Paperjam octobre 2023

Page 1

Législatives2023

Wie gëtt eisenPremier?nÀchste

NUMÉRO 238 OCTOBRE 2023
5€ 545300007401710
Business zu Lëtzebuerg
Sam Tanson (déi Gréng) Paulette Lenert (LSAP) Xavier Bettel (DP) Luc Frieden (CSV)

Avec le cƓur ou la raison, votez !

Coalition Ă  deux avec le parti dĂ©mocratique du chef actuel du gouvernement, Xavier Bettel (DP), et le parti chrĂ©tien-social emmenĂ© par Luc Frieden (CSV), reconduction de la coalition actuelle malgrĂ© les difficultĂ©s que connaissent le LSAP et dĂ©i GrĂ©ng, grande coalition Ă  quatre qui abandonnerait l’opposition aux extrĂȘmes et aux Pirates
 Il existe, en ce dĂ©but septembre, autant d’hypothĂšses imaginables pour l’automne que de cigales qui cherchaient la fraĂźcheur en aoĂ»t. « Tous les scĂ©narios sont possibles », reconnaissait mĂȘme, aprĂšs les Ă©lections communales, le professeur de sciences politiques Ă  l’UniversitĂ© du Luxembourg et titulaire de la chaire de recherche en Ă©tudes parlementaires de la Chambre des dĂ©putĂ©s, Philippe Poirier. Il est fondamental que l’électeur s’approprie les Ă©lections lĂ©gislatives Ă  venir et s’éloigne des prophĂ©ties et des promesses, qui, comme le rĂ©pĂ©tait Ă  la fin de son mandat l’ancien prĂ©sident français Jacques Chirac, n’engagent que ceux qui les croient. Dans la trĂšs cosmopolite sociĂ©tĂ© luxembourgeoise, nourrie des migrations et campĂ©e sur l’idĂ©al du « Mir wĂ«lle bleiwe wat mir sinn », l’électeur n’a que peu d’alternatives pour se dĂ©cider : soit il scrute Ă  la lettre les promesses des uns et des autres pour s’arrĂȘter Ă  quelques mesures qui lui parlent, soit il s’attache Ă  celui ou celle

qu’il « aime bien », exercice qui a consacrĂ© depuis longtemps le chef de la diplomatie, Jean Asselborn (LSAP), ou le Premier ministre. Au moment oĂč la transition Ă©nergĂ©tique et la digitalisation sont des enjeux aussi importants que le logement, Paperjam a simplement voulu donner des clĂ©s de comprĂ©hension des enjeux de ces Ă©lections. C’est le sens de ce numĂ©ro inĂ©dit dans l’histoire de notre mĂ©dia. Faites-vous votre idĂ©e vous-mĂȘme. Et votez, avec le cƓur ou la raison, mais votez !

LE GRAND DÉBAT DES « SPËTZEKANDIDATEN »

Logement, stratĂ©gie de dĂ©veloppement Ă©conomique, fiscalitĂ©, finances publiques, Paperjam organise un grand dĂ©bat avec les « SpĂ«tzekandidaten » le 19 septembre dĂšs 19 h. Suivez cette table ronde en livestream sur paperjam.lu ou, dĂšs le lendemain, en replay, toujours sur paperjam.lu

Rédacteur en chef ad interim THIERRY LABRO
OCTOBRE 2023 3
Édito #Élections
Fred Keup ADR Sven Clement Piraten Luc Frieden CSV Xavier Bettel DP Sam Tanson déi Gréng Paulette Lenert LSAP David Wagner déi Lénk
Au centre commercial de 10h Ă  19h move-expo.lu LE SALON IMMOBILIER 29 Sept - 7 Oct ÉDITION 2023 ConditionsspĂ©ciales salon !

06 XAVIER BETTEL (DP) « Ambitieux, mais rĂ©aliste »

16 PAULETTE LENERT (LSAP) « PrĂ©parer l’avenir du Luxembourg et ne laisser personne de cĂŽté »

26 CARTE BLANCHE Philippe Seyll

28 SAM TANSON (DÉI GRÉNG) « Le

38 CARTE BLANCHE Damien

40 LUC FRIEDEN (CSV)

SVEN CLEMENT (PIRATEN)

52 FRED KEUP (ADR)

« SĂ©curitĂ© et liberté »

–

56 DAVID WAGNER (DÉI LÉNK) « Impulser

–

62 TABLE RONDE

68 LAURENT PROBST « Se rĂ©inventer Ă  nouveau »

–

70 TABLE RONDE

–

76 TABLE RONDE

–
–
–
Luxembourg
–
de demain devra ĂȘtre durable et socialement Ă©quitable »
–
Chasseur
–
« Associer l’économie au social et Ă  la durabilité »
46
« Des solutions Ă©quitables pour aujourd’hui
et demain »
dynamiques de
des
lutte »
La crise du logement : un enjeu de stabilité  –
modĂšle de compĂ©titivitĂ© voulons-nous ?
Quel
Les finances publiques sous pression
p.  88
POLITIQUE PAPERJAM FOODZILLA 88 NEWS Les bonnes nouvelles gastro 90 MOBILIER Les coups de cƓur de Nathalie Jacoby
MON STYLE Dans le vestiaire de Lenka Kopecka OCTOBRE 2023 5 Octobre 2023
Les quatre candidats au poste de Premier ministre ont Ă©tĂ© photographiĂ©s au ministĂšre d’État par Guy Wolff, exclusivement pour Paperjam. Nouvelles ouvertures, nouveaux concepts ou bons plans : retrouvez toutes les nouveautĂ©s de la rentrĂ©e au Luxembourg. Photos
Guy Wolff, Romain Gamba
92

« Ambitieux,   mais rĂ©aliste »

Xavier Bettel (DP)

Comment abordez-vous l’échĂ©ance Ă©lectorale de ce 8 octobre ?

Je ne suis ni confiant, ni stressĂ© ou inquiet. Je suis serein. J’aborde cette Ă©chĂ©ance Ă©lectorale avec sĂ©rĂ©nitĂ© parce que j’ai fait le boulot. Ces cinq derniĂšres annĂ©es ont Ă©tĂ© des annĂ©es difficiles pour tout le monde.

J’ai eu, avec mes collĂšgues, une crise sanitaire Ă  gĂ©rer, puis une crise inflationniste, puis la guerre en Ukraine et ses effets sur les prix des matiĂšres premiĂšres – notamment l’alimentation – et de l’énergie. Aujourd’hui, nous avons l’inflation la plus basse d’Europe, des finances publiques saines et une Ă©conomie qui fonctionne. MalgrĂ© ce contexte de polycrise

C’est maintenant aux Ă©lecteurs de juger si, avec le gouvernement, nous avons bien travaillĂ©. AprĂšs, si j’ai un bilan, j’ai Ă©galement un programme. Les gens me connaissent maintenant et ils savent ce qu’ils auront. Voter Bettel, ce n’est pas ouvrir une pochette-surprise.

Cette annĂ©e, la configuration Ă©lectorale est particuliĂšre : les Ă©lections lĂ©gislatives suivent de trĂšs prĂšs les Ă©lections communales. Quels enseignements avez-vous tirĂ©s des Ă©lections de juin ?

C’est vrai que ce calendrier Ă©lectoral est inĂ©dit. Je me rappelle qu’en 1999, c’était l’inverse : les lĂ©gislatives se tenaient en juin et les communales en octobre. Une date qui m’a marquĂ© puisque j’ai Ă©tĂ© Ă©lu cette

annĂ©e-lĂ , d’abord Ă  la Chambre des dĂ©putĂ©s, puis au conseil communal de la Ville de Luxembourg.

Aujourd’hui, c’est sĂ»r que cela fait plaisir de voir que les Ă©lecteurs nous ont accordĂ© leur confiance lors des communales. Mais les Ă©lections lĂ©gislatives, ce n’est pas la mĂȘme chose. Il ne faudrait pas penser que l’affaire est dans le sac, loin de lĂ . Cela dit, je prĂ©fĂšre avoir eu de bons rĂ©sultats aux Ă©lections de juin plutĂŽt que d’y avoir laissĂ© des plumes, je peux vous l’avouer. Ça montre qu’il n’y a pas un rejet de notre action. Et ça, c’est trĂšs important.

Les rĂ©sultats des communales montrent que le morcellement du paysage politique luxembourgeois se poursuit. Que pensez-vous de ce phĂ©nomĂšne et est-il de nature Ă  compliquer la formation et le fonctionnement d’un gouvernement ? Le paysage politique se fractionne. Pendant trĂšs longtemps, nous n’avons eu que quatre ou cinq partis au Parlement. Pour cette Ă©lection, on dĂ©nombre 12 listes en prĂ©sence. Cela montre, et c’est important, que la dĂ©mocratie fonctionne. Mais cela entraĂźne aussi le fait que les alliances deviennent plus compliquĂ©es Ă  former. Le temps des alliances Ă  deux semble rĂ©volu. Il me semble qu’il sera plus difficile Ă  l’avenir d’avoir des coalitions limitĂ©es Ă  deux partenaires.

Une coalition Ă  trois est-elle plus compliquĂ©e Ă  faire marcher qu’une coalition Ă  deux, selon vous ? Non. Ce qui est important dans le fonctionnement d’une coalition, quel que soit le nombre de participants, c’est la facultĂ© Ă  trouver des compromis. Attention, compromis ne veut pas dire reniement.

Je ne vais pas jouer les divas : rester Premier ministre serait pour moi un honneur. Mais le plus important, c’est le programme. Le chĂŽmage augmente, la compĂ©titivitĂ© reste une prĂ©occupation constante. Nous avons des propositions et nous sommes prĂȘts Ă  nous mettre autour d’une table pour en discuter. Notre culture du compromis politique est une force pour le pays. Regardez les tripartites : malgrĂ© les intĂ©rĂȘts divergents de chacun, tout le monde travaille pour essayer de trouver la bonne solution.

Portrait GUY WOLFF
C’est le favori des sondages. DĂ©but juillet, 32 % des personnes consultĂ©es par le Politmonitor voulaient le voir rempiler dans son rĂŽle de Premier ministre. Ces souhaits se convertirontils en votes ?
OCTOBRE 2023 7
Conversation Xavier Bettel (DP)

Tous les cinq ans, soit durant la campagne, soit au moment d’interprĂ©ter les rĂ©sultats, la question de la circonscription unique revient sur le tapis. Quelle est votre position sur le sujet ?

Sur le principe, je n’y suis pas opposĂ© et c’est un sujet que l’on pourra aborder. Mais avec une rĂ©serve : je ne voudrais pas avoir une Chambre oĂč le centre est surreprĂ©sentĂ© par rapport aux autres rĂ©gions.

Quel bilan tirez-vous de la derniĂšre lĂ©gislature ?

Ce n’est pas Ă  moi de juger de mes rĂ©ussites ou de mes Ă©checs. Les Ă©lecteurs sont lĂ  pour ça.

Que voudriez-vous alors que l’on retienne de ces cinq derniĂšres annĂ©es ?

D’abord, et cela a Ă©tĂ© trĂšs compliquĂ©, que l’on a su trouver, durant la pĂ©riode du Covid, le juste Ă©quilibre entre restrictions sanitaires et libertĂ©s individuelles. Si l’on compare avec ce qui s’est passĂ© autour de nous, le Luxembourg est le pays qui a rĂ©ussi Ă  imposer le minimum de restrictions aux libertĂ©s tout en rĂ©ussissant Ă  contenir la pandĂ©mie. Il y a eu, durant cette pĂ©riode, des moments trĂšs durs. Comme de dire aux familles qu’elles ne pourraient pas se rĂ©unir pour les fĂȘtes de NoĂ«l. Imposer des restrictions aux libertĂ©s, c’est contre-nature pour un libĂ©ral. Il Ă©tait important, Ă  ce moment-lĂ , de ne jamais perdre de vue que la restriction des libertĂ©s doit ĂȘtre l’exception et pas la rĂšgle.

pas un problĂšme de volontĂ© politique, mais une question de marges budgĂ©taires que la situation rendait incertaines. Il ne faut pas oublier que nous avons investi 5 milliards d’euros suite Ă  la pandĂ©mie, puis au choc inflationniste et Ă  la guerre en Ukraine. De l’argent qui ne pouvait pas ĂȘtre investi ailleurs.

Quels seront selon vous les grands thĂšmes de cette campagne ?  Pour moi, ce qui est trĂšs important pour les cinq prochaines annĂ©es, c’est que nous soyons prĂȘts. « Fit », comme on dit en luxembourgeois.

PrĂȘts en termes de compĂ©titivitĂ©. Je prends l’exemple du secteur des fonds d’investissement : Dublin risque de devenir une place financiĂšre plus attractive que la nĂŽtre. Yuriko Backes, dans son rĂŽle de ministre des Finances, a fait voter le projet de loi 8183, qui s’adapte aux besoins de l’industrie, la boĂźte Ă  outils luxembourgeoise. Une loi trĂšs importante : la place financiĂšre, c’est quand mĂȘme notre vache Ă  lait. Sans elle, on ne pourrait pas financer nos politiques sociales trĂšs gĂ©nĂ©reuses. Il est important de tout faire pour qu’elle reste attractive. De maniĂšre gĂ©nĂ©rale, il est primordial de ne pas conduire une politique qui fasse fuir les investisseurs.

Ensuite, il y a eu la question de la rĂ©forme fiscale. Si je devais exprimer un regret, ce serait celui de n’avoir pas pu mener cette rĂ©forme Ă  bien. Elle n’est pas abandonnĂ©e et une rĂ©forme de la fiscalitĂ© dans le sens d’une meilleure individualisation reste un objectif du parti dĂ©mocrate. Mais la succession de crises ne nous a pas permis d’y aboutir durant cette lĂ©gislature. Ce n’était

PrĂȘts en matiĂšre de fiscalitĂ©. Je l’ai dit : pas question de renoncer Ă  la rĂ©forme fiscale que nous avions a nnoncĂ©e dans notre accord de coalition. Pour moi, il est trĂšs important d’avoir un systĂšme qui ne se base pas sur la situation maritale, comme c’est le cas actuellement au Luxembourg. Ce n’est pas parce que l’on se marie que l’on devrait payer moins d’impĂŽts. Pas plus qu’un divorce ou une situation de veuvage ne devrait faire payer plus d’impĂŽts. Donc, pour moi, l’individualisation est quelque chose de trĂšs important.

PrĂȘts sur le logement. Il faut ĂȘtre prĂȘts Ă  prendre des mesures qui seront peutĂȘtre un peu rĂ©volutionnaires, comme construire plus haut ou mieux interagir

« La place financiĂšre, c’est quand mĂȘme notre vache Ă  lait. »
8 OCTOBRE 2023 Conversation
« La crise climatique n’est pas pour demain, elle est lĂ . »
Xavier Bettel (DP)

avec les communes sans empiĂ©ter sur leurs compĂ©tences. Il faut respecter le principe de l’autonomie communale. La question du logement prĂ©occupe beaucoup les Luxembourgeois. Beaucoup s’inquiĂštent du fait de savoir si leurs enfants auront ou non la possibilitĂ© de se payer un toit.

PrĂȘts face Ă  la crise climatique. La crise climatique n’est pas pour demain, elle est lĂ . Il n’y a qu’à regarder ce qui se passe en Europe et dans le monde : tornades, inondations, intempĂ©ries ou sĂ©cheresses extrĂȘmes, incendies gigantesques
 Je me rappelle que quand j’étais jeune, je regardais ça Ă  la tĂ©lĂ©vision. Cela se passait au Chili, en Chine
 Aujourd’hui, cela se passe ici. Nous devons opĂ©rer une rĂ©volution dans ce pays en faveur des Ă©nergies renouvelables. Regardez le photovoltaĂŻque : c’est plutĂŽt l’exception alors que cela devrait ĂȘtre la rĂšgle, et le non-photovoltaĂŻque devrait ĂȘtre l’exception.

Il y a Ă©normĂ©ment de choses que nous pouvons faire. Notamment consommer moins. Les derniers mois ont prouvĂ© que c’était possible.

Globalement, l’énergie est un grand challenge. La guerre en Ukraine nous a fait prendre conscience de deux choses : que l’on Ă©tait Ă  la fois tributaires des Ă©nergies et de la Russie ! Aujourd’hui, nous ne devons dĂ©pendre ni de l’un ni de l’autre. Il faut que l’énergie renouvelable soit encore plus dĂ©veloppĂ©e au Luxembourg. C’est difficile, mais

Mots-clés

Fracture sociale

Elle existe. Il y en a plusieurs et elles ne sont pas que pĂ©cuniaires. Il y a celle entre les Luxembourgeois et les non-Luxembourgeois au niveau de la participation Ă  la chose politique. Il existe aussi une fracture liĂ©e Ă  l’ñge. Une fracture aggravĂ©e par la technologie, que peinent Ă  maĂźtriser les personnes ĂągĂ©es. Et il y a une fracture dans l’accĂšs au logement sur laquelle il va falloir fortement s’engager. Mais quand je vois ce qui se passe Ă  l’étranger, oĂč les extrĂȘmes capitalisent sur ces fractures, je me dis que la cohĂ©sion sociale fonctionne au Luxembourg

Place financiĂšre

Vache Ă  lait pour ce pays. Il faut la soutenir. Elle s’est Ă©normĂ©ment transformĂ©e ces 10 derniĂšres annĂ©es. Nous avons vĂ©cu des situations qui n’étaient pas faciles. C’est aussi une industrie dont la rĂ©ussite suscite des jalousies, et donc des attaques injustifiĂ©es. Le Gafi vient de confirmer que nous Ă©tions une Place vertueuse. Ce n’est pas parce que la France ou l’Italie produisent autant de bouteilles de vin que leurs rĂ©sidents sont tous alcooliques
 Ils exportent aussi.

Finances publiques

Ukraine

Une agression injustifiĂ©e et contraire au droit international de la part de la Russie. Au dĂ©but, j’ai essayĂ© d’instaurer un dialogue entre les deux parties, mais j’ai vite arrĂȘtĂ© lorsque j’ai vu qu’il n’y avait aucune volontĂ© de paix de la part des Russes. Aujourd’hui, l’Europe est unie et solidaire et il faut que cela dure. Pour moi, le plus grand risque est de revenir Ă  un monde bipolaire opposant la Russie et les États-Unis. Et il ne faut pas pousser la Chine dans les bras des Russes, ce serait une erreur. Il faut essayer de travailler tous ensemble. Je suis celui qui veut faire des ponts, pas des murs.

Intelligence artificielle

Un challenge Ă©norme avec beaucoup d’opportunitĂ©s. Cela va influencer beaucoup de choses pour l’avenir. Il faut s’y prĂ©parer. Il va falloir se rĂ©inventer, parce que certains mĂ©tiers risquent, pas forcĂ©ment de disparaĂźtre, mais de voir leur importance rĂ©duite. Il y aura toujours du travail, mais il va changer. L’arrivĂ©e de la Ford T a transformĂ© le mĂ©canisme de production des voitures. C’était la rĂ©volution industrielle. Aujourd’hui, on en vit une nouvelle avec le digital et l’IA.

on arrive toujours Ă  produire diffĂ©remment. Regardez le glyphosate. Et mĂȘme s’il y a eu rĂ©cemment un revirement judiciaire, on a prouvĂ© que l’on pouvait faire diffĂ©remment. C’est pareil pour les sacs plastiques. Lorsqu’on a annoncĂ© que l’on n’en distribuerait plus, les gens hurlaient, tout le monde disait que c’était impossible. Aujourd’hui, ce n’est plus un sujet. C’est une question d’éducation et de motivation. Fit aussi au niveau de la flexibilitĂ© du temps de travail. Je ne pense pas que les gens demandent une

Il faut les garder Ă  l’équilibre. Il Ă©tait important pour moi de respecter la limite des 30 % d’endettement fixĂ©e lors du dernier accord de coalition. AprĂšs, il ne faut pas hĂ©siter Ă  investir. Si nous n’avions pas dĂ©bloquĂ© 5 milliards pour faire face au Covid, puis Ă  la crise Ă©nergĂ©tique, la situation serait aujourd’hui bien plus mauvaise

Ce qu’il ne faudra jamais perdre de vue, c’est que le digital doit ĂȘtre au service de l’Homme et pas l’inverse. Je suis pour une rĂ©gulation si elle se fait au niveau mondial. Si nous faisons quelque chose juste entre EuropĂ©ens, nous serons dĂ©passĂ©s par les États-Unis ou par l’Asie. Et il ne faudra pas oublier le client, qui est demandeur. Est-ce juste qu’un gouvernement veuille rĂ©guler quelque chose que le client voudrait avoir ? Il y aura un juste milieu Ă  trouver.

10 OCTOBRE 2023
« Voter Bettel, ce n’est pas ouvrir une pochette-surprise. »

INVESTISSEZ AVEC UN COMPTE BANCAIRE MULTI-ACTIFS

swissquote.lu Les investissements comportent divers degrĂ©s de risque. Les rĂšgles de protection des consommateurs peuvent ne pas s’appliquer aux actifs numĂ©riques. Swissquote Bank Europe SA - RCS B78729. Banque supervisĂ©e au Luxembourg par la CSSF.

rĂ©duction du temps de travail. Ils veulent de la flexibilitĂ©. Et c’est au niveau des entreprises que cela doit se nĂ©gocier.

Cela fait beaucoup de sujets sur lesquels nous ne promettrons pas des choses que nous n’arriverons pas Ă  faire. Nous essayerons d’accomplir le maximum avec le ou les partenaires de coalition. Mon but, c’est d’ĂȘtre dans une coalition avec laquelle j’arriverai Ă  rĂ©aliser le plus de propositions de mon programme. Je ne suis mariĂ© Ă  personne, Ă  part mon mari.

Les milieux Ă©conomiques et financiers se plaignent d’une perte d’attractivitĂ© et de compĂ©titivitĂ© du pays. Partagez-vous ce constat ?

C’est une question qui appelle plusieurs rĂ©ponses. Le premier point, c’est que l’on a trop tendance Ă  penser que l’attractivitĂ©, c’est juste l’imposition. Cela en fait partie, mais on ne peut aborder cette problĂ©matique sous ce seul angle. Bien sĂ»r, les entreprises ne vont pas venir s’installer dans un pays oĂč elles savent qu’il y a une imposition moins favorable que dans d’autres pays. Mais il y a au Luxembourg une paix sociale

possibilitĂ© d’avoir une Ă©ducation pour son enfant quand on arrive quelque part, est Ă©galement un argument fort. Le logement, par contre, est actuellement un frein Ă  l’installation et au dĂ©veloppement des sociĂ©tĂ©s. Pourquoi ne pas proposer Ă  certaines de construire des logements avec des incitants fiscaux pour leurs personnels ? Vous voyez, il y a toujours des choses qui peuvent ĂȘtre faites et on arrive toujours Ă  trouver des solutions.

C’est le cas pour la mobilitĂ©. La mobilitĂ© est une composante-clĂ© de l’attractivitĂ©. La gratuitĂ© des transports a Ă©tĂ© une bonne chose, mais il faut continuer Ă  investir. Nous sommes le pays d’Europe qui investit le plus dans le rail. Et s’il faut dĂ©velopper les transports en commun, il ne faut pas bannir la voiture. Tout le monde ne peut pas prendre les transports en commun, notamment pour des raisons d’horaires ou d’accessibilitĂ©.

Un projet de mobilitĂ© ne doit pas se rĂ©sumer Ă  n’ĂȘtre qu’un projet de rĂ©duction de l’immobilitĂ©. On doit penser fluiditĂ©. C’est pour cela que je suis favorable au dĂ©veloppement d’espaces de coworking aux frontiĂšres.

Si vous accĂ©diez aux affaires une troisiĂšme fois, quelles seraient pour vous les mesures Ă  prendre dans les 100 premiers jours ?

que l’on ne retrouve pas partout actuellement. C’est un argument fort en matiĂšre d’attractivitĂ©. Il y en a d’autres. Nous avons rĂ©cemment modifiĂ© la loi afin de permettre que le conjoint d’un ressortissant non communautaire qui travaille dĂ©jĂ  ici puisse Ă©galement exercer une activitĂ© professionnelle. Ça a l’air bĂȘte, mais cela fait partie des critĂšres que l’on examine lorsqu’on vous propose un poste au Luxembourg, de voir si votre Ă©pouse ou votre Ă©poux peut Ă©galement avoir un travail. L’école internationale et l’école europĂ©enne gratuite, c’est-Ă -dire la

Il faut agir vite en matiĂšre de logement et de climat. Pour ce qui est de la rĂ©forme de l’imposition, je pense qu’il faudra agir au fur et Ă  mesure, par Ă©tapes s’il le faut, sans jamais perdre de vue la marge budgĂ©taire. Quand je vois ceux qui veulent rĂ©duire les impĂŽts pour tout le monde et tout de suite, c’est la foire Ă  la promesse
 Je suis quand mĂȘme un libĂ©ral, donc je sais qu’on ne peut dĂ©penser que ce que l’on rentre, et qu’il faut rentrer pour dĂ©penser. Je ne vais pas faire une rĂ©forme en faisant un emprunt que les gĂ©nĂ©rations futures

« Ce n’est pas parce que l’on se marie que l’on devrait payer moins d’impĂŽts. »
12 OCTOBRE 2023 Conversation Xavier Bettel (DP)
« Nous devons opĂ©rer une rĂ©volution dans ce pays en faveur des Ă©nergies renouvelables. »

Elle s’engage pour l’égalitĂ© des chances. En scannant le QR Code, dĂ©couvrez pourquoi ce sujet est important pour Marianne.

Le service pour aller plus loin

Notre service : par passion, pour nos clients. Ce qui nous intĂ©resse, c'est ce qui motive nos clients ! Nous voulons savoir ce qui les fait avancer, afin de leur offrir le service qui correspond Ă  leur vie. Nous misons sur des relations durables, honnĂȘtes et transparentes. Bien plus que de mobilitĂ©, il s’agit aussi de se faire confiance. C’est la raison pour laquelle nous sommes toujours Ă  l’écoute de nos clients.

Garage Losch Bech-Kleinmacher | Garage M. Losch – Bereldange | Garage Marc Winandy – Bettembourg | Garage Roby Cruciani – Dudelange | Garage Kruft – Echternach | Garage Martin Losch – Esch-sur-Alzette Garage AndrĂ© Losch – Porsche Zenter LĂ«tzebuerg – Howald | Garage Pepin – Ingeldorf | Garage Losch & Cie – Junglinster | Garage Serge Tewes – Leudelange | Garage M. Losch – Luxembourg – Bonnevoie Garage M. Losch – Bentley Luxembourg – Gasperich | Garage Losch Truck, Van & Bus – Niederanven | Garage Castermans – Redange-sur-Attert | Garage M. Losch – Lamborghini Luxembourg Garage AndrĂ© Losch – Porsche Zenter Roost | Garage Claren & Cie – Roost | Garage Castermans – Rollingen / Mersch | Garage Kieffer – Steinfort | Garage A. Pauly Losch – Strassen | Garage Martin Biver – Weidingen
Marianne Welter

« Mon ambition est de rester Premier ministre. »

devront rembourser. Il est important d’avoir plus d’égalitĂ© dans l’imposition dans ce pays. C’est quelque chose qui est faisable par Ă©tapes et qui sera fait.

Pouvez-vous rĂ©sumer votre programme en deux mots ? Ambitieux, mais rĂ©aliste.

Vous avez dĂ©clarĂ© plusieurs fois ĂȘtre prĂȘt Ă  prendre de nouveau des responsabilitĂ©s gouvernementales. Quelles sont pour vous les lignes rouges non nĂ©gociables dans un accord de coalition ? DĂ©jĂ , de remonter l’horloge. Faire marche arriĂšre au niveau de la politique familiale ou, plus largement, des questions de sociĂ©tĂ©, je n’y arriverais pas. Je prendrais l’exemple du CSV qui, au niveau de la politique de la famille, veut inciter les femmes Ă  s’occuper des enfants Ă  la maison. J’ai fait beaucoup de mariages, donc je sais que quand tout va bien, tout va bien. Mais j’ai fait aussi beaucoup de divorces en tant qu’avocat et je peux vous dire que le plus faible, c’est celui qui s’occupait des enfants Ă  la maison. Faire une politique oĂč l’on dit que la femme doit retourner derriĂšre les fourneaux, ce ne sera pas avec moi.

Évolution

du nombre

insurmontable. Enfin, travailler avec l’ADR, ou avec dĂ©i LĂ©nk, est totalement exclu.

Dans un prochain gouvernement, pourriez-vous accepter autre chose que le poste de Premier ministre ? Oui. Moi, ce que je veux, c’est faire une politique avec laquelle je puisse m’identifier. Le titre n’est pas ce qui est important. Mais l’ambition est quand mĂȘme de rester Premier ministre.

Viseriez-vous un ressort plus qu’un autre ? Je ne me suis mĂȘme pas encore posĂ© la question.

de

siÚges du DP à la Chambre des députés

Le grand danger pour le DP reste l’usure du pouvoir. AprĂšs cinq annĂ©es au pouvoir, le parti avait perdu un siĂšge, mais conservĂ© son leadership sur la coalition. En sera-t-il de mĂȘme en 2023 ?

