ÉCONOMIE JOURNÉES DE L’ÉCONOMIE 2015
DES DÉBATS À LA HAUTEUR DES ENJEUX
Véritable plateforme de réflexion sur l’économie luxembourgeoise, le deuxième volet des Journées de l’économie a porté sur une thématique d’actualité : le futur modèle économique de l’Europe. Les organisateurs ont misé sur la présence d’invités venus de l’étranger, apportant leurs points de vue et des idées capables d’enrichir le débat. Texte : Annabelle Dullin, Affaires économiques, Chambre de Commerce - Photos : Agence Blitz
A
près des années difficiles, l’activité économique devrait connaître une certaine reprise dans l’Union européenne et dans la zone euro au cours de l’année 2015, avant de s’accélérer de façon plus marquée encore en 2016. Cette année, il est prévu que la croissance atteigne 1,4 % pour la zone euro, pour s’établir à 2,0 % en 2016(1). En effet, depuis le dernier trimestre 2014, la baisse des prix du pétrole s’est accélérée, l’euro s’est considérablement déprécié, la BCE a annoncé un assouplissement quantitatif et la Commission européenne a présenté son plan d’investissement pour l’Europe. Tous ces facteurs devraient avoir un effet positif sur la croissance. Cependant, c’est la plus mauvaise des performances des grandes zones de l’économie mondiale : l’économie est repartie aux États-Unis (+3,1 % et +3,0 % pour le PIB réel respectivement en 2015 et 2016, selon l’OCDE) et en Chine, le rythme a un peu ralenti mais la croissance reste de l’ordre de 7 %, un chiffre qui pourrait bien être dépassé
par l’Inde, qui connaît l’une des croissances les plus rapides au monde depuis une dizaine d’années. La question du modèle économique optimal est une question que nombre d’économistes ont essayé d’élucider sans pour autant trouver une réponse satisfaisante. Afin de mieux cerner la question, il est important d’en saisir la finalité. Pourquoi aspirer à un modèle économique optimal ? Parce que, comme tout individu aspire à son propre bien-être, tout État devrait viser à réaliser le bien-être collectif. À noter que les pays présentant les meilleurs indicateurs de bien-être et de développement sont ceux qui présentent les meilleures performances en termes de croissance(2). Ainsi, le bienêtre collectif n’est guère envisageable sans la croissance. L’Union européenne est aujourd’hui composée de pays aux besoins et fonctionnements économiques propres, avec tous les défis et les opportunités que cet état de fait implique en matière de relance de la croissance. Guntram Wolff,
directeur du Bruegel Institute, considère que la crise a révélé les faiblesses de la zone euro et cristallisé les divergences de points de vue sur les causes et les solutions à apporter. Ajoutées aux problèmes de gouvernance de la zone, celles-ci ont retardé la mise en place de réformes structurelles. Selon M. Wolff, la France et l’Allemagne, économies moteurs de la zone, sont emblématiques de ces divergences.
UN COUPLE, DEUX MODÈLES L’Allemagne est souvent citée comme exemple à suivre. Surplus budgétaire, balance commerciale excédentaire, PIB en croissance depuis près d’une décennie, l’Allemagne se présente aujourd’hui en bon élève de la zone euro, après avoir été « l’homme malade de l’Europe » au début des années 2000. Elle est la quatrième économie du monde après les États-Unis, le Japon et la Chine. Elle en est la deuxième économie exportatrice en volume, après la Chine. Par ailleurs, elle est la première économie de la zone euro, tant par sa population (81 millions d’habitants, soit le quart de la population totale de la zone euro, à comparer avec 66 millions en France) que par son poids dans le PIB de l’Union monétaire (près de 30 % en standard de pouvoir d’achat). Dans la phase d’emballement de la mondialisation des échanges connue durant la première partie des années 2000, l’Allemagne apparaît comme la grande gagnante. Sa stratégie de croissance repo-
Le bien-être collectif n’est guère envisageable sans la croissance. 01.
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