pour la paix et la sécurité.

Décision française de quitter le Mali par le retrait de ses deux missions de formation militaire (EUTM) et policière (EUCAP). Parmi les décisions présentées comme majeures à l’issue des tables rondes thématiques, la priorité accordée au surfinancement de la croissance, les systèmes de santé et la production de vaccins, l’agriculture et le développement durable, l’éducation, la culture, la formation professionnelle, la migration et la mobilité, le soutien au

secteur privé et l’intégration économique, la paix, la sécurité et la gouvernance, le changement climatique et la transition énergétique, la connectivité et l’infrastructure, le transport et le numérique en matière de transport. Départ des soldats français du Mali Après l’annonce de la décision française de quitter le Mali, faite la veille du sommet, l’UE entend vérifier «d’ici quelques jours», si les conditions et les garanties sont remplies pour le maintien au Mali, de ses deux missions de formation militaire (EUTM) et policière (EUCAP), a annoncé le chef de la diplomatie européenne Josep Borrell. Cependant, pour le président du Conseil européen Charles Michel, il s’agit d’«être lucide sur le passé» et de «changer le paradigme» de la relation. Il a affirmé que les débats ont porté sur le départ des soldats de Barkhane et Takuba du Mali et a affirmé que «lorsque les Français et les Européens se sont déployés, c’est à la demande des États de la région dans un moment où il y 34

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Une présence de hautniveau.


avait le risque d’effondrement com- nisie, le Sénégal et le Nigéria. Pour plet du Mali. » le président sénégalais Macky Sall, qui occupe également la présidence Six pays produiront leurs propres tournante de l’Union Africaine, il vaccins s’agit d’une excellente nouvelle pour Le Sommet s’est aussi consacré à la le continent. «Le seul problème qui lutte contre la pandémie qui reste une reste c’est le sujet lié au droit de propriorité pour l’Afrique. Seulement priété intellectuelle. Les conclusions 11% de la population du continent auxquelles nous sommes parvenues africain est entièrement vaccinée. sont encourageantes et doivent nous L’UE a donné 150 millions de vac- permettre d’ici le printemps d’arriver cins à l’Afrique et va poursuivre cet à un compromis», a souligné le présieffort en permettant l’accès des pays dent sénégalais. Bien que le sommet africains à la technologie nécessaire ait constitué une occasion unique de pour produire des vaccins à ARN jeter les bases d’un partenariat remessager. L’annonce a été faite lors nouvelé et approfondi entre l’UA et d’une cérémonie en présence du l’UE bénéficiant d’un engagement président français Emmanuel Ma- politique au plus haut niveau fondé cron, de son homologue sud-africain sur la confiance et une compréhenCyril Ramaphosa, du président du sion claire des intérêts mutuels, les Conseil européen, Charles Michel, intérêts économiques et géopoliet de la présidente de la Commission tiques, prélaveront sur la future straeuropéenne, Ursula von der Leyen. tégie européenne envers l’Afrique. Les pays retenus et qui devront servir Cependant, même si l’Afrique est de hub dans la production de vaccins courtisée. Elle a le choix de ses contre la Covid-19 sont l’Afrique partenaires. du Sud, le Kenya, l’Egypte, la Tu- Les chefs d’État ou de gouvernement 35

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des États membres de l’Union africaine (UA) et de l’Union européenne (UE) se sont réunis à l’occasion du sixième sommet Union européenne Union africaine, qui s’est tenu à Bruxelles les 17 et 18 février 2022. Il est à noter que 40 des 55 dirigeants membres de l’Union africaine (UA) ont retrouvé leurs homologues de l’UE pour définir un nouveau partenariat fondé sur «l’échange et le partage». Bien que l’objectif déclaré de ce sommet fût de « s’écouter mutuellement, de mieux se comprendre et de mieux connecter les deux continents, pour partager des objectifs communs et déployer des moyens afin de se rapprocher des objectifs de développement et de coopération », il s’agissait plutôt de contrer l’expansion économique chinoise et russe sur le continent. Comment rattraper le retard des Occidentaux, alors que la Chine a pu se constituer une « large clientèle africaine » qui remplit plusieurs de ses objectifs géopolitiques ? En effet, l’Union Européenne semble avoir appréhendé que les pays africains pèsent plus grand à l’assemblée générale des Nations unie avec 54

L’UE a donné 150 millions de vaccins à l’Afrique et va poursuivre cet effort en permettant l’accès des pays africains à la technologie nécessaire pour produire des vaccins à ARN messager.

voix, soit près de 30% des votants qui ont apporté durant les deux dernières leurs soutiens aux motions proposées par la Chine. Il est aussi question de renverser la vapeur car la Chine est devenue le premier partenaire commercial du continent africain, depuis 2019, et de combler le retard accusé par les occidentaux. Une enveloppe de 150 milliards d’euros Pour regagner cette influence qui a été perdue à travers une activité diplomatique chinoise intense et des investissements colossaux, à la clôture du sommet UE-UA une enveloppe de 150 milliards d’euros sur sept ans a été annoncée en vue d’une nouvelle « stratégie globale d’investissements ». « Cette enveloppe, si elle est effectivement mobilisée, constitue une avancée considérable et un pont entre nos continents » a salué Macky Sall, président du Sénégal et de l’Union africaine (UA). « L’Union européenne veut être le partenaire de référence pour le financement des infrastructures », a confirmé pour sa part le président français Emmanuel Macron. Ainsi, le sommet de Bruxelles a affiché son ambition de vouloir « aider des projets voulus et portés par les Africains » en vue d’une reconquête d’une perte d’influence sur le continent face au géant chinois. C’est pourquoi, pendant deux jours à Bruxelles, soufflait un esprit nouveau, un esprit tourné vers l’avenir, un esprit ambitieux qui doit être la fondation de cette relation, de ce partenariat privilégié entre l’Europe et l’Afrique. Un nouvel état d’esprit ambitieux, tourné vers l’avenir, s’est fait jour et qui doit constituer le fondement de ce partenariat spécial entre l’Europe et l’Afrique. Lutte contre le terrorisme, 36 01/0 22

Le président tunisien s’entretient avec la présidente du Parlement européen.


restitution de pièces du patrimoine, vaccins, climat, redistribution de « droits tirage spéciaux », le sommet UE-UA aura planché sur la redéfinition d’un « partenariat rénové » entre les deux continents. Une forte volonté Ces annonces démontrent une forte volonté de poursuivre le partenariat avec un engagement pour le continent africain dans la durée, pour faire face à tous les défis posés, a été fermement exprimée. A cet effet, les dirigeants des deux continents ont discuté des outils et des solutions permettant de promouvoir la stabilité et la sécurité grâce à une architecture renouvelée pour la paix et la sécurité. Parmi les décisions présentées comme majeures à l’issue des tables rondes thématiques, la priorité accordée au surfinancement de la croissance, les systèmes de santé et la production de vaccins, l’agriculture et le développement durable, l’éducation, la culture, la formation professionnelle, la migration et la mobilité, le soutien au 37 01/0 22

secteur privé et l’intégration économique, la paix, la sécurité et la gouvernance, le changement climatique et la transition énergétique, la connectivité et l’infrastructure, le transport et le numérique en matière de transport. Départ des soldats français du Mali Après l’annonce de la décision française de quitter le Mali, faite la veille du sommet, l’UE entend vérifier «d’ici quelques jours», si les conditions et les garanties sont remplies pour le maintien au Mali, de ses deux missions de formation militaire (EUTM) et policière (EUCAP), a annoncé le chef de la diplomatie européenne Josep Borrell. Cependant, pour le président du Conseil européen Charles Michel, il s’agit d’«être lucide sur le passé» et de «changer le paradigme» de la relation. Il a affirmé que les débats ont porté sur le départ des soldats de Barkhane et Takuba du Mali et a affirmé que «lorsque les Français et les Européens se sont déployés, c’est à la demande des États de la région dans un moment où il y


avait le risque d’effondrement com- le président sénégalais Macky Sall, plet du Mali. » qui occupe également la présidence tournante de l’Union Africaine, il Le Sommet s’est aussi consacré à s’agit d’une excellente nouvelle pour la lutte contre la pandémie qui reste le continent. «Le seul problème qui une priorité pour l’Afrique. Seule- reste c’est le sujet lié au droit de proment 11% de la population du con- priété intellectuelle. Les conclusions tinent africain est entièrement vacci- auxquelles nous sommes parvenues née. L’UE a donné 150 millions de sont encourageantes et doivent nous vaccins à l’Afrique et va poursuivre permettre d’ici le printemps d’arriver cet effort en permettant l’accès des à un compromis», a souligné le présipays africains à la technologie néces- dent sénégalais. Bien que le sommet saire pour produire des vaccins à ait constitué une occasion unique de ARN messager. L’annonce a été faite jeter les bases d’un partenariat relors d’une cérémonie en présence du nouvelé et approfondi entre l’UA et président français Emmanuel Ma- l’UE bénéficiant d’un engagement cron, de son homologue sud-africain politique au plus haut niveau fondé Cyril Ramaphosa, du président du sur la confiance et une compréhenConseil européen, Charles Michel, sion claire des intérêts mutuels, les et de la présidente de la Commission intérêts économiques et géopolieuropéenne, Ursula von der Leyen. tiques, prélaveront sur la future straLes pays retenus et qui devront servir tégie européenne envers l’Afrique. de hub dans la production de vaccins Cependant, même si l’Afrique est contre la Covid-19 sont l’Afrique courtisée. Elle a le choix de ses partedu Sud, le Kenya, l’Egypte, la Tu- naires. nisie, le Sénégal et le Nigéria. Pour 38 01/0 22

Réunion du haut-panel lors du sommet


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L’arrogance du tsar et la fragilité L›arrogance de l’Occident l›Occident