Je pense aussi Ă  la FĂȘte nationale, que l’on fĂȘte maintenant Ă  la Philharmonie comme une cĂ©rĂ©monie civile. En 2014, la premiĂšre annĂ©e oĂč elle s’est tenue lĂ , des Ă©lus du CSV m’ont pris Ă  partie et accusĂ© de dĂ©truire le Te Deum. À l’époque, c’était le gouvernement qui invitait les participants Ă  la cĂ©lĂ©bration de la FĂȘte nationale Ă  la cathĂ©drale. Pour moi, c’est Ă  l’archevĂȘque qu’il revient d’inviter les gens Ă  la cathĂ©drale, pas au Premier ministre ou au gouvernement. Pas question pour moi de m’allier avec des gens qui voudraient remonter le temps et revenir sur le caractĂšre dĂ©sormais civil de la cĂ©rĂ©monie. Par contre, d’un point de vue Ă©conomique, fiscal, et aussi sur certaines questions au niveau de la santĂ©, je me sens proche des positions du parti chrĂ©tien social. Si, pour les socialistes, le programme se rĂ©sume Ă  rĂ©duire le temps de travail et Ă  augmenter les impĂŽts, je n’y arriverai pas non plus. Mais je suis proche d’eux sur les questions de sociĂ©tĂ©. Concernant les Ă©cologistes, je n’ai encore rien vu dans leur programme qui soit pour moi

Une derniĂšre question un peu plus personnelle : pour vous, qu’est-ce que l’accomplissement en politique ? Les Ă©lections sont un accomplissement parce que c’est la prĂ©sentation du bilan. Et donc les gens peuvent dire stop ou encore. Donc, si j’ai la chance de pouvoir continuer, c’est que j’aurai accompli une mission. Mais, moi, je ne me juge pas. Pendant le Covid, je me rappelle que j’étais vraiment en minoritĂ©, et partout. Que ce soit au niveau de la coalition ou de l’opposition, particuliĂšrement le CSV. Tous me mettaient la pression pour suspendre les rĂšgles sanitaires pour NoĂ«l. Et j’ai longuement discutĂ© de ce sujet, Ă©galement Ă  la maison avec mon mari, et il m’a demandĂ© comment expliquer que 364 jours dans l’annĂ©e, le virus soit lĂ , et que le 25 dĂ©cembre, il ait disparu. NoĂ«l est une fĂȘte familiale oĂč toutes les gĂ©nĂ©rations se retrouvent. Y compris les plus fragiles face Ă  la maladie. C’était, de plus, Ă  un moment oĂč les hĂŽpitaux Ă©taient remplis. Cela a Ă©tĂ© trĂšs dur, je me suis retrouvĂ© trĂšs isolĂ©, mais j’en ai fait une question de principe. Et les pics Ă©pidĂ©miques observĂ©s aprĂšs les fĂȘtes dans des pays plus « laxistes », comme le Portugal ou l’Irlande, m’ont confortĂ© dans mes choix. Et ainsi, avec une Ă©pidĂ©mie mieux contenue, nous avons pu rouvrir les restaurants plus tĂŽt.

Je ne rentre pas le soir en me disant « mission accomplie ». Ce qui est important pour moi, c’est d’avoir une ligne et de la garder.

Cette interview a été réalisée le 24 juillet 2023.
1999 15 10 9 13 12 ? 2004 2009 2013 2018 2023 14 OCTOBRE 2023
Conversation Xavier Bettel (DP)

« PrĂ©parer l’avenir   du Luxembourg

ne laisser   personne de cĂŽté »

Paulette Lenert (LSAP)
et

tĂȘte de liste nationale. Comment vivez-vous cette expĂ©rience ?

Ce n’est pas pour moi une expĂ©rience particuliĂšre. C’est un projet professionnel ambitieux. J’aborde les choses comme des projets, c’est ma maniĂšre de travailler. Cela me fait du bien de m’investir dans des projets qui vont au-delĂ  de ceux liĂ©s Ă  ma fonction de ministre. Et, pour l’instant, ça se passe bien. En attendant la rentrĂ©e de septembre qui verra l’ambiance Ă©lectorale s’intensifier, je regarde les idĂ©es mises sur le tapis par les uns et les autres. Des idĂ©es que je trouve souvent intĂ©ressantes et qui mĂ©ritent d’ĂȘtre dĂ©battues.

Interview MARC FASSONE Comment abordez-vous l’échĂ©ance Ă©lectorale de ce 8 octobre ?

De maniĂšre pragmatique. Nous avons un beau projet Ă  dĂ©fendre et je me prĂ©pare Ă  cela. Ma nomination en tant que tĂȘte de liste a Ă©tĂ© la premiĂšre Ă©tape de cette campagne qui sera intense.

Mais ce n’est pas parce que je conduis depuis juillet le LSAP Ă  la bataille que je vais nĂ©gliger le ministĂšre de la SantĂ©. Il y a encore Ă©normĂ©ment de travail Ă  faire. La pandĂ©mie a interrompu le cours normal des choses et retardĂ© beaucoup de dossiers. Je veux – c’est dans mon caractĂšre – clĂŽturer un maximum de dossiers, parce qu’on ne sait pas ce qui se passera aprĂšs le 8 octobre. Il y a encore deux ou trois projets de loi que j’aimerais voir aboutir, comme la loi pandĂ©mie. Le projet a Ă©tĂ© annoncĂ© et on y travaille, mais je ne suis pas sĂ»re que l’on puisse clĂŽturer la procĂ©dure avant le changement de lĂ©gislature. J’espĂšre nĂ©anmoins avoir un texte Ă  prĂ©senter en conseil de gouvernement en septembre. Nous travaillons Ă©galement sur un cadre lĂ©gal pour la production de cannabis mĂ©dicinal. C’est un projet qui me tient Ă  cƓur. Et, idĂ©alement, il y aurait encore quelques actions Ă  mener au niveau du Plan national santĂ© (PNS) qui vient d’ĂȘtre relancĂ©. Je suis consciente qu’il ne reste pas beaucoup de temps, mais j’aimerais bien finir cela.

C’est la premiĂšre fois que vous ĂȘtes candidate aux Ă©lections et, en plus,

Parmi les sujets Ă©voquĂ©s par les candidats, on en note un qui fait des adeptes, particuliĂšrement dans les partis d’opposition. C’est celui de l’accessibilitĂ© des soins de santĂ©. Est-ce vraiment un sujet politique ou pensez-vous que c’est un peu une façon de vous cibler ?  Je pense qu’il y a un peu des deux. Qu’il y ait des tensions sur le systĂšme de santĂ©, c’est indĂ©niable. Mais les parties prenantes Ă  cette discussion oublient que le pays a connu une croissance Ă©norme. L’objectif des 700.000 rĂ©sidents a Ă©tĂ© atteint deux fois plus rapidement que prĂ©vu et le systĂšme mĂ©dical doit s’adapter. Tout comme le systĂšme scolaire ou le logement. C’est un vrai dĂ©fi.

Maintenant, comparĂ© aux autres pays, le systĂšme de santĂ© du Luxembourg se porte bien. Il suffit de lire la presse allemande, française ou belge pour s’en convaincre. Dans ces pays et partout en Europe, les systĂšmes de santĂ© sont mis Ă  l’épreuve. Et, objectivement parlant, je pense que le Luxembourg se montre trĂšs rĂ©silient. Ce qui ne veut pas dire qu’il ne faille pas s’adapter aussi Ă  cette pression qui existe.

Je rappelle aussi que le sujet de la santĂ© a Ă©tĂ© « dĂ©couvert » avec la pandĂ©mie. Si l’on revient sur les programmes Ă©lectoraux des partis pour les derniĂšres Ă©lections, on s’aperçoit que c’était loin d’ĂȘtre une prioritĂ© absolue Ă  l’époque
 La coalition a Ă©tĂ© active et on l’oublie trop facilement, je pense. Étienne Schneider (LSAP), mon prĂ©dĂ©cesseur au poste de ministre de la SantĂ©, a investi massivement.

Maintenant, il est vrai que la santé est un sujet émotionnel. Presque tout le

OCTOBRE 2023 17
Son action lors de la pandĂ©mie a fait d’elle la personnalitĂ© politique prĂ©fĂ©rĂ©e des Luxembourgeois. RĂ©vĂ©lation politique de ces derniĂšres annĂ©es, Paulette Lenert incarnera le LSAP pour ces lĂ©gislatives. Avec un programme offensif.

monde connaĂźt quelqu’un qui a une histoire avec le systĂšme, des dĂ©lais d’attente prolongĂ©s ou encore des ratĂ©s administratifs. Enfin, je suis une personnalitĂ© politique qui est passĂ©e de l’ombre Ă  la lumiĂšre trĂšs rapidement. M’attaquer sur mon bilan au ministĂšre est donc une chose aisĂ©e.

Quels enseignements avez-vous tirĂ©s des Ă©lections communales ? Vous sentez-vous renforcĂ©e ou diminuĂ©e au moment d’attaquer les lĂ©gislatives ?

DĂ©jĂ , je pense qu’on ne peut pas tirer des conclusions trop rapides des rĂ©sultats des communales par rapport aux Ă©lections nationales : les contextes sont diffĂ©rents.

Cela dit, nous sommes satisfaits de nos rĂ©sultats. Nous sommes partis Ă  la bataille avec moins de candidats que lors des Ă©lections prĂ©cĂ©dentes et nous n’avons pas chutĂ© proportionnellement en nombre d’élus. Ce que je trouve de trĂšs positif, et j’ai eu l’occasion de le dire au CongrĂšs, c’est que nous avons beaucoup de nouveaux adhĂ©rents et de primo-candidats qui ont Ă©tĂ© bien Ă©lus, surtout des jeunes. Cela me donne un sentiment de rĂ©confort de voir que cette nouvelle dynamique au sein du parti semble prendre.

C’est une bonne base pour nous, parce que nous misons beaucoup sur le renouveau. Et cela semble marcher.

Sur la question de savoir si cela peut poser des problĂšmes pour constituer une coalition stable, franchement, je ne le crois pas. Je pense que les partis du centre de l’échiquier politique vont rester stables et permettre l’émergence d’un gouvernement stable. Cela dit, la probabilitĂ© d’avoir une coalition Ă  deux n’est plus la mĂȘme qu’avant.

Est-ce plus difficile de faire vivre une coalition à trois par rapport à une coalition à deux ?

MalgrĂ© toutes les critiques que l’on entend actuellement, j’ai beaucoup aimĂ© la maniĂšre dont cette coalition s’est comportĂ©e et a fonctionnĂ©. Nous avons formĂ© une bonne Ă©quipe, une Ă©quipe trĂšs dynamique. On l’a vu au travers des diffĂ©rentes crises traversĂ©es : nous avons vraiment rĂ©ussi Ă  travailler ensemble rapidement et de maniĂšre trĂšs pragmatique. Pour moi, c’est l’essence mĂȘme de la dĂ©mocratie d’avoir en prĂ©sence plusieurs points de vue et de chercher un compromis. La dĂ©mocratie, c’est le dialogue, le dĂ©bat politique
 Être trois a permis de confronter les points de vue et de trouver les bonnes solutions de maniĂšre pragmatique. En pleine crise, chacun mettait ses idĂ©es et sa sensibilitĂ© sur la table et nous cherchions Ă  trouver des compromis. Au final, ce n’est pas plus compliquĂ© que dans une coalition Ă  deux
 Mais c’est aussi une question de personnes.

Les communales ont confirmĂ© la tendance au morcellement de la vie politique luxembourgeoise. Qu’est-ce que ce phĂ©nomĂšne pose comme dĂ©fis aux traditionnels partis de gouvernement comme le vĂŽtre ? C’est un grand dĂ©fi. Jouer sur les Ă©motions permet aux partis populistes de prospĂ©rer. La situation de polycrise que nous avons vĂ©cue ces derniĂšres annĂ©es se prĂȘte malheureusement Ă  cela. J’espĂšre que nous allons rĂ©ussir Ă  freiner cette tendance.

Quel bilan tirez-vous de la derniĂšre lĂ©gislature et de votre participation au gouvernement ? Un bon bilan. J’estime que ce gouvernement a rĂ©ussi Ă  travailler ensemble, ce qui n’est pas Ă©vident face Ă  toutes ces crises passĂ©es. La force de ce gouvernement est d’avoir rĂ©ussi, malgrĂ© l’enchaĂźnement de crises et face Ă  une pression constante, Ă  rester pragmatique et Ă  bien travailler ensemble. Nous ne nous sommes pas perdus dans des conflits inutiles et stĂ©riles. Sur le fond, l’équitĂ© sociale est restĂ©e au centre de nos prĂ©occupations et de notre action.

18 OCTOBRE 2023 Conversation
(LSAP)
Paulette Lenert
« Pour moi, il est trĂšs important de rester une terre d’accueil, une terre d’intĂ©gration. »
« L’un des principaux facteurs de cette perte d’attractivitĂ© est, selon moi, le logement. »

LUXEMBOURG

Avec vous au quotidien ! - depuis

1996 -

3 magasins

Auchan s’est implantĂ© au Luxembourg avec son hypermarchĂ© dans le quartier des affaires Ă  Kirchberg en 1996, puis, en 2017 un nouveau format de supermarchĂ© voit le jour Ă  Differdange, dans le Sud-Ouest du pays. En 2019, Auchan participe au dĂ©veloppement du quartier de Gasperich en ouvrant le premier Lifestore de la marque dans le centre commercial de La Cloche d’Or.

4 points de retrait

Depuis plus de 10 ans, Auchan vous propose son service Drive qui vous permet de rĂ©cupĂ©rer vos courses en moins de 5 minutes sur l’un de nos 4 points de retrait : Foetz, Bertrange, Munsbach et La Cloche d’Or. Depuis 2019, vous pouvez Ă©galement opter pour la livraison : Ă  domicile ou au bureau !

15 shops

Auchan a bĂąti un partenariat avec Aral, leader du marchĂ© des stations services au Luxembourg, pour vous offrir une nouvelle solution de courses proche de vous. L’intĂ©rieur des stations s’est transformĂ© en vĂ©ritable commerce de proximitĂ©. Vous y retrouvez une large gamme de produits alimentaires et non alimentaires, en passant par le bio, le local, le frais et les marques Auchan.

Des équipes passionnées et des services adaptés !

Chez Auchan, l’expĂ©rience client est au cƓur de nos prĂ©occupations. Nos collaborateurs sont experts dans leur domaine et Ɠuvrent au quotidien pour sĂ©lectionner les meilleurs produits. ProïŹtez Ă©galement d’un programme de ïŹdĂ©litĂ© avantageux ainsi que de nombreux services pour vous simpliïŹer les courses.

27 ans, et toujours Auchan !

www.auchan.lu

Conversation Paulette Lenert (LSAP)

Nous avons rĂ©ussi Ă  articuler la gestion des crises avec l’équitĂ© sociale. Par exemple, nous avons pris des mesures Ă  la fois gĂ©nĂ©rales pour freiner l’inflation, mais aussi trĂšs ciblĂ©es pour les personnes qui Ă©taient moins bien loties.

Quelles sont, selon vous, les principales rĂ©ussites du gouvernement ?

Le plus grand succĂšs, c’est d’avoir su gĂ©rer les diffĂ©rentes crises que nous avons traversĂ©es. Depuis que je suis au gouvernement, je n’ai vĂ©cu que des crises
 Face Ă  la pandĂ©mie, il a fallu porter atteinte Ă  des libertĂ©s fondamentales et sensibles pour la population. C’étaient des dĂ©cisions vraiment difficiles Ă  prendre. Nous avons su ĂȘtre solidaires et assumer tous ensemble ce que nous avions dĂ©cidĂ©.

Je pense ensuite aux réformes menées par Taina Bofferding (LSAP) en matiÚre de taxation du foncier. Certes, ces lois ne sont pas votées, mais elles ont été déposées.

Un projet qui me rend trĂšs fiĂšre est la gratuitĂ© des transports publics. C’est quelque chose dont on parle partout dans le monde, qui marque l’image du pays. Quand on voyage Ă  l’étranger, on ne sait plus comment prendre un ticket
 Cela ne va pas changer la donne en matiĂšre d’attractivitĂ© du pays, mais c’est un petit facteur agrĂ©able. Enfin, personnellement, le modĂšle des Ă©coles europĂ©ennes publiques est quelque chose que j’aime beaucoup. Avant, les Ă©coles internationales Ă©taient le privilĂšge de certains. Ce n’était pas la vision que j’avais de mon pays. C’est ce gouvernement qui les a poussĂ©es, et maintenant que le modĂšle public a pris son essor, j’aimerais les voir se rapprocher du systĂšme luxembourgeois.

Et quels sont vos principaux regrets ?

Mon principal regret est que nous n’ayons pas pu aborder le sujet de la rĂ©forme fiscale. Le parti Ă©tait prĂȘt Ă  assumer cette rĂ©forme et j’aurais aimĂ© avoir un texte sur la table. La succession de crises que nous avons essuyĂ©es n’a pas permis de mener ce projet Ă  bien.

Pour les partis d’opposition, cette rĂ©forme n’a pas abouti parce que les partis au gouvernement Ă©taient incapables de se mettre d’accord.

Mots-clés

Femme PremiĂšre ministre

Ce serait une premiĂšre au Luxembourg et un beau dĂ©fi d’assurer ce rĂŽle.

Place financiĂšre

TrĂšs importante. C’est la branche sur laquelle nous vivons. Il est important qu’elle reste attractive. La Place a toujours Ă©tĂ© pionniĂšre et il faut qu’elle le reste. Il y a beaucoup d’opportunitĂ©s dans la finance durable et Ă©quitable. Il faut rester pragmatique, agile, anticiper et rester attractif.

Risque climatique

C’est quelque chose de sous-estimĂ© qui survient plus rapidement que prĂ©vu. C’est un vrai changement de paradigme qui est nĂ©cessaire et qui sera politiquement difficile Ă  assumer. La critique qui consiste Ă  dire que le Luxembourg est trop petit pour avoir un impact est facile
 Il faut donner l’exemple et s’inscrire rĂ©solument dans une politique pour les Ă©nergies renouvelables, ainsi que soutenir les particuliers et les entreprises dans cette transition. Il y aura un retour sur investissement.

Guerre en Ukraine

Un drame qui, j’espĂšre, fera bientĂŽt partie du passĂ©. Cette guerre a secouĂ© les Ă©conomies europĂ©ennes et nous a fait prendre conscience de la nĂ©cessitĂ© d’ĂȘtre plus autonome, que ce soit dans les secteurs de l’énergie, de l’industrie et de la sĂ©curitĂ© alimentaire. Tout comme la pandĂ©mie a pu le faire en son temps.

Intelligence artificielle

Je vois cela comme une opportunitĂ©. C’est quelque chose qui arrive trĂšs rapidement et qu’il faut rĂ©guler tout aussi rapidement. Une des prioritĂ©s serait de rendre visibles les interventions de l’IA. Ce serait le premier pas Ă  faire avant d’envisager une rĂ©glementation globale pour utiliser cette technologie au mieux et Ă©viter les abus. L’IA est pour moi une rĂ©volution encore plus dĂ©cisive que la rĂ©volution industrielle. Il faut mettre en place une vĂ©ritable stratĂ©gie pour son utilisation.

Le futur du travail

Il va ĂȘtre bouleversĂ© par l’intelligence artificielle. L’IA va changer la donne pour beaucoup de mĂ©tiers. Il faut dĂšs aujourd’hui connaĂźtre les compĂ©tences des gens pour les comparer aux besoins des mĂ©tiers de demain. Il faudra accorder une place importante Ă  la formation continue. Le travail va changer et on doit garder les gens en place. On ne pourra pas les remplacer, il faudra les former.

20 OCTOBRE 2023

PLONGEZ DÈS AUJOURD’HUI DANS L’AVENIR ÉLECTRIQUE.

Électrisez vos sens avec les innovations technologiques de notre gamme 100 % Ă©lectrique, disponible immĂ©diatement. Rendez-vous chez votre Concessionnaire Agréé Mercedes-Benz lors de la Foire d’Automne du 22 au 24 septembre ou sur mercedes-benz.lu.

15,4 - 25,6 kWh/100 KM ‱ 0 G/KM CO₂ (WLTP).

Quelle est votre position sur cette affirmation ?

Le dĂ©saccord ne portait pas sur le fond, il portait sur le timing. Dans ce contexte de polycrise, il Ă©tait difficile d’apprĂ©cier la marge de manƓuvre budgĂ©taire dont nous disposions. J’aurais quand mĂȘme aimĂ© que, mĂȘme si nous ne dĂ©posions pas de projet, nous travaillions sur le fond pour dĂ©gager une idĂ©e commune. Je garde nĂ©anmoins l’espoir que nous trouvions un accord.

Quels seront pour vous les mots-clĂ©s de cette campagne ?

Le logement, la rĂ©duction de la pauvretĂ© et l’attractivitĂ©. La crise du logement n’est pas un ressenti, une abstraction. MĂȘme si beaucoup de Luxembourgeois sont propriĂ©taires, ils ont trĂšs souvent des prĂȘts importants en cours. La hausse massive et rapide des taux d’intĂ©rĂȘt a changĂ© la donne sur le marchĂ©. Il y a beaucoup de craintes chez les Luxembourgeois. Certains sont mĂȘme tĂ©tanisĂ©s. Les gens sont en attente de perspectives et de solutions. Le nouveau gouvernement, Ă  peine Ă©lu, devra mener une vĂ©ritable offensive dans le domaine du logement. Nous sommes en faveur d’un accroissement du parc locatif Ă©tatique public. Il faut investir plus et plus vite.

La hausse de la pauvretĂ© est prĂ©occupante. L’écart entre les revenus va grandissant. C’est une tendance qui s’ancre et qu’il faut briser. Il y a un risque de fracture sociale. Cela a toujours Ă©tĂ© la force du Luxembourg de l’éviter. Nous avons toujours eu une culture du dialogue social, une culture d’intĂ©gration, et il faudra se servir de ces atouts.

En ce qui concerne l’attractivitĂ©, pour moi, il est trĂšs important de rester une terre d’accueil, une terre d’intĂ©gration, avec tout ce que cela comporte. Cela vaut pour les entreprises comme pour les citoyens. Le pays est fortement tributaire de la maind’Ɠuvre Ă©trangĂšre et cela ne va pas changer Ă  court terme, mĂȘme si le monde du travail va Ă©voluer avec la digitalisation. Il est donc important de prĂ©server cette attractivitĂ© pour les entreprises et pour les gens.

Justement, les milieux Ă©conomiques et financiers se plaignent d’une perte d’attractivitĂ© et de compĂ©titivitĂ©

du pays. Partagez-vous ce constat et, dans l’affirmative, quelles mesures devraient ĂȘtre prises, selon vous ? C’est un constat que je partage. L’un des principaux facteurs de cette perte d’attractivitĂ©, selon moi, est le logement. Le logement pĂšse Ă©normĂ©ment dans les dĂ©penses des mĂ©nages. Avec l’essor du tĂ©lĂ©travail, dont l’accĂšs reste limitĂ© pour les frontaliers, et les progrĂšs faits en matiĂšre de mobilitĂ©, le Luxembourg attire moins les navetteurs. Metz, en TGV, est Ă  une heure et demie de Paris. Certains jours, on peut mettre moins de temps pour aller Ă  Paris que pour aller au Luxembourg depuis Metz. L’augmentation du nombre de jours de tĂ©lĂ©travail transfrontalier est un enjeu majeur.

La fiscalitĂ© est-elle, selon vous, un facteur d’attractivitĂ© et de compĂ©titivité ? La fiscalitĂ©, c’est un Ă©lĂ©ment parmi d’autres. Pour moi, tout ce qui est cadre de vie, Ă©quilibre vie privĂ©e-vie professionnelle, compte autant que la fiscalitĂ©. C’est un tout.

J’entends beaucoup dans les communautĂ©s d’expatriĂ©s que les gens, une fois qu’ils sont au Luxembourg, adorent y vivre. Le Grand-DuchĂ© a beaucoup d’attrait. Il faut jouer lĂ -dessus. Si l’on veut attirer des jeunes en Ăąge de travailler au Luxembourg, il faut avoir les bonnes infrastructures scolaires et mĂ©dicales notamment. Car ces jeunes gens vont fonder des familles assez rapidement. J’ouvre d’ailleurs une parenthĂšse : on entend souvent chez les expatriĂ©s que le systĂšme de santĂ© est excellent au Luxembourg. Je ferme la parenthĂšse.

Quels seront les dossiers chauds pour le prochain gouvernement ?

Et dans l’hypothĂšse oĂč vous seriez reconduite aux affaires, quelles seraient les mesures urgentes Ă  prendre dans les 100 jours ?

J’ai parlĂ© de l’offensive Ă  mener sur le front du logement. Un autre grand chantier Ă  suivre est celui de la simplification administrative, surtout si on raisonne en termes d’attractivitĂ© du pays. Prenons l’exemple d’un hĂŽpital. Pour en construire un, il faut aujourd’hui compter entre 10 et 15 ans

22 OCTOBRE 2023
« Nous sommes totalement opposĂ©s Ă  la privatisation de la santĂ©. »

entre le dĂ©but du projet et sa livraison. C’est beaucoup trop long, compte tenu de notre croissance dĂ©mographique. Il faut rĂ©flĂ©chir aux moyens d’accĂ©lĂ©rer les choses. C’est la force du Luxembourg de pouvoir ĂȘtre trĂšs rapide et pragmatique, et je pense qu’il faut vraiment plancher lĂ -dessus dans les premiers jours pour voir comment accĂ©lĂ©rer ces processus. Enfin, une de nos prioritĂ©s au LSAP est de changer le systĂšme Ă©lectoral pour avoir une circonscription unique. Depuis que je suis en Ăąge de voter, cela m’a toujours dĂ©rangĂ©e d’ĂȘtre limitĂ©e dans mon expression Ă©lectorale Ă  une circonscription. Je me sens Luxembourgeoise. Et EuropĂ©enne. Je vois comme une opportunitĂ© le fait de pouvoir choisir directement les gens que l’on aimerait voir diriger le pays sans passer par le filtre d’une circonscription. Je n’ai jamais raisonnĂ© de maniĂšre rĂ©gionale. Comme ministre de la SantĂ©, je m’occupe autant de l’Est que du Nord, que du Sud et que du Centre. Je n’aimerais pas voir un homme politique n’ĂȘtre lĂ  que pour plaider pour sa circonscription. Quand on est candidat Ă  une Ă©lection nationale, il faut avoir une vision nationale.

Pourriez-vous rĂ©sumer votre programme en deux phrases ?

PrĂ©parer l’avenir du Luxembourg et ne laisser personne de cĂŽtĂ©.

Parlons coalition d’aprĂšs scrutin. Le LSAP est prĂȘt Ă  reprendre des responsabilitĂ©s gouvernementales ?

Quelles sont les lignes rouges non nĂ©gociables dans un accord de coalition ?

DĂ©jĂ , les questions relatives au systĂšme de santĂ© et Ă  sa privatisation. Nous y sommes totalement opposĂ©s. Ce serait une erreur pour le Luxembourg. Tous les pays qui se sont lancĂ©s sur cette voie font marche arriĂšre. Il y a des problĂšmes dans le systĂšme, mais on peut les rĂ©soudre sans remettre en cause ses fondements. L’accĂšs universel est un des beaux projets de ce gouvernement. Nous sommes un des premiers pays Ă  l’avoir instituĂ©. C’est encore un projet pilote, mais on veut l’étendre. Cela a toujours Ă©tĂ© la richesse du pays de ne pas faire de distinction sociale pour l’accĂšs aux soins. C’est

quelque chose de trĂšs important. Ensuite, l’indexation des salaires, bien sĂ»r. Mais ce n’est plus vraiment un sujet politique, plus personne ne la remet en question. Cet acquis social est devenu mainstream . MĂȘme les libĂ©raux disent qu’il ne faut plus y toucher.

RĂ©solument, nous voulons bouger sur le temps de travail. La rĂ©duction du temps de travail est l’avenir. Les Ă©volutions techniques rendent la chose possible. Sur les derniĂšres annĂ©es, les gains de productivitĂ© ont Ă©tĂ© Ă©normes. Pour moi, c’est tout Ă  fait dans l’air du temps de rĂ©flĂ©chir Ă  de nouveaux modes de travail. J’estime qu’il faut repenser le travail de maniĂšre neutre par rapport au mode de vie que l’on peut choisir et chercher Ă  ce que tout le monde bĂ©nĂ©ficie du progrĂšs que nous avons pu connaĂźtre.

Avez-vous des lignes rouges quant aux Ă©ventuels partenaires de coalition ? Avec l’extrĂȘme droite, donc l’ADR, c’est impossible de faire une coalition. Plus globalement, avec tous les partis qui ont une vision trop traditionnelle de la sociĂ©tĂ©. Cela ne pourrait pas marcher pour nous.

Quid des Pirates et de Fokus ?

Évolution du nombre de siùges du LSAP à la Chambre des

députés

Des trois partis du gouvernement, c’est le LSAP qui a perdu le plus de siĂšges en 2018. Le parti espĂšre revenir Ă  sa moyenne historique en nombre de dĂ©putĂ©s.

Ce ne sont pas, selon moi, des partis qui se situent dans les extrĂȘmes. Maintenant, la ligne politique des Pirates est difficile Ă  cerner. On connaĂźt bien Sven Clement, mais ce qu’il y a derriĂšre n’est pas clair pour moi. Je crois qu’il s’agit plus d’un collectif de personnalitĂ©s que l’expression d’un programme politique clair. Avec dĂ©i LĂ©nk, les plus grandes divergences se situent au niveau de la politique Ă©trangĂšre. Mais en ce qui concerne la lutte contre la pauvretĂ©, je suis largement en phase avec eux.

Qu’est-ce que l’accomplissement en politique, selon vous ?  L’accomplissement en politique, c’est, Ă  mes yeux, de pouvoir faire bouger des choses, de rĂ©ussir Ă  faire aboutir des projets et de garder son intĂ©gritĂ©. C’est quelque chose qui m’est trĂšs cher. Abandonner des choses qui ne sont pas finies est pour moi synonyme d’échec.

« La rĂ©duction du temps de travail est l’avenir. »
1999
10 ? 2004 2009 2013 2018 2023 Cette interview a été réalisée le 1er août 2023. 24 OCTOBRE 2023 Conversation
(LSAP)
13 14 1313
Paulette Lenert

La paperasse, ça suffit !

Recevez vos documents CNS sous forme digitale

Profitez des avantages du zéro papier.

scannez le code QR pour accéder aux instructions !

cns.lu

IntĂ©rĂȘts divergents ?

Travaillant au Luxembourg dans le secteur de la finance depuis prĂšs de 20 ans et Ă©tant CEO de Clearstream depuis plus de 8 ans, j’ai eu l’opportunitĂ© d’accumuler les collaborations, tant avec les acteurs du secteur privĂ© qu’avec ceux du secteur public. Bien que fructueuses, celles-ci ont Ă©tĂ© de nature diffĂ©rente et, les annĂ©es passant, j’ai fait deux constats.

Le premier Ă©tant que, bien que par le biais des revenus de l’impĂŽt des sociĂ©tĂ©s et de celui des personnes physiques, le secteur de la finance soit un grand contributeur au budget du pays et, par consĂ©quent, au bien-ĂȘtre national, il ne reçoit pas toujours son quota d’attention et de support. Le second est que l’écart entre le discours des politiques destinĂ© aux votants et celui destinĂ© aux acteurs de la finance s’accroĂźt.

Le secteur de la finance au Luxembourg rayonne Ă  l’international de maniĂšre disproportionnĂ©e, comparĂ© Ă  la taille du pays. La croissance des activitĂ©s en matiĂšre de banque privĂ©e, d’assurance et de fonds d’investissement a bĂ©nĂ©ficiĂ©, durant les 30 derniĂšres annĂ©es, d’un partenariat publicprivĂ© d’une nature et d’une intensitĂ© que beaucoup de places financiĂšres nous envient. Les organismes de promotion de la place financiĂšre ont effectuĂ© un travail de marketing colossal ces derniĂšres annĂ©es, qui, couplĂ© Ă  un environnement lĂ©gislatif et exĂ©cutif adĂ©quat et rĂ©actif, a accru la crĂ©dibilitĂ© et favorisĂ© le dĂ©veloppement de celle-ci.

