Le TUNING - Portrait d'une pratique

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Ecole supérieure d’Art et de Design

de Reims



EDITO L’écriture de ce mémoire autour du thème du tuning n’a pas été pour moi une chose facile. Aussi je voudrais tout particulièrement remercier certaines personnes qui ont contribué à la réalisation ainsi qu’au bon déroulement de ce mémoire. Tout d’abord, merci à la directrice de ce mémoire, Laurence Mauderli, qui à su m’aiguiller dans mes choix rédactionnels, ainsi que pour son analyse. Je remercie également Fabrice Bourlez, pour certaines références très instructives ainsi que pour m’avoir crié dessus au moment ou il fallait. Merci à Didier Mahler, pour sa patience, son temps et son investissement dans ce projet, ainsi que pour ses conseils de mise en page. Merci également à Bernadette Giro, pour sa relecture et sa correction. Finalement je tiens à remercier Julie Martin pour sa motivation, son accueil dans un espace de travail adéquate, Amélie Guilleminot pour sa motivation également, ainsi que de nombreuses autres personnes pour leurs avis divers et variés.

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SOMMAIRE 06 10 14 28 4


30 38 47 60 68 Annexes: •Styles de tuning

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•Glossaire

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•Biblio/Filmo/Webographie

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1 : Nicolas-Joseph Cugnot, propose entre 1769 et 1771, le premier véhicule automobile jamais construit. Il s’agit du Fardier à vapeur, destiné de base à un usage militaire, il atteint une vitesse de 4km/h et n’avait ni direction, ni freins. Ceci entraînant d’ailleurs le premier accident d’automobile, lors d’un essai en 1770. 2 : Gorz, André, « L’idéologie Sociale de la Bagnole », Le Sauvage, septembre-octobre 1973.

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Avant de vous expliquer le tuning dans l’automobile, introduisons les origines de celle-ci. Elle fait certainement partie des objets les plus représentatifs et caractéristiques du XXe siècle avec tout ce qu’elle comporte en terme d’évolution technique, industrielle, économique, culturelle et sociale.

C

’est depuis le milieu des années 1910, que l’automobile n’est plus seulement considérée comme un moyen de transport, elle est devenue un moyen d’afficher son identité ou son statut social. De l’invention de la roue en 3200 avant Jésus-Christ, jusqu’à la fin du XVIIIe siècle - ou l’on assiste à la naissance du premier véhicule “dit automobile”1 –, le tuning n’était pas encore d’actualité.

C’est réellement à partir des années 1830 à 1850, que l’on voit apparaître les premiers véhicules à moteurs et cette nouvelle idée de pouvoir se déplacer librement, individuellement et à «grande» vitesse une nouvelle notion que personne n’avait encore envisagé auparavant.

“Personne, jusque-là, n’y avait encore songé: la vitesse des diligences était sensiblement la même, que vous fussiez riches ou pauvres; la calèche du seigneur n’allait pas plus vite que la charrette du paysan, et les trains emmenaient tout le monde à la même vitesse.” 2


Gravure de 1770 représentant l’accident du premier véhicule dit automobile “Le Fardier à vapeur”

• Révolution industrielle Très vite l’industrie automobile se développe et propose des véhicules produits en série de façon semi-artisanale puis de façon industrielle. C’est à Détroit à partir de 1908 (ville de l’industrie automobile) que Ford est le premier à proposer son modèle «T» fabriqué à la chaîne. Ce précurseur de la production à grande échelle sera très vite rattrapé par la concurrence qui elle aussi souhaite exploiter ce nouveau filon. D’autres constructeurs tels que Général Motors, mettent en place des cabinets de stylismes3 visant à développer l’esthétique de l’automobile qui reste, à cette époque essentiellement emprunte du style hippomobile, et souhaitent par cette démarche, séduire un public plus diversifié et plus segmenté tels que le public féminin, qui tend à occuper une place de plus en plus importante dans cet univers qui depuis le départ est resté essentiellement masculin.

Suivant le rythme de la révolution industrielle et de ses progrès technologiques, l’industrie automobile évoluera à une vitesse folle. Son apogée sera atteinte dans les années 1950 avec l’ère du Jet4. À cette époque, grâce aux nouveaux matériaux composites et dérivés du pétrole, les stylistes peuvent se lâcher et n’hésitent pas à proposer des concepts assez révolutionnaires en termes de formes et d’innovations techniques.

