Une nouvelle administration en Libye...

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Tunisie : La rue comme dernier recours ?

Les enjeux de la France en Afrique

Un magazine politique Mensuel

Issue 1807 - Mars 01/03/2021

La médecine Maryam Al-Sadiq AlMahdi... Peut-elle traiter la crise extérieure du Soudan ? Un magazine politique Mensuel

Issue 1807 - Mars 01/03/2021

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Une nouvelle administration en Libye ... www.majalla.com



Un magazine politique Mensuel

Issue 1807 - Mars 01/03/2021

Le verre à trois-quarts vide… 38

Colloque sur les droits de l’homme : «l’arme des islamistes pour manipuler la démocratie» 42

La Sénatrice Valérie Boyer à «La Majalla» : Les dirigeants turcs auraient bloqué, euxUn nouveau rythme pour mêmes, l’adhésion de la Turquie à l’UE 28 une meilleure santé 62 Éditeur en chef

HH Saudi Research and Marketing (UK) Ltd

Secrétaire de Rédaction

10th Floor Building 7 Chiswick Business Park 566 Chiswick High Road London W4 5YG

Ghassan Charbel Un magazine politique Mensuel

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Mostafa El-Dessouki

03 01/03/21

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Mode Flamenco Une femme en robe flamenco brandit une pancarte indiquant «La mode flamenco est culture», lors d›une manifestation pour faire la lumière sur les difficultés auxquelles le secteur de la mode flamenco est confronté à propos des restrictions relatives aux Coronavirus, à Séville le 26 février 2021 Séville, Andalousie, Espagne /AFP Photos 4

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UAE Dubai Waterpark Une photo prise le 25 février 2021 montre une vue du parc aquatique Palm’s Aquaventure à Dubaï. Le parc devrait rouvrir en mars après l’ajout de nouvelles extensions Dubaï, Émirats /AFP Photos 6

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Encouverture Peut - elle unifier un pays déchiré par la guerre ?

Une nouvelle administration en Libye... Tunis: La Majalla Dix ans après le soulèvement qui a renversé le régime de Mouammar Kadhafi en 2011, deux autorités rivales se disputent le pouvoir en Libye sur fond d’ingérences étrangères : dans l’Ouest, le Gouvernement d’union nationale (GNA à Tripoli), reconnu par l’ONU et soutenu par la Turquie, et à l’Est, une autorité incarnée par Khalifa Haftar, homme fort, soutenu notamment par la Russie.

unifier les institutions de l’Etat et assurer la sécurité” jusqu’aux élections, a souligné l’ONU, alors que le pays est en proie au chaos depuis la chute de Mouammar Kadhafi en 2011. Mais la tentative d’assassinat du ministre de l’Intérieur est venue rappeler que la situation sécuritaire reste précaire.

Une quatrième tentative C’est que le Premier ministre libyen désigné, Abdel Hamid Dbeibah, qui devait soumettre, hier, la composition de son gouvernement en vue de son approbation par le Parlement, première étape d’une transition qui prévoit la tenue d’élections en décembre pour mettre fin à une décennie de chaos, a jusqu’au 19 mars pour obtenir cette confiance, avant de s’atteler à la lourde tâche d’unifier les institutions et mener la transition jusqu’au scrutin.

Le 23 octobre, les deux camps ont signé un cessez-le-feu permanent avec « effet immédiat », après des discussions à Genève sous l’égide de l’ONU. En effet, les participants au dialogue inter-libyen réunis sous les auspices de l’ONU en Suisse ont désigné lors d’un vote surprise, Abdel Hamid Dbeibah comme Premier ministre intérimaire, qui aura pour tâche de préparer le scrutin national prévu en décembre. M. Dbeibah et les trois membres du Conseil Le bureau de M. Dbeibah a annoncé merprésidentiel désignés avec lui devront “ré- credi soir que la liste serait transmise “ au

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Le Premier ministre libyen désigné, Abdel Hamid Dbeibah

Conseil présidentiel, avant d’être soumise à l’approbation de la Chambre des représentants”. Selon la feuille de route onusienne, au moins “30% des postes de direction du gouvernement, ministres et vice-ministres inclus”, doivent revenir à des femmes mais aussi à des jeunes, depuis longtemps mis à l’écart par des caciques. Il a en outre promis de choisir les ministres “selon des critères de compétence, de diversité et d’inclusion”. L’objectif final est de tenter de répondre aux attentes des Libyens, qui souffrent de pénuries de liquidités et d’essence, de coupures d’électricité et d’une inflation galopante.

Des défis C’est que la nouvelle administration intérimaire en Libye, qui était le fruit de la quatrième tentative des Nations Unies de met-

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Hamid Dbeibah comme Premier ministre intérimaire, qui aura pour tâche de préparer le scrutin national prévu en décembre. tre en place un gouvernement libyen unifié depuis la révolution du 17 février 2011, sera confrontée à de “nouveaux vieux problèmes”, notamment celles relevant de l’ingérence externe. En effet, selon les analystes, les seigneurs de guerre et les parties étrangères tenteront tous de contrecarrer les efforts du nouveau gouvernement issu du Forum de dialogue politique libyen à Genève. Pourtant, ce nouveau gouvernement inté-


Encouverture

rimaire est appelé à effectuer des tâches de base, notamment la tenue d’élections présidentielles et législatives le 24 décembre prochain, ainsi que de rouvrir la route côtière Benghazi-Tripoli fermée par les parties en conflit (les forces du général de division à la retraite Khalifa Haftar et du gouvernement d’accord national et de leurs alliés). Depuis, il a multiplié rencontres et déplacements pour mettre sur pied une équipe devant remplacer le Gouvernement d’union nationale (GNA) de Fayez al-

La nouvelle administration intérimaire en Libye, sera confrontée à de “nouveaux vieux problèmes”, notamment celles relevant de l’ingérence externes.

Sarraj, installé en 2016 à Tripoli (ouest) et reconnu par l’ONU.

Signes d’espoir Cependant, il est attendu que la nouvelle direction intérimaire fera tout son possible pour persuader les seigneurs de guerre de renoncer à leurs armes, et il sera probablement difficile de ramener les Libyens de l’Est du pays à ses rangs parce que beaucoup d’entre eux ne font pas confiance au nouveau Premier ministre, Abdelhamid Dbeibah, parce qu’il est originaire de la ville occidentale de Misurata. Dans ce contexte, le Premier ministre de la région de l’Est, Abdullah al-Thani, a annoncé après la fin du Forum de dialogue politique à Genève qu’il attendait les instructions de l’ancien parlement, situé à Tobrouk. Mais malgré les indications selon lesquelles

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Jan Kubis, le nouvel émissaire de l’ONU en Libye


Les participants au dialogue interlibyen réunis sous les auspices de l’ONU en Suisse (Photo, AFP).

les puissances étrangères ne veulent probablement pas que la nouvelle administration libyenne réussisse, il y a des signes d’espoir au cours des six derniers mois, avec un accord de cessez-le-feu signé en octobre 2020 tenu en grande partie sous les auspices de l’ONU avec échange de prisonniers.

D’une part, la Turquie - qui a signé un accord de sécurité et pour l’exploration pétrolière et gazière au large des côtes libyennes avec la Grèce - cherche avec le GNA à maintenir son influence en Libye.

En septembre dernier, le général de division à la retraite Khalifa Haftar a levé le blocus imposé aux exportations de pétrole, principale source de revenus du pays, en rouvrant ses ambassades dans la capitale, Tripoli.

D’autre part, la Russie, principal soutien d’Haftar, aux côtés de la France, de l’Égypte et des Émirats arabes unis, souhaite conserver sa capacité à accéder aux bases aériennes et aux ports situés dans une zone stratégique proche de la sphère d’influence de l’Organisation du Traité de l’Atlantique Nord (OTAN).

Bien que les puissances étrangères, se délectent de la voie politique pour mettre fin au conflit, elles ont ignoré l’échéance fixée par les Nations Unies pour le retrait des forces étrangères et des éléments de combat du pays, et leurs interventions ne seront pas la responsabilité du nouveau gouvernement facile.

Peu de temps après le vote sur le nouveau gouvernement, la Russie a envoyé davantage de mercenaires en Libye, et continue d’aider le général de division à la retraite Khalifa Haftar à creuser la «ligne Maginot» libyenne, une tranchée fortifiée qui s’étend de la ville de Syrte à la région de Jufra au plus profond du désert libyen.

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Tunisie: Après l’échec des manœuvres politiques

La rue comme dernier recours ? Tunis-Majalla Echanges de déclarations à forte charge hostiles entre les deux têtes de l’Exécutif, des appels à descendre dans la rue pour une démonstration de force en vue de saper la légitimité populaire du président de la République, une économie en berne, les caisses de l’Etat à sec, voilà en somme la situation en Tunisie ! La Tunisie est en train de vaciller. L’heure est grave. On danse sur un volcan en pleine activité et dont les éruptions seront meurtrières. Le blocage au sommet de l’Etat, entre le président de la République, le président du Parlement et le chef du gouvernement, tourne au duel à mort. Chacun campe sur position et personne n’accepte de faire un pas en arrière. De part et d’autre on prépare la bataille finale. On affute les armes et on mobilise les partisans. Toutes les initiatives de médiations sont vouées à l’échec, car on continue à faire la sourde oreille. Jamais les Tunisiens n’ont été aussi divisés sur une question aussi cruciale. Mais ils n’ont pas cherché à se mettre dans un camp contre un autre. Ils sont poussés dans les tranchées sans trop comprendre pourquoi ils vont se livrer bataille. A l’origine du problème, un conflit entre le parti vainqueur des élections législatives, le mouvement islamiste d’Ennahdha, qui a tout fait pour

remonter le nouveau Chef du gouvernement, Hichem Mechichi, nommé par Kaïs Saïed, président de la République en juillet 2020 suite à la démission de l’ancien Chef du gouvernement, ElyesFakfakh englué dans une affaire de suspicion de conflit d’intérêts. Mais au lendemain de l’annonce du gouvernement Mechichi, les tensions avec le Chef de l’Etat ont fait surface. Pour le président de la République, Mechichi aurait trahi sa confiance et roule pour le compte de Rached Ghannouchi, président du Mouvement d’Ennahdha et président du Parlement qui conteste les pouvoirs du chef de l’Etat. En effet, la guerre est déclarée suite au limogeage du ministre de la Culture, Walid Zidi, suivi de celui du ministre de l’Intérieur TaoufikCherfeddine, proche du président Saïed.

Echange d’accusations On hausse le ton de part et d’autre. On échange les accusations. Mais le dialogue est rompu suite au remaniement ministériel opéré le 16 janvier 2021 qui s’est élargi à onze ministres. Ce remaniement, où Kaïs Saïed y voit une purge des ministres proches du palais de Carthage, est contesté par le Chef de l’Etat lors de la réunion du Conseil de la sécurité nationale. En effet, Kaïs Saïed a déclaré que le remaniement

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Le Président de la République désignant Hichem Mechichi en tant que Chef du gouvernement 2020 en juillet

ministériel annoncé par le chef du gouvernement n’a pas respecté les dispositions de la Constitution, l’article 92 en l’occurrence qui stipule que l’amendement de la structure gouvernementale intervient après délibération du conseil des ministres. Le remaniement n’a pas été débattu en conseil des ministres, a-t-il fait observer, en s’adressant au chef du gouvernement. Cependant, Mechichi ignore les réserves du Chef de l’Etat et obtient le vote de confiance des élus de l’Assemblée des représentants du peuple. La riposte du président de la République ne s’est pas fait attendre. Ce dernier a refusé de recevoir les nouveaux ministres du gouvernement Mechichi II pour la cérémonie de prestation de serment. Mechichi décide alors de consulter le Tribunal administratif qui a jugé que seule la Cour constitutionnelle est habilitée à trancher ce genre de litige. Il sollicite l’avis de l’Instance provisoire du contrôle de constitutionnalité des projets de loi et reçoit des juristes au Palais du gouvernement à la Kasbah pour trouver des solutions juridiques

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On hausse le ton de part et d’autre. On échange les accusations. Mais le dialogue est rompu suite au remaniement ministériel opéré le 16 janvier 2021 qui s’est élargi à onze ministres. au blocage. En même temps, il multiplie l’envoie des correspondances au Chef de l’Etat pour fixer une date à la cérémonie de prestation du serment aux onze nouveaux ministres, qui sont restés lettres mortes.

Brûler les vaisseaux Ce qui a poussé Mechichi à sortir une dernière carte de sa manche en s’adressant au Comité


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provisoire du contrôle de la constitutionnalité des lois. Mais entre-temps, il signe et persiste : « je ne démissionnerai pas », a-t-il asséné vendredi car pour lui « un soldat ne déserte pas ».

sant allusion à une phrase célèbre prononcée par Tarik Ibn Zied à ses hommes après avoir brulé les vaisseaux marins pour les obliger à ne pas faire demi-tour.

De son côté le président de la République réitère l’inconstitutionnalité du remaniement ministériel. Fort de sa légalité et sa légitimité populaire, il a averti avec un ton grave ses belligérants : « la constitution est derrière vous et le peuple est devant vous, alors où est l’échappatoire?», fai-

Pour sa part, le Président du Parlement, ne courbe pas l’échine. Au contraire il continue à alimenter la tension en multipliant les interviews visant à rabaisser le rôle du Chef de l’Etat et limiter ses prérogatives.

Pour le président de la République, Mechichi aurait trahi sa confiance et roule pour le compte de Rached Ghannouchi, président du Mouvement d’Ennahdha et président du Parlement qui conteste les pouvoirs du chef de l’Etat.

Pourtant, à l’issue de la réunion de son bureau exécutif, le parti Ennahdha a joué à l’apaisement en estimant que « seul un dialogue sérieux et responsable entre les parties concernées est capable de résoudre la crise relative du remaniement ministériel opéré par le chef du gouvernement, Hichem Mechichi ». Mais en même temps le Mouvement Ennahdha continue à mobiliser ses partisans pour une grande manifestation contre le veto qu’à opposé le Chef de l’Etat à un remaniement qui a rayé de la liste les ministres « désignés » par Carthage. Face à ces appels que font miroiter les grandes pointures du Mouvement Ennahdha, les partisans de Kaïes Saïed ont eux aussi annoncé une mobi-

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La relation n’a jamais été au beau fixe entre le Chef de l’Etat et Rached Ghannouchi, président du Parlement


La Tunisie vit au rythme des manifestations populaires qui appellent au départ du régime politique actuel

lisation de la rue pour soutenir le Chef de l’Etat.

Les accusations fusent

On continue à charger à bloc les partisans et de part et d’autre, les accusations fusent à ne point en finir. C’est désormais l’image écornée d’un pays en pleine ébullitions, composé d’une mosaïque loin d’être harmonieuse, qu’on véhicule au monde. Pourtant, c’est l’image du pays et du peuple Tunisien qui en pâtit. Tout au long de ce conflit, qui dure depuis presque un mois, les règles du jeu politique se modifient continuellement. Alors qu’au début on pensait que c’est la prestation de serment des nouveaux ministres soupçonnés de corruption et de conflit d’intérêts qui posait problème, actuellement il semblerait que tout le gouvernement soit mis en jeu. C’est en tout cas ce que soutient le secrétaire-général de l’Union Tunisienne Générale du Travail (UGTT), Noureddine Taboubi. Dans une déclaration à Majalla, Taboubi affirme en effet, que la présidence de la République exige maintenant le départ de tout le gouvernement comme seule issue à cette crise. « Saied ne cherche pas à écarter les ministres ayant des suspicions de corruption mais plutôt à faire chuter tout le gou-

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De son côté le président de la République réitère l’inconstitutionnalité du remaniement ministériel. vernement tout entier» a - t-il annoncé. Alors que différents protagonistes politiques commencent à appeler à la chute du gouvernement comme alternative à la crise, le secrétaire général du Mouvement Achaâb et député, Zouhaier Maghzaoui, est de cet avis. Pour lui, « le gouvernement de Hichem Mechichi ne peut pas durer, quelque soit, sa ceinture politique ». Idem pour le président du bloc démocratique Mohammed Ammar qui souligne à Majalla que le gouvernement Mechichi est déjà fini. “Hichem Mechichi a achevé lui-même son gouvernement. Quand tu procèdes à un remaniement ministériel pour changer 40% de ton équipe gouvernementale, et quand tu as un gouvernement par intérim, tu peux dire que Mechichi a mis fin à son gouvernement”, a - t-il expliqué.


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Les enjeux de la France en Afrique Paris, de notre correspondant : Khaled Saad Zaghloul La politique africaine de la France a longtemps été perçue comme une dimension fondamentale mais aussi singulière et spécifique de la politique étrangère française, car d’un point de vue géopolitique, l’Afrique est resté le seul continentoù la présence française a pu et peut jouer un rôle (cf. le Liban au Moyen-Orient, l’Indochine en Asie…). Dans d’autres régions du monde, son influence y serait limitée par d’autres grandes puissances. D’ailleurs la France est devenue une puissance mondiale, parce qu’elle était d’abord une puissance africaine et une puissance arabe, d’où elle doit garder ces zones d’influences, elle a pu après la Seconde Guerre mondiale et son mouvement de décolonisation, préserver un leadership fort et une influence réelle, en tant que pays qui possède l’arme nucléaire et membre permanent du Conseil de sécurité, à la hauteur de ses ambitions gaulliennes de grande puissance. Dans son tout premier discours annuel aux 170 ambassadeurs de France en août 2018, déclarant que « la France est de retour », l’hôte de l’Élysée a réaffirmé son intention de maintenir le continent africain au centre de sa politique étrangère, affirmant sa conviction que « l’avenir du monde se jouera en grande partie en Afrique ». Il a également mis en place un nouveau Conseil présidentiel pour l’Afrique, dont les 11 premiers membres pour le conseiller et préparer ses visites africaines. La diplomatie française a retrouvé son dynamisme dès l’arrivée du Président Emmanuel Macron. Elle s’est activée de manière notable dans des dossiers chauds sur la scène internationale et a réussi à en débloquer

certains, ce qui lui a donné les capacités à retrouver la cour des grands après le recul diplomatique évident sous Nicolas Sarkozy et l’immobilisme sous François Hollande. On retrouve en lui Chirac l’africain.