Il n’aura Ă©chappĂ© Ă  personne que certaines institutions financiĂšres ont, ces

derniĂšres annĂ©es, reconsidĂ©rĂ© leur prĂ©sence au Luxembourg et, bien que certaines d’entre elles aient de nouveau confirmĂ© leur ancrage luxembourgeois – ce qui est le cas de Clearstream –, d’autres ne l’ont pas fait. Il serait dommage pour le Grand-DuchĂ© que le passeport europĂ©en, que nous avons utilisĂ© Ă  notre avantage avec brio durant les trois derniĂšres dĂ©cennies, se retourne contre nous. Le lĂ©gislateur, les pouvoirs publics, le pouvoir politique, les autoritĂ©s de contrĂŽle doivent impĂ©rativement faire tout ce qui est en leur pouvoir pour assurer que l’écosystĂšme lĂ©gislatif et fiscal offre aux opĂ©rateurs de la place financiĂšre une base de comparaison sans pareille. Ceci d’autant plus que la plupart des centres de dĂ©cision de ces derniers ne se trouvent pas au Luxembourg. Il est frappant de voir combien la concertation sociale a Ă©voluĂ© durant les 10 derniĂšres annĂ©es. Les consensus du passĂ© semblent difficiles Ă  rééditer. Les compromis accĂ©lĂ©rĂ©s ne sont plus d’actualitĂ©.

Les partenaires sociaux ne composent plus les mĂȘmes mĂ©lodies. Bien sĂ»r, ces derniers s’accordent sur l’importance des transitions Ă©cologique et digitale, sur la

mobilitĂ©, les soins de santĂ©, l’éducation, la sĂ©curitĂ© et le logement. Il n’en va pas de mĂȘme lorsqu’il s’agit de sujets tels que la fiscalitĂ© des sociĂ©tĂ©s, les indexations de salaires ou les retraites. Ces frictions vont au-delĂ  des clivages classiques gauche-droite. Il s’agit plutĂŽt d’un clivage sociĂ©tal qui s’est probablement accru Ă  mesure que le contrĂŽle du secteur privĂ© s’est internationalisĂ©. Ceci crĂ©ant ainsi des intĂ©rĂȘts divergents entre les deux secteurs, forçant les Ă©diles Ă  faire le grand Ă©cart entre leur Ă©lectorat et les gros contributeurs au budget de l’État. Il m’est difficile de juger combien la nature des coalitions possibles aura d’influence sur le partenariat privĂ©-corps constituĂ©s. J’en appelle Ă  une revue de la plateforme de dialogue, j’en appelle Ă©galement Ă  une Ă©coute redoublĂ©e, une collaboration Ă©troite et une cohĂ©sion renforcĂ©e, afin de maintenir un environnement favorable aux activitĂ©s de la place financiĂšre, tout en rĂ©pondant aux prĂ© occupations sociĂ©tales et Ă©conomiques en Ă©volution.

Texte PHILIPPE SEYLL, CEO de Clearstream Fund Centre
26 OCTOBRE 2023 Carte blanche #PlaceFinanciĂšre
Photo Matic Zorman (archives) Sam Tanson (déi Gréng)
« Le Luxembourg   de demain devra
ĂȘtre durable et   socialement Ă©quitable »

Comment abordez-vous l’échĂ©ance Ă©lectorale de ce 8 octobre ?

Avec Ă©lan. Nous avons un bilan consĂ©quent Ă  dĂ©fendre. Nous avons beaucoup travaillĂ© et, dans les diffĂ©rents secteurs oĂč nous exercions des responsabilitĂ©s, nous avons contribuĂ© Ă  faire avancer le pays. Mais il reste beaucoup Ă  faire. Beaucoup de dĂ©fis se posent pour le Luxembourg dans un contexte difficile avec la guerre en Ukraine et la crise climatique. Je pense, bien sĂ»r, au logement, mais ce n’est pas le seul dĂ©fi Ă  relever.

Quels enseignements avez-vous tirĂ©s des Ă©lections communales et comment comptez-vous rebondir sur ces enseignements ou rĂ©sultats ? Les Ă©lections communales sont des Ă©lections fortement locales. Nous aurions Ă©videmment prĂ©fĂ©rĂ© sortir des Ă©lections communales avec le vent en poupe. Cela n’a pas Ă©tĂ© le cas. Le contexte politique Ă©tait trĂšs particulier avec une multiplication de petits partis qui proposaient des candidats aux Ă©lections. Dans la circonscription Sud, oĂč nous Ă©tions Ă  un niveau trĂšs Ă©levĂ© durant la pĂ©riode Roberto Traversini (dĂ©i GrĂ©ng) Ă  Differdange – au-dessus de 30 % –, nous sommes revenus Ă  un niveau, disons, beaucoup plus raisonnable. En revanche, nous nous sommes renforcĂ©s dans la circonscription Centre avec un conseiller en plus. Mais, sur le fond, nous voyons bien – et les sondages le prouvent – que les prĂ©occupations

qui sont au centre de nos politiques, comme l’environnement, sont Ă©galement au centre des prĂ©occupations des citoyens et citoyennes. Et nous voyons aussi que les politiques menĂ©es par nos ministres rencontrent une forte adhĂ©sion. Comme notre politique de mobilitĂ©.

Vous mentionnez la multiplication des partis. Le morcellement accru du paysage politique qui en dĂ©coule est-il une bonne chose pour vous ?

Le morcellement du paysage politique n’est pas apparu avec ces communales. Mais il se renforce. On voit arriver sur le devant de la scĂšne politique beaucoup de petits partis, soit dĂ©fendant des intĂ©rĂȘts trĂšs particuliers, soit adoptant des positionnements trĂšs populistes. Nous assistons Ă  ce phĂ©nomĂšne dans beaucoup de pays d’Europe.

Je pense qu’il est important d’avoir une stabilitĂ© au sein d’un gouvernement et une majoritĂ© qui puisse avoir des projets communs et discuter. De ce point de vue-lĂ , la multiplication des partis est un risque.

Agir dans le cadre d’une coalition Ă  trois vous a-t-il paru compliquĂ© ?

Non. Et je ne suis pas convaincue que mener une coalition Ă  trois soit plus compliquĂ© que de mener une coalition Ă  deux. C’est mon expĂ©rience. Bien sĂ»r, il fallait se mettre d’accord. Mais, souvent, en cas de dĂ©saccord, un des partenaires a su jouer le rĂŽle de mĂ©diateur. Ce qui est un avantage. Ensuite, au sein du gouvernement, nous nous sommes bien entendus et nous avons travaillĂ© sur un pied d’égalitĂ©. Aucun des partenaires n’a eu l’impression qu’un des trois voulait dominer. Discussion et consensus ont Ă©tĂ© les maĂźtres-mots de notre action. Il s’est créé une dynamique qui a trĂšs bien fonctionnĂ©.

Quel bilan tirez-vous de la derniĂšre lĂ©gislature ?

C’est une lĂ©gislature qui a Ă©tĂ© dominĂ©e par la multiplication des crises. Regardez la pĂ©riode que nous avons traversĂ©e avec le Covid. Beaucoup de restrictions ont dĂ» ĂȘtre imposĂ©es. En tant que gouvernement, nous devions prendre tout le temps des dĂ©cisions fondamentales en essayant de composer avec les diffĂ©rents droits en jeu : le droit Ă  la santĂ© et le droit Ă  la libertĂ© de chacun.

Portrait GUY WOLFF
Interview MARC FASSONE
Son credo est de faire de la politique pour faire avancer les choses. La tĂȘte de liste des Verts a Ă©tĂ© dĂ©signĂ©e Ă  l’unanimitĂ© par les membres du parti avec comme mission d’accĂ©lĂ©rer le changement du pays.
OCTOBRE 2023 29
Conversation Sam Tanson (déi Gréng)

Il fallait restreindre les libertĂ©s a minima sans sacrifier le droit Ă  la santĂ©. Ce fut intense. Nous avons souvent dĂ» lĂ©gifĂ©rer dans l’urgence, il fallait rĂ©diger des projets de loi dans la journĂ©e pour que la procĂ©dure lĂ©gislative puisse aboutir rapidement. Il y a eu Ă©normĂ©ment de sessions nocturnes. Et Ă  peine Ă©tionsnous sortis de cette pĂ©riode que la guerre en Ukraine a commencĂ©, avec toutes les consĂ©quences que cela a eues. Des consĂ©quences Ă©conomiques avec la crise Ă©nergĂ©tique, l’inflation et l’envolĂ©e des taux d’intĂ©rĂȘt. Et des consĂ©quences dans le domaine de la sĂ©curitĂ© internationale avec la dĂ©fense qui a pris une autre envergure pour notre pays et avec des investissements renforcĂ©s au sein de l’Otan. Et cette crise est loin d’ĂȘtre terminĂ©e.

Ce cadre posĂ©, quelles ont Ă©tĂ©, selon vous, les trois principales rĂ©ussites pour le parti ?

D’abord la mobilitĂ©. Les investissements faits par François Bausch (dĂ©i GrĂ©ng) ont favorisĂ© la transition vers une autre mobilitĂ©. Nous avons entamĂ© un changement de paradigme trĂšs important. Citons la gratuitĂ© des transports, le tram, la multiplication des pistes cyclables et des P+R. L’investissement par habitant dans le rĂ©seau ferroviaire est le plus Ă©levĂ© d’Europe. Dans le secteur de l’énergie, sous la responsabilitĂ© de Claude Turmes (dĂ©i GrĂ©ng), nous produisons actuellement autant d’énergies renouvelables que ce que consomment les mĂ©nages. L’augmentation de la production d’énergies renouvelables est fondamentale, non seulement d’un point de vue climatique, mais aussi du point de vue de l’indĂ©pendance Ă©nergĂ©tique face Ă  des forces politiques non dĂ©mocratiques comme la Russie. Dans le secteur du logement, Henri Kox (dĂ©i GrĂ©ng) a accompli plus que tous ses prĂ©dĂ©cesseurs. Presque rien n’avait Ă©tĂ© fait avant qu’il n’arrive. En 2018, nous Ă©tions conscients d’ĂȘtre face Ă  un dĂ©fi et qu’il faudrait du temps pour que les mesures portent leurs fruits. Mais nous avons pris nos responsabilitĂ©s afin de permettre un changement de mentalitĂ© dans l’approche de la politique du logement. Et il a rĂ©ussi Ă 

le faire. Le Pacte logement a Ă©tĂ© rĂ©formĂ© de fond en comble pour favoriser la construction d’habitations abordables dans les communes. Les moyens des constructeurs publics du Fonds du logement et de la SociĂ©tĂ© nationale des habitations Ă  bon marchĂ© (SNHBM) ont Ă©tĂ© renforcĂ©s. Tout comme le dĂ©veloppement public, qui, pour moi, est la clĂ© du problĂšme. Il est important d’avoir un fort potentiel de logements abordables dans la main des pouvoirs publics. Nous sommes actuellement Ă  moins de 3 %. Si nous avions dĂ©veloppĂ© une offre de logements publics beaucoup plus tĂŽt, nous n’aurions pas les problĂšmes que nous connaissons Ă  l’heure actuelle parce que les autoritĂ©s publiques auraient un impact rĂ©el sur les prix de vente et de location de ces logements. S’y ajoute le paquet de mesures sur lequel tout le gouvernement a travaillĂ© pour tenter de mieux encadrer le marchĂ© immobilier en tant que tel avec la taxation sur les immeubles vides, la rĂ©vision de l’impĂŽt foncier et la taxe de mobilisation de terrains. Il y a tout un cadre qui est en train de se mettre en place. Cela prend du temps.

Quels sont vos trois principaux Ă©checs ou regrets ?

Personnellement, je regrette que les textes en matiĂšre de protection de la jeunesse et de droit pĂ©nal des mineurs que Claude Meisch (DP) et moi-mĂȘme avons dĂ©posĂ©s n’aboutissent pas lors de l’actuelle session parlementaire. Ils ont Ă©tĂ© dĂ©posĂ©s il y a un an et demi, nous avons dĂ©posĂ© des amendements cette annĂ©e en nous basant sur l’avis des autoritĂ©s judiciaires et nous avons reçu les avis du Conseil d’État en juin et juillet. C’est une question d’une grande importance : il s’agit de renforcer le droit des enfants les plus vulnĂ©rables. On parle d’enfants qui ont commis une infraction pĂ©nale ou qui en ont Ă©tĂ© soit les victimes, soit les tĂ©moins. Ils ont besoin d’ĂȘtre protĂ©gĂ©s. Actuellement, les mineurs ont, en matiĂšre

« Au niveau de la mobilitĂ©, nous avons entamĂ© un changement de paradigme trĂšs important. »
30 OCTOBRE 2023
« Ne pas soutenir les dĂ©marches de transition sera un dĂ©savantage compĂ©titif pour toutes les entreprises. »

Conversation Sam Tanson (déi Gréng)

pĂ©nale, moins de garanties que les majeurs. Le droit de planter du cannabis Ă  la maison vient d’ĂȘtre adoptĂ©. C’est une avancĂ©e, mais j’aurais prĂ©fĂ©rĂ© arriver Ă  un projet global qui aurait encadrĂ© et rĂ©glementĂ© toute la chaĂźne de valeur. Aujourd’hui, les politiques menĂ©es en Europe par rapport aux stupĂ©fiants n’ont pas abouti. Nous avons pendant 50 ans essayĂ© de vaincre les drogues par la rĂ©pression. Cela n’a empĂȘchĂ© ni la consommation, ni le dĂ©veloppement de rĂ©seaux criminels. Il faut changer cette approche. Le cannabis est la drogue la plus consommĂ©e au Luxembourg. En permettant d’en planter, nous rĂ©duisons l’économie parallĂšle et le risque sanitaire. Beaucoup de produits vendus de maniĂšre illicite sur la voie publique sont coupĂ©s avec des substances bien plus nocives encore que la drogue elle-mĂȘme. RĂ©glementer la production, la vente et la consommation rĂ©duit Ă©galement le risque pour la santĂ© des consommateurs.

Quels seront, selon vous, les mots-clĂ©s de la campagne Ă©lectorale ?

Je prĂ©fĂšre parler de thĂšmes plutĂŽt que de mots-clĂ©s. Et je citerais d’abord l’indĂ©pendance de l’Union europĂ©enne et, a fortiori, du Luxembourg, dans la mesure du possible, dans le domaine de la production. Il faut qu’il y ait en Europe, avec un Luxembourg qui apporte sa piĂšce au puzzle, des chaĂźnes de production industrielle, de production alimentaire et de production d’énergies renouvelables. Je suis bien consciente que l’on n’arrivera jamais Ă  une indĂ©pendance complĂšte, mais le conflit en Ukraine nous a montrĂ© l’importance de ce sujet.

Ensuite, bien entendu, il y a le dĂ©fi du climat qui est vraiment le dĂ©fi de notre gĂ©nĂ©ration. Sans nature, il n’y a pas d’humanitĂ© possible. Nous avons tous tout intĂ©rĂȘt Ă  prĂ©server notre planĂšte, notre nature et notre biodiversitĂ©. Cela restera un marqueur fort de notre politique.

Enfin, comme une rĂ©sultante de ces deux thĂšmes, il y a celui de la solidaritĂ© au sein de la population. Il faut prĂ©server les plus vulnĂ©rables face au risque de pauvretĂ©. Cela se fera sur deux axes : le logement d’abord. Tout le monde a besoin d’un toit. C’est pour cela qu’il est primordial d’avoir un stock suffisant de logements abordables Ă  mettre Ă  disposition des gens qui ne peuvent pas

Mots-clés

FeMMe PreMiĂšre Ministre

Il serait temps ! Temps que l’autre moitiĂ© de l’humanitĂ© puisse aussi accĂ©der au poste le plus important au niveau politique au Luxembourg. Mais cette question de reprĂ©sentativitĂ© n’est pas limitĂ©e au seul poste de Premier ministre. Quand on regarde le gouvernement ou la Chambre des dĂ©putĂ©s, j’estime que l’on n’est pas encore lĂ  oĂč l’on devrait ĂȘtre. Nous, les femmes, reprĂ©sentons la moitiĂ© de la population, il n’y a pas de raison que nous ne reprĂ©sentions pas Ă©galement la moitiĂ© des responsables politiques.

PlAce FinAnciĂšre

C’est le plus grand secteur Ă©conomique du pays. Notre richesse est basĂ©e sur le secteur financier. Il a Ă©normĂ©ment Ă©voluĂ© ces derniĂšres annĂ©es et je suis vraiment contente du travail que nous avons effectuĂ© au sein du ministĂšre de la Justice avec le ministĂšre des Finances dans le cadre de l’évaluation du Gafi. La Place s’est construite pendant des annĂ©es sur le thĂšme du moins de rĂšgles possible. Une Ă©poque rĂ©volue. Nous figurons dĂ©sormais parmi les meilleurs Ă©lĂšves, ce qui dĂ©montre que l’on peut ĂȘtre une place financiĂšre Ă  la fois performante et vertueuse.

FinAnces Publiques

Nous avons une situation positive, notamment grĂące aux recettes dont nous disposons. Mais je pense aussi que nous avons la responsabilitĂ© d’investir. Les fortes retombĂ©es positives des investissements rĂ©alisĂ©s dans les infrastructures ces dix derniĂšres annĂ©es plaident pour le maintien d’une politique d’investissement Ă  un niveau Ă©levĂ©.

AttrActivité

Lorsque l’on parle d’attractivitĂ©, je pense d’abord Ă  l’ĂȘtre humain qui vit ici. Les gens qui viennent s’installer au pays le disent : c’est une chance de pouvoir vivre ici. Le cadre de vie est excellent. Nous sommes entourĂ©s de bĂątiments historiques. Luxembourg est une ville Unesco, on y trouve le genre de patrimoine que l’on visite Ă  l’étranger lorsque l’on fait du tourisme. Et énormĂ©ment de prestations –pas seulement le transport –sont offertes aux citoyens et citoyennes. L’offre culturelle n’a rien Ă  envier Ă  d’autres grandes villes europĂ©ennes. Nous sommes attractifs et ce qui est important, c’est que nous le restions pour tout un chacun, indĂ©pendamment du niveau de revenus.

coMPétitivité

On entend beaucoup dire que le Luxembourg n’est pas assez compĂ©titif parce que nous avons l’indexation des salaires et des charges trop importantes. La compĂ©titivitĂ© ne se mesure pas seulement en termes de salaires. L’indexation est quelque chose qui contribue fortement Ă  la paix sociale. Cela rend le pays plus compĂ©titif. Et nous sommes le pays des chemins courts. Contacter une administration pour obtenir les informations nĂ©cessaires est facile. En matiĂšre de compĂ©titivitĂ©, je pense que c’est un facteur primordial.

32 OCTOBRE 2023
Découvrez notre offre Trusted Services Europe Relevez le défi de la Cyber-Résilience Managed Services Cloud Security Resilience Data Centre Advisory www.ebrc.com 3 FACILITY ebrc Luxembourg Resilience Centre South Abordez en toute sérénité les nouvelles normes de résilience opérationnelle numérique telles que DORA ou NIS2

en trouver sur le marchĂ© classique. Puis la protection des familles monoparentales et des enfants. De nombreuses Ă©tudes le soulignent : ce sont les personnes qui vivent seules avec un ou plusieurs enfants qui sont les plus menacĂ©es par la misĂšre. Ce sont elles qu’il faut protĂ©ger prioritairement. Je trouve vraiment dramatique de voir des enfants qui ne peuvent pas aller Ă  la piscine, qui ne peuvent pas profiter des mĂȘmes aides, comme l’aide aux devoirs, ou qui doivent partager leur chambre avec trop de personnes et ne sont donc pas Ă  mĂȘme de faire leurs devoirs dans un cadre tranquille.

Face Ă  ce problĂšme, nous proposons une garantie de base pour les enfants, qui irait au-delĂ  de la prestation familiale que nous connaissons actuellement, en prĂ©voyant un seuil supplĂ©mentaire pour les enfants dans le besoin. Dans notre programme Ă©lectoral, nous nous engageons Ă©galement en faveur d’une refonte fiscale afin, entre autres, de corriger ces inĂ©galitĂ©s sociales en favorisant les personnes qui Ă©lĂšvent seules leurs enfants.

Plus largement, voyez-vous se dĂ©velopper le risque d’une fracture sociale au Luxembourg ?

Le risque est bien lĂ . Il a toujours existĂ© et il faut tout faire pour l’empĂȘcher. Ne serait-ce qu’au nom de la paix sociale, il faut tout faire pour Ă©viter cette fracture sociale. Dans un pays riche comme le Luxembourg, avoir des gens qui n’ont pas les moyens suffisants pour acheter des vĂȘtements Ă  leurs enfants ou pour les nourrir correctement est quelque chose d’insupportable. Et qui dit fracture sociale dit des gens dans le besoin. Des gens et des enfants. Les enfants qui sont dans le besoin aujourd’hui ont un plus grand risque d’ĂȘtre dans le besoin plus tard. Il faut Ă©viter le dĂ©veloppement d’un schĂ©ma de reproduction des inĂ©galitĂ©s.

Quels seront, selon vous, les dossiers chauds pour le prochain gouvernement ?

C’est d’abord la question de la transition Ă©cologique qui me vient Ă  l’esprit. Ce dĂ©fi est rĂ©el, mais c’est aussi une chance. Si l’on se penche sur la croissance de l’emploi au

Luxembourg, on constate que les emplois qui ont le plus augmentĂ© ces dix derniĂšres annĂ©es sont les emplois verts. C’est impressionnant. De nombreuses entreprises ont dĂ©jĂ  fait Ă©normĂ©ment d’efforts en matiĂšre de durabilitĂ© de leur activitĂ©, et il faut vraiment les accompagner et les soutenir dans cette dĂ©marche.

J’ai regardĂ© rĂ©cemment les chiffres de vente des voitures automobiles Ă©lectriques. Le marchĂ© est dominĂ© par Tesla et une myriade de constructeurs chinois. Les marques allemandes, qui ont dominĂ© le marchĂ© du vĂ©hicule thermique, sont Ă  la traĂźne. Il ne s’agit que d’un exemple, mais la situation allemande tĂ©moigne, pour partie, du dĂ©faut de soutien des dĂ©marches de transition Ă©cologique outre-Moselle pendant trĂšs longtemps. Je suis persuadĂ©e que le fait de ne pas soutenir les dĂ©marches de transition sera un dĂ©savantage compĂ©titif pour toutes les entreprises. J’y vois une chance pour le Luxembourg. Nous sommes un petit pays, agile, et nous pouvons aider rapidement et accompagner encore plus fortement les sociĂ©tĂ©s qui mettent un accent sur cette transition Ă©cologique, sur une production verte, sur l’emploi vert. Le Green New Deal n’est pas qu’une question de climat, c’est aussi une question de compĂ©titivitĂ©.

J’estime ensuite que le prochain gouvernement devra s’attaquer Ă  la question de la rĂ©forme fiscale. C’est une question que nous avons beaucoup discutĂ©e ces derniĂšres annĂ©es. Le systĂšme actuel comporte beaucoup d’inĂ©galitĂ©s. On commence Ă  payer des impĂŽts trĂšs tĂŽt au Luxembourg – c’est-Ă -dire Ă  un niveau de salaire trĂšs bas – et on arrive assez rapidement Ă  des taux Ă©levĂ©s, exception faite du taux marginal. Cette courbe d’imposition n’est pas juste. Il faut l’étirer et la lisser avec de nouvelles tranches. Il faudrait commencer Ă  imposer plus tard et finir plus haut sur les derniĂšres tranches.

«  Le Green New Deal n’est pas qu’une question de climat, c’est aussi une question de compĂ©titivitĂ©. »
34 OCTOBRE 2023
« Au ministĂšre de la Culture, il y a eu sur cinq ans plus de textes de loi votĂ©s que sur les deux pĂ©riodes lĂ©gislatives prĂ©cĂ©dentes. »
L’investissement meilleur c’est ! plus ça mitonne, ING Luxembourg S.A.26, Place de la Gare, L-2965 LuxembourgR.C.S. Luxembourg B.6041TVA LU 11082217ing.lu

Justement, la rĂ©forme fiscale Ă©tait une des mesures phares de l’accord de coalition signĂ© avec le DP et le LSAP en 2018. Pourquoi n’a-t-elle pas abouti ?

Principalement Ă  cause de la pĂ©riode de crises que nous traversons. MalgrĂ© toutes ces crises, nous avons travaillĂ© Ă©normĂ©ment, mais plusieurs projets d’envergure n’ont pu ĂȘtre rĂ©alisĂ©s. Ces crises ont Ă©tĂ© synonymes d’instabilitĂ© et surtout d’imprĂ©visibilitĂ© Ă©conomique et fiscale. C’est cette imprĂ©visibilitĂ© qui a fait qu’il y a eu moins d’élan pour s’attaquer Ă  la question. On ne savait jamais vraiment de quoi demain serait fait. Mais nous avons travaillĂ© sur la question. Il y a eu des groupes de travail interministĂ©riels qui se sont rĂ©unis. La rĂ©forme fiscale reste un dĂ©fi dans le domaine de la solidaritĂ© et de la justice sociale. Il faudra vraiment s’attaquer Ă  ce dossier aprĂšs le 8 octobre.

Pour clĂŽturer ce chapitre, pourriez-vous rĂ©sumer le programme de votre parti en deux mots ?

pro-europĂ©en et soutenir les valeurs dĂ©mocratiques fondamentales. Et, enfin, il faudra que nous travaillions de maniĂšre sĂ©rieuse sur la question de la justice sociale et sur l’équitĂ© dans notre sociĂ©tĂ©.

Y a-t-il des alliances inimaginables auxquelles vous ne participeriez jamais ? Oui, forcĂ©ment, un parti d’extrĂȘme droite, un parti populiste, un parti non europĂ©en
 Ce sont, pour moi, des partenaires que nous ne prenons pas en considĂ©ration.

Une derniùre question plus personnelle : qu’est-ce que l’accomplissement en politique, selon vous ?

Évolution du nombre de siĂšges de dĂ©i GrĂ©ng Ă  la Chambre des dĂ©putĂ©s

DĂ©i GrĂ©ng est le parti qui a tirĂ© le plus grand profit de sa participation Ă  la coalition Gambia. Il avait progressĂ© de trois siĂšges, alors que le LSAP en avait perdu trois et le DP un. Le parti rĂ©sistera-t-il une fois de plus Ă  l’usure du pouvoir ?

Non
 Je trouverais absurde de rĂ©sumer un programme de plus de 100 pages en deux mots. Mais, en politique, il faut aussi parler avec des slogans. Je dirais donc que nous devons vraiment tout faire pour construire le Luxembourg de demain. Et Le Luxembourg de demain devra ĂȘtre durable et socialement Ă©quitable.

Parlons coalition. Êtes-vous prĂȘte Ă  reprendre des responsabilitĂ©s gouvernementales et, dans ce cas-lĂ , quelles sont les lignes rouges non nĂ©gociables dans un accord de coalition ?  Je suis bien Ă©videmment prĂȘte Ă  reprendre des responsabilitĂ©s, sinon je ne serais pas tĂȘte de liste pour ces Ă©lections nationales. Cela dit, je n’aime pas travailler avec des lignes rouges : pour se mettre d’accord sur une coalition, il faudra qu’on entre dans des discussions de maniĂšre ouverte. Mais nous avons des principes sur lesquels nous resterons fermes. Je ne pourrais pas soutenir une coalition qui ne serait pas aussi ambitieuse que le Plan national intĂ©grĂ© en matiĂšre d’énergie et de climat (PNEC) du gouvernement actuel. Un gouvernement, pour moi, doit aussi ĂȘtre absolument

C’est de faire ce que l’on s’est engagĂ© Ă  faire et de rĂ©aliser le programme que l’on a dĂ©fendu lors des prĂ©cĂ©dentes Ă©lections lĂ©gislatives. Si je regarde mon bilan au ministĂšre de la Justice, Ă  part le projet relatif au droit pĂ©nal des mineurs Ă©voquĂ© tout Ă  l’heure, projet qui est bien entamĂ©, nous avons finalisĂ© Ă©normĂ©ment de dossiers. 80 lois issues du ministĂšre ont Ă©tĂ© votĂ©es lors de la lĂ©gislature. C’est le double de la pĂ©riode lĂ©gislative prĂ©cĂ©dente. PĂ©riode qui avait dĂ©jĂ  Ă©tĂ© intense en nombre de lois votĂ©es. Quand je regarde mon bilan au ministĂšre de la Culture, je me rĂ©jouis du fait que nous ayons rĂ©alisĂ© 60 % du plan de dĂ©veloppement culturel (KulturentwĂ©cklungsplang 2018-2028) qui porte sur une pĂ©riode de 10 ans. Beaucoup d’avancĂ©es ont Ă©tĂ© rĂ©alisĂ©es : le renforcement du statut des intermittents, la rĂ©introduction et l’élargissement du congĂ© culturel, la crĂ©ation de nouvelles institutions culturelles, comme Kultur | lx – Arts Council Luxembourg qui a pour mission le dĂ©veloppement des artistes et la promotion de la culture et de la crĂ©ation luxembourgeoises, ou encore la loi sur le patrimoine culturel. Une loi qui permet de valoriser ce qui fait la richesse et la singularitĂ© du Luxembourg : nos savoirs, nos cultures, nos crĂ©ations et nos bĂątiments. Ce sont beaucoup d’avancĂ©es. Il y a eu sur cinq ans plus de textes de loi votĂ©s que sur les deux pĂ©riodes lĂ©gislatives prĂ©cĂ©dentes.

C’est ça, pour moi, l’accomplissement : l’impression d’avoir accompli le travail pour lequel j’avais posĂ© ma candidature et pour lequel j’avais Ă©tĂ© nommĂ©e.

Cette interview a été réalisée le 11 juillet 2023.

1999 5 77 6 9 ? 2004 2009 2013 2018 2023
36 OCTOBRE 2023
« On peut ĂȘtre une place financiĂšre Ă  la fois performante et vertueuse. »
La route, et plus encore

Attirer les talents au Luxembourg : un défi collectif, constamment relevé de façon individuelle

En Ă  peine 10 ans, nous avons fait d’une PME luxembourgeoise un groupe international de 4.000 collaborateurs prĂ©sent dans 20 pays. Un dĂ©fi demeure : l’attractivitĂ© des talents. Comment attirer et conserver de nouveaux talents au Luxembourg ?

