Législatives2023
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Coalition Ă deux avec le parti dĂ©mocratique du chef actuel du gouvernement, Xavier Bettel (DP), et le parti chrĂ©tien-social emmenĂ© par Luc Frieden (CSV), reconduction de la coalition actuelle malgrĂ© les difficultĂ©s que connaissent le LSAP et dĂ©i GrĂ©ng, grande coalition Ă quatre qui abandonnerait lâopposition aux extrĂȘmes et aux Pirates⊠Il existe, en ce dĂ©but septembre, autant dâhypothĂšses imaginables pour lâautomne que de cigales qui cherchaient la fraĂźcheur en aoĂ»t. «âTous les scĂ©narios sont possiblesâ», reconnaissait mĂȘme, aprĂšs les Ă©lections communales, le professeur de sciences politiques Ă lâUniversitĂ© du Luxembourg et titulaire de la chaire de recherche en Ă©tudes parlementaires de la Chambre des dĂ©putĂ©s, Philippe Poirier. Il est fondamental que lâĂ©lecteur sâapproprie les Ă©lections lĂ©gislatives Ă venir et sâĂ©loigne des prophĂ©ties et des promesses, qui, comme le rĂ©pĂ©tait Ă la fin de son mandat lâancien prĂ©sident français Jacques Chirac, nâengagent que ceux qui les croient. Dans la trĂšs cosmopolite sociĂ©tĂ© luxembourgeoise, nourrie des migrations et campĂ©e sur lâidĂ©al du «âMir wĂ«lle bleiwe wat mir sinnâ», lâĂ©lecteur nâa que peu dâalternatives pour se dĂ©ciderâ: soit il scrute Ă la lettre les promesses des uns et des autres pour sâarrĂȘter Ă quelques mesures qui lui parlent, soit il sâattache Ă celui ou celle
quâil «âaime bienâ», exercice qui a consacrĂ© depuis longtemps le chef de la diplomatie, Jean Asselborn (LSAP), ou le Premier ministre. Au moment oĂč la transition Ă©nergĂ©tique et la digitalisation sont des enjeux aussi importants que le logement, Paperjam a simplement voulu donner des clĂ©s de comprĂ©hension des enjeux de ces Ă©lections. Câest le sens de ce numĂ©ro inĂ©dit dans lâhistoire de notre mĂ©dia. Faites-vous votre idĂ©e vous-mĂȘme. Et votez, avec le cĆur ou la raison, mais votezâ!
LE GRAND DĂBAT DES «âSPĂTZEKANDIDATENâ»
Logement, stratĂ©gie de dĂ©veloppement Ă©conomique, fiscalitĂ©, finances publiques, Paperjam organise un grand dĂ©bat avec les «âSpĂ«tzekandidatenâ» le 19 septembre dĂšs 19âh. Suivez cette table ronde en livestream sur paperjam.lu ou, dĂšs le lendemain, en replay, toujours sur paperjam.lu
Rédacteur en chef ad interim THIERRY LABRO
06 XAVIER BETTEL (DP) «âAmbitieux, mais rĂ©alisteâ»
16 PAULETTE LENERT (LSAP) «âPrĂ©parer lâavenir du Luxembourg et ne laisser personne de cĂŽtĂ©â»
26 CARTE BLANCHE Philippe Seyll
28 SAM TANSON (DĂI GRĂNG) «âLe
38 CARTE BLANCHE Damien
40 LUC FRIEDEN (CSV)
SVEN CLEMENT (PIRATEN)
52 FRED KEUP (ADR)
«âSĂ©curitĂ© et libertĂ©â»
â
56 DAVID WAGNER (DĂI LĂNK) «âImpulser
â
62 TABLE RONDE
68 LAURENT PROBST «âSe rĂ©inventer Ă nouveauâ»
â
70 TABLE RONDE
â
76 TABLE RONDE
et demainâ»
Xavier Bettel (DP)
Interview MARC FASSONE
Comment abordez-vous lâĂ©chĂ©ance Ă©lectorale de ce 8 octobreâ?
Je ne suis ni confiant, ni stressĂ© ou inquiet. Je suis serein. Jâaborde cette Ă©chĂ©ance Ă©lectorale avec sĂ©rĂ©nitĂ© parce que jâai fait le boulot. Ces cinq derniĂšres annĂ©es ont Ă©tĂ© des annĂ©es difficiles pour tout le monde.
Jâai eu, avec mes collĂšgues, une crise sanitaire Ă gĂ©rer, puis une crise inflationniste, puis la guerre en Ukraine et ses effets sur les prix des matiĂšres premiĂšres â notamment lâalimentation â et de lâĂ©nergie. Aujourdâhui, nous avons lâinflation la plus basse dâEurope, des finances publiques saines et une Ă©conomie qui fonctionne. MalgrĂ© ce contexte de polycrise
Câest maintenant aux Ă©lecteurs de juger si, avec le gouvernement, nous avons bien travaillĂ©. AprĂšs, si jâai un bilan, jâai Ă©galement un programme. Les gens me connaissent maintenant et ils savent ce quâils auront. Voter Bettel, ce nâest pas ouvrir une pochette-surprise.
Cette annĂ©e, la configuration Ă©lectorale est particuliĂšreâ: les Ă©lections lĂ©gislatives suivent de trĂšs prĂšs les Ă©lections communales. Quels enseignements avez-vous tirĂ©s des Ă©lections de juinâ?
Câest vrai que ce calendrier Ă©lectoral est inĂ©dit. Je me rappelle quâen 1999, câĂ©tait lâinverseâ: les lĂ©gislatives se tenaient en juin et les communales en octobre. Une date qui mâa marquĂ© puisque jâai Ă©tĂ© Ă©lu cette
annĂ©e-lĂ , dâabord Ă la Chambre des dĂ©putĂ©s, puis au conseil communal de la Ville de Luxembourg.
Aujourdâhui, câest sĂ»r que cela fait plaisir de voir que les Ă©lecteurs nous ont accordĂ© leur confiance lors des communales. Mais les Ă©lections lĂ©gislatives, ce nâest pas la mĂȘme chose. Il ne faudrait pas penser que lâaffaire est dans le sac, loin de lĂ . Cela dit, je prĂ©fĂšre avoir eu de bons rĂ©sultats aux Ă©lections de juin plutĂŽt que dây avoir laissĂ© des plumes, je peux vous lâavouer. Ăa montre quâil nây a pas un rejet de notre action. Et ça, câest trĂšs important.
Les rĂ©sultats des communales montrent que le morcellement du paysage politique luxembourgeois se poursuit. Que pensez-vous de ce phĂ©nomĂšne et est-il de nature Ă compliquer la formation et le fonctionnement dâun gouvernementâ? Le paysage politique se fractionne. Pendant trĂšs longtemps, nous nâavons eu que quatre ou cinq partis au Parlement. Pour cette Ă©lection, on dĂ©nombre 12 listes en prĂ©sence. Cela montre, et câest important, que la dĂ©mocratie fonctionne. Mais cela entraĂźne aussi le fait que les alliances deviennent plus compliquĂ©es Ă former. Le temps des alliances Ă deux semble rĂ©volu. Il me semble quâil sera plus difficile Ă lâavenir dâavoir des coalitions limitĂ©es Ă deux partenaires.
Une coalition Ă trois est-elle plus compliquĂ©e Ă faire marcher quâune coalition Ă deux, selon vousâ? Non. Ce qui est important dans le fonctionnement dâune coalition, quel que soit le nombre de participants, câest la facultĂ© Ă trouver des compromis. Attention, compromis ne veut pas dire reniement.
Je ne vais pas jouer les divasâ: rester Premier ministre serait pour moi un honneur. Mais le plus important, câest le programme. Le chĂŽmage augmente, la compĂ©titivitĂ© reste une prĂ©occupation constante. Nous avons des propositions et nous sommes prĂȘts Ă nous mettre autour dâune table pour en discuter. Notre culture du compromis politique est une force pour le pays. Regardez les tripartitesâ: malgrĂ© les intĂ©rĂȘts divergents de chacun, tout le monde travaille pour essayer de trouver la bonne solution.
Câest le favori des sondages. DĂ©but juillet, 32â% des personnes consultĂ©es par le Politmonitor voulaient le voir rempiler dans son rĂŽle de Premier ministre. Ces souhaits se convertirontils en votesâ?
Tous les cinq ans, soit durant la campagne, soit au moment dâinterprĂ©ter les rĂ©sultats, la question de la circonscription unique revient sur le tapis. Quelle est votre position sur le sujetâ?
Sur le principe, je nây suis pas opposĂ© et câest un sujet que lâon pourra aborder. Mais avec une rĂ©serveâ: je ne voudrais pas avoir une Chambre oĂč le centre est surreprĂ©sentĂ© par rapport aux autres rĂ©gions.
Quel bilan tirez-vous de la derniĂšre lĂ©gislatureâ?
Ce nâest pas Ă moi de juger de mes rĂ©ussites ou de mes Ă©checs. Les Ă©lecteurs sont lĂ pour ça.
Que voudriez-vous alors que lâon retienne de ces cinq derniĂšres annĂ©esâ?
Dâabord, et cela a Ă©tĂ© trĂšs compliquĂ©, que lâon a su trouver, durant la pĂ©riode du Covid, le juste Ă©quilibre entre restrictions sanitaires et libertĂ©s individuelles. Si lâon compare avec ce qui sâest passĂ© autour de nous, le Luxembourg est le pays qui a rĂ©ussi Ă imposer le minimum de restrictions aux libertĂ©s tout en rĂ©ussissant Ă contenir la pandĂ©mie. Il y a eu, durant cette pĂ©riode, des moments trĂšs durs. Comme de dire aux familles quâelles ne pourraient pas se rĂ©unir pour les fĂȘtes de NoĂ«l. Imposer des restrictions aux libertĂ©s, câest contre-nature pour un libĂ©ral. Il Ă©tait important, Ă ce moment-lĂ , de ne jamais perdre de vue que la restriction des libertĂ©s doit ĂȘtre lâexception et pas la rĂšgle.
pas un problĂšme de volontĂ© politique, mais une question de marges budgĂ©taires que la situation rendait incertaines. Il ne faut pas oublier que nous avons investi 5 milliards dâeuros suite Ă la pandĂ©mie, puis au choc inflationniste et Ă la guerre en Ukraine. De lâargent qui ne pouvait pas ĂȘtre investi ailleurs.
Quels seront selon vous les grands thĂšmes de cette campagneâ? Pour moi, ce qui est trĂšs important pour les cinq prochaines annĂ©es, câest que nous soyons prĂȘts. «âFitâ», comme on dit en luxembourgeois.
PrĂȘts en termes de compĂ©titivitĂ©. Je prends lâexemple du secteur des fonds dâinvestissementâ: Dublin risque de devenir une place financiĂšre plus attractive que la nĂŽtre. Yuriko Backes, dans son rĂŽle de ministre des Finances, a fait voter le projet de loi 8183, qui sâadapte aux besoins de lâindustrie, la boĂźte Ă outils luxembourgeoise. Une loi trĂšs importanteâ: la place financiĂšre, câest quand mĂȘme notre vache Ă lait. Sans elle, on ne pourrait pas financer nos politiques sociales trĂšs gĂ©nĂ©reuses. Il est important de tout faire pour quâelle reste attractive. De maniĂšre gĂ©nĂ©rale, il est primordial de ne pas conduire une politique qui fasse fuir les investisseurs.
Ensuite, il y a eu la question de la rĂ©forme fiscale. Si je devais exprimer un regret, ce serait celui de nâavoir pas pu mener cette rĂ©forme Ă bien. Elle nâest pas abandonnĂ©e et une rĂ©forme de la fiscalitĂ© dans le sens dâune meilleure individualisation reste un objectif du parti dĂ©mocrate. Mais la succession de crises ne nous a pas permis dây aboutir durant cette lĂ©gislature. Ce nâĂ©tait
PrĂȘts en matiĂšre de fiscalitĂ©. Je lâai ditâ: pas question de renoncer Ă la rĂ©forme fiscale que nous avions a nnoncĂ©e dans notre accord de coalition. Pour moi, il est trĂšs important dâavoir un systĂšme qui ne se base pas sur la situation maritale, comme câest le cas actuellement au Luxembourg. Ce nâest pas parce que lâon se marie que lâon devrait payer moins dâimpĂŽts. Pas plus quâun divorce ou une situation de veuvage ne devrait faire payer plus dâimpĂŽts. Donc, pour moi, lâindividualisation est quelque chose de trĂšs important.
PrĂȘts sur le logement. Il faut ĂȘtre prĂȘts Ă prendre des mesures qui seront peutĂȘtre un peu rĂ©volutionnaires, comme construire plus haut ou mieux interagir
«âLa place financiĂšre, câest quand mĂȘme notre vache Ă lait.â»
«âLa crise climatique nâest pas pour demain, elle est lĂ .â»
Conversation Xavier Bettel (DP)
avec les communes sans empiĂ©ter sur leurs compĂ©tences. Il faut respecter le principe de lâautonomie communale. La question du logement prĂ©occupe beaucoup les Luxembourgeois. Beaucoup sâinquiĂštent du fait de savoir si leurs enfants auront ou non la possibilitĂ© de se payer un toit.
PrĂȘts face Ă la crise climatique. La crise climatique nâest pas pour demain, elle est lĂ . Il nây a quâĂ regarder ce qui se passe en Europe et dans le mondeâ: tornades, inondations, intempĂ©ries ou sĂ©cheresses extrĂȘmes, incendies gigantesques⊠Je me rappelle que quand jâĂ©tais jeune, je regardais ça Ă la tĂ©lĂ©vision. Cela se passait au Chili, en Chine⊠Aujourdâhui, cela se passe ici. Nous devons opĂ©rer une rĂ©volution dans ce pays en faveur des Ă©nergies renouvelables. Regardez le photovoltaĂŻqueâ: câest plutĂŽt lâexception alors que cela devrait ĂȘtre la rĂšgle, et le non-photovoltaĂŻque devrait ĂȘtre lâexception.
Il y a Ă©normĂ©ment de choses que nous pouvons faire. Notamment consommer moins. Les derniers mois ont prouvĂ© que câĂ©tait possible.
Globalement, lâĂ©nergie est un grand challenge. La guerre en Ukraine nous a fait prendre conscience de deux chosesâ: que lâon Ă©tait Ă la fois tributaires des Ă©nergies et de la Russieâ! Aujourdâhui, nous ne devons dĂ©pendre ni de lâun ni de lâautre. Il faut que lâĂ©nergie renouvelable soit encore plus dĂ©veloppĂ©e au Luxembourg. Câest difficile, mais
Fracture sociale
Elle existe. Il y en a plusieurs et elles ne sont pas que pĂ©cuniaires. Il y a celle entre les Luxembourgeois et les non-Luxembourgeois au niveau de la participation Ă la chose politique. Il existe aussi une fracture liĂ©e Ă lâĂąge. Une fracture aggravĂ©e par la technologie, que peinent Ă maĂźtriser les personnes ĂągĂ©es. Et il y a une fracture dans lâaccĂšs au logement sur laquelle il va falloir fortement sâengager. Mais quand je vois ce qui se passe Ă lâĂ©tranger, oĂč les extrĂȘmes capitalisent sur ces fractures, je me dis que la cohĂ©sion sociale fonctionne au Luxembourg
Place financiĂšre
Vache Ă lait pour ce pays. Il faut la soutenir. Elle sâest Ă©normĂ©ment transformĂ©e ces 10 derniĂšres annĂ©es. Nous avons vĂ©cu des situations qui nâĂ©taient pas faciles. Câest aussi une industrie dont la rĂ©ussite suscite des jalousies, et donc des attaques injustifiĂ©es. Le Gafi vient de confirmer que nous Ă©tions une Place vertueuse. Ce nâest pas parce que la France ou lâItalie produisent autant de bouteilles de vin que leurs rĂ©sidents sont tous alcooliques⊠Ils exportent aussi.
Ukraine
Une agression injustifiĂ©e et contraire au droit international de la part de la Russie. Au dĂ©but, jâai essayĂ© dâinstaurer un dialogue entre les deux parties, mais jâai vite arrĂȘtĂ© lorsque jâai vu quâil nây avait aucune volontĂ© de paix de la part des Russes. Aujourdâhui, lâEurope est unie et solidaire et il faut que cela dure. Pour moi, le plus grand risque est de revenir Ă un monde bipolaire opposant la Russie et les Ătats-Unis. Et il ne faut pas pousser la Chine dans les bras des Russes, ce serait une erreur. Il faut essayer de travailler tous ensemble. Je suis celui qui veut faire des ponts, pas des murs.
Un challenge Ă©norme avec beaucoup dâopportunitĂ©s. Cela va influencer beaucoup de choses pour lâavenir. Il faut sây prĂ©parer. Il va falloir se rĂ©inventer, parce que certains mĂ©tiers risquent, pas forcĂ©ment de disparaĂźtre, mais de voir leur importance rĂ©duite. Il y aura toujours du travail, mais il va changer. LâarrivĂ©e de la Ford T a transformĂ© le mĂ©canisme de production des voitures. CâĂ©tait la rĂ©volution industrielle. Aujourdâhui, on en vit une nouvelle avec le digital et lâIA.
on arrive toujours Ă produire diffĂ©remment. Regardez le glyphosate. Et mĂȘme sâil y a eu rĂ©cemment un revirement judiciaire, on a prouvĂ© que lâon pouvait faire diffĂ©remment. Câest pareil pour les sacs plastiques. Lorsquâon a annoncĂ© que lâon nâen distribuerait plus, les gens hurlaient, tout le monde disait que câĂ©tait impossible. Aujourdâhui, ce nâest plus un sujet. Câest une question dâĂ©ducation et de motivation. Fit aussi au niveau de la flexibilitĂ© du temps de travail. Je ne pense pas que les gens demandent une
Il faut les garder Ă lâĂ©quilibre. Il Ă©tait important pour moi de respecter la limite des 30â% dâendettement fixĂ©e lors du dernier accord de coalition. AprĂšs, il ne faut pas hĂ©siter Ă investir. Si nous nâavions pas dĂ©bloquĂ© 5 milliards pour faire face au Covid, puis Ă la crise Ă©nergĂ©tique, la situation serait aujourdâhui bien plus mauvaise
Ce quâil ne faudra jamais perdre de vue, câest que le digital doit ĂȘtre au service de lâHomme et pas lâinverse. Je suis pour une rĂ©gulation si elle se fait au niveau mondial. Si nous faisons quelque chose juste entre EuropĂ©ens, nous serons dĂ©passĂ©s par les Ătats-Unis ou par lâAsie. Et il ne faudra pas oublier le client, qui est demandeur. Est-ce juste quâun gouvernement veuille rĂ©guler quelque chose que le client voudrait avoirâ? Il y aura un juste milieu Ă trouver.
«âVoter Bettel, ce nâest pas ouvrir une pochette-surprise.â»
rĂ©duction du temps de travail. Ils veulent de la flexibilitĂ©. Et câest au niveau des entreprises que cela doit se nĂ©gocier.
Cela fait beaucoup de sujets sur lesquels nous ne promettrons pas des choses que nous nâarriverons pas Ă faire. Nous essayerons dâaccomplir le maximum avec le ou les partenaires de coalition. Mon but, câest dâĂȘtre dans une coalition avec laquelle jâarriverai Ă rĂ©aliser le plus de propositions de mon programme. Je ne suis mariĂ© Ă personne, Ă part mon mari.
Les milieux Ă©conomiques et financiers se plaignent dâune perte dâattractivitĂ© et de compĂ©titivitĂ© du pays. Partagez-vous ce constatâ?
Câest une question qui appelle plusieurs rĂ©ponses. Le premier point, câest que lâon a trop tendance Ă penser que lâattractivitĂ©, câest juste lâimposition. Cela en fait partie, mais on ne peut aborder cette problĂ©matique sous ce seul angle. Bien sĂ»r, les entreprises ne vont pas venir sâinstaller dans un pays oĂč elles savent quâil y a une imposition moins favorable que dans dâautres pays. Mais il y a au Luxembourg une paix sociale
possibilitĂ© dâavoir une Ă©ducation pour son enfant quand on arrive quelque part, est Ă©galement un argument fort. Le logement, par contre, est actuellement un frein Ă lâinstallation et au dĂ©veloppement des sociĂ©tĂ©s. Pourquoi ne pas proposer Ă certaines de construire des logements avec des incitants fiscaux pour leurs personnelsâ? Vous voyez, il y a toujours des choses qui peuvent ĂȘtre faites et on arrive toujours Ă trouver des solutions.
Câest le cas pour la mobilitĂ©. La mobilitĂ© est une composante-clĂ© de lâattractivitĂ©. La gratuitĂ© des transports a Ă©tĂ© une bonne chose, mais il faut continuer Ă investir. Nous sommes le pays dâEurope qui investit le plus dans le rail. Et sâil faut dĂ©velopper les transports en commun, il ne faut pas bannir la voiture. Tout le monde ne peut pas prendre les transports en commun, notamment pour des raisons dâhoraires ou dâaccessibilitĂ©.
Un projet de mobilitĂ© ne doit pas se rĂ©sumer Ă nâĂȘtre quâun projet de rĂ©duction de lâimmobilitĂ©. On doit penser fluiditĂ©. Câest pour cela que je suis favorable au dĂ©veloppement dâespaces de coworking aux frontiĂšres.
Si vous accĂ©diez aux affaires une troisiĂšme fois, quelles seraient pour vous les mesures Ă prendre dans les 100 premiers joursâ?
que lâon ne retrouve pas partout actuellement. Câest un argument fort en matiĂšre dâattractivitĂ©. Il y en a dâautres. Nous avons rĂ©cemment modifiĂ© la loi afin de permettre que le conjoint dâun ressortissant non communautaire qui travaille dĂ©jĂ ici puisse Ă©galement exercer une activitĂ© professionnelle. Ăa a lâair bĂȘte, mais cela fait partie des critĂšres que lâon examine lorsquâon vous propose un poste au Luxembourg, de voir si votre Ă©pouse ou votre Ă©poux peut Ă©galement avoir un travail. LâĂ©cole internationale et lâĂ©cole europĂ©enne gratuite, câest-Ă -dire la
Il faut agir vite en matiĂšre de logement et de climat. Pour ce qui est de la rĂ©forme de lâimposition, je pense quâil faudra agir au fur et Ă mesure, par Ă©tapes sâil le faut, sans jamais perdre de vue la marge budgĂ©taire. Quand je vois ceux qui veulent rĂ©duire les impĂŽts pour tout le monde et tout de suite, câest la foire Ă la promesse⊠Je suis quand mĂȘme un libĂ©ral, donc je sais quâon ne peut dĂ©penser que ce que lâon rentre, et quâil faut rentrer pour dĂ©penser. Je ne vais pas faire une rĂ©forme en faisant un emprunt que les gĂ©nĂ©rations futures
«âCe nâest pas parce que lâon se marie que lâon devrait payer moins dâimpĂŽts.â»
«âNous devons opĂ©rer une rĂ©volution dans ce pays en faveur des Ă©nergies renouvelables.â»
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devront rembourser. Il est important dâavoir plus dâĂ©galitĂ© dans lâimposition dans ce pays. Câest quelque chose qui est faisable par Ă©tapes et qui sera fait.
Pouvez-vous rĂ©sumer votre programme en deux motsâ? Ambitieux, mais rĂ©aliste.
Vous avez dĂ©clarĂ© plusieurs fois ĂȘtre prĂȘt Ă prendre de nouveau des responsabilitĂ©s gouvernementales. Quelles sont pour vous les lignes rouges non nĂ©gociables dans un accord de coalitionâ? DĂ©jĂ , de remonter lâhorloge. Faire marche arriĂšre au niveau de la politique familiale ou, plus largement, des questions de sociĂ©tĂ©, je nây arriverais pas. Je prendrais lâexemple du CSV qui, au niveau de la politique de la famille, veut inciter les femmes Ă sâoccuper des enfants Ă la maison. Jâai fait beaucoup de mariages, donc je sais que quand tout va bien, tout va bien. Mais jâai fait aussi beaucoup de divorces en tant quâavocat et je peux vous dire que le plus faible, câest celui qui sâoccupait des enfants Ă la maison. Faire une politique oĂč lâon dit que la femme doit retourner derriĂšre les fourneaux, ce ne sera pas avec moi.
du nombre
insurmontable. Enfin, travailler avec lâADR, ou avec dĂ©i LĂ©nk, est totalement exclu.
Dans un prochain gouvernement, pourriez-vous accepter autre chose que le poste de Premier ministreâ? Oui. Moi, ce que je veux, câest faire une politique avec laquelle je puisse mâidentifier. Le titre nâest pas ce qui est important. Mais lâambition est quand mĂȘme de rester Premier ministre.
Viseriez-vous un ressort plus quâun autreâ? Je ne me suis mĂȘme pas encore posĂ© la question.
siÚges du DP à la Chambre des députés
Le grand danger pour le DP reste lâusure du pouvoir. AprĂšs cinq annĂ©es au pouvoir, le parti avait perdu un siĂšge, mais conservĂ© son leadership sur la coalition. En sera-t-il de mĂȘme en 2023â?
Je pense aussi Ă la FĂȘte nationale, que lâon fĂȘte maintenant Ă la Philharmonie comme une cĂ©rĂ©monie civile. En 2014, la premiĂšre annĂ©e oĂč elle sâest tenue lĂ , des Ă©lus du CSV mâont pris Ă partie et accusĂ© de dĂ©truire le Te Deum. Ă lâĂ©poque, câĂ©tait le gouvernement qui invitait les participants Ă la cĂ©lĂ©bration de la FĂȘte nationale Ă la cathĂ©drale. Pour moi, câest Ă lâarchevĂȘque quâil revient dâinviter les gens Ă la cathĂ©drale, pas au Premier ministre ou au gouvernement. Pas question pour moi de mâallier avec des gens qui voudraient remonter le temps et revenir sur le caractĂšre dĂ©sormais civil de la cĂ©rĂ©monie. Par contre, dâun point de vue Ă©conomique, fiscal, et aussi sur certaines questions au niveau de la santĂ©, je me sens proche des positions du parti chrĂ©tien social. Si, pour les socialistes, le programme se rĂ©sume Ă rĂ©duire le temps de travail et Ă augmenter les impĂŽts, je nây arriverai pas non plus. Mais je suis proche dâeux sur les questions de sociĂ©tĂ©. Concernant les Ă©cologistes, je nâai encore rien vu dans leur programme qui soit pour moi
Une derniĂšre question un peu plus personnelleâ: pour vous, quâest-ce que lâaccomplissement en politiqueâ? Les Ă©lections sont un accomplissement parce que câest la prĂ©sentation du bilan. Et donc les gens peuvent dire stop ou encore. Donc, si jâai la chance de pouvoir continuer, câest que jâaurai accompli une mission. Mais, moi, je ne me juge pas. Pendant le Covid, je me rappelle que jâĂ©tais vraiment en minoritĂ©, et partout. Que ce soit au niveau de la coalition ou de lâopposition, particuliĂšrement le CSV. Tous me mettaient la pression pour suspendre les rĂšgles sanitaires pour NoĂ«l. Et jâai longuement discutĂ© de ce sujet, Ă©galement Ă la maison avec mon mari, et il mâa demandĂ© comment expliquer que 364 jours dans lâannĂ©e, le virus soit lĂ , et que le 25 dĂ©cembre, il ait disparu. NoĂ«l est une fĂȘte familiale oĂč toutes les gĂ©nĂ©rations se retrouvent. Y compris les plus fragiles face Ă la maladie. CâĂ©tait, de plus, Ă un moment oĂč les hĂŽpitaux Ă©taient remplis. Cela a Ă©tĂ© trĂšs dur, je me suis retrouvĂ© trĂšs isolĂ©, mais jâen ai fait une question de principe. Et les pics Ă©pidĂ©miques observĂ©s aprĂšs les fĂȘtes dans des pays plus «âlaxistesâ», comme le Portugal ou lâIrlande, mâont confortĂ© dans mes choix. Et ainsi, avec une Ă©pidĂ©mie mieux contenue, nous avons pu rouvrir les restaurants plus tĂŽt.
