Notes sur le monde des paraboles (SCR2031)

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Les paraboles de Jésus: tout un monde qui nous paraît parfois si simple que nous ne prenons pas le temps de le «visiter», ou si hermétique que nous n’osons pas nous y aventurer. L’auteur s’est livré à une étude personnelle fouillée de ces quelque 42 textes et nous fait profiter ici de ses nombreuses découvertes. Plongeons-nous avec lui dans ces tableaux et nous dirons alors, comme lui: «Comment ai-je pu passer aussi longtemps à côté d’une telle richesse sans prendre conscience qu’elle est un immense trésor qui vient du cœur même de Dieu?» Né en 1955 en France, Didier Roca a œuvré jusqu’à sa retraite dans le ministère pastoral et au sein de Jeunesse pour Christ en France et en Belgique. Il est aussi l’auteur de chroniques radiophoniques appréciées.

CHF 26.90 / 22.90 € ISBN 978-2-8260-2031-8

Didier Roca

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Notes sur le monde des paraboles

Notes sur le monde des paraboles

Notes sur

le monde des paraboles Didier Roca


Didier Roca

Notes sur le monde des paraboles


Notes sur le monde des paraboles © et édition: Scripsi, 2018 Chemin de Praz-Roussy 4bis 1032 Romanel-sur-Lausanne, Suisse Tous droits réservés. E-mail: info@bible.ch Internet: http://www.maisonbible.net Sauf indication contraire, les textes bibliques sont tirés de la version Segond 21 © 2007 Société Biblique de Genève http://www.universdelabible.net ISBN édition imprimée 978-2-8260-2031-8 ISBN format epub 978-2-8260-0374-8 ISBN format pdf 978-2-8260-9634-4


Table des matières Préambule................................................................................................................... 7

1. Introduction à la lecture des paraboles.............................................. 11

2. Le sage et le fou (Matthieu 7.21-29).....................................................23

3. Jeu d’enfants (Matthieu 11.16-19)...........................................................37 4. L’esprit impur qui revient (Matthieu 12.38-45).................................47 5. Le bon grain et l’ivraie (Matthieu 13.24-30).......................................57

6. Le levain (Matthieu 13.33-35)..................................................................69

7. Le trésor caché (Matthieu 13.44)............................................................81

8. La perle (Matthieu 13.45-46)...................................................................91 9. Le filet (Matthieu 13.47-50).....................................................................101 10. Le serviteur impitoyable (Matthieu 18.21-35)................................. 111 11. Les ouvriers loués à différentes heures (Matthieu 19.30–20.16).............................................................................129

12. Les deux fils (Matthieu 21.23-32).........................................................141

13. Les vignerons (Matthieu 21.33-45)......................................................153 14. Les noces (Matthieu 22.1-14).................................................................167

15. Les dix jeunes filles (Matthieu 25.1-13)...............................................181 16. Les talents (Matthieu 25.13-30).............................................................193

17. Les brebis et les boucs (Matthieu 25.31-46)................................... 207

18. Le semeur (Marc 4.1-20)......................................................................... 233

19. La lampe (Marc 4.21-25)......................................................................... 245

20. La semence (Marc 4.26-29)................................................................... 253

21. La graine de moutarde (Marc 4.30-34)............................................. 263

22. Le figuier (Marc 13.24-33)...................................................................... 273

23. Vieil habit et vieilles outres (Luc 5.33-39)........................................ 283 24. L’aveugle qui guide un aveugle (Luc 6.39-40)................................ 297

25. Les deux débiteurs (Luc 7.36-50)......................................................... 307 26. Le bon Samaritain (Luc 10.25-37)........................................................319

27. L’ami importuné (Luc 11.5-13)................................................................333


28. L’homme riche (Luc 12.13-21)................................................................ 343 29. Les serviteurs vigilants (Luc 12.32-41)................................................355 30. Le serviteur fidèle ou infidèle (Luc 12.42-48)................................. 367 31. Le figuier stérile (Luc 13.6-9)..................................................................379 32. Les places d’honneur aux noces (Luc 14.1-15).................................391 33. La tour, la guerre, le sel (Luc 14.25-35)............................................. 405 34. La brebis perdue (Luc 15.1-7).................................................................417 35. La drachme perdue (Luc 15.8-10)........................................................ 429 36. Le fils prodigue (Luc 15.11-32).............................................................. 439 37. Le gérant infidèle (Luc 16.1-15)............................................................ 469 38. Le riche et le pauvre Lazare (Luc 16.19-31)...................................... 487 39. Le serviteur inutile (Luc 17.7-10)........................................................... 505 40. Le juge inique (Luc 18.1-8)......................................................................517 41. Le pharisien et le péager (Luc 18.9-14)............................................. 529 42. Les mines (Luc 19.11-27)..........................................................................541 43. Le grain de blé (Jean 12.20-36)............................................................ 543 Epilogue...................................................................................................................555


Préambule Mon peuple, écoute mes instructions! Prête l’oreille aux paroles de ma bouche! J’ouvre la bouche pour parler en paraboles, j’annonce la sagesse du passé. (Psaume 78.1-2) Les disciples s’approchèrent et dirent à Jésus: «Pourquoi leur parles-tu en paraboles?» Jésus leur répondit: «Parce qu’il vous a été donné, à vous, de connaître les mystères du royaume des cieux, mais qu’à eux cela n’a pas été donné. En effet, on donnera à celui qui a et il sera dans l’abondance, mais à celui qui n’a pas on enlèvera même ce qu’il a. C’est pourquoi je leur parle en paraboles, parce qu’en voyant ils ne voient pas et qu’en entendant ils n’entendent pas et ne comprennent pas. Pour eux s’accomplit cette prophétie d’Esaïe: Vous aurez beau entendre, vous ne comprendrez pas, vous aurez beau regarder, vous ne verrez pas. En effet, le cœur de ce peuple est devenu insensible; ils se sont bouché les oreilles et ils ont fermé les yeux de peur que leurs yeux ne voient, que leurs oreilles n’entendent, que leur cœur ne comprenne, qu’ils ne se convertissent et que je ne les guérisse.» (Matthieu 13.10-15)

Durant des années, je ne me suis que peu préoccupé des paraboles délivrées par Jésus. Trompé par le fait que dès mon enfance, on m’en avait raconté plusieurs, à tort, je pensais que ces histoires, somme toute assez banales, étaient destinées aux plus jeunes ou encore à ceux qui n’étaient pas capables de comprendre la profondeur des enseignements du Christ. Quel orgueil! Quelle erreur! Comment ai-je pu passer aussi longtemps à côté d’une telle richesse sans prendre conscience qu’elle est un immense trésor venant du cœur même de Dieu? Et surtout, comment ai-je pu priver mes frères et sœurs en Christ de tant de bienfaits qui ne demandaient qu’à être partagés sans modération? Naïvement – certains diraient sans doute stupidement – je pensais que préparer un commentaire ou une étude biblique sur les paraboles ne me prendrait que peu de temps pour chacune d’entre elles. Là encore, je me suis trompé. Je ne suis peut-être pas très doué, mais me plonger dans l’étude de chaque parabole m’a pris plus de temps que pour n’importe quel autre Préambule