Durant de nombreuses annĂ©es, le pays a su attirer des entreprises et faire preuve d’adaptabilitĂ© et de flexibilitĂ©. Mais, actuellement, tous les chefs d’entreprise font le mĂȘme constat : il est de plus en plus difficile de recruter des talents. Et derriĂšre cette problĂ©matique, il y a le sujet de l’attractivitĂ© du Luxembourg. Certains parlent de problĂ©matiques liĂ©es Ă  une nouvelle gĂ©nĂ©ration, Ă  l’aprĂšs-Covid, Ă  la taille du pays, Ă  l’offre culturelle et de divertissement : oui, c’est en partie vrai. En comparaison de certaines capitales europĂ©ennes – et mondiales –, nous pouvons nous estimer moins bien lotis. Mais le Luxembourg a surtout de sĂ©rieux atouts : qualitĂ© de vie, infrastructures, un excellent systĂšme Ă©ducatif et une position gĂ©ographique centrale en Europe.

Non, ce qui manque dans cette dĂ©marche d’attraction et de conservation des talents, c’est une volontĂ© politique, un projet global, une initiative collective. Beaucoup d’entreprises de tous secteurs foisonnent de bonnes idĂ©es et d’actions concrĂštes : des cursus de formation exhaustifs, des programmes de reconversion professionnelle, des « bootcamp »

(à l’image du partenariat entre NumericAll et Positive Thinking Company, qui misent sur la formation au low-code pour remĂ©dier Ă  la pĂ©nurie de talents dans la tech). Malheureusement, ces initiatives restent isolĂ©es, individuelles, et sans aucune coordination au niveau Ă©tatique.

Dans un article du magazine Paperjam de juin 2023, notre ministre de l’Économie, Monsieur Franz Fayot, Ă©voquait dĂ©jĂ  cette volontĂ© politique d’attirer des jeunes recrues au Luxembourg. Il disait sa volontĂ© de « simplifier les procĂ©dures, raccourcir les chemins, faciliter les transmissions : amĂ©liorer l’environnement professionnel des entrepreneurs, investisseurs (...) permettant d’attirer les jeunes recrues et les talents ». J’aurais mĂȘme ajoutĂ© Ă  cette liste de bonnes intentions la nĂ©cessitĂ© d’aligner les politiques fiscales des pays limitrophes (en matiĂšre de tĂ©lĂ©travail) et de veiller Ă  ne pas trop taxer les salariĂ©s cĂ©libataires. Car d erriĂšre l’attractivitĂ© des talents, il y a l’enjeu de l’attractivitĂ© du pays. Sans maind’Ɠuvre qualifiĂ©e et/ou correspondant prĂ©cisĂ©ment aux besoins du marchĂ©, l’économie du pays restera au ralenti. Nous sommes tous unanimes sur ce constat.

Alors, qu’attendons-nous pour proposer un rĂ©el plan d’action collectif, coordonnĂ© au niveau national et confiĂ© Ă  des acteurs de l’économie luxembourgeoise ?

Nous pourrions par exemple proposer de lancer de grandes campagnes de recrutement, impulsĂ©es et coordonnĂ©es par l’ensemble de l’écosystĂšme Ă©conomique luxembourgeois et qui bĂ©nĂ©ficieraient Ă  tous. Nous avons tous intĂ©rĂȘt Ă  ce que les talents viennent au Luxembourg. Ne voyons donc pas l’autre comme un concurrent, mais comme un partenaire de recrutement. De telles initiatives ne peuvent que favoriser cette attractivitĂ© en crĂ©ant un Ă©lan et un dynamisme bĂ©nĂ©fiques Ă  tous.

Cela pourrait donner lieu Ă  un label du type « Recruit for Luxembourg » ou « Recruitment for Luxembourg », qui serait gĂ©rĂ© en collĂ©gialitĂ© et reprĂ©sentĂ© par une personne qualifiĂ©e et dĂ©signĂ©e par les membres du label pour une pĂ©riode dĂ©terminĂ©e. Mais surtout, il est temps d’ĂȘtre fier de travailler au Luxembourg et fier de partager les nombreuses success-stories et les belles carriĂšres qu’offre ce « petit Grand-Duché ». Donnons envie Ă  ces futurs salariĂ©s de nous rejoindre et de tenter leur chance. Nous avons tous eu cette chance de venir au Luxembourg, sachons Ă  notre tour l’offrir Ă  ceux qui ne connaissent pas encore ce pays.

Texte DAMIEN CHASSEUR, associé fondateur de Collaboration Betters The World (CBTW)
38 OCTOBRE 2023
Photo Guy Wolff (archives)
Carte blanche #Talents
Luc
Frieden (CSV)
« Associer l’économie
au social  et Ă  la durabilité »

Comment abordez-vous l’échĂ©ance Ă©lectorale de ce 8 octobre ?

Avec beaucoup de motivation pour faire en sorte qu’au soir du 8 octobre, une autre politique soit possible au Luxembourg.

Quels enseignements avez-vous tirĂ©s des Ă©lections communales ?

Vous sentez-vous renforcĂ© ou diminué ?  Je crois qu’il n’y a pas de liens directs entre les Ă©lections communales et les Ă©lections lĂ©gislatives puisque les sujets sont diffĂ©rents. Cela Ă©tant dit, le parti chrĂ©tien-social s’est bien battu et a su stabiliser sa position de premier parti du pays.

Vous restez donc le premier parti du pays, mais ĂȘtes-vous le parti central de l’échiquier politique comme c’était le cas il y a encore 10 ans ?

Je ne raisonne pas en termes de dominance. Nous avons un systĂšme politique qui exige des gouvernements de coalition et donc des compromis. Mais nous sommes une force politique centrale du pays et j’ai l’ambition de consolider cet Ă©tat de fait lors des Ă©lections.

Un des enseignements des élections communales est que le paysage politique luxembourgeois se morcelle de plus en plus.

Quel dĂ©fi cela pose-t-il Ă  un « grand parti » comme le CSV ?

Cela pose d’abord un problĂšme au pays en termes de stabilitĂ© politique. Plus il y a de partis reprĂ©sentĂ©s Ă  la Chambre des dĂ©putĂ©s,

plus il sera difficile de former des gouvernements et des coalitions stables et donc de mener une politique cohĂ©rente. C’est le jeu dĂ©mocratique. Mais je pense qu’il serait mieux d’avoir deux partis au gouvernement plutĂŽt que trois, voire quatre ou cinq.

À quoi attribuez-vous ce morcellement ?

Je crois que les mĂ©dias sociaux contribuent au fait que chacun puisse dĂ©velopper ses propres idĂ©es, sans nĂ©cessairement avoir une vue globale sur l’ensemble des sujets dont un pays a besoin. Ce morcellement politique est une consĂ©quence directe du dĂ©veloppement d’une multitude de canaux d’expression directe, sans filtre.

Quel bilan tirez-vous de la derniĂšre lĂ©gislature ?

Un bilan nĂ©gatif : les grands problĂšmes structurels du pays n’ont pas Ă©tĂ© abordĂ©s. La fiscalitĂ© a augmentĂ©, le pouvoir d’achat tout comme l’accĂšs aux soins de santĂ© ont diminuĂ©, la compĂ©titivitĂ© de l’économie souffre et la problĂ©matique de l’accĂšs au logement apparaĂźt comme hors de contrĂŽle. Un bilan nĂ©gatif essentiellement dĂ» au fait que les trois partis de la coalition ne s’entendent pas sur ces grands sujets. Un autre grand Ă©chec selon moi est, aprĂšs 10 ans, de n’avoir que 11 % d’énergie renouvelable par rapport Ă  la consommation d’énergie totale du pays. Il faut au moins tripler la production.

Durant cette pĂ©riode, le CSV, dans son rĂŽle de parti d’opposition, a-t-il su peser sur ces grandes questions ? Nos dĂ©putĂ©s ont fait du bon travail. Un travail d’opposition, Ă©videmment. Je crois qu’il appartient aux Ă©lecteurs de juger ce bilan –et surtout le bilan du gouvernement – et de choisir soit de continuer avec un gouvernement bloquĂ©, soit de dĂ©signer une nouvelle coalition qui fasse avancer le pays.

Quels seront les mots-clĂ©s de cette campagne, selon vous ?  Pouvoir d’achat, logement, compĂ©titivitĂ© de l’économie et sĂ©curitĂ©.

Autant de dossiers chauds pour le prochain gouvernement. Dans l’hypothĂšse oĂč le CSV reviendrait aux affaires, quelles seraient les mesures urgentes

Portrait GUY WOLFF Interview MARC FASSONE
À dĂ©faut d’incarner le renouveau du CSV, Luc Frieden en est l’homme providentiel. Un homme qui a pour tĂąche de faire renouer le parti avec l’exercice du pouvoir.
OCTOBRE 2023 41 Conversation Luc Frieden (CSV)
« Il faut au moins tripler la production d’énergie renouvelable. »

Ă  prendre lors des 100 premiers jours du nouvel exĂ©cutif ?

Bien sĂ»r, un programme de gouvernement porte sur les cinq annĂ©es qui viennent. Mais tout de suite, il faudrait diminuer la charge fiscale pesant sur les familles monoparentales, faire en sorte que l’imposition commence plus tard et augmente moins vite, et diminuer la charge fiscale des classes dites moyennes. En matiĂšre de logement, il faudrait changer l’article de la loi qui impose des mesures de compensation dans le pĂ©rimĂštre de construction et instaurer un taux de TVA rĂ©duit pour soutenir les acteurs privĂ©s qui veulent investir dans le logement locatif. En matiĂšre de santĂ©, il faut autoriser les cabinets mĂ©dicaux, dans tout le pays, Ă  disposer de matĂ©riel sophistiquĂ© pour rĂ©aliser, par exemple, des IRM, des mammographies
 Concernant la compĂ©titivitĂ©, il faut introduire une super-dĂ©duction fiscale en matiĂšre d’investissement dans la transition digitale et Ă©cologique. Concernant l’organisation du travail, il faut permettre plus

de flexibilitĂ© pour les entreprises et les salariĂ©s dans l’organisation du temps de travail. Toutes ces mesures ont en commun de ne pas exiger de grandes rĂ©formes lĂ©gislatives. Elles peuvent se faire dans les premiers mois d’exercice du prochain gouvernement si le CSV en fait partie.

Vous avez lancĂ© dans le dĂ©bat le terme de fracture sociale. Quelles seraient les causes d’une telle fracture ?

La premiĂšre cause de cette fracture est la crise du logement. Le fossĂ© se creuse entre ceux qui disposent d’un logement et ceux qui ont des difficultĂ©s pour en avoir un. Ce fossĂ© qui est en train de se creuser est un grand danger pour la cohĂ©sion sociale du Luxembourg. C’est mon inquiĂ©tude et celle de beaucoup d’électeurs. Et mĂȘme si une trĂšs grande majoritĂ© de Luxembourgeois

sont propriĂ©taires, ils se font du souci pour leurs enfants qui rencontrent de plus en plus de difficultĂ©s pour acquĂ©rir ou juste louer un logement. Il est absolument nĂ©cessaire que la politique actuelle soit changĂ©e fondamentalement. Les Luxembourgeois savent Ă©galement que si nous voulons avoir une Ă©conomie qui fonctionne, il faut attirer des gens qui viennent de l’extĂ©rieur. Or, pour cela, il faut qu’ils puissent se loger. Les milieux Ă©conomique et financier se plaignent d’une perte d’attractivitĂ© et de compĂ©titivitĂ©. Partagez-vous ce constat et, dans l’affirmative, quelles mesures devraient ĂȘtre prises ? Je partage ce constat. Le Luxembourg a reculĂ© ces derniĂšres annĂ©es dans le domaine de la compĂ©titivitĂ©. Il faut tout faire pour crĂ©er Ă  nouveau un cadre qui permette aux entreprises de se dĂ©velopper. Je propose, pour arriver Ă  cela, de rĂ©duire les charges administratives pesant sur les entreprises de 20 %. Il faudra introduire le principe du « only once » – communiquer une fois pour toutes Ă  l’administration les informations devant ĂȘtre communiquĂ©es et ne plus y revenir. Je propose Ă©galement de flexibiliser l’organisation du temps de travail Ă  travers le dialogue social pour prĂ©server la compĂ©titivitĂ© des entreprises, tout en permettant aux salariĂ©s de ne pas sacrifier leurs obligations familiales et leurs autres intĂ©rĂȘts. Je propose aussi de dĂ©velopper la formation continue pour entretenir ou acquĂ©rir les compĂ©tences qui sont essentielles pour rĂ©ussir la transition digitale et Ă©cologique. Tout cela conduira Ă  rendre le pays plus attractif.

L’attractivitĂ© est aussi une question de fiscalitĂ©. Quel regard portez-vous sur la situation des finances publiques aujourd’hui ?

La situation des finances publiques est mauvaise. Cela fait des annĂ©es qu’elle n’avait pas Ă©tĂ© aussi mauvaise. Un dĂ©ficit annuel de 2 milliards est trop Ă©levĂ© en pĂ©riode de non-crise. Il faut veiller Ă  gĂ©nĂ©rer plus d’activitĂ©s, donc plus d’impĂŽts,

Mots-clés

Place financiĂšre

En perte de compĂ©titivitĂ© par rapport Ă  Dublin et Londres. Il faut tout faire pour maintenir cette compĂ©titivitĂ©. En augmentant par exemple la rapiditĂ© de la prise des dĂ©cisions administratives en ce qui la concerne ou en supprimant la taxe d’abonnement pour les fonds qui investissent dans des produits ESG. Ce qui contribuerait Ă  faire du Luxembourg la capitale de la finance durable

Intelligence artificielle

Chance pour l’Europe et pour notre pays, Ă  condition d’accompagner les gens dans cette Ă©norme innovation que constitue l’intelligence artificielle. Mais y voir d’abord une chance avant d’y voir un risque. Et les risques peuvent ĂȘtre encadrĂ©s.

Mobilité

Le pays connaĂźt une croissance importante, donc il faut accĂ©lĂ©rer la construction du tram vers les communes proches de la ville de Luxembourg. Il faut, pour maintenir la qualitĂ© de vie, construire plus vite les contournements d’un certain nombre de villes. Et il faut nĂ©gocier de meilleures connexions ferroviaires entre le Luxembourg et la Belgique ainsi que l’Allemagne

Guerre en Ukraine

Terrible, inacceptable. Elle remet en cause toute la structure de dĂ©fense et la gĂ©opolitique sur notre continent. Ce sera un trĂšs grand dĂ©fi pour le prochain gouvernement que de positionner le Luxembourg dans le cercle des États qui vont renforcer l’UE et l’Otan. Le CSV est un parti pro­europĂ©en. Il sera de ceux qui plaideront pour plus d’intĂ©gration europĂ©enne pour assurer la paix, la stabilitĂ© et la prospĂ©ritĂ© sur notre continent.

42 OCTOBRE 2023 Conversation Luc Frieden (CSV)
« Tout de suite, il faudrait diminuer la charge fiscale pesant sur les familles monoparentales. »

PrononcĂ© chaque septembre, par le ou la prĂ©sident(e) de la Commission europĂ©enne, le discours sur l’état de l’Union (#SOTEU) est l’occasion de dresser le bilan de l’annĂ©e Ă©coulĂ©e et de dĂ©voiler les principales prioritĂ©s et initiatives phares pour l’annĂ©e Ă  venir.

En savoir plus

https://luxembourg.representation.ec.europa.eu/

#SOTEU Transformer les engagements européens en réalité pour les citoyens et
entreprises au Luxembourg

Évolution du nombre de siĂšges du CSV Ă  la Chambre des dĂ©putĂ©s

Depuis le pic historique de 2009, le CSV recule à la Chambre tout en restant le premier parti en nombre de députés.

d’un cĂŽtĂ©, et de l’autre Ă  mieux dĂ©penser, notamment en Ă©vitant des politiques du « gratuit pour tous ».

Le Pacte de stabilitĂ© va ĂȘtre renĂ©gociĂ© cet automne. Quelle est votre position sur ce sujet sensible ?

Il est normal de revoir les critĂšres puisqu’ils n’ont jamais vraiment Ă©tĂ© respectĂ©s par beaucoup de pays. Mais il faut Ă©viter que chacun puisse faire ce qu’il veut et notamment accroĂźtre constamment sa dette. Une monnaie commune exige des finances publiques stables. Donc d’accord pour un peu plus de flexibilitĂ©, mais Ă©viter de se retrouver dans des situations qui ont conduit Ă  la crise de l’euro il y a 10 ans.

Pourriez-vous rĂ©sumer votre programme en deux mots ?

Associer l’économie au social et Ă  la durabilitĂ©. Nous avons dĂ©voilĂ© en juin dernier nos 10 prioritĂ©s trĂšs claires, qui sont immĂ©diatement transposables pour avancer en matiĂšre de logement, de santĂ©, de sĂ©curitĂ©, de compĂ©titivitĂ© Ă©conomique, pour faire du Luxembourg un pays qui soit plus moderne et un pays oĂč vivre en commun demeure possible – le logement nouveau joue ici un rĂŽle essentiel. Ce ne sont pas de grandes dĂ©clarations, mais des mesures concrĂštes pour amĂ©liorer la vie des gens et des entreprises.

Projetons-nous au soir du 8 octobre. Êtes-vous prĂȘt Ă  prendre des responsabilitĂ©s gouvernementales ? Oui.

À titre personnel, pouvez-vous envisager de n’ĂȘtre « que » ministre dans le prochain gouvernement ?

Mon objectif est trĂšs clair : qu’à la sortie des Ă©lections, le CSV soit le plus grand parti du pays et qu’il fasse partie du prochain gouvernement. Évidemment, chaque tĂȘte de liste a l’ambition de former le gouvernement, mais l’essentiel n’est pas dans les postes Ă  distribuer, c’est de ramener le CSV au gouvernement pour faire une politique qui soit bĂ©nĂ©fique au pays et Ă  ses habitants.

Quelles sont, pour vous, les lignes rouges non nĂ©gociables dans un accord de coalition ?

Je ne raisonne pas en termes de ligne rouge, je raisonne en termes de politique cohĂ©rente. Et je crois qu’avec chacun des trois grands partis du pays, il y a des terrains d’entente. Avec les libĂ©raux en matiĂšre de fiscalitĂ©, de logement et de santĂ©. Avec les socialistes sur la lutte contre la pauvretĂ©. Et avec les Verts sur les Ă©nergies renouvelables. Mais ce qui compte surtout, c’est que nous ayons un gouvernement qui fasse avancer le pays. Or, ces trois derniĂšres annĂ©es, j’ai l’impression que les trois partis de la majoritĂ© ont atteint leurs limites les uns par rapport aux autres. C’est notamment pour cela que la grande rĂ©forme fiscale annoncĂ©e n’a pas pu aboutir. C’est Ă©galement pour cela qu’en matiĂšre de logement, nous sommes dans une crise forte et que les dĂ©lais d’attente en matiĂšre de santĂ© ont augmentĂ©.

Vous avez mentionnĂ© les points de convergence avec les trois grands partis du gouvernement. Peut-on imaginer des alliances avec les trois autres reprĂ©sentĂ©s actuellement Ă  la Chambre, Ă  savoir l’ADR, dĂ©i LĂ©nk et le Piratepartei, et pourquoi pas Fokus ? Je crois qu’il faut demain un gouvernement qui puisse conduire une politique cohĂ©rente. Et cela me semble trĂšs difficile avec ces petits partis. Je prĂ©fĂ©rerais une coalition Ă  deux partenaires. Mais si une coalition Ă  trois est nĂ©cessaire en raison du rĂ©sultat Ă©lectoral, il faudra y rĂ©flĂ©chir. Cela dit, je ne vois pas le CSV s’associer aux partis des extrĂȘmes, ni Ă  droite ni Ă  gauche.

Une derniùre question plus personnelle : qu’est-ce que l’accomplissement en politique, selon vous ?

C’est de faire changer les choses dans l’intĂ©rĂȘt des gens. L’impact est fondamental. Il y a, dans mon action gouvernementale, trois choses dont je suis fier et qui le dĂ©montrent : l’introduction de la double nationalitĂ© et du Pacs lorsque j’étais ministre de la Justice et les sauvetages de Fortis et Dexia lorsque j’étais ministre des Finances. Ce sont des choses qui ont eu un impact majeur sur la cohĂ©sion sociale du pays. C’est ce qui m’a motivĂ© et me motive toujours en politique.

« Avec chacun des trois grands partis du pays, il y a des terrains d’entente. »
1999 19 24 26 23 21 ? 2004 2009 2013 2018 2023 Cette
27
2023. 44 OCTOBRE 2023 Conversation Luc Frieden (CSV)
interview a été réalisée le
juillet

Sven Clement (Piraten)

« Des solutions   équitables   pour aujourd’hui   et demain »

Comment abordez-vous l’échĂ©ance Ă©lectorale de ce 8 octobre ?

Avec beaucoup d’enthousiasme et d’optimisme. Optimisme, parce que le Luxembourg est un pays qui se permet de se rĂ©inventer rĂ©guliĂšrement et que ces Ă©lections sont une chance parfaite pour se rĂ©inventer un peu plus aujourd’hui. C’est ce que nous voulons.

Qu’entendez-vous par « se rĂ©inventer » ? Il s’agit moins d’opĂ©rer une rĂ©volution qu’une Ă©volution. Il faut se rendre compte qu’aujourd’hui, nous sommes dĂ©pendants d’un seul secteur Ă©conomique. Il faut se diversifier. Pour cela, on doit prendre en compte que la rĂ©alitĂ© de la vie d’aujourd’hui n’est plus celle d’il y a 10, 15, 20 ou 100 ans. Toute la question est de savoir dans quelle direction on veut Ă©voluer. Et, sur ce point, je suis trĂšs darwiniste : soit on Ă©volue Ă  temps, soit on ne verra pas le futur. Pour moi, le Luxembourg doit ĂȘtre plus Ă©quitable et plus juste. Nous sommes aujourd’hui une sociĂ©tĂ© construite sur le travail d’une main-d’Ɠuvre majoritairement Ă©trangĂšre, dont les fruits sont majoritairement cueillis par les Luxembourgeois, rĂ©sidents et nationaux. Cela engendre des inĂ©galitĂ©s, notamment dans les domaines de la participation Ă  la vie politique. Il faut y remĂ©dier.

La sociĂ©tĂ© luxembourgeoise est une sociĂ©tĂ© assez conservatrice. Sera-t-il facile de la faire Ă©voluer ? En allemand, il y a cette jolie expression :

Jein – une contraction de Ja et de Nein qui signifie oui et non en mĂȘme temps. Cette contraction rĂ©sume bien pour moi la situation luxembourgeoise. Nous sommes un pays entre francophonie et germanophonie, un pays Ă  la fois ancrĂ© dans le passĂ©, qui a gĂ©nĂ©rĂ© nos richesses, et tournĂ© vers le futur ; un pays trĂšs conservateur et ouvert sur le monde. Il suffit de voir quelles entreprises on a pu attirer. Le Luxembourg n’est pas que conservateur. Il l’est, entre autres choses. Et cette multitude de facettes est une chance.

Quels enseignements avez-vous tirĂ©s des Ă©lections communales ?

Nous sommes sortis renforcĂ©s de ces Ă©lections. Nous sommes passĂ©s de trois conseillers communaux Ă  19. Nous sommes encore loin des quatre grands partis, mais nous rĂ©duisons l’écart. Tout en le creusant avec les autres petits partis. À nous de confirmer cette dynamique au niveau national.

Les Ă©lections communales ont confirmĂ© le morcellement du paysage politique luxembourgeois. Comment expliquez-vous ce phĂ©nomĂšne et pouvez-vous en tirer profit ? Ce morcellement est dans l’air du temps. Nous vivons dans une Ă©poque d’individualisation. Les gens ne se contentent plus d’avoir un seul, voire deux ou trois choix plus gĂ©nĂ©ralistes. Ils privilĂ©gient des choix plus pragmatiques, plus individuels. Et donc ce morcellement, cet Ă©clatement du monde politique, est aussi une consĂ©quence de cette individualisation. Est-ce que c’est un avantage ou un dĂ©savantage ? Je dirais qu’il y a plus d’avantages que de dĂ©savantages, dans le sens oĂč cela permet une meilleure reprĂ©sentation des sensibilitĂ©s que par le passĂ©, oĂč les grands partis combinaient diffĂ©rentes sensibilitĂ©s en leur sein. Ce systĂšme ne satisfait plus les Ă©lecteurs qui veulent des choix plus clairs, plus nets.

Ce fractionnement ne complique-t-il pas la constitution et le fonctionnement d’une coalition gouvernementale ? Non. Ces diffĂ©rentes sensibilitĂ©s existaient et devaient de toute maniĂšre s’accorder. Le phĂ©nomĂšne est juste plus visible aujourd’hui. Pour avoir une coalition qui tienne, il faut avoir des personnes qui peuvent se parler et qui soient prĂȘtes Ă  faire des compromis.

Portrait GUY WOLFF Interview MARC FASSONE
Le fondateur du parti pirate luxembourgeois espÚre que les sondages qui lui attribuent aux alentours de six députés se confirmeront au soir du 8 octobre.
OCTOBRE 2023 47
« Les enfants des classes socio-Ă©conomiques les plus faibles ont rarement accĂšs Ă  l’enseignement classique. »
Conversation Sven Clement (Piraten)

Conversation Sven Clement (Piraten)

C’est lĂ  que se situe le problĂšme. Les gens ont perdu la capacitĂ© de faire des compromis. C’est plus humain qu’idĂ©ologique. Vous dĂ©finissez-vous comme un parti de gouvernement ou comme un parti d’opposition ? Autrement dit, avez-vous vocation Ă  accĂ©der aux affaires ? On ne fait pas de la politique pour s’opposer ! Je me sens trĂšs bien dans l’opposition, mais j’aimerais pouvoir donner au pays des impulsions plutĂŽt que de les subir.

Le systĂšme Ă©lectoral actuel, et plus particuliĂšrement le dĂ©coupage en circonscriptions, favorise gĂ©nĂ©ralement les grands partis. Seriez-vous favorable Ă  une circonscription unique ? Oui. Par principe, je pense qu’aujourd’hui, dans un monde globalisĂ©, ce mode de fonctionnement par circonscription Ă©lectorale n’est plus d’actualitĂ©. L’idĂ©e de reprĂ©sentation rĂ©gionale ne fonctionne pas avec les circonscriptions que l’on a aujourd’hui. Esch-sur-Alzette n’a rien Ă  voir avec Kehlen. Tout comme Ettelbruck n’a rien Ă  voir avec

Mots-clés

Place financiĂšre Importante, mais pas indispensable. Le problĂšme, c’est qu’on l’a rendue indispensable. Mais Ă  moyen et Ă  long terme, il faudra diversifier notre Ă©conomie. Ce n’est pas sain d’ĂȘtre dĂ©pendant d’un seul secteur. On l’a vu avec l’acier. Le poids de la Place doit ĂȘtre rĂ©ajustĂ©.

Finances publiques

Nous avons encore une situation trĂšs favorable. Mais la marge dont nous disposons est dĂ©jĂ  hypothĂ©quĂ©e par des dĂ©cisions du passĂ©. Pour moi, l’important est que l’on n’abandonne pas une vision des finances publiques durables. L’endettement d’État peut ĂȘtre un accĂ©lĂ©rateur de croissance Ă©conomique s’il est bien dĂ©ployĂ©.

Diekirch. Et pourtant, ces villes sont dans la mĂȘme circonscription. Donc, soit on repense les circonscriptions pour obtenir une vraie rĂ©gionalisation, soit on choisit la circonscription unique avec une protection des intĂ©rĂȘts rĂ©gionaux, par exemple Ă  travers une Chambre des rĂ©gions ou une Chambre des communes.

Quel bilan votre parti tire-t-il de la derniĂšre lĂ©gislature ?

Nous avons beaucoup appris. Nous avons commis des erreurs, mais nous avons appris de celles-ci. Notre plus grand regret est d’avoir fait un temps un groupe technique avec l’ADR. C’était avec d’autres personnes qu’aujourd’hui, c’était dans une optique purement pragmatique, mais nous avions sous-estimĂ© l’impact politique. AprĂšs, au quotidien, nous avons fait de notre mieux pour donner des impulsions. Certaines de nos propositions sont arrivĂ©es au stade du dĂ©bat Ă  la Chambre. Et mĂȘme si aucune n’a Ă©tĂ© votĂ©e, c’était dĂ©jĂ  une victoire. Notre plus grand succĂšs est l’arrĂȘt Clement (arrĂȘt rendu le 27 janvier 2021 par la Cour admi-

nistrative qui confĂšre aux dĂ©putĂ©s le droit de consulter tous les contrats ou Memorandums of Understanding conclus par l’État, ndlr). Cela a permis de rendre le pays un peu plus transparent et d’amĂ©liorer les droits des dĂ©putĂ©s. Je crois qu’on a su montrer comment une opposition critique, mais constructive, doit se faire.

Quels seront, selon vous, les mots-clĂ©s de cette campagne ?

Je dirais justice sociale, accĂšs au logement et rĂ©silience pour le futur. Pour moi, la rĂ©silience, c’est s’assurer que nos enfants aient encore un futur qui soit viable. La rĂ©silience recouvre beaucoup de choses. Aujourd’hui, la justice sociale est l’aspect le plus important de la rĂ©silience. Le logement, c’est lĂ  qu’on a le plus d’injustice sociale et cela nous rend moins rĂ©silients. Tout cela est connectĂ©.

Pensez-vous qu’il se crĂ©e une fracture sociale au Luxembourg ?

Oui. Quand on a presque 20 % des familles qui sont concernĂ©es par la pauvretĂ©, c’est

Attractivité

Le Luxembourg est attrayant. On vient d’attirer la Bank of London. La question est plutĂŽt de savoir si l’on sait encore attirer des investisseurs dans d’autres domaines que celui de la finance. Peut­on rĂ©industrialiser, au moins partiellement, le Luxembourg pour se prĂ©parer aux challenges des annĂ©es Ă  venir ? C’est là­dessus que l’on doit travailler.

Compétitivité

Nous ne sommes plus compĂ©titifs pour attirer les talents. Il faut travailler sur la mobilitĂ©, sur le logement, sur l’attractivitĂ© fiscale pour les cĂ©libataires et sur le tĂ©lĂ©travail des frontaliers pour attirer et retenir les jeunes talents.