Je ne rentre pas le soir en me disant «âmission accomplieâ». Ce qui est important pour moi, câest dâavoir une ligne et de la garder.
Paulette Lenert (LSAP)
tĂȘte de liste nationale. Comment vivez-vous cette expĂ©rienceâ?
Ce nâest pas pour moi une expĂ©rience particuliĂšre. Câest un projet professionnel ambitieux. Jâaborde les choses comme des projets, câest ma maniĂšre de travailler. Cela me fait du bien de mâinvestir dans des projets qui vont au-delĂ de ceux liĂ©s Ă ma fonction de ministre. Et, pour lâinstant, ça se passe bien. En attendant la rentrĂ©e de septembre qui verra lâambiance Ă©lectorale sâintensifier, je regarde les idĂ©es mises sur le tapis par les uns et les autres. Des idĂ©es que je trouve souvent intĂ©ressantes et qui mĂ©ritent dâĂȘtre dĂ©battues.
Portrait GUY WOLFFInterview MARC FASSONE Comment abordez-vous lâĂ©chĂ©ance Ă©lectorale de ce 8 octobreâ?
De maniĂšre pragmatique. Nous avons un beau projet Ă dĂ©fendre et je me prĂ©pare Ă cela. Ma nomination en tant que tĂȘte de liste a Ă©tĂ© la premiĂšre Ă©tape de cette campagne qui sera intense.
Mais ce nâest pas parce que je conduis depuis juillet le LSAP Ă la bataille que je vais nĂ©gliger le ministĂšre de la SantĂ©. Il y a encore Ă©normĂ©ment de travail Ă faire. La pandĂ©mie a interrompu le cours normal des choses et retardĂ© beaucoup de dossiers. Je veux â câest dans mon caractĂšre â clĂŽturer un maximum de dossiers, parce quâon ne sait pas ce qui se passera aprĂšs le 8 octobre. Il y a encore deux ou trois projets de loi que jâaimerais voir aboutir, comme la loi pandĂ©mie. Le projet a Ă©tĂ© annoncĂ© et on y travaille, mais je ne suis pas sĂ»re que lâon puisse clĂŽturer la procĂ©dure avant le changement de lĂ©gislature. JâespĂšre nĂ©anmoins avoir un texte Ă prĂ©senter en conseil de gouvernement en septembre. Nous travaillons Ă©galement sur un cadre lĂ©gal pour la production de cannabis mĂ©dicinal. Câest un projet qui me tient Ă cĆur. Et, idĂ©alement, il y aurait encore quelques actions Ă mener au niveau du Plan national santĂ© (PNS) qui vient dâĂȘtre relancĂ©. Je suis consciente quâil ne reste pas beaucoup de temps, mais jâaimerais bien finir cela.
Câest la premiĂšre fois que vous ĂȘtes candidate aux Ă©lections et, en plus,
Parmi les sujets Ă©voquĂ©s par les candidats, on en note un qui fait des adeptes, particuliĂšrement dans les partis dâopposition. Câest celui de lâaccessibilitĂ© des soins de santĂ©. Est-ce vraiment un sujet politique ou pensez-vous que câest un peu une façon de vous ciblerâ? Je pense quâil y a un peu des deux. Quâil y ait des tensions sur le systĂšme de santĂ©, câest indĂ©niable. Mais les parties prenantes Ă cette discussion oublient que le pays a connu une croissance Ă©norme. Lâobjectif des 700.000 rĂ©sidents a Ă©tĂ© atteint deux fois plus rapidement que prĂ©vu et le systĂšme mĂ©dical doit sâadapter. Tout comme le systĂšme scolaire ou le logement. Câest un vrai dĂ©fi.
Maintenant, comparĂ© aux autres pays, le systĂšme de santĂ© du Luxembourg se porte bien. Il suffit de lire la presse allemande, française ou belge pour sâen convaincre. Dans ces pays et partout en Europe, les systĂšmes de santĂ© sont mis Ă lâĂ©preuve. Et, objectivement parlant, je pense que le Luxembourg se montre trĂšs rĂ©silient. Ce qui ne veut pas dire quâil ne faille pas sâadapter aussi Ă cette pression qui existe.
Je rappelle aussi que le sujet de la santĂ© a Ă©tĂ© «âdĂ©couvertâ» avec la pandĂ©mie. Si lâon revient sur les programmes Ă©lectoraux des partis pour les derniĂšres Ă©lections, on sâaperçoit que câĂ©tait loin dâĂȘtre une prioritĂ© absolue Ă lâĂ©poque⊠La coalition a Ă©tĂ© active et on lâoublie trop facilement, je pense. Ătienne Schneider (LSAP), mon prĂ©dĂ©cesseur au poste de ministre de la SantĂ©, a investi massivement.
Maintenant, il est vrai que la santé est un sujet émotionnel. Presque tout le
Son action lors de la pandĂ©mie a fait dâelle la personnalitĂ© politique prĂ©fĂ©rĂ©e des Luxembourgeois. RĂ©vĂ©lation politique de ces derniĂšres annĂ©es, Paulette Lenert incarnera le LSAP pour ces lĂ©gislatives. Avec un programme offensif.
monde connaĂźt quelquâun qui a une histoire avec le systĂšme, des dĂ©lais dâattente prolongĂ©s ou encore des ratĂ©s administratifs. Enfin, je suis une personnalitĂ© politique qui est passĂ©e de lâombre Ă la lumiĂšre trĂšs rapidement. Mâattaquer sur mon bilan au ministĂšre est donc une chose aisĂ©e.
Quels enseignements avez-vous tirĂ©s des Ă©lections communalesâ? Vous sentez-vous renforcĂ©e ou diminuĂ©e au moment dâattaquer les lĂ©gislativesâ?
DĂ©jĂ , je pense quâon ne peut pas tirer des conclusions trop rapides des rĂ©sultats des communales par rapport aux Ă©lections nationalesâ: les contextes sont diffĂ©rents.
Cela dit, nous sommes satisfaits de nos rĂ©sultats. Nous sommes partis Ă la bataille avec moins de candidats que lors des Ă©lections prĂ©cĂ©dentes et nous nâavons pas chutĂ© proportionnellement en nombre dâĂ©lus. Ce que je trouve de trĂšs positif, et jâai eu lâoccasion de le dire au CongrĂšs, câest que nous avons beaucoup de nouveaux adhĂ©rents et de primo-candidats qui ont Ă©tĂ© bien Ă©lus, surtout des jeunes. Cela me donne un sentiment de rĂ©confort de voir que cette nouvelle dynamique au sein du parti semble prendre.
Câest une bonne base pour nous, parce que nous misons beaucoup sur le renouveau. Et cela semble marcher.
Sur la question de savoir si cela peut poser des problĂšmes pour constituer une coalition stable, franchement, je ne le crois pas. Je pense que les partis du centre de lâĂ©chiquier politique vont rester stables et permettre lâĂ©mergence dâun gouvernement stable. Cela dit, la probabilitĂ© dâavoir une coalition Ă deux nâest plus la mĂȘme quâavant.
Est-ce plus difficile de faire vivre une coalition Ă trois par rapport Ă une coalition Ă deuxâ?
MalgrĂ© toutes les critiques que lâon entend actuellement, jâai beaucoup aimĂ© la maniĂšre dont cette coalition sâest comportĂ©e et a fonctionnĂ©. Nous avons formĂ© une bonne Ă©quipe, une Ă©quipe trĂšs dynamique. On lâa vu au travers des diffĂ©rentes crises traversĂ©esâ: nous avons vraiment rĂ©ussi Ă travailler ensemble rapidement et de maniĂšre trĂšs pragmatique. Pour moi, câest lâessence mĂȘme de la dĂ©mocratie dâavoir en prĂ©sence plusieurs points de vue et de chercher un compromis. La dĂ©mocratie, câest le dialogue, le dĂ©bat politique⊠Ătre trois a permis de confronter les points de vue et de trouver les bonnes solutions de maniĂšre pragmatique. En pleine crise, chacun mettait ses idĂ©es et sa sensibilitĂ© sur la table et nous cherchions Ă trouver des compromis. Au final, ce nâest pas plus compliquĂ© que dans une coalition Ă deux⊠Mais câest aussi une question de personnes.
Les communales ont confirmĂ© la tendance au morcellement de la vie politique luxembourgeoise. Quâest-ce que ce phĂ©nomĂšne pose comme dĂ©fis aux traditionnels partis de gouvernement comme le vĂŽtreâ? Câest un grand dĂ©fi. Jouer sur les Ă©motions permet aux partis populistes de prospĂ©rer. La situation de polycrise que nous avons vĂ©cue ces derniĂšres annĂ©es se prĂȘte malheureusement Ă cela. JâespĂšre que nous allons rĂ©ussir Ă freiner cette tendance.
Quel bilan tirez-vous de la derniĂšre lĂ©gislature et de votre participation au gouvernementâ? Un bon bilan. Jâestime que ce gouvernement a rĂ©ussi Ă travailler ensemble, ce qui nâest pas Ă©vident face Ă toutes ces crises passĂ©es. La force de ce gouvernement est dâavoir rĂ©ussi, malgrĂ© lâenchaĂźnement de crises et face Ă une pression constante, Ă rester pragmatique et Ă bien travailler ensemble. Nous ne nous sommes pas perdus dans des conflits inutiles et stĂ©riles. Sur le fond, lâĂ©quitĂ© sociale est restĂ©e au centre de nos prĂ©occupations et de notre action.
«âPour moi, il est trĂšs important de rester une terre dâaccueil, une terre dâintĂ©gration.â»
«âLâun des principaux facteurs de cette perte dâattractivitĂ© est, selon moi, le logement.â»
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Nous avons rĂ©ussi Ă articuler la gestion des crises avec lâĂ©quitĂ© sociale. Par exemple, nous avons pris des mesures Ă la fois gĂ©nĂ©rales pour freiner lâinflation, mais aussi trĂšs ciblĂ©es pour les personnes qui Ă©taient moins bien loties.
Quelles sont, selon vous, les principales rĂ©ussites du gouvernementâ?
Le plus grand succĂšs, câest dâavoir su gĂ©rer les diffĂ©rentes crises que nous avons traversĂ©es. Depuis que je suis au gouvernement, je nâai vĂ©cu que des crises⊠Face Ă la pandĂ©mie, il a fallu porter atteinte Ă des libertĂ©s fondamentales et sensibles pour la population. CâĂ©taient des dĂ©cisions vraiment difficiles Ă prendre. Nous avons su ĂȘtre solidaires et assumer tous ensemble ce que nous avions dĂ©cidĂ©.
Je pense ensuite aux réformes menées par Taina Bofferding (LSAP) en matiÚre de taxation du foncier. Certes, ces lois ne sont pas votées, mais elles ont été déposées.
Un projet qui me rend trĂšs fiĂšre est la gratuitĂ© des transports publics. Câest quelque chose dont on parle partout dans le monde, qui marque lâimage du pays. Quand on voyage Ă lâĂ©tranger, on ne sait plus comment prendre un ticket⊠Cela ne va pas changer la donne en matiĂšre dâattractivitĂ© du pays, mais câest un petit facteur agrĂ©able. Enfin, personnellement, le modĂšle des Ă©coles europĂ©ennes publiques est quelque chose que jâaime beaucoup. Avant, les Ă©coles internationales Ă©taient le privilĂšge de certains. Ce nâĂ©tait pas la vision que jâavais de mon pays. Câest ce gouvernement qui les a poussĂ©es, et maintenant que le modĂšle public a pris son essor, jâaimerais les voir se rapprocher du systĂšme luxembourgeois.
Et quels sont vos principaux regretsâ?
Mon principal regret est que nous nâayons pas pu aborder le sujet de la rĂ©forme fiscale. Le parti Ă©tait prĂȘt Ă assumer cette rĂ©forme et jâaurais aimĂ© avoir un texte sur la table. La succession de crises que nous avons essuyĂ©es nâa pas permis de mener ce projet Ă bien.
Pour les partis dâopposition, cette rĂ©forme nâa pas abouti parce que les partis au gouvernement Ă©taient incapables de se mettre dâaccord.
Femme PremiĂšre ministre
Ce serait une premiĂšre au Luxembourg et un beau dĂ©fi dâassurer ce rĂŽle.
TrĂšs importante. Câest la branche sur laquelle nous vivons. Il est important quâelle reste attractive. La Place a toujours Ă©tĂ© pionniĂšre et il faut quâelle le reste. Il y a beaucoup dâopportunitĂ©s dans la finance durable et Ă©quitable. Il faut rester pragmatique, agile, anticiper et rester attractif.
Câest quelque chose de sous-estimĂ© qui survient plus rapidement que prĂ©vu. Câest un vrai changement de paradigme qui est nĂ©cessaire et qui sera politiquement difficile Ă assumer. La critique qui consiste Ă dire que le Luxembourg est trop petit pour avoir un impact est facile⊠Il faut donner lâexemple et sâinscrire rĂ©solument dans une politique pour les Ă©nergies renouvelables, ainsi que soutenir les particuliers et les entreprises dans cette transition. Il y aura un retour sur investissement.
Un drame qui, jâespĂšre, fera bientĂŽt partie du passĂ©. Cette guerre a secouĂ© les Ă©conomies europĂ©ennes et nous a fait prendre conscience de la nĂ©cessitĂ© dâĂȘtre plus autonome, que ce soit dans les secteurs de lâĂ©nergie, de lâindustrie et de la sĂ©curitĂ© alimentaire. Tout comme la pandĂ©mie a pu le faire en son temps.
Intelligence artificielle
Je vois cela comme une opportunitĂ©. Câest quelque chose qui arrive trĂšs rapidement et quâil faut rĂ©guler tout aussi rapidement. Une des prioritĂ©s serait de rendre visibles les interventions de lâIA. Ce serait le premier pas Ă faire avant dâenvisager une rĂ©glementation globale pour utiliser cette technologie au mieux et Ă©viter les abus. LâIA est pour moi une rĂ©volution encore plus dĂ©cisive que la rĂ©volution industrielle. Il faut mettre en place une vĂ©ritable stratĂ©gie pour son utilisation.
Il va ĂȘtre bouleversĂ© par lâintelligence artificielle. LâIA va changer la donne pour beaucoup de mĂ©tiers. Il faut dĂšs aujourdâhui connaĂźtre les compĂ©tences des gens pour les comparer aux besoins des mĂ©tiers de demain. Il faudra accorder une place importante Ă la formation continue. Le travail va changer et on doit garder les gens en place. On ne pourra pas les remplacer, il faudra les former.
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Conversation Paulette Lenert (LSAP)
Quelle est votre position sur cette affirmationâ?
Le dĂ©saccord ne portait pas sur le fond, il portait sur le timing. Dans ce contexte de polycrise, il Ă©tait difficile dâapprĂ©cier la marge de manĆuvre budgĂ©taire dont nous disposions. Jâaurais quand mĂȘme aimĂ© que, mĂȘme si nous ne dĂ©posions pas de projet, nous travaillions sur le fond pour dĂ©gager une idĂ©e commune. Je garde nĂ©anmoins lâespoir que nous trouvions un accord.
Quels seront pour vous les mots-clĂ©s de cette campagneâ?
Le logement, la rĂ©duction de la pauvretĂ© et lâattractivitĂ©. La crise du logement nâest pas un ressenti, une abstraction. MĂȘme si beaucoup de Luxembourgeois sont propriĂ©taires, ils ont trĂšs souvent des prĂȘts importants en cours. La hausse massive et rapide des taux dâintĂ©rĂȘt a changĂ© la donne sur le marchĂ©. Il y a beaucoup de craintes chez les Luxembourgeois. Certains sont mĂȘme tĂ©tanisĂ©s. Les gens sont en attente de perspectives et de solutions. Le nouveau gouvernement, Ă peine Ă©lu, devra mener une vĂ©ritable offensive dans le domaine du logement. Nous sommes en faveur dâun accroissement du parc locatif Ă©tatique public. Il faut investir plus et plus vite.
La hausse de la pauvretĂ© est prĂ©occupante. LâĂ©cart entre les revenus va grandissant. Câest une tendance qui sâancre et quâil faut briser. Il y a un risque de fracture sociale. Cela a toujours Ă©tĂ© la force du Luxembourg de lâĂ©viter. Nous avons toujours eu une culture du dialogue social, une culture dâintĂ©gration, et il faudra se servir de ces atouts.
En ce qui concerne lâattractivitĂ©, pour moi, il est trĂšs important de rester une terre dâaccueil, une terre dâintĂ©gration, avec tout ce que cela comporte. Cela vaut pour les entreprises comme pour les citoyens. Le pays est fortement tributaire de la maindâĆuvre Ă©trangĂšre et cela ne va pas changer Ă court terme, mĂȘme si le monde du travail va Ă©voluer avec la digitalisation. Il est donc important de prĂ©server cette attractivitĂ© pour les entreprises et pour les gens.
Justement, les milieux Ă©conomiques et financiers se plaignent dâune perte dâattractivitĂ© et de compĂ©titivitĂ©
du pays. Partagez-vous ce constat et, dans lâaffirmative, quelles mesures devraient ĂȘtre prises, selon vousâ? Câest un constat que je partage. Lâun des principaux facteurs de cette perte dâattractivitĂ©, selon moi, est le logement. Le logement pĂšse Ă©normĂ©ment dans les dĂ©penses des mĂ©nages. Avec lâessor du tĂ©lĂ©travail, dont lâaccĂšs reste limitĂ© pour les frontaliers, et les progrĂšs faits en matiĂšre de mobilitĂ©, le Luxembourg attire moins les navetteurs. Metz, en TGV, est Ă une heure et demie de Paris. Certains jours, on peut mettre moins de temps pour aller Ă Paris que pour aller au Luxembourg depuis Metz. Lâaugmentation du nombre de jours de tĂ©lĂ©travail transfrontalier est un enjeu majeur.
La fiscalitĂ© est-elle, selon vous, un facteur dâattractivitĂ© et de compĂ©titivitĂ©â? La fiscalitĂ©, câest un Ă©lĂ©ment parmi dâautres. Pour moi, tout ce qui est cadre de vie, Ă©quilibre vie privĂ©e-vie professionnelle, compte autant que la fiscalitĂ©. Câest un tout.
Jâentends beaucoup dans les communautĂ©s dâexpatriĂ©s que les gens, une fois quâils sont au Luxembourg, adorent y vivre. Le Grand-DuchĂ© a beaucoup dâattrait. Il faut jouer lĂ -dessus. Si lâon veut attirer des jeunes en Ăąge de travailler au Luxembourg, il faut avoir les bonnes infrastructures scolaires et mĂ©dicales notamment. Car ces jeunes gens vont fonder des familles assez rapidement. Jâouvre dâailleurs une parenthĂšseâ: on entend souvent chez les expatriĂ©s que le systĂšme de santĂ© est excellent au Luxembourg. Je ferme la parenthĂšse.
Quels seront les dossiers chauds pour le prochain gouvernementâ?
Et dans lâhypothĂšse oĂč vous seriez reconduite aux affaires, quelles seraient les mesures urgentes Ă prendre dans les 100Â joursâ?
Jâai parlĂ© de lâoffensive Ă mener sur le front du logement. Un autre grand chantier Ă suivre est celui de la simplification administrative, surtout si on raisonne en termes dâattractivitĂ© du pays. Prenons lâexemple dâun hĂŽpital. Pour en construire un, il faut aujourdâhui compter entre 10 et 15 ans
«âNous sommes totalement opposĂ©s Ă la privatisation de la santĂ©.â»
entre le dĂ©but du projet et sa livraison. Câest beaucoup trop long, compte tenu de notre croissance dĂ©mographique. Il faut rĂ©flĂ©chir aux moyens dâaccĂ©lĂ©rer les choses. Câest la force du Luxembourg de pouvoir ĂȘtre trĂšs rapide et pragmatique, et je pense quâil faut vraiment plancher lĂ -dessus dans les premiers jours pour voir comment accĂ©lĂ©rer ces processus. Enfin, une de nos prioritĂ©s au LSAP est de changer le systĂšme Ă©lectoral pour avoir une circonscription unique. Depuis que je suis en Ăąge de voter, cela mâa toujours dĂ©rangĂ©e dâĂȘtre limitĂ©e dans mon expression Ă©lectorale Ă une circonscription. Je me sens Luxembourgeoise. Et EuropĂ©enne. Je vois comme une opportunitĂ© le fait de pouvoir choisir directement les gens que lâon aimerait voir diriger le pays sans passer par le filtre dâune circonscription. Je nâai jamais raisonnĂ© de maniĂšre rĂ©gionale. Comme ministre de la SantĂ©, je mâoccupe autant de lâEst que du Nord, que du Sud et que du Centre. Je nâaimerais pas voir un homme politique nâĂȘtre lĂ que pour plaider pour sa circonscription. Quand on est candidat Ă une Ă©lection nationale, il faut avoir une vision nationale.
Pourriez-vous rĂ©sumer votre programme en deux phrasesâ?
PrĂ©parer lâavenir du Luxembourg et ne laisser personne de cĂŽtĂ©.
Parlons coalition dâaprĂšs scrutin. Le LSAP est prĂȘt Ă reprendre des responsabilitĂ©s gouvernementalesâ?
Quelles sont les lignes rouges non nĂ©gociables dans un accord de coalitionâ?
DĂ©jĂ , les questions relatives au systĂšme de santĂ© et Ă sa privatisation. Nous y sommes totalement opposĂ©s. Ce serait une erreur pour le Luxembourg. Tous les pays qui se sont lancĂ©s sur cette voie font marche arriĂšre. Il y a des problĂšmes dans le systĂšme, mais on peut les rĂ©soudre sans remettre en cause ses fondements. LâaccĂšs universel est un des beaux projets de ce gouvernement. Nous sommes un des premiers pays Ă lâavoir instituĂ©. Câest encore un projet pilote, mais on veut lâĂ©tendre. Cela a toujours Ă©tĂ© la richesse du pays de ne pas faire de distinction sociale pour lâaccĂšs aux soins. Câest
quelque chose de trĂšs important. Ensuite, lâindexation des salaires, bien sĂ»r. Mais ce nâest plus vraiment un sujet politique, plus personne ne la remet en question. Cet acquis social est devenu mainstream . MĂȘme les libĂ©raux disent quâil ne faut plus y toucher.
RĂ©solument, nous voulons bouger sur le temps de travail. La rĂ©duction du temps de travail est lâavenir. Les Ă©volutions techniques rendent la chose possible. Sur les derniĂšres annĂ©es, les gains de productivitĂ© ont Ă©tĂ© Ă©normes. Pour moi, câest tout Ă fait dans lâair du temps de rĂ©flĂ©chir Ă de nouveaux modes de travail. Jâestime quâil faut repenser le travail de maniĂšre neutre par rapport au mode de vie que lâon peut choisir et chercher Ă ce que tout le monde bĂ©nĂ©ficie du progrĂšs que nous avons pu connaĂźtre.
Avez-vous des lignes rouges quant aux Ă©ventuels partenaires de coalitionâ? Avec lâextrĂȘme droite, donc lâADR, câest impossible de faire une coalition. Plus globalement, avec tous les partis qui ont une vision trop traditionnelle de la sociĂ©tĂ©. Cela ne pourrait pas marcher pour nous.
Quid des Pirates et de Fokusâ?
Ăvolution du nombre de siĂšges du LSAP Ă la Chambre des
Des trois partis du gouvernement, câest le LSAP qui a perdu le plus de siĂšges en 2018. Le parti espĂšre revenir Ă sa moyenne historique en nombre de dĂ©putĂ©s.
Ce ne sont pas, selon moi, des partis qui se situent dans les extrĂȘmes. Maintenant, la ligne politique des Pirates est difficile Ă cerner. On connaĂźt bien Sven Clement, mais ce quâil y a derriĂšre nâest pas clair pour moi. Je crois quâil sâagit plus dâun collectif de personnalitĂ©s que lâexpression dâun programme politique clair. Avec dĂ©i LĂ©nk, les plus grandes divergences se situent au niveau de la politique Ă©trangĂšre. Mais en ce qui concerne la lutte contre la pauvretĂ©, je suis largement en phase avec eux.
Quâest-ce que lâaccomplissement en politique, selon vousâ? Lâaccomplissement en politique, câest, Ă mes yeux, de pouvoir faire bouger des choses, de rĂ©ussir Ă faire aboutir des projets et de garder son intĂ©gritĂ©. Câest quelque chose qui mâest trĂšs cher. Abandonner des choses qui ne sont pas finies est pour moi synonyme dâĂ©chec.
«âLa rĂ©duction du temps de travail est lâavenir.â»
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Travaillant au Luxembourg dans le secteur de la finance depuis prĂšs de 20 ans et Ă©tant CEO de Clearstream depuis plus de 8 ans, jâai eu lâopportunitĂ© dâaccumuler les collaborations, tant avec les acteurs du secteur privĂ© quâavec ceux du secteur public. Bien que fructueuses, celles-ci ont Ă©tĂ© de nature diffĂ©rente et, les annĂ©es passant, jâai fait deux constats.
Le premier Ă©tant que, bien que par le biais des revenus de lâimpĂŽt des sociĂ©tĂ©s et de celui des personnes physiques, le secteur de la finance soit un grand contributeur au budget du pays et, par consĂ©quent, au bien-ĂȘtre national, il ne reçoit pas toujours son quota dâattention et de support. Le second est que lâĂ©cart entre le discours des politiques destinĂ© aux votants et celui destinĂ© aux acteurs de la finance sâaccroĂźt.
Le secteur de la finance au Luxembourg rayonne Ă lâinternational de maniĂšre disproportionnĂ©e, comparĂ© Ă la taille du pays. La croissance des activitĂ©s en matiĂšre de banque privĂ©e, dâassurance et de fonds dâinvestissement a bĂ©nĂ©ficiĂ©, durant les 30 derniĂšres annĂ©es, dâun partenariat publicprivĂ© dâune nature et dâune intensitĂ© que beaucoup de places financiĂšres nous envient. Les organismes de promotion de la place financiĂšre ont effectuĂ© un travail de marketing colossal ces derniĂšres annĂ©es, qui, couplĂ© Ă un environnement lĂ©gislatif et exĂ©cutif adĂ©quat et rĂ©actif, a accru la crĂ©dibilitĂ© et favorisĂ© le dĂ©veloppement de celle-ci.