Par : Alia Mansour

Les peuples européens ont peutêtre laissé tomber leur envie de faire la guerre et ne soutiennent donc aucune guerre qui pourrait affecter leur bien-être et leur mode de consommation, et réalisent également que la seule guerre dont ils peuvent convaincre leur opinion publique sans rejet absolu serait la guerre menée par des avions contre des groupes ou des pays sous-développés et non pas celle qui pourrait générer un conflit entre deux grandes puissances comme la Russie et l’OTAN. La crise ukrainienne a révélé la fragilité de l’Union européenne face à l’arrogance de Vladimir Poutine. Elle a également révélé une fois de plus la fragilité des Occidentaux et leur faiblesse à soutenir leurs alliés face à la capacité de Poutine à déclarer sa victoire sans avoir à déclarer la guerre. L’adhésion de l’Ukraine à l’Organisation du traité de l’Atlantique Nord (OTAN) a été reportée et Poutine a ajouté un nouveau succès à sa série de victoires. Il est à noter que les victoires de Poutine

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ne sont pas dues à sa force, mais à la faiblesse de ses adversaires. La Russie, qui souffre économiquement et est soumise aux sanctions américaines et occidentales, n’est pas plus forte que l’Union européenne ou les États-Unis, mais Vladimir Poutine a la faculté de saisir les moments opportuns pour remporter des victoires au moindre coût, même si ces victoires sont formelles et renvoient à l’époque de la guerre froide qu’au XXIe siècle. Sa photo rencontrant le président français Emmanuel Macron, séparés par une table de 4 mètres pour évoquer la crise ukrainienne, a suscité une large polémique et a été considérée comme un message diplomatique. Il s’est retrouvé devant deux options, soit accepter le prélèvement PCR effectué par les autorités russes, et lui permettre d’approcher Poutine, ou de refuser, ce qui l’obligerait à respecter des règles strictes de séparation, justifiant le refus des autorités françaises par la crainte de voir les russes obtenir l’ADN de Macron. Non seulement la réunion a mis en exergue la violation du protocole et a démontré la fragilité de Macron face à l’arrogance de Poutine, mais a aussi été perçue comme un avertissement du président russe que si l’Ukraine, après être devenue membre de l’OTAN, cherchait à reprendre militairement la Crimée, Moscou répondrait avec force. Poutine, qui a déclaré qu’en cas de guerre conventionnelle avec l’Otan, la Russie ne serait pas en mesure de faire face aux forces des 30 pays de l’Otan,


dont les États-Unis, mais aussi a rappelé à tous qu’il dispose « d’armes nucléaires ». Macron, qui n’a pas su cacher sa réaction, a répondu aux propos choquants de Poutine que la France est autorisée à mener ces négociations avec la Russie car c’est aussi un pays«capable», en référence à sa possession d’armes nucléaires. La scène de la table a été reproduite avec le chancelier allemand Olaf Schultz, et la justification de la distanciation sociale et de la préservation de la couronne a été répétée avec lui. C’est ainsi que l’affaire a ramené à la mémoire des images de la rencontre de Poutine avec l’ancienne chancelière allemande Angela Merkel, qui souffrait de la phobie des chiens. Une rencontre au cours de laquelle Poutine est apparu avec ses chiens, l’a fait paniquer, pour se montrer confiant, fort et maître de la situation. Et si l’on ajoute à toutes ces images la succession d’avertissements occidentaux d’une intention russe d’envahir l’Ukraine après que la Russie a mobilisé plus de cent mille soldats aux frontières de l’Ukraine, et l’appel de Washington, Londres et d’autres capitales occidentales à leurs citoyens à quitter les terres ukrainiennes avant qu’il ne soit trop tard, il devient compréhensible que certains s’attendent à ce que la guerre est imminente. Bien que certains pensent que Poutine se venge des pratiques de l’Occident, notamment des États-Unis, après l’effondrement de l’Union soviétique, l’hypothèse selon laquelle la Russie tente d’entrainer l’Occident dans son terrain de jeu pour des négociations, ne peut être écartée. Quoi qu’il en soit, Poutine semble victorieux, il a mis l’Occident en état d’alerte et, au moins temporairement, a freiné l’idée d’une possible adhésion de l’Ukraine à l’OTAN. Tout cela rappelle l’intervention militaire russe en Syrie aux côtés du régime de Bachar al-Assad quand Poutine a fait de la Syrie une terre brûlée et a contribué à

la propagation des milices iraniennes et à leur expansion sur l’ensemble du territoire syrien, contrairement à ce qui avait été promis le jour où son intervention militaire directe a commencé. Il a exercé son droit de veto au Conseil de sécurité à plusieurs reprises, et à de nombreuses reprises sans que le monde n’essaie de trouver un moyen de le dissuader, tout comme le monde n’a pas tenté de dissuader Bachar al -Assad, le jour où il a commis des dizaines d’assassinats au Liban, ni le jour où il a perpétré ses crimes à l’intérieur de la Syrie et a tué, fait migrer et arrêté plus de la moitié du peuple syrien. Aujourd’hui, la situation ne semble pas différente, bien que l’Ukraine soit plus importante stratégiquement que la Syrie pour certains. Cependant, l’impunité est la norme et il ne semble pas y avoir d’intention sérieuse de s’opposer à l’arrogance de Vladimir Poutine. Les peuples européens ont peut-être laissé tomber leur envie de faire la guerre et ne soutiennent donc aucune guerre qui pourrait affecter leur bien-être et leur mode de consommation, et réalisent également que la seule guerre dont ils peuvent convaincre leur opinion publique sans rejet absolu serait la guerre menée par des avions contre des groupes ou des pays sous-développés et non pas celle qui pourrait générer un conflit entre deux grandes puissances comme la Russie et l’OTAN.Toutes ces considérations contribuent à faire de la Russie un empire militaire plus fort en termes de volonté de guerre là où il n’y a pas d’opinion publique capable de renverser le gouvernement et où le peuple est gouverné par ce que veut le tsar. Le monde a connu les résultats désastreux du fascisme avec plus de cinquante millions de victimes, et des villes entières détruites, l’on se demande où peut mener une nouvelle phase du fascisme, d’autant plus qu’il n’y a aucun signe de résistance ?

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« Et si l’on ajoute à

toutes ces images la succession d’avertissements occidentaux d’une intention russe d’envahir l’Ukraine après que la Russie a mobilisé plus de cent mille soldats aux frontières de l’Ukraine, et l’appel de Washington, Londres et d’autres capitales occidentales à leurs citoyens à quitter les terres ukrainiennes avant qu’il ne soit trop tard, il devient compréhensible que certains s’attendent à ce que la guerre est imminente .»


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Jack Lang à La «Majalla» : Une véritable «révolution culturelle » se produit en Arabie saoudite grâce à la vision de Mohammed Bin Salman Il a félicité le Serviteur des Deux Saintes Mosquées et le prince hériter à l’occasion du « Jour de la fondation». Par : Mostafa El Desouky

de 1992 à 1993 et de 2000 à 2002. Lang a beaucoup ajouté à la culture arabe en présidant l’Institut du monde arabe à Paris depuis 2013 et à ce jour. Durant le mandat de Lang, l’Institut du monde arabe fondé à Paris en 1980, a organisé des ateliers culturels, des concerts, des conférences, des expositions, des festivals, et des divers événements remarquables en France et ailleurs notamment en Arabie saoudite. Il a été honoré dans le Festival international du film de la mer Rouge, à Djeddah en Arabie saoudite. L’Institut du monde arabe, conçu par le français Jean Nouvel, a été créé en vue de documenter la culture arabe avec ses différentes croyances et religions. Durant une longue discussion avec le minJack Lang est l’un des intellectuels, éduca- istre Jack Lang pour Al-Majalla dans son teurs, et juristes de la France, il a contribué bureau à Paris, il a parlé du rôle de l’Institut à enrichir la culture française. Il a été minis- du monde arabe de mobiliser la relation entre de la Culture en France de l’année 1981 tre la culture française et arabe afin de créer à l’année 1986, et puis de 1988 à 1993. Il un dialogue culturel constructif avec autrui. été aussi ministre de l’Éducation nationale L’ancien ministre socialiste a mentionné ce

Je vais en quelques jours à Djeddah pour une réunion de trois jours sur l’art contemporain, et je participerai en même temps au conseil d’AlUla pour négocier les moyens pour développer ce site formidable.

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La langue arabe et la langue parlée doivent être préservées. Je remarque que dans quelques pays, les jeunes parlent en anglais plus que dans leur langue nationale et c’est malheureux.

Le ministre Jack Lang

qui considère comme révolution culturelle en Arabie saoudite, et a salué les changements apportés au royaume. Il a exprimé aussi son émerveillement par le travail accompli par le prince Mohammed Bin Salman et son équipe et il a dit que c’est un travail exceptionnel et sans précédent. Le ministre Lang âgé de 83 ans qui a grandi dans une famille très riche et a étudié le droit et les sciences politiques, a parlé aussi de son livre « Langue Arabe, trésor de France » dans lequel il a illustré le statut élevé de la langue arabe classée cinquième langue parmi six langues aux Nations Unies. Le ministre Lang a présenté à la fin de la discussion ces félicitations pour l’Arabie saoudite qui fête en 22 février pour la première fois la fondation du premier Etat saoudien il y a près de 300 ans.

La mission de l’Institut du monde arabe est de révéler la profondeur des divers pays et la beauté, la force, et la grandeur des cultures arabes. Nous ne réaliserons pas une chose puissante si nous ne réussissons pas à travers l’éducation, la culture, l’art, et l’information de faire introduire dans le peuple des pays occidentaux et de tous les pays du monde, l’histoire et le présent de la culture arabe. Je peux dire aujourd’hui que la culture arabe est très étendue. Quand j’étais ministre de la Culture du président François Mitterrand, j’ai construit cette place pour en faire un endroit élégant pour la culture arabe. Une des missions de l’Institut est de mettre en lumière toutes les facettes de la culture et les cultures arabes. C’est vraiment un institut unique au monde, et aucune capitale au monde n’accueille un tel Institut. < La culture saoudienne vise à promouvoir les valeurs du dialogue et de la paix entre les peuples, à diffuser la culture, et à établir des relations avec autrui… Quelle est votre évaluation du soutien culturel et intellectuel vu dans le Royaume depuis l’annonce de la vision 2030 ?