Énergie

Trop chĂšre. Elle est trop chĂšre, car on achĂšte toujours du charbon Ă  l’Allemagne. Si l’on avait utilisĂ© les excĂ©dents budgĂ©taires de ces derniĂšres annĂ©es pour investir massivement dans les Ă©nergies renouvelables, on pourrait dĂ©jĂ  avoir une Ă©lectricitĂ© bien moins chĂšre. Aujourd’hui, il faut pour chaque projet de construction du photovoltaĂŻque et de l’éolien.

Intelligence artificielle

C’est une grande opportunitĂ© d’augmenter notre productivitĂ©. Et les gains de productivitĂ© sont le seul moyen de rĂ©duire le temps de travail et d’avoir un meilleur Ă©quilibre entre vie professionnelle et vie privĂ©e. Le danger, c’est le risque que certains mĂ©tiers disparaissent. Il faut donc faire du reskilling, de l’upskilling, pour aider les personnes concernĂ©es Ă  trouver de nouveaux emplois, des emplois qui gĂ©nĂšrent de la valeur ajoutĂ©e.

48 OCTOBRE 2023

Conversation Sven Clement (Piraten)

grave. Mais cette fracture n’est pas que financiĂšre. Il y a dans ce pays une fracture Ă©ducationnelle. On constate cela en regardant les taux de rĂ©ussite dans les Ă©coles. Les enfants des classes socio-Ă©conomiques les plus faibles ont rarement accĂšs Ă  l’enseignement classique. On voit aussi cela dans le secteur de la santĂ©. La pauvretĂ© rend malade et ĂȘtre malade rend pauvre. Toutes ces fractures concourent Ă  crĂ©er un cercle vicieux qu’il sera difficile de briser. Ce sujet n’est pas nouveau, mais il a Ă©tĂ© rarement thĂ©matisĂ© car on a su le cacher avec de l’argent. J’ai coutume de dire qu’on ne fait pas de politique si on a une abondance d’argent. Ces 20 derniĂšres annĂ©es, on a rarement fait de la politique, on a juste choisi oĂč mettre de l’argent. L’art de la politique, c’est de faire des choix pour arriver Ă  une sociĂ©tĂ© plus juste, d’avoir le courage de les faire et de les expliquer.

Justement, quelles seraient pour vous les mesures phares urgentes Ă  prendre pour le prochain gouvernement ?  Construire plus ! Les moyens dĂ©ployĂ©s durant la crise du Covid devraient l’ĂȘtre Ă©galement maintenant pour s’attaquer Ă  la crise du logement et Ă  la crise climatique. ConcrĂštement, il faut, si nĂ©cessaire, dĂ©roger aux PAG communaux pour pouvoir construire plus haut, plus vite et plus dense. Ensuite, il y a la question de l’injustice fiscale. Il faut repenser entiĂšrement notre systĂšme fiscal, qui, aujourd’hui, est liĂ© Ă  l’état civil au lieu d’ĂȘtre liĂ© Ă  la capacitĂ© contributive d’un mĂ©nage. CapacitĂ© qui va bien au-delĂ  du seul revenu.

Évolution du nombre de siĂšges des Pirates Ă  la Chambre des dĂ©putĂ©s

L’apparition des Pirates Ă  la Chambre en 2018 a Ă©tĂ© l’une des grandes surprises du scrutin. L’exploit sera-t-il réédité ?

Vous dĂ©finissez la ligne politique de votre parti comme centriste radicale. C’est quoi un centriste radical ?

C’est quelqu’un qui a la possibilitĂ© de prendre de bonnes idĂ©es, qu’elles soient du centre gauche ou du centre droit. C’est quelqu’un qui est pragmatique, qui a comme vocation d’amĂ©liorer la vie des citoyens. Quelqu’un qui n’a pas pour vocation de dĂ©fendre une idĂ©ologie coĂ»te que coĂ»te, mais qui est prĂȘt Ă  chercher des solutions au lieu des problĂšmes.

Pouvez-vous rĂ©sumer votre programme en deux mots ?

Des solutions Ă©quitables pour aujourd’hui et demain.

Vous vous dites prĂȘt Ă  prendre des responsabilitĂ©s gouvernementales. Quelles seraient pour vous les lignes rouges non nĂ©gociables dans un accord de coalition ?

Le logement. Si on ne fait rien sur le logement, il ne faudra pas compter sur nous. Ensuite, pour que l’on se retrouve dans un accord de coalition, il faudra une garantie que l’on va faire une vraie rĂ©forme fiscale. Une garantie et un timing prĂ©cis. Pas comme avec la coalition sortante, qui a dit qu’elle allait le faire et puis aprĂšs, « Inch’Allah »  Enfin, il faudra prĂ©voir un plan pour la digitalisation du pays qui ne se rĂ©sume pas Ă  la seule digitalisation de la fonction publique. Notre ministre en charge ne voit la digitalisation que par ce tunnel trĂšs Ă©troit de l’administration. Mais cela va au-delà : les Ă©changes entre sociĂ©tĂ©s, entre sociĂ©tĂ©s et clients
 On pourrait imaginer mettre Ă  la disposition de notre Ă©conomie plusieurs plateformes, alors qu’aujourd’hui, chacun rĂ©invente la roue de son cĂŽtĂ© tous les jours.

AprĂšs les lignes rouges philosophiques, y a-t-il des partis avec lesquels vous ne vous voyez pas du tout travailler ? Les extrĂȘmes. L’ADR Ă  droite et dĂ©i LĂ©nk Ă  gauche. Reste Ă  savoir oĂč se situera Roy Reding, mais je ne pense pas qu’il jouera un rĂŽle
 De la mĂȘme façon que Fokus


Une derniùre question plus personnelle : qu’est-ce que l’accomplissement en politique, selon vous ?

Je viens d’une famille qui est politisĂ©e sans pour autant ĂȘtre affiliĂ©e Ă  un parti. PolitisĂ©e dans le sens oĂč si l’on veut que quelque chose change, il faut prendre ses responsabilitĂ©s. Et si l’on veut changer les choses en politique, il faut prendre les voix de ceux qui sont responsables du statu quo. L’accomplissement, c’est de faire entendre sa voix. C’est bizarre de le dire ainsi, mais je pense qu’à 34 ans, j’ai rĂ©ussi Ă  faire entendre ma voix. Ce qui est probablement quelque chose que beaucoup de gens qui entrent en politique ne vont jamais pouvoir dire.

Cette interview a été réalisée le 20 juillet 2023.
« Je pense qu’à 34 ans, j’ai rĂ©ussi Ă  faire entendre ma voix. »
0 2 ? 2013 2018 2023 50 OCTOBRE 2023

MORETHANBOOKS, A HISTORY. . .

Librairie Ernster | www.ernster.com | +352 22 50 77 1
Fred Keup (ADR)  « SĂ©curité   et liberté »

Comment abordez-vous l’échĂ©ance Ă©lectorale de ce 8 octobre ?

L’ADR est dans une trĂšs bonne dynamique. Lors des Ă©lections communales, nous avons Ă©tĂ© le seul parti qui a gagnĂ© des voix dans toutes les communes oĂč nous nous prĂ©sentions. Nous avons fait le meilleur score de notre histoire. Nous avons Ă©galement gagnĂ© Ă©normĂ©ment de nouveaux membres. Comme jamais auparavant ! Et nous constatons un soutien croissant Ă  notre action au sein d’une grande partie de la population. Nous sommes trĂšs confiants et je crois que nous allons rĂ©aliser un trĂšs bon score.

Vous pensez donc que les Ă©lections communales ont enclenchĂ© une dynamique sur laquelle vous allez pouvoir capitaliser en octobre ?

Oui. MĂȘme si les gens ne votent pas forcĂ©ment de la mĂȘme maniĂšre aux Ă©lections communales et aux Ă©lections lĂ©gislatives, les tendances sont lĂ  et vont, Ă  mon avis, durer jusqu’au scrutin.

La dĂ©fection de Roy Reding survenue aprĂšs les Ă©lections peut-elle enrayer cette dynamique ? Non. Nous n’avons pas perdu de membres Ă  cause de Roy Reding. À part lui-mĂȘme
 Nous ne voulions pas le mettre sur la liste du Centre parce qu’il ne s’y est jamais montrĂ©. De mĂȘme, il n’a pas participĂ© aux deux tiers des votes Ă  la Chambre. Au bout d’un moment, ça suffit. Quand un Ă©lecteur vote pour une personne, il s’attend Ă  ce

qu’il soit prĂ©sent et travaille. Ce n’était pas le cas, donc le comitĂ© de la circonscription Centre a dĂ©cidĂ© de ne pas le mettre sur la liste. Personnellement, je n’ai aucun problĂšme avec lui. Son nouveau parti peut-il nous prendre des voix et entrer Ă  la Chambre ? Je ne le pense pas. Lors des derniĂšres Ă©lections lĂ©gislatives, il y a toujours eu de nouveaux partis. Et aucun n’a rĂ©ussi Ă  entrer Ă  la Chambre dĂšs sa premiĂšre participation. Seul l’ADR, en 1989, a rĂ©ussi cela. Mais le parti avait un fort soutien de la part de certains syndicats et organisations. Les Pirates sont entrĂ©s Ă  la Chambre Ă  leur deuxiĂšme essai.

Les Ă©lections communales l’ont confirmé : le morcellement du paysage politique luxembourgeois a continuĂ© Ă  aller croissant. Pour un « petit » parti comme le vĂŽtre, est-ce une chance ou une menace ?

C’est un peu des deux. Sept partis reprĂ©sentĂ©s Ă  la Chambre, c’est beaucoup. Cela complique les choses, c’est sĂ»r. Ce qui est dommage, c’est que ce morcellement ne produit pas des dĂ©bats plus vifs, comme on pouvait s’y attendre. La grande majoritĂ© des partis sont du mĂȘme avis et il n’y a pas beaucoup d’opinions diffĂ©rentes. Nous n’entrons pas dans ce jeu : nous avons le courage de dire ce que nous pensons.

Comment un parti d’opposition comme le vître peut-il faire entendre sa voix à la Chambre ?

Il faut bien travailler ses sujets et ses interventions pour profiter au maximum de notre temps de parole.

Cela suffit-il pour peser dans les dĂ©bats ?

Oui. Lorsque les dĂ©putĂ©s des partis du gouvernement et du CSV parlent, les gens les Ă©coutent moins, car on sait ce qu’ils vont dire. Je remarque que lorsque c’est nous qui parlons Ă  la Chambre, les gens sont plus attentifs parce qu’ils savent que lĂ , souvent, il y a une autre perspective qui s’ouvre, un autre discours qui est tenu et qui rend, Ă  mon avis, le dĂ©bat politique plus intĂ©ressant.

J’ai encore discutĂ© ce week-end avec des personnes qui ne sont pas proches de l’ADR et qui m’ont dit qu’il est important

Portrait GUY WOLFF Interview MARC FASSONE
Un an aprĂšs avoir Ă©tĂ© nommĂ© prĂ©sident de l’ADR, Fred Keup a Ă©tĂ© dĂ©signĂ© comme tĂȘte de liste nationale. Son objectif : cinq Ă©lus. Voire une place dans le prochain gouvernement.
OCTOBRE 2023 53
« Garder la croissance Ă©conomique, mais diminuer la croissance dĂ©mographique. »

Conversation Fred Keup (ADR)

Mots-clés

Logement

S’il y a une crise, c’est parce que la demande est dĂ©mesurĂ©ment supĂ©rieure Ă  l’offre. Une offre qui reste consĂ©quente. On construit beaucoup au Luxembourg, proportionnellement beaucoup plus que dans d’autres pays. Ce qu’il faut, c’est diminuer la croissance dĂ©mographique dĂ©mesurĂ©e pour retrouver une situation confortable. Pour moi, la catastrophe, c’est qu’aujourd’hui, il y a des Luxembourgeois qui ne peuvent plus habiter dans leur propre pays. C’est inouĂŻ. L’État et les communes doivent agir pour essayer de donner une chance Ă  ces gens­lĂ  de rester au sein du pays.

Fiscalité

Nous ne voulons pas d’augmentation d’impĂŽts Le Luxembourg doit ĂȘtre compĂ©titif et attractif sur ce sujet. Nous voulons conserver le tourisme Ă  la pompe, qui rapporte un milliard d’euros Ă  l’État. Et nous voulons abolir la taxe d’abonnement. Pour rester sous la barre des 30 % en matiĂšre d’endettement nĂ©cessaire Ă  la prĂ©servation du triple A, c’est sur les dĂ©penses de l’État qu’il faut se pencher. Il y a des domaines dans lesquels on a exagĂ©rĂ© ces 10 derniĂšres annĂ©es et oĂč l’on pourrait faire des Ă©conomies.

Mobilité

On est dĂ©passĂ©. Face Ă  la croissance trop rapide de la population – de 12.000 Ă  13.000 personnes, soit 10.000 voitures Ă  peu prĂšs, et de 5.000 Ă  7.000 frontaliers de plus par an –, nous avons atteint les limites de ce que peut absorber le territoire. Cela devient de plus en plus compliquĂ© de se dĂ©placer et c’est un grand dĂ©savantage du point de vue de l’attractivitĂ©. Cela dit, l’ADR veut prĂ©server la mobilitĂ© individuelle. Donc la voiture. Nous sommes contre toute politique qui imposerait une forme de mobilitĂ© aux gens.

Intelligence artificielle

Je suis partagĂ©. D’un cĂŽtĂ©, c’est une chance Ă©norme pour augmenter la productivitĂ©, et donc pour rĂ©duire la croissance de la population nĂ©cessaire Ă  la croissance Ă©conomique. D’un autre cĂŽtĂ©, cela me fait peur de voir des machines crĂ©er des images et Ă©crire des textes plus vrais que nature. Il va falloir rĂ©guler cela. Notamment dans le systĂšme scolaire, oĂč les Ă©lĂšves ne devraient pas pouvoir recourir Ă  l’IA pour faire leurs devoirs.

que nous soyons lĂ , parce qu’avec nos opinions diffĂ©rentes, nous enrichissons le dĂ©bat politique.

Quel bilan tirez-vous de la derniĂšre lĂ©gislature ?

Plus que de la derniĂšre lĂ©gislature, c’est des 10 derniĂšres annĂ©es qu’il convient de tirer le bilan. Et ce bilan, c’est que nous avons un gouvernement de gauche qui prĂ©tend que tout va pour le mieux dans le meilleur des mondes, alors que ce n’est manifestement pas le cas : la croissance et le pouvoir d’achat diminuent, tandis que la pauvretĂ©, le chĂŽmage et les impĂŽts augmentent. Le systĂšme de santĂ© devient de moins en moins performant et la crise du logement s’aggrave. Le gouvernement n’a pas rĂ©ussi Ă  rĂ©soudre ces problĂšmes ni Ă  amĂ©liorer la situation. Ce qu’il sait bien faire, par contre, c’est communiquer. Une communication « bling-bling » 

Prenez par exemple Claude Turmes (dĂ©i GrĂ©ng), ministre de l’Énergie, qui se vante de la diminution de la consommation d’énergie. En oubliant de dire que cette

diminution rĂ©sulte d’une baisse de l’activitĂ© de l’industrie, qui perd en compĂ©titivitĂ©. C’est une forme de communication qui est souvent Ă  la limite du mensonge politique.

Et quel bilan tirez-vous, pour votre parti, de votre prĂ©sence Ă  la Chambre ?

Nous sommes le premier parti d’opposition. Pas par le nombre de siĂšges, mais par notre action. Nous ne faisons pas de l’opposition pour faire de l’opposition, nous votons les textes du gouvernement quand ils sont bons, mais nous sommes critiques en permanence. C’est ça qui fait un bon parti d’opposition : ĂȘtre critique et proposer des alternatives. Nous sommes le seul parti qui ne soit pas dans la majoritĂ© Ă  faire ce travail. Le CSV ne sait pas faire cela. Comme les partis de la coalition, le CSV est un parti mainstream, qui a peur de s’aventurer hors des sentiers battus.

Les Pirates ? On ne sait jamais oĂč ils sont. TrĂšs souvent, ils soutiennent l’exĂ©cutif en essayant sur certains points de crĂ©er des scandales. Quant Ă  dĂ©i LĂ©nk, nous ne partageons pas leurs idĂ©es, mais il faut reconnaĂźtre qu’ils travaillent beaucoup et qu’ils sont conscients de ce que doit ĂȘtre un parti d’opposition.

54 OCTOBRE 2023
« Si j’étais au gouvernement, la lutte contre la dĂ©linquance serait ma prioritĂ©. »

Évolution du nombre de siĂšges de l’ADR Ă  la Chambre des dĂ©putĂ©s

L’ADR a fait irruption dans le paysage luxembourgeois en 1989 oĂč, deux ans aprĂšs sa fondation, il entre Ă  la Chambre des dĂ©putĂ©s avec quatre siĂšges. Il rĂ©alise son meilleur score en 1999. Depuis, alors que son but premier – l’égalitĂ© des prestations de retraite de l’État entre les fonctionnaires et les salariĂ©s du privé – a Ă©tĂ© atteint, il a cĂ©dĂ© sa place de quatriĂšme parti du pays aux Verts.

Quels sont, pour vous, les thĂšmes et les sujets-clĂ©s de cette Ă©lection ? Pour nous, le premier sujet d’importance pour l’avenir de notre pays est celui de la croissance. Le dĂ©fi est de garder la croissance Ă©conomique, mais de diminuer la croissance dĂ©mographique. AprĂšs, il y a nos thĂšmes traditionnels : la famille et le fait de mettre les enfants au centre de toutes les dĂ©cisions, la sĂ©curitĂ©, ainsi que la prĂ©servation de la culture et de la langue luxembourgeoises.

Quel est le bon modĂšle de croissance pour le Luxembourg, selon vous ?  C’est un modĂšle qui combine croissance Ă©conomique et faible croissance dĂ©mographique. Nous devons jouer sur la productivitĂ© pour rompre avec un systĂšme oĂč la croissance Ă©conomique est portĂ©e par la dĂ©mographie. Presque tous les problĂšmes que nous avons aujourd’hui au Luxembourg, que ce soit le logement, la mobilitĂ©, l’environnement, le manque d’infrastructures, le manque de personnel, etc., sont dus Ă  cette croissance dĂ©mographique dĂ©mesurĂ©e que l’on connaĂźt depuis 10 Ă  15 ans. Il y a toujours eu une croissance dĂ©mographique au Luxembourg. Ce n’est pas mauvais en soi si elle est raisonnable. Mais ces 10 derniĂšres annĂ©es, elle s’est trop accrue et trop vite, ce qui pose d’énormes problĂšmes. Avoir toujours plus de croissance est un cercle vicieux : nous devons incessamment combattre les problĂšmes qui sont liĂ©s Ă  la croissance avec toujours plus de croissance. Ça ne marchera pas. Quand on aura un million d’habitants, on dira qu’on aura besoin de deux millions d’habitants, et on va continuer ainsi.

On voit trĂšs bien que le pays atteint ses limites. MĂȘme si le gouvernement dit qu’il investit dans le futur, c’est faux. On investit pour diminuer les problĂšmes que l’on a depuis 10 ans. C’est du rattrapage et non une projection vers le futur. Un Luxembourg Ă  un million d’habitants Ă  l’horizon 2050 : est-ce bien ce que veulent les gens ? C’est la grande question sur laquelle les partis devront se positionner. Car un Luxembourg Ă  un million d’habitants, cela va changer notre modĂšle.

Si vous Ă©tiez au gouvernement, quelles seraient les mesures phares que vous prendriez dans les 100 premiers jours ?

D’abord, nous organiserions un rĂ©fĂ©rendum relatif Ă  la poursuite de l’objectif d’un Luxembourg Ă  un million d’habitants. C’est une question primordiale sur laquelle il faut dĂ©battre publiquement, au-delĂ  des quelques sphĂšres spĂ©cialisĂ©es qui se sont emparĂ©es du sujet. Les Ă©lecteurs devraient pouvoir ĂȘtre correctement informĂ©s et donner librement leur avis. Ensuite, il y a la question de l’augmentation de la dĂ©linquance au Luxembourg. Nous sommes le cinquiĂšme pays d’Europe en ce qui concerne les vols avec violence dans la rue. Nous n’avons jamais vu ça ! Les cambriolages augmentent Ă©galement trĂšs fortement. Si j’étais au gouvernement, la lutte contre la dĂ©linquance serait ma prioritĂ©. Il y a une vĂ©ritable offensive Ă  mener pour amĂ©liorer la sĂ©curitĂ© de nos concitoyens.

Et puis il y a la famille. Il faut conduire une politique qui mette au centre de tous les intĂ©rĂȘts des enfants et des familles. Et il faut rompre d’urgence avec la politique de monsieur Meisch (DP), qui prĂ©conise que les enfants aillent dans des structures telles que les maisons relais et les crĂšches tandis que les parents travaillent. Nous voulons un autre modĂšle. Nous voulons donner la possibilitĂ© Ă  un des parents de s’occuper des enfants jusqu’à un certain Ăąge, au moins Ă  mi-temps.

1999 7 5 4 3 3 ? 2004 2009 2013 2018 2023
Cette interview a été réalisée le 7 août 2023.
OCTOBRE 2023 55
« C’est une forme de communication qui est souvent Ă  la limite du mensonge politique. »
David Wagner (déi Lénk)
« Impulser
des dynamiques   de lutte »

Comment abordez-vous l’échĂ©ance Ă©lectorale de ce 8 octobre ?

Avec un certain optimisme, malgrĂ© le rĂ©sultat mitigĂ© des communales oĂč nous avons reculĂ©. Pas d’une maniĂšre catastrophique : nous avons perdu environ 1 % de voix. Mais cela faisait longtemps que cela ne nous Ă©tait pas arrivĂ©. Depuis plusieurs annĂ©es, Ă  chaque Ă©lection, nous progressions. LĂ©gĂšrement, soit, mais nous progressions constamment. Le cĂŽtĂ© positif, c’est l’enthousiasme autour de ces Ă©lections. Enthousiasme qui se constate dans le nombre de nouveaux – et surtout trĂšs jeunes – candidats qui figurent sur nos listes.

À quoi attribuez-vous cet afflux de jeunes candidats ?

Je pense que les Ă©lections communales ont rĂ©veillĂ© beaucoup de gens qui, jusqu’à prĂ©sent, n’étaient pas politiquement engagĂ©s et qui se disent qu’il est important de nous soutenir et que nous gardions nos deux dĂ©putĂ©s. Nous devons absolument garder nos deux siĂšges, c’est l’objectif. Et pourquoi pas en gagner un de plus ? Nous avons adoptĂ© une stratĂ©gie de ciblage de l’électorat jeune – enfin, on prend tout le monde, ce n’est pas le problĂšme
 –, mais notre analyse, c’est de dire qu’un parti de gauche fonctionne bien lorsqu’il rassemble des gens qui ont tout Ă  gagner. Donc, par dĂ©finition, les jeunes. Des jeunes qui sont

plus dynamiques, qui sont trĂšs souvent moins conservateurs et qui n’ont pas peur. On constate qu’il y a beaucoup de jeunes qui sont dans la vingtaine ou peut-ĂȘtre au dĂ©but de la trentaine qui sont bien formĂ©s, mais dont les ambitions sont bridĂ©es au niveau du travail, puisque le plein emploi n’existe plus, de mĂȘme que le modĂšle du travail fixe, stable et Ă©mancipateur. On remarque aussi que pour beaucoup de jeunes, ce n’est pas forcĂ©ment l’argent qui les intĂ©resse. Ils veulent faire quelque chose qui leur plaĂźt et qui a du sens.

Pour y arriver, nous nous sommes remis en question et nous avons dĂ©veloppĂ© une stratĂ©gie de prĂ©sence sur les rĂ©seaux sociaux. Nous avons embauchĂ© un influenceur Twitter pour cela. Pour parler Ă  la jeunesse, il faut vraiment quelqu’un qui ait les codes. Nous aurions aimĂ© ĂȘtre prĂȘts pour les communales, mais cela n’a pas Ă©tĂ© possible. C’est quand mĂȘme beaucoup de travail pour un petit parti comme le nĂŽtre.

Pour un petit parti comme le vĂŽtre, la succession rapprochĂ©e de deux Ă©chĂ©ances Ă©lectorales vous pĂ©nalise-t-elle ?

C’est une pĂ©riode intense et fatigante, surtout pour un petit parti. Il y a beaucoup de choses Ă  faire. Monter les panneaux, les dĂ©monter, les remonter, cela demande de l’huile de coude
 Et puis il faut travailler sur les idĂ©es, le programme, organiser des rencontres, sĂ©lectionner les candidats, participer aux interviews et aux tables rondes. Cela nĂ©cessite beaucoup de prĂ©paration. En plus, le calendrier fait qu’il faut ĂȘtre trĂšs actif en Ă©tĂ©, une pĂ©riode traditionnellement creuse. Cette annĂ©e, par la force des choses, la campagne sera courte.

Pensez-vous qu’en quatre mois, les tendances des communales peuvent s’inverser ?

On l’espĂšre, Ă©videmment. On dit toujours qu’on ne peut pas comparer le communal et le national. C’est vrai. Je ne suis pas fataliste, mais des tendances se sont dĂ©gagĂ©es et il faut en tenir compte. Une critique que beaucoup de gens nous ont faite pendant la campagne – et je veux dire des gens proches –, c’était que l’on ne nous voyait pas assez sur les panneaux d’affichage. Et je crois qu’effectivement, nous avons mal gĂ©rĂ© cela.

Portrait
WOLFF
GUY
Interview MARC FASSONE
Pas de tĂȘte de liste nationale pour dĂ©i LĂ©nk. David Wagner est un candidat comme un autre au service de l’objectif du parti : mettre fin au laisser-faire qui caractĂ©rise l’action du gouvernement.
OCTOBRE 2023 57 Conversation David Wagner (déi Lénk)
« Il n’y a rien de pire en politique que le fatalisme ou l’indiffĂ©rence. »

Conversation David Wagner (déi Lénk)

Mots-clés

Place financiĂšre

Une prison dorĂ©e. Mais une prison quand mĂȘme. C’est dangereux, parce que la place financiĂšre peut disparaĂźtre. Que se passera-t-il alors ? Sans oublier le problĂšme moral, dont il faut parler. L’argument du « si ce n’est pas nous  » me paraĂźt bizarre.

Tout miser sur la seule Place empĂȘche de dĂ©velopper d’autres filiĂšres. Or, on a quand mĂȘme au Luxembourg beaucoup de potentiel en dehors de la finance.

Finances publiques

Un État a le droit de s’endetter. Il ne s’agit pas de s’endetter pour s’endetter, il s’agit d’investir dans les services publics. Et si cela pose un problĂšme au niveau de l’équilibre des finances publiques, il faut le rĂ©soudre par le biais de l’augmentation des recettes fiscales. Il faut augmenter la charge fiscale de ceux qui gagnent le plus et l’allĂ©ger pour ceux qui sont en bas de l’échelle salariale, et taxer plus fortement les revenus du capital.

Attractivité

C’est quand on a un pays qui respecte ses salariĂ©s. Si on va dans un pays oĂč les droits des salariĂ©s sont respectĂ©s, si on a un salaire dĂ©cent avec des loyers dĂ©cents oĂč les services publics sont efficaces et oĂč il est fait bon vivre, alors on est attractif.

Le futur du travail

C’est effectuer le travail le plus Ă©mancipateur possible, ne pas travailler pour des intĂ©rĂȘts privĂ©s, mais travailler pour soi-mĂȘme et pour la collectivitĂ©. Les gens qui ont un travail utile sont toujours satisfaits. Mais souvent, ce ne sont pas ceux qui sont les mieux traitĂ©s. L’avenir, ce sera aussi de travailler moins. Nous demandons une semaine de 32 heures, mais on pourrait trĂšs bien aller plus loin.

Être en retrait sur le plan visuel, dans la rue, donnait l’impression que nous n’étions pas offensifs. LĂ , on va mettre le paquet


Parmi les tendances qui seront dĂ©gagĂ©es du scrutin Ă©lectoral, il y en a une majeure : la poursuite du morcellement du paysage politique. Est-ce un atout ou un dĂ©fi pour vous ? Il y a sept partis actuellement au Parlement. Ce n’est ni excessif ni catastrophique, selon moi. De nouveaux partis sont apparus –Fokus, LibertĂ©-FrĂ€iheet! et Volt. Ils ne chassent pas sur nos terres et ne nous prendront pas de voix. À gauche, en fait, nous n’avons pas de concurrence de la part de petits partis. C’est vrai qu’il y a encore quelques annĂ©es, il y avait peut-ĂȘtre une plus grande identification aux partis. Quand on venait du Sud, que l’on Ă©tait ouvrier ou fils d’ouvrier, il Ă©tait quasiment Ă©vident d’adhĂ©rer au parti socialiste ou au parti communiste. Quand on Ă©tait de la capitale et bourgeois, le DP Ă©tait une Ă©vidence. De ce point de vue lĂ , les choses se brouillent. Mais la rĂ©alitĂ© politique du Luxembourg, c’est qu’il y a une course au centre, Ă  l’extrĂȘme centre mĂȘme. Les quatre grands partis arrivent toujours Ă  se mettre d’accord sur un certain nombre de points.

Comment, dans ce contexte de centrisme politique, pouvez-vous faire entendre votre voix et peser sur la politique ? Il est extrĂȘmement important qu’il y ait Ă  gauche de l’échiquier politique une force radicale. Nous sommes conscients que nous ne sommes pas dans une perspective d’accession au pouvoir Ă  court terme. Mais ce n’est pas grave. L’important est de pouvoir impulser des dynamiques de lutte dans la sociĂ©tĂ©. Si les gens descendent dans la rue contre telle ou telle rĂ©forme, le gouvernement y rĂ©flĂ©chira Ă  deux fois. Notre ambition, c’est aussi de sortir les gens d’une forme de dĂ©prime, de dĂ©pression politique. Il n’y a rien de pire en politique que le fatalisme ou l’indiffĂ©rence.

Quel bilan tirez-vous de la derniĂšre

lĂ©gislature ?

Ces cinq annĂ©es ont Ă©tĂ© marquĂ©es par deux crises majeures : le Covid et la crise en Ukraine. Des problĂšmes que l’on peut assez facilement rĂ©soudre. Ce qui n’est pas le cas de l’autre crise majeure que nous traversons : la question climatique. Nous sommes engagĂ©s dans une sĂ©quence trĂšs angoissante et je n’ai pas l’impression que le gouvernement prenne les mesures radicales qui s’imposent. C’est une des raisons pour lesquelles j’en veux aux Verts : ils ont raison quand ils parlent de la question climatique – et nous partageons leur constat –, mais ils arrivent Ă  rendre impopulaires des mesures qui devraient ĂȘtre populaires. Pourquoi ? Parce qu’ils ont dissociĂ© cette question de la question sociale.