Il nâaura Ă©chappĂ© Ă personne que certaines institutions financiĂšres ont, ces
derniĂšres annĂ©es, reconsidĂ©rĂ© leur prĂ©sence au Luxembourg et, bien que certaines dâentre elles aient de nouveau confirmĂ© leur ancrage luxembourgeois â ce qui est le cas de Clearstream â, dâautres ne lâont pas fait. Il serait dommage pour le Grand-DuchĂ© que le passeport europĂ©en, que nous avons utilisĂ© Ă notre avantage avec brio durant les trois derniĂšres dĂ©cennies, se retourne contre nous. Le lĂ©gislateur, les pouvoirs publics, le pouvoir politique, les autoritĂ©s de contrĂŽle doivent impĂ©rativement faire tout ce qui est en leur pouvoir pour assurer que lâĂ©cosystĂšme lĂ©gislatif et fiscal offre aux opĂ©rateurs de la place financiĂšre une base de comparaison sans pareille. Ceci dâautant plus que la plupart des centres de dĂ©cision de ces derniers ne se trouvent pas au Luxembourg. Il est frappant de voir combien la concertation sociale a Ă©voluĂ© durant les 10 derniĂšres annĂ©es. Les consensus du passĂ© semblent difficiles Ă rééditer. Les compromis accĂ©lĂ©rĂ©s ne sont plus dâactualitĂ©.
Les partenaires sociaux ne composent plus les mĂȘmes mĂ©lodies. Bien sĂ»r, ces derniers sâaccordent sur lâimportance des transitions Ă©cologique et digitale, sur la
mobilitĂ©, les soins de santĂ©, lâĂ©ducation, la sĂ©curitĂ© et le logement. Il nâen va pas de mĂȘme lorsquâil sâagit de sujets tels que la fiscalitĂ© des sociĂ©tĂ©s, les indexations de salaires ou les retraites. Ces frictions vont au-delĂ des clivages classiques gauche-droite. Il sâagit plutĂŽt dâun clivage sociĂ©tal qui sâest probablement accru Ă mesure que le contrĂŽle du secteur privĂ© sâest internationalisĂ©. Ceci crĂ©ant ainsi des intĂ©rĂȘts divergents entre les deux secteurs, forçant les Ă©diles Ă faire le grand Ă©cart entre leur Ă©lectorat et les gros contributeurs au budget de lâĂtat. Il mâest difficile de juger combien la nature des coalitions possibles aura dâinfluence sur le partenariat privĂ©-corps constituĂ©s. Jâen appelle Ă une revue de la plateforme de dialogue, jâen appelle Ă©galement Ă une Ă©coute redoublĂ©e, une collaboration Ă©troite et une cohĂ©sion renforcĂ©e, afin de maintenir un environnement favorable aux activitĂ©s de la place financiĂšre, tout en rĂ©pondant aux prĂ© occupations sociĂ©tales et Ă©conomiques en Ă©volution.
Texte PHILIPPE SEYLL, CEO de Clearstream Fund Centre
Sam Tanson (déi Gréng)
«âLe Luxembourgâ âde demain devra
ĂȘtre durable etâ âsocialement Ă©quitableâ»
Comment abordez-vous lâĂ©chĂ©ance Ă©lectorale de ce 8 octobreâ?
Avec Ă©lan. Nous avons un bilan consĂ©quent Ă dĂ©fendre. Nous avons beaucoup travaillĂ© et, dans les diffĂ©rents secteurs oĂč nous exercions des responsabilitĂ©s, nous avons contribuĂ© Ă faire avancer le pays. Mais il reste beaucoup Ă faire. Beaucoup de dĂ©fis se posent pour le Luxembourg dans un contexte difficile avec la guerre en Ukraine et la crise climatique. Je pense, bien sĂ»r, au logement, mais ce nâest pas le seul dĂ©fi Ă relever.
Quels enseignements avez-vous tirĂ©s des Ă©lections communales et comment comptez-vous rebondir sur ces enseignements ou rĂ©sultatsâ? Les Ă©lections communales sont des Ă©lections fortement locales. Nous aurions Ă©videmment prĂ©fĂ©rĂ© sortir des Ă©lections communales avec le vent en poupe. Cela nâa pas Ă©tĂ© le cas. Le contexte politique Ă©tait trĂšs particulier avec une multiplication de petits partis qui proposaient des candidats aux Ă©lections. Dans la circonscription Sud, oĂč nous Ă©tions Ă un niveau trĂšs Ă©levĂ© durant la pĂ©riode Roberto Traversini (dĂ©i GrĂ©ng) Ă Differdange â au-dessus de 30â% â, nous sommes revenus Ă un niveau, disons, beaucoup plus raisonnable. En revanche, nous nous sommes renforcĂ©s dans la circonscription Centre avec un conseiller en plus. Mais, sur le fond, nous voyons bien â et les sondages le prouvent â que les prĂ©occupations
qui sont au centre de nos politiques, comme lâenvironnement, sont Ă©galement au centre des prĂ©occupations des citoyens et citoyennes. Et nous voyons aussi que les politiques menĂ©es par nos ministres rencontrent une forte adhĂ©sion. Comme notre politique de mobilitĂ©.
Vous mentionnez la multiplication des partis. Le morcellement accru du paysage politique qui en dĂ©coule est-il une bonne chose pour vousâ?
Le morcellement du paysage politique nâest pas apparu avec ces communales. Mais il se renforce. On voit arriver sur le devant de la scĂšne politique beaucoup de petits partis, soit dĂ©fendant des intĂ©rĂȘts trĂšs particuliers, soit adoptant des positionnements trĂšs populistes. Nous assistons Ă ce phĂ©nomĂšne dans beaucoup de pays dâEurope.
Je pense quâil est important dâavoir une stabilitĂ© au sein dâun gouvernement et une majoritĂ© qui puisse avoir des projets communs et discuter. De ce point de vue-lĂ , la multiplication des partis est un risque.
Agir dans le cadre dâune coalition Ă trois vous a-t-il paru compliquĂ© ?
Non. Et je ne suis pas convaincue que mener une coalition Ă trois soit plus compliquĂ© que de mener une coalition Ă deux. Câest mon expĂ©rience. Bien sĂ»r, il fallait se mettre dâaccord. Mais, souvent, en cas de dĂ©saccord, un des partenaires a su jouer le rĂŽle de mĂ©diateur. Ce qui est un avantage. Ensuite, au sein du gouvernement, nous nous sommes bien entendus et nous avons travaillĂ© sur un pied dâĂ©galitĂ©. Aucun des partenaires nâa eu lâimpression quâun des trois voulait dominer. Discussion et consensus ont Ă©tĂ© les maĂźtres-mots de notre action. Il sâest créé une dynamique qui a trĂšs bien fonctionnĂ©.
Quel bilan tirez-vous de la derniĂšre lĂ©gislatureâ?
Câest une lĂ©gislature qui a Ă©tĂ© dominĂ©e par la multiplication des crises. Regardez la pĂ©riode que nous avons traversĂ©e avec le Covid. Beaucoup de restrictions ont dĂ» ĂȘtre imposĂ©es. En tant que gouvernement, nous devions prendre tout le temps des dĂ©cisions fondamentales en essayant de composer avec les diffĂ©rents droits en jeuâ: le droit Ă la santĂ© et le droit Ă la libertĂ© de chacun.
Son credo est de faire de la politique pour faire avancer les choses. La tĂȘte de liste des Verts a Ă©tĂ© dĂ©signĂ©e Ă lâunanimitĂ© par les membres du parti avec comme mission dâaccĂ©lĂ©rer le changement du pays.
Il fallait restreindre les libertĂ©s a minima sans sacrifier le droit Ă la santĂ©. Ce fut intense. Nous avons souvent dĂ» lĂ©gifĂ©rer dans lâurgence, il fallait rĂ©diger des projets de loi dans la journĂ©e pour que la procĂ©dure lĂ©gislative puisse aboutir rapidement. Il y a eu Ă©normĂ©ment de sessions nocturnes. Et Ă peine Ă©tionsnous sortis de cette pĂ©riode que la guerre en Ukraine a commencĂ©, avec toutes les consĂ©quences que cela a eues. Des consĂ©quences Ă©conomiques avec la crise Ă©nergĂ©tique, lâinflation et lâenvolĂ©e des taux dâintĂ©rĂȘt. Et des consĂ©quences dans le domaine de la sĂ©curitĂ© internationale avec la dĂ©fense qui a pris une autre envergure pour notre pays et avec des investissements renforcĂ©s au sein de lâOtan. Et cette crise est loin dâĂȘtre terminĂ©e.
Ce cadre posĂ©, quelles ont Ă©tĂ©, selon vous, les trois principales rĂ©ussites pour le partiâ?
Dâabord la mobilitĂ©. Les investissements faits par François Bausch (dĂ©i GrĂ©ng) ont favorisĂ© la transition vers une autre mobilitĂ©. Nous avons entamĂ© un changement de paradigme trĂšs important. Citons la gratuitĂ© des transports, le tram, la multiplication des pistes cyclables et des P+R. Lâinvestissement par habitant dans le rĂ©seau ferroviaire est le plus Ă©levĂ© dâEurope. Dans le secteur de lâĂ©nergie, sous la responsabilitĂ© de Claude Turmes (dĂ©i GrĂ©ng), nous produisons actuellement autant dâĂ©nergies renouvelables que ce que consomment les mĂ©nages. Lâaugmentation de la production dâĂ©nergies renouvelables est fondamentale, non seulement dâun point de vue climatique, mais aussi du point de vue de lâindĂ©pendance Ă©nergĂ©tique face Ă des forces politiques non dĂ©mocratiques comme la Russie. Dans le secteur du logement, Henri Kox (dĂ©i GrĂ©ng) a accompli plus que tous ses prĂ©dĂ©cesseurs. Presque rien nâavait Ă©tĂ© fait avant quâil nâarrive. En 2018, nous Ă©tions conscients dâĂȘtre face Ă un dĂ©fi et quâil faudrait du temps pour que les mesures portent leurs fruits. Mais nous avons pris nos responsabilitĂ©s afin de permettre un changement de mentalitĂ© dans lâapproche de la politique du logement. Et il a rĂ©ussi Ă
le faire. Le Pacte logement a Ă©tĂ© rĂ©formĂ© de fond en comble pour favoriser la construction dâhabitations abordables dans les communes. Les moyens des constructeurs publics du Fonds du logement et de la SociĂ©tĂ© nationale des habitations Ă bon marchĂ© (SNHBM) ont Ă©tĂ© renforcĂ©s. Tout comme le dĂ©veloppement public, qui, pour moi, est la clĂ© du problĂšme. Il est important dâavoir un fort potentiel de logements abordables dans la main des pouvoirs publics. Nous sommes actuellement Ă moins de 3â%. Si nous avions dĂ©veloppĂ© une offre de logements publics beaucoup plus tĂŽt, nous nâaurions pas les problĂšmes que nous connaissons Ă lâheure actuelle parce que les autoritĂ©s publiques auraient un impact rĂ©el sur les prix de vente et de location de ces logements. Sây ajoute le paquet de mesures sur lequel tout le gouvernement a travaillĂ© pour tenter de mieux encadrer le marchĂ© immobilier en tant que tel avec la taxation sur les immeubles vides, la rĂ©vision de lâimpĂŽt foncier et la taxe de mobilisation de terrains. Il y a tout un cadre qui est en train de se mettre en place. Cela prend du temps.
Quels sont vos trois principaux Ă©checs ou regretsâ?
Personnellement, je regrette que les textes en matiĂšre de protection de la jeunesse et de droit pĂ©nal des mineurs que Claude Meisch (DP) et moi-mĂȘme avons dĂ©posĂ©s nâaboutissent pas lors de lâactuelle session parlementaire. Ils ont Ă©tĂ© dĂ©posĂ©s il y a un an et demi, nous avons dĂ©posĂ© des amendements cette annĂ©e en nous basant sur lâavis des autoritĂ©s judiciaires et nous avons reçu les avis du Conseil dâĂtat en juin et juillet. Câest une question dâune grande importanceâ: il sâagit de renforcer le droit des enfants les plus vulnĂ©rables. On parle dâenfants qui ont commis une infraction pĂ©nale ou qui en ont Ă©tĂ© soit les victimes, soit les tĂ©moins. Ils ont besoin dâĂȘtre protĂ©gĂ©s. Actuellement, les mineurs ont, en matiĂšre
«âAu niveau de la mobilitĂ©, nous avons entamĂ© un changement de paradigme trĂšs important.â»
«âNe pas soutenir les dĂ©marches de transition sera un dĂ©savantage compĂ©titif pour toutes les entreprises.â»
pĂ©nale, moins de garanties que les majeurs. Le droit de planter du cannabis Ă la maison vient dâĂȘtre adoptĂ©. Câest une avancĂ©e, mais jâaurais prĂ©fĂ©rĂ© arriver Ă un projet global qui aurait encadrĂ© et rĂ©glementĂ© toute la chaĂźne de valeur. Aujourdâhui, les politiques menĂ©es en Europe par rapport aux stupĂ©fiants nâont pas abouti. Nous avons pendant 50 ans essayĂ© de vaincre les drogues par la rĂ©pression. Cela nâa empĂȘchĂ© ni la consommation, ni le dĂ©veloppement de rĂ©seaux criminels. Il faut changer cette approche. Le cannabis est la drogue la plus consommĂ©e au Luxembourg. En permettant dâen planter, nous rĂ©duisons lâĂ©conomie parallĂšle et le risque sanitaire. Beaucoup de produits vendus de maniĂšre illicite sur la voie publique sont coupĂ©s avec des substances bien plus nocives encore que la drogue elle-mĂȘme. RĂ©glementer la production, la vente et la consommation rĂ©duit Ă©galement le risque pour la santĂ© des consommateurs.
Quels seront, selon vous, les mots-clĂ©s de la campagne Ă©lectoraleâ?
Je prĂ©fĂšre parler de thĂšmes plutĂŽt que de mots-clĂ©s. Et je citerais dâabord lâindĂ©pendance de lâUnion europĂ©enne et, a fortiori, du Luxembourg, dans la mesure du possible, dans le domaine de la production. Il faut quâil y ait en Europe, avec un Luxembourg qui apporte sa piĂšce au puzzle, des chaĂźnes de production industrielle, de production alimentaire et de production dâĂ©nergies renouvelables. Je suis bien consciente que lâon nâarrivera jamais Ă une indĂ©pendance complĂšte, mais le conflit en Ukraine nous a montrĂ© lâimportance de ce sujet.
Ensuite, bien entendu, il y a le dĂ©fi du climat qui est vraiment le dĂ©fi de notre gĂ©nĂ©ration. Sans nature, il nây a pas dâhumanitĂ© possible. Nous avons tous tout intĂ©rĂȘt Ă prĂ©server notre planĂšte, notre nature et notre biodiversitĂ©. Cela restera un marqueur fort de notre politique.
Enfin, comme une rĂ©sultante de ces deux thĂšmes, il y a celui de la solidaritĂ© au sein de la population. Il faut prĂ©server les plus vulnĂ©rables face au risque de pauvretĂ©. Cela se fera sur deux axesâ: le logement dâabord. Tout le monde a besoin dâun toit. Câest pour cela quâil est primordial dâavoir un stock suffisant de logements abordables Ă mettre Ă disposition des gens qui ne peuvent pas
FeMMe PreMiĂšre Ministre
Il serait tempsâ! Temps que lâautre moitiĂ© de lâhumanitĂ© puisse aussi accĂ©der au poste le plus important au niveau politique au Luxembourg. Mais cette question de reprĂ©sentativitĂ© nâest pas limitĂ©e au seul poste de Premier ministre. Quand on regarde le gouvernement ou la Chambre des dĂ©putĂ©s, jâestime que lâon nâest pas encore lĂ oĂč lâon devrait ĂȘtre. Nous, les femmes, reprĂ©sentons la moitiĂ© de la population, il nây a pas de raison que nous ne reprĂ©sentions pas Ă©galement la moitiĂ© des responsables politiques.
Câest le plus grand secteur Ă©conomique du pays. Notre richesse est basĂ©e sur le secteur financier. Il a Ă©normĂ©ment Ă©voluĂ© ces derniĂšres annĂ©es et je suis vraiment contente du travail que nous avons effectuĂ© au sein du ministĂšre de la Justice avec le ministĂšre des Finances dans le cadre de lâĂ©valuation du Gafi. La Place sâest construite pendant des annĂ©es sur le thĂšme du moins de rĂšgles possible. Une Ă©poque rĂ©volue. Nous figurons dĂ©sormais parmi les meilleurs Ă©lĂšves, ce qui dĂ©montre que lâon peut ĂȘtre une place financiĂšre Ă la fois performante et vertueuse.
Nous avons une situation positive, notamment grĂące aux recettes dont nous disposons. Mais je pense aussi que nous avons la responsabilitĂ© dâinvestir. Les fortes retombĂ©es positives des investissements rĂ©alisĂ©s dans les infrastructures ces dix derniĂšres annĂ©es plaident pour le maintien dâune politique dâinvestissement Ă un niveau Ă©levĂ©.
Lorsque lâon parle dâattractivitĂ©, je pense dâabord Ă lâĂȘtre humain qui vit ici. Les gens qui viennent sâinstaller au pays le disentâ: câest une chance de pouvoir vivre ici. Le cadre de vie est excellent. Nous sommes entourĂ©s de bĂątiments historiques. Luxembourg est une ville Unesco, on y trouve le genre de patrimoine que lâon visite Ă lâĂ©tranger lorsque lâon fait du tourisme. Et énormĂ©ment de prestations âpas seulement le transport âsont offertes aux citoyens et citoyennes. Lâoffre culturelle nâa rien Ă envier Ă dâautres grandes villes europĂ©ennes. Nous sommes attractifs et ce qui est important, câest que nous le restions pour tout un chacun, indĂ©pendamment du niveau de revenus.
On entend beaucoup dire que le Luxembourg nâest pas assez compĂ©titif parce que nous avons lâindexation des salaires et des charges trop importantes. La compĂ©titivitĂ© ne se mesure pas seulement en termes de salaires. Lâindexation est quelque chose qui contribue fortement Ă la paix sociale. Cela rend le pays plus compĂ©titif. Et nous sommes le pays des chemins courts. Contacter une administration pour obtenir les informations nĂ©cessaires est facile. En matiĂšre de compĂ©titivitĂ©, je pense que câest un facteur primordial.
en trouver sur le marchĂ© classique. Puis la protection des familles monoparentales et des enfants. De nombreuses Ă©tudes le soulignentâ: ce sont les personnes qui vivent seules avec un ou plusieurs enfants qui sont les plus menacĂ©es par la misĂšre. Ce sont elles quâil faut protĂ©ger prioritairement. Je trouve vraiment dramatique de voir des enfants qui ne peuvent pas aller Ă la piscine, qui ne peuvent pas profiter des mĂȘmes aides, comme lâaide aux devoirs, ou qui doivent partager leur chambre avec trop de personnes et ne sont donc pas Ă mĂȘme de faire leurs devoirs dans un cadre tranquille.
Face Ă ce problĂšme, nous proposons une garantie de base pour les enfants, qui irait au-delĂ de la prestation familiale que nous connaissons actuellement, en prĂ©voyant un seuil supplĂ©mentaire pour les enfants dans le besoin. Dans notre programme Ă©lectoral, nous nous engageons Ă©galement en faveur dâune refonte fiscale afin, entre autres, de corriger ces inĂ©galitĂ©s sociales en favorisant les personnes qui Ă©lĂšvent seules leurs enfants.
Plus largement, voyez-vous se dĂ©velopper le risque dâune fracture sociale au Luxembourgâ?
Le risque est bien lĂ . Il a toujours existĂ© et il faut tout faire pour lâempĂȘcher. Ne serait-ce quâau nom de la paix sociale, il faut tout faire pour Ă©viter cette fracture sociale. Dans un pays riche comme le Luxembourg, avoir des gens qui nâont pas les moyens suffisants pour acheter des vĂȘtements Ă leurs enfants ou pour les nourrir correctement est quelque chose dâinsupportable. Et qui dit fracture sociale dit des gens dans le besoin. Des gens et des enfants. Les enfants qui sont dans le besoin aujourdâhui ont un plus grand risque dâĂȘtre dans le besoin plus tard. Il faut Ă©viter le dĂ©veloppement dâun schĂ©ma de reproduction des inĂ©galitĂ©s.
Quels seront, selon vous, les dossiers chauds pour le prochain gouvernementâ?
Câest dâabord la question de la transition Ă©cologique qui me vient Ă lâesprit. Ce dĂ©fi est rĂ©el, mais câest aussi une chance. Si lâon se penche sur la croissance de lâemploi au
Luxembourg, on constate que les emplois qui ont le plus augmentĂ© ces dix derniĂšres annĂ©es sont les emplois verts. Câest impressionnant. De nombreuses entreprises ont dĂ©jĂ fait Ă©normĂ©ment dâefforts en matiĂšre de durabilitĂ© de leur activitĂ©, et il faut vraiment les accompagner et les soutenir dans cette dĂ©marche.
Jâai regardĂ© rĂ©cemment les chiffres de vente des voitures automobiles Ă©lectriques. Le marchĂ© est dominĂ© par Tesla et une myriade de constructeurs chinois. Les marques allemandes, qui ont dominĂ© le marchĂ© du vĂ©hicule thermique, sont Ă la traĂźne. Il ne sâagit que dâun exemple, mais la situation allemande tĂ©moigne, pour partie, du dĂ©faut de soutien des dĂ©marches de transition Ă©cologique outre-Moselle pendant trĂšs longtemps. Je suis persuadĂ©e que le fait de ne pas soutenir les dĂ©marches de transition sera un dĂ©savantage compĂ©titif pour toutes les entreprises. Jây vois une chance pour le Luxembourg. Nous sommes un petit pays, agile, et nous pouvons aider rapidement et accompagner encore plus fortement les sociĂ©tĂ©s qui mettent un accent sur cette transition Ă©cologique, sur une production verte, sur lâemploi vert. Le Green New Deal nâest pas quâune question de climat, câest aussi une question de compĂ©titivitĂ©.
Jâestime ensuite que le prochain gouvernement devra sâattaquer Ă la question de la rĂ©forme fiscale. Câest une question que nous avons beaucoup discutĂ©e ces derniĂšres annĂ©es. Le systĂšme actuel comporte beaucoup dâinĂ©galitĂ©s. On commence Ă payer des impĂŽts trĂšs tĂŽt au Luxembourg â câest-Ă -dire Ă un niveau de salaire trĂšs bas â et on arrive assez rapidement Ă des taux Ă©levĂ©s, exception faite du taux marginal. Cette courbe dâimposition nâest pas juste. Il faut lâĂ©tirer et la lisser avec de nouvelles tranches. Il faudrait commencer Ă imposer plus tard et finir plus haut sur les derniĂšres tranches.
«ââLe Green New Deal nâest pas quâune question de climat, câest aussi une question de compĂ©titivitĂ©.â»
«âAu ministĂšre de la Culture, il y a eu sur cinq ans plus de textes de loi votĂ©s que sur les deux pĂ©riodes lĂ©gislatives prĂ©cĂ©dentes.â»
Justement, la rĂ©forme fiscale Ă©tait une des mesures phares de lâaccord de coalition signĂ© avec le DP et le LSAP en 2018. Pourquoi nâa-t-elle pas aboutiâ?
Principalement Ă cause de la pĂ©riode de crises que nous traversons. MalgrĂ© toutes ces crises, nous avons travaillĂ© Ă©normĂ©ment, mais plusieurs projets dâenvergure nâont pu ĂȘtre rĂ©alisĂ©s. Ces crises ont Ă©tĂ© synonymes dâinstabilitĂ© et surtout dâimprĂ©visibilitĂ© Ă©conomique et fiscale. Câest cette imprĂ©visibilitĂ© qui a fait quâil y a eu moins dâĂ©lan pour sâattaquer Ă la question. On ne savait jamais vraiment de quoi demain serait fait. Mais nous avons travaillĂ© sur la question. Il y a eu des groupes de travail interministĂ©riels qui se sont rĂ©unis. La rĂ©forme fiscale reste un dĂ©fi dans le domaine de la solidaritĂ© et de la justice sociale. Il faudra vraiment sâattaquer Ă ce dossier aprĂšs le 8 octobre.
Pour clĂŽturer ce chapitre, pourriez-vous rĂ©sumer le programme de votre parti en deux motsâ?
pro-europĂ©en et soutenir les valeurs dĂ©mocratiques fondamentales. Et, enfin, il faudra que nous travaillions de maniĂšre sĂ©rieuse sur la question de la justice sociale et sur lâĂ©quitĂ© dans notre sociĂ©tĂ©.
Y a-t-il des alliances inimaginables auxquelles vous ne participeriez jamaisâ? Oui, forcĂ©ment, un parti dâextrĂȘme droite, un parti populiste, un parti non europĂ©en⊠Ce sont, pour moi, des partenaires que nous ne prenons pas en considĂ©ration.
Une derniĂšre question plus personnelleâ: quâest-ce que lâaccomplissement en politique, selon vousâ?
Ăvolution du nombre de siĂšges de dĂ©i GrĂ©ng Ă la Chambre des dĂ©putĂ©s
DĂ©i GrĂ©ng est le parti qui a tirĂ© le plus grand profit de sa participation Ă la coalition Gambia. Il avait progressĂ© de trois siĂšges, alors que le LSAP en avait perdu trois et le DP un. Le parti rĂ©sistera-t-il une fois de plus Ă lâusure du pouvoirâ?
Non⊠Je trouverais absurde de rĂ©sumer un programme de plus de 100 pages en deux mots. Mais, en politique, il faut aussi parler avec des slogans. Je dirais donc que nous devons vraiment tout faire pour construire le Luxembourg de demain. Et Le Luxembourg de demain devra ĂȘtre durable et socialement Ă©quitable.