J’exprime mon admiration des mesures prises par les autorités saoudiennes depuis quelques années pour l’éducation et la culLe dialogue se lit comme suit : ture. Une vraie révolution culturelle se pro< Parlez-nous de la mission de l’Institut du duit en Arabie Saoudite, et c’est impresmonde arabe et de l’importance des futurs sionnant. J’étais le ministre de la Culture pour dix ans et je préside cet Institut et je projets. peux dire que je ne connais pas un pays

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au monde où une telle révolution culturelle se produit. Quand je vois les changements produits en Arabie saoudite, je trouve que c’est incroyable, la politique, la culture, l’art, le cinéma, la musique, le théâtre, la littérature, un soutien sans précédent pour la langue arabe, et une fondation et une création des musées. C’est vraiment remarquable. De plus, le travail fait par le prince Mohammed Bin Salman et son équipe est aussi remarquable.

Les autorités saoudiennes ont établi ١٢ autorités indépendantes y compris, une consacrée à la langue et la culture, une pour le cinéma, une pour la musique, et une autre pour les arts visuels, et c’est excellent.

Nous voyons aujourd’hui une réalité culturelle profonde en Arabie saoudite. Il y a des initiatives liées aux jeunes et aux femmes. Je trouve qu’aujourd’hui, les jeunes et les femmes sont ravis face à cette politique moderne d’un Etat soutenant l’art, et la culture pour créer une société arabe cultivée et distincte. Cela me rend heureux. Heureusement que le prince Bin Farhan est chargé du Ministère de la Culture au Royaume. Il est visionnaire, moderne, et prépare pour l’avenir. Je trouve que les mesures prises en Arabie saoudite sont vraiment une révolution, étant donné que le prince héritier a une vision futuriste, et elle n’est pas seulement une vision mais des réalisations. Le prince Mohammed bin Salman a compris que son pays ne peut avancer que s’il se base sur l’innovation, les jeunes, les femmes, et les institutions. C’est fantastique. L’Arabie saoudite est un grand pays qui devrait

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Couverture du livre de Jack Lang: La langue arabe, trésor de France


Le collègue Mostafa El-Desouky et le ministre Jack Lang dans son bureau, accompagnés du candidat présidentiel français Mohamed Ayachi Ajroudi et d›un membre du Parti national démocrate Tous pour la France Zakaria Ajroudi ((La Majalla

prendre tôt ou tard un pas vers la modernité sans renoncer à ses habitudes et croyances. Je suis très heureux d’aller à Djeddah ou Riyad qui est devenu une capitale culturelle mondiale. Tout a changé, ce qui exige un courage et une intelligence politique et une vision. Ce qui se passe actuellement en Arabie Saoudite, n’est pas seulement des mots, mais nous voyons partout et d’une manière permanente dans l’Arabe saoudite des concerts, des événements, des musées, des cinémas, des théâtres, des universités et des centres de recherche. Nous ne nous en rendons pas compte en Occident. Je demande à nos amis en Arabie saoudite : pourquoi ne vous améliorez pas plus notre connaissance sur les affaires positives que vous faites ? Je suis peut-être le seul à exprimer ce qui passe en Arabie saoudite, cette vie culturelle merveilleuse. J’ai participé en décembre au premier Festival international du film de la mer Rouge, et c’était incroyable. J’irai en quelques

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jours de nouveau à Djeddah pour une réunion de trois jours sur l’art contemporain, et je participerai en même temps au conseil d’AlUla pour discuter le processus de développement de ce site incroyable. Tout cela est formidable, motivant et passionnant. J’ai également été associé à un certain nombre d’initiatives, et je pense précisément à AlUla. Nous organiserons ici une grande exposition pour plusieurs mois sur AlUla qui voyagera à travers le monde. Nous présenterons l’exposition AlUla en chine à la cité interdite, puis à Saint-Pétersbourg

Je pourrais parler pendant des heures sur l’Arabie saoudite qui est un pays idéal et exceptionnel. Les projets architecturaux du prince hériter sont remarquables, il a confié à Jean Nouvel, l’architecte de l’Institut du monde arabe, la réalisation d’une architecture à AlUla.


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en Russie, et dans d’autres pays. Des conversations sont en cours maintenant pour savoir comment pourra un nombre d’exposition à l’Institut de monde arabe se déplacer dans les villes de l’Arabie saoudite, par exemple l’exposition sur les anciennes divas du monde arabe comme Umm Kulthum, Feirouz, et Warda. Le prince Bader a approuvé l’idée et c’est ce dont les assistants discutent actuellement avec le ministère de la Culture en Arabie saoudite. J’aime aussi qu’il tourne dans les autres pays arabes et occidentaux. Et à travers le magazine la «Majalla», je demande aux parties prenantes et à toutes les personnes intéressées par l’événement de nous contacter pour organiser l’exposition d’Umm Kulthum, Fairouz et Warda, ainsi que l’artiste saoudien Mohammed Abdo, dans toutes les régions du Royaume et à l’étranger. <Vous avez publié un livre intitulé « La Langue Arabe, trésor de France », pouvezvous nous en raconter plus sur le livre et ce qui vous a poussé à l’écrire ? L’enseignement de la langue arabe fait partie de la mission de l’Institut du monde arabe, et depuis que je l’ai présidé, je fais de mon mieux pour que la langue arabe ne soit pas seulement enseignée à l’institut

J’ai eu de la chance avec ma femme d’assister à un concert d’Umm Kulthum en Caire. Nous avons découvert pour la première fois l’étoile de l’orient, et cela avant qu’elle vienne à Paris. Nous étions vraiment fascinés et surpris par sa voix merveilleuse.

mais dans toutes les écoles et les universités. Parmi ces uniques initiatives que nous avons prises, je cite « le certificat international de la langue arabe » pour évaluer les différents niveaux de connaissance de l’élève ou l’étudiant. Ce système ressemble au TOFEL de la langue anglaise. C’est une première, et il semble étrange, mais cela n’existe pas au monde arabe. Nous avons pris cette initiative et beaucoup de pays ont présenté leur assistance afin que nous puissions réaliser ce certificat international. C’est un grand succès ! • Quelle est la nature des relations entre les pays francophones et le Golfe ? Il est vrai que tous les conflits culturels et linguistiques peuvent se rencontrer. J’aime la langue française et la langue arabe. Je dis parfois dans les réunions que la langue arabe et la langue française ont le même conflit pour assurer la protection des deux langues. C’est un grand sujet, les grandes langues nationales risquent de s’affaiblir par la pratique générale, la publicité, et le marketing. Je trouve aussi que dans les pays arabes, la langue arabe, littéraire et parlée, doit être préservée. Je remarque que dans certains pays, les jeunes trouvent qu’il est facile de parler en anglais plus que de parler en leur langue nationale. Cela se ressemble avec ce qui se passe en France, en Allemagne, et c’est malheureux. Il faut préserver les langues vivantes car elles sont le trésor de l’humanité. Nous travaillons ici en faveur de la langue arabe, et j’espère que les autres travaillent pour la langue française ou allemande. Je crois que le multilinguisme constituera un vrai conflit au futur. Les générations mondiales doivent étudier deux ou trois langues au minimum

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et en même temps préserver leur langue nationale. Cela est d’une importance vitale sinon nous parlerons une langue qui manque de vie, de couleur, de caractère particulier, et nous couperons complètement la relation avec l’histoire. Nous pouvons se tendre vers la modernité comme l’a fait le prince hériter, mais nous devons préserver l’héritage, le patrimoine, et la culture. Ce qui est intéressant dans la politique du prince Bader Bin Farhan, le ministre de la Culture, et les autorités saoudiennes, est qu’ils ont établi 12 autorités indépendantes, y compris une conservée à la langue et culture arabe, et c’est excellent, une au cinéma, une à la musique, et une autre aux arts visuels. Il est donc très important que la politique culturelle n’oublie pas l’importance de la langue dans chaque pays. Aujourd’hui en Arabie saoudite, j’ai l’impression que beaucoup d’efforts sont faits pour faire aimer, découvrir et préserver l’arabe et les autres langues. C’est aussi du beau travail réalisé aujourd’hui par le min-

istre saoudien de la Culture et son équipe.Je peux parler pendant des heures de l’Arabie saoudite, qui est un pays idéal et exceptionnel, et j’espère que tout cela continuera. De plus, les projets architecturaux du Prince Héritier sont notables, par exemple, il a confié à Jean Nouvel, l’architecte de l’Institut du Monde Arabe, de créer une sorte de resort à Al-Ula. Le projet est formidable et montre la beauté du site. <Comment voyez-vous la vie culturelle et intellectuelle dans les pays du golfe autres que l’Arabie saoudite ? La vie culturelle et intellectuelle est aussi intense dans les autres pays du golfe. Je crois qu’au Bahreïn, la Sheikha Mai bint Mohammed Al-Khalifa, présidente du conseil d’administration du Centre régional arabe pour le patrimoine mondial, a réalisé un travail remarquable pour restaurer le patrimoine, développer la pêche aux perles, et

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créer une zone pour les expositions. C’est une femme remarquable. D’autres personnalités au Koweït réalisent aussi des travaux pour maintenir le patrimoine et la culture. Finalement, je parle des Émirats Arabes Unis, le Sheikh Zayed été à l’origine de la création du musée du Louvre à Abu Dhabi. Il est allé voir le président français et lui a proposé la création de ce grand musée. Son architecte est Jean Nouvel, celui de cet Institut. Tout a commencé avec Jean Nouvel ici à Paris lorsque je l’ai choisi avec Mitterrand pour la création de cet endroit. Aujourd’hui il est devenu une star au monde arabe et notamment aux pays du golfe. De plus,

L’artiste arabe Mohammed Abdo est une vraie star, une star mondiale. Je suis content aujourd’hui qu’il peut se déplacer dans tout le monde et en Arabie saoudite. Ce qui est merveilleux aujourd’hui en Arabie saoudite est sa présence parmi vous. Dubaï et Abu Dhabi accueillent des événements magnifiques, comme l’Expo qui a été un grand succès avec des beaux pavillons, comme celui des Émirats Arabes Unis et celui de l’Arabi saoudite. Donc de vrais grands changements se produisent. Il est important de dire que dans ces pays, la richesse est investie dans l’éducati on, la culture, la beauté et l’enseignement, c’est-à-dire dans l’avenir et la jeunesse. C’est un point très important dans la politique menée par les pays du Golfe, surtout ces dernières années.