Leur Ă©lectorat est un Ă©lectorat bourgeois et les mesures se basent toujours sur l’individualisme, alors que c’est l’État qui devrait prendre la question en charge. Il faut que les choses soient faites de maniĂšre massive. Les Verts n’y arrivent pas.

De maniĂšre gĂ©nĂ©rale, je dirais que cela a Ă©tĂ© une lĂ©gislature du laisser-faire. Rien ne s’est passĂ©. Regardez le logement. Maintenant, l’AutoritĂ© de la concurrence fait le constat que tout le monde connaissait dĂ©jà : le problĂšme central, c’est la spĂ©culation. Ne le savaient-ils pas au gouvernement ? Et s’ils le savaient et qu’ils n’ont rien fait, c’est problĂ©matique
 Les libĂ©raux ont gagnĂ©, en fait. Et on peut faire la mĂȘme analyse pour la rĂ©forme fiscale. Une erreur monumentale. Et une argumentation dĂ©plorable : ce n’était pas le moment ! C’est quand tout va mal qu’il faut rĂ©former, pas quand tout va bien. Pareil avec la rĂ©duction

« Une rupture rĂ©actionnaire pourrait se produire si Luc Frieden devenait Premier ministre. »
58 OCTOBRE 2023

Repensez vos dĂ©placements en respectant l’environnement et votre budget

VĂ©lo ou trottinette Ă©lectrique ? Quel que soit votre choix, nous vous aidons Ă  financer votre mobilitĂ© douce1). 1) VĂ©lo, vĂ©lo Ă©lectrique, trottinette Ă©lectrique ou autre EDPM (engin de dĂ©placement personnel motorisĂ©) sans Ă©mission de CO2 2) Offre soumise Ă  conditions. Sous rĂ©serve d’acceptation du dossier par la banque. Plus d’informations en agence et sur bgl.lu. CrĂ©dit sur 3 ans maximum entre 1.000 € et 5.000 €. BGL BNP PARIBAS S.A. (50, avenue J.F. Kennedy, L-2951 Luxembourg, R.C.S. Luxembourg : B 6481) Communication Marketing septembre 2023 bgl.lu/fr/mobilite-douce
Ă  taux 0 %2)
Crédit

du travail : ce n’était pas le moment
 Ou alors, ils n’étaient tout simplement pas d’accord entre eux.

Quels seront les mots-clĂ©s de cette campagne, selon vous, et pourquoi ?

Outre les thĂšmes dĂ©jĂ  Ă©voquĂ©s, il y en a un qui s’impose : la rupture. Une rupture politique avec ce qui existe aujourd’hui. J’ai l’impression qu’il y a dans l’électorat une volontĂ© de rupture, aussi bien progressiste que rĂ©actionnaire. Nous, nous voudrions une rupture avec le systĂšme libĂ©ral actuel du laisser-faire politique. Mais une rupture rĂ©actionnaire pourrait se produire si Luc Frieden devenait Premier ministre. Il y a des ruptures nĂ©cessaires, et il y a d’autres ruptures dont je ne voudrais pas.

Quels seront les dossiers chauds pour le prochain gouvernement, selon vous ? Et si vous arriviez aux affaires, quelles seraient vos mesures phares dans les 100 premiers jours ? Je pense qu’une des premiĂšres choses qu’il faut faire, c’est une refonte institutionnelle. Il faudrait faire une constituante pour impliquer totalement la population dans une nouvelle Constitution. Une Constitution qui donnerait plus de droits Ă©conomiques et sociaux et qui impliquerait concrĂštement les citoyens dans la rĂ©daction des textes lĂ©gislatifs.

Le droit de pĂ©tition serait-il insuffisant ?

Évolution du nombre de siĂšges de dĂ©i LĂ©nk Ă  la Chambre des dĂ©putĂ©s

Depuis 1999, date de sa premiĂšre participation Ă  des Ă©lections lĂ©gislatives, et Ă  l’exception de 2004 oĂč la rupture avec le parti communiste luxembourgeois (KPL) lui fait perdre son siĂšge, le parti a une prĂ©sence constante Ă  la Chambre. Et il veut la garder.

Le droit de pĂ©tition, c’est juste la permission de demander quelque chose. AprĂšs, c’est « cause toujours, tu m’intĂ©resses »  Je voudrais une « dĂ©mocratie de base » dans laquelle les citoyens, Ă©ventuellement Ă©paulĂ©s par des fonctionnaires ayant des compĂ©tences techniques, pourraient imposer des choses dans la rĂ©daction des textes lĂ©gislatifs.

Puisque nous parlons de rĂ©forme institutionnelle, quid d’une circonscription Ă©lectorale unique ?

Nous sommes pour et nous l’avons d’ailleurs proposĂ©e il y a plusieurs annĂ©es. DĂ©jĂ , les circonscriptions actuelles ne correspondent Ă  aucune rĂ©alitĂ© gĂ©ographique et dĂ©mographique. Le fait qu’une voix du Sud n’ait pas le mĂȘme poids qu’une voix du Nord ou de

l’Est est un problĂšme. Et dans un petit pays comme le nĂŽtre, ce dĂ©coupage est artificiel. On peut habiter Kehlen et militer au centre. Tout cela ne fait aucun sens.

Hormis la chose institutionnelle, quelles seraient les autres mesures urgentes à prendre ?

Il faut revaloriser le salaire minimum de 300 euros. En ce qui concerne le climat, l’État doit dĂ©velopper toute la filiĂšre dĂ©carbonatĂ©e. C’est un gros travail. Il faut assainir et verdir le pays. Dans le secteur du logement, il faut construire des logements publics en masse et plafonner les loyers en attendant que les logements en construction soient disponibles.

Pourriez-vous rĂ©sumer votre programme en deux mots ?

Tout à gagner. C’est d’ailleurs notre slogan.

Parlons coalition. Êtes-vous prĂȘt Ă  prendre des responsabilitĂ©s gouvernementales si on vous le demande ?

Je n’y pense pas quand je me rase
 Gouverner n’est pas quelque chose qui m’intĂ©resse personnellement. Au niveau du parti, nous n’avons jamais dit que nous ne le ferions pas. Nous avons dĂ©jĂ  pris des responsabilitĂ©s au niveau communal. Mais pas Ă  n’importe quel prix. Il faudrait dĂ©jĂ  qu’il y ait un bon rapport de force. Avec deux dĂ©putĂ©s, je ne pense pas qu’on puisse entrer dans un gouvernement. Surtout que nous voulons opĂ©rer des changements radicaux. Avoir des strapontins avec peu de compĂ©tences pour passer cinq ans Ă  avaler des couleuvres, pas question.

Pour vous, qu’est-ce que l’accomplissement en politique ?

Qu’il n’y ait plus besoin d’hommes ou de femmes politiques. Le but ultime, c’est que tout le monde fasse de la politique et que l’on n’ait plus besoin d’élus professionnels. Le jour oĂč tout le monde sera capable de faire de la politique et de gouverner en collectif, alors nous aurons accompli une grande chose.

Cette interview a été réalisée le 24 juillet 2023.
1999 1 0 1 22 ? 2004 2009 2013 2018 2023
60 OCTOBRE 2023
« Il faut revaloriser le salaire minimum de 300 euros. »

Habitez au cƓur de l’histoire.

Liicht, la nouvelle rĂ©sidence de 47 appartements avec une vue imprenable sur les bĂątiments classĂ©s au patrimoine historique et une situation idĂ©ale en plein cƓur de l’écoquartier Rout LĂ«ns (Esch-sur-Alzette).

Découvrez la résidence

Liicht

ikorealestate.eu

La crise du logement : un enjeu de stabilitĂ©

La crise du logement au Luxembourg atteint un niveau alarmant, touchant la compĂ©titivitĂ©, la croissance et le tissu social. Face aux difficultĂ©s du marchĂ© immobilier, une rĂ©gulation plus stricte pourrait-elle ĂȘtre la clĂ© pour stabiliser et rationaliser les prix des logements ?

La crise du logement au Luxembourg s’est intensifiĂ©e, menaçant la compĂ©titivitĂ©, la croissance et la cohĂ©sion sociale du pays. Depuis plusieurs mois, l’ampleur de la crise s’accentue. Selon le Politmonitor de novembre 2022, ce problĂšme Ă©tait dĂ©jĂ  la principale prĂ©occupation pour 75 % des rĂ©sidents. Les chiffres dĂ©peignent une situation alarmante : inflation de l’immobilier, diminution des ventes de logements et raretĂ© croissante des logements abordables.

Au cƓur de la crise se trouve une augmentation drastique des prix immobiliers, catalysĂ©e par divers facteurs, dont une

croissance Ă©conomique robuste et une offre insuffisante. À Luxembourg-ville, le prix au mĂštre carrĂ© pour un appartement existant a presque triplĂ© depuis 2007, passant de 4.015 € Ă  11.590 € en 2022. ParallĂšlement, les prix des appartements en Vefa ont Ă©galement connu une hausse considĂ©rable, passant de 4.583 € Ă  14.157 € 1 .

Cette situation est exacerbĂ©e par des problĂšmes supplĂ©mentaires, tels que la crise du Covid, les difficultĂ©s d’approvisionnement, l’inflation, la hausse des taux d’intĂ©rĂȘt hypothĂ©caires depuis fin 2021 et les retombĂ©es Ă©conomiques de la guerre

en Ukraine. Les consĂ©quences de ces dĂ©fis se font sentir sur le marchĂ© immobilier, avec une chute de 48,3 % des ventes de logements en 2023 par rapport Ă  2021.

Les prémices de la crise pour les ménages

L’augmentation des prix immobiliers a inĂ©vitablement un impact sur les mĂ©nages qui consacrent une part de plus en plus importante de leur budget au logement. En 2019, le taux d’effort, c’est-Ă -dire le rapport entre le coĂ»t du logement et le revenu disponible, Ă©tait de 37,3 % pour les locataires et de 29,5 % pour les propriĂ©taires endettĂ©s. De plus, l’accĂšs au crĂ©dit pour les mĂ©nages devient de plus en plus difficile au Luxembourg, avec des apports en fonds propres exigĂ©s par les banques augmentant de 11,4 % en 2018 Ă  25-30 % actuellement. La StratĂ©gie nationale du logement abordable a tentĂ© de remĂ©dier Ă  cette crise, mais la demande de logements dĂ©passe toujours l’offre, en dĂ©pit d’une population qui a augmentĂ© de prĂšs de 50 % depuis 2000. La Fondation Idea estime qu’il faudrait 7.340 logements

ANALYSE
62 OCTOBRE 2023 Logement

ÉVOLUTION DU PRIX DES ACQUISITIONS EN NEUF ET EXISTANT À LUXEMBOURG

supplĂ©mentaires par an jusqu’en 2026 pour soutenir la croissance du pays. Toutefois, en 2023, on prĂ©voit 1.500 logements neufs de moins sur le marchĂ©. En consĂ©quence, le nombre de permis de construire a chutĂ© de 28 % entre 2021 et 2022 3 .

Face Ă  cette crise, des appels ont Ă©tĂ© lancĂ©s pour des mesures de soutien temporaires et ciblĂ©es. La Chambre des mĂ©tiers souligne l’importance du secteur de la construction, qui reprĂ©sente prĂšs de 15% des emplois, pour maintenir l’attractivitĂ© du pays et loger la main-d’Ɠuvre nĂ©cessaire Ă  son Ă©conomie.

L’angle de la concurrence

Le secteur immobilier rĂ©sidentiel du Luxembourg se distingue par sa spĂ©cificitĂ©. Face Ă  une population en croissance constante, le marchĂ© peine Ă  rĂ©pondre aux besoins en logements, notamment en raison de l’augmentation spectaculaire des prix des logements neufs et Ă  rĂ©nover. Bien que la conjoncture Ă©conomique actuelle tende Ă  modĂ©rer cette envolĂ©e, les prix demeurent Ă©levĂ©s, consĂ©quence directe d’une produc-

2 – ÉVOLUTION DU SECTEUR DE LA PROMOTION IMMOBILIÈRE

V.A. = valeur annuelle N.D. = non disponible 2007 2008 2009 2010201120122013 2014 2015201620172018 2019 2020 20212022 14 0 2 4 6 10 12 8 1 –
Vente d’appartements construits Vente en Ă©tat futur d’achĂšvement En milliers d’euros 14.157 4.583 11.590 4.015 Source Observatoire de l’habitat (Liser) Source Ibid., AutoritĂ© de la concurrence 100 100 100 100 - - -IndiceIndice Indice Indice V.A. en % V.A. en % V.A. en % V.A. en % 104 114 69 76 + 4 % + 14 % - 31 % - 24 % 108 109 189 82 + 4 % - 4 % + 174 % + 8 % 115 110 127 93 + 65 % + 1 % - 33 % + 13 % 118 137 233 119 + 3 % + 25 % + 83 % + 28 % 122 149 326 109 + 3 % + 9 % + 40 % - 8 % 127 160 286 136 + 4 % + 7 % + 18 % + 25 % 137 167 462 153 + 8 % + 4 % + 20 % + 13 % 142 196 457 141 + 4 % + 17 % - 1 % - 8 % 156 247 762 130 + 10 % + 26 % + 67 % - 8 % 163 271 791 N.D. + 4 % + 10 % + 4 %2010 2011 2012 2014 2015 2016 2017 2018 2019 2020 AnnĂ©e Nombre d’entreprises Chiffre d’affaires ExcĂ©dent brut d’exploitation Nombre de logements construits 2013 OCTOBRE 2023 63

3 – ÉVOLUTION DU NOMBRE D’ACQUISITIONS EN NEUF ET EXISTANT À LUXEMBOURG

tion annuelle de logements insuffisante et d’une propriĂ©tĂ© fonciĂšre largement entre les mains de quelques acteurs-clĂ©s. Ce sont prĂ©cisĂ©ment ces acteurs, majoritairement des promoteurs immobiliers, qui sont au cƓur de la chaĂźne de valeur. Avec une omniprĂ©sence au Luxembourg – 1.105 entreprises pour un chiffre d’affaires de 2,4 milliards d’euros en 2020 –, la profession attire l’attention de l’AutoritĂ© de la concurrence. Celle-ci a ainsi entrepris d’analyser en profondeur les interactions entre ces diffĂ©rents acteurs pour formuler des constats et recommandations en juillet dernier 2 .

D’abord, selon l’AutoritĂ© de la concurrence, il est Ă  noter que la coopĂ©ration entre promoteurs est courante, souvent justifiĂ©e par des besoins pratiques, comme la dĂ©tention de terrains contigus ou la recherche de conditions de financement avantageuses. Toutefois, ces partenariats peuvent parfois entraver la concurrence. En effet, certains Ă©changes d’informations pourraient favoriser des pratiques anticoncurrentielles, rĂ©duisant de ce fait l’offre

de logements. L’AutoritĂ© exhorte donc les parties prenantes Ă  respecter scrupuleusement les rĂšgles de concurrence.

Vers une rĂ©gulation accrue ?

Le rĂŽle de l’administration est Ă©galement crucial. L’autonomie communale, Ă  travers les plans d’amĂ©nagement gĂ©nĂ©raux (PAG) et les plans d’amĂ©nagement particuliers (PAP), influence directement la dynamique du logement. Les rĂ©ponses obtenues par l’AutoritĂ© indiquent que les phases prĂ©paratoires de projets peuvent ĂȘtre longues et ardues, impliquant de nombreuses nĂ©gociations. Ces contraintes pourraient dĂ©courager certains promoteurs, les poussant Ă  constituer des rĂ©serves fonciĂšres. L’AutoritĂ© de la concurrence suggĂšre ainsi de simplifier cette phase en imposant des procĂ©dures plus claires et concises.

La question fonciÚre se révÚle également centrale. Une majorité de terrains disponibles est détenue par des entités privées, et certains promoteurs pourraient pratiquer le land banking, visant à monopoliser les

63,9 %

En 2022, 63,9 % du foncier constructible pour l’habitat, soit 2.750 hectares, Ă©tait dĂ©tenu par moins de 20.000 particuliers. Le top 100 de ces dĂ©tenteurs possĂ©dait 360 hectares, reprĂ©sentant 13,2 % du total. Les sociĂ©tĂ©s privĂ©es dĂ©tenaient quant Ă  elles 19 % de cette surface, soit 817 hectares.

2007 2008 2009 2010201120122013 2014 2015201620172018 2019 2020 20212022 800 700 600 500 400 300 200 100 0
futur d’achùvement En milliers d’euros 183 371 654 406
64 OCTOBRE 2023 Logement
Vente d’appartements construits Vente en Ă©tat
Source Observatoire de l’habitat (Liser)

No bei dir.

Mir wÀerten

duerch massiv Investitioune méi bezuelbare Wunnraum schafen

d’MĂ«ttelschicht weider spierbar entlaaschten an hir Kafkraaft stĂ€erken

de Leit méi ZÀit a Flexibilitéit gi fir Famill a Beruff besser ze verbannen

dĂ©i erneierbar Energien konsequent ausbauen an d’Leit beim Klimaschutz mathuelen

d’Betriber geziilt Ă«nnerstĂ«tzen an d’AttraktivitĂ©it vum Land stĂ€rken

Réiden, 19h00

Centre culturel

Stad, 19h00

Cercle Cité

Mamer, 20h00

Mamer Schlass

Diddeleng, 19h00

Hall polivalent

Hengescht, 19h00

Centre culturel

Jonglënster, 19h30

Centre culturel

All eis Prioritéiten an d'Walversammlunge fannt dir op dp.lu

op: dp.lu
Méi
14.9. 15.9. 18.9. 25.9. 28.9. 2.10.

4 – NOMBRE D’AGENCES IMMOBILIÈRES

Le Luxembourg Ă©tait, en 2019, le premier pays europĂ©en en termes de ratio « nombre d’agences / 1.000 habitants », avec 1,99 agence pour 1.000 habitants.

DE CERTIFICATS OAI ÉMIS PAR MOIS

terrains pour exclure la concurrence. Cette concentration fonciĂšre contribue Ă  l’inflation des prix du foncier et, par consĂ©quent, du logement, engendrant de sĂ©rieux problĂšmes sociaux.

Enfin, la commercialisation et la vente des logements impliquent l’intervention des agences immobiliĂšres. Leur nombre important au Luxembourg pourrait favoriser une surenchĂšre, avec des prix proposĂ©s parfois dĂ©corrĂ©lĂ©s de la rĂ©alitĂ© du marchĂ© 4 . L’AutoritĂ© prĂ©conise donc une rĂ©gulation accrue du secteur.

Recul dans la construction

Le secteur de la construction, de facto, traverse une pĂ©riode difficile. Pour anticiper son Ă©volution, l’Ordre des architectes et des ingĂ©nieurs-conseils (OAI) rĂ©vĂ©lait, en juillet dernier, une tendance inquiĂ©tante 5 .

Depuis juillet 2021, la moyenne mobile sur six mois des certificats OAI Ă©mis pour tous types de projets a connu une baisse alarmante de 38 % : 540 en juillet 2021, contre 334 en janvier 2023. Bien qu’une stabilisation ait Ă©tĂ© observĂ©e entre janvier et juin 2023, le nombre est restĂ© faible, se situant Ă  365 en juin 2023. Cette tendance nĂ©gative est encore plus marquĂ©e pour les

projets de logement, avec une chute de 41 % de la moyenne mobile sur six mois des certificats dĂ©livrĂ©s. De 441 en juillet 2021, ce chiffre a plongĂ© Ă  261 en janvier 2023, se stabilisant lĂ©gĂšrement Ă  263 en juin 2023. Cependant, une lueur d’espoir se profile pour les PAP. AprĂšs une chute drastique de 50 % entre mars 2022 et janvier 2023, une reprise encourageante est enregistrĂ©e avec 35 certificats dĂ©livrĂ©s en juin 2023.

Mise en place d’une task force Ainsi, face Ă  une situation d’urgence dans le secteur de la construction, l’OAI plaidait, en juillet dernier, pour une intervention rapide dĂšs la rentrĂ©e post-estivale, via la mise en place d’une task force. Cette derniĂšre rĂ©unirait tous les acteurs-clĂ©s du secteur afin d’élaborer des propositions concrĂštes et des mesures d’urgence pour faire face Ă  la crise.

En outre, l’OAI appelle Ă  une simplification des procĂ©dures administratives, notamment en ce qui concerne les dĂ©lais d’obtention des autorisations de construire. De plus, bien que l’accent soit actuellement mis sur le logement, il est crucial de soutenir plus largement la construction. L’OAI souligne l’importance pour les pouvoirs

publics de jouer leur rĂŽle d’investisseurs anticycliques. Par ailleurs, il ne faut pas oublier le parc locatif lorsqu’il s’agit de rĂ©tablir la confiance du public dans l’investissement immobilier. Sur le plan des marchĂ©s publics, une simplification des procĂ©dures et une adaptation des critĂšres de sĂ©lection sont nĂ©cessaires pour ĂȘtre en phase avec la rĂ©alitĂ© du terrain et les capacitĂ©s des entreprises. L’idĂ©e de faciliter l’implantation des tiny houses sur des terrains privĂ©s est Ă©galement avancĂ©e comme solution face aux besoins actuels des mĂ©nages.

L’enjeu est clair : assurer la reprise et la pĂ©rennitĂ© d’un secteur en crise par le biais d’une collaboration Ă©troite, d’une innovation constante et d’un soutien renouvelĂ©.

Retrouvez la vidéo de la table ronde ronde sur le logement dans son intégralité en replay sur paperjam.lu

REPLAY
06 / 19 12 / 19 06 / 20 12 / 20 06 / 21 12 / 21 06 / 22 12 / 2206/ 23 600 500 400 300 200 5 – NOMBRE
Moyenne mobile sur 6 mois 403 397 386 449 509 425 413 334 365
Belgique 1,13 Luxembourg 1,99 France 0,83 Allemagne 0,35
Source Ordre des architectes et des ingénieurs-conseils (OAI), Eurostat, Autorité de la concurrence
66 OCTOBRE 2023 Logement
RUE DES SCILLAS, N° 11 www.soludec.lu TĂ©l. : +352 661 599 426 Contact : immobilier@soludec.lu Architecte : M3 Architectes A VENDRE ‱ 14 APPARTEMENTS (98 À 173 MÂČ) HAUTEUR LIBRE 3,15 M ‱ TERRASSES (31 À 73 M2) ‱ 2 COMMERCES (115 À 220 MÂČ), 4 BUREAUX (100 À 400 MÂČ), 65 PARKINGS AUX SOUS-SOLS ‱ CHAUFFAGE DE SOL ET RAFRAÎCHISSEMENT PAR GEOTHERMIE (AAA) SKILL HOWALD

« Se rĂ©inventer Ă  nouveau »

L’Europe revoit sa politique industrielle, notamment face Ă  l’enjeu de la sĂ©curitĂ© des chaĂźnes de valeur dans les industries stratĂ©giques. Nous faisons face Ă  une crise Ă©nergĂ©tique et nous sommes en pleine transition technologique, avec le dĂ©ploiement rapide de l’intelligence artificielle (IA), qui bouleverse les mĂ©tiers et les stratĂ©gies d’entreprise.

Pensez-vous que l’économie luxembourgeoise soit plus vulnĂ©rable que d’autres en Europe ?

PwC Luxembourg a rĂ©alisĂ© une Ă©tude sur l’état de l’économie du pays. Pouvez-vous en dĂ©tailler les raisons ? PremiĂšrement, nous avons constatĂ© l’émergence de nouveaux critĂšres dĂ©cisionnels pour les stratĂ©gies d’entreprise et le gouvernement, notamment en matiĂšre d’environnement. Plusieurs initiatives, comme le plan de dĂ©veloppement durable et la stratĂ©gie de finance verte, ont vu le jour. ParallĂšlement Ă  cela, nous nous sommes interrogĂ©s sur les sources de revenus futures pour financer l’administration, la couverture sociale, les retraites, surtout aprĂšs la crise du Covid-19, qui a nĂ©cessitĂ© des efforts budgĂ©taires consĂ©quents. De quels secteurs et de quelles entreprises seront tirĂ©es les futures recettes de l’État ? Nous avons Ă©galement eu de nombreuses discussions sur l’avenir Ă©conomique du Luxembourg, sur les secteurs porteurs de valeur et leur adĂ©quation avec la stratĂ©gie nationale.

Au-delĂ  de la pĂ©riode prĂ©-Ă©lectorale, cette Ă©tude intervient-elle dans un contexte particulier ? Absolument. Nous sommes dans une nouvelle Ăšre, un changement de paradigme.

Le Luxembourg a dĂ©montrĂ© par le passĂ© une grande rĂ©silience, en particulier face aux crises de 2001-2004 et de 2008-2012. Cependant, ces crises Ă©taient principalement financiĂšres, alors que nous sommes aujourd’hui face Ă  des dĂ©fis d’une autre nature. La situation actuelle est marquĂ©e par une complexitĂ© sans prĂ©cĂ©dent, qu’il s’agisse de la crise gĂ©opolitique, Ă©nergĂ©tique, financiĂšre ou encore des talents. Si, par le passĂ©, notre soliditĂ© financiĂšre et la qualitĂ© du dialogue entre le gouvernement et les acteurs Ă©conomiques nous ont permis de rĂ©sister, aujourd’hui, nous affrontons des problĂšmes face auxquels nous avons des faiblesses structurelles, comme la crise Ă©nergĂ©tique, qui nĂ©cessite un dialogue renforcĂ© entre acteurs publics et Ă©conomiques. Dans ce contexte, le Luxembourg me semble plus vulnĂ©rable que par le passĂ© et, en tant que petit pays, prĂ©sente moins d’intĂ©rĂȘt pour des investisseurs Ă©trangers. Je m’interroge sur notre capacitĂ© Ă  ĂȘtre Ă©galement rĂ©silients face Ă  ces nouvelles crises.

Quelles vulnĂ©rabilitĂ©s observez-vous ?

Par le passĂ©, avec la sidĂ©rurgie, les satellites, la banque ou les fonds d’investissement, le

Interview BENOÎT THEUNISSEN
Laurent Probst, partner, expert en développement économique chez
PwC Luxembourg, évoque les enjeux économiques du Luxembourg.
« Offrir un cadre d’affaires innovant, attractif et durable. »
LAURENT PROBST Partner, PwC Luxembourg
Photo Matic Zorman

Luxembourg a su crĂ©er et attirer des leaders mondiaux vers les secteurs stratĂ©giques pour le pays grĂące Ă  la qualitĂ© de son environnement Ă©conomique, social et lĂ©gal. Aujourd’hui, nous sommes vulnĂ©rables en ce qui concerne les technologies stratĂ©giques du futur, par manque d’investissement privĂ© en recherche et dĂ©veloppement (R&D) et d’investissement direct dans des entreprises stratĂ©giques pour le pays. Au niveau de la fiscalitĂ©, notre marge de manƓuvre par rapport Ă  l’Europe s’est rĂ©duite. Le modĂšle qui a fait le succĂšs du Luxembourg ces 20 derniĂšres annĂ©es avec la globalisation des Ă©changes n’est plus adaptĂ© au contexte actuel. Quelques mesures ad hoc ne changeront pas la donne. Le Luxembourg doit innover avec de nouveaux instruments pour offrir un cadre d’affaires innovant, attractif et durable, tant pour les entreprises et les entrepreneurs que pour les employĂ©s, pour les 20 prochaines annĂ©es.

Un des points-clĂ©s de l’étude touche Ă©galement Ă  la productivitĂ©. Pourquoi cette thĂ©matique ?

Quand on compare notre situation Ă  celle des principaux acteurs europĂ©ens, la diffĂ©rence est marquante. Les entreprises ont souvent eu recours Ă  l’externalisation ou Ă  la dĂ©localisation pour maintenir leur compĂ©titivitĂ©. Nos chiffres rĂ©vĂšlent clairement cette tendance. Le secteur financier, par exemple, n’a montrĂ© aucune progression de la valeur ajoutĂ©e par employĂ© depuis des annĂ©es, ce qui est prĂ©occupant.

Dans quelle direction faudrait-il renforcer le dĂ©veloppement de la place financiĂšre ?

Il est essentiel de renforcer notre stratĂ©gie de dĂ©veloppement, surtout en incorporant des innovations rĂ©centes, comme la finance verte et l’IA, sans attendre. IntĂ©grer l’IA dans nos services financiers pourrait accroĂźtre non seulement notre compĂ©titivitĂ©, mais aussi notre productivitĂ©. Il est aussi crucial de voir la finance en lien avec d’autres secteurs, comme l’ICT ou les services professionnels.

Comment voyez-vous le rîle de l’IA dans cette configuration ?

Avec l’arrivĂ©e de nouvelles rĂ©glementations, l’IA pourrait ĂȘtre notre alliĂ©e. J’ai eu une

discussion Ă  ce sujet avec des experts et nous sommes tous d’accord : il est urgent que le Luxembourg se montre proactif en investissant massivement dans ce domaine, dans les secteurs public et privĂ©, afin de crĂ©er un effet multiplicateur.

L’écosystĂšme du pays est-il suffisamment outillĂ© pour aller dans cette direction ? Il y a un hic. Nous n’avons pas encore vu d’entreprise spĂ©cialisĂ©e dans l’IA s’établir au Luxembourg, malgrĂ© des investissements en recherche publique. Il faudrait peut-ĂȘtre une refonte de la stratĂ©gie d’IA, considĂ©rant les nouvelles directives ESG et les avancĂ©es technologiques.

Vous avez Ă©voquĂ© les pĂ©nuries de talents. Comment pourrait-on surmonter ce dĂ©fi ? PremiĂšrement, nous n’avons pas vraiment exploitĂ© le potentiel de reskilling et d’upskilling de notre main-d’Ɠuvre actuelle. L’idĂ©al serait de former les employĂ©s Ă  leur futur emploi en intĂ©grant l’utilisation de l’IA ou des technologies vertes, par exemple, avec une politique de soutien plus favorable. Sur le plan du recrutement, nous n’avons pas suffisamment valorisĂ© le Luxembourg Ă  l’étranger comme un lieu offrant d’excellentes opportunitĂ©s de carriĂšre. Il faut crĂ©er des partenariats Ă  long terme avec des universitĂ©s choisies, proposer des stages et s’assurer que les stagiaires bĂ©nĂ©ficient d’un soutien adĂ©quat. Chaque entreprise au Luxembourg travaille de son cĂŽtĂ©, mais une approche mutualisĂ©e serait plus efficace.