Parlons coalition. Ătes-vous prĂȘte Ă reprendre des responsabilitĂ©s gouvernementales et, dans ce cas-lĂ , quelles sont les lignes rouges non nĂ©gociables dans un accord de coalitionâ?â Je suis bien Ă©videmment prĂȘte Ă reprendre des responsabilitĂ©s, sinon je ne serais pas tĂȘte de liste pour ces Ă©lections nationales. Cela dit, je nâaime pas travailler avec des lignes rougesâ: pour se mettre dâaccord sur une coalition, il faudra quâon entre dans des discussions de maniĂšre ouverte. Mais nous avons des principes sur lesquels nous resterons fermes. Je ne pourrais pas soutenir une coalition qui ne serait pas aussi ambitieuse que le Plan national intĂ©grĂ© en matiĂšre dâĂ©nergie et de climat (PNEC) du gouvernement actuel. Un gouvernement, pour moi, doit aussi ĂȘtre absolument
Câest de faire ce que lâon sâest engagĂ© Ă faire et de rĂ©aliser le programme que lâon a dĂ©fendu lors des prĂ©cĂ©dentes Ă©lections lĂ©gislatives. Si je regarde mon bilan au ministĂšre de la Justice, Ă part le projet relatif au droit pĂ©nal des mineurs Ă©voquĂ© tout Ă lâheure, projet qui est bien entamĂ©, nous avons finalisĂ© Ă©normĂ©ment de dossiers. 80 lois issues du ministĂšre ont Ă©tĂ© votĂ©es lors de la lĂ©gislature. Câest le double de la pĂ©riode lĂ©gislative prĂ©cĂ©dente. PĂ©riode qui avait dĂ©jĂ Ă©tĂ© intense en nombre de lois votĂ©es. Quand je regarde mon bilan au ministĂšre de la Culture, je me rĂ©jouis du fait que nous ayons rĂ©alisĂ© 60â% du plan de dĂ©veloppement culturel (KulturentwĂ©cklungsplang 2018-2028) qui porte sur une pĂ©riode de 10 ans. Beaucoup dâavancĂ©es ont Ă©tĂ© rĂ©alisĂ©esâ: le renforcement du statut des intermittents, la rĂ©introduction et lâĂ©largissement du congĂ© culturel, la crĂ©ation de nouvelles institutions culturelles, comme Kultur | lx â Arts Council Luxembourg qui a pour mission le dĂ©veloppement des artistes et la promotion de la culture et de la crĂ©ation luxembourgeoises, ou encore la loi sur le patrimoine culturel. Une loi qui permet de valoriser ce qui fait la richesse et la singularitĂ© du Luxembourgâ: nos savoirs, nos cultures, nos crĂ©ations et nos bĂątiments. Ce sont beaucoup dâavancĂ©es. Il y a eu sur cinq ans plus de textes de loi votĂ©s que sur les deux pĂ©riodes lĂ©gislatives prĂ©cĂ©dentes.
Câest ça, pour moi, lâaccomplissementâ: lâimpression dâavoir accompli le travail pour lequel jâavais posĂ© ma candidature et pour lequel jâavais Ă©tĂ© nommĂ©e.
Cette interview a été réalisée le 11 juillet 2023.
«âOn peut ĂȘtre une place financiĂšre Ă la fois performante et vertueuse.â»La route, et plus encore
En Ă peine 10 ans, nous avons fait dâune PME luxembourgeoise un groupe international de 4.000 collaborateurs prĂ©sent dans 20 pays. Un dĂ©fi demeureâ: lâattractivitĂ© des talents. Comment attirer et conserver de nouveaux talents au Luxembourgâ?
Durant de nombreuses annĂ©es, le pays a su attirer des entreprises et faire preuve dâadaptabilitĂ© et de flexibilitĂ©. Mais, actuellement, tous les chefs dâentreprise font le mĂȘme constatâ: il est de plus en plus difficile de recruter des talents. Et derriĂšre cette problĂ©matique, il y a le sujet de lâattractivitĂ© du Luxembourg. Certains parlent de problĂ©matiques liĂ©es Ă une nouvelle gĂ©nĂ©ration, Ă lâaprĂšs-Covid, Ă la taille du pays, Ă lâoffre culturelle et de divertissementâ: oui, câest en partie vrai. En comparaison de certaines capitales europĂ©ennes â et mondiales â, nous pouvons nous estimer moins bien lotis. Mais le Luxembourg a surtout de sĂ©rieux atoutsâ: qualitĂ© de vie, infrastructures, un excellent systĂšme Ă©ducatif et une position gĂ©ographique centrale en Europe.
Non, ce qui manque dans cette dĂ©marche dâattraction et de conservation des talents, câest une volontĂ© politique, un projet global, une initiative collective. Beaucoup dâentreprises de tous secteurs foisonnent de bonnes idĂ©es et dâactions concrĂštesâ: des cursus de formation exhaustifs, des programmes de reconversion professionnelle, des «âbootcampâ»
(Ă Â lâimage du partenariat entre NumericAll et Positive Thinking Company, qui misent sur la formation au low-code pour remĂ©dier Ă la pĂ©nurie de talents dans la tech). Malheureusement, ces initiatives restent isolĂ©es, individuelles, et sans aucune coordination au niveau Ă©tatique.
Dans un article du magazine Paperjam de juin 2023, notre ministre de lâĂconomie, Monsieur Franz Fayot, Ă©voquait dĂ©jĂ cette volontĂ© politique dâattirer des jeunes recrues au Luxembourg. Il disait sa volontĂ© de «âsimplifier les procĂ©dures, raccourcir les chemins, faciliter les transmissionsâ: amĂ©liorer lâenvironnement professionnel des entrepreneurs, investisseurs (...) permettant dâattirer les jeunes recrues et les talentsâ». Jâaurais mĂȘme ajoutĂ© Ă cette liste de bonnes intentions la nĂ©cessitĂ© dâaligner les politiques fiscales des pays limitrophes (en matiĂšre de tĂ©lĂ©travail) et de veiller Ă ne pas trop taxer les salariĂ©s cĂ©libataires. Car d erriĂšre lâattractivitĂ© des talents, il y a lâenjeu de lâattractivitĂ© du pays. Sans maindâĆuvre qualifiĂ©e et/ou correspondant prĂ©cisĂ©ment aux besoins du marchĂ©, lâĂ©conomie du pays restera au ralenti. Nous sommes tous unanimes sur ce constat.
Alors, quâattendons-nous pour proposer un rĂ©el plan dâaction collectif, coordonnĂ© au niveau national et confiĂ© Ă des acteurs de lâĂ©conomie luxembourgeoiseâ?
Nous pourrions par exemple proposer de lancer de grandes campagnes de recrutement, impulsĂ©es et coordonnĂ©es par lâensemble de lâĂ©cosystĂšme Ă©conomique luxembourgeois et qui bĂ©nĂ©ficieraient Ă tous. Nous avons tous intĂ©rĂȘt Ă ce que les talents viennent au Luxembourg. Ne voyons donc pas lâautre comme un concurrent, mais comme un partenaire de recrutement. De telles initiatives ne peuvent que favoriser cette attractivitĂ© en crĂ©ant un Ă©lan et un dynamisme bĂ©nĂ©fiques Ă tous.
Cela pourrait donner lieu Ă un label du type «âRecruit for Luxembourgâ» ou «âRecruitment for Luxembourgâ», qui serait gĂ©rĂ© en collĂ©gialitĂ© et reprĂ©sentĂ© par une personne qualifiĂ©e et dĂ©signĂ©e par les membres du label pour une pĂ©riode dĂ©terminĂ©e. Mais surtout, il est temps dâĂȘtre fier de travailler au Luxembourg et fier de partager les nombreuses success-stories et les belles carriĂšres quâoffre ce «âpetit Grand-DuchĂ©â». Donnons envie Ă ces futurs salariĂ©s de nous rejoindre et de tenter leur chance. Nous avons tous eu cette chance de venir au Luxembourg, sachons Ă notre tour lâoffrir Ă ceux qui ne connaissent pas encore ce pays.
Texte DAMIEN CHASSEUR, associé fondateur de Collaboration Betters The World (CBTW)
Luc
Frieden (CSV)
«âAssocier lâĂ©conomie
au social âet Ă la durabilitĂ©â»
Comment abordez-vous lâĂ©chĂ©ance Ă©lectorale de ce 8 octobreâ?
Avec beaucoup de motivation pour faire en sorte quâau soir du 8Â octobre, une autre politique soit possible au Luxembourg.
Quels enseignements avez-vous tirĂ©s des Ă©lections communalesâ?
Vous sentez-vous renforcĂ© ou diminuĂ©â? Je crois quâil nây a pas de liens directs entre les Ă©lections communales et les Ă©lections lĂ©gislatives puisque les sujets sont diffĂ©rents. Cela Ă©tant dit, le parti chrĂ©tien-social sâest bien battu et a su stabiliser sa position de premier parti du pays.
Vous restez donc le premier parti du pays, mais ĂȘtes-vous le parti central de lâĂ©chiquier politique comme câĂ©tait le cas il y a encore 10 ansâ?
Je ne raisonne pas en termes de dominance. Nous avons un systĂšme politique qui exige des gouvernements de coalition et donc des compromis. Mais nous sommes une force politique centrale du pays et jâai lâambition de consolider cet Ă©tat de fait lors des Ă©lections.
Un des enseignements des élections communales est que le paysage politique luxembourgeois se morcelle de plus en plus.
Quel dĂ©fi cela pose-t-il Ă un «âgrand partiâ» comme le CSVâ?
Cela pose dâabord un problĂšme au pays en termes de stabilitĂ© politique. Plus il y a de partis reprĂ©sentĂ©s Ă la Chambre des dĂ©putĂ©s,
plus il sera difficile de former des gouvernements et des coalitions stables et donc de mener une politique cohĂ©rente. Câest le jeu dĂ©mocratique. Mais je pense quâil serait mieux dâavoir deux partis au gouvernement plutĂŽt que trois, voire quatre ou cinq.
Ă quoi attribuez-vous ce morcellementâ?
Je crois que les mĂ©dias sociaux contribuent au fait que chacun puisse dĂ©velopper ses propres idĂ©es, sans nĂ©cessairement avoir une vue globale sur lâensemble des sujets dont un pays a besoin. Ce morcellement politique est une consĂ©quence directe du dĂ©veloppement dâune multitude de canaux dâexpression directe, sans filtre.
Quel bilan tirez-vous de la derniĂšre lĂ©gislatureâ?
Un bilan nĂ©gatifâ: les grands problĂšmes structurels du pays nâont pas Ă©tĂ© abordĂ©s. La fiscalitĂ© a augmentĂ©, le pouvoir dâachat tout comme lâaccĂšs aux soins de santĂ© ont diminuĂ©, la compĂ©titivitĂ© de lâĂ©conomie souffre et la problĂ©matique de lâaccĂšs au logement apparaĂźt comme hors de contrĂŽle. Un bilan nĂ©gatif essentiellement dĂ» au fait que les trois partis de la coalition ne sâentendent pas sur ces grands sujets. Un autre grand Ă©chec selon moi est, aprĂšs 10 ans, de nâavoir que 11â% dâĂ©nergie renouvelable par rapport Ă la consommation dâĂ©nergie totale du pays. Il faut au moins tripler la production.
Durant cette pĂ©riode, le CSV, dans son rĂŽle de parti dâopposition, a-t-il su peser sur ces grandes questionsâ? Nos dĂ©putĂ©s ont fait du bon travail. Un travail dâopposition, Ă©videmment. Je crois quâil appartient aux Ă©lecteurs de juger ce bilan âet surtout le bilan du gouvernement â et de choisir soit de continuer avec un gouvernement bloquĂ©, soit de dĂ©signer une nouvelle coalition qui fasse avancer le pays.
Quels seront les mots-clĂ©s de cette campagne, selon vousâ? Pouvoir dâachat, logement, compĂ©titivitĂ© de lâĂ©conomie et sĂ©curitĂ©.
Autant de dossiers chauds pour le prochain gouvernement. Dans lâhypothĂšse oĂč le CSV reviendrait aux affaires, quelles seraient les mesures urgentes
Portrait GUY WOLFF Interview MARC FASSONEĂ dĂ©faut dâincarner le renouveau du CSV, Luc Frieden en est lâhomme providentiel. Un homme qui a pour tĂąche de faire renouer le parti avec lâexercice du pouvoir.
«âIl faut au moins tripler la production dâĂ©nergie renouvelable.â»
Ă prendre lors des 100 premiers jours du nouvel exĂ©cutifâ?
Bien sĂ»r, un programme de gouvernement porte sur les cinq annĂ©es qui viennent. Mais tout de suite, il faudrait diminuer la charge fiscale pesant sur les familles monoparentales, faire en sorte que lâimposition commence plus tard et augmente moins vite, et diminuer la charge fiscale des classes dites moyennes. En matiĂšre de logement, il faudrait changer lâarticle de la loi qui impose des mesures de compensation dans le pĂ©rimĂštre de construction et instaurer un taux de TVA rĂ©duit pour soutenir les acteurs privĂ©s qui veulent investir dans le logement locatif. En matiĂšre de santĂ©, il faut autoriser les cabinets mĂ©dicaux, dans tout le pays, Ă disposer de matĂ©riel sophistiquĂ© pour rĂ©aliser, par exemple, des IRM, des mammographies⊠Concernant la compĂ©titivitĂ©, il faut introduire une super-dĂ©duction fiscale en matiĂšre dâinvestissement dans la transition digitale et Ă©cologique. Concernant lâorganisation du travail, il faut permettre plus
de flexibilitĂ© pour les entreprises et les salariĂ©s dans lâorganisation du temps de travail. Toutes ces mesures ont en commun de ne pas exiger de grandes rĂ©formes lĂ©gislatives. Elles peuvent se faire dans les premiers mois dâexercice du prochain gouvernement si le CSV en fait partie.
Vous avez lancĂ© dans le dĂ©bat le terme de fracture sociale. Quelles seraient les causes dâune telle fractureâ?
La premiĂšre cause de cette fracture est la crise du logement. Le fossĂ© se creuse entre ceux qui disposent dâun logement et ceux qui ont des difficultĂ©s pour en avoir un. Ce fossĂ© qui est en train de se creuser est un grand danger pour la cohĂ©sion sociale du Luxembourg. Câest mon inquiĂ©tude et celle de beaucoup dâĂ©lecteurs. Et mĂȘme si une trĂšs grande majoritĂ© de Luxembourgeois
sont propriĂ©taires, ils se font du souci pour leurs enfants qui rencontrent de plus en plus de difficultĂ©s pour acquĂ©rir ou juste louer un logement. Il est absolument nĂ©cessaire que la politique actuelle soit changĂ©e fondamentalement. Les Luxembourgeois savent Ă©galement que si nous voulons avoir une Ă©conomie qui fonctionne, il faut attirer des gens qui viennent de lâextĂ©rieur. Or, pour cela, il faut quâils puissent se loger. Les milieux Ă©conomique et financier se plaignent dâune perte dâattractivitĂ© et de compĂ©titivitĂ©. Partagez-vous ce constat et, dans lâaffirmative, quelles mesures devraient ĂȘtre prisesâ? Je partage ce constat. Le Luxembourg a reculĂ© ces derniĂšres annĂ©es dans le domaine de la compĂ©titivitĂ©. Il faut tout faire pour crĂ©er Ă nouveau un cadre qui permette aux entreprises de se dĂ©velopper. Je propose, pour arriver Ă cela, de rĂ©duire les charges administratives pesant sur les entreprises de 20â%. Il faudra introduire le principe du «âonly onceâ» â communiquer une fois pour toutes Ă lâadministration les informations devant ĂȘtre communiquĂ©es et ne plus y revenir. Je propose Ă©galement de flexibiliser lâorganisation du temps de travail Ă travers le dialogue social pour prĂ©server la compĂ©titivitĂ© des entreprises, tout en permettant aux salariĂ©s de ne pas sacrifier leurs obligations familiales et leurs autres intĂ©rĂȘts. Je propose aussi de dĂ©velopper la formation continue pour entretenir ou acquĂ©rir les compĂ©tences qui sont essentielles pour rĂ©ussir la transition digitale et Ă©cologique. Tout cela conduira Ă rendre le pays plus attractif.
LâattractivitĂ© est aussi une question de fiscalitĂ©. Quel regard portez-vous sur la situation des finances publiques aujourdâhuiâ?
La situation des finances publiques est mauvaise. Cela fait des annĂ©es quâelle nâavait pas Ă©tĂ© aussi mauvaise. Un dĂ©ficit annuel de 2 milliards est trop Ă©levĂ© en pĂ©riode de non-crise. Il faut veiller Ă gĂ©nĂ©rer plus dâactivitĂ©s, donc plus dâimpĂŽts,
Place financiĂšre
En perte de compĂ©titivitĂ© par rapport Ă Dublin et Londres. Il faut tout faire pour maintenir cette compĂ©titivitĂ©. En augmentant par exemple la rapiditĂ© de la prise des dĂ©cisions administratives en ce qui la concerne ou en supprimant la taxe dâabonnement pour les fonds qui investissent dans des produits ESG. Ce qui contribuerait Ă faire du Luxembourg la capitale de la finance durable
Chance pour lâEurope et pour notre pays, Ă condition dâaccompagner les gens dans cette Ă©norme innovation que constitue lâintelligence artificielle. Mais y voir dâabord une chance avant dây voir un risque. Et les risques peuvent ĂȘtre encadrĂ©s.
Le pays connaĂźt une croissance importante, donc il faut accĂ©lĂ©rer la construction du tram vers les communes proches de la ville de Luxembourg. Il faut, pour maintenir la qualitĂ© de vie, construire plus vite les contournements dâun certain nombre de villes. Et il faut nĂ©gocier de meilleures connexions ferroviaires entre le Luxembourg et la Belgique ainsi que lâAllemagne
Terrible, inacceptable. Elle remet en cause toute la structure de dĂ©fense et la gĂ©opolitique sur notre continent. Ce sera un trĂšs grand dĂ©fi pour le prochain gouvernement que de positionner le Luxembourg dans le cercle des Ătats qui vont renforcer lâUE et lâOtan. Le CSV est un parti proÂeuropĂ©en. Il sera de ceux qui plaideront pour plus dâintĂ©gration europĂ©enne pour assurer la paix, la stabilitĂ© et la prospĂ©ritĂ© sur notre continent.
«âTout de suite, il faudrait diminuer la charge fiscale pesant sur les familles monoparentales.â»
PrononcĂ© chaque septembre, par le ou la prĂ©sident(e) de la Commission europĂ©enne, le discours sur lâĂ©tat de lâUnion (#SOTEU) est lâoccasion de dresser le bilan de lâannĂ©e Ă©coulĂ©e et de dĂ©voiler les principales prioritĂ©s et initiatives phares pour lâannĂ©e Ă venir.
En savoir plus
https://luxembourg.representation.ec.europa.eu/
Ăvolution du nombre de siĂšges du CSV Ă la Chambre des dĂ©putĂ©s
Depuis le pic historique de 2009, le CSV recule à la Chambre tout en restant le premier parti en nombre de députés.
dâun cĂŽtĂ©, et de lâautre Ă mieux dĂ©penser, notamment en Ă©vitant des politiques du «âgratuit pour tousâ».
Le Pacte de stabilitĂ© va ĂȘtre renĂ©gociĂ© cet automne. Quelle est votre position sur ce sujet sensibleâ?
Il est normal de revoir les critĂšres puisquâils nâont jamais vraiment Ă©tĂ© respectĂ©s par beaucoup de pays. Mais il faut Ă©viter que chacun puisse faire ce quâil veut et notamment accroĂźtre constamment sa dette. Une monnaie commune exige des finances publiques stables. Donc dâaccord pour un peu plus de flexibilitĂ©, mais Ă©viter de se retrouver dans des situations qui ont conduit Ă la crise de lâeuro il y a 10 ans.
Pourriez-vous rĂ©sumer votre programme en deux motsâ?
Associer lâĂ©conomie au social et Ă la durabilitĂ©. Nous avons dĂ©voilĂ© en juin dernier nos 10 prioritĂ©s trĂšs claires, qui sont immĂ©diatement transposables pour avancer en matiĂšre de logement, de santĂ©, de sĂ©curitĂ©, de compĂ©titivitĂ© Ă©conomique, pour faire du Luxembourg un pays qui soit plus moderne et un pays oĂč vivre en commun demeure possible â le logement nouveau joue ici un rĂŽle essentiel. Ce ne sont pas de grandes dĂ©clarations, mais des mesures concrĂštes pour amĂ©liorer la vie des gens et des entreprises.
Projetons-nous au soir du 8 octobre. Ătes-vous prĂȘt Ă prendre des responsabilitĂ©s gouvernementalesâ? Oui.
Ă titre personnel, pouvez-vous envisager de nâĂȘtre «âqueâ» ministre dans le prochain gouvernementâ?
Mon objectif est trĂšs clairâ: quâĂ la sortie des Ă©lections, le CSV soit le plus grand parti du pays et quâil fasse partie du prochain gouvernement. Ăvidemment, chaque tĂȘte de liste a lâambition de former le gouvernement, mais lâessentiel nâest pas dans les postes Ă distribuer, câest de ramener le CSV au gouvernement pour faire une politique qui soit bĂ©nĂ©fique au pays et Ă ses habitants.
Quelles sont, pour vous, les lignes rouges non nĂ©gociables dans un accord de coalitionâ?
Je ne raisonne pas en termes de ligne rouge, je raisonne en termes de politique cohĂ©rente. Et je crois quâavec chacun des trois grands partis du pays, il y a des terrains dâentente. Avec les libĂ©raux en matiĂšre de fiscalitĂ©, de logement et de santĂ©. Avec les socialistes sur la lutte contre la pauvretĂ©. Et avec les Verts sur les Ă©nergies renouvelables. Mais ce qui compte surtout, câest que nous ayons un gouvernement qui fasse avancer le pays. Or, ces trois derniĂšres annĂ©es, jâai lâimpression que les trois partis de la majoritĂ© ont atteint leurs limites les uns par rapport aux autres. Câest notamment pour cela que la grande rĂ©forme fiscale annoncĂ©e nâa pas pu aboutir. Câest Ă©galement pour cela quâen matiĂšre de logement, nous sommes dans une crise forte et que les dĂ©lais dâattente en matiĂšre de santĂ© ont augmentĂ©.
Vous avez mentionnĂ© les points de convergence avec les trois grands partis du gouvernement. Peut-on imaginer des alliances avec les trois autres reprĂ©sentĂ©s actuellement Ă la Chambre, Ă savoir lâADR, dĂ©i LĂ©nk et le Piratepartei, et pourquoi pas Fokusâ? Je crois quâil faut demain un gouvernement qui puisse conduire une politique cohĂ©rente. Et cela me semble trĂšs difficile avec ces petits partis. Je prĂ©fĂ©rerais une coalition Ă deux partenaires. Mais si une coalition Ă trois est nĂ©cessaire en raison du rĂ©sultat Ă©lectoral, il faudra y rĂ©flĂ©chir. Cela dit, je ne vois pas le CSV sâassocier aux partis des extrĂȘmes, ni Ă droite ni Ă gauche.
Une derniĂšre question plus personnelleâ: quâest-ce que lâaccomplissement en politique, selon vousâ?
Câest de faire changer les choses dans lâintĂ©rĂȘt des gens. Lâimpact est fondamental. Il y a, dans mon action gouvernementale, trois choses dont je suis fier et qui le dĂ©montrentâ: lâintroduction de la double nationalitĂ© et du Pacs lorsque jâĂ©tais ministre de la Justice et les sauvetages de Fortis et Dexia lorsque jâĂ©tais ministre des Finances. Ce sont des choses qui ont eu un impact majeur sur la cohĂ©sion sociale du pays. Câest ce qui mâa motivĂ© et me motive toujours en politique.
«âAvec chacun des trois grands partis du pays, il y a des terrains dâentente.â»
Sven Clement (Piraten)
«âDes solutionsâ âĂ©quitablesâ âpour aujourdâhuiâ âet demainâ»
Comment abordez-vous lâĂ©chĂ©ance Ă©lectorale de ce 8 octobreâ?
Avec beaucoup dâenthousiasme et dâoptimisme. Optimisme, parce que le Luxembourg est un pays qui se permet de se rĂ©inventer rĂ©guliĂšrement et que ces Ă©lections sont une chance parfaite pour se rĂ©inventer un peu plus aujourdâhui. Câest ce que nous voulons.
Quâentendez-vous par «âse rĂ©inventerâ»â? Il sâagit moins dâopĂ©rer une rĂ©volution quâune Ă©volution. Il faut se rendre compte quâaujourdâhui, nous sommes dĂ©pendants dâun seul secteur Ă©conomique. Il faut se diversifier. Pour cela, on doit prendre en compte que la rĂ©alitĂ© de la vie dâaujourdâhui nâest plus celle dâil y a 10, 15, 20 ou 100 ans. Toute la question est de savoir dans quelle direction on veut Ă©voluer. Et, sur ce point, je suis trĂšs darwinisteâ: soit on Ă©volue Ă temps, soit on ne verra pas le futur. Pour moi, le Luxembourg doit ĂȘtre plus Ă©quitable et plus juste. Nous sommes aujourdâhui une sociĂ©tĂ© construite sur le travail dâune main-dâĆuvre majoritairement Ă©trangĂšre, dont les fruits sont majoritairement cueillis par les Luxembourgeois, rĂ©sidents et nationaux. Cela engendre des inĂ©galitĂ©s, notamment dans les domaines de la participation Ă la vie politique. Il faut y remĂ©dier.
La sociĂ©tĂ© luxembourgeoise est une sociĂ©tĂ© assez conservatrice. Sera-t-il facile de la faire Ă©voluerâ? En allemand, il y a cette jolie expressionâ:
Jein â une contraction de Ja et de Nein qui signifie oui et non en mĂȘme temps. Cette contraction rĂ©sume bien pour moi la situation luxembourgeoise. Nous sommes un pays entre francophonie et germanophonie, un pays Ă la fois ancrĂ© dans le passĂ©, qui a gĂ©nĂ©rĂ© nos richesses, et tournĂ© vers le futurâ; un pays trĂšs conservateur et ouvert sur le monde. Il suffit de voir quelles entreprises on a pu attirer. Le Luxembourg nâest pas que conservateur. Il lâest, entre autres choses. Et cette multitude de facettes est une chance.
Quels enseignements avez-vous tirĂ©s des Ă©lections communalesâ?
Nous sommes sortis renforcĂ©s de ces Ă©lections. Nous sommes passĂ©s de trois conseillers communaux Ă 19. Nous sommes encore loin des quatre grands partis, mais nous rĂ©duisons lâĂ©cart. Tout en le creusant avec les autres petits partis. Ă nous de confirmer cette dynamique au niveau national.
Les Ă©lections communales ont confirmĂ© le morcellement du paysage politique luxembourgeois. Comment expliquez-vous ce phĂ©nomĂšne et pouvez-vous en tirer profitâ? Ce morcellement est dans lâair du temps. Nous vivons dans une Ă©poque dâindividualisation. Les gens ne se contentent plus dâavoir un seul, voire deux ou trois choix plus gĂ©nĂ©ralistes. Ils privilĂ©gient des choix plus pragmatiques, plus individuels. Et donc ce morcellement, cet Ă©clatement du monde politique, est aussi une consĂ©quence de cette individualisation. Est-ce que câest un avantage ou un dĂ©savantageâ? Je dirais quâil y a plus dâavantages que de dĂ©savantages, dans le sens oĂč cela permet une meilleure reprĂ©sentation des sensibilitĂ©s que par le passĂ©, oĂč les grands partis combinaient diffĂ©rentes sensibilitĂ©s en leur sein. Ce systĂšme ne satisfait plus les Ă©lecteurs qui veulent des choix plus clairs, plus nets.
Ce fractionnement ne complique-t-il pas la constitution et le fonctionnement dâune coalition gouvernementaleâ? Non. Ces diffĂ©rentes sensibilitĂ©s existaient et devaient de toute maniĂšre sâaccorder. Le phĂ©nomĂšne est juste plus visible aujourdâhui. Pour avoir une coalition qui tienne, il faut avoir des personnes qui peuvent se parler et qui soient prĂȘtes Ă faire des compromis.