<Umm Kulthum est venue en France en 1967, avez-vous participé au concert et l’avez-vous vue ? J’ai eu de la chance d’écouter Umm Kulthum au Caire. J’étais un étudiant en voyage au Caire en Egypte et par chance mes amis ont obtenu deux places pour moi et ma femme. Nous avons découvert pour la première fois Umm Kulthum et cela était avant qu’elle vienne à Paris. Nous étions vraiment enchantés et émerveillés par sa belle voix. Nous étions dans un théâtre démodé, et nous nous sommes demandé sinous nous sommes trompés d’adresse, mais c’était correcte. Soudainement Umm Kulthum est apparue derrière le rideau, ou plutôt devant le rideau, et la chose merveilleuse est la façon dont les hommes présents ont chanté avec elle et l’ont accompagnée. C’est inoubliable. J’ai eu de la chance aussi de rencontrer Feirouz, j’étais aussi un étudiant en voyage au Liban et puis elle est venue en France. Quand je suis devenu ministre, je lui ai attribué la Légion d’honneur et nous sommes restés en contact. J’ai rencontré aussi Warda. J’ai eu l’occasion, que ce soit en tant que spectateur, citoyen ou, ministre, de rencontrer toutes ces stars qui ont charmé le monde et qui touchent encore le cœur de millions de personnes, notamment dans les pays arabes et ailleurs. Ils sont vraiment un trésor qu’il faut préserver. <Avez-vous une chanson préférée d’Umm Kulthum ? Non, je n’ai pas une chanson spécifique. J’aime vraiment toutes ses chansons sans exception, et comment elle peut allonger une note ou une syllabe et allonger sa voix pour des minutes et puis elle l’élève. Sa dextérité est remarquable en plus que la manière de chanter en harmonie.

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< Que pensez-vous de l’artiste arabe, le chanteur saoudien Mohammed Abdo ? Mohammed Abdo est une vraie star, une star mondiale. Je suis content aujourd’hui qu’il peut se déplacer dans tout le monde et en Arabie saoudite. Ce qui est merveilleux aujourd’hui en Arabie saoudite est sa présence parmi vous. Il y a beaucoup de grands chanteurs et musiciens. Il est considéré comme incroyable qu’aujourd’hui presque chaque semaine, dans une ville ou une autre, nous assistions à des concerts, en particulier de la musique électronique étonnante et merveilleuse. Le pays où il faut aller aujourd’hui est l’Arabie Saoudite, c’est où il y a du mouvement, de la musique, de la danse et de l’imagination. Ce ne sont pas seulement les grandes stars, mais tout le peuple est dynamique. C’est enfin un lieu de vie avec la musique, les arts, le théâtre et le cinéma. C’est merveilleux. < L’Arabie saoudite célèbre le février la fondation de l’Etat, qu’aimeriez-vous dire ?

societe-civile-africaine

A l’occasion du « Jour de la fondation », je dis qu’à chaque fois que je vais moi-même à la résidence de l’ambassadeur saoudien, ici à Paris, et c’est un homme vraiment remarquable, je le vois s’assurer qu’il parle aussi bien le français que l’arabe. Il est francophone. Il est temps de dire aux amis de l’Arabie saoudite, merci pour votre engagement pour le développement, la paix, le progrès, la culture, et l’éducation. Cette année, à l’occasion de l’anniversaire de la fondation du Royaume, je souhaite adresser mes vœux cordiaux et respectueux au Serviteur des Deux Saintes Mosquées, le Prince héritier Mohammed bin Salman, et au peuple du Royaume d’Arabie saoudite.

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La vague Omicron recule… mais la pandémie est loin d’être terminée Par : Emna Darwazi Les États-Unis ont connu une vague hivernale violente du Coronavirus, entraînée par le variant hautement transmissible, Omicron. Les décès quotidiens sont plus élevés

qu’ils ne l’étaient lors du pic de la vague Delta de l’automne dernier et ont plafonné à environ 2 500 par jour. De nombreux hôpitaux sont toujours sous pression et reportent

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Plusieurs pays, dont la France, l’Allemagne, le Maroc et la Tunisie ont annoncé la levée des restrictions, suite à l’amélioration de la situation sanitaire.

Recul des cas d’Omicron

les chirurgies électives pour libérer des lits pour les patients atteints de la Covid. Les cas quotidiens ont été plus élevés que lors de la poussée du Delta.

dépistage des personnes ne présentant aucun symptôme. Maints gouvernements ont suspendu le port du masque. Nous comprenons parfaitement la frustration et l’impatience derrière ces appels. Plusieurs pays ont allégé les restrictions dont le Maroc, première destination touristique hors Europe des Français, qui a rouvert ses frontières le 7 février, ou la Tunisie qui a annulé le couvre-feu, annonçant que les voyageurs de plus de 18 ans et détenteurs de la preuve d’un schéma vaccinal complet n’auront plus besoin de présenter un test PCR à l’embarquement. En effet, 26 pays dont plusieurs destinations phares passent sur la liste verte sur la carte actualisée au 25 février 2022 par le gouvernement français : le Cap Vert, la Côte d’Ivoire, le Gabon, le Ghana, la Guinée, la Guinée équatoriale, la Guinée Bissau, l’Île Maurice, le Maroc, la Mauritanie, l’Ouganda, la Tanzanie, le Tchad, le Togo, la Colombie, Cuba, l’Équateur, le Venezuela et le Nicaragua, le Cambodge, les Fidji, le Laos, le Népal, les Samoa, le Sri-Lanka et le Vietnam.

Omicron, une baisse spectaculaire des con- On croise les doigts et on espère que cette taminations vague sera la dernière. La baisse des cas est également l’occasion d’une préparation fonNéanmoins, il y a des signes prometteurs damentale, compte tenu de la forte probaque la situation s’améliorera. Les nouveaux bilité d’une future vague. Pour éviter d’être cas quotidiens chutent rapidement – ils sont à nouveau submergés, nous devons être proen baisse de plus de 75 % par rapport au pic actifs dès maintenant en mettant en place un de la vague Omicron. Les hospitalisations système de préparation. sont également en baisse. Beaucoup d’entre nous ont été surpris lorFace au recul des contaminations, cer- sque le vice-président Kamala Harris a détains experts appellent à la fin des mesures claré que l’administration Biden «n’avait préventives liées la pandémie, telles que le

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pas vu Delta venir... n’avait pas vu Omicron venir». C’est insensé ! Des mutations virales étaient tout à fait attendues. Il existe un risque sérieux d’apparition de nouvelles variantes, en particulier avec une couverture vaccinale inéquitable et faible dans une grande partie du monde en raison de la thésaurisation de l’approvisionnement. Distribuer quelques tests rapides et masques et espérer que cette vague disparaisse et soit la fin de la pandémie n’est pas une bonne approche.

culation, nous pourrions voir de nouvelles vagues, comme cela a été observé dans les pays les moins vaccinés, et lorsque les gens se déplacent pour échapper à la chaleur et à l’humidité, en été. Avec le recul des cas d’Omicron, il est maintenant temps de mettre en place une infrastructure appropriée, suffisamment résiliente pour faire face à de nouvelles surtensions. Au lieu de déclarer «mission accomplie», nous devons déclarer un effort considérable vers une véritable préparation.

Même avec les variantes actuelles en cir- En plus d’augmenter la couverture vaccinale, à quoi ressemblerait une véritable préparation ?

Certains experts appellent à la fin des mesures préventives, telles que le dépistage des personnes ne présentant aucun symptôme.

Au lieu d’une distribution de masques, les gouvernements devraient reconstituer suffisamment le stock, pour les déployer à nouveau face à de futures vagues. Ces masques devraient être disponibles partout, et dans différentes formes et tailles, placés à l’extérieur de tous les lieux à haut risque, y compris les transports en commun ou les sites de rassemblement intérieurs bondés

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Recul des cas d’Omicron


Booster Shot

(épiceries, centres commerciaux, commerces de détail, cinémas, gymnases, bureaux) pendant les surtensions. Des tests rapides en série sont nécessaires et ils doivent atteindre ceux qui ne peuvent pas les commander en ligne. Des tests rapides identifient les personnes contagieuses avant qu’elles ne présentent des symptômes, permettant aux gens d’éviter de propager l’infection, brisant ainsi les cycles de transmission. Ces tests rapides Covid-19 peuvent aider à garder les écoles et les lieux de travail ouverts, et ils peuvent protéger les personnes vulnérables dans les maisons de retraite, les prisons, et autres lieux de rassemblement à haut risque. Des masques de haute qualité et des tests rapides sont ainsi nécessaires pour protéger les travailleurs de première ligne. Avec l’arrivée de nouveaux médicaments antiviraux, tels que Paxlovid, le risque d’être hospitalisé ou de mourir est réduit, s’ils sont pris assez tôt après le début des symptômes, mais cela nécessite l’accès à des tests pour un diagnostic suffisamment précoce. Un plan de préparation conjoint comprend

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Avec le recul des cas d’Omicron, il est maintenant temps de mettre en place une infrastructure appropriée, suffisamment résiliente pour faire face à de nouvelles surtensions. rait également des congés de maladie payés. Au cours de la pandémie de grippe porcine de 2009, on estime que 3 personnes sur 10 présentant des symptômes aux États-Unis sont allées travailler, infectant jusqu’à 7 millions personnes. Une autre façon de freiner la transmission du SRAS-CoV-2 consiste à améliorer la ventilation et la filtration de l’air dans tous les bâtiments, notamment les écoles.