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texte biblique. Beaucoup d’entre elles sont difficiles à comprendre et à assimiler; elles m’ont demandé des heures de réflexion. La pensée du Christ ne ressemble en rien à un«hamburger», et ceux qui ne souhaitent qu’une nourriture spirituelle «fast-food» pourraient bien trouver le message des paraboles difficile à digérer. Les saveurs que dégage chacune d’elles sont pourtant sans pareilles, pleinement savoureuses et bienfaisantes… il faut juste prendre le temps de les découvrir et, même aujourd’hui, je ne suis toujours pas sûr de les avoir toutes identifiées. Afin d’entrer par la bonne porte dans le monde des paraboles racontées par Jésus, il convient d’abord d’avoir en main les bons outils ou plutôt les bonnes clefs pour ouvrir cet espace de vie. C’est avec humilité que nous abordons cette lecture: nous aurons souvent l’impression de n’avoir pas tout saisi de la pensée de Jésus. Elle est peut-être trop haute ou trop profonde, ou nous n’osons pas aller au-delà de ce que nous lisons avec nos yeux et de ce que nous entendons avec nos oreilles, pour enfin ouvrir pleinement notre cœur aux bouleversements que notre Père céleste offre, pour que chaque jour sa vie pénètre un peu plus en nous. Dans sa lettre à l’église d’Ephèse, l’apôtre Paul adresse à Dieu cette prière: «Je prie que vous soyez enracinés et fondés dans l’amour pour être capables de comprendre avec tous les saints quelle est la largeur, la longueur, la profondeur et la hauteur de l’amour de Christ, et de connaître cet amour qui surpasse toute connaissance, afin que vous soyez remplis de toute la plénitude de Dieu» (Ephésiens 3.17-19). Nous ne pouvons être enracinés et fondés dans l’amour du Christ que par sa compréhension. Amour dont la révélation se trouve dans les Ecritures, c’est pourquoi Paul exhorte chaque croyant à le connaître, alors qu’un tel amour reste un mystère tant il est grand, passionnel. Mais c’est cette connaissance qui remplit de «toute la plénitude de Dieu». Voici une autre des prières de Paul: «Voici ce que je demande dans mes prières: c’est que votre amour augmente de plus en plus en connaissance et en pleine intelligence pour que vous puissiez discerner ce qui est essentiel» (Philippiens 1.9-10). 8\

Notes sur le monde des paraboles


La lecture approfondie des textes de la Bible est essentielle pour qui veut vivre avec et pour son Seigneur et Sauveur. L’étude des paraboles ouvre un merveilleux terrain d’aventure spirituelle, vers lequel je vous invite à me suivre en toute liberté. Il peut arriver que parfois vous ne soyez pas d’accord avec moi. Pour certaines paraboles, vous trouverez peut-être que je vais trop loin (ou pas assez) ou que je n’ai pas compris ce que Jésus a voulu dire. Avec humilité et surtout lucidité, je vous dirai que c’est possible. J’ai malgré tout essayé de rester au plus près du texte biblique, parce que ce n’est que dans la proximité avec ce texte que je peux malgré tout saisir un peu de ce que le Seigneur a voulu me dire. Je n’ai donc pas la prétention d’avoir tout compris et tout dit. De votre côté, vous trouverez, en cherchant un peu, bien d’autres trésors enfouis au cœur des paroles du Christ. Je n’ai pas puisé mes réflexions dans les commentaires bibliques existants. Mon désir a réellement été de faire cette étude par moimême… et sans doute pour moi. Un seul livre m’a été particulièrement utile pour commencer ce parcours: Les paraboles de Jésus aujourd’hui, écrit par Alphonse Maillot, pasteur et théologien de l’Eglise Réformée de France (1920-2003) – éditions Labor et Fides dans son édition de 1973 – depuis, ce livre a été réédité. N’ayant pas eu un ordre précis pour étudier telle parabole avant ou après telle autre, dans ce livre, je les ai simplement classées dans l’ordre où on les trouve dans les quatre Evangiles, en commençant par celui de Matthieu et en faisant la liaison entre elles, chaque fois que je l’ai jugé utile. Lorsqu’une parabole se retrouve dans plusieurs évangiles, j’ai aussi fait le choix (arbitraire, je le concède) d’un texte de base. Je ne suis pas un théologien, pas même un spécialiste des langues de la Bible (hébreu et grec). C’est mon ministère pastoral et surtout ma curiosité personnelle qui m’ont amené à me plonger dans le monde fascinant des paraboles. Je voudrais remercier particulièrement mes frères et sœurs des églises baptistes de Montpellier et de Lunel (dans le sud de la France) avec qui j’ai fait tout ce parcours durant nos temps Préambule

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d’études bibliques. Je vous dois beaucoup. Par vos remarques tout autant que vos questions, par tout ce que vous avez signalé de vos propres découvertes, vous m’avez aidé à comprendre parfois quelque mystère et toujours à étoffer le contenu de ces pages. Comme texte biblique de base, j’ai utilisé la traduction de la «Bible Segond 21» (Société Biblique de Genève), une version précise, dynamique et particulièrement agréable à lire pour quelqu’un qui apprécie ce qui est bien écrit. Mais je ne me suis pas interdit la comparaison avec d’autres traductions françaises. Lire les paraboles, c’est s’engager dans une aventure sans pareille et partir à la découverte d’enseignements toujours nouveaux délivrés par le Christ. Etudier les paraboles, c’est une recherche, une étude, une enquête parfois, afin de découvrir ce que Jésus a réellement voulu dire, aussi bien à ceux qui croient en lui et qui sont ses disciples, qu’à ceux qui aimeraient le connaître et le comprendre. Dans l’écoute de chacune des paraboles, je voudrais vous faire part de quelques-uns de ces trésors qu’on y trouve. Jésus a donné beaucoup de ses enseignements en utilisant la parabole, que ce soit pour ses disciples, pour l’ensemble de la classe dirigeante religieuse en Israël, ou encore pour parler aux foules qui venaient l’écouter. Comme un de mes amis aimait souvent le souligner dans nos discussions, Jésus a toujours fait «le pari de l’intelligence». Quelles que soient les personnes auxquelles il s’adressait, quel que soit leur niveau d’instruction religieuse ou son absence, Jésus parlait avec vérité et force pour offrir à ses auditeurs tout le conseil de Dieu. La science de la religion ou son rejet ne lui faisait pas considérer ses auditeurs comme plus ou moins intelligents. Par contre, c’est à leur cœur qu’il s’est adressé et pour le faire, il a toujours tenu un discours intelligent… même en face de ses détracteurs. Jésus est et reste encore toujours l’exemple à suivre. Bible en tête, je vous invite donc à me suivre dans cette longue chasse au trésor!

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Notes sur le monde des paraboles


1. Introduction à la lecture des paraboles Une parabole est un tableau tiré de la vie quotidienne, destiné à illustrer une vérité. Si Jésus avait vécu au 21e siècle, il aurait sans nul

doute utilisé une caméra pour filmer l’homme dans son quotidien, mais il aurait également, dans des chroniques dynamiques et perspi-

caces, pris la plume informatique pour dénoncer, corriger, provoquer

la réflexion, enseigner et révéler à l’Eglise d’aujourd’hui, ce qu’est le royaume de Dieu… et nous nous rendrions compte que l’homme n’a pas changé.

Il est essentiel de se rappeler que Jésus s’est adressé en tout premier

lieu à son peuple. Il avait souvent face à lui des responsables religieux, des hommes savants, des théologiens instruits dans les Ecritures, cer-

tains même prétendant être les seuls habilités à les comprendre et à les expliquer, sinon en imposer leur interprétation personnelle à l’en-

semble du peuple. Mais Jésus s’est aussi adressé à ses disciples, à ses amis et aux foules qui avaient soif d’entendre, enfin, des paroles de vie. Son message n’a pas toujours emporté l’adhésion, parce qu’hier,

comme aujourd’hui, le peuple de Dieu est parfois aveugle, inconséquent. Mais Jésus ne s’est pas tu sous prétexte qu’il était inutile qu’il parle ou parce que plusieurs voulaient le faire taire.

Certaines des paraboles ne sont qu’une simple phrase, quelques

mots «lancés à la volée» d’où, parfois, cette difficulté à les com-

prendre, tant ces mots peuvent apparaître d’une grande banalité, alors qu’ils sont bien pesés. D’autres paraboles enfin sont des histoires structurées comme un reportage d’actualité dans lequel ap-

paraissent ensemble des visages et des paysages et surtout l’amour et le visage du Christ.