Une sécurisation des intérêts français en Afrique Dès ses premiers jours à l’Elysée, il a orienté la politique étrangère vers un ancrage et une sécurisation des intérêts français en Afrique pour préserver l’arrière-cour de Paris dans cette région, qui représente ses anciennes colonies. Pour cela, il faut renforcer la compétitivité et écarter les puissances cherchant à poser un pied dans le continent de l’avenir. Emmanuel Macron a touché les cœurs des africains lorsqu’il avait déclaré, en pleine campagne électorale, au mois de février 2017 : « La colonisation fait partie de l’histoire de France,mais c’est un crime contre l’humanité ». Il a tenu les mêmes propos dans un autre discours, au cœur de l’Afrique cette fois-ci, un peu moins virulent : « Il y a eu des crimes graves mais il y a eu aussi des éléments de civilisation et des histoires heureuses ». L’Afrique pour lui, n’est pas seulement le continent des migrations et des crises, c’est un continent d’avenir, « nous ne pouvons pas le laisser seul face à ses défis démographiques, climatiques, politiques, nos entreprises, nos étudiants, nos chercheurs, nos artistes doivent s’y intéresser », déclare le président. Il s’est rendu en Afrique pour porter ce message, à travers la sécurité, le développement, la diplomatie, les liens économiques et l’innovation, la stratégie qu’il veut mettre en œuvre consiste à créer un axe intégré entre l’Afrique, la Méditerranée et l’Europe.

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Le Président français Emmanuel Macron

Oublions le passé et regardons vers l’avenir Issu du monde de l’après-colonisation, chanceux de n’est pas être né pendant ces guerres historiques, Macron n’avait pas besoin d’assumer cet héritage. Pour lui, il y prescription de ces crimes, qui appartiennent à une histoire à dépasser. Il suffit donc aux Français, ainsi qu’aux Africains, d’oublier ce passé et de regarder vers l’avenir en ouvrant une nouvelle histoire basée sur la paix et la coopération. Ces nobles vœux et déclarations sont destinés aux africains, il est conscient que hormis les enjeux géopolitiques de son pays, ce continent est une zone prometteuse pour les investissements, avec un potentiel humain de plus d’un milliard d’habitants et dont la plupart des Etats ont besoin d’investissements considérables dans les infrastructures et les services. Il est aussi conscient que de nombreuses entreprises incarnant la force de la France dans le secteur des affaires s’appuient, de manière principale, sur les investissements en Afrique par ce discours « progressiste ». Plus qu’ailleurs, le symbole est important en politique. En 2019, le chef des Français touche encore les cœurs des africains lorsqu’il a lancé un appel solennel aux maires de France afin d’honorer les héros africains de la Libération, lors des célébrations des 75 ans du débarquement de Provence, qui a délivré des nazis le sud de la France, aux côtés des forces alliés. À la nécropole nationale de Boulouris (Var), où reposent

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D’un point de vue géopolitique, l’Afrique est restée le seul continent où la présence française a pu et peut jouer un rôle. 464 combattants de la 1ère armée française, en présence des présidents ivoirien Alassane Ouattara et guinéen Alpha Condé, Macron a demandé aux élus locaux « qu’ils fassent vivre, par le nom de nos rues et de nos places, par nos monuments et nos cérémonies, la mémoire de ces hommes qui rendent fiers toute l’Afrique et disent de la France ce qu’elle est profondément : un engagement, un attachement à la liberté et à la grandeur, un esprit de résistance qui unit dans le courage ». il a énuméré « Ils ont fait l’honneur et la grandeur de la France. Mais qui se souvient aujourd’hui de leur nom, de leur visage ? ». Les africains ont apprécié son discours : « On ne parle que des Américains. Les Africains, on les a un peu oubliés. C’est bien qu’on leur donne des noms de rues », s’est-il réjoui. Des 260 000 combattants de cette 1ère armée française dirigée par le général de Lattre de Tassigny, la plupart étaient originaires d’Afrique du Nord et subsaharienne. « Français d’Afrique du Nord, pieds


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noirs, tirailleurs algériens, marocains, tunisiens, zouaves et sénégalais. »

L’Afrique parmi les priorités de la France L’Afrique Troisième priorité sur laquelle forme sa politique étrangère après l’Europe et le monde arabe. C’est au fond la politique de voisinage stratégique. Il trouveindispensable de poursuivre ce partenariat. Il travaille étroitement sur leurs sujets de crise, la France est profondément engagée et a fait savoir qu’une part africaine en elle parce que des combattants de ce continent ont sauvé la France et sa liberté. Les destins sont liés, même s’ils sont aussi liés par des pages sombres et des blessures. Mais l’Afrique est bien davantage pour le vieux continent, elle est son indispensable allié pour que l’Europe continue de jouer tout son rôle dans les affaires du monde. Ancrés dans la proximité géographique de la France. L’Afrique est le voisin le plus proche qui participe à l’identité de la France à travers une histoire commune et par le biais des diasporas africaines de France. Si nombre de compatriotes ont une origine qui les rattache à l’Afrique, en sens inverse, plus de 150 000 Français sont établis en Afrique sub-saharienne (et près de 500 000 pour l’ensemble du continent). La France fait par ailleurs partie de l’espace africain avec ses deux départements de l’océan Indien de la Réunion et de Mayotte dans lesquels vivent plus d’un million de Français. À bien des égards, présent et l’avenir des français sont intimement liés à ceux de l’Afrique. Selon le quai d’Orsay, la prospérité et la sécurité des pays africains conditionnent aujourd’hui largement les siens:Parce qu’en matière de sécurité et de lutte contre le terrorisme, les défis sont communs et rendent illusoires un engagement et une vigilance qui ne s’étendraient pas aux pays africains. La paix et la

sécurité du continent déterminent également la stabilité de la France. C’est le sens, notamment, de son action au Sahel ;Parce qu’en dépit d’une réelle hétérogénéité, l’Afrique est aujourd’hui une zone de très forte croissance économique et qu’elle le restera dans les décennies à venir. Le dynamisme et la prospérité croissante de l’Afrique ouvrent des perspectives nouvelles aux entreprises françaises alors que la France est l’un des principaux partenaires économiques du continent, son second partenaire commercial en Europe. Sur la base de fortes complémentarités, les relations économiques mutuellement fructueuses avec les pays africains sont appelées à se renforcer, parce que les grandes problématiques globales qui se dessinent, qu’il s’agisse du changement climatique ou de la gestion des migrations, ne trouveront de solutions qu’avec un engagement fort de l’Afrique. Elles seront en outre impactées par la croissance démographique exceptionnelle que l’Afrique va connaître au XXIe siècle, sa population devant passer de 1,2 milliard; aujourd’hui à 2,5 milliards en 2050, dans le contexte d’une intense urbanisation. L’avenir de la langue Française et de la Francophonie est largement porté par les Africains et que le rayonnement accru de la langue française sera un défi et un atout à gérer avec eux. Les pays africains sont comme la France, attachés à la défense du multilatéralisme et leurs intérêts convergents avec les siens pour la promotion d’une meilleure gouvernance mondiale. Dès les indépendances, Paris a fait le choix de développer des relations fortes avec les États d’Afrique subsaharienne auprès desquels, les Français sont aujourd’hui représentés par 42 ambassades (pour 49 États subsahariens) qui animent un réseau public dense et diversifié dans les domaines éducatif, culturel, scientifique et économique (instituts culturels et alliances françaises, lycées français, Agence française de Développement, instituts de recherche…).

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Les relations entre la France et l’Afrique


Bernard Emié

Les djihadistes « réfléchissent à des attaques en Europe», selon le patron de la DGSE Lors d’une de ses rares prises de paroles, le patron de la direction générale de la sécurité extérieure (DGSE) Bernard Emié-qui était un excellent conseiller de Chirac et grand diplomate-a souligné le 1er février que le terrorisme avait désormais deux « épicentres » : le Sahel et la zone irakosyrienne. A l’occasion d’un « comité exécutif » consacré au contre-terrorisme, qui se tenait sur la base aérienne d’Orléans-Bricy (Loiret), aux côtés de la ministre des armées, Florence Parly, et du chef d’état-major des armées, le général François Lecointre, le patron du renseignement extérieur a toutefois pris le temps, dans une mise en scène relativement atypique, de présenter, images à l’appui, l’analyse de ses services du nouvel état de la menace djihadiste sur les théâtres extérieurs.

La DGSE lève (un peu) le voile sur son activité au Sahel Le patron des 7 000 espions et analystes et experts français de la DGSE, L’homme qui a sauvé la France des centaines d’opérations terroristes participait à une réunion consacrée au contre-terrorisme. « Nous transmettons aux armées les renseignements très précis sur la manière de vivre et la localisation des chefs terroristes, les puits qu’ils utilisent, les oueds et les Adrars qu’ils fréquentent.» Le patron du plus important service de renseignements en Europe, (DGSE) évoque les succès au Sahel, comme au Levant. La désorganisation des deux mouvements jihadistes, l’État islamique au grand sahara (EIGS - Daseh), et le Rassemblement pour la victoire de l’islam et des musulmans (RVIM, ou JNIM Al Qaeda), par la “neutralisation” de chefs, de cadres, de recruteurs. Au Levant, c’est-à-dire en Irak et en Syrie, la “de-

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Dès les indépendances, Paris a fait le choix de développer des relations fortes avec les États d’Afrique subsaharienne. structions du proto-califat” de Daesh. Mais « la bête bouge encore, poursuit Bernard Emié, malgré les efforts incessants et les combats très durs ». Iyad Ghali, chef du RVIM, émanation d’Al Qaeda au Maghreb Islamique, et 4 de ses lieutenants. AQMI est l’un des deux mouvements jihadistes au Sahel, avec la branche locale de Daesh, l’EIGS, Etat Islamique au Grand Sahara. Il explique encore qu’au Sahel, se préparent à la fois des attentats des grandes ampleurs et l’expansion jihadiste vers le golfe de Guinée, vers la Côte d’Ivoire et le Bénin. C’est donc en ce moment que se joue une partie serrée en Afrique de l’Ouest. Sans oublier, rappelle Bernard Emié, “la Libye, le Yemen, la Somalie, le Mozambique et l’Afghanistan”. Le terrorisme international a désormais deux « épicentres », a-t-il ainsi résumé en préambule, mettant au même niveau le Sahel et la zone irako-syrienne. Depuis la chute de Baghouz, en mars 2019, dernier bastion de l’organisation Etat islamique (EI), le Levant apparaissait plus en retrait dans les préoccupations des responsables de la communauté du renseignement. Le patron de la DGSE a pointé une évolution préoccupante de l’EI dans la région, car prenant une forme « insurrectionnelle ». « Sauvagerie » et « tempérament sanguinaire » Le patron de la DGSE s’est plus attardé sur la situation


au Sahel. Notamment en mettant en avant le fait qu’il s’agissait, selon ses services, d’un théâtre depuis lequel des attentats projetés vers l’Europe étaient possibles. Un regard sensiblement différent d’un certain nombre d’observateurs et d’acteurs de la sécurité intérieure, qui jugeaient jusqu’à présent ce risque faible. « Depuis le Mali, ils [les terroristes] ont travaillé à des attaques contre nous, contre nos partenaires, ils réfléchissent à des attaques dans la région et en Europe », a ainsi développé M. Emié. Au Sahel, la France a deux principales organisations dans le viseur, a-t-il rappelé : l’organisation Etat islamique dans le grand Sahara, et la branche locale d’Al-Qaida, le groupe de soutien à l’islam et aux musulmans au Maghreb. La première se distinguant, selon lui, par sa particulière « sauvagerie » et le tempérament « sanguinaire » de son chef, Adnan Abou Walid AlSahraoui.

Opération « barkhane ». Le satisfecit de la France au Sahel Il y a un peu plus de 9 ans, la France s’est engagée dans les crises, bien évidemment, il y a le sujet du Sahel, un théâtre essentiel d’opération pour les armées, c’est un sujet sur lequel la France a été déterminée à éviter la montée du djihadisme et que celui-ci ne s’installe. Et sans la décision rapide de la France d’intervenir, sans la qualité d’exécution des arméesrégionales, les choses ne seraient sans doute pas les mêmes aujourd’hui au Sahel. Néanmoins aujourd’hui, on le voit bien, dans un contexte de déstabilisation et d’expansion du phénomène terroriste au Sahel, cela commence dans le

golfe de Guinée et dans la région du lac Tchad. Les français devront être prudents quand ils parlent de terrorisme dans cette région parce qu’il n’a pas les mêmes caractéristiques que le califat territorial qu’on a pu connaître au Levant. Et ce sont aussi des groupes terroristes qui jouent des divisions ethniques, du phénomène économique et c’est une traduction africaine très spécifique. L’opération Barkhane progresse positivement quant à l’autonomisation des forces partenaires, la sahélisation avec une participation croissante de troupes africaines, et l’européanisation avec un soutien accru de forces européennes. Le chef français a demandé à la force de Sahel de concentrer les efforts dans la région des trois frontières contre un ennemi clairement identifié qui est l’État islamique au Grand Sahara (EIGS). Sur ce segment, les résultats sont là. Les armées des 5 pays ont empêché la montée en puissance de l’EIGS, lui avaient interdit la sanctuarisation de zones, l’ont coupé ses axes logistiques, l’ont perturbé dans ses méthodes et avaient pu mettre hors de combat un certain nombre de ses chefs. On peut aussi constater comme résultat que depuis quelques mois, les attaques complexes ont baissé de fréquence et sont à un niveau jamais enregistré auparavant. Ce qu’il faut aussi mettre au crédit de l’opération Barkhane, ce sont les deux volets que sont l’européanisation et la sahélisation. Sur la sahélisation, il y a un exemple qui est emblématique. C’est la grande opération « Bourrasque » qui a eu lieu pendant tout un mois et qui a mis sur le terrain 3000 militaires composés à 50 % de Français et à 50 % de forces partenaires dont 1 100 soldats des forces nigériennes

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Opération « barkhane»


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et 300 des forces armées maliennes. Ce n’est pas rien parce que l’on a un ratio qui est en train de progressivement diminuer en termes de participation des armées françaises qui, au départ, représentaient 70 à 80 % des militaires engagés. Les ministres des Affaires étrangères, Jean-Yves Le Drian et des Armées Florence Parly, défendaient, la réussite de l’action antiterroriste, avant un sommet crucial au Tchad. Il n’est pour le moment pas question du retrait de la force Barkhane au Sahel, a prévenu la ministre des Armées Florence Parly devant le Sénat le 9 février, au premier débat sur la guerre au Mali. Face aux sénateurs, Parly et Le Drian ont défendu le bilan de la force Barkhane et répondu à une rafale de questions parlementaires et journalistiques sur l’avenir de l’opération française. Ils ont levé un coin du voile sur ce qui sera dit dans la capitale tchadienne. S’il y a un an, le sommet de Pau a eu pour ambition d’amorcer « un sursaut militaire au Sahel ». En utilisant le terme de sursaut, Paris sous-entend qu’à son sens, les choses ne vont pas assez vite. Pour la France, le sommet de Ndjamena devait permettre de donner un coup d’accélérateur d’abord sur un plan diplomatique en renforçant la coopération entre les pays du G5 et les pays riverains du golfe de Guinée, et en favorisant une meilleure coopération avec l’Algérie et le Maroc. Mais ce sursaut doit également être politique. Paris souhaite ainsi que les autorités maliennes accélèrent la mise en place des accords d’Alger. « Barkhane n’est pas éternelle. Mais à court terme, nous allons rester, ce qui n’exclut pas que les modalités de notre intervention évoluent, s’ajustent diraient certains, bien au contraire. Les pays sahéliens souhaitent que nous con-

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La France est déterminée à éviter la montée du djihadisme tinuions à les aider et les résultats obtenus nous permettent d’accentuer la stratégie d’accompagnement des armées locales avec nos partenaires et nos alliés sur le terrain », a résumé Florence Parly très satisfaite de son bilan et ses perspectives, confirmant les grandes lignes de la communication orchestrée par la France, embourbée dans une interminable « guerre contre le terrorisme » initiée par François Hollande en janvier 2013. D’abord, rappeler la légitimité de l’opération « Serval », l’ancêtre de « Barkhane », déclenchée « à la demande des autorités maliennes de transition », dixit l’ancien ministre de la défense Le Drian, « alors que les islamistes s’apprêtaient à prendre d’assaut Bamako, avec la création potentielle d’un sanctuaire djihadiste pour commettre des attentats en Europe ». Le partenariat militaire opérationnel semble bien l’objectif de cette année 2021, Barkhane tout comme les Européens de la force Takuba continueront donc massivement d’épauler au combat les armées sahéliennes, afin qu’elles s’affermissent et remportent des victoires. L’objectif français vise à engager ses alliés européens sur le plan politique et militaire au Sahel. Paris ne veut plus porter seule le combat à travers la force Barkhane. Le président français compte sur un partenariat avec l’Allemagne pour s’engager


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sur le plan politique et militaire, souhaite utiliser le nouveau groupement de forces spéciales Takuba, auquel participent plusieurs dizaines d’Estoniens, de Tchèques et de Suédois, « comme un cheval de Troie pour amener davantage d’Européens sur le théâtre sahélien ».

Le sommet du G5 Sahel Renforcer à la fois la lutte contre les groupes djihadistes et le retour de l’Etat dans les territoires délaissés de la région : c’est sur ces objectifs qu’a insisté le président français Emmanuel Macron, mardi 16 février, en s’adressant au sommet du G5 Sahel de N’Djamena. Un an après le sommet de Pau, en France, « nous avons réussi à obtenir de véritables résultats dans la zone des trois frontières », entre le Mali, le Niger et le Burkina Faso, et le principal groupe visé, l’organisation Etat islamique dans le grand Sahara, « a perdu son emprise et subit de nombreuses pertes », a estimé le président français lors de son intervention, faite en visioconférence depuis Paris. Mais les organisations affiliées à Al-Qaida, le Groupe de

Macron a touché les cœurs des africains lorsqu’il avait déclaré: « La colonisation est un crime contre l’humanité ».

soutien de l’islam et des musulmans et Katiba Macina, « dont la plus haute hiérarchie continue à nourrir un agenda djihadiste », constituent toujours une menace au Sahel, a souligné en promettant « une action renforcée » pour « essayer d’aller décapiter ces organisations ». « Des évolutions sans doute significatives seront apportées à notre dispositif militaire au Sahel en temps voulu mais elles n’interviendront pas dans l’immédiat », a également expliqué, soulignant qu’« il serait paradoxal d’affaiblir notre dispositif au moment où nous disposons d’un alignement politique et militaire favorable à la réalisation de nos objectifs ». L’opération anti - djihadiste française «Barkhane » compte actuellement quelque 5 100 hommes au Sahel. Macron a dans la foulée salué la décision annoncée la veille par le président tchadien, Idriss Déby, d’envoyer 1 200 soldats dans cette zone dite des « trois frontières ». C’est « une décision forte et courageuse qui viendra conforter la force du G5 Sahel », a-t-il commenté.