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La sécurité alimentaire arabe.. Première victime de la guerre russe

Craintes d’une crise du blé et des huiles.. /HV SUL[ ÁDPEHQW Le Caire - Muhammad Al-Hadi De nombreux pays arabes sont désormais au cœur de la crise ukraino-russe, malgré des milliers de kilomètres de distance des champs de bataille, en raison des enjeux de sécurité alimentaire et des services, et la dépendance à Kiev et Moscou, principalement pour répondre aux besoins alimentaires, notamment en blé, maïs et huiles, ainsi que les flux touristiques. L’Ukraine fertile à environ 80% de ses terres, est le deuxième pays européen en termes de superficie après la Russie, elle est devenue l’un des principaux acteurs internationaux au niveau de l’exportation de produits de base. En 2020, l’Ukraine a exporté environ 18 millions de tonnes de blé, sur un total de 24 millions de tonnes. Pour se positionner au cinquième rang, des exportateurs de blé au niveau mondial. L’Ukraine occupe également une position mondiale de premier plan, au niveau des oléagineux, avec la moitié des exportations d’huile de tournesol dans le monde, et au cours du dernier trimestre de 2020, et malgré la pandémie de Corona, 148,9 mille tonnes de graines de tournesol ont été exportées, alors que 50 mille tonnes de ce produit sont traitées quotidiennement.

saturées et des oméga-3 nocifs pour la santé. C’est également l’un des plus grands producteurs de maïs au monde, avec 17,63 millions de tonnes de maïs, entre le début de la campagne de commercialisation du 1er juillet 2021, et 10 février 2022. D’autre part, la Russie occupe le premier rang mondial des exportateurs de blé, et représente à elle seule 17 % du commerce mondial total de ce produit. Si on y ajoute l’Ukraine, les deux représentent ensemble 25 % des exportations de maïs en 2018, environ 4,792 millions de tonnes. Selon les données officielles russes, les graisses et les huiles ont affiché les taux de croissance les plus élevés des exportations, à savoir 48% pour atteindre 7,28 milliards de dollars en 2021, tandis que les exportations des poissons et de fruits de mer, ont augmenté de 37% par rapport à 2020, et se sont élevées à 7,289 milliards de dollars. La viande et les produits laitiers ont augmenté en 2021, de 31 % pour atteindre 1,578 milliards de dollars, et les produits alimentaires et manufacturiers de 15 % avec 5,193 milliards de dollars.

Importation massive. L’Egypte, le Liban et la Libye, sont parmi les pays arabes qui dépendent le plus du blé russe et ukrainien, en particulier l’Egypte, qui importe 80 % de ses besoins de ces deux pays, tandis que le Liban importe la moitié de ses besoins en blé de l’Ukraine. Quant à la Libye, elle importe enviL’Ukraine est également la troisième source de ron deux millions de tonnes de blé, dont la moitié colza, avec une demande mondiale en augmenta- provient de la Russie, 43 % d’Ukraine et le reste de tion, car ce produit ne contient que 7 % de graisses plusieurs marchés. Le Yémen importe 3 millions de

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tonnes de blé et de farine, soit 95 % de ses besoins, ainsi que 700.000 tonnes de maïs, dont la part de l’Ukraine est d’environ 22%. Jusqu’en novembre dernier, l’Algérie dépendait du blé français à niveau de 56 % de ses besoins, avec un volume d’approvisionnement de 5 millions de tonnes, avant d’ouvrir la porte aux Russes, et aux Ukrainiens après avoir modifié le cahier des charges, des importations des céréales, d’une manière qui a permis l’ouverture aux marchés esteuropéens. La part de la France n’est actuellement que d’environ 24 %. Quant aux pays du Golfe, ils ont opéré une diversification plus grande des sources d’importation, en quête de qualité plus que le niveau des prix : Les EAU importent du blé de Russie, du Canada et d’Australie, et du maïs des États-Unis, d’Afrique du Sud et du Brésil, tandis que l’Arabie Saoudite a adopté l’an dernier des initiatives pour encourager la culture locale du blé, et a mis en place un produit de financement spécifique, à la culture du blé. A savoir, la prise en charge des frais de fonctionnement des petits agriculteurs. Programme qui soutient la sécurité alimentaire, et valorise la production locale. L’Arabie Saoudite dispose actuellement de la plus

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grande capacité de stockage au Moyen-Orient pour le blé et la farine, dépassant 3,3 millions de tonnes, et une capacité de mouture quotidienne de plus de 15.000 tonnes. Aussi Le Royaume a récolté les dividendes de ses investissements agricoles à l’étranger, avec l’arrivée en juin du premier chargement maritime de blé, fruit de l’investissement de la société saoudienne de production agricole (SALIC) en Australie avec un volume de 60 mille tonnes, dans les limites de la quantité contractuelle, qui s’élève à 355 mille tonnes. Le Royaume dispose de larges options en matière d’approvisionnement en blé, à la fois par le biais d’appels d’offres internationaux qui sont lancés, que d’appels d’offres pour les investisseurs saoudiens à l’étranger, pour lesquels 10 % des achats de blé leur sont alloués chaque année, en plus de l’acquisition de la production locale, auprès d’agriculteurs, qui doivent cultiver du fourrage vert. La détermination de la superficie de culture, se mesure en fonction du capital de chaque investisseur : les petites exploitations avec maximum 50 hectares. Les moyens entre 50 et 100 hectares. Les gros investisseurs et les entreprises, au-dessus de 100 hectares. Les répercussions de la guerre seront lourdes pour


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le Moyen-Orient et l’Afrique du Nord (MENA), qui compte environ 69 millions de personnes souffrant de pauvreté ou de carences alimentaires. Ces pays, indépendamment de l’importation de la Russie et de l’Ukraine, vont souffrir de la hausse des prix, qui ont enregistré l’envol le plus important, depuis neuf mois. Cinq heures seulement après l’invasion russe, le prix des contrats à terme sur le blé tendre de Chicago a bondi à 9,32 dollars le boisseau, sur le Chicago Mercantile Exchange, tandis que les contrats à terme sur le blé dur rouge d’hiver, ont atteint 9,68 dollars le boisseau (27,2 kg). Le problème ne concerne pas le blé, uniquement. Les prix des huiles ont flambé, au niveau des trois principales huiles. Par craintes d’une baisse des importations de tournesol, l’huile de palme de moin-

Les répercussions de la guerre seront lourdes pour le Moyen-Orient et l’Afrique du Nord (MENA), qui compte environ 69 millions de personnes souffrant de pauvreté ou de carences alimentaires.

dre qualité, les prix ont fortement augmenté, après le plan de l’Indonésie, le plus grand producteur et exportateur de ce type dans le monde, d’allouer 20% de la production, au marché local. L’huile de palme brute, qui entre dans la majorité des industries de fromages, et des pâtisseries dans des pays comme l’Egypte, se vend environ 1.500 dollars la tonne, coût, assurance et fret compris, pour devenir plus chère que l’huile de soja brute, qui s’élève à 1.490 dollars, qui connaît des problèmes d’approvisionnement en raison d’une baisse de la production en Argentine, qui est détient la première place pour l’exportation de soja, avec environ 5 millions de tonnes cette année. Sans omettre la difficulté des opérations d’expédition en raison de la diminution du niveau d’eau dans le fleuve principal pour l’expédition. La hausse des prix des huiles, est source de crise pour l’Egypte, qui, jusqu’à un temps très proche, importait 97 % de ses besoins en huiles. Cela équivaut à 800.000 tonnes, avant de passer à la presse des graines, dans 32 manufactures locales. Ce qui a réduit les importations à 600.000 tonnes, et a augmenté le prix de l’huile alimentaire subventionnée à 25 livres, pour une bouteille d’un litre, en octobre dernier, après 4 mois (juin 2021) d’augmentation de 23,5 % à 21 livres pour une bouteille d’un litre. Ceci vient suite à un bond mondial des prix des matières premières.

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Guerre en Ukraine

Dr Walid Jaballah, économiste, affirme que la crise russo-ukrainienne va nuire à tous les pays du monde, en particulier à la région arabe, car elle augmentera le niveau de l’inflation mondiale principalement en raison du mutant Omicron. Une réduction de l’approvisionnement en gaz de l’Europe, ce continent, industrialisé, de 40 %, entraînera une nouvelle hausse des prix des produits, et le coût du fret. Le consommateur dans la région arabe dépendante des importations, supportera les conséquences. Jaballah affirme en termes d’estimations mondiales, que si le prix du pétrole atteint 110 dollars le baril, le taux d’inflation devrait dépasser 10 % en Amérique. Situation qui entraînera des pressions sur la Réserve fédérale pour qu’elle augmente le taux d’intérêt, afin de réduire cette inflation. Chose qui augmentera les coûts des crédits. Mais aussi aura un effet d’attraction pour les capitaux, qui fuient les zones chaudes. De quoi handicaper les régions en développement, et exercera une pression sur leurs réserves de change. Une étude de l’économiste égyptien Medhat Nafeh prévoit que les pays les plus dépendants des produits agricoles et alimentaires de l’Ukraine et de la Russie, auront recours à une stratégie à plusieurs délais : A court et moyen terme, les pays importateurs auront recours à la constitution d’une réserve adéquate de produits alimentaires pour éviter de