3 : Le terme de stylisme et styliste automobile désigne l’action ou la personne qui travaille l’aspect esthétique de l’automobile. Le terme de Designer automobile n’apparaît que bien plus tard. 4 : Pendant la période de la conquête de l’espace, les consommateurs sont séduits par le design à tendance futuriste, proche de celui des fusées et des vaisseaux spatiaux. Cette tendance se déclinera au niveau de l’industrie automobile.

Affiche publicitaire pour l’entreprise de carrosserie de Harley Earl

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5 : « Les deux chocs pétroliers de 1973 et 1979 » http://www.transition-energie.com/ base-documentaire/ documents/les-deuxchocs-petroliers-de1973-et-1979/ 6 : En 1997, Toyota propose au marché Japonais le modèle Prius, premier véhicule à motorisation hybride. Ce véhicule est proposé avec un duo de moteurs thermique et électrique. Une version retravaillée verra ensuite le jour à partir de 2000 sur les marchés européens, américains et australiens.

Vue arrière d’une Cadillac Eldorado de 1959

• Une icône sur le déclin Après cette période faste où le pétrole n’est pas cher (surtout aux États-Unis), on entre alors dans une autre période, moins glorieuse, celle où l’automobile est devenue un réel objet de consommation rentable pour l’industrie. Elle se retrouve au centre de réelles préoccupations concentrées autour de l’écologie, de la pollution, du coût de la consommation au kilomètre et du taux de mortalité en perpétuelle évolution. La crise du pétrole des années 1970 et tout ces éléments mis sur le devant de la scène, amplifiés par les lobbys anti-automobiles font redescendre la voiture de son piédestal.

Citroën BX, dessinée par Marcello Gandini, vendue à partir de 1982

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Avec les chocs pétroliers de 1973 et 19795 on assiste à une baisse d’activité considérable dans l’industrie automobile. La période qui s’en suit jusque dans les années 1980, se caractérise par des concepts d’automobiles sans innovations majeures et sans grandes évolutions esthétiques. C’est vers les années 1990 que le monde de l’automobile prend un tournant important. Les designers automobile et les ingénieurs, explorent de nouveaux domaines jusque-là mis de côté, en travaillant autour de nouvelles énergies plus propres et moins chères. Les premiers véhicules à moteurs électriques ou hybrides6 caractérisés par un design novateur font leur apparition.

Volvo 262 C, dessinée par Carrozzeria Bertone en 1977


• Renaissance ? Aujourd’hui on assiste à un réel engouement pour ce que sera l’automobile du futur. À chaque salon automobile, la présence des concept-car est devenue quasiment incontournable sur les stands des grands constructeurs. La culture de «l’individu unique» (Renforcer le lien entre l’Homme et sa voiture ) est elle aussi entrée dans les mœurs. Les marques proposent systématiquement à leurs clients la possibilité de personnaliser leurs véhicule via des catalogues contenant un large choix d’options mécaniques et esthétiques destinées aussi bien à l’intérieur qu’à l’extérieur. Il est intéressant de noter que ces options sont de plus en plus inspirées du monde des sports automobiles, et de celui, plus “underground”, du tuning. De plus, le contexte de crise économique mondiale actuel, la politique déterminée concernant la sécurité au volant et la consommation des véhicules sont des stimulateurs permanents qui nourrissent la créativité des ingénieurs et des designers en quête d’innovation. Même si l’industrie de l’automobile propose de plus en plus de véhicules en version customisée et modifiable, avec des allures futuristes,

BMW i8 et i3 Concept

comparé aux parcs de véhicules en service, il existe toujours des personnes qui préfèrent acheter des véhicules d’occasion en vue de les modifier à leur goût. Le tuning est un bon exemple d’intervention du consommateur sur un objet qui à l’origine est censé être un produit fini. Nous commencerons donc dans ce mémoire par l’explication de ce qu’est la pratique du tuning, et de ce qu’elle veut dire. Aussi bien au niveau culturel que social, nous aborderons ses origines ainsi que ses spécificités.

Possibilités de personnalisation du Nissan Juke

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a pratique du tuning et de la customisation automobile, est un sujet qui m’intéresse depuis maintenant de nombreuses années. Plus encore, c’est cette attirance pour cet univers si particulier, qui m’a incité dès mon plus jeune age, à dessiner de plus en plus régulièrement. C’est à nouveau grâce à cette ferveur pour le tuning, et sa culture de la création, qui propose sans cesse de nouveaux projets, que j’ai décidé d’orienter mes études vers le monde du design.