Donner une perspective aux populations du Sahel Par ailleurs, « la mobilisation internationale en faveur du Sahel n’a au fond jamais été aussi puissante », a fait valoir le chef de l’Etat en remerciant les pays européens participant au nouveau groupement de forces spéciales Takuba «qui acceptent ainsi de mutualiser le risque du sacrifice ultime que prennent nos soldats». Au-delà du volet militaire, le président français a insisté sur la nécessité de « donner une perspective aux populations du Sahel », en appelant à un « deuxième sursaut : celui du retour de la sécurité et des services aux populations » et en réclamant « une impulsion au

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plus niveau de l’Etat » pour réinvestir les territoires délaissés de la région. « C’est par le collectif et l’action concrète sur le terrain que nous réussirons. La France continuera d’y prendre sa part parce que je sais que chacun est ici mobilisé », a-t-il conclu. Le sommet de N’Djamena a lieu un an après celui de Pau, qui, devant la menace d’une rupture sous les coups de boutoir djihadistes, avait débouché sur un renforcement militaire dans la zone des « trois frontières » et l’envoi de 600 soldats français supplémentaires, les faisant passer de 4 500 à 5 100. En dépit des succès tactiques revendiqués, le tableau demeure un peu sombre au Mali, au Niger et au Burkina Faso. Plus de huit ans après le début de la crise, quasiment pas un jour ne passe sans une attaque armée, l’explosion d’une mine artisanale ou des exactions contre les civils. La barre des 2 millions de déplacés a été franchie en janvier. Le coup d’État au Mali de l’été dernier a pénalisé la mise en œuvre de la feuille de route de Pau, mais la mise en place des autorités de transition ouvre très clairement une nouvelle fenêtre d’opportunité. La volonté françaises est de consolider cette force conjointe G5 Sahel par un financement pérenne.Macron a eu là aussi de nombreuses discussions. L’Union européenne à sa demande était au rendez-vous de sesengagements financiers permettant les équipements. L’UEMOA a pris des premiers engagements aussi qu’elle a honorés. La France continue à financer cette force dont les coûts defonctionnement annuels ont été identifiés à 40 millions d’euros et obtenir de ses partenairesinternationaux, en particulier du Golfe, de la région et d’Europe et des EtatsUnis. La volonté de Macron est aussi d’obtenir un mandat

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onusien sous chapitre 7 dans les mois qui viennent pour cette force conjointe du G5 Sahel et permettre un financement pérenne. L’Alliance pour le Sahel a rassemblé un portefeuille de 900 projets et16 milliards d’euros. Les français ont aussi remobilisé les financements internationaux sur la GrandeMuraille verte en début d’année, avec le président mauritanien. Mais il y a un chaînonmanquant qui est l’échelon minimal d’une présence de l’État dans les zones les plus vulnérables. C’estcette défaillance que l’élan de N’Djaména doit corriger. De manière très concrète, cela passe par un réengagement profond du Mali, du Burkina et du Niger à déployer pour l’action civile un dispositif comparable à celui qui a été mis en place pour l’action militaire, c’est-à-dire une action interministérielle, pilotée au plus haut niveau par les chefs d’État eux-mêmes, un pilotagehebdomadaire, une coordination très étroite pour identifier tous les projets, sous la bonnegouvernance française de ces projets et permettre justement du retour de l’État et des projets de développementune fois que la victoire militaire est obtenue. C’est la mise en œuvre de l’esprit de Pau où, le président français avait défini 4 piliers. La lutte contre le terrorisme, le renforcement des capacités militaires sahéliennes avec la force conjointe G5, le retour de l’État et de l’administration dans toutes ses composantes. Et le quatrième pilier, la politique de développement. C’est autour de ces piliers 3 et 4 qu’il faut maintenant avoir la même force politique. Car dès que l’armée française libère une zone, il faut que l’État africain revienne, les services de l’État. Tout ça, évidemment,concerne l’ensemble de la région.


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Un refugié Ethiopien qui risque de grandir loin de son pays.

Conflit en Soudan et Ethiopie:

Le Nil, pour attiser ou éteindre les braises ? Par Nasserldine Ben Haddid Le torchon brûle entre les deux pays voisins du Corne de l’Afrique. Certes, le mal n’est guère récent. La crise est ancestrale. Les braises dormaient sous les cendres. Qui est venu réveiller le démon du conflit dans cette région, à la fois instable et stratégique ?

Une chronique quotidienne et .(malheureusement) triste En dépassant les images de la pauvreté, du sous-développement, et même de la misère,

qui font désormais partie intégrante du paysage quotidien, et donc «acceptables», les agences de presse, nous font que nous inonder de dépêches, traitant de moult sujets : - Le différent qui oppose l’Ethiopie à l’Egypte et au Soudan, au sujet du barrage de la «Renaissance», aussi bien l’existence du projet en soi (chose qui semble être dépassée), que le remplissage de ce «géant», mettraient (de l’avis de tous les experts) les deux pays, à savoir l’Egypte et le Soudan, dans une situation assez critique, si ce remplissage se faisant en une seule année. Certes, le problème semble «purement technique», à savoir un

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L’attente peut durer longtemps.

manque de coordination entre les techniciens des trois pays, mais le passé revient toujours à la charge : Entre une Egypte à la démographie plus galopante, qui voit ses besoins en eaux, aussi bien pour usage domestique que pour l’irrigation exploser en exponentiel, un Soudan, qui pense pouvoir engendrer un développement soutenu et durable de son secteur agricole, grâce aux eaux du Nil. Et enfin, une Ethiopie, qui pense devenir une «puissance régionale», économique en premier, en disposant d’une énergie électrique durable et à la fois peu couteuse. Et par conséquence, une puissance politique, qui peut attirer les investisseurs, la tension ne peut être que grande. - Même si l’Ethiopie ne cesse de le dire et le répéter que la question du Tigré, relève d’une dimension interne, les accusations ne cessent d’être échangées entre le Soudan et l’Ethiopie. Le premier ne cesse d’alerter la communauté internationale qu’il est en train de subir une guerre ou un conflit, qu’il n’est nullement le sien : Le flux des réfugies ne cesse d’augmenter, qui reprennent les anciens camps. Chose qui va obliger le gouvernement de Khartoum à assumer une charge, qui vient

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Qui est venu réveiller le démon du conflit dans cette région, à la fois instable et stratégique ? plomber encore plus une économie à la dérive. Sans oublier le coté sécuritaire. A l’inverse l’Ethiopie avance une peur qui trouve une légitimité dans le passé, à savoir l’exploitation du Soudan de la rébellion du Tigré comme carte de chantage. - Même si le différent frontalier ne date pas d’hier, il (re)vient sur le devant : Le Soudan accuse des milices éthiopiennes, qui seraient soutenues par le gouvernement d’AddisAbeba, d’opérer des incursions dans le territoire soudanais, et surtout commettre des exactions, qui ont fait des dizaines de victimes civiles, selon des sources militaires soudanaises. Par contre, l’Ethiopie accuse son voisin, de profiter de l’engagement de son armée contre la rébellion au Tigré, pour militariser les frontières, et profiter à l’occasion, pour


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changer le traçage des frontières entre les deux pays, et intégrer le triangle d’Al-Fashaga Un territoire agricole disputé par ces deux pays de la Corne.

: Le même fil conducteur Même si l’un des deux pays l’affirme, et l’autre le nie : Les dossiers mettant en conflit ces pays frontaliers sont portés par un même fil conducteur, à savoir l’instabilité interne que vit les deux belligérants. Le Soudan qui vient de vivre une «Révolution» qui n’a pas apporté, surtout au niveau économique les réponses

Le Soudan accuse des milices éthiopiennes, d’opérer des incursions dans le territoire soudanais, et surtout commettre des exactions, qui ont fait des dizaines de victimes civiles.

attendues. Même pire, pour certains l’économie du pays ne cesse de sombrer, avec un flottement de la monnaie qui a fait chuter la monnaie locale face au dollar. D’où l’émergence de quelques foyers de contestation. L’Ethiopie, qui vit une «guerre civile» non-annoncée, même si le Premier ministre Abiy Ahmed, a promis que le contrôle de la province du Tigré ne serait qu’une «campagne de printemps». Une exploitation du conflit avec le pays voisin pour occulter les problèmes internes ? Certainement, oui, les deux adversaires ne cessent de taper sur le tambour du «danger externe» : A savoir occulter et dépasser le «conflit interne» dans le but de forger une «sainte alliance» qui doit face à cette «invasion» qui menacerait le pays. «Nos forces sont en alerte permanente, prêtes à défendre notre souveraineté. Si le Soudan ne met pas un terme à son offensive sur nos territoires, l’Ethiopie sera forcée de contreattaquer. Ainsi étaient les propos du porteparole du ministère des affaires étrangères éthiopien Dina Mufti. L’état-major soudanais a affirmé, quant à lui, avoir repris le contrôle sur la quasi-totalité de cette zone face à des miliciens affiliés aux forces fédérales éthiopiennes, à savoir

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Photo refugiés qui reprennent les mêmes camps d’antan


Des camps de toile, le provisoire qui va durer

ce que les Soudanais ont pris de nommer péjorativement «shifta» (bandits), qui ont contrôlé et exploité des centaines d’hectares, assurant leur mainmise par des raids ou des kidnappings menaçant les agriculteurs soudanais. Il faut noter qu’au fil des années, ce triangle s’est converti en terre de contrebande et théâtre de tous les trafics, mais aussi d’affrontements sanglants. Sans oublier que le triangle d’AlFashaga représente un enjeu économique et alimentaire crucial pour les populations locales même si pour le Soudan, Al-Fashaga fait partie intégrante de son territoire, selon la démarcation établie sous la colonisation britannique au début du siècle dernier. La confrontation totale : Un «luxe» qui peut coûter (excessivement) cher. Les deux pays, autant l’un et l’autre essaye d’exploiter l’adversité en «ciment national», autant l’un et l’autre porte la certitude qu’il existe une limite à ne jamais dépasser. Car, aussi bien à Khartoum qu’à Addis-Abeba, la certitude est plus que grande qu’une confrontation générale, serait dévastatrice aussi bien pour l’un que pour l’autre, surtout

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Tant toute la région de la Mer rouge, du Corne de l’Afrique, et même la Somalie, et au-delà le Kenya, risquent de payer un prix très fort. en période de crise économique aggravée par la pandémie du Coronavirus. Aussi, une confrontation va entrainer toute la région du Corne de l’Afrique, déjà instable, dans un tourbillon qui ne peut que déplaire aux grandes puissances. Tant toute la région de la Mer rouge, du Corne de l’Afrique, et même la Somalie, et au-delà le Kenya, risquent de payer un prix très fort. De-là, le segment de résonnance du conflit est bien établi. Un embrasement total est strictement interdit. Une tension «contrôlée» qui ne dérange pas la stabilité dans les deux pays et au-delà, reste tolérée.


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Sénatrice Française: Ankara viole les droits européens

La Sénatrice Valérie Boyer à «La Majalla» : Les dirigeants turcs auraient bloqué , eux-mêmes, l’adhésion de la Turquie à l’UE Propos recueillis par Khaled Saad Zaghloul – Paris Valérie Boyer est une femme politique française très respectable. Membre de l’UMP puis des Républicains, cadre supérieur de la Sécurité sociale, elle était maire du sixième secteur de Marseille, députéeMembre de la commission des affaires étrangères de l’Assemblée nationale, actuellement sénatrice depuis 2020. Membre de La Droite populaire au début des années 2010, elle appartient à l’aile droite du parti. Elle s’est également démarquée à travers différents combats : question au gouvernement sur le génocide des Chrétiens d’Orient, demande de création d’une commission d’enquête sur la profanation des lieux de culte, proposition de loi visant à pénaliser la négation des génocides, reconnaitre le génocide Assyrien de 1915, amendement visant à inscrire les racines chrétiennes dans la Constitution, proposition de loi visant à interdire la Gestation Pour Autrui proposition de loi relative aux violences au sein des couples, au viol ou encore aux mutilations génitales féminines. Secrétaire de la commission d’enquête relative à la lutte contre les fraudes aux prestations sociales. Rapporteure en 2019 et 2020 sur le budget en matière migratoire à l’Assemblée nationaleCoPrésidente en 2019 de la mission d’information mission d’information sur la lutte contre le financement du terror-

isme international à l’Assemblée nationale. La Majalla :qu’est que vous connaissez de la Turquie d’Erdogan ? Valérie Boyer : Depuis 2002, la Turquie est dirigée par l’AKP (Parti de la justice et du développement) et par Recep Tayyip Erdogan. Ce pouvoir «musulman-démocrate» a profondément modifié le pays : urbanisation, forte croissance de l’économie, négociations avec l’Union européenne, rôle majeur au Moyen-Orient, etc.Pour autant, le bilan de ce long règne est ambivalent. Les avancées sur le front de la démocratisation ont progressivement laissé place à un autoritarisme rampant et à une politique de réislamisation de la société. L’armée turque a perdu son rôle de tutelle du régime, au prix de procès politiques fortement entachés d’irrégularités. Et la relation franco turque alors ? - Bien que toujours denses sur les plans économique et culturel, les relations franco-turques sont, depuis quelques années, marquées au niveau politique par des incidents et de nombreux irritants. Cette dégradation vaut également pour les relations entre la Turquie et Union européenne d’une part, les États-Unis et plus largement les membres de l’OTAN d’autre part.Forages en Méditerranée orientale dans la zone économique exclusive de Chypre, tensions avec l’OTAN et les États-Unis du fait de l’acquisition de

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Ankara viole les droits européens et leur président est un dictateur islamiste qui menace l’Europe de submersion migratoire, rackette financièrement l’UE, nie le génocide arménien, alimente le jihadisme (Syrie, Libye), menace Chypre et la Grèce et convoite les réserves de gaz off-shore de Méditerranée. Nous expliquions déjà dans les années 2000 qu’Erdogan, islamiste historique, auteur d’une pièce de théâtre sur le complot “maçonnico-judéo-communiste” (Maskomya), proche du jihadiste afghan allié des Talibans Gubuldin Hekmatyar, et formé par le mouvement islamiste turc Milli Görüs, sorte de Frères musulmans turcs, n’a jamais été un “islamo-démocrate” et que son réel projet était de démanteler le kémalisme au profit du rétablissement d’un Califat ottoman. Les ambitions irrédentistes du Sultan-président étaient donc prévisibles.

Valérie Boyer

missiles S-400 russes, dégradation préoccupante de l’État de droit depuis plusieurs années : les sujets de friction sont nombreux. Comment qualifiez-vous le président turc ? C’est un dictateur.C’est avec ce titre et le portrait du président turc Recep Tayyip Erdogan que l’hebdomadaire Le Point a fait sa Une au printemps 2018. Une couverture qui a provoqué l’ire des militants pro-Erdogan dans plusieurs communes. Ils ont tenté de faire retirer des kiosques à journaux les affiches de promotion du journal. Ce sont les mêmes qui le 12 mai 2018, dans la ville d’Evreux, ont défilé avec le slogan « Laissons l’histoire aux historiens ». La centaine de manifestants protestaient contre la présence du mot « génocide » sur une stèle dédiée au génocide des Arméniens. Et l’adhésion de la Turquie à l’Union Européenne ? -L’actualité récente confirme le fait que la candidature à l’Union européenne, naïvement appuyée alors par les Grecs et la République de Chypre en signe “d’apaisement”, a plus envenimé les relations turco-européennes que “rapproché les civilisations” comme on l’annonçait alors pour justifier cette candidature surtout souhaitée par l’OTAN, Londres et Washington. Les turco-euphoriques affirment que si la Turquie avait été intégrée rapidement à l’Union quand Erdogan était “modéré” dans les années 2002-2007, alors ce pays ne serait pas devenu une dictature national-

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Comment cela ? -Si la Turquie d’Erdogan avait réussi à intégrer l’UE, ce pays de toutes façons débarrassées des laïques-militaires et redevenu islamiste y serait la première puissance démographique de l’Union : bientôt 90 millions d’habitants, 100 députés au Parlement européen et le plus fort pourcentage de vote au sein du Conseil de l’Union européenne. L’idée de faire adhérer la Turquie à l’UE malgré son incompatibilité géo-civilisationnelle était d’autant plus stupide que ce ne sont pas les Européens “turcophobes” ou “islamophobes” qui auraient “bloqué” son entrée et ainsi “radicalisé” Ankara, mais les dirigeants turcs eux-mêmes qui, dès l’ouverture des négociations en 2005, ont refusé de reconnaître un pays membre de l’UE, la République de Chypre, puis ont refusé d’intégrer des normes et valeurs fondatrices de l’UE comme la liberté des minorités, des médias, de l’opposition (kurde, mais pas seulement), de reconnaitre le génocide arménien, puis de cesser d’occuper Chypre depuis 1974. Nos dirigeants européens refusent toujours de mettre fin à cette candidature contre-nature alors même que la Turquie menace avec ses frégates militaires les navires de forages pétro-gaziers italiens et chypriotes, effectue des explorations et forages illégaux dans les eaux chypriotes, revendique les îles grecques de la mer Égée, et dénonce le traité de Lausanne de 1923 fixant les frontières entre la Turquie et la Grèce. C’est pour cela que les européens font bloque à cette adhésion ? Non, ce ne sont pas les Européens « anti-turcs » qui « bloquent » l’adhésion à l’UE mais, c’est Ankara qui viole le droit européen et refuse de reconnaître Chypre.