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Les Pays-Bas ont récemment reçu une cargaison de GNL égyptien, la première depuis une décennie. Ce pays souffre actuellement d’une fermeture partielle du champ de Groningen, le plus grand champ de gaz naturel d’Europe, qui a été découvert en 1959. graves chocs d’approvisionnement. Cette réserve permet aux pays importateurs la répartition des risques en diversifiant les sources d’importation. L’étude suggère que les pays devraient diversifier leurs sources d’importation et se prémunir contre les fluctuations climatiques, les conflits, et autres causes de pénurie d’approvisionnement, par l’achat des contrats d’options et des contrats d’avenir pour les produits agricoles. A long terme, les pays im-


nie allemande «Lufthansa», qui a annulé ses vols vers ce pays. Abdel Latif appelle à la nécessité de diversifier les marchés touristiques, pour éviter ce genre de crises, en orientant la recherche vers les marchés de l’Indonésie, de l’Inde, du Japon, de la Corée, du Golfe et du tourisme arabe, en développant un plan marketing, à travers la conception d’un logo Répercussions touristiques Le secteur du tourisme est également l’un des plus distinctif pour l’Égypte, et en mettant l’accent sur touchés dans le monde arabe, par la guerre russo- la promotion, en plus de la création d’une compagukrainienne. Ces deux pays, constituent le princi- nie aérienne charter égyptienne solide, qu’elle appal marché touristique pour l’Egypte. Idem pour partienne au secteur privé, étatique, ou toute autre la Tunisie. Depuis la crise, le taux d’occupation forme de coopération entre les deux, pour constita diminué dans les stations balnéaires de Charm uer le bras fort, qui va attirer les touristes de difel-Cheikh et d’Hurghada, dans le sud du Sinaï férents pays du monde. Selon Nora Ali, présidente en Égypte, qui dépendent des touristes russes et de la commission du tourisme de la Chambre des ukrainiens, avec un taux de remplissage actuel de représentants, la proportion de touristes ukrainiens 35 % seulement, en moyenne, après seulement un par rapport au nombre total de touristes en mer Rouge, atteint 30 %. an de reprise dans la région. Selon Dr Atef Abdel Latif, membre de l’Association des investisseurs de Marsa Alam et du sud du Gains limités Sinaï, le nombre de vols touristiques ukrainiens à Concernant les gains, on peut citer le secteur pél’étranger s’élevait à environ 14,7 millions en 2021 trolier arabe, compte tenu du problème énergétique et que l’Egypte se classait au deuxième rang pour dont souffre actuellement l’Europe, et la hausse des le nombre de voyages en provenance d’Ukraine prix du pétrole à un niveau de plus de 100 dollars au cours des dernières années, avec 21%, tandis dans les premiers jours de la guerre. Situation qui que la Turquie se classe au premier rang avec en- réconforte les budgets des pays exportateurs de gaz viron 28%. Chiffres qui dénotent l’ampleur des liquéfié, à l’instar du Qatar et de l’Egypte, qui ont dommages causés aux destinations égyptiennes. reçu des commandes, qui vont stimuler les exportaSachant que les compagnies d’assurance des com- tions de gaz liquéfié vers l’Europe. Un continent pagnies aériennes, ont cessé de couvrir les vols vers qui consomme environ 560 milliards de mètres Ukraine, depuis le déclenchement de la crise. De cube de gaz, dont 35 % en provenance de la Russie. ce fait, les avions se sont abstenus d’entrer dans Les Pays-Bas ont récemment reçu une cargaison l’espace aérien ukrainien, à l’instar de la compag- de GNL égyptien, la première depuis une décennie. Ce pays souffre actuellement d’une fermeture partielle du champ de Groningen, le plus grand champ de gaz naturel d’Europe, qui a été découvert en 1959, après avoir subi une série de tremblements de terre provoqués par des opérations de forage et d’exploration. Alors que les Européens craignent de ne pouvoir sécuriser les besoins en gaz à court terme, tant les approvisionnements russes transitent par l’Ukraine. Tarek El Molla, ministre du Pétrole égyptien, a indiqué que les usines de liquéfaction de gaz naturel de son pays, fonctionnent actuellement à pleine capacité pour approvisionner l’Europe, expliquant portateurs pourraient recourir à l’augmentation du volume d’autosuffisance dans la production locale des principaux produits alimentaires, tout en travaillant sur l’ajustement des goûts des consommateurs en fonction de la nature et des conditions de la production locale.

Des études économiques africaines indiquent que l›Arabie Saoudite investit actuellement environ deux millions d›hectares dans un certain nombre de pays du continent noir, qui possède ٦٠ ٪ des terres non cultivées du monde.

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Crise en Ukraine : l›économie secouée par les tensions

que les exportations égyptiennes de gaz liquéfié, ont atteint en 2021, 5 millions de tonnes, grâce au redémarrage de la station de liquéfaction de Damiette, après le règlement du différend entre les propriétaires du complexe, après arrêt d’environ 8 ans. Mais les gains tirés de l’exportation de gaz vers l’Égypte, fondent devant la hausse des prix du pétrole, selon l’analyste financier Nadi Azzam, qui estime que le budget général de l’État en Égypte est confronté à un grave problème, à la lumière de l’estimation du prix du pétrole pour l’exercice en cours, à savoir 61 dollars le baril, alors que ses prix ont atteint le niveau de 104 dollars, en date du 24 février. Chaque dollar d’augmentation du prix du baril de pétrole par rapport au prix estimé dans le nouveau budget, constitue un ajout supplémentaire pour le gouvernement, de 2,3 milliards de livres égyptiennes.

l’instar des agrumes, au profit de produits viviers, comme le blé et le maïs. Ceci dans le but d’assurer l’approvisionnement en produits de base nécessaires, à une population immense.

Azzam a salué les efforts de nombreux pays arabes pour l’attention prêtée au secteur agricole, et la capacité à surmonter la nature désertique, en particulier le Royaume saoudien, dont les investissements à l’étranger se sont élevés à plus de 10 milliards de riyals (3,75 milliards de dollars) au cours de la dernière décennie, dans plusieurs pays, dont le Soudan, l’Égypte, l’Éthiopie et le Maroc. Action qui assure la sécurité alimentaire, quelles que soient les circonstances, sans miser sur un seul marché. Des études économiques africaines indiquent que l’Arabie saoudite investit actuellement environ deux millions d’hectares dans un certain nombre de pays du continent noir, qui possède 60 % des terres non cultivées du monde et emploie 70 % de la Azzam ajoute que les pays arabes doivent bien as- main-d’œuvre, et représente également le secteur, similer la leçon : La sécurité alimentaire ne doit qui connait la plus forte croissance, à savoir plus de pas dépendre des importations, et qu’ils doivent 31%, selon des prévisions futuristes, en particulier rechercher des alternatives qui garantissent la du- à la lumière de l’usage par le Royaume des dernrabilité de l’approvisionnement en produits de ières technologies en matière d’intelligence artifibase, et abandonner certains autres, même si ces cielle, de numérique et de biotechnologie. derniers assurent une forte rentabilité à l’export, à

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Vous voulez comprendre l’histoire des États-Unis ? Imani Perry dit que le Sud détient la clé Par : Emna Darwazi Perry, professeur d’études afro-américaines à l’Université de Princeton, est née à Birmingham, en Alabama. Elle a toujours considéré sa ville natale comme sa maison, même si elle a déménagé dans le nord lorsqu’elle était enfant. Dans son nouveau livre, «South to America : A Journey Below the Mason-Dixon to Understand the Soul of a Nation» (Du Sud vers l’Amérique : un voyage sous le Mason-Dixon pour comprendre l’âme d’une nation), elle raconte ses voyages dans le Sud - ses villes, ses zones rurales et ses sites historiques - et réfléchit sur l’histoire de l’esclavage et du racisme dans la région. Bien que la culture populaire rejette souvent le Sud comme arriéré et raciste, Perry pense que c’est une mauvaise interprétation. «Le Sud devient en quelque sorte le dépositaire des péchés de la nation, n’est-ce pas?», dit-elle. «Et puis cela permet au reste du pays de se concevoir comme relativement vierge.» Au début de «South to America», Imani Perry implore le lecteur : «S’il vous plaît, rappelezvous que ce livre est une histoire vraie.» J’ai es-

sayé de garder ces instructions à l’esprit - pas toujours faciles avec un récit si scrupuleusement recherché et regorgeant de faits et de citations mais finalement, je les ai écartées». Après tout, Perry aborde tout, du hip-hop à la United Fruit Company et à sa propre grand-mère. Toute tentative de classer cette œuvre ambitieuse, qui chevauche le genre, abat le quatrième mur, danse avec la poésie, s’engage dans la critique littéraire et passe du journalisme aux mémoires en recourant à l’écriture académique. Ce n’est pas une affaire «des deux côtés» : Per-

Inspiré par les mémoires et récits de voyage d’Albert Murray de 1971 «Du sud à un endroit très ancien», Perry voyage dans plus d’une douzaine de villes et villages du Sud, fouillant à la fois les histoires et les réalités modernes. 60

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Nouveau livre d’Imani Perry, «South to America : A Journey Below the Mason-Dixon to Understand the Soul of a Nation», paru le 25 janvier 2022.


Il faut dire que cette œuvre, bien que parfois inégale, est une méditation essentielle sur le Sud, son rapport à la culture américaine, voire l’américanité elle-même. Pendant trop longtemps, le Sud a été un bouc émissaire et réduit à une terre arriérée de l’autre côté d’une barrière translucide, mais impénétrable. ry est un bébé du «mouvement» sans vergogne, élevé par des parents intellectuels combattants de la liberté. La conviction de ce livre est que la race et le racisme sont des valeurs fondamentales du Sud, que «la création de l’esclavage racial dans les colonies a été une porte d’entrée vers des habitudes et des dispositions qui sont finalement devenues les façons courantes de faire les choses dans ce pays». En d’autres termes, le Sud est l’Amérique, son histoire et son influence ne peuvent être rejetées comme un parent embarrassant à la table des dîners de vacances de la nation. Inspiré par les mémoires et récits de voyage d’Albert Murray de 1971 «Du sud à un endroit très ancien», Perry voyage dans plus d’une douzaine de villes et villages du Sud, fouillant à la fois les histoires et les réalités modernes. Elle prend le départ depuis Harpers Ferry, W.Va. Nous rencontrons Shields Green, un Noir de Caroline du Sud connu sous le nom d ‘«Empereur de New York» qui a été exécuté avec John Brown. Son héroïsme a été presque occulté dans l’histoire et, pour attiser la tragédie, après sa pendaison, son corps a été confié au Winchester Medical College pour dissection. En racontant son histoire, Perry révèle le premier des nombreux motifs de la courtepointe piquée sur ces pages : À chaque arrêt, elle raconte une atrocité, mais aussi une résistance. Et elle ne bronche pas lorsqu’elle documente les conséquences. Lors de sa visite dans le Maryland, Perry voit des gens porter des chemises en mousseline et des chapeaux de paille tout en travaillant dans un champ. Ses entrailles se serrent, craignant d’être témoin d’un cosplay cruel d’avant-guerre. Alors qu’elle se rapproche, Perry entend les hommes parler espagnol. Elle était «triste, et aussi soulagée. Des travailleurs, pas des reconstitueurs. Mais bien sûr, cela souligne le refrain de cette immersion dans la vie et l’histoire du Sud (américain) - dans quelle mesure sommes-nous tous des reconstitueurs de l’histoire brutale de la na-

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tion ? Ce livre est déterminé à provoquer un retour à l’autre héritage du Sud, la lutte toujours urgente pour la liberté». D’après les trois essais sur l’Alabama, il est clair que malgré une enfance en NouvelleAngleterre, le cœur de Perry appartient à l’état idiosyncratique de Yellowhammer. Son ton s’attendrit en évoquant ses cousines danseuses ou les baptistes laveurs de pieds. Ses portraits de sa grand-mère allient la nostalgie élégiaque avec la rigueur d’une historienne qui remet les pendules à l’heure. Tout aussi émouvantes sont les dépêches de la Louisiane natale de sa mère. Le thème des tombes anonymes et des histoires inédites imprègne ce travail. En guise de remédiation, Perry nomme des dizaines de sudistes: certains célèbres, d’autres inconnus. Comme l’a déclaré André 3000, «Le Sud a quelque chose à dire.» Et c’est quelque chose à couper le souffle - des beaux-arts à la télé-réalité, des sociétés commerciales internationales aux rib-shacks en bordure de route dont les saveurs informent le palais américain.