1. Introduction à la lecture des paraboles

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Qu’est-ce qu’une parabole? Une parabole est un tableau tiré de la vie quotidienne. On dirait aujourd’hui une photo ou un reportage.

Le scénario Le scénario est en général bref; jamais très compliqué ou multiple.

Les personnages Les personnages sont très typés et leurs portraits sont presque caricaturaux: un samaritain, un prêtre et un Lévite; un homme (dans ce cas,

on ne peut pas faire plus simple), un riche, un pauvre, une femme, etc.

Rares sont les détails supplémentaires, sans doute pour ne pas nous égarer. Parfois, Jésus ajoute un prénom (un homme pauvre répondant au nom de Lazare), quelques informations sociales (un comp-

table malhonnête, un juge, un propriétaire, des ouvriers…) mais c’est sur l’essentiel qu’il entend fixer notre attention.

Les actions Les actions sont toujours très simples à comprendre et à cerner. La trame de l’histoire est donc facile à suivre, par exemple: une femme

qui perd une pièce d’argent et qui fouille toute sa maison pour la retrouver, un homme qui prépare un banquet, des ouvriers agricoles

qui se font embaucher. Nul doute qu’à l’époque où parlait Jésus, chacun avait pu observer le travail du semeur dans les champs (ce qui n’est plus trop le cas aujourd’hui). Chacun connaissait aussi très bien le dur travail des pêcheurs, ou encore l’usage des lampes à huile dont

Jésus parle dans certaines des paraboles. De tout temps également, on rencontre des chercheurs de trésors, des comptables honnêtes et

d’autres qui ne le sont pas. Il arrive parfois que le riche méprise le

pauvre par son égoïsme et son indifférence. Les bergers faisaient également partie du tissu social du peuple d’Israël: à l’origine, Israël était un peuple de bergers. Il y a toujours eu des conflits dans les familles,

des déchirements qui ont entraîné de grandes souffrances. Enfin, il 12 \

Notes sur le monde des paraboles


s’est toujours trouvé des fous pour construire des habitations qui ne

tiennent pas face aux tempêtes et des sages qui construiront solidement leur maison.

Ce sont là quelques éléments dont Jésus s’est servi dans ses paraboles et il y en a bien d’autres. Tous sont tirés de la vie quotidienne du

peuple d’Israël, donc facilement vérifiables par les auditeurs de Jésus

et même par nous: notre société technologique et informatisée n’a pas changé le cœur humain.

La simplicité des paraboles Leur appel permanent à la réalité quotidienne donne aux paraboles

leur simplicité. Celle-ci vient aussi des contrastes et des oppositions qui sont utilisés. En voici quelques exemples: cinq jeunes filles folles

et cinq jeunes filles sages, un fils obéissant et un autre rebelle, un

homme riche et un homme pauvre, un troupeau et une brebis perdue, un serviteur fidèle et un serviteur infidèle, des ouvriers embauchés à différentes heures, mais qui touchent tous un salaire égal, de la mauvaise herbe qui pousse avec le blé, etc.

Il est malgré tout vrai que pour ce qui nous concerne, ces illustrations peuvent sembler lointaines et donc décalées (surannées) par rapport

aux réalités de notre société. Aujourd’hui, nous parlerions plus aisé-

ment de virus informatiques pour expliquer, par exemple, que le péché

est un mal qui s’introduit et se propage facilement. Et si Jésus avait vécu parmi nous, nul doute qu’il aurait utilisé bien des images de notre société moderne, dont la télévision, le cinéma et les magazines de la presse écrite nous abreuvent. Ces images font partie de notre culture.

La difficulté à comprendre une parabole ne réside donc pas dans la découverte de l’histoire elle-même ou dans la découverte des per-

sonnages que celle-ci nous fait rencontrer, mais elle se trouve dans la découverte du sens spirituel de la parabole. Un enseignement spirituel que Jésus ne veut pas nous donner tel quel, mais qu’il veut nous

faire chercher, sinon composer: sans doute parce que nous retenons 1. Introduction à la lecture des paraboles

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mieux ce que nous trouvons et ce que nous comprenons après l’avoir cherché et découvert par nous-mêmes. C’est toute la différence entre un hamburger «fast-food», préparé en une minute et un bon plat cuisiné qui aura demandé du temps et de l’habileté pour sa conception. Qu’est-ce qui est le meilleur? Qu’est-ce qui tiendra le mieux au corps? Ça, c’est aussi une parabole… que celui qui a des oreilles entende! Il est une idée qu’il faut écarter définitivement de notre esprit: c’est celle qui nous fait dire que les paraboles sont des messages simplifiés et donc simplistes. Une des erreurs fréquemment commises par les églises est de cantonner les paraboles à l’enseignement des enfants, ce qui les conduit aussi à écarter les plus compliquées de leur horizon. Les paraboles ne sont pas des enseignements mineurs, de «seconde zone», sur lesquels nous pourrions nous contenter de jeter un œil assez distrait avant de passer à autre chose. C’est pourtant ce que j’ai pensé durant des années. Une parabole c’est justement tout le contraire de ça; Jésus ne les a pas adressées aux enfants, mais bien à des adultes. Voici d’ailleurs ce que signale l’Evangile de Marc: «Lorsque Jésus fut seul avec eux, ceux qui l’entouraient avec les douze l’interrogèrent sur cette parabole» (Marc 4.10). C’est bien parce qu’ils avaient quelques difficultés à comprendre les paraboles que les disciples de Jésus lui demandaient, en privé, des explications. Cependant, la parabole n’est pas, non plus, réservée à une élite ou aux seuls «intellectuels de l’Ecriture» qui seraient assez intelligents et raisonneurs pour la comprendre et l’expliquer à d’autres. Mais c’est bien parce que le message de la parabole est parfois difficile et inattendu que sa compréhension est réservée avant tout au croyant avide de connaître les enseignements que Dieu lui donne pour nourrir sa foi. C’est le sens des paroles de Jésus: «C’est pourquoi je leur parle en paraboles, parce qu’en voyant ils ne voient pas et qu’en entendant ils n’entendent pas et ne comprennent pas. Pour eux s’accomplit cette prophétie d’Esaïe: Vous aurez beau entendre, vous ne comprendrez pas, vous aurez beau regarder, vous ne verrez pas. En effet, le cœur de ce peuple est devenu 14 \

Notes sur le monde des paraboles


insensible; ils se sont bouché les oreilles et ils ont fermé les yeux de

peur que leurs yeux ne voient, que leurs oreilles n’entendent, que leur

cœur ne comprenne, qu’ils ne se convertissent et que je ne les guérisse» (Matthieu 13.13-15). Ce ne sont pas des paroles de condamna-

tion que Jésus assène ici en citant le prophète Esaïe. Mais au temps du prophète, comme à celui du Seigneur, le peuple d’Israël faisait la

sourde oreille à la Parole de Dieu: or il avait entre les mains tout pour connaître et comprendre la pensée de Dieu. Prenant en compte les

choix de vie de son peuple, Dieu ne fait que constater que celui-ci ne sait plus voir la puissance de son action, la richesse de ses bénédic-

tions et qu’il ne sait plus reconnaître la voix de son libérateur; de ce berger qui ne cesse pourtant de lui parler. Au sein même du peuple d’Israël, l’incrédulité de l’homme est telle que celui-ci n’a même pas

envie de chercher à comprendre les paraboles: était-il seulement en-

core capable de reconnaître qu’en Jésus, c’était la Parole de Dieu qui lui était adressée?

Il y a là comme un avertissement, parce que l’Eglise de Jésus-Christ n’est pas à l’abri de connaître de tels égarements, à partir du moment où elle ne fait plus de l’Ecriture la nourriture fondamentale de sa foi. Si le peuple de Dieu ne veut plus entendre son Seigneur, s’il préfère se tourner vers les fables que certains lui servent parfois sur un plateau en lui faisant

croire qu’elles sont «paroles d’Evangile», expression de la volonté de Dieu, au lieu de réellement se plonger avec avidité dans l’Ecriture, alors

il pourrait bien lui arriver ce qui est arrivé au temps où le jeune Samuel servait Dieu auprès du juge Eli: «La parole de l’Eternel était rare à cette époque, les visions n’étaient pas fréquentes» (1 Samuel 3.1).