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Plus que jamais, la Turquie évolue alors que les politiques et analyses occidentaux expliquaient qu’il fallait intégrer la Turquie dans l’UE car elle avait été “un allié contre l’URSS”; car il “vaut mieux avoir la Turquie avec nous que contre nous”… ou parce que le refus de la Turquie dans l’UE risquait, dixit Jacques Attali, Jacques Chirac et Tony Blair, de provoquer un “choc de civilisations entre Islam et Occident”. Arguments d’une rare bêtise, car si un candidat menace dès le départ de se tourner vers nos ennemis si on le refuse de l’accueillir, c’est que pareille candidature s’annonce mal. Ouvrir la porte de l’UE à la Turquie sur des bases de chantage moral (“l’Europe doit “prouver qu’elle n’est pas un club chrétien”, alors que la Turquie d’Erdogan veut être le leader du monde musulman) et en acceptant qu’elle viole le droit européen et les souverainetés de Chypre et de la Grèce n’a jamais été une base saine. Les dirigeants et stratèges turcs, qui méprisent la faiblesse et la désunion d’une Europe complexée réceptive aux chantages moraux - Tout à fait, ils ont eu raison, de leur point de vue, d’essayer de tenter d’intégrer l’UE en la culpabilisant, notamment en la sommant de “prouver qu’elle n’est pas un club antimusulman”. Toutefois, la promesse européenne irréalisable de faire d’intégrer une Turquie incapable de remplir les critères requis n’a fait qu’empirer les relations UE-Turquie: le droit européen et la démocratie invoqués habilement par Erdogan au titre de la pré-adhésion, ont permis de démanteler “légalement” le pouvoir des militaires laïques (5 ème paquet de réformes européennes exigeants la fin du pouvoir des kémalistes-militaires). Une fois débarrassé des Kémalistes, aujourd’hui en prison, Erdogan n’a en fait plus rien à attendre de l’Europe qui l’obligerait à renoncer à son ADN autoritaire-national-islamiste. Le néo-Sultan a récemment comparé cette vielle Europe qu’il méprise à un “continent en voie de putréfaction”, faible, pervers, déchristianisé, où il invite les Musulmans et Turcs à ne pas s’intégrer, à s’enrichir et à faire

Bien que toujours denses sur les plans économique et culturel, les relations franco-turques sont, depuis quelques années, sont marquées au niveau politique par des incidents et de nombreux irritants.

plein d’enfants, jusqu’à ce que les “Européens n’oseront plus sortir de chez eux dans les rues”… Une déclaration de guerre géo-civilisationnelle. Plus que jamais, le néoottoman Erdogan teste les réactions de ses voisins. Il ne s’arrêtera que lorsqu’il trouvera en face de lui une résistance et une unité. Ce constat est partagé aussi par nombre d’intellectuels arabes comme le président du Centre d’Etudes du Moyen Orient (CEMO) qui a publié « L’Etat des Frères Musulmans, l’Europe et l’expansion de l’organisation internationale ». L’auteur ne cesse d’avertir les Européens sur la “stratégie séparatiste des Frères musulmans et de leurs alliés le Qatar et la Turquie d’Erdogan, dont l’action subversive en France et en Occident consiste à saper les valeurs de la laïcité et à pousser les musulmans pris ainsi en otage et fanatisés, à ne pas s’intégrer. Les concepteurs de ce projet sont les Frères musulmans et leur leader incontesté est Erdogan, qu’ils voient (via Al-Qardaoui) en nouveau Calife”. Une loi floue Que pensez-vous de la loi sur les séparatistes qui vient d’être votée à l’assemblée nationale afin de faire respecter les principes de la laïcité en France ? Pas grand chose, telle qu’elle était votée à l’assemblée nationale, parce que c’est un texte assez flou et déjà mal nommé, d’abord ce n’est pas un texte sur les séparatistes car la loi de 1905 avait déjà séparé l’église de l’Etat, parce qu’à l’époque les choses étaient intriquées, aujourd‘hui le problème qui pose l’islam radical, ne rentre pas dans le cadre du séparatisme, car ils ne veulent pas se séparer de l’état, mais, ne veulent pas s’intégrer aux principes de la République française. Donc on rentre dans un problème d’intégration c’est pourquoi je dis que le texte est mal nommé, je pense que pour que les choses changent il faut changer la constitution notamment ajouter à l’article 1 que nul ne se peut prévaloir de ses croyances pour s’expriment du droit de la république. À ce moment-là, on pourrait vraiment décliner dans tous les domaines sans viser une religion. Pourquoi ? Parce qu’aujourd’hui, nous sommes dans une situation paradoxale sur le plan du juridique. Depuis qu’on a voté la loi de 1901,1905 et 1909, on ne peut intervenir pour une religion. Donc ce qu’a été voté à l’assemblée nationale est quelque part punitif pour d’autres religions qui ne posent pas de difficulté, je pense notamment à l’enseignement à domicile qui concerne d’ailleurs des personnes qui souhaitent enseigner à domicile pas pour des raisons religieuses, il y a des enfants qui ont des problèmes de scolarité donc ils doivent être retirés, donc il y a plaines de raisons pour que les parents préfèrent l’enseignement à domicile cela

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Valérie Boyer ET Khaled Saad Zaghloul

concerne peu de personnes mais cela fait partie des libertés fondamentales et constitutionnelles donc s’attaquer à l’enseignement à domicile, c’est aussi s’attaquer aux principes constitutionnelles je vous cite cet exemple mais il y en a d’autres. Donc pour vraiment changer les choses et pour que les islamistes radicaux ne puissent pas se servir de notre droit, pour pouvoir avancer ses pions on doit modifier la constitution, pour qu’on puisse dire que nul ne peut valoir de ses croyances pour s’extraire des lois de la république, en ce moment-là, on pourrait décliner dans la vie quotidienne. Donc vous allez modifier le texte lorsqu’il passe chez vous au Sénat en mois de mars, puisque vous y êtes majoritaires ? - Au Sénat, on va d’abord enrichir le texte et on va le modifier c’est le rôle du Sénat, vous savez que même au sein du Parti majoritaire était très divisé sur ce texte, on tout cas si j’étais à l’assemblée nationale je n’aurais pas voté ce texte. Pourquoi la France est la cible préférée des terroristes plus que ses voisins européens ? - Je pense effectivement que la France possède quelque chose d’originale, l’un des rares pays qui a défini la laïcité, il y en a d’ailleurs trois dont la Turquie qui a été inspiré de la constitution française mais elle a oublié cela depuis fort longtemps. Paradoxalement, il y a aussi un pays africain qui à l’origine s’est inspiré des lois françaises mais la notion de la laïcité est uniquement française, même si elle a inspiré d’autres pays. Nous sommes les seuls à prôner cet universalisme. Il y a aussi notre histoire et notre passé et puis nos interventions que nous avons pu faire en Afrique, l’histoire coloniale, vous savez

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Nos dirigeants européens refusent toujours de mettre fin à cette candidature contre-nature alors même que la Turquie menace avec ses frégates militaires les navires de forages pétrogaziers italiens et chypriotes. que la France est l’un des rare pays qui a parlé d’assimilation. Il est vrai que dans les années 80 nous avons abandonné cette assimilation au profit de l’intégration où chacun valorisait ses différences. Donc à partir de là, l’abondant de l’assimilation a été quelques choses de pernicieux par l’évolution de la société française. Aujourd’hui avec l’immigration non contrôlée, le poison de la fin de l’assimilation, l’importation en France des thèses dangereuses, font le terrain des extrémistes. Il a peut-être aussi la position de la France sur la scène internationale qui a défendu jusqu’à une période récente une position originale, peut être aussi que la France n’est pas seulement un pays mais une grande civilisation et que c’est un symbole fort des rayonnements de la liberté fraternité, égalité et que ces thèses ci, sont opposées au projet total autoritaire de l’islam radical. Je pense que toutes ces questions ont fait de la France une cible privilégiée des terroristes.


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Fatimatou Fall à «La Majalla» : Aucun pays africain n’a pu encore se hisser au rang des pays développés Par Nasserlddine Ben Hadid Fatimatou Fall, est Malienne. Après avoir décroché son diplôme universitaire dans son pays, là voilà à Paris, doctorante en Sciences politiques. Au-delà de la dimension scientifique certaine, cette chercheuse s’est investie dans le secteur humanitaire. Chose qui lui a permis de connaitre sur le terrain les entraves qui bloquent l’émancipation des pays du tiers-monde. Dans cette interview accordée à «Majalla», elle nous fait part des observations et critiques, mais aussi, ne se prive pas de porter un avis critique : L’Etat post-colonial africain a pris sa légitimité, dans sa promesse de prospérité, partage des richesses, et respect des droits de l’individu. Comment évaluez-vous la situation ? Si on doit bien établir un bilan du colonialisme, nous devons nous accorder qu’il sera négatif. Certes, on peut se contredire concernant les détails, mais on ne peut qu’être d’accord, que tout le colonialisme européen, n’a pas investi l’espace africain et même ailleurs, dans le but d’intégrer et s’intégrer. L’équation fut

L’équation fut posée avant même de débarquer : Soumettre les habitants, mais aussi exploiter les richesses.

posée avant même de débarquer : Soumettre les habitants, mais aussi exploiter les richesses. Situation porteuse d’une charge de violence, qui a conduit les populations locales à se révolter. Avec deux aspirations majeures : Retrouver la dignité en établissement un Etat national, mais aussi faire profiter toute la population des richesses exploitées par le colonisateur. L’indépendance n’a jamais été synonyme de la fin de la dépendance. Aussi, le départ physique des colonisateurs, a été accompagné par l’installation d’une multitudede barrières devant ces pays qui viennent de respirer la liberté, pour vendre leurs matières premières à des prix honorables et équitables. Toutes ces contraintes, auxquelles on doit ajouter une certaine nativité de la classe dirigeante postcoloniale, n’ont pas facilité la mission du développement. Pire encore : Le comportement paternaliste des «pères fondateurs» a résumé la politique en une seule et unique règle : «Je connais mieux que vous tous l’intérêt du pays. Suivez-moi les yeux fermés, ou vous seriez punis». Telle était la doctrine des pouvoirs en place. D’où un enlisement, plus ou moins rapide selon le pays, vers des dictatures, entrecoupées par des putschs militaires, qui ne font que pérenniser cette ambiance dictatoriale. Que le modèle soit libéral ou socialiste, les Etats africains n’ont pu engendrer le développement. Sommes-nous devant une mauvaise application du choix (libéral ou socialiste), ou devant un mauvais choix, tout court ? Il faut s’accorder que s’annoncer socialiste ou libéral, pour ne pas dire capitaliste, n’est qu’un slogan qu’on nous répète sans

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Le colonialisme européen, n’a pas investi l’espace africain et même ailleurs, dans le but d’intégrer et s’intégrer. faut instaurer une «préférence nationale» chez les consommateurs, et au-delà, une «préférence africaine», non pas par les lois, mais par le biais du comportement de chaque Africain.

atimatou Fall

cesse en Afrique. Le prétendu socialiste, au-delà de slogans, ne dispose nullement des moyens, dont disposait Moscou à l’âge d’or du socialisme. De même, le prétendu capitaliste ne dispose guère des moyens dont disposait Washington à l’âge du capitalisme. Conclusion : Qu’ils s’annoncent marxistes-léninistes, ou adeptes d’un capitalisme à outrance, le pouvoir va tomber très vite dans la gestion de l’ensemble des crises, avec surtout l’émergence d’une nomenclature politico-économique, qui n’a rien à avoir, ni avec le socialisme de Moscou ou le capitalisme de Washington. Les investissements, et les échanges commerciaux des pays africains, se font pour plus de 75% avec des partenaires non-africains. Comment expliquez-vous ce phénomène ? Surtout en remédier ? Aucun pays africain n’a pu encore se hisser au rang des pays développés. Certes, existent bien des nuances, et même des décalages énormes entre tel pays africain ou un autre. Mais rester tributaire de la technologie occidentale, de son financement, mais surtout de l’obligation d’importer les produits alimentaires font, qu’aucun des pays africains ne peut exporter à sa guise. Mieux encore, si l’Occident décide d’installer une unité de transformation dans un pays africain, il ne le fait pas par esprit charitable : Les lois de leurs pays sont très sévères envers les industries génératrices de pollutions graves, ou encore les couts de fabrication chez eux, rendre le produit non concurrentiel. Sortir de ce labyrinthe nécessite à la fois du temps, de la conviction et surtout une coordination encore absente. Il

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L’Afrique porte l’image des «aides», malgré une richesse plus que conséquente. Comment convertir les richesses en développement ? Disposer d’une matière première n’en fait guère une «richesse». La manière de la capitaliser détermine la valeur de cette richesse. L’Occident veut disposer de nos matières premières pour les capitaliser en sa faveur. Il faut bien chercher la différence entre le prix d’un kilogramme de cobalt dans une mine en RDC par exemple, et sa valeur entre les mains d’une société de fabrication de téléphones mobiles. Dans le premier cas, nous sommes devant une matière première, mais tenant un téléphone mobile, on sent bien la vraie richesse. Le monde entier est entré en état d’alerte à cause du Coronavirus, sans trop accorder l’importance qu’il faut, à Ebola ou au paludisme, entre autres. Comment expliquezvous la chose ? La raison est plus que simple, elle est d’ordre épidémiologique. Si l’Ebola avait une incubation comparable à celle du Coronavirus, et de ce fait aurait pu atteindre les capitales occidentales, à l’image de ce qu’on vu pour ce dernier, nous aurions vu la même «fièvre» pour stopper le virus et le combattre. Quelle est la conséquence la plus grave de la pandémie qu’on vit actuellement ? Essentiellement pour les pays africains ? Au-delà du nombre des victimes qu’on déplore, et le stress qu’on vit, sans oublier la crise économique générale, mais encore plus persistante en Afrique, le système éducatif ne sortira pas indemne de cette pandémie. Nos écoles connaissent un délabrement qui s’aggrave même avant l’avènement du virus, pour se trouver devant un système d’équation à résolution impossible : On ne peut continuer à enseigner comme avant, mais aussi l’enseignement à distance est impossible à généraliser tant Internet n’a pas été généralisée. Encore plus, le prix d’une tablette ou d’un ordinateur, reste une somme conséquente pour une partie non négligeable de la population africaine.


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L’héritage de Trump et la réponse de Biden

Hall Gardner à «La Majalla» : Biden a beaucoup à faire pour empêcher des guerres régionales Propos recueillis par Khaled Saad Zaghloul- Paris Ancien conseiller de Bill Clinton à la Maison Blanche, ancien consultant de l’Otan, directeur de département des relations internationales à l’université américaine à Paris, le professeur Hall Gardner examine les conflits interétatiques et inter-sociétaux avec une orientation historique comparative. Il se concentre sur les origines diplomatiques de la guerre, mais plus spécifiquement sur la délibération du phénomène de l’éruption de la guerre et de ses ramifications régionales et mondiales, en vue de résoudre les conflits. Ses recherches accordent une approche historique et théorique aux affaires internationales contemporaines, se concentrant sur des questions impliquant l›élargissement de l›OTAN et de l›Union européenne, l›effondrement de l›Union soviétique et son impact sur la Chine et l›Eurasie en général, ainsi que sur les ramifications mondiales de la «guerre contre le terrorisme.» Gardner est également un poète publié dans le monde entier, il est l›auteur / éditeur / contributeur d›au moins 14 livres sur les problèmes mondiaux et de nombreux articles, dont le plus récent, World War Trump: The Risks of America›s New Nationalism (Prometheus Books 2018). « World-WarTrump-Americas-Nationalism », même Zbigniew Brzezinski ou Henry Kissinger n›ont pas écrit un tel livre ... Tous les étudiants, journalistes, universitaires et politiques en affaires étrangères devraient faire de sa lecture une priorité. Jonathan Power, critique de livre de Hall Gardner, World War Trump, New York Journal of Books (6 mars 2018), il est aussi l’auteur d’un recueil de

magnifiques poèmes, «The Wake-Up Blast». La Majalla : comment voyez-vous l’arrivée de Joseph Robinette Biden Jr après Donald Trump ? Hall Gardner : le premier jour où Joe Biden commence sa présidence américaine, il a déjà annulé de nombreuses initiatives de la politique étrangère et d›économie politique de Trump qui opposaient à la fois ses rivaux et ses alliés américains, tandis que Trump polarisait simultanément la société américaine en mouvements politiques pro et anti-Trump. Que peut faire Biden ? Quelle est sa stratégie ? Pour sa part, Biden veut que Téhéran cesse de violer l›accord nucléaire Iran JCPOA de 2015 avant que les États-Unis ne commencent à éliminer les sanctions, tandis que Téhéran veut que Washington mette d›abord fin aux sanctions avant que les deux parties ne commencent à discuter du respect des accords nucléaires iraniens de 2015. Le problème sera de savoir comment mettre en œuvre un processus étape par étape pour mettre complètement fin aux sanctions de l›ère Trump contre l›Iran tout en exhortant Téhéran à ramener son programme nucléaire en pleine conformité avec cet accord. Les efforts américains pour ramener l›Iran au respect de l›accord nucléaire pourraient bénéficier indirectement des promesses de l›administration Biden de mettre fin à l›horrible guerre au Yémen. En effet, la décision de l›administration Biden d›abandonner l›étiquette de «terroriste» Trump-Pompeo sur les Houthis, considérés comme soutenus par l›Iran contre les intérêts des pays du Golfe, pourrait aider à stimuler les pourparlers arabo-iraniens.

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‹ Les efforts américains pour ramener l٬Iran au respect de l٬accord nucléaire de 2015 pourraient bénéficier indirectement des promesses de l٬administration Biden de mettre fin à l٬horrible guerre au Yémen toute la région, si aucun progrès supplémentaire n›est réalisé dans les négociations israélo-palestiniennes.