846

Les activitĂ©s principales du secteur financier (banque et assurance) ont vu une diminution de leur valeur ajoutĂ©e de 846 millions d’euros entre 2015 et 2020. En 2022, bien qu’elles prĂ©sentent une production stable avec une valeur ajoutĂ©e de 3,4 milliards d’euros, la croissance par employĂ© n’est que de 2,4 % depuis 2015.

Vous notez dans vos recommandations que le Luxembourg aurait tout Ă  bĂ©nĂ©ficier de la crĂ©ation d’une plateforme d’investissement multiinvestisseurs publics et privĂ©s. Pouvez-vous expliquer ?

Une plateforme d’investissement regroupe Ă  la fois des projets privĂ©s europĂ©ens Ă  financer, sĂ©lectionnĂ©s pour leur qualitĂ© et leur potentiel, et des investisseurs publics et privĂ©s Ă  la recherche de ce type de projets, en particulier dans des domaines technologiques nouveaux, comme les matĂ©riaux, l’hydrogĂšne ou la cybersĂ©curitĂ©, qui pĂątissent d’un manque d’investissement significatif. En opĂ©rant cette plateforme, le Luxembourg aurait une vue sur les meilleurs projets Ă  attirer et dĂ©velopper localement.

Quel potentiel percevez-vous de la crĂ©ation d’une telle plateforme ?

Le Luxembourg a le potentiel pour devenir un pĂŽle central, crĂ©ant des plateformes d’investissement thĂ©matiques qui combinent diffĂ©rents Ă©cosystĂšmes d’innovation et divers investisseurs. Cela positionnerait le pays comme un opĂ©rateur-clĂ© des plateformes d’innovation digitale ou de technologies environnementales en Europe et renforcerait ainsi son rĂŽle central dans les fonds d’investissement, avec en plus une vue sur les meilleurs projets europĂ©ens.

Ce qui aurait, par consĂ©quent, certains effets dĂ©multiplicateurs ?

Pour le dire simplement, plutĂŽt que d’avoir un seul fonds d’investissement filtrant les projets, une plateforme d’investissement pourrait permettre Ă  un projet d’ĂȘtre Ă©valuĂ© simultanĂ©ment par de nombreux fonds. Cela accĂ©lĂ©rerait considĂ©rablement le processus pour les innovateurs, qui pourraient obtenir des retours et du soutien beaucoup plus rapidement. Pour les investisseurs publics, cela permettrait d’attirer des co-investissements privĂ©s. Selon nos expĂ©riences, nous constatons un facteur 10 de co-investissement. Le Luxembourg pourrait jouer un rĂŽle essentiel dans cette dynamique en investissant dans des fonds publics et en soutenant ces plateformes d’un point de vue opĂ©rationnel, en collaboration avec la Banque europĂ©enne d’investissement (BEI) et le Fonds europĂ©en d’investissement (FEI).

OCTOBRE 2023 69

Quel modĂšle de compĂ©titivitĂ© voulons-nous ?

Depuis deux dĂ©cennies, l’attractivitĂ© de l’économie luxembourgeoise est sous les projecteurs. Pourtant, les dĂ©fis mis en lumiĂšre par le rapport FontagnĂ© en 2004 persistent, amplifiĂ©s par des chocs contemporains : menaces gĂ©opolitiques, transition Ă©cologique et transformation digitale.

Traditionnellement, le Luxembourg s’impose dans le peloton de tĂȘte des classements internationaux, comme l’a soulignĂ© l’Observatoire de la compĂ©titivitĂ© dans son rapport de mars 2023. Selon cette institution consultative, le Grand-DuchĂ© prĂ©serve sa compĂ©titivitĂ© Ă  un niveau Ă©levĂ©, Ă©tayĂ© par une stabilitĂ© politique et macroĂ©conomique, une notation de crĂ©dit triple A, un climat d’affaires propice et une rĂ©glementation favorable, sans oublier un attrait international indĂ©niable. En effet, l’aspect international est une caractĂ©ristique-clĂ© du Luxembourg. En 2021, il s’est hissĂ© Ă  la

5e place du Globalisation Index du KOF Swiss Economic Institute, renforçant son identitĂ© d’économie ouverte et mondialisĂ©e. Fort d’une main-d’Ɠuvre composĂ©e Ă  75 % d’étrangers, le Luxembourg, vĂ©ritable Ă©picentre europĂ©en, attire les grandes entreprises internationales. GrĂące Ă  sa place de 4e pays le plus stable politiquement sur 132, selon la Cornell University, l’Insead et la World Intellectual Property Organization, le Luxembourg dĂ©montre sa fiabilitĂ© et inspire confiance aux investisseurs internationaux. Cependant, tout n’est pas rose. L’Observatoire de la compĂ©titivitĂ© signalait,

dĂ©jĂ  en mars 2023, un « lĂ©ger dĂ©clin » de la compĂ©titivitĂ© territoriale du pays : « Le coĂ»t de la main-d’Ɠuvre, l’évolution des prix, la compĂ©titivitĂ© sur le plan fiscal, les pratiques managĂ©riales de gestion d’entreprise ou encore l’évolution atone de la productivitĂ© sont considĂ©rĂ©s comme des points Ă  amĂ©liorer. »

Une chute brutale

Depuis lors, les choses ne se sont pas amĂ©liorĂ©es. Le 20 juin 2023, l’institut suisse International Institute for Management Development (IMD) mettait Ă  jour son World Competitiveness Yearbook (WCY), vĂ©ritable boussole de l’attractivitĂ©. Et lĂ , c’est le choc tant redoutĂ©. Le Luxembourg, qui n’avait jamais flĂ©chi en dessous de la 15e position, chute brutalement de sept places en une seule annĂ©e, dĂ©gringolant de la 13e, en 2022, Ă  la 20e, en 2023 1 .

RĂ©agissant Ă  cette descente en flĂšche, la Chambre de commerce se montre inquiĂšte :

« En reculant de sept places, le Luxembourg perd du terrain par rapport Ă  des Ă©conomies dont il a toujours Ă©tĂ© proche en termes de performances : la Suisse, l’Irlande, les Pays-

ANALYSE
70 OCTOBRE 2023 Attractivité

Bas, Singapour, la SuĂšde. » Plus alarmant encore, l’écart avec ces concurrents historiques se creuse, tandis que de nouveaux challengers font leur apparition. « Il est surtout devancĂ© par des pays qui ne s’étaient jamais montrĂ©s plus compĂ©titifs que lui dans la derniĂšre dĂ©cennie : la Belgique, l’Islande, l’Arabie saoudite, la RĂ©publique tchĂšque ou encore l’Australie. »

La faiblesse des performances économiques

Le dĂ©crochage du Luxembourg sur le terrain de la compĂ©titivitĂ© s’explique essentiellement par la dĂ©gradation de son score en matiĂšre de performances Ă©conomiques. La cause ? Un niveau de croissance infĂ©rieur Ă  celui d’économies concurrentes, analyse la Chambre de commerce. En effet, sur le

1 – ÉVOLUTION DU CLASSEMENT GÉNÉRAL DU LUXEMBOURG AU WCY

Entre 2022 et 2023, le Luxembourg a dĂ©gringolĂ© de sept places au World Competitiveness Yearbook (WCY) de l’institut suisse IMD, atteignant son pire score de l’histoire du classement.

2

LES PLUS GRANDS RISQUES POUR LES ENTREPRISES SELON LES CEO

2013 2014 2015201620172018 2019 2020 202120222023
–
CEO du Luxembourg en 2023 CEO du monde entier en 2023 Inflation VolatilitĂ© macroĂ©conomique Cyber­risques Conflits gĂ©opolitiques Changement climatique Risques pour la santĂ© InĂ©galitĂ©s sociales 0 % 0 % 10 % 10 % 20 % 20 % 30 % 30 % 40 % 40 % 50 % 50 %
Source IMD Source PwC 26 th Annual Global CEO Survey 13 6 8 11 11 11 12 12 15 13 20 OCTOBRE 2023 71
12 PROCHAINS MOIS : 5 PROCHAINES ANNÉES :

pilier « Performances Ă©conomiques » du WCY, le Luxembourg chute de la 1re place, en 2022, Ă  la 38e place, laissant la pole position Ă  l’Irlande


Il convient toutefois de nuancer le bilan Ă©conomique du pays. La performance Ă©conomique modĂ©rĂ©e du Luxembourg en 2022, marquĂ©e par une croissance de 1,5 %, doit ĂȘtre mise en perspective avec sa rĂ©silience pendant la pandĂ©mie. En 2020, le recul du PIB du pays (-0,8 %) Ă©tait bien en deçà de la moyenne europĂ©enne (-5,6 %). MalgrĂ© une croissance similaire aux autres pays de l’UE en 2021, le Luxembourg n’a pas bĂ©nĂ©ficiĂ© d’un effet rebond en 2022, contrairement aux autres Ă©conomies europĂ©ennes toujours en phase de rattrapage avec une croissance de 3,5 %.

Le moral des chefs d’entreprise ConfrontĂ©s Ă  un ralentissement Ă©conomique en 2023, les dirigeants d’entreprise du Luxembourg sont en alerte maximale. La derniĂšre Ă©dition de l’Annual Global CEO Survey de PwC dĂ©peint un tableau sombre : 78 % des CEO du Luxembourg ont une vision pessimiste de la croissance, surpassant le pessimisme moyen Ă  l’échelle mondiale qui se situe Ă  74 %. C’est un contraste frappant par rapport Ă  l’optimisme affichĂ© en 2021, oĂč la plupart des CEO Ă©taient confiants dans la perspective d’une croissance positive. Les CEO du Luxembourg ont identifiĂ© deux principales sources d’inquiĂ©tude : l’inflation et la volatilitĂ©. Des prĂ©occupations qu’ils ne rĂ©servent pas seulement Ă  l’annĂ©e en cours, mais qu’ils anticipent pour la prochaine dĂ©cennie 2 .

Au-delĂ  de ces prĂ©occupations Ă©conomiques, la cybersĂ©curitĂ© est devenue un point d’attention majeur. Les dirigeants au Grand-DuchĂ© voient dans les cybermenaces une rĂ©alitĂ© quotidienne et inĂ©vitable. Ils prĂ©voient une montĂ©e de ces menaces : 28 % d’entre eux s’attendent Ă  y faire face cette annĂ©e – un chiffre qui grimpe Ă  32 % sur cinq ans, surpassant la moyenne mondiale de 25 %. Quant aux dĂ©fis futurs, les entreprises luxembourgeoises Ă©clairent certains risques spĂ©cifiques qui pourraient entraver leur rentabilitĂ©. Pour 80 % des CEO des entreprises financiĂšres, ce sont les change-

3 – ÉVOLUTION DU SCORE DU BAROMÈTRE DE L’ÉCONOMIE

Au premier semestre 2023, le score du BaromĂštre de l’économie Ă©tait Ă  son niveau le plus bas depuis 2019. Mis au point par la Chambre de commerce, il calcule un score basĂ© sur la moyenne de sept indicateurs de conjoncture.

ments rĂ©glementaires qui inquiĂštent le plus, surpassant de loin la moyenne mondiale (65 %). Pour les entreprises non financiĂšres, c’est la pĂ©nurie de talents qui prĂ©domine, avec 74 % des dirigeants concernĂ©s – un chiffre, lĂ  encore, bien au-dessus de la moyenne mondiale (55 %) 3 .

Confiance et productivité

Devant ces dĂ©fis, les dirigeants luxembourgeois prennent les devants : 73 % d’entre eux envisagent d’investir dans la formation continue, 72 % dans l’automatisation des processus et 67 % dans l’adoption de technologies avancĂ©es comme le cloud ou l’IA. Pourtant, seuls 29 % envisagent de se tourner vers des modĂšles d’affaires dĂ©carbonĂ©s, un chiffre lĂ©gĂšrement infĂ©rieur Ă  la moyenne mondiale de 31 %. La confiance des CEO d’entreprise vacille dans le contexte Ă©conomique actuel, comme en tĂ©moigne le BaromĂštre de l’économie pour le premier semestre 2023. Un tiers des entreprises ont connu une baisse de leur activitĂ© au cours des six derniers mois, et les perspectives pour le second semestre 2023 ne sont guĂšre plus

42,1 %

C’est ce que reprĂ©sente le secteur financier (banques, compagnies d’assurances et asset managers) dans la production nationale. Également, le secteur contribue Ă  24,3 % de la croissance de la valeur ajoutĂ©e et reprĂ©sente 9,7 % des offres d’emploi. De ce fait, l’économie luxembourgeoise reste hyperdĂ©pendante de son secteur financier.

S1 2019 S2 2019 S1 2020 S2 2020 S1 2021 S2 2021 S1 2022 S2 2022 S1 2023 Source Chambre de commerce 100 80 60 40 20 0 62,1 54,4 45,7 45,6 61,9 63,3 55,2 52,3 50,7 72 OCTOBRE 2023 Attractivité

C’est le moment idĂ©al pour construire la maison de vos rĂȘves.

PrĂ©parez-vous Ă  vivre dans votre home sweet home : en 2023, CLK fixe ses prix au plus bas  ! Contactez-nous vite pour dĂ©couvrir cette offre sur clk.lu

4 – LA PRODUCTIVITÉ LUXEMBOURGEOISE PAR SECTEUR COMPARÉE AUX CHAMPIONS EUROPÉENS

MesurĂ©e Ă  travers la gross value added – sur une base 100 –, une mesure Ă©conomique qui reprĂ©sente la valeur des biens et services produits, la productivitĂ© du Luxembourg se trouve bien derriĂšre les champions europĂ©ens en la matiĂšre. Depuis 2016, la productivitĂ© de l’économie luxembourgeoise affiche mĂȘme un recul significatif. 2016 2022

G-I: Commerce de gros et de détail, hébergement et restauration, transport

J: Information

M-N: Activités spécialisées, scientifiques et techniques, activités administratives

optimistes 3 . La rentabilitĂ© et les investissements sont dans la ligne de mire : une entreprise sur trois anticipe une baisse Ă  court terme. Les secteurs de l’industrie, de la restauration, de la construction et du commerce sont en premiĂšre ligne dans ce climat Ă©conomique difficile. Des interrogations Ă©mergent Ă©galement autour de la productivitĂ© du Luxembourg. Selon les analyses de PwC Luxembourg, depuis 2015, le pays enregistre le taux de croissance de productivitĂ© le plus faible d’Europe. Il est loin derriĂšre les champions europĂ©ens en la matiĂšre 4 . La valeur ajoutĂ©e brute diminue pour la plupart des secteurs-clĂ©s du Luxembourg. Par exemple, le secteur financier, pivot central de l’économie du pays, a perdu 7,6 points de productivitĂ© entre 2016 et 2022. À noter que ce secteur continue pourtant de progresser Ă  l’échelle europĂ©enne.

Un air de déjà-vu

La menace qui plane sur la productivitĂ© de l’économie rĂ©sonne fortement avec les Ă©chos du rapport FontagnĂ© de 2004, pierre angulaire de la crĂ©ation de l’Observatoire de la compĂ©titivitĂ©. Ce rapport, qui a façonnĂ© les principes fondamentaux de la doctrine de compĂ©titivitĂ© du Luxembourg, concluait : « En termes d’analyse Ă©conomique, on s’oriente vers une Ă©conomie de rentes. » Il dĂ©crivait ainsi un systĂšme Ă©conomique oĂč une part consĂ©quente des revenus dĂ©coule de monopoles ou d’une ressource spĂ©cifique, plutĂŽt que de la production de biens et services. Certes, ce modĂšle prĂ©sente plusieurs avantages, mais il n’est pas exempt de vulnĂ©rabilitĂ©s critiques : la volatilitĂ© des prix, une distribution mal ajustĂ©e des richesses, et une carence d’innovation. Ce sont autant de pĂ©rils imminents, alors que la production

du Luxembourg repose Ă  hauteur de 42,1 % sur son secteur financier. Sans compter que l’économie se trouve confrontĂ©e Ă  une inflation galopante, et les investissements en faveur de l’innovation doivent ĂȘtre dĂ©cuplĂ©s pour franchir le pas de la transition Ă©nergĂ©tique et de la transformation digitale.

REPLAY

Retrouvez la vidĂ©o de la table ronde sur l’attractivitĂ© dans son intĂ©gralitĂ© et en replay sur paperjam.lu.

Source PwC AWM & ESG Research Centre
F: Construction
93.9 99.7 103.0 102.5 90.7 67.8 90.8 101.7 94.8 102.0 99.5 104.6 104.5 103.2 100.9 98.4 112.7 104.1 97.7 107.0 93.6 92.5 99.4 102.7 86.9 100.1 102.9 139.5 145.1 172.0 177.4 88.2 201.8 76.6 119.2 99.5 102.0 108.8 100.2 99.9 93.9 115.6 106.5 98.1 100.8 123.5 112.0 120.5 118.0 93.1 149.0 143.7 123.7 127.8 100.6 103.0 101.2 101.0 100.4 101.4 100.4 99.9 100.7 104.1 111.6 108.7 110.2 93.4 114.3 109.2 105.2 104.5 99.7 94.3 98.9 98.4 99.3 102.2 100.0 99.9 100.5 100.4 83.0 97.4 96.9 93.8 112.4 119.2 110.0 99.5 100.9 106.5 100.8 102.0 97.1 99.0 105.7 101.9 100.5 109.6 103.9 108.9 114.6 81.9 124.1 166.3 122.7 111.8 100.3 88.3 100.8 101.4 101.4 100.9 99.7 99.1 101.8 99.6 92.0 94.6 97.0 94.2 113.3 113.5 96.7 98.2 101.0 99.8 104.2 103.6 100.9 100.7 98.4 99.7 101.3 101.7 116.1 104.5 104.0 90.0 105.4 111.0 105.4 105.3 Agriculture, foresterie et pĂȘche Industrie, y compris l’énergie Manufacturing
Tous secteurs
& communication
financiùres et d’assurance LUX IREFRA GER BEL CZE POL EU 74 OCTOBRE 2023
K: Activités
Attractivité

Luc Frieden CHANGE TIME FOR LËSCHT

4 walen2023.csv.lu

Les finances publiques sous pression

La prochaine lĂ©gislature pourra difficilement Ă©viter de s’emparer du dossier fiscal. Les enjeux sont nombreux : une dette publique par rapport au PIB qui se rapproche du seuil des 30 %, des incertitudes quant au systĂšme des pensions, l’attractivitĂ© fiscale en question, un secteur financier en perte de vitesse


Dans le sillage du conflit ukrainien, le Luxembourg a dĂ©montrĂ© une notable rĂ©silience grĂące Ă  des mesures budgĂ©taires clĂ©s, rapportait le Fonds monĂ©taire international (FMI), fin mai 2023. MalgrĂ© une Ă©conomie en ralentissement, des interventions gouvernementales – incluant des contrĂŽles de prix et des allĂšgements fiscaux – ont rĂ©ussi Ă  attĂ©nuer l’impact de l’inflation, alimentĂ©e par la hausse des coĂ»ts Ă©nergĂ©tiques. Pour rappel, face Ă  la crise Ă©nergĂ©tique, le gouvernement luxembourgeois a adoptĂ© plusieurs mesures de soutien pour les

mĂ©nages et les entreprises, comme le rapporte le FMI. Des contrĂŽles de prix et des rĂ©ductions d’impĂŽts ont Ă©tĂ© instaurĂ©s pour soulager la pression financiĂšre. Un accord tripartite, en mars 2022, a permis de reporter la deuxiĂšme indexation des salaires Ă  avril 2023.

Le gouvernement a Ă©galement introduit des mesures pour compenser les pertes de revenus, dont des crĂ©dits d’impĂŽt progressifs et des transferts en espĂšces pour les mĂ©nages Ă  faible revenu. Des programmes spĂ©cifiques, tels que EnergiedĂ«sch et Soli-

daritĂ©itspak 1.0, ont stabilisĂ© les prix de l’électricitĂ© et offert des subventions pour le gaz, des rĂ©ductions de taxes sur le carburant, ainsi qu’un soutien financier pour les entreprises Ă©nergivores.

En septembre 2022, le SolidaritĂ©itspak 2.0 a Ă©tĂ© lancĂ©, incluant des plafonds sur les prix du gaz, un gel des prix de l’électricitĂ©, des subventions pour le fioul de chauffage, et une rĂ©duction temporaire de la TVA. En dĂ©but d’annĂ©e 2023, une augmentation de 3,2 % des salaires minimums a Ă©tĂ© appliquĂ©e, s’ajoutant aux indexations salariales.

Une croissance modĂ©rĂ©e de 1,1 % est cependant attendue en 2023, mais l’économie du pays devrait se rĂ©tablir progressivement Ă  moyen terme 2

La dette publique se creuse

En matiĂšre de finances publiques, au second semestre 2022, le Luxembourg a enregistrĂ© une lĂ©gĂšre baisse des revenus budgĂ©taires, rĂ©sultat du ralentissement Ă©conomique et de l’activation des mesures de soutien budgĂ©taire. NĂ©anmoins, une

ANALYSE
76 OCTOBRE 2023 Fiscalité

relation favorable entre les taux d’intĂ©rĂȘt et la croissance a permis de maintenir la dette publique stable Ă  environ 24,5 % du PIB en 2022. Les impacts financiers des accords tripartites sont clairement ressentis sur les finances publiques. Cependant, grĂące au soutien d’un solde excĂ©dentaire de la SĂ©curitĂ© sociale, le dĂ©ficit des administrations publiques devrait ĂȘtre limitĂ© Ă  -1,23 % du PIB en 2023, et Ă  -1,51 % du PIB en 2024. Il est important de souligner que le solde des administrations publiques Ă©tait positif en 2022.

MalgrĂ© tout, dans ses derniĂšres observations, le FMI a tirĂ© la sonnette d’alarme, avertissant que le seuil de 30 % de dette publique par rapport au PIB se rapproche Ă  grands pas – une situation qui requiert une attention particuliĂšre. La question est dĂ©sormais posĂ©e : l’horizon du seuil de 30 % de dette par rapport au PIB pourrait-il ĂȘtre dĂ©passĂ© avant la fin de la dĂ©cennie ? 4

Les finances publiques sous pression Sous le poids d’une pression accrue, la situation budgĂ©taire du Luxembourg est devenue une prĂ©occupation majeure, avertit le FMI. Un potentiel ralentissement Ă©conomique, notamment dans le domaine des exportations, pourrait entraĂźner une chute des revenus plus importante que prĂ©vu. D’autre part, les dĂ©penses engagĂ©es dans le cadre des mesures de solidaritĂ© restent incertaines, dĂ©pendant fortement des fluctuations des prix de l’énergie et de la durĂ©e de l’inflation.

Face Ă  l’incertitude, le FMI prĂ©conise une approche budgĂ©taire neutre pour la pĂ©riode 2023-2024. Selon l’organisation, cet Ă©quilibre peut ĂȘtre atteint en reportant les embauches dans le secteur public et en rationalisant certaines dĂ©penses. Toutefois, il est essentiel de maintenir les investissements et d’affiner le soutien Ă©nergĂ©tique pour maximiser son efficacitĂ©.

De plus, le FMI propose une mesure exceptionnelle en cas de chocs de l’offre : la suspension de l’indexation des salaires. Un recours Ă  cette mesure drastique permettrait de prĂ©server l’équilibre budgĂ©taire tout en absorbant l’impact potentiel d’un choc Ă©conomique.

1 – DETTES EXPLICITE ET IMPLICITE (2019)

Si la dette explicite du Luxembourg est l’une des plus basses d’Europe, il en est tout le contraire pour sa dette implicite. Dette explicite Dette implicite En pourcentage du PIB

2 – PROJECTIONS DE LA CROISSANCE ÉCONOMIQUE DU LUXEMBOURG

Il faudrait attendre 2025 pour retrouver une croissance du PIB qui dĂ©passe les 2 %, selon les prĂ©visions du Fonds monĂ©taire international.

3 – ACTIVITÉS FINANCIÈRES ET D’ASSURANCE

La productivitĂ© des activitĂ©s financiĂšres et d’assurance, mesurĂ©e par la valeur ajoutĂ©e brute (VAB). 2016 2022

Allemagne 165 % 105 % 60 % France 211 % 113 % 98 % Pays-Bas 274 % 225 % 49 % Irlande 356 % 299 % 57 % Belgique 372 % 274 % 98 % Luxembourg 495 % 517 % 22 % 2019 2020 202120222023 2024 2025 202620272028 0 40 80 120 +5 % +4 % +3 % +2 % +1 % 0 % -1 % 160 LUX IRE FRA GER BEL CZE POL EU Sources PwC Global AWM & ESG Market Research Centre et Stiftung Marktwirtschaft, FMI 2,3 5,1 -0,8 1,5 1,1 1,7 2,5 2,42,32,3 OCTOBRE 2023 77

4 – DETTE BRUTE ET REVENUS D’IMPOSITION DU LUXEMBOURG

L’horizon du seuil de 30 % de dette par rapport au PIB pourrait-il ĂȘtre dĂ©passĂ© avant la fin de la dĂ©cennie ?

Dette brute nominale (mrds €) Recettes fiscales (mrds €) Ratio dette / PIB (%)

Pensions et dette implicite

Dans ce contexte, une prĂ©occupation concernant le systĂšme de pension apparaĂźt. D’aprĂšs les prĂ©visions du FMI, sans intervention, le systĂšme de pension pourrait accentuer le dĂ©ficit public et Ă©puiser entiĂšrement les rĂ©serves d’ici 2047.

Une rĂ©forme de ce systĂšme pourrait non seulement maintenir sa viabilitĂ©, mais Ă©galement libĂ©rer des fonds pour des investissements ciblĂ©s et amĂ©liorer l’équitĂ© intergĂ©nĂ©rationnelle. Cela pourrait inclure des mesures pour dĂ©courager le dĂ©part en retraite anticipĂ©e et rendre le systĂšme de pension moins gĂ©nĂ©reux.

Au-delĂ  des chiffres manifestes des finances publiques, il est essentiel d’examiner la dette cachĂ©e des États. Cette derniĂšre, Ă©galement connue sous le nom de « dette implicite », englobe les obligations financiĂšres futures qui sont essentielles pour honorer les engagements de l’État, mais qui ne sont pas reflĂ©tĂ©es dans les statistiques nationales courantes, Ă  l’instar

des promesses de pensions. D’aprĂšs les calculs du cabinet d’audit PwC, la dette implicite du Luxembourg atteignait le niveau vertigineux de 517 % en 2019 1 . Il est Ă  noter qu’une dette implicite considĂ©rable pourrait dĂ©couler d’une hausse des dĂ©penses de retraite si le systĂšme de pension demeure inchangĂ© face Ă  une dĂ©mographie fluctuante.

La compétition fiscale

Le paysage fiscal luxembourgeois rĂ©vĂšle une tendance inquiĂ©tante : le taux d’imposition net moyen pour les cĂ©libataires sans enfant s’est considĂ©rablement accru depuis 20 ans, surpassant la moyenne europĂ©enne et celle des pays de l’OCDE.

Dans le mĂȘme temps, une compĂ©tition fiscale fĂ©roce s’est installĂ©e, alors que l’UE et les instances internationales renforçaient leurs rĂ©gulations. Les chiffres parlent d’eux-mĂȘmes : entre 2000 et 2022, au sein de l’OCDE, le taux d’imposition des entreprises a chutĂ© dans 97 juridictions

3 milliards

Un secteur financier de « taille normale » entraĂźnerait une perte minimale de 3 milliards d’euros pour le budget de l’État, estime PwC Luxembourg. C’est sans compter qu’une telle rĂ©duction impliquerait la perte d’au moins 53.820 emplois directs, un dĂ©ficit commercial de 22,1 milliards d’euros et une diminution d’au moins 25 % du PIB.

Sources PwC AWM & ESG Market Research Centre, Statec et FMI
2012 50 35 % 40 30 % 30 25 % 20 20 % 10 15 % 0 10 % 2013 2014 2015201620172018 2019 2020 202120222023 2024 2025 20262027 PROJECTION 29 % 20,9 % 78 OCTOBRE 2023 FiscalitĂ©

Changez la donne pour votre épargne !

C’est la rentrĂ©e pour votre Ă©pargne, coincĂ©e entre des frais trop Ă©levĂ©s et une forte inflation au Grand-DuchĂ©. Alors, posez-vous les bonnes questions !

La rentrĂ©e permet de faire le bilan et de prendre des dĂ©cisions pour l’annĂ©e. Pour votre Ă©pargne, voici deux questions que vous pouvez vous poser :

1. Combien l’inflation m’a-t-elle coĂ»tĂ© en 2023 ?

2. Combien les frais m’ont-ils coĂ»tĂ© en 2023 ?

Vous ne savez pas rĂ©pondre Ă  ces questions? Et bien vous n’ĂȘtes pas les seuls ! Au Luxembourg 80 % des gens dĂ©clarent que l’école ne les a pas bien prĂ©parĂ©s Ă  gĂ©rer leurs finances.

Alors comment faire quand les pensions baissent, quand l’inflation est au-dessus des 4 % et que les fr ais moyens des fonds d’épargne sont Ă  2 % ? A ccepter de voir son Ă©pargne fondre comme neige au soleil ?

D e l’argent durement gagnĂ© ne devrait pas ĂȘtre laissĂ© dans la poche de votre banquier ou perdu face Ă  l’inflation. Alors prenez en main votre Ă©pargne !

Et il vaut mieux dĂ©marrer du bon pied et rĂ©duire les risques en adoptant directement trois principes clĂ©s - issus des recherches de Prix Nobel d’Économiepour votre Ă©pargne:

1. Investir Ă  long terme;

2. Investir petit Ă  petit, pas en une seule fois;

3. Investir de maniÚre diversifiée, grùce aux fonds indiciels par exemple (les ETF).

S’ils vous conviennent, les plans d’épargne en ETF sans frais de courtage peuvent rĂ©pondre Ă  ces principes en toute simplicitĂ©.

Si vous souhaitez ouvrir un compte Trade Republic, scannez le code QR ci-dessous, ouvrez votre compte et indiquez le code de parrainage “TRPAPERJAMETF” avant fin octobre 2023 pour recevoir 20€ en ETF offert.

Chaque Ă©tape compte dans votre parcours d’investisseur. Et nous sommes honorĂ©s de vous accompagner dans la premiĂšre Ă©tape : commencer !