La complexité des paraboles La dissimulation en première lecture Et je dis bien en première lecture. C’est pourquoi elle est une invitation à la recherche et à l’enquête approfondie. Ecouter une parabole 1. Introduction à la lecture des paraboles

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sans chercher à en comprendre le sens spirituel, c’est passer à côté de

l’essentiel du message, c’est se contenter d’écouter une brève histoire somme toute assez banale qui déboucherait sur une morale sociale

acceptable par tous. Pour être tout à fait honnête, certaines paraboles de Jésus sont particulièrement difficiles à interpréter comme,

par exemple celle dite de «l’économe infidèle» où il est question de se «faire des amis avec des richesses injustes» (Luc 16.9). Que sont

ces richesses injustes? Faut-il mener une vie malhonnête pour faire preuve de sagesse?

La recherche est indispensable pour découvrir le message spirituel

de la parabole. Ce message est caché pour celui qui ne croit pas que Dieu est Dieu, que Jésus est le Fils de Dieu et que ses paroles sont les «paroles de la vie éternelle» (Jean 6.68). On peut d’ailleurs légitimement penser que si Jésus a utilisé les paraboles pour délivrer une

partie de son enseignement, c’était aussi pour éviter la confrontation directe avec certains de ses auditeurs qui ne pouvaient, dans l’instant,

ni contester ni poser des questions contradictoires, parce qu’il leur fallait d’abord faire l’effort de la réflexion pour parvenir à la compréhension de la parabole.

Ce n’est pas Jésus qui a inventé cette façon d’enseigner; beaucoup de cultures et de religions utilisent les paraboles. On trouve aussi des

paraboles dans l’Ancien Testament, la plus célèbre d’entre elles étant

sans doute celle que le prophète Nathan va utiliser pour que le roi David prenne conscience de son péché «Il y avait dans une ville deux

hommes, l’un riche et l’autre pauvre…» (2 Samuel 12.1-4). La suite,

vous la connaissez, sinon, vous pouvez vous y reporter sans difficulté.

La révélation de Dieu tout proche de l’homme Si dans l’Ancien Testament Dieu se révèle comme le Tout-Puissant, le

Créateur, le Dieu trois fois saint terrifiant de grandeur dans sa sainteté et sa justice, s’il se révèle comme le Dieu éternel, le Maître de l’histoire des hommes et de son peuple… dans la parabole, Dieu se révèle, en 16 \

Notes sur le monde des paraboles


Jésus-Christ, avant tout comme celui qui vient au milieu des hommes, celui qui vient vivre leur quotidien. C’est ainsi que Dieu est: *  le père qui attend le retour du fils perdu,

*  le semeur qui va dans les champs pour accomplir son ouvrage, *  le propriétaire qui envoie des ouvriers dans ses vignes, *  le patron qui embauche à différentes heures,

*  l’époux qui invite à la noce et qui arrive en retard à la noce, *  le juge qui s’occupe des affaires de ses clients,

*  le berger qui va partir à la recherche de la brebis perdue,

le propriétaire d’une maison dans laquelle il vient après une *  longue absence…

La lecture des paraboles nous fait donc partir à la rencontre de Dieu,

ce roi si lointain et pourtant si proche, puisqu’en Jésus-Christ c’est lui

qui est venu jusqu’à nous, c’est lui qui meurt pour nous, comme ce «grain de blé qui tombe en terre et qui meurt pour renaître sous la

forme d’un épi qui va porter beaucoup de fruits» (Jean 12.24). C’est lui qui vient vivre en nous quand nous le rencontrons et lui faisons

confiance pour notre vie et notre salut éternel. C’est lui qui nous a confié les clefs de sa maison afin que nous nous en occupions en at-

tendant sa venue. Mais attention! Quand nous lisons les paraboles, il ne faut pas perdre de vue qu’il s’agit bien d’illustrations que Jésus utilise. Or, toute image a ses limites. Quoi qu’il en soit et justement parce

que la parabole invite à la réflexion, elle peut laisser la place, suivant sa complexité, à plusieurs niveaux de compréhension ou d’interpréta-

tion. Je ne dois donc ni m’inquiéter ni m’offusquer de ce qu’un autre que moi comprenne une parabole dans un sens légèrement différent

du mien, ou s’il donne à certains éléments de la parabole un autre sens que moi. Les différences de compréhension peuvent aussi être

source de richesse. Exclure, sans examen attentif, toute interprétation

qui serait différente de la mienne pourrait me faire passer à côté de

richesses qu’un autre aurait pu trouver… ce serait vraiment dommage. 1. Introduction à la lecture des paraboles

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Si vous êtes curieux de nature, alors vous prendrez plaisir à lire, à étudier et à entendre les paraboles: vous aurez même du plaisir à cher-

cher à décoder ce message spirituel savoureux que chacune d’elles délivre.

Pour comprendre les paraboles Nous avons à notre disposition quatre clefs pour ouvrir les portes de la compréhension.

1re clef Dans son commentaire Les paraboles de Jésus aujourd’hui, Alphonse

Maillot la place dans notre main; elle est essentielle. Voici ce qu’il écrit: «Quand vous lisez une parabole, dites-vous: qu’est-ce qui me choque,

et surtout qu’est-ce qui devait choquer les auditeurs du Christ? Qu’est-ce qui n’est pas normal, habituel?»

Jésus utilise souvent ce que j’appellerai «des éléments de décalage».

En voici quelques exemples: toute cette semence qui se perd sur le chemin, dans les ronces, ou que les oiseaux viennent manger, on dirait qu’il y en a bien peu qui va donner du fruit; ou encore, pour-

quoi mettre sa maison sens dessus dessous pour retrouver une seule pièce de monnaie? C’est beaucoup d’efforts pour pas grand-chose,

semble-t‑il. Pourquoi verser un salaire égal à tous les ouvriers, alors que certains ont travaillé bien plus que d’autres? Pourquoi tant d’in-

vités refusent-ils de venir participer à une noce? Pourquoi mettre en danger un troupeau de brebis d’une grande valeur et risquer de

le perdre pour aller chercher un seul animal qui s’est égaré? Quelle dureté chez ce nouveau marié qui va punir très sévèrement les cinq jeunes filles qui n’avaient pas prévu que le cortège de la noce arriverait si tard: après tout, était-ce leur faute, si les mariés s’étaient telle-

ment attardés? Pourquoi voudrait-on faire passer un chameau par le

trou d’une aiguille? Comment expliquer que le pharisien, qui est juste aux yeux de l’auditoire, soit condamné au profit d’un publicain qui, de 18 \

Notes sur le monde des paraboles


notoriété publique, est un homme malhonnête? Comment expliquer qu’un Samaritain, ce citoyen de deuxième zone, soit le seul à s’arrêter pour secourir un Juif laissé pour mort sur le bord de la route? Ce sont là autant d’éléments qui choquent et qui surprennent l’auditeur, parce qu’ils échappent à ce qui est normal et parfois à toute logique par leur extravagance. En fait, ces «éléments de décalage» sont là pour piquer notre curiosité, ce sont eux qui affûtent notre réflexion et nous introduisent dans les réalités spirituelles dont Jésus voudrait que nous prenions possession. Le fait qu’un Samaritain soit présenté comme un modèle d’humanité à un public juif n’est pas une chose acceptable pour les auditeurs de Jésus à l’époque. Mais qu’un père oriental, et donc par définition réservé et toujours maître de ses émotions, coure à la rencontre d’un enfant qui lui a fait tant de mal est étonnant, mais qu’en plus, il lui fasse un accueil fastueux, c’est inconcevable: c’est une société qui vacille, qui est remise en cause. Mais c’est justement à cause de ça que nous sommes interpellés et que nous allons «sortir» d’une simple histoire racontée pour partir à la découverte de ces richesses spirituelles contenues dans les paraboles.