Hall Gardner

Dans le même temps, l›administration Biden a déclaré que la fin du soutien américain à l›offensive menée par l›Arabie saoudite contre les Houthis au Yémen n›aura pas d›incidence sur les opérations américaines contre Al-Qaida basé au Yémen dans la péninsule arabique (AQAP). L›administration Biden ne mettra pas non plus fin à toutes ventes d›armes américaines à l›Arabie saoudite et aux Émirats arabes unis. Biden a déclaré que les États-Unis continueraient à aider à protéger le territoire national saoudien. Les déploiements de missiles pourraient alors être discutés dans un format régional soutenu par le Conseil de sécurité de l›ONU et en coopération éventuelle avec le régime informel de contrôle de la technologie des missiles. Ces mesures seraient prises pour empêcher une grande course aux armes et aux missiles dans le Moyen-Orient élargi. Ce qu’il faut, c’est un groupe de contact régional soutenu par le Conseil de sécurité des Nations Unies qui puisse commencer à mettre fin à un certain nombre de conflits qui se situent aux limites du soi-disant croissant chiite. Ici, le Qatar et le Koweït peuvent aider à faciliter les discussions entre l›Iran et l›Arabie saoudite, tandis que les États-Unis et l›UE pourraient coordonner leurs politiques à l›égard de l›Iran, de l›Arabie saoudite et du Moyen-Orient au sens large. Trump voulait faire la guerre avec Israël contre l’Iran. Qu’est ce qui va changer avec Biden selon vous ? -Le problème clé est que les Accords d›Abraham ont été atteints sans un règlement complet de la question israélo-palestinienne - un fait qui pourrait irriter les populations arabo-islamiques de

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La politique de Trump a également risqué l›intensification de la guerre horrible au Yémen - et sa politique de «pression maximale» sur l›Iran a durci la stratégie iranienne. Téhéran a donc accueilli le président Biden en dévoilant une base souterraine pour des «missiles stratégiques» sur sa côte du Golfe, et en testant des missiles à longue portée et des drones contre des cibles terrestres et maritimes en janvier. Après avoir abandonné l›accord nucléaire iranien de 2015 (le plan d›action global conjoint), signé par Obama, l›UE et le Conseil de sécurité de l›ONU, et après la décision de Trump d›assassiner le général iranien Suleimani, Téhéran a commencé à accélérer son programme d›enrichissement nucléaire - dans un premier temps visant à %20. À présent, le chef suprême de l’Iran, l’ayatollah Ali Khamenei, a déclaré que Téhéran pourrait éventuellement enrichir de l’uranium jusqu’à %60 si le pays en avait besoin - ce qui faciliterait considérablement l’atteinte du niveau des armes, peutêtre en quelques mois. De cette manière, Téhéran a l›intention de faire pression sur l›administration Biden pour qu›elle conclue un accord aux conditions iraniennes - si possible. Que se passerait- il si l’Iran développe sa capacité nucléaire ? Si l›Iran continue de menacer de développer à la fois des armes nucléaires et des missiles, la Turquie et les pays arabes pourraient également développer des armes nucléaires et étendre leurs propres capacités de missiles. Si l›Iran développe une capacité nucléaire, alors Israël, soutenu par les Américains, pourrait s›engager dans des frappes préventives. Cela risquerait une guerre régionale. Le danger est que la stratégie « Paix par la force» de Trump ait rapproché encore davantage la Russie, la Chine et l’Iran, malgré la perception générale que Trump était «faible» à l’égard de la Russie. La Russie et la Chine auraient fourni à l’Iran des capacités de défense et des garanties de sécurité. L›administration Biden a beaucoup à faire pour atténuer ces dangereuses tensions géopolitiques et empêcher des guerres régionales plus larges. Comment voyez-vous la réconciliation des pays du golfe et l›Égypte avec le Qatar


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Sur le plan plus positif, l›administration Trump - en travaillant avec ses alliés, qui comprenaient l›Iran à l›époque - a contribué à décimer Daech en Syrie et en Irak, bien que l›EI et Al-Qaïda aient déplacé leurs opérations au Yémen, au nord du Pakistan, et en Afghanistan et a participé à des attaques en Somalie, au Mozambique et en République démocratique du Congo, ainsi qu›en Libye, aux Philippines, et en Égypte. La «réalisation» majeure de Trump, si on peut l›appeler ainsi, a été la normalisation des relations entre les Émirats arabes unis, Bahreïn, plus le Maroc et le Soudan, avec Israël par le biais des accords d›Abraham. Trump a également œuvré pour rétablir des relations plus étroites entre le Qatar et l›Arabie saoudite, Égypte, et le reste des pays du Conseil de coopération du Golfe. Ce dernier rapprochement est très positif car il renforce le CCG. Et le Qatar peut jouer un rôle d›intermédiaire avec l›Iran, la Turquie, les talibans et le Hamas, entre autres États et mouvements politiques. À cet égard, Trump a tenté de négocier la fin de la guerre en Afghanistan, avec le Qatar comme médiateur - mais ce conflit n›a pas encore été réglé.

Pourriez-vous nous parler de L›OTAN et la réaction russe et chinoise Les promesses de l›OTAN d›élargir son adhésion à l›Ukraine et à la Géorgie, combinées aux efforts de l›UE pour entraîner Kiev dans un nouveau partenariat politico-économique et sécuritaire, ont contribué à provoquer une réaction nationaliste en Russie qui a abouti à l›annexion préventive de la Crimée par Moscou et à l›annexion politico-militaire de la Crimée. Ingérence dans l›est de l›Ukraine en 2014. À la suite des interventions militaires de la Russie en 2014, Washington a cherché à renforcer l›alliance de l›OTAN en exigeant des dépenses de défense alliées encore

Ce qu’il faut, c’est un groupe de contact régional soutenu par le Conseil de sécurité des Nations Unies qui puisse commencer à mettre fin à un certain nombre de conflits qui se situent aux limites du soi-disant croissant chiite.

plus importantes malgré les remarques désobligeantes de Trump sur l›Alliance. En ce qui concerne l›Allemagne, Trump a tenté de forcer Berlin à dépenser beaucoup plus que %1,3 de son PIB pour la défense. Trump a également menacé de redéployer les forces américaines de l›Allemagne vers la Pologne (vers ce qu›on appelait auparavant «Fort Trump») ou ailleurs en Europe de l›Est. Le risque ici est qu›une relocalisation permanente des troupes américaines ou de l›OTAN vers l›Europe de l›Est puisse violer la loi de 1997 sur la fondation OTAN-Russie dans laquelle l›OTAN a promis de ne pas déployer de forces de combat ou d›armes nucléaires supplémentaires sur les territoires des nouveaux membres de l›OTAN. Les efforts des États-Unis pour augmenter les dépenses de l›OTAN ont poussé davantage la Russie à établir des relations de défense plus étroites avec la Chine malgré les différends sur la Route de la soie polaire et les revendications irrédentistes chinoises sur les territoires russes en Extrême-Orient, entre autres. La crainte d›une éventuelle désagrégation de l›Organisation du traité de sécurité collective (OTSC) a conduit la Russie à sécuriser davantage les contrôles sur ses alliés - avec le soutien de la Chine malgré (ou à cause de) d›importantes protestations sociales au Kirghizistan et en Biélorussie - même si Pékin semble indifférent quant à savoir si le Lukashenko la dictature reste au pouvoir. En effet, la peur du changement de régime causée par les mouvements de «démocratie» ou «d›indépendance» - perçus comme soutenus par les États-Unis et l›UE - a rapproché la Russie et la Chine. Parallèlement, les efforts américains pour renforcer les liens militaires quadrilatéraux indo-japonais-australiens, ainsi que le soutien américain au Japon et à la Corée du Sud contre

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Joe Biden, le président des Etats-Unis


Si l ٬ Iran développe une capacité nucléaire, alors Israël, soutenu par les Américains, pourrait s ٬ engager dans des frappes préventives. Cela risquerait une guerre régionale.

Le président américain Donald Trump

la Corée du Nord, dans ce qu›Obama avait appelé le «pivot vers l›Asie», ont également contribué à rapprocher la Russie et la Chine ; relation de défense étant donné l›accumulation de forces du Pentagone dans l›Indo-Pacifique.

Mais la Russie et la Chine nient leur volonté de créer une alliance militaire -Bien que la Russie et la Chine nient toujours l›intention de forger une alliance militaire, Moscou a tendance à soutenir la position de la Chine sur la Corée du Nord, tandis que Pékin a construit un nouvel axe eurasien avec la Russie par le biais de l›Organisation de coopération de Shanghai (OCS) et de la «ceinture et Route ». Pour sa part, Pékin craint qu›un certain nombre de mouvements socio-politiques nationaux ne remettent en question le régime du Parti communiste. Pékin estime que Washington soutient plus fermement les revendications d›«indépendance» de Taiwan que les administrations américaines précédentes, tout en soutenant également les mouvements d› «indépendance» ou de «démocratie» au Tibet, dans la province du Xinjiang et en Mongolie intérieure, ainsi qu›à Hong Kong. Trump voit les menaces du président chinois à vie Xi Jinping en janvier 2019 de s›unifier avec Taiwan par la force si nécessaire - dans une tentative de contrôler les voies de communication maritimes du Japon vers le golfe arabo-persique, sinon de fournir un accès à l›eau bleue pour les sous-marins nucléaires chinois comme casus belli potentiel. Pourquoi la Turquie dérange l›Europe en méditerranée ?

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La Grèce et la Turquie, membres de l›OTAN, sont entrées en friction dans leur différend en cours sur Chypre et les ressources énergétiques en Méditerranée orientale. Les efforts de la Turquie pour s›affirmer dans toute la région ont commencé à rassembler une coalition de la Grèce, de Chypre, de l›Égypte, du Bahreïn, des Émirats arabes unis, de l›Arabie saoudite et de la France. Parmi les membres de l’UE, la France en particulier s’est opposée au rôle de la Turquie dans les conflits dans le nord de la Syrie et en Libye et au soutien de la Turquie à l’Azerbaïdjan contre l’Arménie dans la «première guerre des drones». La France, les États-Unis et d’autres membres de l’OTAN ont fermement condamné les essais par la Turquie du système de défense antimissile S400- fourni par la Russie qui, selon les États-Unis, peut sonder les systèmes de défense de l’OTAN. Après quelques échanges très vifs entre le président français Emmanuel Macron et le président turc Recyp Tayyip Erdogan, il y a eu quelques signes de rapprochement. Le président du Conseil européen, Charles Michel, a proposé d›inviter la Turquie à une conférence multilatérale qui permettrait aux puissances de la Méditerranée orientale de négocier leurs désaccords sur un large éventail de questions. Vous avez écrit beaucoup de livres pourriez-vous nous en parler des plus importants à vos yeux ? Bon nombre de vos questions sont abordées dans quatre de mes livres qui sont pour moi les plus importants, IR Theory, Historical Analogy and Major Power War (Théorie des RI, Analogie historique et Guerre du pouvoir majeur (New York: Palgrave / Macmillan, 2019); World War Trump: The Risks of America’s New Nationalism Guerre Mondiale Trump: les risques du nouveau nationalisme américain (New York: Prometheus Books, 2018); Crimea, Global Rivalry and the Vengeance of Histroy Crimée, rivalité mondiale et vengeance de l›histoire (New York: Palgrave / Macmillan, 2015); NATO Expansion and US Strategy in Asia L›expansion de l›OTAN et la stratégie américaine en Asie: surmonter la crise mondiale (New York: Palgrave / Macmillan 2013).


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A quoi sert l’Union Africaine ?

Le verre à trois-quarts vide… Par: Nasserldine Ben Hadid

A consulter la carte du globe, l’Afrique constitue un continent colossal et imposant. A consulter l’histoire, le continent saigne encore. A consulter l’économie, on remarque bien que beaucoup, et même énormément reste à faire ou refaire, même après plus de 60 ans d’indépendance. A quoi sert l’Union Africaine, alors ? Le meilleur des optimistes perdrait son sourire face à une situation, faite de désolation. Certes, un pays ici, ou une région là, tire son épingle du jeu, ces points de lumières, sont réellement, à l’image de quelques îlots éparpillés dans un très grand océan…

Organisation, le 9 juillet 2002, lors du Sommet de Durban, en Afrique du Sud… Et comme pour sauter, il vaut mieux reculer, «L’Union Africaine» (UA) y est venu prendre la place. Les promesses furent très grandes, mais l’espoir des peuples n’avait rien de l’enthousiasme connu 39 ans auparavant. A chercher les lacunes, le commun des mortels y perdrait la tête, aussi du bien du temps de la défunte l’OUA que l’actuel UA : Les échanges économiques à l’intérieur du continent entre les pays membres, n’ont pas accompli le pas promis par les Chefs d’Etat présents à Addis-Abeba, à la naissance de l’OUA, qu’à Durban au moment de la métamorphose en UA.

L’union n’a pas fait la force…

Ça pousse, mais ça traine…

Autant la période coloniale était synonyme de terreur, massacre et déportation, autant la vague des indépendances était porteuse d’espoir, d’optimisme, et surtout une certitude plus forte, en un avenir, non seulement meilleur, mais serait à l’antipode de la colonisation et ses méfaits. Le 25 mai 1963, a vu naitre un espoir sans égal à Addis-Abeba : L’empereur Haïlé Sélassié en compagnie d’un groupe de Présidents, ont lancé «l’Organisation de l’unité africaine» (OUA). Les espérances soulevées par les promesses de ces Chefs, ont ouvert des paradis dans l’imaginaire des Africains. Des hauts et des bas, même si les bas étaient plus nombreux, ont conduit à dissoudre cette

La part des exportations de l’Afrique destinée à ses propres marchés ne représentait guère plus de 17,7 % du total en 2014, selon l’Organisation mondiale du commerce (OMC), contre 36 % vers l’Europe et 23 % vers l’Asie. Mais il faut dire que cette part n’était que de 10 % entre 1995 et 2000. Le commerce interafricain n’a jamais été autant au centre des préoccupations des dirigeants du continent. Sommes-nous devantune évolution positive des choses. Au cours de ces dix dernières années, le continent s’est beaucoup investi pour améliorer le niveau de son intégration régionale qui ressort comme une véritable priorité. Elle est d’ailleurs la pierre angulaire de la stratégie de développement

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Une machine très lourde, pas assez productive

de l’Afrique. Le libre-échange figure parmi les grands axes de l’Agenda 2063 adoptés par l’Union africaine. Selon une étude publiée par le think-tank OCP Policy Center, à ce sujet, le commerce interrégional devrait générer des gains de productivité considérables pour le continent. Dans le contexte africain, de tels gains permettront, pour ne prendre que cet exemple, d’améliorer la sécurité alimentaire globale en acheminant, à moindre coût, les produits alimentaires. Les experts de la région tablent sur un volume des échanges entre pays du continent de 25% au cours des 10 prochaines années.

A consulter l’économie, on remarque bien que beaucoup, et même énormément reste à faire ou refaire, même après plus de 60 ans d’indépendance

times sont déjà bien rodées, contrairement à celles qui relient les pays africains entre eux. Fluidifier les échanges commerciaux intracontinentaux nécessite Un passé toujours présent… de surcroit une mise à niveau des infrastructures S’il est aujourd’hui plus facile d’acheter des pro- logistiques. L’Afrique accuse un énorme retard duits africains en Europe que dans la région elle- quand il s’agit des moyens de transport à l’intérieur même, c’est parce que son industrie a historique- de la région ou encore les routes praticables. Mais ment été focalisée sur l’export vers le vieux pas seulement : la levée des obstacles douanière, la continent. Le passé colonial de l’Afrique y a été mise en place des standards sanitaires et la définipour beaucoup dans l’orientation de ses flux com- tion de modes de règlement des litiges intégrés, la merciaux. Une raison pour laquelle il est beaucoup libéralisation du commerce des marchandises, la liplus facile aujourd’hui d’exporter vers l’Europe que bre circulation des personnes sont autant de défis à vers les pays africains. Les voies aériennes et mari- relever pour le continent. C’est également l’une des

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recommandations formulées par OCP Policy center : «Pour que l’Afrique puisse mettre en place des lois et des règlements en faveur du libre-échange entre les pays du continent, les principaux blocs commerciaux comme la Communauté de l’Afrique de l’Est (CAE), la Communauté de développement de l’Afrique australe (CDAA), la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO), le Marché commun de l’Afrique orientale et australe (COMESA) et d’autres groupements devront conjuguer leurs efforts et collaborer de manière constructive pour passer au crible et revoir les barrières tarifaires et non tarifaires qui grèvent actuellement les échanges commerciaux, ainsi que pour établir de nouveaux règlements susceptibles de promouvoir le commerce intra-africain».

plusieurs concertations et rencontres entre les principaux acteurs du commerce dans les différentes zones de l’Afrique. La dernière rencontre en date à ce sujet s’est déroulée à Douala, capitale économique du Cameroun. Du 1er au 4 août derniers, une quarantaine d’experts du continent se sont réunis afin de plancher sur la répartition des charges collectives et réfléchir sur la mise en place d’une Task Force régionale. Ils entendent définir une stratégie communautaire harmonisée avant de la soumettre au niveau continental. «Il est prévu que les négociations techniques prennent fin entre octobre et novembre, et que l’accord (Accord sur la zone de libre-échange continentale) puisse être signé par les chefs d’États soit en décembre prochain, soit en janvier 2018», avait alors précisé Emmanuel

Et la zone de libre-échange continentale ? Les problématiques faisant obstacle au commerce à l’intérieur de la région font d’ailleurs l’objet de

Si le continent est considéré comme une véritable mine d’or à ciel ouvert quand il s’agit de matière première, il n’en va pas de meme quand il s’agit de transformer et valoriser ces richesses. 40

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Les pères-fondateurs… De grandes espoirs

Des systèmes agricoles en .concurrence


.La même photo-souvenir

Mbarga, négociateur en chef de la zone de libreéchange continentale pour le Cameroun. Il s’agit entre autres d’intégrer un espace commercial d’une valeur de 3400 milliards de dollars avec à la clé un potentiel de développement énorme. Mais, il sera question d’abord de renforcer les capacités de production, de productivité et de valeur ajoutée. Des thèmes sur lesquels l’Afrique accuse, aujourd’hui, un sérieux retard.

Valeur ajoutée (presque) nulle…

Des mines, pas de .transformation sur place

Car si le continent est considéré comme une véritable mine d’or à ciel ouvert quand il s’agit de matière première, il n’en va pas de même quand il s’agit de transformer et valoriser ces richesses.

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Le commerce interafricain n’a jamais été autant au centre des préoccupations des dirigeants du continent L’exemple le plus récurrent est souvent celui du chocolat. La quasi-majorité des produits vendus dans la région et dont la matière première est le chocolat utilise des produits de l’import. En cause : l’absence d’usine de transformation du cacao en Afrique. Sachant que le continent produit plus du 70% de cette matière première au niveau mondial. Une réalité d’autant plus triste quand on sait que la part de l’Afrique dans le commerce mondial en termes de valeur ajoutée est passée de 1,4% en 1995 à seulement 2,2% en 2011, selon l’OMC. Pour relativiser ce constat, les experts soulignent qu’il s’agit par ailleurs d’une augmentation d’environ 60% en 16 ans, alors que durant cette même période, les États-Unis, l’Asie ou encore l’Europe affichent une régression de leurs parts en matière de chaînes de valeurs mondiales. Ceci dit, les ventes africaines restent fortement concentrées sur les produits de base. Au-delà du pari de l’intégration régionale, l’autre défi réside dans l’amélioration de la part de l’Afrique en termes d’intégration dans les chaines de valeurs mondiales. Cela passe avant tout par une industrialisation massive du continent pour qu’il puisse enfin passer du statut de «mine» à celui d’«usine» !