«South to America» est déterminé à provoquer un retour à l’autre héritage du Sud, la lutte toujours urgente pour la liberté. Perry a juré de visiter et de contempler autant que possible le Sud pour ce projet; cette ambition est à la fois don et obstacle. L’avantage d’une si grande toile est que les motifs sont facilement identifiables. L’injustice historique telle que le massacre de Wilmington ne peut être considérée comme un cas isolé, pas plus que la violence contemporaine de Dylann Roof ou la résistance historique de Rosa Parks. Il faut dire que cette œuvre, bien que parfois inégale, est une méditation essentielle sur le Sud, son rapport à la culture américaine, voire l’américanité elle-même. Pendant trop longtemps, le Sud a été un bouc émissaire et réduit à une terre arriérée de l’autre côté d’une barrière translucide, mais impénétrable.


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Avec l’invasion de l’Ukraine, Poutine sera :Pierre le Grand, ou Nicolas II?

Par : La Majalla

• Il est Vladimir Vladimirovitch Poutine, né le 7 octobre 1952 à Léningrad (aujourd’hui SaintPétersbourg), homme d’État russe. Depuis 1999. • Figure centrale de l’exécutif, alternativement comme président du gouvernement (19992000 et 2008-2012) et président de la fédération de Russie (par intérim de 1999 à 2000, et de plein exercice de 2000 à 2008 et depuis 2012). • Il est actuellement considéré en 2022 par différents dirigeants, tels que Boris Johnson et JeanYves Le Drian, comme un dictateur. • Poutine suit des études de droit à l’université de Léningrad (aujourd’hui l’université d’État de Saint-Pétersbourg). • Il étudie, entre autres, Thomas Hobbes, John Locke et Emmanuel Kant. Il obtient son diplôme en 1975 avec un mémoire sur «Le principe du commerce de la nation la plus favorisée en droit international». • Poutine parle couramment l’allemand, ayant habité et travaillé plusieurs années dans la République démocratique allemande, mais maîtrise très peu l’anglais et préfère utiliser des interprètes en conversant avec des anglophones. • Officier du KGB à l’âge de 16 ans, principal service de renseignement de l’URSS poststalinienne, il est en poste à Dresde au moment de la chute du mur. • Après une formation initiale sommaire dont on ne sait pas grand-chose, il entre au service territorial du KGB pour la ville de Léningrad et sa région.

• Poutine sert dans cette ville pendant plusieurs années d’abord comme subalterne, ensuite comme officier opérationnel dans le service du contre-espionnage local, chargé en particulier de la lutte de la police politique contre les dissidents et autres «éléments antisoviétiques». • Il commence sa carrière politique à la mairie de Saint-Pétersbourg, puis devient l’un des plus proches conseillers du président Boris Eltsine. • Boris fait de lui le directeur du Service fédéral de sécurité (FSB) en 1998, puis le président du gouvernement de la Russie l’année suivante. • À partir du 31 décembre 1999, à la suite de la démission de Boris Eltsine, il assure les fonctions de président de la fédération de Russie par intérim. • Il devient président de plein exercice le 7 mai 2000, après avoir remporté l’élection présidentielle anticipée dès le premier tour. • Au cours de son premier mandat présidentiel, il lance une série de réformes importantes pour restaurer la puissance d’un pays en crise économique qui a perdu de son influence dans le monde. • Il mène un redressement de l’économie nationale et une politique institutionnelle tournée vers une concentration des pouvoirs présidentiels. Il est largement réélu en 2004. • En 2008, il se refuse à demander un changement de la Constitution, qui lui interdit de concourir pour un troisième mandat consécutif, et soutient la candidature à la présidence de son Premier vice-président du gouvernement, Dmitri Medvedev.

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• Une fois élu, ce dernier le nomme président du gouvernement et, dans la foulée, Vladimir Poutine prend la direction du parti Russie unie. Fréquemment accusé d’autoritarisme dans son exercice du pouvoir, il est pour la première fois significativement contesté à la suite des élections législatives de 2011. • Candidat à l’élection présidentielle de 2012 avec le soutien du président Medvedev, il l’emporte au premier tour. • Il retrouve la fonction de président de la fédération de Russie pour un mandat allongé de deux ans en vertu d’un amendement adopté en 2008. • Au cours de cette période, il s’efforce de restaurer l’influence russe sur la scène internationale. • D’une part, dans le cadre de la guerre du Donbass, à la suite d’un référendum contesté, il permet le rattachement de la péninsule de Crimée à la Russie. • Acte souvent perçu comme une violation du droit international. D’autre part, il implique militairement la Russie dans la guerre civile syrienne, en soutien au régime de Bachar el-Assad. • Il brigue un nouveau mandat lors de l’élection présidentielle de 2018, qu’il remporte dès le premier tour. • A avec un score jamais atteint par un candidat lors d’un scrutin présidentiel de l’aprèscommunisme (76,7 % des suffrages exprimés). • En 2020, il fait approuver par référendum un changement constitutionnel lui permettant notamment d’effectuer deux autres mandats présidentiels.


• A avec un score jamais atteint par un candidat lors d’un scrutin présidentiel de l’aprèscommunisme (76,7 % des suffrages exprimés). • En 2020, il fait approuver par référendum un changement constitutionnel lui permettant notamment d’effectuer deux autres mandats présidentiels. • En février 2022, il reconnaît unilatéralement les républiques séparatistes pro-russes de Donetsk et de Lougansk, puis lance une attaque militaire contre l’Ukraine. .

• Vladimir Poutine est assez intelligent, pour comprendre, qu’avec l’invasion de l’Ukraine, il joue un coup de Poker, déterminant : • S’il arrive à se désengager de ce bourbier avec un accord quelconque, il pourrait le convertir en «victoire». • Dans le cas contraire, il est plus que certain, que l’Ukraine sera le cimetière de milliers de ses soldats, et surtout de son rêve de grandeur.

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Putin, Le president de russie


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Le Festival d’architecture Asie3DFLÀTXH VH WLHQGUD GX DX PDUV j %ULVEDQH Par : Emna Darwazi

Le Festival d’architecture Asie-Pacifique (APAF) revient à Brisbane du 12 au 25 mars 2022 dans le cadre d’une collaboration entre les partenaires fondateurs Architecture Media et State Library of Queensland. Le festival proposera un programme passionnant d’expositions, d’installations, de symposiums, de conférences et d’ateliers qui promeuvent et célèbrent la contribution de l’architecture à la culture, à la durabilité et à l’économie de la région Asie-Pacifique. La manifestation sous le thème «coopérer, co-concevoir, coexister» incitera les participants à s’attacher à ces trois piliers pour avoir un impact positif sur le processus de conception. Particulièrement pertinent pour l’Asie-Pacifique - compte tenu de sa riche diversité de cultures et de langues - le thème examinera comment nos défis et expériences partagés peuvent bénéficier de stratégies de conception plus collectives et inclusives. Le festival retournera à sa base habituelle à Brisbane avec des événements satellites

prévus dans les régions du Queensland et plus loin en Asie-Pacifique. En plus d’autres manifestations où les clients auront également la possibilité de se connecter à des expériences «virtuelles». La bibliothécaire d’État et PDG, Vicki McDonald, a déclaré que le thème de 2022 exprime l’engagement de la bibliothèque d’État à collecter, préserver et rendre accessible une image inclusive de la diversité de l’histoire et des habitants du Queensland.

Le Festival d’architecture d’AsiePacifique 2022, sous le thème : «Coopérer, coconcevoir, coexister».

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Dans la montagne (٢٠١٦) de Sanitas Studio.

«La bibliothèque d’État est une institution culturelle d’influence mondiale, engagée à partager et à célébrer les histoires authentiques de tous les habitants du Queensland, aujourd’hui et à l’avenir», a déclaré la responsable. «Avec ses espaces ouverts impressionnants et sa façade saisissante, notre bâtiment primé de South Bank est une plaque tournante d’idées et de possibilités.» «Nous sommes ravis de nous associer à Architecture Média pour accueillir des architectes et des designers de renommée 65

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mondiale alors qu’ils partagent leurs idées sur les avantages de la conception coopérative et collaborative», a-t-elle ajouté. De son côté, la directrice éditoriale d’Architecture Média, Katelin Butler, estime que la collaboration est le catalyseur de l’innovation. Elle souligne la synergie qui se crée lorsque les architectes, les designers, les clients, les représentants culturels et les experts techniques travaillent tous ensemble. «Il faudra une myriade d’esprits pour


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débloquer des moyens d’approfondir la compréhension culturelle, d’atténuer la destruction de l’environnement et de relever les plus grands défis de la planète», a déclaré Butler. «Alors que nous nous efforçons d’avoir un avenir plus durable et inclusif, il est impératif que nos architectes et concepteurs s’engagent à regarder à travers une autre lentille». «Collectivement, leur impact peut être et sera plus fort et plus puissant», a-t-elle poursuivi. De retour dans sa 7e édition, l’APAF s’est imposé comme un événement important du calendrier culturel de Brisbane. Le programme est organisé par les représentants de l’industrie. «Un riche collage de cultures, l’AsiePacifique peut aussi être un collectif avec des histoires et des défis partagés», lit-on dans la description du thème. «Comment les approches coopératives du design peuvent-elles profiter de leurs myriades de traditions, d’environnements et de trajectoires ?» Le festival sera basé principalement à Brisbane. Des événements informatiques auront lieu dans les régions du Queensland. Pour la première fois, il y aura même des événements organisés plus loin en AsiePacifique. A travers un large programme d’expositions, d’installations, de colloques, de conférences et d’ateliers, la manifestation architecturale découvrira des approches collaboratives de

L’APAF s›est imposé comme un événement important du calendrier culturel de Brisbane.

conception et de structuration au sein du territoire. Les faits saillants comprennent le symposium sur la structure, qui comprend les principales voix de la structure de Thaïlande, des Philippines, du Japon et du Bangladesh ; la session des conférenciers sur les environnements de demain, présentant un éventail de points de vue sur l’état du cadre construit de l’Inde ; la conférence de Paul Memmott sur le logement des aborigènes et des îles du détroit de Torres dans le Queensland ; Tim Ross et Package Warhurst’s «Man Concerning the Poole Home Sherwood»; et l’exposition des finalistes du Tapestry Design Prize for Architects 2021. Les commissaires du programme APAF 66

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2022 sont : Christina Cho, directrice, Cox Structure; membre du conseil d’administration, Queensland’s Institute of Trendy Artwork; professeur auxiliaire et membre du conseil consultatif, faculté de structure du College of Queensland Georgia Birks, rédactrice affiliée, Structure Media; membre de l’Australian Institute of Architects First Nations Cultural Reference Panel et du Design Excellence Advisory Committee de la métropole de Melbourne.