2e clef Jésus utilise un tableau tiré de la vie quotidienne ou de la nature, pour parler de vérités spirituelles et très souvent de la réalité du royaume de Dieu. Ces vérités, ces réalités, n’ont quasiment rien à voir avec les sociétés humaines, avec le monde terrestre. Pour comprendre la parabole, il faut donc sortir des schémas de la vie sociale que nous connaissons, ou encore forcer nos yeux à s’élever au-delà de ce qui est visible et évident pour entrer dans la réalité du plan de Dieu pour voir ce que le Seigneur veut que nous voyions.

3e clef Les paraboles de Jésus sont ouvertes, elles sont construites de manière à pousser l’auditeur (ou le lecteur) à donner une réponse personnelle, par rapport aux personnages ou aux situations décrites. Ce que le 1. Introduction à la lecture des paraboles

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Seigneur a voulu, c’est également que nous devenions nous-mêmes des acteurs de l’histoire. Ce faisant, sans vraiment que nous nous en rendions compte, c’est face à Jésus lui-même que nous sommes appelés à prendre position et à donner une réponse à la question posée, ou à la réalité décrite, dans la parabole. L’exemple le plus évident est celui de la parabole dite du «bon samaritain» (Luc 10.25-37), où Jésus va amener un docteur de la loi de Moïse, un grand spécialiste, à donner non seulement les réponses aux questions qu’il pose pour coincer Jésus, mais à la fin de l’histoire, à se voir obligé de tirer des conclusions qu’il ne s’attendait certainement pas à entendre… de sa propre bouche.

4e clef Pour bien lire une parabole, il faut avoir foi en Jésus-Christ, ou vouloir le connaître. La parabole est une rencontre avec Jésus. Il est la Parole de Dieu, en lui sont toutes les sources de la vie éternelle et les paraboles sont paroles de vie. Par elle, le Christ fait tomber nos préjugés, parfois même il va bousculer nos convictions. Lire les paraboles, c’est être prêt à laisser Dieu nous parler au travers d’elles et donc nous transformer. Si vous avez toujours ces quatre clefs avec vous, alors vous pourrez progresser dans la compréhension de la parabole que vous souhaitez étudier. Mais à ces quatre clefs, j’en rajoute encore une cinquième que j’ai découverte, à l’autre bout du monde, au Brésil, après un cours sur une des paraboles donné à la Faculté Baptiste de Sao Paulo, en répondant à des questions qui m’ont été posées par des étudiants en théologie.

5e clef Si votre lecture et votre étude d’une parabole vous conduisent dans une impasse, c’est-à‑dire que votre réflexion est bloquée et que vous ne pouvez arriver à aucune conclusion qui vous permette de prolonger votre réflexion, alors il faut vous interroger. La Parole de Dieu ne 20 \

Notes sur le monde des paraboles


nous conduit jamais face à un mur. Elle nous ouvre toujours un chemin pour nourrir notre foi, pour nous faire progresser dans la connaissance et surtout pour aller plus loin, toujours plus loin. Demandez-

vous si votre interprétation est bonne ou si vous n’avez pas manqué

un élément qui vous permette de continuer. Si vous n’y arrivez pas, si dans les commentaires que vous utilisez peut-être, vous n’avez aucun

élément qui ouvre une autre porte, alors ça signifie qu’il y a la pos-

sibilité d’une autre route à chercher… et c’est peut-être celle-ci qu’il faut prendre.

A certains égards, étudier une parabole, c’est comme visiter un laby-

rinthe. Parfois il n’y a qu’un seul chemin pour trouver la sortie, mais il se peut aussi qu’il y en ait un ou deux autres.

But principal des paraboles Le but des paraboles est de dévoiler certains des mystères et des

vérités concernant le royaume de Dieu. C’est au travers des paraboles que Jésus va donner le plus grand nombre d’éléments propres à nous

renseigner sur les réalités de son royaume, mais aussi sur le mystère de l’homme et sa place dans le plan de Dieu. Alors que de tout temps,

les théologiens ont écrit de grands et imposants livres sur le royaume

de Dieu, Jésus, lui, s’est contenté de raconter quelques histoires assez banales, mais d’une richesse infinie pour qui va les découvrir. Plusieurs

paraboles commencent d’ailleurs par ces paroles: «Le royaume des cieux ressemble à…» (Matthieu 13.31, 33, etc.). Alors que ses disciples

lui demandent pourquoi il utilise les paraboles (au lieu d’un cours ma-

gistral sans doute), Jésus leur répond: «Parce qu’il vous a été donné,

à vous, de connaître les mystères du royaume des cieux» (Matthieu 13.11). Ce que Jésus appelle «les mystères du royaume des cieux», c’est

en fait sa personne, la révélation qu’il est bien le Messie envoyé par Dieu, pour ouvrir les portes de son royaume à quiconque croit en lui.

Les mystères du royaume des cieux, ce sont aussi la parole de Jésus et les actes qu’il fait, ce sont des mystères et une réalité dont seul Dieu 1. Introduction à la lecture des paraboles

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détient la clef et que seul, par le Saint-Esprit, il peut révéler à ceux qui croient en lui. Sans cette intervention divine de l’Esprit Saint, ces mystères du royaume restent voilés, incompréhensibles à l’homme. C’est aussi un thème que l’apôtre Paul abordera dans ses lettres (Romains 11.25; Ephésiens 5.32; 1 Corinthiens 13.2). On le voit donc, ici encore, la foi est nécessaire pour commencer à comprendre le message des paraboles, parce qu’il faut être prêt à laisser Dieu parler au travers d’elles. «Vous aurez beau entendre, vous ne comprendrez pas», dit Jésus. Comprendre qu’on n’a pas compris ou qu’on a encore bien des choses à comprendre, c’est déjà un premier pas que le Saint-Esprit nous fait faire sur le chemin de la foi et donc de la découverte de ce message contenu dans les paraboles. Celui qui ne croit pas, même s’il est une personne très religieuse ne pourra pas saisir toute la profondeur du message délivré par les paraboles de Jésus. Ce n’est d’ailleurs que parce que Jésus a conduit le docteur de la loi dans sa réflexion, après lui avoir raconté la parabole dite du «bon Samaritain» que ce dernier, homme pourtant hautement religieux, en saisira tout le sens: non pas pour les autres, mais pour lui personnellement. J’espère avoir suffisamment piqué votre curiosité pour vous donner envie de découvrir ou redécouvrir le message des paraboles. Il ne me reste plus qu’à inviter chacun à entrer dans le monde des paraboles de Jésus et à découvrir cet extraordinaire message de vie que Jésus veut faire entendre à tous. Un dernier mot avant d’ouvrir la première porte. Ne vous fiez pas au titre donné à chaque parabole par les traducteurs de la Bible… ou par la tradition des églises. Ces titres sont très souvent réducteurs et donc trompeurs, parce qu’ils masquent (involontairement) une ou plusieurs réalités que Jésus a pourtant souhaité révéler. Si je les ai toutefois gardés, ce n’est que parce qu’ils permettent immédiatement d’identifier la parabole qui est abordée.