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Colloque sur les droits de l’homme : «l’arme des islamistes pour manipuler la démocratie» Paris de notre correspondant : Sous la présidence d’Abdel Rahim Ali, le Centre des études du Moyen-Orient à Paris CEMO a organisé le 20 février 2021, un colloque sous le titre «Les droits de l’homme, arme des islamistes pour manipuler la démocratie». Avec la sénatrice Valérie Boyer, le rédacteur en chef adjoint du Figaro Yves Thréad, le géopoliticien et professeur au département d’études du Moyen-Orient de l’Université Aix-Marseille Roland Lombardi, Gil Myhalisle rédacteur en chef du site Causeur et Ahmed Youssef l’écrivain égyptien et directeur du CEMO qui a animé les débats. Ce colloque avait fait suite à une nouvelle exploitation du dossier des droits de l’homme par les islamistes, pour parvenir à leurs objectifs politiques, sachant que l’arbre des droits de l’homme cache derrière lui la forêt des droits véritables de l’homme, ce qui s’accorde avec la phrase du poète français Jean Cocteau : «L’aveugle, c’est celui qui ne veut pas voir». En effet, le concept de droits de l’homme, selon la nouvelle gauche européenne, est une idée tronquée et incomplète, car ses droits se limitent aux droits relatifs aux libertés, qui est certes sacrée, comme la liberté d’expression, mais ignore clairement les droits de l’homme à une vie heureuse, à un

enseignement de qualité, à des soins de santé garantis, en résumé, c’est un concept qui signifie la paix et la tranquillité, et qui ne peut être remplacé par la liberté d’expression. Le sénateur Valérie Boyer, a parlé de «La Turquie, le malade de l’Europe». L’analyste politique et président du CEMO Dr. Abdel Rahim Ali, a abordé les «droits de l’homme, l’autre point de vue». Quant au grand journaliste et expert des relations internationales Yves Thréard, il a parlé de «la loi française face à l’islamisme», puis Roland Lombardi a abordé les «droits de l’homme et de la politique étrangère réaliste : s’agit-il de deux concepts compatibles ?». Enfin, Gil Mihaely a participé au colloque sous le titre «Retour à Trappes». Il est indéniable que la liberté d’expression et les autres libertés liées au processus démocratique occidental sont devenues nécessaires, mais face aux défis du terrorisme et de l’échec économique, la vie de l’homme et sa sécurité arrivent en tête des priorités, selon l’expression du journaliste français Jean Lacouture : «La grandeur de la politique se mesure à sa capacité à répondre à ce qui est urgent, et regarder le Moyen-Orient aujourd’hui comme un simple lieu de construction

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Ce colloque avait fait suite à une nouvelle exploitation du dossier des droits de l’homme par les islamistes. si les droits de l’homme sont sans aucun doute importants, peuvent-ils, dans les cadres divers que nous connaissons, offrir une bouée de sauvetage dans un monde qui est en train de se noyer ? Intervention de Dr Abdelrahim Ali

Président du Centre des Études du Moyen-Orient à Paris / C.E.M.O

prêt pour construire les droits de l’homme est de l’aveuglement politique, aussi loin que possible des préoccupations de l’homme de la rue en Orient, après avoir été parfois détruit par les guerres civiles, puis par les atrocités de Daech et de ses semblables. C’est pourquoi la rue arabe n’aspire qu’à la stabilité, voire rêve de pouvoir retrouver sa dignité perdue depuis longtemps». Il semble ainsi que le discours relatif au concept utopique des droits de l’homme en Europe est manipulé par le lobby islamiste inféodé à la Turquie, et de fait, les Frères musulmans ont trouvé en Turquie dans le concept des droits de l’homme le cheval de Troie pour réaliser des gains en Occident leur permettant de faire revivre l’islamisme sous une forme différente. Le colloque était l’occasion de révéler cette ruse islamiste d’un côté, et de montrer, d’un autre côté, la situation politique et économique quotidienne difficile des gens au Moyen-Orient, et même

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Les valeurs des droits de l’homme et la position des islamistes à ce sujet. L’ancien député égyptien le Dr. Abdel Rahim Ali, président du journal Al-Bawaba, PDG du CEMO et analyste politique, avait indiqué que l’organisation des frères musulmans ne croit pas en le pluralisme ni en la démocratie ; Il a affirmé que les Frères répandaient partout le mal contre l’Etat, ajoutant que les Frères étaient des menteurs dont le but était d’appliquer un agenda déterminé en Occident et en Orient, et qu’il fallait interdire l’organisation en Europe, et la démanteler comme la plupart des pays du monde. Il avait affirmé que : la liberté d’opinion et de croyance et le respect de la condition féminine. «Voici les questions à poser à ces soi-disant “progressistes” qui défendent les activistes tels que les Frères Musulmans et arrêtés pour raison d’activités terroristes en Egypte depuis 2013 en les présentant comme des prisonniers politiques»: Savez-vous que l’initiateur du groupe terroriste Al-Qaida, Abdullah Azzam, fut le formateur d’Oussama Ben Laden ? Et qu’il était lui-même un cadre officiel des Frères Musulmans ? Savezvous également que Saiyd Qutb, le plus grand idéologue des Frères Musulmans après Hassan al Banna, est le père du Djihadisme et la référence des idéologues d’Al-Qaïda, de Daech et même de l’Ayatollah Khomeiny ? Je prendrai pour exemple le cas de Youssef alQardaoui, l’une des plus hautes figures mondiales des Frères Musulmans et cofondateur de la plupart


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apport

des associations des Frères Musulmans en Europe et particulièrement de l’ex-UOIF et membre du CFCM français. Il représente une icône pour ces associations et pour des centaines de fatwas invitant à lancer des attaques-suicides contre les Américains, les Juifs et même les dirigeants arabes nationalistes et laïques. Il ose même ordonner aux musulmans d’Europe de refuser toute intégration et appelle à la reconquête de l’Europe selon leur propre expression symbolique «l’invasion de Rome» par l’Etat islamique «Daech». Pour ceux qui en douteraient encore, tout cela est édité publiquement dans les ouvrages d’Al Qardaoui. Son ouvrage intitulé : «Le Licite et l’Illicite» incite à tuer les blasphémateurs et autres apostats...

la rue arabe n’aspire qu’à la stabilité, voire rêve de pouvoir retrouver sa dignité perdue depuis longtemps.

Les organisations de défense des droits de l’homme, dites “antifascistes”, qui défendent les Frères Musulmans sous prétexte qu’ils ont opté pour le choix de l’action démocratique, ignorentelles réellement cette vérité ? Peuvent-elles également ignorer que Qardaoui a ouvertement fait l’apologie de l’holocauste et appelé à tuer les Juifs et brûler leurs synagogues ? Savent-elles vraiment que les Frères musulmans admiraient Hitler ? Et que le Mufti de Jérusalem, Amine Al-Husseini, un élève de Hassan Al-Banna et son compagnon dans la fondation du groupe, était le plus grand collaborateur de l’Allemagne nazie et de l’Italie fasciste ? Et que les Frères Musulmans l’ont accueilli comme un héros au Caire en 1945 lorsqu’il s’est évadé de sa prison en France après avoir été reconnu coupable de crimes contre l’humanité par le tribunal antinazi de Nuremberg ? En effet, le dossier des frères est “lourd”, mais les antifascistes européens semblent curieusement pardonner aux fascistes islamistes ce qu’ils continuent à reprocher aux dirigeants de l’extrême-droite de l’Europe et aux pays

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Consultant géopolitique, Docteur en Histoire, Roland Lombardi


historien et Journaliste Gil Mihaely

occidentaux en général. Comment les islamistes manipulent les valeurs des droits de l’homme et les utilisent comme une arme qu’ils retournent contre l’Occident et notamment la France ? Roland Lombardi a affirmé que les déclarations récentes de la présidence américaine étaient inquiétantes, outre son soutien continu au Qatar qui n’a pas renoncé à son soutien au terrorisme. Il a ajouté : «nous espérons ne pas suivre la politique américaine dans tous les domaines, expliquant que les politiques étrangères devaient s’appuyer directement sur les intérêts nationaux avant toute chose». Gil Mihaely révèle la nature de la guerre de religions en France Gil Mihaelya affirmé qu’il y avait une guerre au niveau mondial, la guerre des religions, qui est utilisée par les groupes du mal pour diviser les citoyens d’une même nation. Selon lui, il y avait des règles politiques nommées le non-accord, une

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*les Frères musulmans ont trouvé en Turquie dans le concept des droits de l’homme le cheval de Troie pour réaliser des gains en Occident leur permettant de faire revivre l’islamisme sous une forme différente. politique qui a mené à la présence des islamistes en France. Il a ajouté que le problème n’était pas un problème de lois, mais le problème de l’impasse de la religion en France qu’exploitent les islamistes pour parvenir à leurs fins. Le problème du dossier des droits de l’homme, insiste-t-il, ne concernait pas seulement le président de la République mais aussi les journalistes, les politiciens et toute la société.


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La formation «Médias et genre» dédiée aux journalistes tunisiens, tenue les 13 et 14 février 2021, à Tunis.

Journalistes pour les droits de l’homme lance le projet «Canada-Monde : Une voix des femmes et des filles» en Tunisie Par Emna Darwazi Vous pouvez aller voir un film, allumer la télévision, écouter la radio, ou naviguer sur internet. Quel que soit votre choix de média, il y a de fortes chances que vous rencontriez des stéréotypes qui perpétuent la discrimination sexuelle. Les femmes dans certains médias ont tendance à être sexualisées et rabaissées. Elles sont

présentes moins que les hommes, s’expriment publiquement moins qu’eux, et généralement écartées des postes de pouvoir. Des recherches menées dans plus de 100 pays ont révélé que %46 des reportages, publiés dans la presse écrite, à la radio et à la télévision, maintiennent les stéréotypes sexistes. Violences contre les femmes… Un calvaire quotidien Le droit d›une femme de vivre sans violence est

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Table ronde sur l’importance de la présence des femmes dans les institutions constitutionnelles, organisée par Journalistes pour les droits de l’homme, à Tunis, le 18 février 2021.

garanti par des accords internationaux tels que la Convention sur l›élimination de toutes les formes de discrimination à l›égard des femmes (CEDAW), adoptée en 1979 par l›Assemblée générale des Nations Unies et la Déclaration sur l›élimination de la violence à l›égard des femmes, adoptée par l’ONU en 1993. Au moins 155 pays ont adopté des lois sur les violences faites aux femmes et 140 autres une législation sur le harcèlement sexuel sur le lieu de travail. Cependant, les défis demeurent dans l›application de ces lois, car la violence est de plus en plus répondue dans le monde entier et elle est même médiatisée. ’’Canada-Monde : Une voix des femmes et des filles’’, un projet pour lutter contre la représentation stéréotypée des femmes… C’est dans ce contexte que l’organisation canadienne Journalistes pour les droits de l’homme a lancé un projet baptisé «CanadaMonde : Une voix des femmes et des filles», qui s’étale sur quatre ans, dans quelques pays du Moyen-Orient à l’instar de la Syrie et la Jordanie, mais aussi dans quelques pays africains comme et la République du Congo et la Tunisie où des

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La diffusion continuelle d›images négatives et dégradantes des femmes a beaucoup influencé la scène médiatique en Tunisie. formations dédiées aux journalistes tunisiens ont démarré le 13 février 2021. Les premières formations ont eu lieu respectivement les 14-13 et les 16-15 février. Le projet a pour vocation d’éliminer la représentation stéréotypée des femmes dans la région du Moyen-Orient et en Afrique. La diffusion continuelle d›images négatives et dégradantes des femmes, a beaucoup influencé la scène médiatique en Tunisie. Ainsi, Journalistes pour les droits de l’homme a décidé d’apporter des solutions concrètes pour à faire face à ce phénomène, en formant les journalistes qui sont responsables de l’image qu’ils présentent de la femme dans les médias. Encourager la formation des femmes, adopter


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des directives professionnelles pour réduire la discrimination et créer des groupes de surveillance des médias pour le suivi figurent, également, parmi les mesures pour aller de l›avant. La participation des femmes aux technologies de l›information et de la communication et aux réseaux de médias, y compris les réseaux électroniques, a été soulignée comme un moyen de renforcer le rôle des femmes dans les processus démocratiques.

Jusqu’aux années soixante, l’alibi de la ‘’nature’’ pour maintenir la domination masculine des inégalités entre les sexes dans la société, était encore largement privilégié par les sciences humaines et la pensée scientifique.

L’objectif de la formation : Sensibiliser les journalistes au concept de genre Les premiers pas de ce projet canadien étaient plutôt réussis. La formation avait pour objectif principal de sensibiliser les journalistes au concept de genre, aux termes d’égalité, aux VFF et aux apports de la loi 58 pour qu’ils contribuent à la diffusion des normes d’égalité et la lutte contre les VFF.

Genre et apparentés: En analysant l’oppression des femmes, en termes de rapport sociaux de sexe, la théorie du genre souligne le caractère social des catégories sexuelles, en les distinguant des hommes et des femmes biologiques. Ce faisant, elle réfute les thèses naturalistes, qui faisaient du sexe biologique, le principe explicatif de l’oppression des femmes. Jusqu’aux années soixante, l’alibi de la ‘’nature’’ pour maintenir, perpétrer et expliquer la domination masculine des inégalités entre les sexes dans la

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Deuxième groupe de journalistes ayant participé à la formation «Médias et genre», tenue les 15 et 16 février 2021, à Tunis.


Activités de la formation ‘’Médias et genre’’ organisée par Journalistes pour les droits de l’homme en Tunisie.

société, était encore largement privilégié par les sciences humaines et la pensée scientifique, de manière générale. Le Genre, c’est donc l’identité (sociale) que la société, dans un contexte socioculturel, religieux et économique donné, confère aux hommes et aux femmes. L’identité ‘’Genre’’ détermine largement les relations entre les hommes et les femmes, dans la sphère privée (famille) comme dans la sphère publique (exemple : au travail). Les journalistes ont participé à plusieurs activités, à commencer par un rappel des lois organiques qui criminalisent les violences faites aux femmes en Tunisie, notamment la nouvelle loi 58 relative qui prévoit des dispositions sur la prévention des violences, la protection des victimes, la poursuite des auteurs et le partenariat entre les différentes parties prenantes. Les participants ont, également, analysé, sous la direction des formateurs, plusieurs supports visuels, des courts métrages, ainsi

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«Canada-Monde : Une voix des femmes et des filles», un projet pour lutter contre la représentation stéréotypée des femmes dans la région du MoyenOrient et en Afrique. que des extraits de certaines émissions tunisiennes de téléréalité où une imagine négative de la femme est massivement commercialisée devant l’inaction des hommes de médias. Il est donc primordial de reconnaître le rôle central des institutions médiatiques dans l›élimination des violences faites aux femmes, adopter des mécanismes pour éliminer les stéréotypes sexistes et encourager les médias à établir des codes de production et stimuler un débat public sur la problématique ‘’Médias et Genre’’.


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Le livre le plus vendu en Tunisie en 2020

Dhouké Ben Soltana nous emmène dans les coulisses de son roman «The Girl with the Golden Mind» Par Emna Darwazi Dhouké Ben Soltana, une jeune écrivaine tunisienne en herbe, designer et illustratrice freelance internationale, qui a réussi à séduire les lecteurs tunisiens par son style d’écriture, plutôt visuel. Dans une interview accordée à ‘’La Majalla’’, Dhouké Ben Soltana nous emmène dans les coulisses envoûtantes de son roman ‘’The Girl with the Golden Mind’’, une boîte à merveilles qui regorge de péripéties, de magie et de leçons de vie.

d’écrire jusqu’à ce que j’aie arrêté pendant longtemps.

Depuis quelque temps, j’ai pris une pause de mon travail parce que j’en avais perdu la passion, même si j’aime mon travail de designer et d’illustratrice freelance internationale. C’était le premier signe de ma dépression, perdre la passion, tout ce qui me faisait plaisir était sans goût, j’ai fini par détester tout mon quotidien. Ensuite, je me suis relancée dans l’écriture de fiction qui m’a aidée à trouver la passion que j’ai Pourriez-vous nous raconter comment vous perdue, celle d’être créative, mais différemment. Je me suis sentie de nouveau vivante. Vous pouavez commencé à écrire ? vez dire que l’écriture est devenue ma thérapie. J’ai commencé à écrire au lycée. Ce fut un moyen Une thérapie de mots qui m’aide à respirer et à de vider mon esprit et d’avouer mes secrets frus- combattre l’anxiété et mes démons intérieurs. trants et embarrassants sous forme de Journal. Puis, j’ai commencé à imaginer des aventures et Où trouvez-vous vos sources d’inspiration ? des histoires et à écrire des nouvelles courtes et inachevées. Des aventures que je voulais vivre. Je trouve l’inspiration partout. Je m’inspire Les jours passent et avec les préoccupations de de mes expériences dans la vie, de mon quotila vie quotidienne, je n’ai plus trouvé le temps dien. Je m’inspire des personnes autour de moi.

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Dhouké Ben Soltana, jeune écrivaine, designer et illustratrice tunisienne.

Je trouve l’inspiration aussi dans les livres, les films, les séries de différentes cultures : américaine, canadienne, coréenne, chinoise, turque, libanaise, égyptienne, Thaïlandaise.etc Quel est le rôle des réseaux sociaux dans votre vie ? Grâce à ma carrière dans le design et la publicité, j’étais consciente du rôle crucial des réseaux sociaux dans l’image de marque qu’elle soit un produit, un service ou une personne. Donc dès que j’ai décidé de publier mon roman, j’ai consacré mon temps à le promouvoir régulièrement sur mes pages et sur les groupes en lignes. Je pense que le marketing est une nécessité surtout dans la publication des livres.

On vit dans une ère numérique ou le succès de l’auteur réside dans sa notoriété digitale en premier lieu avant la qualité et la valeur de ses livres. Vous êtes écrivaine, mais aussi designer. Comment ces deux champs artistiques ont été complémentaires pour vous ?

Être designer/ illustratrice et écrivaine ont des points communs, c’est d’avoir l’imagination et la créativité nécessaire pour matérialiser une idée On vit dans une ère numérique ou le succès de et de créer des messages et scènes sous forme l’auteur réside dans sa notoriété digitale en pre- d’images graphiques. mier lieu avant la qualité et la valeur de ses livres. Les lecteurs ont même remarqué que mon style Et pour cette raison, je suis depuis un moment la d’écriture est plutôt visuel. Je construis des responsable marketing et artistique de la société scènes faciles à imaginer. familiale et maison d’édition et distribution de En tant que designer je me suis chargée aussi de la création du design de la couverture. Une coulivres « Dar Ben Soltana ». verture attirante qui suit la tendance des livres

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aux USA et à l’étranger. J’étais, également, responsable de la publicité en ligne en pleine épidémie. Alors vous pouvez dire que ces deux vocations sont complémentaires. Votre roman anglais ‘’The Girl with the Golden Mind’’ est un best-seller qui regorge de péripéties, de magie et de leçons de vie. Racontez-nous le parcours de ce livre. Mon roman est imbibé de fantaisie, de mystère, de suspense, d’amour et de comédie. Ma combinaison préférée dans la fiction. C’est un roman essentiellement dédié aux jeunes adultes et qui est écrit avec un vocabulaire accessible et léger. C’est l’histoire de Sarah Porter et de son pouvoir surnaturel acquis après un incident. Sarah est devenue capable d’entendre les pensées des gens et c’est ainsi qu’aucune vérité ne lui a jamais été cachée.

de sa publication en Tunisie et à l’étranger ? En Tunisie, c’était une surprise pour la plupart, surtout pour le choix de la langue pour une écrivaine qui n’a jamais vécu à l’étranger et dont la langue maternelle n’est pas l’anglais. Mais j’ai reçu beaucoup d’encouragements des Tunisiens et surtout des jeunes lecteurs. Je suis actuellement à la recherche d’une maison d’édition à l’étranger qui pourra publier mes romans prochainement. Pourquoi vous avez choisi l’anglais comme langue pour votre premier roman ? Écrire en anglais n’a jamais été un choix. Je veux dire que ce n’est pas un choix calculé, ce n’est pas non plus un choix discriminatoire. Je n’ai pas choisi d’écrire en anglais parce que je déteste

Elle pouvait entendre chaque pensée sombre et obscène. Il s’agit d’une histoire, à l’apparence populaire, mais qui elle met en avant des questions sociales spécialement les relations humaines. Le roman trace le chemin plein de défis d’une femme spéciale, qui a perdu sa foi en l’humanité et en l’amour. Sarah décide de sortir de sa zone de confort et de s’embarquer dans une aventure à la recherche de l’objectif de son pouvoir, où elle confronte ses peurs et apprend à s’accepter et à accepter l’humanité telle qu’elle est. Trouver l’amour n’est qu’une partie de son aventure. Comment ce roman a-t-il été perçu au moment

Mon roman est imbibé de fantaisie, de mystère, de suspense, d’amour et de comédie. 52

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Photo n°exemplaires du roman «The Girl with the Golden Mind» en vente


C’est grâce aux lecteurs que mon roman est devenu un succès national. Les goûts des Tunisiens sont différents. J’ai découvert que les jeunes tunisiens (âgé de 13 ans et plus) sont nombreux à lire en anglais, mais ils ne trouvent pas beaucoup de choix dans les livres des auteurs locaux. Quelle catégorie de livres est la plus appréciée par les Tunisiens ?