Portrait GUY WOLFF Interview MARC FASSONELe fondateur du parti pirate luxembourgeois espÚre que les sondages qui lui attribuent aux alentours de six députés se confirmeront au soir du 8 octobre.
«âLes enfants des classes socio-Ă©conomiques les plus faibles ont rarement accĂšs Ă lâenseignement classique.â»Conversation Sven Clement (Piraten)
Câest lĂ que se situe le problĂšme. Les gens ont perdu la capacitĂ© de faire des compromis. Câest plus humain quâidĂ©ologique. Vous dĂ©finissez-vous comme un parti de gouvernement ou comme un parti dâoppositionâ? Autrement dit, avez-vous vocation Ă accĂ©der aux affairesâ? On ne fait pas de la politique pour sâopposerâ! Je me sens trĂšs bien dans lâopposition, mais jâaimerais pouvoir donner au pays des impulsions plutĂŽt que de les subir.
Le systĂšme Ă©lectoral actuel, et plus particuliĂšrement le dĂ©coupage en circonscriptions, favorise gĂ©nĂ©ralement les grands partis. Seriez-vous favorable Ă une circonscription uniqueâ? Oui. Par principe, je pense quâaujourdâhui, dans un monde globalisĂ©, ce mode de fonctionnement par circonscription Ă©lectorale nâest plus dâactualitĂ©. LâidĂ©e de reprĂ©sentation rĂ©gionale ne fonctionne pas avec les circonscriptions que lâon a aujourdâhui. Esch-sur-Alzette nâa rien Ă voir avec Kehlen. Tout comme Ettelbruck nâa rien Ă voir avec
Place financiĂšre Importante, mais pas indispensable. Le problĂšme, câest quâon lâa rendue indispensable. Mais Ă moyen et Ă long terme, il faudra diversifier notre Ă©conomie. Ce nâest pas sain dâĂȘtre dĂ©pendant dâun seul secteur. On lâa vu avec lâacier. Le poids de la Place doit ĂȘtre rĂ©ajustĂ©.
Nous avons encore une situation trĂšs favorable. Mais la marge dont nous disposons est dĂ©jĂ hypothĂ©quĂ©e par des dĂ©cisions du passĂ©. Pour moi, lâimportant est que lâon nâabandonne pas une vision des finances publiques durables. Lâendettement dâĂtat peut ĂȘtre un accĂ©lĂ©rateur de croissance Ă©conomique sâil est bien dĂ©ployĂ©.
Diekirch. Et pourtant, ces villes sont dans la mĂȘme circonscription. Donc, soit on repense les circonscriptions pour obtenir une vraie rĂ©gionalisation, soit on choisit la circonscription unique avec une protection des intĂ©rĂȘts rĂ©gionaux, par exemple Ă travers une Chambre des rĂ©gions ou une Chambre des communes.
Quel bilan votre parti tire-t-il de la derniĂšre lĂ©gislatureâ?
Nous avons beaucoup appris. Nous avons commis des erreurs, mais nous avons appris de celles-ci. Notre plus grand regret est dâavoir fait un temps un groupe technique avec lâADR. CâĂ©tait avec dâautres personnes quâaujourdâhui, câĂ©tait dans une optique purement pragmatique, mais nous avions sous-estimĂ© lâimpact politique. AprĂšs, au quotidien, nous avons fait de notre mieux pour donner des impulsions. Certaines de nos propositions sont arrivĂ©es au stade du dĂ©bat Ă la Chambre. Et mĂȘme si aucune nâa Ă©tĂ© votĂ©e, câĂ©tait dĂ©jĂ une victoire. Notre plus grand succĂšs est lâarrĂȘt Clement (arrĂȘt rendu le 27 janvier 2021 par la Cour admi-
nistrative qui confĂšre aux dĂ©putĂ©s le droit de consulter tous les contrats ou Memorandums of Understanding conclus par lâĂtat, ndlr). Cela a permis de rendre le pays un peu plus transparent et dâamĂ©liorer les droits des dĂ©putĂ©s. Je crois quâon a su montrer comment une opposition critique, mais constructive, doit se faire.
Quels seront, selon vous, les mots-clĂ©s de cette campagneâ?
Je dirais justice sociale, accĂšs au logement et rĂ©silience pour le futur. Pour moi, la rĂ©silience, câest sâassurer que nos enfants aient encore un futur qui soit viable. La rĂ©silience recouvre beaucoup de choses. Aujourdâhui, la justice sociale est lâaspect le plus important de la rĂ©silience. Le logement, câest lĂ quâon a le plus dâinjustice sociale et cela nous rend moins rĂ©silients. Tout cela est connectĂ©.
Pensez-vous quâil se crĂ©e une fracture sociale au Luxembourgâ?
Oui. Quand on a presque 20â% des familles qui sont concernĂ©es par la pauvretĂ©, câest
Le Luxembourg est attrayant. On vient dâattirer la Bank of London. La question est plutĂŽt de savoir si lâon sait encore attirer des investisseurs dans dâautres domaines que celui de la finance. PeutÂon rĂ©industrialiser, au moins partiellement, le Luxembourg pour se prĂ©parer aux challenges des annĂ©es Ă venirâ? Câest lĂ Âdessus que lâon doit travailler.
Nous ne sommes plus compĂ©titifs pour attirer les talents. Il faut travailler sur la mobilitĂ©, sur le logement, sur lâattractivitĂ© fiscale pour les cĂ©libataires et sur le tĂ©lĂ©travail des frontaliers pour attirer et retenir les jeunes talents.
Trop chĂšre. Elle est trop chĂšre, car on achĂšte toujours du charbon Ă lâAllemagne. Si lâon avait utilisĂ© les excĂ©dents budgĂ©taires de ces derniĂšres annĂ©es pour investir massivement dans les Ă©nergies renouvelables, on pourrait dĂ©jĂ avoir une Ă©lectricitĂ© bien moins chĂšre. Aujourdâhui, il faut pour chaque projet de construction du photovoltaĂŻque et de lâĂ©olien.
Intelligence artificielle
Câest une grande opportunitĂ© dâaugmenter notre productivitĂ©. Et les gains de productivitĂ© sont le seul moyen de rĂ©duire le temps de travail et dâavoir un meilleur Ă©quilibre entre vie professionnelle et vie privĂ©e. Le danger, câest le risque que certains mĂ©tiers disparaissent. Il faut donc faire du reskilling, de lâupskilling, pour aider les personnes concernĂ©es Ă trouver de nouveaux emplois, des emplois qui gĂ©nĂšrent de la valeur ajoutĂ©e.
grave. Mais cette fracture nâest pas que financiĂšre. Il y a dans ce pays une fracture Ă©ducationnelle. On constate cela en regardant les taux de rĂ©ussite dans les Ă©coles. Les enfants des classes socio-Ă©conomiques les plus faibles ont rarement accĂšs Ă lâenseignement classique. On voit aussi cela dans le secteur de la santĂ©. La pauvretĂ© rend malade et ĂȘtre malade rend pauvre. Toutes ces fractures concourent Ă crĂ©er un cercle vicieux quâil sera difficile de briser. Ce sujet nâest pas nouveau, mais il a Ă©tĂ© rarement thĂ©matisĂ© car on a su le cacher avec de lâargent. Jâai coutume de dire quâon ne fait pas de politique si on a une abondance dâargent. Ces 20 derniĂšres annĂ©es, on a rarement fait de la politique, on a juste choisi oĂč mettre de lâargent. Lâart de la politique, câest de faire des choix pour arriver Ă une sociĂ©tĂ© plus juste, dâavoir le courage de les faire et de les expliquer.
Justement, quelles seraient pour vous les mesures phares urgentes Ă prendre pour le prochain gouvernementâ? Construire plusâ! Les moyens dĂ©ployĂ©s durant la crise du Covid devraient lâĂȘtre Ă©galement maintenant pour sâattaquer Ă la crise du logement et Ă la crise climatique. ConcrĂštement, il faut, si nĂ©cessaire, dĂ©roger aux PAG communaux pour pouvoir construire plus haut, plus vite et plus dense. Ensuite, il y a la question de lâinjustice fiscale. Il faut repenser entiĂšrement notre systĂšme fiscal, qui, aujourdâhui, est liĂ© Ă lâĂ©tat civil au lieu dâĂȘtre liĂ© Ă la capacitĂ© contributive dâun mĂ©nage. CapacitĂ© qui va bien au-delĂ du seul revenu.
Ăvolution du nombre de siĂšges des Pirates Ă la Chambre des dĂ©putĂ©s
Lâapparition des Pirates Ă la Chambre en 2018 a Ă©tĂ© lâune des grandes surprises du scrutin. Lâexploit sera-t-il rééditĂ©â?
Vous dĂ©finissez la ligne politique de votre parti comme centriste radicale. Câest quoi un centriste radicalâ?
Câest quelquâun qui a la possibilitĂ© de prendre de bonnes idĂ©es, quâelles soient du centre gauche ou du centre droit. Câest quelquâun qui est pragmatique, qui a comme vocation dâamĂ©liorer la vie des citoyens. Quelquâun qui nâa pas pour vocation de dĂ©fendre une idĂ©ologie coĂ»te que coĂ»te, mais qui est prĂȘt Ă chercher des solutions au lieu des problĂšmes.
Pouvez-vous rĂ©sumer votre programme en deux motsâ?
Des solutions Ă©quitables pour aujourdâhui et demain.
Vous vous dites prĂȘt Ă prendre des responsabilitĂ©s gouvernementales. Quelles seraient pour vous les lignes rouges non nĂ©gociables dans un accord de coalitionâ?
Le logement. Si on ne fait rien sur le logement, il ne faudra pas compter sur nous. Ensuite, pour que lâon se retrouve dans un accord de coalition, il faudra une garantie que lâon va faire une vraie rĂ©forme fiscale. Une garantie et un timing prĂ©cis. Pas comme avec la coalition sortante, qui a dit quâelle allait le faire et puis aprĂšs, «âInchâAllahâ»⊠Enfin, il faudra prĂ©voir un plan pour la digitalisation du pays qui ne se rĂ©sume pas Ă la seule digitalisation de la fonction publique. Notre ministre en charge ne voit la digitalisation que par ce tunnel trĂšs Ă©troit de lâadministration. Mais cela va au-delĂ â: les Ă©changes entre sociĂ©tĂ©s, entre sociĂ©tĂ©s et clients⊠On pourrait imaginer mettre Ă la disposition de notre Ă©conomie plusieurs plateformes, alors quâaujourdâhui, chacun rĂ©invente la roue de son cĂŽtĂ© tous les jours.
AprĂšs les lignes rouges philosophiques, y a-t-il des partis avec lesquels vous ne vous voyez pas du tout travaillerâ? Les extrĂȘmes. LâADR Ă droite et dĂ©i LĂ©nk Ă gauche. Reste Ă savoir oĂč se situera Roy Reding, mais je ne pense pas quâil jouera un rĂŽle⊠De la mĂȘme façon que FokusâŠ
Une derniĂšre question plus personnelleâ: quâest-ce que lâaccomplissement en politique, selon vousâ?
Je viens dâune famille qui est politisĂ©e sans pour autant ĂȘtre affiliĂ©e Ă un parti. PolitisĂ©e dans le sens oĂč si lâon veut que quelque chose change, il faut prendre ses responsabilitĂ©s. Et si lâon veut changer les choses en politique, il faut prendre les voix de ceux qui sont responsables du statu quo. Lâaccomplissement, câest de faire entendre sa voix. Câest bizarre de le dire ainsi, mais je pense quâĂ 34 ans, jâai rĂ©ussi Ă faire entendre ma voix. Ce qui est probablement quelque chose que beaucoup de gens qui entrent en politique ne vont jamais pouvoir dire.
«âJe pense quâĂ 34 ans, jâai rĂ©ussi Ă faire entendre ma voix.â»
Fred Keup (ADR) â«âSĂ©curitĂ©â âet libertĂ©â»
Comment abordez-vous lâĂ©chĂ©ance Ă©lectorale de ce 8 octobreâ?
LâADR est dans une trĂšs bonne dynamique. Lors des Ă©lections communales, nous avons Ă©tĂ© le seul parti qui a gagnĂ© des voix dans toutes les communes oĂč nous nous prĂ©sentions. Nous avons fait le meilleur score de notre histoire. Nous avons Ă©galement gagnĂ© Ă©normĂ©ment de nouveaux membres. Comme jamais auparavantâ! Et nous constatons un soutien croissant Ă notre action au sein dâune grande partie de la population. Nous sommes trĂšs confiants et je crois que nous allons rĂ©aliser un trĂšs bon score.
Vous pensez donc que les Ă©lections communales ont enclenchĂ© une dynamique sur laquelle vous allez pouvoir capitaliser en octobreâ?
Oui. MĂȘme si les gens ne votent pas forcĂ©ment de la mĂȘme maniĂšre aux Ă©lections communales et aux Ă©lections lĂ©gislatives, les tendances sont lĂ et vont, Ă mon avis, durer jusquâau scrutin.
La dĂ©fection de Roy Reding survenue aprĂšs les Ă©lections peut-elle enrayer cette dynamiqueâ? Non. Nous nâavons pas perdu de membres Ă cause de Roy Reding. Ă part lui-mĂȘme⊠Nous ne voulions pas le mettre sur la liste du Centre parce quâil ne sây est jamais montrĂ©. De mĂȘme, il nâa pas participĂ© aux deux tiers des votes Ă la Chambre. Au bout dâun moment, ça suffit. Quand un Ă©lecteur vote pour une personne, il sâattend Ă ce
Conversation Fred Keup (ADR)quâil soit prĂ©sent et travaille. Ce nâĂ©tait pas le cas, donc le comitĂ© de la circonscription Centre a dĂ©cidĂ© de ne pas le mettre sur la liste. Personnellement, je nâai aucun problĂšme avec lui. Son nouveau parti peut-il nous prendre des voix et entrer Ă la Chambreâ? Je ne le pense pas. Lors des derniĂšres Ă©lections lĂ©gislatives, il y a toujours eu de nouveaux partis. Et aucun nâa rĂ©ussi Ă entrer Ă la Chambre dĂšs sa premiĂšre participation. Seul lâADR, en 1989, a rĂ©ussi cela. Mais le parti avait un fort soutien de la part de certains syndicats et organisations. Les Pirates sont entrĂ©s Ă la Chambre Ă leur deuxiĂšme essai.
Les Ă©lections communales lâont confirmĂ©â: le morcellement du paysage politique luxembourgeois a continuĂ© Ă aller croissant. Pour un «âpetitâ» parti comme le vĂŽtre, est-ce une chance ou une menaceâ?
Câest un peu des deux. Sept partis reprĂ©sentĂ©s Ă la Chambre, câest beaucoup. Cela complique les choses, câest sĂ»r. Ce qui est dommage, câest que ce morcellement ne produit pas des dĂ©bats plus vifs, comme on pouvait sây attendre. La grande majoritĂ© des partis sont du mĂȘme avis et il nây a pas beaucoup dâopinions diffĂ©rentes. Nous nâentrons pas dans ce jeuâ: nous avons le courage de dire ce que nous pensons.
Comment un parti dâopposition comme le vĂŽtre peut-il faire entendre sa voix Ă la Chambreâ?
Il faut bien travailler ses sujets et ses interventions pour profiter au maximum de notre temps de parole.
Cela suffit-il pour peser dans les dĂ©batsâ?
Oui. Lorsque les dĂ©putĂ©s des partis du gouvernement et du CSV parlent, les gens les Ă©coutent moins, car on sait ce quâils vont dire. Je remarque que lorsque câest nous qui parlons Ă la Chambre, les gens sont plus attentifs parce quâils savent que lĂ , souvent, il y a une autre perspective qui sâouvre, un autre discours qui est tenu et qui rend, Ă mon avis, le dĂ©bat politique plus intĂ©ressant.
Jâai encore discutĂ© ce week-end avec des personnes qui ne sont pas proches de lâADR et qui mâont dit quâil est important
Portrait GUY WOLFF Interview MARC FASSONEUn an aprĂšs avoir Ă©tĂ© nommĂ© prĂ©sident de lâADR, Fred Keup a Ă©tĂ© dĂ©signĂ© comme tĂȘte de liste nationale. Son objectifâ: cinq Ă©lus. Voire une place dans le prochain gouvernement.
«âGarder la croissance Ă©conomique, mais diminuer la croissance dĂ©mographique.â»
Logement
Sâil y a une crise, câest parce que la demande est dĂ©mesurĂ©ment supĂ©rieure Ă lâoffre. Une offre qui reste consĂ©quente. On construit beaucoup au Luxembourg, proportionnellement beaucoup plus que dans dâautres pays. Ce quâil faut, câest diminuer la croissance dĂ©mographique dĂ©mesurĂ©e pour retrouver une situation confortable. Pour moi, la catastrophe, câest quâaujourdâhui, il y a des Luxembourgeois qui ne peuvent plus habiter dans leur propre pays. Câest inouĂŻ. LâĂtat et les communes doivent agir pour essayer de donner une chance Ă ces gensÂlĂ de rester au sein du pays.
Nous ne voulons pas dâaugmentation dâimpĂŽts Le Luxembourg doit ĂȘtre compĂ©titif et attractif sur ce sujet. Nous voulons conserver le tourisme Ă la pompe, qui rapporte un milliard dâeuros Ă lâĂtat. Et nous voulons abolir la taxe dâabonnement. Pour rester sous la barre des 30â% en matiĂšre dâendettement nĂ©cessaire Ă la prĂ©servation du triple A, câest sur les dĂ©penses de lâĂtat quâil faut se pencher. Il y a des domaines dans lesquels on a exagĂ©rĂ© ces 10 derniĂšres annĂ©es et oĂč lâon pourrait faire des Ă©conomies.
On est dĂ©passĂ©. Face Ă la croissance trop rapide de la population â de 12.000 Ă 13.000 personnes, soit 10.000 voitures Ă peu prĂšs, et de 5.000 Ă 7.000 frontaliers de plus par an â, nous avons atteint les limites de ce que peut absorber le territoire. Cela devient de plus en plus compliquĂ© de se dĂ©placer et câest un grand dĂ©savantage du point de vue de lâattractivitĂ©. Cela dit, lâADR veut prĂ©server la mobilitĂ© individuelle. Donc la voiture. Nous sommes contre toute politique qui imposerait une forme de mobilitĂ© aux gens.
Je suis partagĂ©. Dâun cĂŽtĂ©, câest une chance Ă©norme pour augmenter la productivitĂ©, et donc pour rĂ©duire la croissance de la population nĂ©cessaire Ă la croissance Ă©conomique. Dâun autre cĂŽtĂ©, cela me fait peur de voir des machines crĂ©er des images et Ă©crire des textes plus vrais que nature. Il va falloir rĂ©guler cela. Notamment dans le systĂšme scolaire, oĂč les Ă©lĂšves ne devraient pas pouvoir recourir Ă lâIA pour faire leurs devoirs.
que nous soyons lĂ , parce quâavec nos opinions diffĂ©rentes, nous enrichissons le dĂ©bat politique.
Quel bilan tirez-vous de la derniĂšre lĂ©gislatureâ?
Plus que de la derniĂšre lĂ©gislature, câest des 10 derniĂšres annĂ©es quâil convient de tirer le bilan. Et ce bilan, câest que nous avons un gouvernement de gauche qui prĂ©tend que tout va pour le mieux dans le meilleur des mondes, alors que ce nâest manifestement pas le casâ: la croissance et le pouvoir dâachat diminuent, tandis que la pauvretĂ©, le chĂŽmage et les impĂŽts augmentent. Le systĂšme de santĂ© devient de moins en moins performant et la crise du logement sâaggrave. Le gouvernement nâa pas rĂ©ussi Ă rĂ©soudre ces problĂšmes ni Ă amĂ©liorer la situation. Ce quâil sait bien faire, par contre, câest communiquer. Une communication «âbling-blingâ»âŠ
Prenez par exemple Claude Turmes (dĂ©i GrĂ©ng), ministre de lâĂnergie, qui se vante de la diminution de la consommation dâĂ©nergie. En oubliant de dire que cette
diminution rĂ©sulte dâune baisse de lâactivitĂ© de lâindustrie, qui perd en compĂ©titivitĂ©. Câest une forme de communication qui est souvent Ă la limite du mensonge politique.
Et quel bilan tirez-vous, pour votre parti, de votre prĂ©sence Ă la Chambreâ?
Nous sommes le premier parti dâopposition. Pas par le nombre de siĂšges, mais par notre action. Nous ne faisons pas de lâopposition pour faire de lâopposition, nous votons les textes du gouvernement quand ils sont bons, mais nous sommes critiques en permanence. Câest ça qui fait un bon parti dâoppositionâ: ĂȘtre critique et proposer des alternatives. Nous sommes le seul parti qui ne soit pas dans la majoritĂ© Ă faire ce travail. Le CSV ne sait pas faire cela. Comme les partis de la coalition, le CSV est un parti mainstream, qui a peur de sâaventurer hors des sentiers battus.
Les Piratesâ? On ne sait jamais oĂč ils sont. TrĂšs souvent, ils soutiennent lâexĂ©cutif en essayant sur certains points de crĂ©er des scandales. Quant Ă dĂ©i LĂ©nk, nous ne partageons pas leurs idĂ©es, mais il faut reconnaĂźtre quâils travaillent beaucoup et quâils sont conscients de ce que doit ĂȘtre un parti dâopposition.
«âSi jâĂ©tais au gouvernement, la lutte contre la dĂ©linquance serait ma prioritĂ©.â»
LâADR a fait irruption dans le paysage luxembourgeois en 1989 oĂč, deux ans aprĂšs sa fondation, il entre Ă la Chambre des dĂ©putĂ©s avec quatre siĂšges. Il rĂ©alise son meilleur score en 1999. Depuis, alors que son but premier â lâĂ©galitĂ© des prestations de retraite de lâĂtat entre les fonctionnaires et les salariĂ©s du privé â a Ă©tĂ© atteint, il a cĂ©dĂ© sa place de quatriĂšme parti du pays aux Verts.
Quels sont, pour vous, les thĂšmes et les sujets-clĂ©s de cette Ă©lectionâ? Pour nous, le premier sujet dâimportance pour lâavenir de notre pays est celui de la croissance. Le dĂ©fi est de garder la croissance Ă©conomique, mais de diminuer la croissance dĂ©mographique. AprĂšs, il y a nos thĂšmes traditionnelsâ: la famille et le fait de mettre les enfants au centre de toutes les dĂ©cisions, la sĂ©curitĂ©, ainsi que la prĂ©servation de la culture et de la langue luxembourgeoises.
Quel est le bon modĂšle de croissance pour le Luxembourg, selon vousâ? Câest un modĂšle qui combine croissance Ă©conomique et faible croissance dĂ©mographique. Nous devons jouer sur la productivitĂ© pour rompre avec un systĂšme oĂč la croissance Ă©conomique est portĂ©e par la dĂ©mographie. Presque tous les problĂšmes que nous avons aujourdâhui au Luxembourg, que ce soit le logement, la mobilitĂ©, lâenvironnement, le manque dâinfrastructures, le manque de personnel, etc., sont dus Ă cette croissance dĂ©mographique dĂ©mesurĂ©e que lâon connaĂźt depuis 10 Ă 15 ans. Il y a toujours eu une croissance dĂ©mographique au Luxembourg. Ce nâest pas mauvais en soi si elle est raisonnable. Mais ces 10 derniĂšres annĂ©es, elle sâest trop accrue et trop vite, ce qui pose dâĂ©normes problĂšmes. Avoir toujours plus de croissance est un cercle vicieuxâ: nous devons incessamment combattre les problĂšmes qui sont liĂ©s Ă la croissance avec toujours plus de croissance. Ăa ne marchera pas. Quand on aura un million dâhabitants, on dira quâon aura besoin de deux millions dâhabitants, et on va continuer ainsi.
On voit trĂšs bien que le pays atteint ses limites. MĂȘme si le gouvernement dit quâil investit dans le futur, câest faux. On investit pour diminuer les problĂšmes que lâon a depuis 10 ans. Câest du rattrapage et non une projection vers le futur. Un Luxembourg Ă un million dâhabitants Ă lâhorizon 2050â: est-ce bien ce que veulent les gensâ? Câest la grande question sur laquelle les partis devront se positionner. Car un Luxembourg Ă un million dâhabitants, cela va changer notre modĂšle.
Si vous Ă©tiez au gouvernement, quelles seraient les mesures phares que vous prendriez dans les 100 premiers joursâ?
Dâabord, nous organiserions un rĂ©fĂ©rendum relatif Ă la poursuite de lâobjectif dâun Luxembourg Ă un million dâhabitants. Câest une question primordiale sur laquelle il faut dĂ©battre publiquement, au-delĂ des quelques sphĂšres spĂ©cialisĂ©es qui se sont emparĂ©es du sujet. Les Ă©lecteurs devraient pouvoir ĂȘtre correctement informĂ©s et donner librement leur avis. Ensuite, il y a la question de lâaugmentation de la dĂ©linquance au Luxembourg. Nous sommes le cinquiĂšme pays dâEurope en ce qui concerne les vols avec violence dans la rue. Nous nâavons jamais vu çaâ! Les cambriolages augmentent Ă©galement trĂšs fortement. Si jâĂ©tais au gouvernement, la lutte contre la dĂ©linquance serait ma prioritĂ©. Il y a une vĂ©ritable offensive Ă mener pour amĂ©liorer la sĂ©curitĂ© de nos concitoyens.
Et puis il y a la famille. Il faut conduire une politique qui mette au centre de tous les intĂ©rĂȘts des enfants et des familles. Et il faut rompre dâurgence avec la politique de monsieur Meisch (DP), qui prĂ©conise que les enfants aillent dans des structures telles que les maisons relais et les crĂšches tandis que les parents travaillent. Nous voulons un autre modĂšle. Nous voulons donner la possibilitĂ© Ă un des parents de sâoccuper des enfants jusquâĂ un certain Ăąge, au moins Ă mi-temps.
«âCâest une forme de communication qui est souvent Ă la limite du mensonge politique.â»
David Wagner (déi Lénk)
«âImpulser
des dynamiquesâ âde lutteâ»
Comment abordez-vous lâĂ©chĂ©ance Ă©lectorale de ce 8 octobreâ?
Avec un certain optimisme, malgrĂ© le rĂ©sultat mitigĂ© des communales oĂč nous avons reculĂ©. Pas dâune maniĂšre catastrophiqueâ: nous avons perdu environ 1â% de voix. Mais cela faisait longtemps que cela ne nous Ă©tait pas arrivĂ©. Depuis plusieurs annĂ©es, Ă chaque Ă©lection, nous progressions. LĂ©gĂšrement, soit, mais nous progressions constamment. Le cĂŽtĂ© positif, câest lâenthousiasme autour de ces Ă©lections. Enthousiasme qui se constate dans le nombre de nouveaux â et surtout trĂšs jeunes â candidats qui figurent sur nos listes.
Ă quoi attribuez-vous cet afflux de jeunes candidatsâ?