22 \

Notes sur le monde des paraboles


2. Le sage et le fou Matthieu 7.21-29 «Ceux qui me disent: ‘Seigneur, Seigneur!’ n’entreront pas tous dans le royaume des cieux, mais seulement celui qui fait la volonté de mon Père céleste. 22 Beaucoup me diront ce jour-là: ‘Seigneur, Seigneur, n’avons-nous pas prophétisé en ton nom? N’avons-nous pas chassé des démons en ton nom? N’avons-nous pas fait beaucoup de miracles en ton nom?’ 23 Alors je leur dirai ouvertement: ‘Je ne vous ai jamais connus. ­Eloignez-vous de moi, vous qui commettez le mal!’ 24 C’est pourquoi, toute personne qui entend ces paroles que je dis et les met en pratique, je la comparerai à un homme prudent qui a construit sa maison sur le rocher. 25 La pluie est tombée, les torrents sont venus, les vents ont soufflé et se sont déchaînés contre cette maison; elle ne s’est pas écroulée, parce qu’elle était fondée sur le rocher. 26 Mais toute personne qui entend ces paroles que je dis et ne les met pas en pratique ressemblera à un fou qui a construit sa maison sur le sable. 27 La pluie est tombée, les torrents sont venus, les vents ont soufflé et se sont abattus sur cette maison; elle s’est écroulée et sa ruine a été grande.» 28 Quand Jésus eut fini de prononcer ces paroles, les foules restèrent frappées par son enseignement, 29 car il enseignait avec autorité, et non comme leurs spécialistes de la loi. 21

On retrouve cette parabole quasiment à l’identique dans Luc 6.46-49. Pour aborder cette histoire, il faut auparavant en souligner le contexte.

Nous sommes à la fin du «sermon sur la montagne». Jésus vient de faire un long discours devant une foule importante. Pour mémoire,

voici quelques grandes lignes de ce discours. Jésus a commencé son

sermon en proclamant que celui qui vit et marche dans la présence de Dieu est «heureux», quelle que soit sa situation de vie, parce que 2. Le sage et le fou

/ 23


sa récompense se trouve dans les cieux. C’est le vibrant appel à la foi que lancent «les Béatitudes» (Matthieu 5). Vient ensuite un long dé-

veloppement sur la loi de Moïse et surtout sur l’application spirituelle de celle-ci. A tous ceux (et ils étaient nombreux autour de Jésus) qui

espéraient se sauver en s’élevant jusqu’à Dieu par l’obéissance à la loi, Jésus montre que la barre est trop haute, quelles que soient la grandeur d’un homme et sa capacité d’obéir à la loi. Nous lisons, par

exemple «Vous avez appris qu’il a été dit aux anciens: ‘Tu ne commet-

tras pas de meurtre… Mais moi je vous dis: Tout homme qui se met sans raison en colère contre son frère mérite de passer en jugement; celui qui traite son frère d’imbécile mérite d’être puni par le tribunal,

et celui qui le traite de fou mérite d’être puni par le feu de l’enfer» (Matthieu 5.21-22)… Ne serions-nous pas tous coupables? C’est aussi

pourquoi Jésus va longuement parler de la foi qui ne se donne pas en

spectacle, mais qui est d’abord un élan vers Dieu et qui s’exprime par la prière: c’est le «Notre Père» (Matthieu 6.9-13). Dans un monde qui

fait des biens matériels un objectif de vie (il n’y a rien de nouveau sous

le soleil), Jésus dit aussi qu’il faut avant tout chercher le royaume de Dieu, qui l’emporte sur tout (Matthieu 6.33).

Enfin, ce qui est important pour le croyant, c’est la foi et surtout les

actes de la foi, parce qu’une foi qui ne se manifeste pas dans la vie et par la vie, n’est pas la foi: «Méfiez-vous des prétendus prophètes – dit

Jésus – …Ceux qui me disent: ‘Seigneur, Seigneur!’ n’entreront pas tous

dans le royaume des cieux, mais seulement celui qui fait la volonté de mon Père céleste» (Matthieu 7.15 et 21). C’est juste après cette dernière parole que Jésus raconte cette parabole dite du «sage et du fou» qui est une des plus populaires. Elle est aussi une des premières chansons qu’on fait chanter aux plus jeunes enfants dans les églises.

Attention aux faux prophètes! Cette parabole du «sage et du fou» fait donc suite à cet avertissement

de Jésus à propos des faux prophètes, cités ci-dessus. Jésus s’adresse 24 \

Notes sur le monde des paraboles


aussi à ceux qui pensant avoir la foi, parce qu’ils en ont l’apparence, affirment être proches de Dieu et sont pourtant rejetés par lui. Les paraboles de Matthieu 13 parlent ouvertement du royaume de Dieu qui est semblable à un semeur, à une graine de moutarde, un trésor, une perle… La parabole du «sage et du fou» ne décrit pas le royaume de Dieu, elle ne parle pas de ce qui le caractérise, mais par contre, elle parle de l’homme et le projette vers ce royaume. Une des aspirations de l’homme est d’entrer dans l’éternité et d’avoir une place (oserai-je dire une concession?) dans le royaume de Dieu… si royaume de Dieu il y a. «Ceux qui me disent: ‘Seigneur, Seigneur!’ n’entreront pas tous dans le royaume des cieux, mais seulement celui qui fait la volonté de mon Père céleste» (v. 21). C’est aux membres de son peuple que Jésus s’adresse et le peuple d’Israël est un peuple très religieux. Toute la vie d’Israël est articulée autour du temple de Jérusalem, du rituel du culte et des sacrifices, mais aussi des fêtes dont les dates jalonnent le calendrier. De plus, au temps de Jésus, il faut aussi mentionner la vie religieuse des synagogues, dans lesquelles les textes de l’alliance (l’Ancien Testament) étaient lus et commentés. C’est souvent dans la synagogue que les opinions diverses sont exprimées et discutées, parfois avec beaucoup de conviction et de virulence. L’histoire de l’Ancien Testament, c’est aussi celle de la religion d’Israël: de la foi de ce peuple, de ses errances ou encore ses temps de réveil spirituel. C’est encore l’histoire des sacrifices, du Tabernacle puis du temple. C’est enfin l’histoire de la place de Dieu dans la vie et dans l’histoire de son peuple; celle qu’il voudrait avoir (la première celle du Dieu Libérateur, Sauveur et Souverain) et celle que le peuple veut bien lui donner et qui n’est pas toujours la première. Au moment où Jésus commence son ministère, le temple est en cours de construction depuis 70 ans (c’est le troisième, les deux premiers ayant été détruits). Le peuple offre un culte à Dieu, et il suffit de lire les textes du Lévitique pour constater que les règles qui encadrent le 2. Le sage et le fou

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culte et les sacrifices sont nombreuses, répétitives et contraignantes. Les fêtes qui rassemblent le peuple à Jérusalem sont nombreuses,

pourtant, le peuple d’Israël semble plus attaché à la forme du culte qu’au vécu d’une foi réelle. Le chemin de l’obéissance qu’il emprunte

pour s’approcher de Dieu est peut-être tapissé de bonnes intentions, mais pas de la foi et de l’amour pour son Dieu. Déjà au temps d’Esaïe

(700 ans plus tôt), Dieu avait parlé ainsi: «Ce peuple s’approche de moi, il m’honore de la bouche et des lèvres, mais son cœur est éloi-

gné de moi et la crainte qu’il a de moi n’est qu’un commandement humain, une leçon apprise» (Esaïe 29.13).

La loi de Moïse et celle de la grâce La loi de Moïse a pris le pas sur la loi de la grâce et de l’amour.