7 : « Bienvenue au tuning en France ! » http://motorobots. org/tuning-france.html

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Contrairement aux idées reçues d’une majorité de personnes qui considèrent que cette démarche esthétique est un exercice destiné aux amateurs et est dépourvus de bon goût, j’aimerai, à travers ce mémoire, vous faire découvrir la pratique du tuning, ses incidences sociales, culturelles et vous faire entrer dans l’univers des «Tuners»

De nos jours, il existe de multiples approches différentes et variées concernant la pratique du tuning et les avis sont partagés autour de la question: “À partir de quel moment commence le processus?” Suffit-il d’ajouter quelques autocollants sur la vitre arrière de sa voiture pour être considéré comme une personne pratiquant le tuning? A l’origine, le terme de tuning n’est pas un terme dédié spécifiquement à l’automobile. “to Tune” signifie «accorder» et est en général utilisé dans le domaine de la musique pour déterminer l’action d’accorder (de régler) un instrument de musique7. Ce n’est que plus tard, lorsque certaines personnes ont commencé à modifier – ou régler – leurs moteurs pour les rendre plus performants que l’expression de tuning s’est trouvée être associée au vocabulaire de la customisation automobile.


Volkswagen Golf première génération à l’Import Expo X SNTRL 2013 Photo par Crystal Fox

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Mistubishi Evo IX présente à l’Import Expo X SNTRL 2013 Photo par Crystal Fox

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Il existe donc, comme je l’évoquais précédemment, de multiples façons de s’adonner au tuning. Elles sont conditionnées en fonction du contexte culturel (historique, géographique, sociologique) des adeptes du tuning. Nous verrons à travers quelques exemples, les énormes divergences d’interprétations et d’expressions qui peuvent exister au sein de ce mouvement. Finalement, quel est le but de ce tuning ? Pourquoi vouloir modifier son moyen de transport personnel, alors que sa fonction première, qui est de nous emmener d’un point A à un point B, est parfaitement exécuté sans aucune modification? Pour ces amateurs, vouloir customiser leur véhicule n’est pas seulement le fruit d’une lubie, c’est aussi et surtout un moyen d’expression pour affirmer «leur différence» et leur personnalité tout comme le fait le style vestimentaire. Le tuning se veut donc représentatif d’une certaine façon de vivre et de penser. Cette pratique vieille de plus de 30 ans en France8 (et beaucoup plus tôt aux Étatsunis) à donné naissance à des entreprises spécialisées dans la vente d’accessoires esthétiques et mécaniques consacrés à la customisation. D’autres se sont même spécialisées (pour les plus fortunés) dans la «préparation» en proposant un véhi-

cule complètement transformé à partir d’un modèle de série. Aujourd’hui, l’industrie automobile semble avoir compris que ce marché de l’identité était porteur. Elle propose donc de plus en plus d’options de personnalisations esthétiques dans ses catalogues de gammes. Concernant les véhicules de basse et moyenne gamme, cette nouvelle approche adoptée par les constructeurs reste timide et essentiellement axée sur des options de peintures, de jantes et de selleries ce qui ne représente pas vraiment une démarche forte et volontaire, du moins dans l’esprit des tuners, des vrais! Se pose alors la question des nouveaux codes sociaux à exploiter dans l’industrie automobile qui est en train de prendre conscience des besoins de l’individu consommateur qui souhaite exister de plus en plus et affichant sa différence. Comment va-t-elle surfer sur cette tendance qui privilégie l’individu? C’est à ces questions que j’aimerais répondre à travers ce mémoire.

8 : Apparition en 1979 dans les kiosques français du magazine Chromes&Flammes qui traite de la culture du custom et qui sera publié pendant 10 ans. Idem en 1981 du Magazine Nitro qui à ce jour est toujours en vente. http://www.collectioncar.com/gazette_ detailed.php?id=94

Nissan Silvia S13 présente à l’Import Expo X SNTRL 2013 Photo par Crystal Fox

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9 : « Comment les mots entrent-ils dans le dictionnaire ? » http://www.lepetitrobert.fr/le-petit-robert/ comment-les-motsentrent-ils-dans-le-dictionnaire 10 : Le PTS était le plus grand salon Européen du Tuning. Il s’est tenu pendant dix ans, jusqu’en 2009, sa dernière édition.

En cherchant la définition du mot tuning dans le dictionnaire, On s’aperçoit qu’elle n’y figure pas. Quelles sont donc les raisons de cette absence ?