Je pense que les Ă©lections communales ont rĂ©veillĂ© beaucoup de gens qui, jusquâĂ prĂ©sent, nâĂ©taient pas politiquement engagĂ©s et qui se disent quâil est important de nous soutenir et que nous gardions nos deux dĂ©putĂ©s. Nous devons absolument garder nos deux siĂšges, câest lâobjectif. Et pourquoi pas en gagner un de plusâ? Nous avons adoptĂ© une stratĂ©gie de ciblage de lâĂ©lectorat jeune â enfin, on prend tout le monde, ce nâest pas le problĂšmeâŠÂ â, mais notre analyse, câest de dire quâun parti de gauche fonctionne bien lorsquâil rassemble des gens qui ont tout Ă gagner. Donc, par dĂ©finition, les jeunes. Des jeunes qui sont
plus dynamiques, qui sont trĂšs souvent moins conservateurs et qui nâont pas peur. On constate quâil y a beaucoup de jeunes qui sont dans la vingtaine ou peut-ĂȘtre au dĂ©but de la trentaine qui sont bien formĂ©s, mais dont les ambitions sont bridĂ©es au niveau du travail, puisque le plein emploi nâexiste plus, de mĂȘme que le modĂšle du travail fixe, stable et Ă©mancipateur. On remarque aussi que pour beaucoup de jeunes, ce nâest pas forcĂ©ment lâargent qui les intĂ©resse. Ils veulent faire quelque chose qui leur plaĂźt et qui a du sens.
Pour y arriver, nous nous sommes remis en question et nous avons dĂ©veloppĂ© une stratĂ©gie de prĂ©sence sur les rĂ©seaux sociaux. Nous avons embauchĂ© un influenceur Twitter pour cela. Pour parler Ă la jeunesse, il faut vraiment quelquâun qui ait les codes. Nous aurions aimĂ© ĂȘtre prĂȘts pour les communales, mais cela nâa pas Ă©tĂ© possible. Câest quand mĂȘme beaucoup de travail pour un petit parti comme le nĂŽtre.
Pour un petit parti comme le vĂŽtre, la succession rapprochĂ©e de deux Ă©chĂ©ances Ă©lectorales vous pĂ©nalise-t-elleâ?
Câest une pĂ©riode intense et fatigante, surtout pour un petit parti. Il y a beaucoup de choses Ă faire. Monter les panneaux, les dĂ©monter, les remonter, cela demande de lâhuile de coude⊠Et puis il faut travailler sur les idĂ©es, le programme, organiser des rencontres, sĂ©lectionner les candidats, participer aux interviews et aux tables rondes. Cela nĂ©cessite beaucoup de prĂ©paration. En plus, le calendrier fait quâil faut ĂȘtre trĂšs actif en Ă©tĂ©, une pĂ©riode traditionnellement creuse. Cette annĂ©e, par la force des choses, la campagne sera courte.
Pensez-vous quâen quatre mois, les tendances des communales peuvent sâinverserâ?
On lâespĂšre, Ă©videmment. On dit toujours quâon ne peut pas comparer le communal et le national. Câest vrai. Je ne suis pas fataliste, mais des tendances se sont dĂ©gagĂ©es et il faut en tenir compte. Une critique que beaucoup de gens nous ont faite pendant la campagne â et je veux dire des gens proches â, câĂ©tait que lâon ne nous voyait pas assez sur les panneaux dâaffichage. Et je crois quâeffectivement, nous avons mal gĂ©rĂ© cela.
Pas de tĂȘte de liste nationale pour dĂ©i LĂ©nk. David Wagner est un candidat comme un autre au service de lâobjectif du partiâ: mettre fin au laisser-faire qui caractĂ©rise lâaction du gouvernement.
«âIl nây a rien de pire en politique que le fatalisme ou lâindiffĂ©rence.â»
Place financiĂšre
Une prison dorĂ©e. Mais une prison quand mĂȘme. Câest dangereux, parce que la place financiĂšre peut disparaĂźtre. Que se passera-t-il alorsâ? Sans oublier le problĂšme moral, dont il faut parler. Lâargument du «âsi ce nâest pas nousâŠâ» me paraĂźt bizarre.
Tout miser sur la seule Place empĂȘche de dĂ©velopper dâautres filiĂšres. Or, on a quand mĂȘme au Luxembourg beaucoup de potentiel en dehors de la finance.
Un Ătat a le droit de sâendetter. Il ne sâagit pas de sâendetter pour sâendetter, il sâagit dâinvestir dans les services publics. Et si cela pose un problĂšme au niveau de lâĂ©quilibre des finances publiques, il faut le rĂ©soudre par le biais de lâaugmentation des recettes fiscales. Il faut augmenter la charge fiscale de ceux qui gagnent le plus et lâallĂ©ger pour ceux qui sont en bas de lâĂ©chelle salariale, et taxer plus fortement les revenus du capital.
Câest quand on a un pays qui respecte ses salariĂ©s. Si on va dans un pays oĂč les droits des salariĂ©s sont respectĂ©s, si on a un salaire dĂ©cent avec des loyers dĂ©cents oĂč les services publics sont efficaces et oĂč il est fait bon vivre, alors on est attractif.
Câest effectuer le travail le plus Ă©mancipateur possible, ne pas travailler pour des intĂ©rĂȘts privĂ©s, mais travailler pour soi-mĂȘme et pour la collectivitĂ©. Les gens qui ont un travail utile sont toujours satisfaits. Mais souvent, ce ne sont pas ceux qui sont les mieux traitĂ©s. Lâavenir, ce sera aussi de travailler moins. Nous demandons une semaine de 32 heures, mais on pourrait trĂšs bien aller plus loin.
Ătre en retrait sur le plan visuel, dans la rue, donnait lâimpression que nous nâĂ©tions pas offensifs. LĂ , on va mettre le paquetâŠ
Parmi les tendances qui seront dĂ©gagĂ©es du scrutin Ă©lectoral, il y en a une majeureâ: la poursuite du morcellement du paysage politique. Est-ce un atout ou un dĂ©fi pour vousâ? Il y a sept partis actuellement au Parlement. Ce nâest ni excessif ni catastrophique, selon moi. De nouveaux partis sont apparus âFokus, LibertĂ©-FrĂ€iheet! et Volt. Ils ne chassent pas sur nos terres et ne nous prendront pas de voix. Ă gauche, en fait, nous nâavons pas de concurrence de la part de petits partis. Câest vrai quâil y a encore quelques annĂ©es, il y avait peut-ĂȘtre une plus grande identification aux partis. Quand on venait du Sud, que lâon Ă©tait ouvrier ou fils dâouvrier, il Ă©tait quasiment Ă©vident dâadhĂ©rer au parti socialiste ou au parti communiste. Quand on Ă©tait de la capitale et bourgeois, le DP Ă©tait une Ă©vidence. De ce point de vue lĂ , les choses se brouillent. Mais la rĂ©alitĂ© politique du Luxembourg, câest quâil y a une course au centre, Ă lâextrĂȘme centre mĂȘme. Les quatre grands partis arrivent toujours Ă se mettre dâaccord sur un certain nombre de points.
Comment, dans ce contexte de centrisme politique, pouvez-vous faire entendre votre voix et peser sur la politiqueâ? Il est extrĂȘmement important quâil y ait Ă gauche de lâĂ©chiquier politique une force radicale. Nous sommes conscients que nous ne sommes pas dans une perspective dâaccession au pouvoir Ă court terme. Mais ce nâest pas grave. Lâimportant est de pouvoir impulser des dynamiques de lutte dans la sociĂ©tĂ©. Si les gens descendent dans la rue contre telle ou telle rĂ©forme, le gouvernement y rĂ©flĂ©chira Ă deux fois. Notre ambition, câest aussi de sortir les gens dâune forme de dĂ©prime, de dĂ©pression politique. Il nây a rien de pire en politique que le fatalisme ou lâindiffĂ©rence.
lĂ©gislatureâ?
Ces cinq annĂ©es ont Ă©tĂ© marquĂ©es par deux crises majeuresâ: le Covid et la crise en Ukraine. Des problĂšmes que lâon peut assez facilement rĂ©soudre. Ce qui nâest pas le cas de lâautre crise majeure que nous traversonsâ: la question climatique. Nous sommes engagĂ©s dans une sĂ©quence trĂšs angoissante et je nâai pas lâimpression que le gouvernement prenne les mesures radicales qui sâimposent. Câest une des raisons pour lesquelles jâen veux aux Vertsâ: ils ont raison quand ils parlent de la question climatique â et nous partageons leur constat â, mais ils arrivent Ă rendre impopulaires des mesures qui devraient ĂȘtre populaires. Pourquoiâ? Parce quâils ont dissociĂ© cette question de la question sociale.
Leur Ă©lectorat est un Ă©lectorat bourgeois et les mesures se basent toujours sur lâindividualisme, alors que câest lâĂtat qui devrait prendre la question en charge. Il faut que les choses soient faites de maniĂšre massive. Les Verts nây arrivent pas.
De maniĂšre gĂ©nĂ©rale, je dirais que cela a Ă©tĂ© une lĂ©gislature du laisser-faire. Rien ne sâest passĂ©. Regardez le logement. Maintenant, lâAutoritĂ© de la concurrence fait le constat que tout le monde connaissait dĂ©jĂ â: le problĂšme central, câest la spĂ©culation. Ne le savaient-ils pas au gouvernementâ? Et sâils le savaient et quâils nâont rien fait, câest problĂ©matique⊠Les libĂ©raux ont gagnĂ©, en fait. Et on peut faire la mĂȘme analyse pour la rĂ©forme fiscale. Une erreur monumentale. Et une argumentation dĂ©plorableâ: ce nâĂ©tait pas le momentâ! Câest quand tout va mal quâil faut rĂ©former, pas quand tout va bien. Pareil avec la rĂ©duction
«âUne rupture rĂ©actionnaire pourrait se produire si Luc Frieden devenait Premier ministre.â»
du travailâ: ce nâĂ©tait pas le moment⊠Ou alors, ils nâĂ©taient tout simplement pas dâaccord entre eux.
Quels seront les mots-clĂ©s de cette campagne, selon vous, et pourquoiâ?
Outre les thĂšmes dĂ©jĂ Ă©voquĂ©s, il y en a un qui sâimposeâ: la rupture. Une rupture politique avec ce qui existe aujourdâhui. Jâai lâimpression quâil y a dans lâĂ©lectorat une volontĂ© de rupture, aussi bien progressiste que rĂ©actionnaire. Nous, nous voudrions une rupture avec le systĂšme libĂ©ral actuel du laisser-faire politique. Mais une rupture rĂ©actionnaire pourrait se produire si Luc Frieden devenait Premier ministre. Il y a des ruptures nĂ©cessaires, et il y a dâautres ruptures dont je ne voudrais pas.
Quels seront les dossiers chauds pour le prochain gouvernement, selon vousâ? Et si vous arriviez aux affaires, quelles seraient vos mesures phares dans les 100 premiers joursâ? Je pense quâune des premiĂšres choses quâil faut faire, câest une refonte institutionnelle. Il faudrait faire une constituante pour impliquer totalement la population dans une nouvelle Constitution. Une Constitution qui donnerait plus de droits Ă©conomiques et sociaux et qui impliquerait concrĂštement les citoyens dans la rĂ©daction des textes lĂ©gislatifs.
Le droit de pĂ©tition serait-il insuffisantâ?
Depuis 1999, date de sa premiĂšre participation Ă des Ă©lections lĂ©gislatives, et Ă lâexception de 2004 oĂč la rupture avec le parti communiste luxembourgeois (KPL) lui fait perdre son siĂšge, le parti a une prĂ©sence constante Ă la Chambre. Et il veut la garder.
Le droit de pĂ©tition, câest juste la permission de demander quelque chose. AprĂšs, câest «âcause toujours, tu mâintĂ©ressesâ»⊠Je voudrais une «âdĂ©mocratie de baseâ» dans laquelle les citoyens, Ă©ventuellement Ă©paulĂ©s par des fonctionnaires ayant des compĂ©tences techniques, pourraient imposer des choses dans la rĂ©daction des textes lĂ©gislatifs.
Puisque nous parlons de rĂ©forme institutionnelle, quid dâune circonscription Ă©lectorale uniqueâ?
Nous sommes pour et nous lâavons dâailleurs proposĂ©e il y a plusieurs annĂ©es. DĂ©jĂ , les circonscriptions actuelles ne correspondent Ă aucune rĂ©alitĂ© gĂ©ographique et dĂ©mographique. Le fait quâune voix du Sud nâait pas le mĂȘme poids quâune voix du Nord ou de
lâEst est un problĂšme. Et dans un petit pays comme le nĂŽtre, ce dĂ©coupage est artificiel. On peut habiter Kehlen et militer au centre. Tout cela ne fait aucun sens.
Hormis la chose institutionnelle, quelles seraient les autres mesures urgentes Ă prendreâ?
Il faut revaloriser le salaire minimum de 300 euros. En ce qui concerne le climat, lâĂtat doit dĂ©velopper toute la filiĂšre dĂ©carbonatĂ©e. Câest un gros travail. Il faut assainir et verdir le pays. Dans le secteur du logement, il faut construire des logements publics en masse et plafonner les loyers en attendant que les logements en construction soient disponibles.
Pourriez-vous rĂ©sumer votre programme en deux motsâ?
Tout Ă gagner. Câest dâailleurs notre slogan.
Parlons coalition. Ătes-vous prĂȘt Ă prendre des responsabilitĂ©s gouvernementales si on vous le demandeâ?
Je nây pense pas quand je me rase⊠Gouverner nâest pas quelque chose qui mâintĂ©resse personnellement. Au niveau du parti, nous nâavons jamais dit que nous ne le ferions pas. Nous avons dĂ©jĂ pris des responsabilitĂ©s au niveau communal. Mais pas Ă nâimporte quel prix. Il faudrait dĂ©jĂ quâil y ait un bon rapport de force. Avec deux dĂ©putĂ©s, je ne pense pas quâon puisse entrer dans un gouvernement. Surtout que nous voulons opĂ©rer des changements radicaux. Avoir des strapontins avec peu de compĂ©tences pour passer cinq ans Ă avaler des couleuvres, pas question.
Pour vous, quâest-ce que lâaccomplissement en politiqueâ?
Quâil nây ait plus besoin dâhommes ou de femmes politiques. Le but ultime, câest que tout le monde fasse de la politique et que lâon nâait plus besoin dâĂ©lus professionnels. Le jour oĂč tout le monde sera capable de faire de la politique et de gouverner en collectif, alors nous aurons accompli une grande chose.
«âIl faut revaloriser le salaire minimum de 300 euros.â»
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La crise du logement au Luxembourg atteint un niveau alarmant, touchant la compĂ©titivitĂ©, la croissance et le tissu social. Face aux difficultĂ©s du marchĂ© immobilier, une rĂ©gulation plus stricte pourrait-elle ĂȘtre la clĂ© pour stabiliser et rationaliser les prix des logementsâ?
La crise du logement au Luxembourg sâest intensifiĂ©e, menaçant la compĂ©titivitĂ©, la croissance et la cohĂ©sion sociale du pays. Depuis plusieurs mois, lâampleur de la crise sâaccentue. Selon le Politmonitor de novembre 2022, ce problĂšme Ă©tait dĂ©jĂ la principale prĂ©occupation pour 75â% des rĂ©sidents. Les chiffres dĂ©peignent une situation alarmanteâ: inflation de lâimmobilier, diminution des ventes de logements et raretĂ© croissante des logements abordables.
Au cĆur de la crise se trouve une augmentation drastique des prix immobiliers, catalysĂ©e par divers facteurs, dont une
croissance Ă©conomique robuste et une offre insuffisante. Ă Luxembourg-ville, le prix au mĂštre carrĂ© pour un appartement existant a presque triplĂ© depuis 2007, passant de 4.015â⏠à 11.590â⏠en 2022. ParallĂšlement, les prix des appartements en Vefa ont Ă©galement connu une hausse considĂ©rable, passant de 4.583â⏠à 14.157â⏠1 .
Cette situation est exacerbĂ©e par des problĂšmes supplĂ©mentaires, tels que la crise du Covid, les difficultĂ©s dâapprovisionnement, lâinflation, la hausse des taux dâintĂ©rĂȘt hypothĂ©caires depuis fin 2021 et les retombĂ©es Ă©conomiques de la guerre
en Ukraine. Les consĂ©quences de ces dĂ©fis se font sentir sur le marchĂ© immobilier, avec une chute de 48,3â% des ventes de logements en 2023 par rapport Ă 2021.
Les prémices de la crise pour les ménages
Lâaugmentation des prix immobiliers a inĂ©vitablement un impact sur les mĂ©nages qui consacrent une part de plus en plus importante de leur budget au logement. En 2019, le taux dâeffort, câest-Ă -dire le rapport entre le coĂ»t du logement et le revenu disponible, Ă©tait de 37,3â% pour les locataires et de 29,5â% pour les propriĂ©taires endettĂ©s. De plus, lâaccĂšs au crĂ©dit pour les mĂ©nages devient de plus en plus difficile au Luxembourg, avec des apports en fonds propres exigĂ©s par les banques augmentant de 11,4â% en 2018 Ă 25-30â% actuellement. La StratĂ©gie nationale du logement abordable a tentĂ© de remĂ©dier Ă cette crise, mais la demande de logements dĂ©passe toujours lâoffre, en dĂ©pit dâune population qui a augmentĂ© de prĂšs de 50â% depuis 2000. La Fondation Idea estime quâil faudrait 7.340 logements
supplĂ©mentaires par an jusquâen 2026 pour soutenir la croissance du pays. Toutefois, en 2023, on prĂ©voit 1.500 logements neufs de moins sur le marchĂ©. En consĂ©quence, le nombre de permis de construire a chutĂ© de 28â% entre 2021 et 2022 3 .
Face Ă cette crise, des appels ont Ă©tĂ© lancĂ©s pour des mesures de soutien temporaires et ciblĂ©es. La Chambre des mĂ©tiers souligne lâimportance du secteur de la construction, qui reprĂ©sente prĂšs de 15% des emplois, pour maintenir lâattractivitĂ© du pays et loger la main-dâĆuvre nĂ©cessaire Ă son Ă©conomie.
Le secteur immobilier rĂ©sidentiel du Luxembourg se distingue par sa spĂ©cificitĂ©. Face Ă une population en croissance constante, le marchĂ© peine Ă rĂ©pondre aux besoins en logements, notamment en raison de lâaugmentation spectaculaire des prix des logements neufs et Ă rĂ©nover. Bien que la conjoncture Ă©conomique actuelle tende Ă modĂ©rer cette envolĂ©e, les prix demeurent Ă©levĂ©s, consĂ©quence directe dâune produc-
tion annuelle de logements insuffisante et dâune propriĂ©tĂ© fonciĂšre largement entre les mains de quelques acteurs-clĂ©s. Ce sont prĂ©cisĂ©ment ces acteurs, majoritairement des promoteurs immobiliers, qui sont au cĆur de la chaĂźne de valeur. Avec une omniprĂ©sence au Luxembourg â 1.105 entreprises pour un chiffre dâaffaires de 2,4 milliards dâeuros en 2020 â, la profession attire lâattention de lâAutoritĂ© de la concurrence. Celle-ci a ainsi entrepris dâanalyser en profondeur les interactions entre ces diffĂ©rents acteurs pour formuler des constats et recommandations en juillet dernier 2 .
Dâabord, selon lâAutoritĂ© de la concurrence, il est Ă noter que la coopĂ©ration entre promoteurs est courante, souvent justifiĂ©e par des besoins pratiques, comme la dĂ©tention de terrains contigus ou la recherche de conditions de financement avantageuses. Toutefois, ces partenariats peuvent parfois entraver la concurrence. En effet, certains Ă©changes dâinformations pourraient favoriser des pratiques anticoncurrentielles, rĂ©duisant de ce fait lâoffre
de logements. LâAutoritĂ© exhorte donc les parties prenantes Ă respecter scrupuleusement les rĂšgles de concurrence.
Vers une rĂ©gulation accrueâ?
Le rĂŽle de lâadministration est Ă©galement crucial. Lâautonomie communale, Ă travers les plans dâamĂ©nagement gĂ©nĂ©raux (PAG) et les plans dâamĂ©nagement particuliers (PAP), influence directement la dynamique du logement. Les rĂ©ponses obtenues par lâAutoritĂ© indiquent que les phases prĂ©paratoires de projets peuvent ĂȘtre longues et ardues, impliquant de nombreuses nĂ©gociations. Ces contraintes pourraient dĂ©courager certains promoteurs, les poussant Ă constituer des rĂ©serves fonciĂšres. LâAutoritĂ© de la concurrence suggĂšre ainsi de simplifier cette phase en imposant des procĂ©dures plus claires et concises.
La question fonciÚre se révÚle également centrale. Une majorité de terrains disponibles est détenue par des entités privées, et certains promoteurs pourraient pratiquer le land banking, visant à monopoliser les
En 2022, 63,9â% du foncier constructible pour lâhabitat, soit 2.750 hectares, Ă©tait dĂ©tenu par moins de 20.000 particuliers. Le top 100 de ces dĂ©tenteurs possĂ©dait 360 hectares, reprĂ©sentant 13,2â% du total. Les sociĂ©tĂ©s privĂ©es dĂ©tenaient quant Ă elles 19â% de cette surface, soit 817 hectares.
duerch massiv Investitioune méi bezuelbare Wunnraum schafen
dâMĂ«ttelschicht weider spierbar entlaaschten an hir Kafkraaft stĂ€erken
de Leit méi ZÀit a Flexibilitéit gi fir Famill a Beruff besser ze verbannen
dĂ©i erneierbar Energien konsequent ausbauen an dâLeit beim Klimaschutz mathuelen
dâBetriber geziilt Ă«nnerstĂ«tzen an dâAttraktivitĂ©it vum Land stĂ€rken
Réiden, 19h00
Centre culturel
Stad, 19h00
Cercle Cité
Mamer, 20h00
Mamer Schlass
Diddeleng, 19h00
Hall polivalent
Hengescht, 19h00
Centre culturel
Jonglënster, 19h30
Centre culturel
All eis Prioritéiten an d'Walversammlunge fannt dir op dp.lu
Le Luxembourg Ă©tait, en 2019, le premier pays europĂ©en en termes de ratio «ânombre dâagencesâ/â1.000 habitantsâ», avec 1,99 agence pour 1.000 habitants.
terrains pour exclure la concurrence. Cette concentration fonciĂšre contribue Ă lâinflation des prix du foncier et, par consĂ©quent, du logement, engendrant de sĂ©rieux problĂšmes sociaux.
Enfin, la commercialisation et la vente des logements impliquent lâintervention des agences immobiliĂšres. Leur nombre important au Luxembourg pourrait favoriser une surenchĂšre, avec des prix proposĂ©s parfois dĂ©corrĂ©lĂ©s de la rĂ©alitĂ© du marchĂ© 4 . LâAutoritĂ© prĂ©conise donc une rĂ©gulation accrue du secteur.
Le secteur de la construction, de facto, traverse une pĂ©riode difficile. Pour anticiper son Ă©volution, lâOrdre des architectes et des ingĂ©nieurs-conseils (OAI) rĂ©vĂ©lait, en juillet dernier, une tendance inquiĂ©tante 5 .
Depuis juillet 2021, la moyenne mobile sur six mois des certificats OAI Ă©mis pour tous types de projets a connu une baisse alarmante de 38â%â: 540 en juillet 2021, contre 334 en janvier 2023. Bien quâune stabilisation ait Ă©tĂ© observĂ©e entre janvier et juin 2023, le nombre est restĂ© faible, se situant Ă 365 en juin 2023. Cette tendance nĂ©gative est encore plus marquĂ©e pour les
projets de logement, avec une chute de 41â% de la moyenne mobile sur six mois des certificats dĂ©livrĂ©s. De 441 en juillet 2021, ce chiffre a plongĂ© Ă 261 en janvier 2023, se stabilisant lĂ©gĂšrement Ă 263 en juin 2023. Cependant, une lueur dâespoir se profile pour les PAP. AprĂšs une chute drastique de 50â% entre mars 2022 et janvier 2023, une reprise encourageante est enregistrĂ©e avec 35 certificats dĂ©livrĂ©s en juin 2023.
Mise en place dâune task force Ainsi, face Ă une situation dâurgence dans le secteur de la construction, lâOAI plaidait, en juillet dernier, pour une intervention rapide dĂšs la rentrĂ©e post-estivale, via la mise en place dâune task force. Cette derniĂšre rĂ©unirait tous les acteurs-clĂ©s du secteur afin dâĂ©laborer des propositions concrĂštes et des mesures dâurgence pour faire face Ă la crise.
En outre, lâOAI appelle Ă une simplification des procĂ©dures administratives, notamment en ce qui concerne les dĂ©lais dâobtention des autorisations de construire. De plus, bien que lâaccent soit actuellement mis sur le logement, il est crucial de soutenir plus largement la construction. LâOAI souligne lâimportance pour les pouvoirs
publics de jouer leur rĂŽle dâinvestisseurs anticycliques. Par ailleurs, il ne faut pas oublier le parc locatif lorsquâil sâagit de rĂ©tablir la confiance du public dans lâinvestissement immobilier. Sur le plan des marchĂ©s publics, une simplification des procĂ©dures et une adaptation des critĂšres de sĂ©lection sont nĂ©cessaires pour ĂȘtre en phase avec la rĂ©alitĂ© du terrain et les capacitĂ©s des entreprises. LâidĂ©e de faciliter lâimplantation des tiny houses sur des terrains privĂ©s est Ă©galement avancĂ©e comme solution face aux besoins actuels des mĂ©nages.
Lâenjeu est clairâ: assurer la reprise et la pĂ©rennitĂ© dâun secteur en crise par le biais dâune collaboration Ă©troite, dâune innovation constante et dâun soutien renouvelĂ©.
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REPLAY
LâEurope revoit sa politique industrielle, notamment face Ă lâenjeu de la sĂ©curitĂ© des chaĂźnes de valeur dans les industries stratĂ©giques. Nous faisons face Ă une crise Ă©nergĂ©tique et nous sommes en pleine transition technologique, avec le dĂ©ploiement rapide de lâintelligence artificielle (IA), qui bouleverse les mĂ©tiers et les stratĂ©gies dâentreprise.
Pensez-vous que lâĂ©conomie luxembourgeoise soit plus vulnĂ©rable que dâautres en Europeâ?
PwC Luxembourg a rĂ©alisĂ© une Ă©tude sur lâĂ©tat de lâĂ©conomie du pays. Pouvez-vous en dĂ©tailler les raisonsâ? PremiĂšrement, nous avons constatĂ© lâĂ©mergence de nouveaux critĂšres dĂ©cisionnels pour les stratĂ©gies dâentreprise et le gouvernement, notamment en matiĂšre dâenvironnement. Plusieurs initiatives, comme le plan de dĂ©veloppement durable et la stratĂ©gie de finance verte, ont vu le jour. ParallĂšlement Ă cela, nous nous sommes interrogĂ©s sur les sources de revenus futures pour financer lâadministration, la couverture sociale, les retraites, surtout aprĂšs la crise du Covid-19, qui a nĂ©cessitĂ© des efforts budgĂ©taires consĂ©quents. De quels secteurs et de quelles entreprises seront tirĂ©es les futures recettes de lâĂtatâ? Nous avons Ă©galement eu de nombreuses discussions sur lâavenir Ă©conomique du Luxembourg, sur les secteurs porteurs de valeur et leur adĂ©quation avec la stratĂ©gie nationale.