Parce que l’on s’imagine pouvoir se rendre juste aux yeux de Dieu,

c’est l’obéissance à cette loi qui est enseignée partout en Israël. Les pharisiens, notamment, avaient fait de la loi de Moïse le seul chemin

pour arriver à Dieu. Dans leur soif d’intransigeance, ils avaient éga-

lement établi un véritable code de lecture et d’interprétation de la loi. C’est d’ailleurs ainsi qu’ils maintenaient leur autorité sur le peuple

d’Israël. Dans leur cas, on peut même parler de pouvoir. A leur sujet, Jésus dira: «Les spécialistes de la loi et les pharisiens se sont faits les

interprètes de Moïse. Tout ce qu’ils vous disent de respecter, faites-le

donc et respectez-le, mais n’agissez pas comme eux, car ils disent

et ne font pas. Ils lient des fardeaux pesants et les mettent sur les épaules des hommes, mais ils ne veulent pas les remuer du doigt»

(Matthieu 23.2-4). Les responsables religieux du peuple d’Israël ont

oublié que transgresser un seul des commandements de la loi, c’est se rendre coupable envers tous. Et, dans les paroles de ce sermon sur

la montagne, comme nous l’avons déjà souligné, Jésus a mis en avant

toute la hauteur et toute la profondeur spirituelle de la loi de Moïse. En voici encore un exemple: «Vous avez appris qu’il a été dit: ‘Tu ai-

meras ton prochain et tu détesteras ton ennemi.’ Mais moi je vous dis: 26 \

Notes sur le monde des paraboles


Aimez vos ennemis, bénissez ceux qui vous maudissent, faites du bien à ceux qui vous détestent et priez pour ceux qui vous maltraitent et qui vous persécutent» (Matthieu 5.43-44). Les pharisiens étaient intransigeants, mais Jésus tient à leur montrer que la barre est encore bien plus haute que ce qu’ils croient et surtout, que leur lecture de la loi de Moïse n’est pas correcte. Il ne suffit pas d’obéir à la lettre de la loi, encore faut-il en avoir saisi le sens spirituel et le vivre. D’ailleurs si le peuple avait su lire les prophètes, il aurait entendu Dieu dire: «Ce peuple s’approche de moi, il m’honore de la bouche et des lèvres, mais son cœur est éloigné de moi et la crainte qu’il a de moi n’est qu’un commandement humain, une leçon apprise» (Esaïe 29.13) ou encore: «Je déteste, je méprise vos fêtes, je ne peux pas sentir vos assemblées» (Amos 5.21). Par le prophète Ezéchiel enfin, Dieu exprime sa volonté, son objectif pour son peuple: «Je leur donnerai un seul cœur et je mettrai en eux un esprit nouveau. Je retirerai de leur corps le cœur de pierre et je leur donnerai un cœur de chair» (Ezéchiel 11.19). Avec autorité, l’apôtre Paul écrit: «La loi a été le guide chargé de nous conduire à Christ afin que nous soyons déclarés justes sur la base de la foi» (Galates 3.24). En fait, ce mot «guide» est dans le grec le mot «pédagogue». Dans l’Antiquité, chez les Romains, le pédagogue était l’esclave qui était chargé de la surveillance des enfants et de leur bonne éducation. La loi de Moïse aurait dû être cet esclave pour le peuple d’Israël (ce «peuple enfant») pour le mener vers la grâce manifestée en Jésus-Christ. Or, par leur lecture et leur interprétation de la loi, les pharisiens ont inversé les rôles: ils ont fait de ce peuple que Dieu voulait libre, un peuple esclave d’une loi dont tous pensaient qu’elle devait leur ouvrir les portes de la présence de Dieu, alors qu’en fait, elle les condamnait. Il est impossible d’arriver jusqu’à Dieu par l’obéissance à la loi. Pour cela, il faut être un homme parfait, sans péché. Il faut être Dieu lui-même. Jésus, le Fils de Dieu est venu pour vivre entièrement la loi, pour l’accomplir par sa vie et dans sa chair par amour pour Dieu et 2. Le sage et le fou

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pour chaque homme. Jésus est saint. Il est le seul homme qui a vécu toutes les exigences de la loi sans connaître aucun égarement, sans commettre de péché (Hébreux 4.15). Jésus est le seul homme véritable selon le cœur de Dieu. C’est pourquoi lui seul a pu racheter notre vie par le sacrifice parfait de la croix. La loi de Moïse révèle la sainteté de Dieu, sa grandeur et sa présence mais aussi la présence permanente du péché dans la vie de l’homme. En Jésus sont révélés la grâce et l’amour du Dieu sauveur et libérateur. Une grâce et un amour qui se reçoivent par la foi en Christ, qui donne ainsi la vie éternelle à quiconque lui fait confiance pour son pardon, son salut, bref, sa vie. Le jeune homme riche qui voulait avoir la vie éternelle, c’est-à‑dire entrer dans le royaume de Dieu, était un fidèle pratiquant de la loi de Moïse, pourtant il n’a pas su saisir l’essentiel quand Jésus lui a révélé ce qui était pour lui vital: «viens et suis-moi!» (Marc 10.21). Cet homme n’a pas alors souhaité répondre à l’appel de Jésus qui l’invitait à lui donner sa vie. Ce qui souligne encore le fait que la loi de Moïse ne conduit pas à la justification de celui qui s’efforce de l’accomplir. Ceci est encore confirmé par les paroles qui dans l’Evangile de Luc introduisent la parabole: «Pourquoi m’appelez-vous ‘Seigneur, Seigneur!’ et ne faites-vous pas ce que je dis?» (Luc 6.46). Il n’est pas du tout ici question de la loi de Moïse, mais bien de la parole du Christ qui est la seule qui doit être écoutée. Or, que dit Jésus? «En vérité, en vérité, je vous le dis, celui qui écoute ma parole et qui croit à celui qui m’a envoyé a la vie éternelle; il ne vient pas en jugement, mais il est passé de la mort à la vie» (Jean 5.24). La vie éternelle, c’est Jésus, le Fils, qui la donne et elle se reçoit par la foi… pas par la loi. «Ceux qui me disent: ‘Seigneur, Seigneur!’ n’entreront pas tous dans le royaume des cieux, mais seulement celui qui fait la volonté de mon Père céleste» (v. 21). Mais la volonté de Dieu est-elle que nous vivions sous une loi, qu’il s’agisse de celle de Moïse ou de Dieu? Ou est-elle que nous saisissions la grâce, le pardon, entrions dans le plan du salut 28 \

Notes sur le monde des paraboles


offert en Jésus-Christ et vivions ensuite dans l’obéissance uniquement par amour, répondant ainsi à la seule loi qui soit acceptable pour Dieu: la loi de l’amour? Soulignons-le encore, la loi de Dieu n’est là que pour révéler la sainteté de Dieu et notre propre incapacité à l’atteindre. La loi est bien le pédagogue donné par Dieu à son peuple pour que celui-ci vienne à Jésus-Christ, parce qu’au pied de la croix se trouve la grâce. D’autant plus que dans les textes de l’Ancien Testament, nous constatons que Dieu lui-même n’a pas toujours exécuté les sentences de mort énoncées par sa propre loi de sainteté. Voici un exemple. Relisez l’histoire de l’adultère de David et de Bath-Shéba; lisez encore comment David a commis un meurtre pour se débarrasser du mari de cette dernière. D’après les textes de la Torah, David et Bath-Shéba auraient dû être lapidés (Exode 20.13-14; Lévitique 20.10) et David aurait également dû être exécuté à cause de la mort du mari de Bath-Shéba. Or, après le repentir de David, Dieu lui fera grâce: pleinement et définitivement grâce (Psaumes 51; 32). La seule loi qui compte finalement, c’est celle de la grâce et de l’amour. Au jour du jugement dernier, il y aura donc des surprises, dit Jésus. Les paroles qui introduisent la parabole (v. 21-23) sont sévères à l’extrême et sans appel. Pour beaucoup de ceux qui les ont entendues, à ce moment-là, elles étaient difficilement supportables. «Vous commettez le mal!» Aujourd’hui encore dans nos églises, elles sonnent comme un jugement pour ceux qui ont de la religion (même la meilleure… si tant est qu’il y en ait une qui le soit) sans avoir la foi, pour ceux qui paraissent être de «bons chrétiens» mais dont la pratique religieuse n’est finalement qu’une façade, sinon du théâtre, c’est-à‑dire une hypocrisie (dans la langue grecque, l’hypocrite est un acteur de théâtre et à l’époque les acteurs portaient des masques qui cachaient leur vrai visage). Les questions posées par cette parabole du «sage et du fou» sont celles-ci: quelle lecture faisons-nous des textes de l’Ancien Testament? Comment lisons-nous la Bible? Ce sont des questions posées au peuple 2. Le sage et le fou

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de Dieu, qui est celui qui a reçu la révélation de Dieu par l’ensemble

des textes de l’ancienne alliance. Ce sont des questions qui sont aussi posées à l’Eglise de Jésus-Christ, le peuple de Dieu aujourd’hui, qui a

le privilège d’avoir entre les mains les paroles de l’ancienne alliance et celles de la nouvelle alliance.