Conditions

‱ Nouveaux clients de la juridiction du Luxembourg uniquement, non applicable aux clients existants de Trade Republic.

‱ Le code QR doit ĂȘtre scannĂ©

‱ Le code doit ĂȘtre ajoutĂ© lors de la procĂ©dure d’inscription : TRPAPERJAMETF

‱ Une action ETF gratuite d’une valeur de 20€ sera alors attribuĂ©e au client lors de son identification et de l’ouverture de son compte.

‱ Valable du 01.09.2023 au 31.10.2023

EN_SAVOIR_PLUS

MATTHIAS BACCINO

Markets - Group Lead

matthias.baccino@traderepublic.com

https://traderepublic.com/fr-lu

PARTNER CONTENT
Crédits Trade Republic

5 – LA VIABILITÉ DES ENTREPRISES FINANCIÈRES DE LA PLACE SELON LEUR CEO

Seuls 46 % des PDG du secteur financier estiment que leur entreprise continuera d’ĂȘtre Ă©conomiquement viable au Grand-DuchĂ© pendant plus de 10 ans – contre plus de 70 % de leurs pairs en Irlande, au Royaume-Uni et aux États-Unis, selon le 26e PwC Annual Global CEO Survey.

Luxembourg Irlande Grande-Bretagne États-Unis

et n’a augmentĂ© que dans six. Concernant le Luxembourg, son taux d’imposition des entreprises est aux alentours de 25 % – bien supĂ©rieur Ă  la moyenne de l’OCDE et Ă  la mĂ©diane europĂ©enne de 21 %. Ce taux surpasse largement celui de concurrents directs comme l’Irlande, dont le taux est presque deux fois moindre.

Le BaromĂštre de l’économie du premier semestre 2023 de la Chambre de commerce rĂ©vĂšle que la fiscalitĂ© des entreprises est une prĂ©occupation majeure des dirigeants Ă©conomiques, et 32 % d’entre eux estiment qu’une fiscalitĂ© plus favorable serait un atout pour le secteur financier luxembourgeois.

La prĂ©pondĂ©rance du secteur financier Le secteur financier au Luxembourg, bien qu’il soit qualifiĂ© de « surdimensionné », reprĂ©sente une part considĂ©rable de l’économie du pays. Il contribue non seulement de maniĂšre significative aux recettes fiscales de l’État, mais il est Ă©galement le

principal moteur de la production du pays, reprĂ©sentant 42,1 % de celle-ci. Cependant, malgrĂ© ces contributions considĂ©rables, la productivitĂ© du secteur financier luxembourgeois reste en deçà de la moyenne europĂ©enne de 109,2 points, se trouvant Ă  la traĂźne par rapport Ă  des pays comme l’Irlande, la France, l’Allemagne, la Belgique, la RĂ©publique tchĂšque et la Pologne. Un dĂ©clin de la productivitĂ© dans ce secteur pourrait entraĂźner une baisse de la valeur ajoutĂ©e brute gĂ©nĂ©rĂ©e, ce qui se traduirait par une diminution des recettes fiscales tirĂ©es des impĂŽts directs 3 .

Dans l’ensemble, la confiance des CEO de la Place semble ĂȘtre en dĂ©clin : moins de la moitiĂ© d’entre eux envisagent une viabilitĂ© Ă©conomique Ă  long terme pour leurs entreprises dans le pays 5 . Cette situation est d’autant plus prĂ©occupante que le Luxembourg dĂ©pend largement de son secteur financier pour soutenir son Ă©conomie et ses finances publiques. Comparativement, les CEO de la place finan-

ciĂšre en Irlande, au Royaume-Uni et aux États-Unis affichent une confiance beaucoup plus Ă©levĂ©e dans la pĂ©rennitĂ© de leurs activitĂ©s financiĂšres.

Retrouvez la vidéo de la table ronde sur la fiscalité dans son intégralité et en replay sur paperjam.lu.

100 % 80 % 60 % 40 % 20 % 0 % 1 AN OU MOINS 2-3 ANS 4-6 ANS 7-10 ANS PLUS DE 10 ANS Source PwC Global AWM & ESG Research Centre
REPLAY
80 OCTOBRE 2023 Fiscalité

Are you confident with your FATCA & CRS classification?

Understanding FATCA and CRS regulations is crucial for global financial compliance. Three questions to Marco Scappaticci, FATCA-CRS expert at Value Partners.

Could you briefly explain what FATCA and CRS are, and how they apply to companies in Luxembourg?

FATCA is a U.S. regulation and CRS is a global initiative, both aimed at combating tax evasion through an automatic exchange of financial account information. In Luxembourg, qualifying companies must report to the Administration des Contributions Directes, which then automatically exchange the information with its relevant global counterparts.

What pragmatic steps can organisations take to ensure they meet regulatory requirements and avoid potential penalties?

Complexity often arises due to varying interpretations, data integrity, and changing regulations. Correct classification under FATCA and CRS is pivotal for meeting

international tax obligations and avoiding penalties. Organisations should invest in thorough training on FATCA and CRS guidelines. Routine internal audits and external consultations can provide valuable insights into how well these guidelines are being followed.

If you are committed to meeting all FATCA-CRS requirements, what strategies are recommended?

The most effective strategies focus on meticulous interpretation of the rules coupled with a multi-departmental approach for accurate data gathering. Securing specialised guidance in these areas is highly recommended. In this context, Value Partners offers a comprehensive suite of services, including specialised FATCA-CRS assistance, review, and monitoring. Our tailored solutions help alleviate the burden of complying to these requirements, enabling you to concentrate on core business objectives.

MORE INFORMATION VALUE PARTNERS valuepartners.lu/regulatory-services/
at Value Partners PARTNER CONTENT
Marco Scappaticci, FATCA-CRS expert

Aux urnes pour une mobilité librement choisie

Dans le contexte des Ă©lections lĂ©gislatives, l’ACL a consultĂ© ses membres en les invitant Ă  rĂ©pondre Ă  un questionnaire en ligne sur leurs attentes de matiĂšre de mobilitĂ©.

ReprĂ©sentant prĂšs de 190 000 membres au Luxembourg, l’Automobile Club du Luxembourg (ACL) s’est engagĂ© Ă  soutenir les initiatives favorisant une mobilitĂ© individuelle sĂ»re, abordable et durable. À l’approche des Ă©lections lĂ©gislatives, il nous a paru indispensable de sonder nos membres aïŹn de relayer leurs attentes auprĂšs des candidats au pouvoir. Il en ressort que la quasi-unanimitĂ© de nos membres pense que les responsables politiques devraient accorder plus d’importance aux problĂšmes de mobilitĂ©. Ils sont d’ailleurs plus de 60 % Ă  dire que la place accordĂ©e Ă  la mobilitĂ© dans les programmes Ă©lectoraux inïŹ‚uencera leur vote.

Le chemin vers une mobilitĂ© plus durable et la pĂ©riode de transition qui l’accompagne suscitent en effet de

nombreuses interrogations auprĂšs du grand public. Le manque d’information ne fait d’ailleurs que renforcer cette incertitude. Et cela se reflĂšte dans les opinions divergentes de nos membres, notamment sur l’essor d’une mobilitĂ© dĂ©carbonĂ©e, Ă©lectrique ou pas.

Ce n’est pas un hasard si quelque 78 % des personnes interrogĂ©es estiment que l’accent devrait ĂȘtre mis sur les questions de sensibilisation, d’information et de formation et comptent sur l’ACL pour ĂȘtre leur porte-parole. Cette position trĂšs claire est un encouragement pour l’ACL Ă  s’exprimer davantage publiquement lorsque les dĂ©cisions prises ne tiennent pas sufïŹsamment compte des problĂšmes et des rĂ©alitĂ©s auxquels nos membres sont confrontĂ©s.

t. 45 00 45-1 acl@acl.lu acl.lu

Crédit ACL PARTNER CONTENT
Dr Yves Wagner PrĂ©sident de l’ACL

UN LIEN SOLIDE ENTRE L’ACL ET SES 190 000 MEMBRES

Une participation exceptionnelle

6 742

membres de l’ACL ont rĂ©pondu Ă  l’enquĂȘte mobilitĂ©*, ce qui montre leur attachement au club

Comment se déplacent-ils ?

80% automobilistes

63% piétons

31% transports en commun

17% cyclistes

8% motards

La mobilité, un thÚme majeur

des membres pensent que les dĂ©cideurs politiques devraient accorder plus d’importance aux problĂšmes de mobilitĂ©

des membres estiment que l’importance accordĂ©e Ă  la mobilitĂ© inïŹ‚uencera leur vote

3 propositions recueillant l’approbation d’une large majoritĂ© de nos membres

86% 78% 78%

La sensibilisation, l’information et la formation des usagers de la route

La mise en place de capacités de stationnement « Park & Ride » supplémentaires

La promotion d’alternatives Ă©coresponsables autres que l’électromobilitĂ©

Scannez pour accĂ©der Ă  l’enquĂȘte complĂšte

* EnquĂȘte rĂ©alisĂ©e en mai 2023 par un institut indĂ©pendant.

+1.600 entreprises membres

+17.000 participants aux événements en 2022

Se rassembler

+300 événements et formations par an

Depuis 1998, le Paperjam+Delano Business Club rassemble des entrepreneurs, des dirigeants de TPE, de PME et de grandes firmes internationales et d’autres dĂ©cideurs influents issus des principaux secteurs Ă©conomiques, notamment la place financiĂšre, la technologie (ICT), l’immobilier et des mĂ©tiers qui les supportent, telles la communication et les ressources humaines.

S’inspirer

Chaque annĂ©e, le Paperjam+Delano Business Club organise une centaine d’évĂ©nements oĂč chaque membre peut puiser de l’inspiration, sur scĂšne ou dans le contact direct avec les dirigeants de plus de 1.600 entreprises membres.

Se former

Le Paperjam+Delano Business Club, c’est aussi une Academy –un centre de formation agréé par l’État – qui offre plus de 200 modules de formation par an, hard et soft skills, cours avancĂ©s et autres workshops.

Jean-Pierre Zigrand (Systemic Risk Centre) Paperjam’s 2nd Real Estate Seated Dinner Party 29.09.2022 PwC Luxembourg

S’associer

Être partenaire Ă©vĂ©nementiel du Paperjam+Delano Business Club, c’est profiter de ses audiences hautement qualifiĂ©es, avant, pendant et aprĂšs un Ă©vĂ©nement pour promouvoir votre entreprise, vos atouts et vos marques.

Se faire connaĂźtre, communiquer

DĂ©veloppez votre image de marque via l’écosystĂšme Paperjam+Delano et profitez d’une welcome interview, d’une carte blanche, des e-News, des communiquĂ©s de presse. AmĂ©liorez votre visibilitĂ© via le Business Guide et recrutez vos futurs talents en plaçant vos offres d’emploi sur le Job board.

Devenir membre ?

Le Paperjam+Delano Business Club est ouvert Ă  toutes les entreprises et institutions luxembourgeoises ou en rapport avec le Luxembourg, quels que soient leur secteur d’activitĂ© et leur taille.

OCTOBRE 2023 85
Thank-God-It’s-Friday: Marketing Lunch 28.04.2023 Restaurant de Technopolis DĂ©jeuner Carrousel 29.04.2022 Le Sud
Delano
turns 12 Melusina

+100 événements par an

10×6

En six minutes chacun, dix experts interviennent sur scĂšne devant un public de prĂšs de 600 personnes. C’est le rendez-vous mensuel incontournable du Paperjam+ Delano Business Club, vĂ©ritable format flagship. Les prĂ©sentations sont donnĂ©es en français ou en anglais, selon la prĂ©fĂ©rence de l’intervenant. Une interprĂ©tation simultanĂ©e vers l’anglais et le français est disponible.

10 rendez-vous sont dĂ©jĂ  fixĂ©s pour l’annĂ©e 2024 :

24.01 10×6 Leading HR Managers’ Challenges 2024

27.02 10×6 Female Founders

26.03 10×6 Leading CIOs’ Challenges 2024

24.04 10×6 New European Bauhaus (en collaboration avec l’OAI)

10×6 Entrepreneurship: Lessons Learned

Talks, Shows & Awards

Avec les journalistes de Paperjam et Delano, en lien avec le contenu publié par les rédactions, le Paperjam+Delano Business Club propose une série de conférences sur les enjeux business. Avant-goût de la

+ CEOs- & Entrepreneurs-

13.

Anniversary Party & Delano’s Annual Expat Guide Release Party


Consultez

+200 formations par an

18.06 10×6 Private Equity Outlook 09.07 10×6 Talents 19.09 10×6 Expat Rockstars 17.10 10×6 New risks, new opportunities 19.11 10×6 Luxembourg Finance 2035
22.05
18.01 Awards
Manager 2024 30.01 Table ronde – eDrive 29.02 Table ronde – Mipim 2024 12.03 Table ronde – The Asian Century 19.03 Keynote – IA gĂ©nĂ©rative 18.04 Table ronde – Petites entreprises, grands dĂ©fis 25.04 Show – Unusual Suspects 16.05 Table ronde – Private Banking Innovation 05.06 Table ronde – Hacked! 04.07 Table ronde – Fintech Innovation 24.09 Show – Paperjam’s 4th Real Estate Seated Dinner Party 25.09 Show – Next Leaders 10.10 Table ronde – Climate Finance 22.10 Show – Paperjam 100 Lawyers 12.11 Talk-show avec un architecte 10.12 Awards – Paperjam Top 100 –10th Édition Le classement des dĂ©cideurs Ă©conomiques les plus influents du Luxembourg. Academy Cultivez vos talents. Atteignez l’excellence. ‱ Workshops ‱ Formations avancĂ©es
à la demande ‱ Off The Record
up Masterclass
Consultez l’offre de formations
saison 2024 :
– Brand
‱ Webinars ‱ Formations
‱ Scale
‱ Mentoring
Cocktails
Luncheons
Soirées de dégustation
Delano turns
Only
+
+
+
l’agenda des Ă©vĂ©nements 86 OCTOBRE 2023
10–12 NOVEMBER 2023 LUXEMBOURG Λ RT WEEK GLACIS SQUARE Luxembourg www.luxembourgartweek.lu PREVIEW 9 NOVEMBER 2023 The International Contemporary Λrt Fair in Luxembourg

Welcome to

G.A.N.G., le premier « food court » de la Belle Étoile

Trois concepts, trois expĂ©riences culinaires, un food hall : bienvenue chez G.A.N.G. ! Le plus grand food court luxembourgeois a ouvert ses portes en grande pompe durant la braderie, en plein cƓur de la Belle Étoile.

Pas moins de 500 personnes s’y sont pressĂ©es pour la journĂ©e soft opening : si les chanceux clients ont apprĂ©ciĂ© la diversitĂ© de l’offre et la qualitĂ©, tous se rejoignent sur l’aspect spectaculaire du lieu, que l’on doit Ă  la designeuse VĂ©ronique Witmeur. Aux manettes, un duo bien connu au Grand-Duché – StĂ©phanie Jauquet et Salva Barberio – qui mutualisent pour la premiĂšre fois leurs compĂ©tences et leurs talents dans un projet pour le moins ambitieux. Leur ADN imprĂšgne trĂšs largement G.A.N.G., au sein duquel on retrouve un Grand CafĂ© by Red Beef et un « bar oĂč manger » Um Plateau. Le chef Morris Clip est Ă©galement de la partie, avec Specto, un nouveau concept culinaire pour lequel il a eu totalement carte blanche : « Nous souhaitions mettre fin Ă  la trilogie entrĂ©e-plat-dessert. Morris Clip a ainsi choisi de travailler sa carte en fonction de diffĂ©rents modes de cuisson (barbecue japonais, wok, four Ă  charbon et deep fried), sous forme

de petites assiettes, afin que le client puisse crĂ©er sa propre expĂ©rience de dĂ©gustation », explique ClĂ©mentine Venck, directrice gĂ©nĂ©rale du groupe Cocottes, en charge de la coordination de ce nouveau projet. Enfin, un vaste food hall complĂšte l’offre : pizzas, burgers, spĂ©cialitĂ©s asiatiques
 L’idĂ©e est bien que tout un chacun trouve de quoi satisfaire ses envies, quel que soit le moment de la journĂ©e. On aime la prise de commande en ligne, ludique, qui leur permet de faire aussi de la vente Ă  emporter. Que les aficionados de la tradition se rassurent, la prise de commande Ă  table ou au comptoir reste possible pour ceux qui le souhaitent. Et pourquoi G.A.N.G. ? Pour l’acronyme de GĂ©nĂ©rositĂ©, Amour, Nourriture et GoĂ»t, en rĂ©fĂ©rence aux liens qui les unissent, mais surtout aux valeurs qu’ils partagent.

G.A.N.G., C.C. Belle Étoile, route d’Arlon, Bertrange @gang.lu

88 OCTOBRE 2023
PAPERJAM

Lesbonnes nouvelles

LA TABLE DU CHEF À L’HOSTELLERIE DU GRÜNEWALD

Aline Bourscheid et Clovis

Degrave lancent une nouvelle expĂ©rience culinaire : 18 convives prennent place autour d’un comptoir oĂč officient le chef et sa brigade, dans un cadre raffinĂ© conçu par NJOY. « Nous avons créé un espace oĂč la passion pour la gastronomie se mĂȘle Ă  une interaction personnelle avec notre Ă©quipe. Chaque repas devient ainsi une performance culinaire Ă  part entiĂšre, cĂ©lĂ©brant la crĂ©ativitĂ© et le raffinement. »

www.gct.lu

AVIS AUX FANS DE CINNAMON ROLLS

CINNAMOOD S’INSTALLE GRAND-RUE

AprĂšs avoir ouvert pas moins de 14 boutiques en Allemagne, Cinnamood s’apprĂȘte Ă  conquĂ©rir le Grand-DuchĂ© avec son concept monoproduit autour du cinnamon roll. Aux cĂŽtĂ©s de la recette traditionnelle, Ă  la cannelle (dont une version vegan), l’escargot briochĂ© se dĂ©cline en de nombreuses recettes toutes plus gourmandes les unes que les autres : pistache, coco, Oreo ou cookie dough @cinnamood_luxembourg

NOUVELLE BOULANGERIE

AU PAIN QUOTIDIEN

L’enseigne belge spĂ©cialisĂ©e dans la boulangerie a ouvert sa premiĂšre adresse dans le centre-ville de Luxembourg, rue Aldringen, sous l’impulsion de Lou Reiter (passĂ© par Charles Sandwiches Ă  Luxembourg et An der Villa Ă  Steinfort), qui compte bien apposer sa patte avec des produits frais locaux et des recettes qui font honneur au terroir luxembourgeois et Ă  ses traditions.

19, rue Aldringen Luxembourg (Ville Haute)

UNE NOUVELLE CANTINE À LA MOSELLE

KACHATELIER

La sociĂ©tĂ© Annen, à Manternach, a sans doute la cantine la plus chic du pays. Le chef Harald RĂŒssel, Ă©paulĂ© par son fils Maximilian, y ont en effet ouvert Kachatelier, un concept culinaire scindĂ© en deux usages : le midi, une formule lunch attractive ; le soir, la cantine se mĂ©tamorphose en bistrot avec deux menus en trois services. Dans les assiettes, des recettes franches et savoureuses, Ă©laborĂ©es Ă  partir de produits de saison et locaux.

2, A Lambett, Manternach www.kachatelier-manternach.lu

DOUBLE OUVERTURE

POUR COME

Le groupe Come continue de s’étendre avec deux nouvelles adresses : Piccolo Come, un ristorante dans toute sa splendeur avec ses plats authentiques et pizzas, et, dernier-nĂ© de la maison, Dolce Come, qui, comme son nom l’indique, met l’accent sur les douceurs. Cette seconde adresse se veut une traditionnelle gelataria

À goĂ»ter impĂ©rativement, les brioches siciliennes fourrĂ©es de glace artisanale. Une merveille.

Piccolo Come : 20, rue du CurĂ©, Luxembourg (Ville Haute)

Dolce Come : 10, Grand-Rue, Luxembourg (Ville Haute)

PLACE AUX JEUNES

AU CONVICT

Son restaurant d’application Ă©tant fermĂ© pour travaux, le lycĂ©e hĂŽtelier de Diekirch a dĂ» trouver un plan B. Depuis la rentrĂ©e 2022, le restaurant Alexis-Heck a ainsi pris ses quartiers dans le centre de Luxembourg-ville pour un pop-up provisoire : Convict. AprĂšs une fermeture durant les congĂ©s d’étĂ©, le restaurant reprendra du service dĂšs octobre 2023, Ă  l’heure du dĂ©jeuner, afin de permettre aux Ă©tudiants de mettre en application les savoirs et savoirfaire appris durant l’annĂ©e.

5, avenue Marie-ThérÚse Luxembourg

ÉPICERIE FINE ET VINS NATURE

À LA GROCERIE

C’est au cƓur de l’étĂ© qu’une nouvelle Ă©picerie fine a ouvert ses portes dans le Grund, sous l’impulsion de Franz Dickes (ex-Vins Fins), et dont l’attrait principal sera Ă  n’en pas douter ses sandwiches au pastrami, prĂ©parĂ©s dans la plus pure rĂšgle de l’art. Autre atout de La Grocerie : sa cave Ă  vins nature, la plus grande de Luxembourg.

12, rue MĂŒnster Luxembourg (Grund)

CONVIVIALITÉ RENOUVELÉE

POUR LE KONRAD

Bonne nouvelle pour les habitants de Bonnevoie : Konrad y a ouvert une seconde adresse, « same but different ». Si l’on y retrouve tout l’esprit qui a fait le succĂšs de la maison – et son carrot cake, sans doute l’un des meilleurs en ville –, cette seconde adresse proposera une carte plus large, et notamment un brunch dominical. 20, rue du Verger, Bonnevoie

Autrices : CĂ©line Coubray et Sarah Braun Photos : Romain Gamba, Guy Wolff (archives) et Maison Moderne OCTOBRE 2023 89 #FoodzillaGuide

Foodzilla Mobilier Les coups de cƓur de Nathalie Jacoby

« J’aime le cĂŽtĂ© graphique de la base en croix de cette chaise, son pied avant inclinĂ©. Elle invite Ă  une mise en scĂšne de la position assise. »

Loehr.co

Chaise L5 Jazz (2021)

David et Julian Löhr

« Des formes gĂ©omĂ©triques ‘chunky’, prismes purs de couleurs avec des dĂ©gradĂ©s subtils. Ces objets font un trĂšs bel effet associĂ©s en groupe. »

Chez Kanerz Art (encheres-luxembourg.lu) ou dans les brocantes

Lampes Night and Day (2021-22)

Jos Devriendt

« Petites sculptures fonctionnelles, ces sĂ©ries de lampes ‘champignon’ dĂ©clinĂ©es en faĂŻence, bronze ou porcelaine sont joyeuses, sympathiques, et aussi belles Ă  regarder le jour que la nuit. »

Chez Pierre Marie Giraud (Bruxelles) ou Demisch Danant (New York, Paris)

Chaise Girafa (1986)

Lina Bo Bardi, Marcelo Ferraz et Marcelo Suzuki

Vide-poches et vase en verre de Murano Sommerso (années 1950-1970)

’épure de l’assise ! InspirĂ©e du tabouret d’Alvar Aalto, cette chaise en est une interprĂ©tation tropicale en bois massif brĂ©silien. »

Chez Marcenaria BaraĂșna

affectionne particuliĂšrement le cĂŽtĂ© brutaliste des cordes de chanvre tressĂ©es, surtout si elles sont, comme ici, associĂ©es Ă  une Ă©lĂ©gante structure en bois. »

En maison de vente chez drouot.com ou quittenbaum.de

Fauteuil Adrien Audoux et Frida Minet (vers 1950)

Vibo Vesoul

Nathalie Jacoby

est architecte d’intĂ©rieur. Avec son agence NJOY, elle a rĂ©alisĂ© de nombreux amĂ©nagements pour des particuliers ou des entreprises, mais aussi des scĂ©nographies pour des institutions culturelles.

90 OCTOBRE 2023
Food Village LTG (License To Grill) Suivez-nous sur @foodvillage.lux @ltg.lux @barcentral.lux @grandcafe-bylavarenne 4 NOUVEAUX
FOOD
La restauration s'agrandit au Knauf Shopping Center Schmiede Bar Central
Grand
Café
by La Varenne
CONCEPTS :
COURT // BURGER & MEATS // COFFEE HOUSE
+800 places assises

DANCING AFTERWORK CELEBRATION

« Marciano by Guess est l’une de mes marques prĂ©fĂ©rĂ©es : j’y achĂšte la plupart de mes robes. J’ai choisi celle-ci car sa couleur bleue me rappelle les vacances, la mer. J’aime ces nuances associĂ©es aux motifs gĂ©omĂ©triques, je trouve que cela a un effet apaisant sur moi ! »

« Les vacances d’étĂ© ont inspirĂ© cette tenue, avec ses couleurs vives, ses motifs floraux. Mais, surtout, je crois que je n’arrive Ă  porter cet orange vif que lorsque je suis bronzĂ©e ! Autre tendance de mon vestiaire, les jupes crayon : je trouve que cette piĂšce donne instantanĂ©ment une silhouette trĂšs Ă©lĂ©gante et fĂ©minine. »

« J’adore la couleur bourgogne, qu’on retrouve sur le motif floral de cette robe ainsi que sur les salomĂ©s que je porte. J’ai pensĂ© cette tenue autour d’une parure de bijoux en grenat de BohĂȘme que m’a transmise ma grand-mĂšre de 93 ans. Elle avait l’habitude de la porter au théùtre, dans les annĂ©es 60. »

Dans le vestiaire de Lenka

Mon style 92 OCTOBRE 2023
(Robe Marciano by Guess, chaussures Zara, sac Gucci, montre Constellation Omega) (Jupe BCBG – Max Mara, top Guess, veste Zara, sac Michael Kors, montre Constellation Omega) (Robe Guess, chaussures Minelli, sac Salvatore Ferragamo, montre Seamaster Omega) Photos Romain Gamba

SPORT WORK

« Je suis une adepte des tops courts pour m’entraĂźner pour une seule et bonne raison : cela me motive Ă  fond et m’aide Ă  garder mes abdominaux contractĂ©s pendant la sĂ©ance !

Cette tenue inspirĂ©e par la nature est celle que je porte pour ma routine quotidienne de yoga. »

« Dans mon dressing, on ne trouve que des marques italiennes, amĂ©ricaines, britanniques ou espagnoles : ce sont celles qui correspondent le plus Ă  mon style et Ă  ma morphologie. Exception faite de Tamaris, une marque allemande,

Lenka Kopecka

dont j’aime les chaussures. Les talons aiguilles sont de qualitĂ©, mais surtout confortables ! C’est trĂšs important pour moi, car je bouge beaucoup et j’adore porter des talons ! »

OCTOBRE 2023 93
(Legging de yoga HKMX from Hunkemöller, top No Publik Sport, baskets Nike, montre Apple Watch) (Pantalon Armani, top Marciano by Guess, sac Coach, escarpins Tamaris) Lenka Kopecka Senior vice president business development Groupe Apex

Contribuer au succĂšs du Luxembourg

DerriĂšre Paperjam et Delano, deux mĂ©dias bien connus, se trouve Maison Moderne, l’entreprise mĂ©dia fondĂ©e par Mike Koedinger il y a 30 ans. Avec 120 collaborateurs, Maison Moderne est un Ă©diteur de presse, un business club et un brand studio.

Depuis prÚs de 25 ans, Paperjam est un média fiable, influent et indépendant.

Leader incontestĂ© de la presse Ă©conomique et financiĂšre, l’écosystĂšme de Paperjam est la rĂ©fĂ©rence business au Luxembourg et touche 150.000 personnes uniques avec son site web, ses newsletters, son magazine, ses supplĂ©ments, ses hors­sĂ©ries, son job board, ses canaux sociaux, son programme de formation, ses awards et ses Ă©vĂ©nements.

Les missions de Maison Moderne Offrir une voix indĂ©pendante et influente dans le paysage mĂ©diatique luxembourgeois en proposant un journalisme de qualitĂ© et en Ă©tablissant Paperjam et Delano parmi les principales marques mĂ©dias du pays. S’engager pour le dĂ©veloppement du Luxembourg Ă  long terme en contribuant au changement sociĂ©tal et au rayonnement international du pays.

RĂ©unir les communautĂ©s qui font avancer le Luxembourg dans le principal club d’affaires au Grand­DuchĂ©. Agir en tant que prĂ©curseurs dans l’industrie des mĂ©dias

S’assurer une rentabilitĂ© pour garantir l’indĂ©pendance

ABONNEMENT DÉCOUVERTE

Recevez Paperjam gratuitement pendant un an, chez vous ou sur votre lieu de travail.

PAPERJAM EST ÉDITÉ PAR MAISON MODERNE MM PUBLISHING AND MEDIA SA (LUXEMBOURG)

PRÉSIDENT : Hugues Delcourt – CEO : Mike Koedinger

– RÉDACTEUR EN CHEF AD INTERIM : Thierry Labro

SIÈGE : 10, rue des Gaulois, L-1618 Luxembourg

TÉLÉPHONE : (+352) 20 70 70

WWW.PAPERJAM.LU – WWW.DELANO.LU

WWW.MAISONMODERNE.COM

ABONNEZ-VOUS AUX NEWSLETTERS QUOTIDIENNES DE PAPERJAM

BUSINESS CLUB : POUR LES DIRIGEANTS D’ENTREPRISE

Envoyez­moi une présentation du Business Club.

SUBSCRIBE TO THE DELANO FINANCE

WEEKLY NEWSLETTER

94 OCTOBRE 2023 Édito #MĂ©dias

*WLTP: 14.8-17.2 kWh/100 km et CO₂: 0 g/km. Information environnementale: polestar.com

Donnons priorité à la sécurité.

Polestar 2 Jusqu’à 655 km d’autonomie*

RĂ©servez votre essai Polestar Luxembourg, Cloche d’Or

© 2023 PricewaterhouseCoopers, SociĂ©tĂ© coopĂ©rative. All rights reserved. In this document, “PwC” or “PwC Luxembourg” refers to PricewaterhouseCoopers which is a member firm of PricewaterhouseCoopers International Limited, each member firm of which is a separate legal entity. PwC IL cannot be held liable in any way for the acts or omissions of its member firms. At PwC Luxembourg we make change work for us. Building up on legacy, learning from it, and making it count for the future. #NewLeadership Change is part of moving forward.

Turn static files into dynamic content formats.

Create a flipbook
Issuu converts static files into: digital portfolios, online yearbooks, online catalogs, digital photo albums and more. Sign up and create your flipbook.