’’The Girl with the Golden Mind’’, premier roman en anglais de Dhouké Ben Soltana, paru aux Editions Dar ben Soltana, le 27 février 2020.

l’arabe ou le français. Il est vrai que j’en suis tombée amoureuse au début, quand j’écoutais des chansons en cette langue et regardais des films américains. Mon quotidien était de regarder des films, des séries et des émissions, lire plus fréquemment des livres en anglais et rédiger des notes de travail dans la langue de Shakespeare. Instinctivement, je me suis retrouvée en train de m’exprimer par écrit uniquement en anglais. Bingo! La force de l’habitude ! Pratiquer l’anglais et le consommer intensivement et quotidiennement, c’est devenu une habitude comme boire du café tous les jours. L’habitude est bien plus puissante que tout ! Cela devient comme un instinct que vous ne pouvez pas contrôler ou changer facilement.

Les genres de livres appréciés par les Tunisiens sont différents et je suis en plein milieu de découvrir leurs préférences. J’ai apprécié les retours magnifiques que j’ai reçus directement de mes lecteurs. Ils sont heureux de trouver ce qu’ils cherchaient dans mon roman, qui les a aidés à retrouver le sourire en ces temps sombres. C’est grâce à eux que ce roman est devenu un succès national. Quels sont vos futurs projets ?

J’envisage de publier des histoires amusantes, « Feel-good » qui inspirent et donnent de l’espoir, en anglais bien sûr. Je veux que les jeunes qui ont du mal à lire tombent amoureux de la lecture. Cela semble ambitieux, mais j’ai reçu une bonne dose de motivation de la part des jeunes qui ont lu mon roman et c’était leur première lecture en anglais. Je suis en train de travailler sur deux projets, une comédie romantique et une série mystère, genre « Comment voyez-vous les goûts des Tunisiens ? Cosy mystery ». J’annoncerai la date de publicaSont-ils plutôt de bons liseurs ? tion en ligne, une fois l’un des projets achevé. D’abord je dois admettre que j’ai sous-estimé les jeunes lecteurs tunisiens comme beaucoup d’autres l’ont fait avant moi. L’idée que les jeunes de cette génération ne lisent plus est une idée complètement fausse. Grâce à mon roman, j’ai découvert un public assoiffé de fiction, du genre « Young Adult » qu’on ne trouve pas trop dans la littérature tunisienne, et des romans « Feel-good » qui ont une touche de comédie.

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Un dernier mot ? Au cours de cette année plusieurs jeunes m’ont révélé que mon roman les a inspirés. Inspirer les autres est un véritable honneur en ces temps où l’espoir est un visiteur timide. J’espère ne pas décevoir mes lecteurs dans mes futurs projets et continuer à les inspirer à réaliser leurs rêves.


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Du besoin d’un leadership américain

Par: Ahmed Charaï

Joe Biden a été élu par les Américains dans un contexte très particulier. Son challenger avait fait son mandat contre l’establishment, les institutions. Trump est allé au paroxysme, contester la sincérité de l’élection, alors que les USA se voient comme le porte-drapeau des valeurs démocratiques. L’attaque contre le capitole est une vraie blessure narcissique pour la démocratie américaine. Mais Joe Biden ne peut rester prisonnier d’un règlement de comptes. Son premier devoir, c’est de réconcilier son peuple. Il sait que si Trump a été élu en 2016, s’il a reçu les suffrages de 74 millions d’électeurs en 2020, c’est que la mondialisation a fait des victimes, que celles-ci ont considéré que « les élites mondialistes » sont la cause de leur chagrin, on sait que ce n’est pas vrai. Parce que ce phénomène est observé dans toutes les démocraties, l’Amérique, par les solutions qu’elle proposera, jouera un rôle de leadership, que peu contestent. Donald Trump a totalement perturbé les relations internationales. Il s’est retiré des accords multilatéraux, a imposé une dose de violence dans les rapports avec les pays adverses. Mais son administration a réussi sur certains dossiers, où il a pu engranger quelques succès, comme sur le conflit israélo-palestinien. Contre toute attente, une démarche constructive est en marche, avec notamment la normalisation ou la reprise des relations entre l’État hébreu et quatre pays arabes. Joe Biden va s’exprimer aujourd’hui sur la politique étrangère, qu’il compte mettre en œuvre. C’est un moment important, parce que les USA sont attendus sur plusieurs sujets où leur rôle peut être essentiel. Mais le besoin d’un véritable leadership américain est beaucoup plus large. Le monde est obnubilé par la pandémie. Joe Biden doit à la fois gérer la crise en interne, mais aussi se projeter à l’international. Fournir les vaccins en Europe, peut se faire selon des règles commerciales, mais sans vacciner dans les pays pauvres, la pandémie va perdurer. Une Amérique forte, on en a besoin, pour limiter l’expansionnisme chinois, sur le plan économique, tout en respectant les règles du commerce international. Pour ce faire, les USA ne peuvent jouer un face-à-face. Ce combat ne peut être gagné que si les USA arrivent à fédérer une large alliance. Cela pose une question : C’est quoi un allié ? Il faut faire une distinction entre une alliance historique et une alliance occasionnelle. Joe Biden doit retisser ce lien pour que l’Amérique retrouve son leadership.

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Un magazine politique Mensuel

Issue 1807 - Mars 01/03/2021

La médecine Maryam Al-Sadiq AlMahdi... Peut-elle traiter la crise extérieure du Soudan ? www.majalla.com



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Belkis: L’album «Halat Jadeeda» m’a ramenée à la vie

La star yéménite à «Majalla» : J’ai perdu ma passion pour l’art, ces deux dernières années Par Sarah Abdou Beyrouth : «Je sens que je suis revenue à la vie…». Avec ces mots la star yéménite Belkis a entamé notre interview. Elle fait face à ses difficultés, avec beaucoup de persévérance et de force. Après avoir perdu sa passion pour l’art et le travail, au cours des deux dernières années, elle vit actuellement une nouvelle situation, pleine de vigueur, de vitalité, et de désir de produire et de reprendre le travail. Son parcours regorge d’aventures, de défis et d’amour. Il faut dire qu’elle a vécu des moments charnières et des étapes de transition dans sa carrière artistique, qui ont constitué une «étape déterminante» de sa vie. De manière innovante, elle sort son nouvel album, «Hala Jadida», lors d’une conférence de presse diffusée en ligne grâce à la technologie 3D. Nous avons évoqué tout au long de cette interview, tous les détails concernant cet album, les difficultés de la mise en œuvre, des effets de l’épidémie du Coronavirus sur son état mental et son art. Au cœur de cette interview, la

Mon fils a hérité de sa mère sa belle voix

beauté de la voix de son fils, également. * Nous vous félicitons pour la sortie de votre album «Hala Jadida», à travers lequel vous avez dominé la tendance. Comment l’avez-vous réalisé ? Avec qui vous avez coopéré ? Et quelles ont été les difficultés que vous avez rencontrées, face au confinement imposé par le Coronavirus? - Depuis plus d’un an, je me prépare pour la chanson «Hala Jadida», son et vidéo, mais l’épidémie m’a obligé à reporter sa sortie. Ce qui m’a permis de préparer un ensemble de nouvelles œuvres. Et m’a poussé à lancer l’album, qui constitue le quatrième de ma carrière artistique. Je lancerai successivement les chansons sur les plateformes numériques pour que chaque chanson fasse son effet, d’autant plus que j’en suis le producteur. L’album comprend un ensemble de surprises artistiques, et je parie sur une musique renouvelée, et sera un album arabe qui comprendra des formes de chant et des dialectes arabes, dont celui du Golfe, les dialectes libanais, égyptien et marocain. Nous avons choisi «Halat Jadidah», également connu sous le nom de «Dodom», pour être la première chanson de l’album lancé. Les paroles sont de Saad Al-Muslim, et les paroles du rap de Queen Ji et Hadi. Abdelaziz Lewis a assuré la musique. La distribution est d’Ali Matrouk. Le max et le master sont du maestro Suhaib Al-Awadi. Le clip a été réalisé par l’égyptien Hossam Al Husseini. J’ai rencontré de nombreuses difficultés dans la mise en œuvre de la chanson, de la fin du tournage aux détails de l’œuvre dans son ensemble, telle que je l’ai

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Je ne suis tentée que par jouer à Hollywood ou sur Netflix.

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enregistrée dans un home studio, mais malgré toutes les difficultés, l’œuvre est née et a atteint les tendances que vous avez vues. * Quelle est votre stratégie pour éviter la perte financière, qui a touché le domaine artistique, pour cause du Coronavirus ? - Notre travail a été affecté par la pandémie du Coronavirus, en termes d’annulation des concerts. Situation qui a entrainé des pertes financières pour l’actuelle année, tant le virus a frappé tous les domaines, et ralenti la roue économique mondiale, de tous les continents et de toutes les économies, entrainant une panique dans les pays riches, et un épuisement des pays pauvres. * Vous existez dans une bulle propre à vous, tout en étant une Star de la chanson, et aussi Star des médias sociaux. Quelles ont été les étapes qui ont constitué des tournants dans votre carrière artistique ? - Il y a de nombreuses étapes qui ont constitué des jalons dans ma carrière artistique, notamment mes chansons. Chaque album, je le considère comme un jalon dans cette carrière. Aussi ma présence à côté de l’artiste interna-

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tional Andrea Bocelli, a constitué pour moi un tournant artistique. En plus de mon apparition sur la couverture de «Vogue» et «Harper’s Bazar» en tant que première artiste féminine à représenter le monde arabe, accompagnée d’un grand nombre de stars mondiales. De plus, le point culminant de vie, a été de chanter sur les théâtres du Royaume d’Arabie Saoudite. J’étais la première à accomplir cet acte. Aussi, j’étais la première à chanter pour un public mixte. Je suis apparuesur les chaines des télévisions saoudiennes, après une absence des femmes pendant 40 ans. Ces événements que j’ai vécus, et les réalisations que j’ai concrétisées, ont été des moments charnières de ma carrière artistique, et ont fait de moi un «artiste à part». * Comment évaluezvous l’ouverture dans le Royaume d’Arabie Saoudite, étant donné que vous êtes la première des artistes femmes à y chanter ? - Très heureuse de l’ouverture artistique et musicale que vivent le Royaume et le public saoudien, tant ce dernier a soif d’art et son enthousiasme est sans précédent. Ce fut un honneur d’y chanter et d’y être présente. Dans le passé, ce public voyageait pour écouter de la musique. De nos jours, nul besoin d’aller voir ailleurs. Tout ceci me rend heureuse, et j’espère qu’avec les jours ils verront plus de développement, de progrès et d’ouverture. * Vous avez investi dans le domaine de l’esthétique, en lançant une marque propre à vous «BexBeauty». Est-ce une peur pour votre avenir artistique, ou une envie de plus de succès ? - La marque «Bex Beauty» me procure une source de revenus supplémentaires, compte tenu des pertes causées par le Coronavirus, mais l’idée m’est venue bien avant la pandémie. Les filles ne cessent pas de me poser une question qui revient toujours, concernant ma beauté et les produits que j’utilise. Ceci m’a poussé à produire mes propres pro-


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duits, que je supervise moi-même, et j’ai instauré une très bonne confiance entre moi et les clientes et admiratrices, et leur nombre est d’ailleurs très important, et elles utilisent mes produits. * Ahlam a lancé son album «Fadwa Ayounak», il y a quelques jours. Yara a également a lancé son album le jour du «SaintValentin», et a estimé que la compétition avec vous et Ahlam, va «soulager les peines de ces jours-ci». Quel regard portez-vous à cette compétition? - Je félicite Ahlam et Yara. Je leur souhaite bonne chance, car la compétition entre nous est importante et stimulante. Cela me motive à travailler dur et à tirer le meilleur de moimême. Autant on est devantune compétition, autant nous sommes en présence d’une très belle situation qui comporte diversité et singularité. Les masses ont besoin d’entendre des œuvres d’art en ces temps difficiles, elles aspirent à ce qui les rend heureuses ... * Dans quel état êtes-vous ces jours-ci ? Je suis dans un nouvel état d’activité, de vitalité et d’envie de produire, et de reprendre fortement mon travail. Ces deux dernières années, j’ai perdu ma passion pour l’art, et il semble qu’elle m’est revenue fortement aujourd’hui. Je vis actuellement dans un état de grande activité, et sur le plan personnel, je sens que je suis revenue à la vie ... * Le parapluie en feu que vous portiez a attiré l’attention de vos fans, qui vous ont décrite comme ayant le courage de se mettre en danger pour son travail. Êtes-vous réellement une aventurière ? Je suis une aventurière dans mon travail, je vais jusqu’au bout, et j’ai l’envie et le courage de présenter des sujets difficiles et compliqués. Nous aurions pu allumer le parachute à l’aide de la technologie du Photoshop, mais nous avons pensé que l’image perdrait de son réalisme. Nous avons voulu que la sensation soit réelle. Nous avons donc brûlé le parapluie, et l’idée était inédite et complètement singulière dans le monde de Albums arabes. * Avez-vous eu «l’obsession du Coronavirus» ? Qu’est-ce qui vous a le plus affecté dans cette épreuve ?

Heureuse de l’ouverture artistique dont le Royaume est témoin, et j’ai été la première artiste à chanter sur ses théâtres et à passer sur ses écrans

- Nous avons tous été affectés. J’utilise le gel hydroalcoolique sans cesse, au point d’avoir peur qu’il arrive à effacer mes empreintes (rires). Le masque ne quitte pas mon visage non plus. Je suis les mesures préventives attentivement. J’espère que personne ne sera touché. La chose qui m’a touchée le plus, est que nous passons plus de temps sur les médias sociaux, à présenter les condoléances, ou à souhaiterun prompt rétablissement ! On vit moins de joie, les gens ont plus de problèmes, et les inquiétudes ont augmenté avec le Coronavirus. J’espère que nous dépasserons cette épreuve le plus tôt possible... * Avez-vous réalisé vos rêves les plus importants ? Dans quelle mesure regardez-vous cette étape de votre vie, à la fois professionnelle et personnelle ? - Non, je ne les ai pas encore atteints, car mes rêves n’ont pas de fin, et chaque fois que j’en réalise un, j’aspire à une autre réalisation. Aujourd’hui j’attends avec impatience le succès, le bonheur intérieur et le confort psychologique, c’est-à-dire d’être détendue. A savoir sourire davantage et réjouir encore plus du succès, et travailler sérieusement. Le goût du succès est doux après la fatigue. Quelles sont les choses que vous avez le plus appréciées au fil des années ? - Au fil des années, je suis plus consciente de l’importance

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de la famille, de la maternité et de la santé. La santé est l’une des bénédictions les plus importantes, que les gens ne ressentent qu’à sa perte. * Comment décrivez-vous votre parcours ? Le parcours de la vie est un ensemble de contradictions, plein d’aventures, de défis, d’amour, de rires et de tristesse, dans lequel il y a la mort et il y a la vie. * Qu’est-ce que la maternité a changé en vous ? Votre fils Turki, a-t-il hérité de vous le talent du chant ? - Je suis devenue plus mature à tous égards, et mon fils Turki a hérité de moi ma belle voix en chantant des notes, et est doué pour interpréter des chansons pour enfants. Il est doux (dit-elle en plaisantant). * Vous avez toujours présenté dans vos œuvres des messages humanitaires montrant un grand talent d’actrice, dans quelle mesure êtes-vous psychologiquement affectée par ce que vous présentez ? - Je suis très affectée par la situation que je présente. Si je présente un clip, comme celui de «Halat Jadeeda», je me mets dans l’ambiance du travail, deux jours avant. Je m’imbibe d’une énergie positive, de joie et de mobilité. Je m’isole pendant deux jours, avant de présenter mes chansons qui racontent des histoires humaines, et qui racontent

La compétition avec Ahlam et Yara, me motive souvent un besoin de larmes, d’émotion et de tristesse. Ceci dans le but de vivre l’état psychologique de la chanson. Je m’exerce devant le miroir, et j’essaie certaines expressions faciales qui me sont demandées, et entrer dans un état psychologique désagréable pour que le clip reflète mon état psychologique, que le spectateur doit croire. * Est-il venu le temps de vous voir en comédienne ? L’idée de devenir actrice n’est pas exclue, mais je n’ai pas encore reçu l’offre qui arrive à me convaincre. A savoir une œuvre grandiose. J’avoue que mon rêve est de recevoir une offre de l’entreprise Netflix pour incarner un énorme œuvre grandiose arabe ou étrangère, à savoir le rôle d’une fille arabe, ou encore offre d’Hollywood. C’est ce qui me pousse à agir ... A part ça, je ne pense pas à jouer. * Quel personnage rêvez-vous d’incarner? - Je souhaite incarner le rôle de la Reine Belkis.