Un même objectif Les deux hommes ont un même objectif. Leur plan est de construire

leur maison, ce qui est l’image de la construction d’une vie. Ces deux

bâtisseurs pensent être capables de le faire et ils vont sans doute

utiliser les mêmes outils pour leur construction. Nous pouvons même penser que ces deux maisons avaient la même apparence et que, sur une photo, nous aurions eu bien du mal à les distinguer, ou à dire

laquelle était la plus solide. Pourtant, après le passage de la tempête,

une autre photo aurait révélé la différence. L’une va résister à la tem-

pête, alors que l’autre va s’écrouler lamentablement et disparaître dans la furie des éléments. Ce qui a fait la différence entre les deux maisons: c’est la qualité de leurs fondations et le sol sur lequel ils ont construit.

Durant la Deuxième Guerre mondiale (1939-45), craignant l’invasion

des Alliés, l’occupant nazi avait bâti en France le mur de l’Atlantique. Il

s’agissait de blockhaus (certains très imposants) qui ont été construits pour les uns sur les falaises et les rochers dominant les plages de l’ouest de la France, pour les autres, ils ont été posés sur le sable de

ces mêmes plages. Leur construction à tous était identique: du béton et des murs particulièrement épais. Les bunkers du mur de l’Atlantique sont l’image de la solidité, de l’invulnérabilité (même si on

sait qu’ils n’ont pas empêché le débarquement). Aujourd’hui encore, il reste des traces de ces lourdes constructions. Mais si ceux qui ont

été construits sur les rochers sont encore à la place où leurs fondations ont été posées, quasiment tous ceux qui ont été construits sur

le sable ont été renversés, totalement retournés. Le temps qui passe, 30 \

Notes sur le monde des paraboles


le sable, les marées, tout autant que leur poids excessif sur un sol

instable, ont eu raison de l’absence de fondations sur un sol solide. Le texte de la parabole que l’on trouve dans Luc 6 dit que le premier

homme a creusé profondément, jusqu’à atteindre le roc pour y poser de solides fondations: c’est d’ailleurs ainsi que toute maison devrait être construite.

Différences entre les deux hommes L’un est pressé, l’autre pas. Il y en a un qui réfléchit et qui agit en res-

pectant les règles de l’art. Il sait que ce ne sera pas facile, que ce sera long et qu’il va devoir faire des efforts. Alors que l’autre ne se pré-

occupe que du résultat immédiat et de l’apparence. Pour ce dernier, il est certain qu’il a pu occuper sa maison bien plus rapidement que l’autre. «C’est pourquoi, toute personne qui entend ces paroles que je dis et les met en pratique, je la comparerai à un homme prudent qui

a construit sa maison sur le rocher» (v. 24). Face à la Parole de Dieu, la différence entre les hommes, c’est la compréhension, la réception de la Parole qui vient de l’écoute de ce que Dieu y dit et de ce qu’il y révèle. Le fou de la parabole a toutes les apparences de la sagesse,

mais il est véritablement fou… et il va tout perdre. Pourtant, en ap-

parence, rien ne le différencie du sage. Dans le domaine spirituel, le fou entend bien ce que dit le Seigneur, peut-être même l’écoute-t‑il

attentivement, sinon avec plaisir, mais il ne vit pas la Parole de Dieu,

il n’en fait finalement qu’à sa tête. Sa vie est sans profondeur, sans fondation. Sa folie, c’est de connaître la Parole de Dieu, la volonté de

Dieu, y compris pour son salut éternel, mais l’ensemble ne fait que

glisser sur lui; il n’y attache pas sa vie. Peut-être est-il prêt à suivre une loi qu’il croit être suffisante, mais qui n’engage pas son cœur, sa foi et

sa responsabilité: et si ça ne marche pas, c’est la loi qui devient alors responsable de tout. On connaît le résultat.

Alors que le sage va étudier la Parole, il va véritablement se mettre à son écoute, il va prendre le temps de creuser jusqu’à ce qu’il trouve ce 2. Le sage et le fou

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qu’il cherche pour construire sa maison. C’est en fait sa vie qu’il veut

construire sur de solides fondations. Ce roc sur lequel il va poser les fondations, auquel il va confier sa vie, c’est Jésus-Christ, le Fils unique de Dieu: le Seigneur, le Sauveur.

La foi seule L’apôtre Paul écrit: «Vous avez été édifiés sur le fondement des apôtres et

prophètes, Jésus-Christ lui-même étant la pierre angulaire» (Ephésiens

2.20). Jésus, c’est d’abord le seul nom qui ait été donné pour que nous soyons sauvés, dit l’Ecriture (Actes 4.12). Il est le seul chemin pour rece-

voir le pardon et la grâce, il est le seul chemin qui mène à la porte du

royaume de Dieu. Le Christ est le rocher unique sur lequel bâtir notre vie. Il est notre salut éternel. La Parole de Dieu conduit donc vers son

royaume, parce qu’elle montre le Christ, et c’est aussi pourquoi elle est

utile pour la vie quotidienne, parce qu’elle rappelle sans cesse que Dieu est amour, qu’il est le Dieu trois fois saint qui a fait grâce, qui appelle à l’aimer et à lui faire confiance à chaque instant de la vie.

La chronologie que nous trouvons dans l’Ecriture est celle-ci: la loi

de Moïse vient de Dieu. Elle a été utile à Israël pour structurer sa vie sociale, religieuse et – encore aujourd’hui – pour connaître Dieu, les exigences de sa sainteté et prendre conscience de sa propre indignité.

Mais bien avant cette loi (des siècles plus tôt), venant de Dieu, il y avait la promesse faite à Abraham: un fils, un peuple, une terre et une béné-

diction pour tous les peuples (Genèse 12). La réalisation de cette pro-

messe, Abraham l’a obtenue par la foi et non par l’obéissance à une loi qu’il ne connaissait pas. Relisez la lettre aux Galates (notamment le chapitre 3) et vous découvrirez que la grâce de Dieu a précédé sa loi,

parce qu’Abraham, à qui Dieu a fait ces promesses de bénédiction, ne

connaissait aucune loi de Dieu. C’est par la foi qu’Abraham a reçu la

promesse de Dieu (Hébreux 11.8-12): il a reconnu la voix de Dieu, il y a répondu par la foi, il a engagé sa vie sur le chemin de Dieu, parce qu’il avait en main les promesses faites par Dieu. 32 \

Notes sur le monde des paraboles


Les paraboles de Jésus: tout un monde qui nous paraît parfois si simple que nous ne prenons pas le temps de le «visiter», ou si hermétique que nous n’osons pas nous y aventurer. L’auteur s’est livré à une étude personnelle fouillée de ces quelque 42 textes et nous fait profiter ici de ses nombreuses découvertes. Plongeons-nous avec lui dans ces tableaux et nous dirons alors, comme lui: «Comment ai-je pu passer aussi longtemps à côté d’une telle richesse sans prendre conscience qu’elle est un immense trésor qui vient du cœur même de Dieu?» Né en 1955 en France, Didier Roca a œuvré jusqu’à sa retraite dans le ministère pastoral et au sein de Jeunesse pour Christ en France et en Belgique. Il est aussi l’auteur de chroniques radiophoniques appréciées.

CHF 26.90 / 22.90 € ISBN 978-2-8260-2031-8

Didier Roca

Didier Roca

Notes sur le monde des paraboles

Notes sur le monde des paraboles

Notes sur

le monde des paraboles Didier Roca


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