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La directrice éditoriale d’Architecture Média estime qu’une synergie se crée lorsque les architectes, les designers, les clients, les représentants culturels et les experts techniques travaillent tous ensemble.


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ONS JABEUR.. Meilleure joueuse de l’histoire arabe du Tennis Par : La Majalla Surnommée « La guerrière », Ons Jabeur est considérée comme la meilleure joueuse de tennis arabe de l’histoire. Elle a obtenu les meilleurs résultats en Grand Chelem et a été la première arabe à remporter un titre WTA en juin 2021, à Birmingham. Fin novembre 2019, elle a également été élue meilleure athlète arabe de l’année en remportant le prix ArabWomen of the Year, attribué par la London arabia organisation. Cette joueuse de tennis professionnelle Tunisienne, est née le 28 août 1994, à Ksar Hellal, (gouvernorat de Monastir, en Tunisie). C’est sa mère, Samira, qui lui a fait découvrir le tennis dès l’âge de trois ans. Mariée à Karim Kamoun, ancien escrimeur russo-tunisien en 2015, qui est désormais son préparateur physique à plein temps sur le circuit professionnel.

toujours chez les juniors, l’année suivante. Une première pour une joueuse africaine depuis 55 ans. Elle s’est lancée sur le circuit professionnel à Doha en 2012, où elle a chuté au premier tour contre Virginie Razzano. Ons Jabeur a remporté son premier match WTA en 2014 lors du tournoi d’Oeiras, au Portugal. Un succès face à la locale Maria Joao Koehler.

Son meilleur résultat en Grand Chelem était enregistré au quart de finale. A l’Open d’Australie, en 2020 elle est devenue la première joueuse arabe de l’histoire à réaliser pareille performance

Son meilleur résultat en Grand Chelem était enregUn parcours ascendant istré au quart de finale. A l’Open d’Australie, en Finaliste de Roland-Garros juniors en 2010, Ons 2020 elle est devenue la première joueuse arabe de Jabeur a remporté le Grand Chelem parisien, l’histoire à réaliser pareille performance. Elle est arrivée à battre Johanna Konta, Caroline Garcia, Finaliste de Roland-Garros juniors en Caroline Wozniacki et Qiang Wang avant de céder face à la future lauréate, Sofia Kenin. 2010, Ons Jabeur a remporté le Grand

Chelem parisien, toujours chez les juniors, l’année suivante. Une première pour une joueuse africaine depuis 55 ans

En 2021, elle a atteint les quarts de finale de Wimbledon, en éliminant trois anciennes gagnantes en Grand Chelem sur son chemin : Venus Williams au deuxième tour, Garbiñe Muguruza au troisième puis Iga Swiatek en huitièmes de finales, avant de

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Ons Jabeur

chuter face à Aryna Sabalenka. Entraînée depuis février 2020 par Issam Jellali, ancien joueur de tennis tunisien, elle était auparavant entraînée par le Français Bertrand Perret, avec qui elle est restée deux ans. Elle a gagné son premier titre WTA sur le gazon de Birmingham en juin 2021, en battant Daria Kasatkina en finale (7-5, 6-4). Elle est ainsi devenue la première Arabe de l’histoire à remporter un titre sur le circuit féminin. Elle a aussi jouée trois autres finales, à Moscou en 2018 – battue cette fois par Kasatkina – puis à Charleston et Chicago en 2021. Cependant, 2020, une année exceptionnelle pour Ons Jabeur. Après avoir atteint les quarts de finale en Grand Chelem, la Tunisienne a battu une top 3 pour la première fois de sa carrière (hors abandon), lors du tournoi de Doha. Au 1er tour, elle a dominé la numéro trois mondiale Karolina Pliskova (6-4, 3-6, 6-3). Désormais, elle espère pousser encore plus loin ses limites. Plus solide, surtout mentalement, Ons Jabeur a beaucoup progressé ces deux dernières années, comme l’ont noté les médias sportifs internationaux.Ce qui a changé ? Ons Jabeur répond « Je crois plus en moi, je suis plus solide. Le

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Malgré toutes les difficultés, Ons Jabeur a* fini par regagner le TOP 10 du classement mondial WTA talent c’est bien, mais ça ne suffit pas à gagner. Je sais que je peux jouer n’importe quel coup, mais ce n’était pas vraiment clair dans ma tête parfois. Mais grâce au travail que je fais avec mes coaches, sur la stratégie avant les matchs, et l’analyse après, je sais de plus en plus quel coup jouer et à quel moment. Je suis devenue plus dangereuse ». Pour obtenir ces résultats, Jabeur a eu de nombreuses difficultés, des problèmes de gestion du stress et de la pression mais malgré cela, elle continue à cultiver le rêve de gagner un jour un tournoi du Grand Chelem.La joueuse de tennis a raconté ses impressions sur le site officiel de la WTA : «Je suis arrivée ici très stressée, je ne voyais pas le classement mais je savais qu’il y avait cette possibilité et je savais que je n’étais pas loin. J’ai parlé à mon coach mental et je lui ai dit que je ressentais la pression, mais il le fallait et je devais la surmonter. C’est la seule solu-


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tion si un jour je dois gagner un titre du Grand elle avait déclaré forfait pour l’Open d’Australie, Chelem, je pense que c’est la seule solution.» à cause d’une blessure au dos contractée en quarts de finale du tournoi de Sydney le 13 janvier derniRejetée à cause de ses origines er, qui l’avait contrainte à abandonner au premier set face à l’Estonienne Anett Kontaveit, elle reLa joueuse de tennis a poursuivi : «J’essaie de trouve la compétition à l’occasion du Tournoi de faire un pas après l’autre, je travaille dur pour me Dubai (14-19 février).Désormais, elle est 10e au calmer et gérer tout ce stress, je veux à tout prix classement mondial qui est toujours dominé par être championne du Grand Chelem et j’espère l’Australienne AshleighBarty, récente victorieuse que je vais surmonter ce chemin difficile.» de l’Open d’Australie, qui devance la Bélarusse En effet, le chemin d’Ons Jabeur dans le monde Aryna Sabalenka et la Tchèque Barbora Krejcikdu tennis n’a pas été très facile, la joueuse ova. Son message aux femmes sportives arabes de tennis étant souvent rejetée à cause de ses est fort éloquent. « Je joue au tennis depuis toute origines:«C’est très différent de venir de la Tuni- petite pour inspirer les femmes arabes à croire que sie ou d’être Américaine ou Française ou même rien n’est impossible. Je me sens ambassadrice de Australienne. Avant, je ne comprenais pas pour- mon pays mais aussi de la jeunesse et des femmes quoi, mais ensuite je l’ai accepté. J’ai traversé », avait déclaré Jabeur pour le site de la WTA. tout cela et je suis fière de la femme que je suis devenue, sans dépendre des autres. Probablement Encadré que beaucoup ont eu une carrière difficile, je ne Classement WTA dis pas autre chose mais ces difficultés m’ont ai- 1. Ashleigh Barty (AUS) 8330 pts dée à atteindre mes objectifs et maintenant je suis 2. ArynaSabalenka (BLR) 5698 dans le Top 10 mondial », a-t-elle expliqué. 3. BarboraKrejcíkova (CZE) 5533 En effet, malgré toutes les difficultés, Ons Jabeur 4. KarolínaPliskova (CZE) 4452 (+1) a fini par regagner le TOP 10 du classement mon- 5. Paula Badosa (ESP) 4429 (+1) dial WTA. Classée 11e mondiale au départ, car 6. GarbineMuguruza (ESP) 4195 (+1)

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Ons Jabeur après avoir remporté le tournoi de Birmingham en s’imposant face à la Russe D. Kasatkina (35e) en deux sets 7-5 ; 6-4, c’est son premier titre WTA.


Ons Jabeur et Anett Kontaveit | Photo : @ TwitterOnsJabeur

7. Maria Sakkari (GRE) 4071 (+1) 8. IgaSwiatek (POL) 3986 (-4) 9. AnettKontaveit (EST) 3871 10. OnsJabeur (TUN) 3070 (+1) 11. Danielle Collins (USA) 2971 (-1) 12. Elena Rybakina (KAZ) 2705 13. Emma Raducanu (GBR) 2664 14. Anastasia Pavlyuchenkova (RUS) 2638

Ons Jabeur, première joueuse arabe dans le .top 10 mondial

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15. ElinaSvitolina (UKR) 2531 16. Jessica Pegula (USA) 2474 17. Victoria Azarenka (BLR) 2396 (+1) 18. AngeliqueKerber (GER) 2287 (+2) 19. Leylah Fernandez (CAN) 2249 (+2) 20. Cori Gauff (USA) 2231 (-3)



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