commune 12 martinique 91°
Mais cette sérénité est de courte durée. En
l’unique grande rue. Une mairie avec un toit
1693 les Anglais attaquent la Martinique. Mais
de tuiles rouge percé d’une mansarde, deux
les canons placés à Trou au Diable et le fortin
écoles s’ajoutent à l’inventaire. Sa vocation
édifié à la hâte à la pointe des Pères ne suf-
de village de pêcheur reste prédominante. Il
fisent pas à contenir les attaques ennemies. Le
n’est donc pas rare d’apercevoir dès 5 heures
bourg est incendié, les canots brisés, les plan-
du matin des hommes charger leurs canots
tations saccagées. Le calme revenu, les habi-
de casiers en bambou et de leurs sambouras.
tants, réfugiés dans les mornes environnants,
De retour à terre ils troquent leur butin contre
reprennent vaillamment possession de leur
vivres et tissus. Puis à l’heure où la lune éclaire
terre et Sainte Luce se relève de ses cendres.
les plages de Gros-Raisins, l’on se raconte
Un siècle plus tard Sainte-Luce est toujours
de drôles d’histoires de «maman d’leau », de
rattachée aux Anses d’Arlet et au Diamant
«diablesse » ou de «soukouyan ».
regroupées sous le nom de Commune du
À la veille de la Seconde Guerre mondiale, la
Sud. Elle devra attendre 1848 pour devenir
jeunesse s’entraine au volley-ball sur un terrain
une commune indépendante.
vague en bord de mer, joue au billard russe au
La municipalité vit au rythme de la pêche et
Cercle, danse quelquefois chez Cruzol. La muni-
de l’agriculture. Les quartiers contigus à Ri-
cipalité entreprend même la construction d’un
vière-pilote regorgent de café et de cacao. On y
cinéma. Renommée pour sa convivialité, Sainte-
cultive vivres et fruits que l’on apporte chaque
Luce devient alors un véritable lieu de villégia-
dimanche au marché. La distillerie des Trois
ture pour les amis des alentours. Dans les an-
Rivières tourne à plein régime et Sainte-Luce
nées 50, la population de Sainte Luce augmente
prospère. L’on y élève une halle, l’église est
considérablement et atteint ses 3500 âmes.
agrandie et se voit même dotée d’un clocher.
Ce village de pêcheur transformé au cours
La vie à Sainte-Luce ressemble à un havre de
des siècles en une charmante cité balnéaire,
paix. Au début du 20e siècle, le bourg compte
suscite toujours la convoitise. Nombreux sont
alors une quarantaine de maisons en bois
ceux encore rêvent de vivre dans ce qui pour-
sans étages, réparties de part et d’autre de
rait bien ressembler à un eldorado.
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