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apport
France – Cameroun :
Le torchon brûle…
Par La Majalla Les centaines de jeunes Camerounais ont manifesté dans le calme lundi devant l›ambassade de France à Yaoundé, s›indignant de propos du président français Emmanuel Macron, qui a promis samedi de mettre la «pression» à son homologue camerounais Paul Biya. Entre 400 et 600 jeunes, selon une estimation de la police et de la gendarmerie, s›étaient mobilisés à l›entrée de l›ambassade de France, chantant et dansant à la gloire de M. Biya, tout en s›insurgeant contre l›attitude de M. Macron.
Le mot de plus
De nombreux gendarmes et policiers étaient également présents pour éviter tout déborde-ment, et la foule s›est dispersée vers 13 h 00. La plupart des manifestants portaient des drapeaux du Cameroun tandis que d›autres brandissaient des pancartes hostiles au prési-dent français. «M. Macron, le Cameroun n›est pas un DomTom» (départements et terri-toires français d›Outremer), «M. Macron mêle-toi de tes oignons», pouvait-on lire sur cer-taines pancartes. «Nous sommes ici pour riposter aux propos de Macron parce qu›il a man-qué de respect à notre patriarche (Paul Biya)», a expliqué un manifestant, Souley Abouba-kar, président d›une des
associations des jeunes partisans de M. Biya, à l›origine de ce ras-semblement. «Il (M. Macron) est un président de la République. Il doit être respecté, mais il doit respec-ter notre président», a-t-il ajouté. «Nous ne sommes pas une province de la France. Le Ca-meroun est un Etat souverain, indépendant depuis 1960», a-t-il poursuivi, invitant M. Ma-cron à présenter «des excuses». Samedi, M. Macron avait promis à un activiste camerounais qui l›avait interpellé à Paris, en marge d›une visite au Salon de l›agriculture, de mettre «le maximum de pression» sur M. Biya pour que cessent «des violences au Cameroun qui sont intolérables». Le 14 février peu avant l›aube, des hommes armés, 40 à 50 portant tous des uniformes de l›armée et certains masqués, selon des témoignages recueillis par des travailleurs humani-taires, ont attaqué le quartier de Ngarbuh, dans le village de Ntumbo, puis ont tué par balle et brûlé des habitants. Selon l›ONU, qui a demandé une enquête indépendante et impartiale, 15 enfants dont neuf âgés de moins de cinq ans, font partie des 23 victimes, dans la partie anglophone du pays. L›armée camerounaise qui évoque «cinq victimes» a assuré que le drame était le résultat d›un «malheureux accident», après l›explosion de plusieurs conteneurs de
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28/02/20