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Un nouveau rythme pour une meilleure santé D’après la lettre de Santé de Harvard Le mode de vie quotidien qui a maintenu sa stabilité pendant la majeure partie de l’histoire humaine, a été ennuyeux et en même temps régulier pour beaucoup. Cependant, au cours des siècles passés, la vie «moderne» a introduit de nombreux changements, telles que des horaires de travail fluctuant. L’avènement des nouvelles technologies de l’information ont permis un contact permanent pour beaucoup d’entre nous, nous avons donc utilisé ces moyens à tout moment. À son tour, le coronavirus a apporté de grands changements dans notre vie quotidienne. A cet égard, le Dr Monique Tello, médecin de première ligne et spécialiste du mode de vie à l’Hôpital général de Harvard Massachusetts, explique que «Lorsque votre mode de vie change, vous risquez de perdre vos habitudes quotidiennes de soins personnels qui vous aident à rester

actif, à manger régulièrement et à gérer le stress. Autrement dit, toutes les choses dont vous avez besoin pour contrôler votre poids et combattre les infections et les maladies ». Horaire du sommeil Avez-vous récemment été mis à la retraite et bénéficiez d’un nouveau type de liberté pour vous endormir et vous réveiller à différents moments de la journée? Ou travaillezvous et vous êtes obligé souvent à rester éveillé pour envoyer des courriels liés au travail? En effet, un horaire de sommeil irrégulier perturbe votre rythme quotidien, ou ce que l’on appelle «l’horloge biologique». «Si vous allez au lit pour vous couchez avant l’heure dont votre corps s’y est habitué, vous aurez du mal à vous endormir», a déclaré le Dr Lawrence Epstein, médecin adjoint au Département du sommeil et des troubles réguliers à Brigham and Women’sHospital de l’Université de Harvard. « Et si vous restez éveillé tard,

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vous vous réveillerez le lendemain avant d’avoir bénéficié de suffisamment de repos. Dans les deux cas, un horaire irrégulier crée des difficultés à dormir suffisamment, provoque des troubles chroniques du sommeil, et serait à l’origine des problèmes d’humeur et de concentration, et augmente le risque de maladie cardiaque, d’obésité et de diabète », affirme-t-elle. Heures des repas Le changement de rythme régulier affecte également le régime alimentaire tel que la sensation de faim et le métabolisme (traitement par l’organisme de l’apport énergétique et de la combustion

Les changements du rythme quotidien nuisent à votre santé ... mais vous pouvez travailler pour le réorganiser des calories). Pour cette raison, si vous négligez votre rythme quotidien de votre corps, vous aurez plus faim, et le métabolisme ralentira (perturbation de la capacité du corps à brûler des calories). D’ailleurs, rester tout le temps à la maison peut perturber l’horaire quotidien des repas, en particulier pour les personnes qui travaillent. Le Dr Tello affirme que rester à la maison permet aux gens de grignoter plus facilement. Mais manger continuellement pendant la journée signifie que le taux de sucre dans le sang et d’insuline restera élevé tout le temps, ce qui empêchera le corps de brûler les graisses et conduira ainsi à une augmentation de poids. Pour cette raison, le corps a besoin de moments où vous êtes coupé de la nourriture pour pouvoir brûler les graisses stockées.

Calendrier des exercices

Lorsque des changements surviennent dans les horaires quotidiens, les exercices

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de sport sont souvent les premiers à être affectés. «Parfois, lorsque les gens prennent leur retraite, leurs habitudes sportives sont perturbés et ils ont tendance à négliger de prendre de nouvelles habitudes», dit Tello. C’est pourquoi, quand vous travaillez des heures supplémentaires, vous sentirez que vous n’avez pas le temps de faire du sport. Selon Tello, «le résultat dans ce cas est le même. Nous avons récemment vu plus de gens se plaindre de maux de dos et de courbatures qui s’étendent aux pieds à la suite d’une position assise longue qui entraîne une faiblesse des muscles du tronc et génère des douleurs. De ce fait, le manque d’activité physique de force modérée (comme la marche rapide) affecte également le sommeil, la digestion, l’humeur, les capacités de réflexion et de mouvement, la gestion du stress, le contrôle du poids, et augmente le risque de souffrir de maladies cardiaques, de diabète, de dépression, de plusieurs types de cancer, en particulier le cancer du sein et du côlon. De plus, cette position assise constante peut être une cause de décès prématuré.

Un sommeil irrégulier perturbe votre système quotidien, ou ce que l’on appelle «l’horloge biologique»

Calendrier de prise de médicaments Un changement dans vos activités peut affecter votre respect de l’horaire de traitement que vous prenez. «Je comprends que ces choses arrivent parfois», dit Tello. Une personne peut s’engager dans une activité et oublier de prendre son médicament, ou elle peut obtenir une nouvelle prescription pour un médicament en quatre doses par jour et ne pas savoir comment l’intégrer dans son régime habituel ... mais en oubliant une seule dose d’un médicament particulier peut parfois exposer une personne à des risques de santé. Par exemple, si vous souffrez de la maladie de Parkinson et que vous oubliez de prendre des médicaments, vous pouvez ressentir une paralysie musculaire et une incapacité à bouger. Horaire de repos et de détente Le temps alloué au repos et à la détente est souvent sacrifié à cause d’un changement dans les responsabilités professionnelles ou familiales. Tello note: «C’est le cas de nombreux chefs de familles qui se rendent compte qu’ils ont besoin de se détendre, mais qui n’ont pas assez de temps pour le faire ou qui estiment qu’ils ne le méritent pas. Pourtant, le temps de relaxation est une partie indispensable au bien-être personnel. S’adonner à ses propres activités ludiques peut vous aider à faire face au stress. «Le stress expose le corps à de nombreux événements qui génèrent une inflammation, une glycémie élevée et une pression artérielle élevée», explique Tello. « Cela peut également conduire une personne à souffrir de maladies

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Une femme qui dort dans son lit /Getty Images

cardiovasculaires, de dépression et d’autres troubles mentaux. », ajoute-t-il. D’autre part, la retraite peut laisser accorder beaucoup de temps libre au retraité qui ne sait pas comment l’employer de manière utile, ce qui peut lui causer plus de stress. Étapes nécessaires Établir un nouvel horaire de sommeil: «Les gens dorment mieux lorsque l’heure du coucher coïncide avec leur horloge biologique», explique le Dr Epstein. Certaines personnes sont nées pour aimer se réveiller, tandis que d’autres sont nées pour aimer se réveiller tôt. Déterminez de quel type vous êtes, puis assurez-vous de dormir et de vous réveiller tous les jours à la même heure qui convient à votre horloge biologique ». Elle ajoute que le corps humain a besoin de sept à huit heures de sommeil par nuit. Il est à noter qu’un réveil régulier et une exposition à la lumière du jour aident le corps à s’adapter. La nuit, éteignez les écrans de vos appareils 60 à 90 minutes avant de vous coucher, car la lumière des écrans perturbe votre horloge biologique. Établissez un horaire de repas: mangez trois repas réguliers par jour et deux collations bio si vous en ressentez le besoin. Choisissez les heures de repas à l’avance et respectez-les, et si vous vous sentez incapable à gérer, tenez un journal dans lequel vous notez les heures de vos repas pour déterminer les habitudes et les erreurs, surtout si vous êtes en surpoids.

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Adoptez un nouveau rythme d’exercice: établissez un programme d’exercices quotidien pour augmenter vos chances de vous y tenir. Vous n’êtes pas obligé d’aller au club et vous pouvez pratiquer des exercices à la maison, faire une promenade, planifier des pauses d’activité physique régulières ou utiliser un bureau debout si vous travaillez à domicile. Développer un nouveau régime médicamenteux: Tello suggère que vous preniez vos médicaments tout en faisant d’autres activités de routine, comme se brosser les dents, et recommande d’utiliser une boîte à pilules, de définir un rappel au téléphone et de consulter un médecin sur les médicaments qui peuvent être pris à des doses plus faibles. Fixez des limites du travail: si possible, définissez des heures de disponibilité même après les heures de bureau, entre huit heures du matin et huit heures du soir par exemple, et informez-en vos collègues afin qu’ils ne puissent communiquer avec vous que pendant cette période, et soyez sûr de résister à la tentation que vous pourriez ressentir de briser ces horaires. Gérer le stress: Tello souligne l’importance d’adopter une routine pour gérer le stress en pratiquant le yoga, la méditation, la prière, les sorties dans la nature ou tout ce qui peut vous isoler des événements et des activités stressants et de leurs répercussions. Le médecin a souligné que ces activités devraient être quotidiennes, même si elles ne dépassent pas une période de dix minutes, car elles deviendront une habitude sans s’en rendre compte.


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La médecine Maryam Al-Sadiq Al-Mahdi... Peutelle traiter la crise extérieure du Soudan ? Le portefeuille des affaires étrangères est sous l’égide de la «Candace» du Soudan

Par Hanan Habash Elle est la deuxième femme à occuper le poste du Ministre des affaires étrangères dans l›histoire du Soudan. Médecin et politicienne soudanaise, elle porte l›espoir de son peuple d›avoir un gouvernement et un avenir meilleur. Est considérée comme l›une des femmes les plus importantes de l›opposition, du temps du président déchu Omar El-Béchir. La ministre Maryam Al-Sadiq Al-Mahdi, Médecin de la politique Maryam al-Mahdi est née à Omdurman en 1965, fille de Sadiq al-Mahdi, chef de l›opposition et ancien premier ministre du Soudan. Était très attachée à son père, qui il l›appelait «Maryam Al-Mansoura». A étudié la médecine par passion, et a obtenu un diplôme en médecine et en pédiatrie, de la «Liverpool School of Tropical Medicine» en 1995. A obtenu un diplôme supérieur en développement et affaires du genre, de l›Université Ahfad pour femmes d›Omdurman en 2006, et un diplôme en droit de l›Université ElNeelain au Soudan en 2013. Un diplôme en droit avec mention très bien et distinction de la même université. A pratiqué la médecine pendant 6 ans uniquement, puis a rejoint son père en politique.

Ses activités A rejoint les rangs des combattants à Asmara et a atteint le grade de major dans l›armée soudanaise. A participé à l›Alliance de Juba, qui comprenait les plus importantes forces de l’opposition au régime, pendant les années du Traité de paix global (Naivasha). S’est distinguée, et s’est engagée en politique à côté de son père, Sadiq al-Mahdi. Elle est célèbre pour son opposition au régime d›Omar el-Béchir, et a exigé sa démission, et a décrit 2019 comme année décisive, en annonçant sa participation à l›escalade des manifestations, et en assumant la direction avec le reste de les partis d›opposition, jusqu’à atteindre le but. A rejoint le Parti national Umma, et est devenue membre du premier bureau politique élu en 2003, et a progressé jusqu›à devenir vice-présidente. A été arrêtée à plusieurs reprises en raison de son activisme contre le gouvernement précédent. A participé à l›établissement de la «National Consensus Forces Alliance» avec son père et de la «Sudan Call Alliance», qui a réuni des partis politiques et des mouvements armés sous un même toit contre le gouvernement Bashir. A été arrêtée plus d›une fois à l›époque d›AlBashir pour sa participation à des manifesta-

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tions appelant au renversement du régime. Portefeuille des Affaires Etrangères Le premier ministre soudanais Abdullah Hamdouk s›est rangé du côté de Maryam Al Mahdi, la candidate du parti national Umma, pour poste de ministre des Affaires étrangères dans le nouveau gouvernement. Elle n›avait jamais occupé de poste ministériel, mais est désormais la deuxième femme à occuper le poste de ministre des Affaires étrangères dans l›histoire du Soudan, précédée par Asma Muhammad Abdullah. Son choix pour le poste de ministre des Affaires étrangères intervient à un moment où la scène soudanaise apparaît très complexe, entre les tensions avec l›Éthiopie à propos des frontières, et du barrage de la Renaissance, la reprise des troubles sécuritaire à l’intérieur du pays, en particulier dans la région du Darfour, et le fardeau de mener à bien les tâches d›intégration du Soudan dans le système international et lui faire éviter les dangers des alliances. Le dossier le plus important qu’elle doit traiter, est peut-être la normalisation avec Israël, en raison des réserves de son parti. Elle a précédemment déclaré que le retrait du Soudan de la liste des États parrainant le terrorisme constitue un intérêt fondamental du Soudan, mais elle rejette fermement la normalisation avec Israël.



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Ligue des Champions de la CAF « 2e journée» : Une journée qui a tenu toutes ses promesses Tunis-Majalla

face à Kaiser Chiefs, ont entamé la compétition de la plus belle des manières en enLa deuxième journée de la Ligue des cham- grangeant les trois points de la victoire. pions d’Afrique de football, n’a pas été dense en termes de but, mais elle confirme Le WAC a dominé la partie face aux angolais du Petro Atletico, et auraient pu terminla domination des clubs favoris. C’est ainsi que les débutants du Teungueth er le match avec un score plus lourd. FC ont décroché leur premier point en phase de groupes de la Ligue des Champions de la D’ailleurs, en première période, les « DiaCAF Total, après avoir disputé un match nul bles Rouges » ont raté plusieurs occasions, 0-0 avec le géant égyptien Zamalek, mardi surtout par leur attaquant attitré, Ayoub El Kaabi. à Dakar. L’équipe sénégalaise a eu de bonnes occasions de marquer mais regrettera sa mauvaise finition qui lui fait perdre deux points vitaux à domicile. Zamalek compte désormais deux points après deux matches et se classe troisième du groupe tandis que Tengueth est en bas du classement avec un seul point.

Dans le même sillage, les Kaizer Chiefs d’Afrique du Sud et le Horoya AC de Guinée se sont séparés sur un score nul et vierge à Johannesburg. Ce point pris en Afrique permet au HAC d’engranger quatre points, synonyme de première place dans le groupe C, avant le match en retard de la première journée entre le Wydad et Kaizer Chiefs.

Pour sa part, le Wydad Casablanca a battu le Petro Atletico (1-0), à Luanda pour le compte du groupe B de Ligue des Champions Total de la CAF.

Pour cette deuxième journée de Ligue des Champions de la CAF Total 2020-2021, l’équipe locale a cru ouvrir le score par deux fois, sans obtenir la validation de l’arbitre qui a signalé notamment la position de horsjeu de Kurnovic sur la seconde action.

Les marocains, qui n’ont pas joué la première journée en raison du report de leur match

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Teungueth FCont décroché leur premier point après avoir disputé un match nul 0-0 avec le géant égyptien Zamalek, à Dakar

Malgré la présence de Morlaye Sylla, Gnagna Barry et Ocansey Mandela, les Guinéens vont être dominé dans le jeu, en se créant tout de même quelques sérieuses occasions qui auraient pu tout faire basculer.Le match va se poursuivre sur une série d’occasions, mais le score ne changera pas.

Le WAC a dominé la partie face aux angolais du Petro Atletico, et auraient pu terminer le match avec un score plus lourd.

Un beau football En Algérie, l’ES Tunis et le MC Alger ont fait match nul (1-1) au stade du 5 juillet d’Alger pour le compte de la seconde journée de la phase de poules de la Ligue des Champions de la CAF Total.

côté droit, adresse une passe en retrait dans les six mètres adverses et Bensaha du plat du pied réussi à ouvrir la marque.

Une réalisation qui ouvre plus le jeu des deux côtés et permet aux tunisiens de sortir Dans un match qui a tenu toutes ses de leurs coquilles. Khalid, Togui ou encore promesses, les deux équipes ont produit un Anice Badri s’essayent à plusieurs reprisbeau football tout au long de la rencontre es mais la défense mouloudéenne prend à avec un engagement des vingt-deux ac- chaque fois le dessus. teurs. En seconde période, les tunisiens haussent Les mouloudéens ont été les premiers à le rythme du jeu pour revenir à la marque. mettre leurs adversaires en danger par Ils obtiennent gain de cause à l’heure de l’intermédiaire de Hachoud, mais le tir du jeu, lorsque Benguit profite d’une erreur défensive et un cafouillage dans la surface latéral droit du MCA passe à côté. de réparation pour tromper la vigilance du 27’, le capitaine des locaux se faufile du gardien Salhi.

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Après ce but, les Hachoud, Belkheir ou encore le remplaçant Brahimi jouent l’offensive mais en vain face à une défense tunisienne autour du gardien Ben Mustapha. Tout comme les attaquants de l’EST qui n’ont pas trouvé le chemin des filets pour aggraver la marque, se contentant de garder le score nul. Une parité qui permet aux tunisiens de garder la première place du groupe B avec quatre points alors que le MCA.

En Algérie, l’ES Tunis et le MC Alger ont fait match nul (1-1) au stade du 5 juillet d’Alger. Dans un match, les deux équipes ont produit un beau football tout au long de la rencontre avec un engagement des vingt-deux acteurs.

Ils prennent la tête De leur côté, les Tanzaniens prennent la tête du groupe A de la Ligue des Champions de la CAF Total. Luis Miquissone a inscrit en première mi-temps l’unique but qui a scellé la victoire de Simba SC face à Al Ahly du Caire, tenant du titre. Simba avait battu l’AS Vita Club sur le même score à l’extérieur lors de la première journée et tandis que Al Ahly s’était imposé à domicile. Miquissone a marqué à la demi-heure de jeu avec une frappe étonnante à distance après une bonne combinaison de l’équipe locale. Le ballon a frappé le dessous de la barre avant de secouer le filet devant Mohamed Elshenawy. Al Ahly a tenté de retrouver son chemin dans le match avec Walter Bwalya qui a repris de la tête le centre de Mohamed Hany depuis la droite, mais il passe juste à côté. Al Ahly a mis le feu dans les cinq dernières minutes et Aliou Deng aurait dû faire

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Le Wydad Casablancaa battu le Petro Atletico (1-0), à Luanda pour le compte du groupe B de Ligue des Champions Total de la CAF


L’ES Tunis et le MC Algeront fait match nul (1-1) au .stade du 5 juillet d’Alger

Les Kaizer Chiefsd’Afrique du Sud et le Horoya AC de Guinée se sont séparés sur un score nul et vierge

mieux avec une tête solitaire sur un centre d’Ayman Ashraf, mais sa tentative est passée loin. Simba a réussi à conserver le mince avantage pour remporter une précieuse victoire. Menés très tôt dans la partie, les Dauphins noirs de l’AS Vita Club ont réussi à supplanter les Soudanais d’Al Merreikh, pour

Zamalek compte désormais deux points après deux matches et se classe troisième du groupe tandis que Tengueth est en bas du classement avec un seul point. le compte du groupe A. Le doublé d’Obed Mayamba et les buts de Djuma Shabani et AmedeMasasi ont répondu à l’ouverture du score de Saadeldin Elsamani. Al Merreikh passe tout près d’ouvrir le score dès la 2e minute lorsque Tony efface Ouattara de Vita et assène une frappe, devant Vivien Koua à genoux, qui passe devant les buts d’Omossola. On termine le match sur un score de 4-1 qui est tout ce dont avaient besoin les hommes de Florent Ibenge pour se relancer le groupe A. Il est à noter que la 3e journée de la phase est prévue les 5 et 6 mars.

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