Au-delĂ de la pĂ©riode prĂ©-Ă©lectorale, cette Ă©tude intervient-elle dans un contexte particulierâ? Absolument. Nous sommes dans une nouvelle Ăšre, un changement de paradigme.
Le Luxembourg a dĂ©montrĂ© par le passĂ© une grande rĂ©silience, en particulier face aux crises de 2001-2004 et de 2008-2012. Cependant, ces crises Ă©taient principalement financiĂšres, alors que nous sommes aujourdâhui face Ă des dĂ©fis dâune autre nature. La situation actuelle est marquĂ©e par une complexitĂ© sans prĂ©cĂ©dent, quâil sâagisse de la crise gĂ©opolitique, Ă©nergĂ©tique, financiĂšre ou encore des talents. Si, par le passĂ©, notre soliditĂ© financiĂšre et la qualitĂ© du dialogue entre le gouvernement et les acteurs Ă©conomiques nous ont permis de rĂ©sister, aujourdâhui, nous affrontons des problĂšmes face auxquels nous avons des faiblesses structurelles, comme la crise Ă©nergĂ©tique, qui nĂ©cessite un dialogue renforcĂ© entre acteurs publics et Ă©conomiques. Dans ce contexte, le Luxembourg me semble plus vulnĂ©rable que par le passĂ© et, en tant que petit pays, prĂ©sente moins dâintĂ©rĂȘt pour des investisseurs Ă©trangers. Je mâinterroge sur notre capacitĂ© Ă ĂȘtre Ă©galement rĂ©silients face Ă ces nouvelles crises.
Par le passĂ©, avec la sidĂ©rurgie, les satellites, la banque ou les fonds dâinvestissement, le
Laurent Probst, partner, expert en développement économique chez
PwC Luxembourg, évoque les enjeux économiques du Luxembourg.
«âOffrir un cadre dâaffaires innovant, attractif et durable.â»
LAURENT PROBST Partner, PwC LuxembourgPhoto Matic Zorman
Luxembourg a su crĂ©er et attirer des leaders mondiaux vers les secteurs stratĂ©giques pour le pays grĂące Ă la qualitĂ© de son environnement Ă©conomique, social et lĂ©gal. Aujourdâhui, nous sommes vulnĂ©rables en ce qui concerne les technologies stratĂ©giques du futur, par manque dâinvestissement privĂ© en recherche et dĂ©veloppement (R&D) et dâinvestissement direct dans des entreprises stratĂ©giques pour le pays. Au niveau de la fiscalitĂ©, notre marge de manĆuvre par rapport Ă lâEurope sâest rĂ©duite. Le modĂšle qui a fait le succĂšs du Luxembourg ces 20 derniĂšres annĂ©es avec la globalisation des Ă©changes nâest plus adaptĂ© au contexte actuel. Quelques mesures ad hoc ne changeront pas la donne. Le Luxembourg doit innover avec de nouveaux instruments pour offrir un cadre dâaffaires innovant, attractif et durable, tant pour les entreprises et les entrepreneurs que pour les employĂ©s, pour les 20 prochaines annĂ©es.
Un des points-clĂ©s de lâĂ©tude touche Ă©galement Ă la productivitĂ©. Pourquoi cette thĂ©matiqueâ?
Quand on compare notre situation Ă celle des principaux acteurs europĂ©ens, la diffĂ©rence est marquante. Les entreprises ont souvent eu recours Ă lâexternalisation ou Ă la dĂ©localisation pour maintenir leur compĂ©titivitĂ©. Nos chiffres rĂ©vĂšlent clairement cette tendance. Le secteur financier, par exemple, nâa montrĂ© aucune progression de la valeur ajoutĂ©e par employĂ© depuis des annĂ©es, ce qui est prĂ©occupant.
Dans quelle direction faudrait-il renforcer le dĂ©veloppement de la place financiĂšreâ?
Il est essentiel de renforcer notre stratĂ©gie de dĂ©veloppement, surtout en incorporant des innovations rĂ©centes, comme la finance verte et lâIA, sans attendre. IntĂ©grer lâIA dans nos services financiers pourrait accroĂźtre non seulement notre compĂ©titivitĂ©, mais aussi notre productivitĂ©. Il est aussi crucial de voir la finance en lien avec dâautres secteurs, comme lâICT ou les services professionnels.
Comment voyez-vous le rĂŽle de lâIA dans cette configurationâ?
Avec lâarrivĂ©e de nouvelles rĂ©glementations, lâIA pourrait ĂȘtre notre alliĂ©e. Jâai eu une
discussion Ă ce sujet avec des experts et nous sommes tous dâaccordâ: il est urgent que le Luxembourg se montre proactif en investissant massivement dans ce domaine, dans les secteurs public et privĂ©, afin de crĂ©er un effet multiplicateur.
LâĂ©cosystĂšme du pays est-il suffisamment outillĂ© pour aller dans cette directionâ? Il y a un hic. Nous nâavons pas encore vu dâentreprise spĂ©cialisĂ©e dans lâIA sâĂ©tablir au Luxembourg, malgrĂ© des investissements en recherche publique. Il faudrait peut-ĂȘtre une refonte de la stratĂ©gie dâIA, considĂ©rant les nouvelles directives ESG et les avancĂ©es technologiques.
Vous avez Ă©voquĂ© les pĂ©nuries de talents. Comment pourrait-on surmonter ce dĂ©fiâ? PremiĂšrement, nous nâavons pas vraiment exploitĂ© le potentiel de reskilling et dâupskilling de notre main-dâĆuvre actuelle. LâidĂ©al serait de former les employĂ©s Ă leur futur emploi en intĂ©grant lâutilisation de lâIA ou des technologies vertes, par exemple, avec une politique de soutien plus favorable. Sur le plan du recrutement, nous nâavons pas suffisamment valorisĂ© le Luxembourg Ă lâĂ©tranger comme un lieu offrant dâexcellentes opportunitĂ©s de carriĂšre. Il faut crĂ©er des partenariats Ă long terme avec des universitĂ©s choisies, proposer des stages et sâassurer que les stagiaires bĂ©nĂ©ficient dâun soutien adĂ©quat. Chaque entreprise au Luxembourg travaille de son cĂŽtĂ©, mais une approche mutualisĂ©e serait plus efficace.
Les activitĂ©s principales du secteur financier (banque et assurance) ont vu une diminution de leur valeur ajoutĂ©e de 846 millions dâeuros entre 2015 et 2020. En 2022, bien quâelles prĂ©sentent une production stable avec une valeur ajoutĂ©e de 3,4 milliards dâeuros, la croissance par employĂ© nâest que de 2,4â% depuis 2015.
Vous notez dans vos recommandations que le Luxembourg aurait tout Ă bĂ©nĂ©ficier de la crĂ©ation dâune plateforme dâinvestissement multiinvestisseurs publics et privĂ©s. Pouvez-vous expliquerâ?
Une plateforme dâinvestissement regroupe Ă la fois des projets privĂ©s europĂ©ens Ă financer, sĂ©lectionnĂ©s pour leur qualitĂ© et leur potentiel, et des investisseurs publics et privĂ©s Ă la recherche de ce type de projets, en particulier dans des domaines technologiques nouveaux, comme les matĂ©riaux, lâhydrogĂšne ou la cybersĂ©curitĂ©, qui pĂątissent dâun manque dâinvestissement significatif. En opĂ©rant cette plateforme, le Luxembourg aurait une vue sur les meilleurs projets Ă attirer et dĂ©velopper localement.
Quel potentiel percevez-vous de la crĂ©ation dâune telle plateformeâ?
Le Luxembourg a le potentiel pour devenir un pĂŽle central, crĂ©ant des plateformes dâinvestissement thĂ©matiques qui combinent diffĂ©rents Ă©cosystĂšmes dâinnovation et divers investisseurs. Cela positionnerait le pays comme un opĂ©rateur-clĂ© des plateformes dâinnovation digitale ou de technologies environnementales en Europe et renforcerait ainsi son rĂŽle central dans les fonds dâinvestissement, avec en plus une vue sur les meilleurs projets europĂ©ens.
Ce qui aurait, par consĂ©quent, certains effets dĂ©multiplicateursâ?
Pour le dire simplement, plutĂŽt que dâavoir un seul fonds dâinvestissement filtrant les projets, une plateforme dâinvestissement pourrait permettre Ă un projet dâĂȘtre Ă©valuĂ© simultanĂ©ment par de nombreux fonds. Cela accĂ©lĂ©rerait considĂ©rablement le processus pour les innovateurs, qui pourraient obtenir des retours et du soutien beaucoup plus rapidement. Pour les investisseurs publics, cela permettrait dâattirer des co-investissements privĂ©s. Selon nos expĂ©riences, nous constatons un facteur 10 de co-investissement. Le Luxembourg pourrait jouer un rĂŽle essentiel dans cette dynamique en investissant dans des fonds publics et en soutenant ces plateformes dâun point de vue opĂ©rationnel, en collaboration avec la Banque europĂ©enne dâinvestissement (BEI) et le Fonds europĂ©en dâinvestissement (FEI).
Depuis deux dĂ©cennies, lâattractivitĂ© de lâĂ©conomie luxembourgeoise est sous les projecteurs. Pourtant, les dĂ©fis mis en lumiĂšre par le rapport FontagnĂ© en 2004 persistent, amplifiĂ©s par des chocs contemporainsâ: menaces gĂ©opolitiques, transition Ă©cologique et transformation digitale.
Traditionnellement, le Luxembourg sâimpose dans le peloton de tĂȘte des classements internationaux, comme lâa soulignĂ© lâObservatoire de la compĂ©titivitĂ© dans son rapport de mars 2023. Selon cette institution consultative, le Grand-DuchĂ© prĂ©serve sa compĂ©titivitĂ© Ă un niveau Ă©levĂ©, Ă©tayĂ© par une stabilitĂ© politique et macroĂ©conomique, une notation de crĂ©dit triple A, un climat dâaffaires propice et une rĂ©glementation favorable, sans oublier un attrait international indĂ©niable. En effet, lâaspect international est une caractĂ©ristique-clĂ© du Luxembourg. En 2021, il sâest hissĂ© Ă la
5e place du Globalisation Index du KOF Swiss Economic Institute, renforçant son identitĂ© dâĂ©conomie ouverte et mondialisĂ©e. Fort dâune main-dâĆuvre composĂ©e Ă 75â% dâĂ©trangers, le Luxembourg, vĂ©ritable Ă©picentre europĂ©en, attire les grandes entreprises internationales. GrĂące Ă sa place de 4e pays le plus stable politiquement sur 132, selon la Cornell University, lâInsead et la World Intellectual Property Organization, le Luxembourg dĂ©montre sa fiabilitĂ© et inspire confiance aux investisseurs internationaux. Cependant, tout nâest pas rose. LâObservatoire de la compĂ©titivitĂ© signalait,
dĂ©jĂ en mars 2023, un «âlĂ©ger dĂ©clinâ» de la compĂ©titivitĂ© territoriale du paysâ: «âLe coĂ»t de la main-dâĆuvre, lâĂ©volution des prix, la compĂ©titivitĂ© sur le plan fiscal, les pratiques managĂ©riales de gestion dâentreprise ou encore lâĂ©volution atone de la productivitĂ© sont considĂ©rĂ©s comme des points Ă amĂ©liorer.â»
Une chute brutale
Depuis lors, les choses ne se sont pas amĂ©liorĂ©es. Le 20 juin 2023, lâinstitut suisse International Institute for Management Development (IMD) mettait Ă jour son World Competitiveness Yearbook (WCY), vĂ©ritable boussole de lâattractivitĂ©. Et lĂ , câest le choc tant redoutĂ©. Le Luxembourg, qui nâavait jamais flĂ©chi en dessous de la 15e position, chute brutalement de sept places en une seule annĂ©e, dĂ©gringolant de la 13e, en 2022, Ă la 20e, en 2023 1 .
RĂ©agissant Ă cette descente en flĂšche, la Chambre de commerce se montre inquiĂšteâ:
«âEn reculant de sept places, le Luxembourg perd du terrain par rapport Ă des Ă©conomies dont il a toujours Ă©tĂ© proche en termes de performancesâ: la Suisse, lâIrlande, les Pays-
Bas, Singapour, la SuĂšde.â» Plus alarmant encore, lâĂ©cart avec ces concurrents historiques se creuse, tandis que de nouveaux challengers font leur apparition. «âIl est surtout devancĂ© par des pays qui ne sâĂ©taient jamais montrĂ©s plus compĂ©titifs que lui dans la derniĂšre dĂ©cennieâ: la Belgique, lâIslande, lâArabie saoudite, la RĂ©publique tchĂšque ou encore lâAustralie.â»
La faiblesse des performances économiques
Le dĂ©crochage du Luxembourg sur le terrain de la compĂ©titivitĂ© sâexplique essentiellement par la dĂ©gradation de son score en matiĂšre de performances Ă©conomiques. La causeâ? Un niveau de croissance infĂ©rieur Ă celui dâĂ©conomies concurrentes, analyse la Chambre de commerce. En effet, sur le
Entre 2022 et 2023, le Luxembourg a dĂ©gringolĂ© de sept places au World Competitiveness Yearbook (WCY) de lâinstitut suisse IMD, atteignant son pire score de lâhistoire du classement.
pilier «âPerformances Ă©conomiquesâ» du WCY, le Luxembourg chute de la 1re place, en 2022, Ă la 38e place, laissant la pole position Ă lâIrlandeâŠ
Il convient toutefois de nuancer le bilan Ă©conomique du pays. La performance Ă©conomique modĂ©rĂ©e du Luxembourg en 2022, marquĂ©e par une croissance de 1,5â%, doit ĂȘtre mise en perspective avec sa rĂ©silience pendant la pandĂ©mie. En 2020, le recul du PIB du pays (-0,8â%) Ă©tait bien en deçà de la moyenne europĂ©enne (-5,6â%). MalgrĂ© une croissance similaire aux autres pays de lâUE en 2021, le Luxembourg nâa pas bĂ©nĂ©ficiĂ© dâun effet rebond en 2022, contrairement aux autres Ă©conomies europĂ©ennes toujours en phase de rattrapage avec une croissance de 3,5â%.
Le moral des chefs dâentreprise ConfrontĂ©s Ă un ralentissement Ă©conomique en 2023, les dirigeants dâentreprise du Luxembourg sont en alerte maximale. La derniĂšre Ă©dition de lâAnnual Global CEO Survey de PwC dĂ©peint un tableau sombreâ: 78â% des CEO du Luxembourg ont une vision pessimiste de la croissance, surpassant le pessimisme moyen Ă lâĂ©chelle mondiale qui se situe Ă 74â%. Câest un contraste frappant par rapport Ă lâoptimisme affichĂ© en 2021, oĂč la plupart des CEO Ă©taient confiants dans la perspective dâune croissance positive. Les CEO du Luxembourg ont identifiĂ© deux principales sources dâinquiĂ©tudeâ: lâinflation et la volatilitĂ©. Des prĂ©occupations quâils ne rĂ©servent pas seulement Ă lâannĂ©e en cours, mais quâils anticipent pour la prochaine dĂ©cennie 2 .
Au-delĂ de ces prĂ©occupations Ă©conomiques, la cybersĂ©curitĂ© est devenue un point dâattention majeur. Les dirigeants au Grand-DuchĂ© voient dans les cybermenaces une rĂ©alitĂ© quotidienne et inĂ©vitable. Ils prĂ©voient une montĂ©e de ces menacesâ: 28â% dâentre eux sâattendent Ă y faire face cette annĂ©e â un chiffre qui grimpe Ă 32â% sur cinq ans, surpassant la moyenne mondiale de 25â%. Quant aux dĂ©fis futurs, les entreprises luxembourgeoises Ă©clairent certains risques spĂ©cifiques qui pourraient entraver leur rentabilitĂ©. Pour 80â% des CEO des entreprises financiĂšres, ce sont les change-
Au premier semestre 2023, le score du BaromĂštre de lâĂ©conomie Ă©tait Ă son niveau le plus bas depuis 2019. Mis au point par la Chambre de commerce, il calcule un score basĂ© sur la moyenne de sept indicateurs de conjoncture.
ments rĂ©glementaires qui inquiĂštent le plus, surpassant de loin la moyenne mondiale (65â%). Pour les entreprises non financiĂšres, câest la pĂ©nurie de talents qui prĂ©domine, avec 74â% des dirigeants concernĂ©s â un chiffre, lĂ encore, bien au-dessus de la moyenne mondiale (55â%) 3 .
Confiance et productivité
Devant ces dĂ©fis, les dirigeants luxembourgeois prennent les devantsâ: 73â% dâentre eux envisagent dâinvestir dans la formation continue, 72â% dans lâautomatisation des processus et 67â% dans lâadoption de technologies avancĂ©es comme le cloud ou lâIA. Pourtant, seuls 29â% envisagent de se tourner vers des modĂšles dâaffaires dĂ©carbonĂ©s, un chiffre lĂ©gĂšrement infĂ©rieur Ă la moyenne mondiale de 31â%. La confiance des CEO dâentreprise vacille dans le contexte Ă©conomique actuel, comme en tĂ©moigne le BaromĂštre de lâĂ©conomie pour le premier semestre 2023. Un tiers des entreprises ont connu une baisse de leur activitĂ© au cours des six derniers mois, et les perspectives pour le second semestre 2023 ne sont guĂšre plus
42,1â%
Câest ce que reprĂ©sente le secteur financier (banques, compagnies dâassurances et asset managers) dans la production nationale. Ăgalement, le secteur contribue Ă 24,3â% de la croissance de la valeur ajoutĂ©e et reprĂ©sente 9,7â% des offres dâemploi. De ce fait, lâĂ©conomie luxembourgeoise reste hyperdĂ©pendante de son secteur financier.
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MesurĂ©e Ă travers la gross value added â sur une base 100 â, une mesure Ă©conomique qui reprĂ©sente la valeur des biens et services produits, la productivitĂ© du Luxembourg se trouve bien derriĂšre les champions europĂ©ens en la matiĂšre. Depuis 2016, la productivitĂ© de lâĂ©conomie luxembourgeoise affiche mĂȘme un recul significatif. 2016 2022
G-I: Commerce de gros et de détail, hébergement et restauration, transport
J: Information
M-N: Activités spécialisées, scientifiques et techniques, activités administratives
optimistes 3 . La rentabilitĂ© et les investissements sont dans la ligne de mireâ: une entreprise sur trois anticipe une baisse Ă court terme. Les secteurs de lâindustrie, de la restauration, de la construction et du commerce sont en premiĂšre ligne dans ce climat Ă©conomique difficile. Des interrogations Ă©mergent Ă©galement autour de la productivitĂ© du Luxembourg. Selon les analyses de PwC Luxembourg, depuis 2015, le pays enregistre le taux de croissance de productivitĂ© le plus faible dâEurope. Il est loin derriĂšre les champions europĂ©ens en la matiĂšre 4 . La valeur ajoutĂ©e brute diminue pour la plupart des secteurs-clĂ©s du Luxembourg. Par exemple, le secteur financier, pivot central de lâĂ©conomie du pays, a perdu 7,6 points de productivitĂ© entre 2016 et 2022. Ă noter que ce secteur continue pourtant de progresser Ă lâĂ©chelle europĂ©enne.
Un air de déjà -vu
La menace qui plane sur la productivitĂ© de lâĂ©conomie rĂ©sonne fortement avec les Ă©chos du rapport FontagnĂ© de 2004, pierre angulaire de la crĂ©ation de lâObservatoire de la compĂ©titivitĂ©. Ce rapport, qui a façonnĂ© les principes fondamentaux de la doctrine de compĂ©titivitĂ© du Luxembourg, concluaitâ: «âEn termes dâanalyse Ă©conomique, on sâoriente vers une Ă©conomie de rentes.â» Il dĂ©crivait ainsi un systĂšme Ă©conomique oĂč une part consĂ©quente des revenus dĂ©coule de monopoles ou dâune ressource spĂ©cifique, plutĂŽt que de la production de biens et services. Certes, ce modĂšle prĂ©sente plusieurs avantages, mais il nâest pas exempt de vulnĂ©rabilitĂ©s critiquesâ: la volatilitĂ© des prix, une distribution mal ajustĂ©e des richesses, et une carence dâinnovation. Ce sont autant de pĂ©rils imminents, alors que la production
du Luxembourg repose Ă hauteur de 42,1â% sur son secteur financier. Sans compter que lâĂ©conomie se trouve confrontĂ©e Ă une inflation galopante, et les investissements en faveur de lâinnovation doivent ĂȘtre dĂ©cuplĂ©s pour franchir le pas de la transition Ă©nergĂ©tique et de la transformation digitale.
Retrouvez la vidĂ©o de la table ronde sur lâattractivitĂ© dans son intĂ©gralitĂ© et en replay sur paperjam.lu.
La prochaine lĂ©gislature pourra difficilement Ă©viter de sâemparer du dossier fiscal. Les enjeux sont nombreuxâ: une dette publique par rapport au PIB qui se rapproche du seuil des 30â%, des incertitudes quant au systĂšme des pensions, lâattractivitĂ© fiscale en question, un secteur financier en perte de vitesseâŠ
Dans le sillage du conflit ukrainien, le Luxembourg a dĂ©montrĂ© une notable rĂ©silience grĂące Ă des mesures budgĂ©taires clĂ©s, rapportait le Fonds monĂ©taire international (FMI), fin mai 2023. MalgrĂ© une Ă©conomie en ralentissement, des interventions gouvernementales â incluant des contrĂŽles de prix et des allĂšgements fiscaux â ont rĂ©ussi Ă attĂ©nuer lâimpact de lâinflation, alimentĂ©e par la hausse des coĂ»ts Ă©nergĂ©tiques. Pour rappel, face Ă la crise Ă©nergĂ©tique, le gouvernement luxembourgeois a adoptĂ© plusieurs mesures de soutien pour les
mĂ©nages et les entreprises, comme le rapporte le FMI. Des contrĂŽles de prix et des rĂ©ductions dâimpĂŽts ont Ă©tĂ© instaurĂ©s pour soulager la pression financiĂšre. Un accord tripartite, en mars 2022, a permis de reporter la deuxiĂšme indexation des salaires Ă avril 2023.
Le gouvernement a Ă©galement introduit des mesures pour compenser les pertes de revenus, dont des crĂ©dits dâimpĂŽt progressifs et des transferts en espĂšces pour les mĂ©nages Ă faible revenu. Des programmes spĂ©cifiques, tels que EnergiedĂ«sch et Soli-
daritĂ©itspak 1.0, ont stabilisĂ© les prix de lâĂ©lectricitĂ© et offert des subventions pour le gaz, des rĂ©ductions de taxes sur le carburant, ainsi quâun soutien financier pour les entreprises Ă©nergivores.
En septembre 2022, le SolidaritĂ©itspak 2.0 a Ă©tĂ© lancĂ©, incluant des plafonds sur les prix du gaz, un gel des prix de lâĂ©lectricitĂ©, des subventions pour le fioul de chauffage, et une rĂ©duction temporaire de la TVA. En dĂ©but dâannĂ©e 2023, une augmentation de 3,2â% des salaires minimums a Ă©tĂ© appliquĂ©e, sâajoutant aux indexations salariales.
Une croissance modĂ©rĂ©e de 1,1â% est cependant attendue en 2023, mais lâĂ©conomie du pays devrait se rĂ©tablir progressivement Ă moyen terme 2
La dette publique se creuse
En matiĂšre de finances publiques, au second semestre 2022, le Luxembourg a enregistrĂ© une lĂ©gĂšre baisse des revenus budgĂ©taires, rĂ©sultat du ralentissement Ă©conomique et de lâactivation des mesures de soutien budgĂ©taire. NĂ©anmoins, une
relation favorable entre les taux dâintĂ©rĂȘt et la croissance a permis de maintenir la dette publique stable Ă environ 24,5â% du PIB en 2022. Les impacts financiers des accords tripartites sont clairement ressentis sur les finances publiques. Cependant, grĂące au soutien dâun solde excĂ©dentaire de la SĂ©curitĂ© sociale, le dĂ©ficit des administrations publiques devrait ĂȘtre limitĂ© Ă -1,23â% du PIB en 2023, et Ă -1,51â% du PIB en 2024. Il est important de souligner que le solde des administrations publiques Ă©tait positif en 2022.
MalgrĂ© tout, dans ses derniĂšres observations, le FMI a tirĂ© la sonnette dâalarme, avertissant que le seuil de 30â% de dette publique par rapport au PIB se rapproche Ă grands pas â une situation qui requiert une attention particuliĂšre. La question est dĂ©sormais posĂ©eâ: lâhorizon du seuil de 30â% de dette par rapport au PIB pourrait-il ĂȘtre dĂ©passĂ© avant la fin de la dĂ©cennieâ? 4
Les finances publiques sous pression Sous le poids dâune pression accrue, la situation budgĂ©taire du Luxembourg est devenue une prĂ©occupation majeure, avertit le FMI. Un potentiel ralentissement Ă©conomique, notamment dans le domaine des exportations, pourrait entraĂźner une chute des revenus plus importante que prĂ©vu. Dâautre part, les dĂ©penses engagĂ©es dans le cadre des mesures de solidaritĂ© restent incertaines, dĂ©pendant fortement des fluctuations des prix de lâĂ©nergie et de la durĂ©e de lâinflation.
Face Ă lâincertitude, le FMI prĂ©conise une approche budgĂ©taire neutre pour la pĂ©riode 2023-2024. Selon lâorganisation, cet Ă©quilibre peut ĂȘtre atteint en reportant les embauches dans le secteur public et en rationalisant certaines dĂ©penses. Toutefois, il est essentiel de maintenir les investissements et dâaffiner le soutien Ă©nergĂ©tique pour maximiser son efficacitĂ©.
De plus, le FMI propose une mesure exceptionnelle en cas de chocs de lâoffreâ: la suspension de lâindexation des salaires. Un recours Ă cette mesure drastique permettrait de prĂ©server lâĂ©quilibre budgĂ©taire tout en absorbant lâimpact potentiel dâun choc Ă©conomique.
Si la dette explicite du Luxembourg est lâune des plus basses dâEurope, il en est tout le contraire pour sa dette implicite. Dette explicite Dette implicite En pourcentage du PIB
Il faudrait attendre 2025 pour retrouver une croissance du PIB qui dĂ©passe les 2â%, selon les prĂ©visions du Fonds monĂ©taire international.
La productivitĂ© des activitĂ©s financiĂšres et dâassurance, mesurĂ©e par la valeur ajoutĂ©e brute (VAB). 2016 2022
Lâhorizon du seuil de 30â% de dette par rapport au PIB pourrait-il ĂȘtre dĂ©passĂ© avant la fin de la dĂ©cennieâ?
Dette brute nominale (mrds âŹ) Recettes fiscales (mrds âŹ) Ratio detteâ/âPIB (%)
Pensions et dette implicite
Dans ce contexte, une prĂ©occupation concernant le systĂšme de pension apparaĂźt. DâaprĂšs les prĂ©visions du FMI, sans intervention, le systĂšme de pension pourrait accentuer le dĂ©ficit public et Ă©puiser entiĂšrement les rĂ©serves dâici 2047.
Une rĂ©forme de ce systĂšme pourrait non seulement maintenir sa viabilitĂ©, mais Ă©galement libĂ©rer des fonds pour des investissements ciblĂ©s et amĂ©liorer lâĂ©quitĂ© intergĂ©nĂ©rationnelle. Cela pourrait inclure des mesures pour dĂ©courager le dĂ©part en retraite anticipĂ©e et rendre le systĂšme de pension moins gĂ©nĂ©reux.
Au-delĂ des chiffres manifestes des finances publiques, il est essentiel dâexaminer la dette cachĂ©e des Ătats. Cette derniĂšre, Ă©galement connue sous le nom de «âdette impliciteâ», englobe les obligations financiĂšres futures qui sont essentielles pour honorer les engagements de lâĂtat, mais qui ne sont pas reflĂ©tĂ©es dans les statistiques nationales courantes, Ă lâinstar
des promesses de pensions. DâaprĂšs les calculs du cabinet dâaudit PwC, la dette implicite du Luxembourg atteignait le niveau vertigineux de 517â% en 2019 1 . Il est Ă noter quâune dette implicite considĂ©rable pourrait dĂ©couler dâune hausse des dĂ©penses de retraite si le systĂšme de pension demeure inchangĂ© face Ă une dĂ©mographie fluctuante.
La compétition fiscale
Le paysage fiscal luxembourgeois rĂ©vĂšle une tendance inquiĂ©tanteâ: le taux dâimposition net moyen pour les cĂ©libataires sans enfant sâest considĂ©rablement accru depuis 20 ans, surpassant la moyenne europĂ©enne et celle des pays de lâOCDE.
Dans le mĂȘme temps, une compĂ©tition fiscale fĂ©roce sâest installĂ©e, alors que lâUE et les instances internationales renforçaient leurs rĂ©gulations. Les chiffres parlent dâeux-mĂȘmesâ: entre 2000 et 2022, au sein de lâOCDE, le taux dâimposition des entreprises a chutĂ© dans 97 juridictions
Un secteur financier de «âtaille normaleâ» entraĂźnerait une perte minimale de 3 milliards dâeuros pour le budget de lâĂtat, estime PwC Luxembourg. Câest sans compter quâune telle rĂ©duction impliquerait la perte dâau moins 53.820 emplois directs, un dĂ©ficit commercial de 22,1 milliards dâeuros et une diminution dâau moins 25â% du PIB.
Câest la rentrĂ©e pour votre Ă©pargne, coincĂ©e entre des frais trop Ă©levĂ©s et une forte inflation au Grand-DuchĂ©. Alors, posez-vous les bonnes questions !
La rentrĂ©e permet de faire le bilan et de prendre des dĂ©cisions pour lâannĂ©e. Pour votre Ă©pargne, voici deux questions que vous pouvez vous poser :
1. Combien lâinflation mâa-t-elle coĂ»tĂ© en 2023 ?
2. Combien les frais mâont-ils coĂ»tĂ© en 2023 ?
Vous ne savez pas rĂ©pondre Ă ces questions? Et bien vous nâĂȘtes pas les seuls ! Au Luxembourg 80 % des gens dĂ©clarent que lâĂ©cole ne les a pas bien prĂ©parĂ©s Ă gĂ©rer leurs finances.
Alors comment faire quand les pensions baissent, quand lâinflation est au-dessus des 4 % et que les fr ais moyens des fonds dâĂ©pargne sont Ă 2 % ? A ccepter de voir son Ă©pargne fondre comme neige au soleil ?
D e lâargent durement gagnĂ© ne devrait pas ĂȘtre laissĂ© dans la poche de votre banquier ou perdu face Ă lâinflation. Alors prenez en main votre Ă©pargne !
Et il vaut mieux dĂ©marrer du bon pied et rĂ©duire les risques en adoptant directement trois principes clĂ©s - issus des recherches de Prix Nobel dâĂconomiepour votre Ă©pargne:
1. Investir Ă long terme;
2. Investir petit Ă petit, pas en une seule fois;
3. Investir de maniÚre diversifiée, grùce aux fonds indiciels par exemple (les ETF).
Sâils vous conviennent, les plans dâĂ©pargne en ETF sans frais de courtage peuvent rĂ©pondre Ă ces principes en toute simplicitĂ©.
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EN_SAVOIR_PLUS
MATTHIAS BACCINO
Markets - Group Lead
matthias.baccino@traderepublic.com
https://traderepublic.com/fr-lu
Seuls 46â% des PDG du secteur financier estiment que leur entreprise continuera dâĂȘtre Ă©conomiquement viable au Grand-DuchĂ© pendant plus de 10 ans â contre plus de 70â% de leurs pairs en Irlande, au Royaume-Uni et aux Ătats-Unis, selon le 26e PwC Annual Global CEO Survey.
Luxembourg Irlande Grande-Bretagne Ătats-Unis
et nâa augmentĂ© que dans six. Concernant le Luxembourg, son taux dâimposition des entreprises est aux alentours de 25â% â bien supĂ©rieur Ă la moyenne de lâOCDE et Ă la mĂ©diane europĂ©enne de 21â%. Ce taux surpasse largement celui de concurrents directs comme lâIrlande, dont le taux est presque deux fois moindre.
Le BaromĂštre de lâĂ©conomie du premier semestre 2023 de la Chambre de commerce rĂ©vĂšle que la fiscalitĂ© des entreprises est une prĂ©occupation majeure des dirigeants Ă©conomiques, et 32â% dâentre eux estiment quâune fiscalitĂ© plus favorable serait un atout pour le secteur financier luxembourgeois.
La prĂ©pondĂ©rance du secteur financier Le secteur financier au Luxembourg, bien quâil soit qualifiĂ© de «âsurdimensionnĂ©â», reprĂ©sente une part considĂ©rable de lâĂ©conomie du pays. Il contribue non seulement de maniĂšre significative aux recettes fiscales de lâĂtat, mais il est Ă©galement le
principal moteur de la production du pays, reprĂ©sentant 42,1â% de celle-ci. Cependant, malgrĂ© ces contributions considĂ©rables, la productivitĂ© du secteur financier luxembourgeois reste en deçà de la moyenne europĂ©enne de 109,2 points, se trouvant Ă la traĂźne par rapport Ă des pays comme lâIrlande, la France, lâAllemagne, la Belgique, la RĂ©publique tchĂšque et la Pologne. Un dĂ©clin de la productivitĂ© dans ce secteur pourrait entraĂźner une baisse de la valeur ajoutĂ©e brute gĂ©nĂ©rĂ©e, ce qui se traduirait par une diminution des recettes fiscales tirĂ©es des impĂŽts directs 3 .
Dans lâensemble, la confiance des CEO de la Place semble ĂȘtre en dĂ©clinâ: moins de la moitiĂ© dâentre eux envisagent une viabilitĂ© Ă©conomique Ă long terme pour leurs entreprises dans le pays 5 . Cette situation est dâautant plus prĂ©occupante que le Luxembourg dĂ©pend largement de son secteur financier pour soutenir son Ă©conomie et ses finances publiques. Comparativement, les CEO de la place finan-
ciĂšre en Irlande, au Royaume-Uni et aux Ătats-Unis affichent une confiance beaucoup plus Ă©levĂ©e dans la pĂ©rennitĂ© de leurs activitĂ©s financiĂšres.
Retrouvez la vidéo de la table ronde sur la fiscalité dans son intégralité et en replay sur paperjam.lu.
Understanding FATCA and CRS regulations is crucial for global financial compliance. Three questions to Marco Scappaticci, FATCA-CRS expert at Value Partners.
Could you briefly explain what FATCA and CRS are, and how they apply to companies in Luxembourg?
FATCA is a U.S. regulation and CRS is a global initiative, both aimed at combating tax evasion through an automatic exchange of financial account information. In Luxembourg, qualifying companies must report to the Administration des Contributions Directes, which then automatically exchange the information with its relevant global counterparts.
What pragmatic steps can organisations take to ensure they meet regulatory requirements and avoid potential penalties?
Complexity often arises due to varying interpretations, data integrity, and changing regulations. Correct classification under FATCA and CRS is pivotal for meeting
international tax obligations and avoiding penalties. Organisations should invest in thorough training on FATCA and CRS guidelines. Routine internal audits and external consultations can provide valuable insights into how well these guidelines are being followed.
If you are committed to meeting all FATCA-CRS requirements, what strategies are recommended?
The most effective strategies focus on meticulous interpretation of the rules coupled with a multi-departmental approach for accurate data gathering. Securing specialised guidance in these areas is highly recommended. In this context, Value Partners offers a comprehensive suite of services, including specialised FATCA-CRS assistance, review, and monitoring. Our tailored solutions help alleviate the burden of complying to these requirements, enabling you to concentrate on core business objectives.
Dans le contexte des Ă©lections lĂ©gislatives, lâACL a consultĂ© ses membres en les invitant Ă rĂ©pondre Ă un questionnaire en ligne sur leurs attentes de matiĂšre de mobilitĂ©.
ReprĂ©sentant prĂšs de 190 000 membres au Luxembourg, lâAutomobile Club du Luxembourg (ACL) sâest engagĂ© Ă soutenir les initiatives favorisant une mobilitĂ© individuelle sĂ»re, abordable et durable. Ă lâapproche des Ă©lections lĂ©gislatives, il nous a paru indispensable de sonder nos membres aïŹn de relayer leurs attentes auprĂšs des candidats au pouvoir. Il en ressort que la quasi-unanimitĂ© de nos membres pense que les responsables politiques devraient accorder plus dâimportance aux problĂšmes de mobilitĂ©. Ils sont dâailleurs plus de 60 % Ă dire que la place accordĂ©e Ă la mobilitĂ© dans les programmes Ă©lectoraux inïŹuencera leur vote.
Le chemin vers une mobilitĂ© plus durable et la pĂ©riode de transition qui lâaccompagne suscitent en effet de
nombreuses interrogations auprĂšs du grand public. Le manque dâinformation ne fait dâailleurs que renforcer cette incertitude. Et cela se reflĂšte dans les opinions divergentes de nos membres, notamment sur lâessor dâune mobilitĂ© dĂ©carbonĂ©e, Ă©lectrique ou pas.
Ce nâest pas un hasard si quelque 78 % des personnes interrogĂ©es estiment que lâaccent devrait ĂȘtre mis sur les questions de sensibilisation, dâinformation et de formation et comptent sur lâACL pour ĂȘtre leur porte-parole. Cette position trĂšs claire est un encouragement pour lâACL Ă sâexprimer davantage publiquement lorsque les dĂ©cisions prises ne tiennent pas sufïŹsamment compte des problĂšmes et des rĂ©alitĂ©s auxquels nos membres sont confrontĂ©s.
EN SAVOIR PLUS DR YVES WAGNER PrĂ©sident de lâACLt. 45 00 45-1 acl@acl.lu acl.lu
Une participation exceptionnelle
6 742
membres de lâACL ont rĂ©pondu Ă lâenquĂȘte mobilitĂ©*, ce qui montre leur attachement au club
80% automobilistes
63% piétons
31% transports en commun
17% cyclistes
8% motards
La mobilité, un thÚme majeur
des membres pensent que les dĂ©cideurs politiques devraient accorder plus dâimportance aux problĂšmes de mobilitĂ©
des membres estiment que lâimportance accordĂ©e Ă la mobilitĂ© inïŹuencera leur vote
3 propositions recueillant lâapprobation dâune large majoritĂ© de nos membres
86% 78% 78%
La sensibilisation, lâinformation et la formation des usagers de la route
La mise en place de capacités de stationnement « Park & Ride » supplémentaires
La promotion dâalternatives Ă©coresponsables autres que lâĂ©lectromobilitĂ©
Scannez pour accĂ©der Ă lâenquĂȘte complĂšte
+1.600 entreprises membres
+17.000 participants aux événements en 2022
+300 événements et formations par an
Depuis 1998, le Paperjam+Delano Business Club rassemble des entrepreneurs, des dirigeants de TPE, de PME et de grandes firmes internationales et dâautres dĂ©cideurs influents issus des principaux secteurs Ă©conomiques, notamment la place financiĂšre, la technologie (ICT), lâimmobilier et des mĂ©tiers qui les supportent, telles la communication et les ressources humaines.
Chaque annĂ©e, le Paperjam+Delano Business Club organise une centaine dâĂ©vĂ©nements oĂč chaque membre peut puiser de lâinspiration, sur scĂšne ou dans le contact direct avec les dirigeants de plus de 1.600 entreprises membres.
Le Paperjam+Delano Business Club, câest aussi une Academy âun centre de formation agréé par lâĂtat â qui offre plus de 200 modules de formation par an, hard et soft skills, cours avancĂ©s et autres workshops.
Jean-Pierre Zigrand (Systemic Risk Centre) Paperjamâs 2nd Real Estate Seated Dinner Party 29.09.2022 PwC LuxembourgĂtre partenaire Ă©vĂ©nementiel du Paperjam+Delano Business Club, câest profiter de ses audiences hautement qualifiĂ©es, avant, pendant et aprĂšs un Ă©vĂ©nement pour promouvoir votre entreprise, vos atouts et vos marques.
DĂ©veloppez votre image de marque via lâĂ©cosystĂšme Paperjam+Delano et profitez dâune welcome interview, dâune carte blanche, des e-News, des communiquĂ©s de presse. AmĂ©liorez votre visibilitĂ© via le Business Guide et recrutez vos futurs talents en plaçant vos offres dâemploi sur le Job board.
Le Paperjam+Delano Business Club est ouvert Ă toutes les entreprises et institutions luxembourgeoises ou en rapport avec le Luxembourg, quels que soient leur secteur dâactivitĂ© et leur taille.
+100 événements par an
10Ă6
En six minutes chacun, dix experts interviennent sur scĂšne devant un public de prĂšs de 600 personnes. Câest le rendez-vous mensuel incontournable du Paperjam+ Delano Business Club, vĂ©ritable format flagship. Les prĂ©sentations sont donnĂ©es en français ou en anglais, selon la prĂ©fĂ©rence de lâintervenant. Une interprĂ©tation simultanĂ©e vers lâanglais et le français est disponible.
10 rendez-vous sont dĂ©jĂ fixĂ©s pour lâannĂ©e 2024 :
24.01 10Ă6 Leading HR Managersâ Challenges 2024
27.02 10Ă6 Female Founders
26.03 10Ă6 Leading CIOsâ Challenges 2024
24.04 10Ă6 New European Bauhaus (en collaboration avec lâOAI)
10Ă6 Entrepreneurship: Lessons Learned
Avec les journalistes de Paperjam et Delano, en lien avec le contenu publié par les rédactions, le Paperjam+Delano Business Club propose une série de conférences sur les enjeux business. Avant-goût de la
+ CEOs- & Entrepreneurs-
13.
Anniversary Party & Delanoâs Annual Expat Guide Release PartyâŠ
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Trois concepts, trois expĂ©riences culinaires, un food hallâ: bienvenue chez G.A.N.G.â! Le plus grand food court luxembourgeois a ouvert ses portes en grande pompe durant la braderie, en plein cĆur de la Belle Ătoile.
Pas moins de 500 personnes sây sont pressĂ©es pour la journĂ©e soft openingâ: si les chanceux clients ont apprĂ©ciĂ© la diversitĂ© de lâoffre et la qualitĂ©, tous se rejoignent sur lâaspect spectaculaire du lieu, que lâon doit Ă la designeuse VĂ©ronique Witmeur. Aux manettes, un duo bien connu au Grand-Duché â StĂ©phanie Jauquet et Salva Barberio â qui mutualisent pour la premiĂšre fois leurs compĂ©tences et leurs talents dans un projet pour le moins ambitieux. Leur ADN imprĂšgne trĂšs largement G.A.N.G., au sein duquel on retrouve un Grand CafĂ© by Red Beef et un «âbar oĂč mangerâ» Um Plateau. Le chef Morris Clip est Ă©galement de la partie, avec Specto, un nouveau concept culinaire pour lequel il a eu totalement carte blancheâ: «âNous souhaitions mettre fin Ă la trilogie entrĂ©e-plat-dessert. Morris Clip a ainsi choisi de travailler sa carte en fonction de diffĂ©rents modes de cuisson (barbecue japonais, wok, four Ă charbon et deep fried), sous forme
de petites assiettes, afin que le client puisse crĂ©er sa propre expĂ©rience de dĂ©gustationâ», explique ClĂ©mentine Venck, directrice gĂ©nĂ©rale du groupe Cocottes, en charge de la coordination de ce nouveau projet. Enfin, un vaste food hall complĂšte lâoffreâ: pizzas, burgers, spĂ©cialitĂ©s asiatiques⊠LâidĂ©e est bien que tout un chacun trouve de quoi satisfaire ses envies, quel que soit le moment de la journĂ©e. On aime la prise de commande en ligne, ludique, qui leur permet de faire aussi de la vente Ă emporter. Que les aficionados de la tradition se rassurent, la prise de commande Ă table ou au comptoir reste possible pour ceux qui le souhaitent. Et pourquoi G.A.N.G.â? Pour lâacronyme de GĂ©nĂ©rositĂ©, Amour, Nourriture et GoĂ»t, en rĂ©fĂ©rence aux liens qui les unissent, mais surtout aux valeurs quâils partagent.
G.A.N.G., C.C. Belle Ătoile, route dâArlon, Bertrange @gang.lu
Aline Bourscheid et Clovis
Degrave lancent une nouvelle expĂ©rience culinaireâ: 18 convives prennent place autour dâun comptoir oĂč officient le chef et sa brigade, dans un cadre raffinĂ© conçu par NJOY. «âNous avons créé un espace oĂč la passion pour la gastronomie se mĂȘle Ă une interaction personnelle avec notre Ă©quipe. Chaque repas devient ainsi une performance culinaire Ă part entiĂšre, cĂ©lĂ©brant la crĂ©ativitĂ© et le raffinement.â»
www.gct.lu
CINNAMOOD SâINSTALLE GRAND-RUE
AprĂšs avoir ouvert pas moins de 14 boutiques en Allemagne, Cinnamood sâapprĂȘte Ă conquĂ©rir le Grand-DuchĂ© avec son concept monoproduit autour du cinnamon roll. Aux cĂŽtĂ©s de la recette traditionnelle, Ă la cannelle (dont une version vegan), lâescargot briochĂ© se dĂ©cline en de nombreuses recettes toutes plus gourmandes les unes que les autresâ: pistache, coco, Oreo ou cookie dough @cinnamood_luxembourg
AU PAIN QUOTIDIEN
Lâenseigne belge spĂ©cialisĂ©e dans la boulangerie a ouvert sa premiĂšre adresse dans le centre-ville de Luxembourg, rue Aldringen, sous lâimpulsion de Lou Reiter (passĂ© par Charles Sandwiches Ă Luxembourg et An der Villa Ă Steinfort), qui compte bien apposer sa patte avec des produits frais locaux et des recettes qui font honneur au terroir luxembourgeois et Ă ses traditions.
19, rue Aldringen Luxembourg (Ville Haute)
KACHATELIER
La sociĂ©tĂ© Annen, Ă Â Manternach, a sans doute la cantine la plus chic du pays. Le chef Harald RĂŒssel, Ă©paulĂ© par son fils Maximilian, y ont en effet ouvert Kachatelier, un concept culinaire scindĂ© en deux usagesâ: le midi, une formule lunch attractiveâ; le soir, la cantine se mĂ©tamorphose en bistrot avec deux menus en trois services. Dans les assiettes, des recettes franches et savoureuses, Ă©laborĂ©es Ă partir de produits de saison et locaux.
2, A Lambett, Manternach www.kachatelier-manternach.lu
POUR COME
Le groupe Come continue de sâĂ©tendre avec deux nouvelles adressesâ: Piccolo Come, un ristorante dans toute sa splendeur avec ses plats authentiques et pizzas, et, dernier-nĂ© de la maison, Dolce Come, qui, comme son nom lâindique, met lâaccent sur les douceurs. Cette seconde adresse se veut une traditionnelle gelataria
à goûter impérativement, les brioches siciliennes fourrées de glace artisanale. Une merveille.
Piccolo Comeâ: 20, rue du CurĂ©, Luxembourg (Ville Haute)
Dolce Comeâ: 10, Grand-Rue, Luxembourg (Ville Haute)
AU CONVICT
Son restaurant dâapplication Ă©tant fermĂ© pour travaux, le lycĂ©e hĂŽtelier de Diekirch a dĂ» trouver un plan B. Depuis la rentrĂ©e 2022, le restaurant Alexis-Heck a ainsi pris ses quartiers dans le centre de Luxembourg-ville pour un pop-up provisoireâ: Convict. AprĂšs une fermeture durant les congĂ©s dâĂ©tĂ©, le restaurant reprendra du service dĂšs octobre 2023, Ă lâheure du dĂ©jeuner, afin de permettre aux Ă©tudiants de mettre en application les savoirs et savoirfaire appris durant lâannĂ©e.
5, avenue Marie-ThérÚse Luxembourg
Ă LA GROCERIE
Câest au cĆur de lâĂ©tĂ© quâune nouvelle Ă©picerie fine a ouvert ses portes dans le Grund, sous lâimpulsion de Franz Dickes (ex-Vins Fins), et dont lâattrait principal sera Ă nâen pas douter ses sandwiches au pastrami, prĂ©parĂ©s dans la plus pure rĂšgle de lâart. Autre atout de La Grocerieâ: sa cave Ă vins nature, la plus grande de Luxembourg.
12, rue MĂŒnster Luxembourg (Grund)
POUR LE KONRAD
Bonne nouvelle pour les habitants de Bonnevoieâ: Konrad y a ouvert une seconde adresse, «âsame but differentâ». Si lâon y retrouve tout lâesprit qui a fait le succĂšs de la maison â et son carrot cake, sans doute lâun des meilleurs en ville â, cette seconde adresse proposera une carte plus large, et notamment un brunch dominical. 20, rue du Verger, Bonnevoie
«âJâaime le cĂŽtĂ© graphique de la base en croix de cette chaise, son pied avant inclinĂ©. Elle invite Ă une mise en scĂšne de la position assise.â»
Loehr.co
Chaise L5 Jazz (2021)
David et Julian Löhr
«âDes formes gĂ©omĂ©triques âchunkyâ, prismes purs de couleurs avec des dĂ©gradĂ©s subtils. Ces objets font un trĂšs bel effet associĂ©s en groupe.â»
Chez Kanerz Art (encheres-luxembourg.lu) ou dans les brocantes
Lampes Night and Day (2021-22)
Jos Devriendt
«âPetites sculptures fonctionnelles, ces sĂ©ries de lampes âchampignonâ dĂ©clinĂ©es en faĂŻence, bronze ou porcelaine sont joyeuses, sympathiques, et aussi belles Ă regarder le jour que la nuit.â»
Chez Pierre Marie Giraud (Bruxelles) ou Demisch Danant (New York, Paris)
Chaise Girafa (1986)
Lina Bo Bardi, Marcelo Ferraz et Marcelo Suzuki
Vide-poches et vase en verre de Murano Sommerso (années 1950-1970)
âĂ©pure de lâassiseâ! InspirĂ©e du tabouret dâAlvar Aalto, cette chaise en est une interprĂ©tation tropicale en bois massif brĂ©silien.â»
Chez Marcenaria BaraĂșna
affectionne particuliĂšrement le cĂŽtĂ© brutaliste des cordes de chanvre tressĂ©es, surtout si elles sont, comme ici, associĂ©es Ă une Ă©lĂ©gante structure en bois.â»
En maison de vente chez drouot.com ou quittenbaum.de
Fauteuil Adrien Audoux et Frida Minet (vers 1950)
Vibo Vesoul
Nathalie Jacoby
est architecte dâintĂ©rieur. Avec son agence NJOY, elle a rĂ©alisĂ© de nombreux amĂ©nagements pour des particuliers ou des entreprises, mais aussi des scĂ©nographies pour des institutions culturelles.
«âMarciano by Guess est lâune de mes marques prĂ©fĂ©rĂ©esâ: jây achĂšte la plupart de mes robes. Jâai choisi celle-ci car sa couleur bleue me rappelle les vacances, la mer. Jâaime ces nuances associĂ©es aux motifs gĂ©omĂ©triques, je trouve que cela a un effet apaisant sur moiâ!â»
«âLes vacances dâĂ©tĂ© ont inspirĂ© cette tenue, avec ses couleurs vives, ses motifs floraux. Mais, surtout, je crois que je nâarrive Ă porter cet orange vif que lorsque je suis bronzĂ©eâ! Autre tendance de mon vestiaire, les jupes crayonâ: je trouve que cette piĂšce donne instantanĂ©ment une silhouette trĂšs Ă©lĂ©gante et fĂ©minine.â»
«âJâadore la couleur bourgogne, quâon retrouve sur le motif floral de cette robe ainsi que sur les salomĂ©s que je porte. Jâai pensĂ© cette tenue autour dâune parure de bijoux en grenat de BohĂȘme que mâa transmise ma grand-mĂšre de 93 ans. Elle avait lâhabitude de la porter au théùtre, dans les annĂ©es 60.â»
«âJe suis une adepte des tops courts pour mâentraĂźner pour une seule et bonne raisonâ: cela me motive Ă fond et mâaide Ă garder mes abdominaux contractĂ©s pendant la sĂ©anceâ!
Cette tenue inspirĂ©e par la nature est celle que je porte pour ma routine quotidienne de yoga.â»
«âDans mon dressing, on ne trouve que des marques italiennes, amĂ©ricaines, britanniques ou espagnolesâ: ce sont celles qui correspondent le plus Ă mon style et Ă ma morphologie. Exception faite de Tamaris, une marque allemande,
dont jâaime les chaussures. Les talons aiguilles sont de qualitĂ©, mais surtout confortablesâ! Câest trĂšs important pour moi, car je bouge beaucoup et jâadore porter des talonsâ!â»
DerriĂšre Paperjam et Delano, deux mĂ©dias bien connus, se trouve Maison Moderne, lâentreprise mĂ©dia fondĂ©e par Mike Koedinger il y a 30 ans. Avec 120 collaborateurs, Maison Moderne est un Ă©diteur de presse, un business club et un brand studio.
Depuis prÚs de 25 ans, Paperjam est un média fiable, influent et indépendant.
Leader incontestĂ© de la presse Ă©conomique et financiĂšre, lâĂ©cosystĂšme de Paperjam est la rĂ©fĂ©rence business au Luxembourg et touche 150.000 personnes uniques avec son site web, ses newsletters, son magazine, ses supplĂ©ments, ses horsÂsĂ©ries, son job board, ses canaux sociaux, son programme de formation, ses awards et ses Ă©vĂ©nements.
Les missions de Maison Moderne Offrir une voix indĂ©pendante et influente dans le paysage mĂ©diatique luxembourgeois en proposant un journalisme de qualitĂ© et en Ă©tablissant Paperjam et Delano parmi les principales marques mĂ©dias du pays. Sâengager pour le dĂ©veloppement du Luxembourg Ă long terme en contribuant au changement sociĂ©tal et au rayonnement international du pays.
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