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omme je l’explique précédemment, ce terme est à la base anglais et sa signification est celle “ d’accorder un instrument de musique.” Pourtant sa traduction française, récemment définie par le terme “Bolidage” ne trouve pas non plus sa place dans nos dictionnaires français. Pour rentrer dans un dictionnaire, le mot doit être utilisé de manière significative et avérée dans la société. On doit pouvoir le retrouver dans la presse, dans les conversations, à la radio, à la télévision9. Pour ma part, il me semble que le terme de tuning en France, est assez présent

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aujourd’hui dans notre quotidien, comme le démontre certains événements tels que le salon du PTS (Paris Tuning Show)10. Ce salon montre bien le réel engouement qui s’exerce sur la population des passionnés, des professionnels et des amateurs.

Installation Son Pioneer réalisée dans le coffre d’une Peugeot 307


Intérieur en cuir réalisé par l’entreprise Europe Sellerie

• Origine du terme Arrêtons nous sur la différence entre deux termes, qui sont au centre de ce mémoire : “Tuning” et “Customisation”. Dans notre cas, la comparaison de ces deux mots ne sont pas forcement facile à énoncer. Le terme de “Customisation” semble vouloir signifier l’action de:

“faire ou de changer en fonction des besoins de l’acheteur, ou de l’utilisateur.” 11 Cette définition se rapproche un peu de ce que l’on cherche. Le tuning quand à lui, est un terme qui semble péjoratif. De plus les définitions disponibles ne semblent pas être très précises. Le tuning s’apparente à :

On se rend donc compte que le terme de customisation est plus général et englobe celui du Tuning, qui lui, est plus centré sur l’automobile. Mais il existe une autre différence. Le tuning nous parle de l’époque contemporaine, alors que la customisation nous renvoie plus dans le passé. On pourrait donc considérer le terme customisation comme un précurseur du mot tuning, car il apparaît bien plus tôt dans le langage courant, contrairement à la notion de “tuning”, qui elle, arrivera bien plus tard. On constate même que certains puristes, amateurs de certains styles avant-coureur de customisation (comme les Hot rods par exemple ), ont horreur qu’on assimile leur pratique à du Tuning. Ils préfèrent le terme de customisation.

11 : Définition du mot “customisation” traduite du site: http://dictionary.cambridge.org/dictionary/ british/customize?q=customisation

“activité qui consiste à personnaliser son véhicule.”12 Pour ma part je le définirai comme :

la transformation esthétique et mécanique de son automobile, dans le seul but de la rendre unique.

12 : Définition du mot “tuning” issus du site: http://dictionnaire. reverso.net/francais-definition/ tuning Préparation moteur turbo

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Dans notre cas, les deux termes de “Tuning” et de “Customisation” se justifient parfaitement. Mais alors en quoi le terme “Tuning” n’at-il pas sa place dans les dictionnaires français ? La définition que je cherchais pour démarrer ma réflexion, fut trouvé sur différents sites, mais aucuns ne me proposaient de définition officielle. À ce moment, je me suis dit que la réponse était peut-être là. Le monde du tuning n’intéresserait-il seulement qu’une petite communauté d’inconditionnels ? C’est en effet, ce qu’il semble ressortir des nombreuses interviews, articles ou reportages que j’ai pu consulter.

Wolkswagen Coccinelle recouverte de fourrure

• Une question de goût Aujourd’hui, beaucoup de clichés collent à cette pratique du tuning tout comme à ses adeptes. La majorité des gens voient le tuning comme une affirmation de la personnalité et de la virilité exprimée à travers leurs automobiles (c’est également le cas avec les véhicules de série). Se retrouver le week-end sur de grands parkings afin de comparer la largeur des jantes, la puissance des systèmes sonores embarqués ou la personnalisation de la

carrosserie des voitures sont des comportements qui peuvent effectivement, pour les non initiés, alimenter ce point de vue réducteur. Quand on interroge les tuners sur les raisons qui les poussent à travailler avec autant d’acharnement sur leurs véhicules, ils répondent la plupart du temps “ par ce que c’est beau ”. Peut-on donc considérer que les amateurs de tuning, s’inscrivent dans une pratique artistique ainsi que dans une recherche de la perfection visuelle et ce sans en être conscient.

Voiture customisée suivant le style Bosozoku

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Vue d’ensemble du salon du SEMA SHOW de Las Vegas en 2014

Il est vrai que la plupart des concours réalisés sont des concours de beauté . La question de l’esthétique est donc constamment présente et la question du mauvais goût en matière de tuning est également légitime. C’est l’une des nombreuses choses qui lui est reprochée. La notion du beau représente souvent la normalité et on qualifiera très souvent de mauvais goût, un projet exubérant qui sortirait des sentiers battus. Nous le verrons plus tard. Chaque style de tuning à ses origines et ses spécificités qui le différencie des autres, tout comme chaque individu peut appliquer sur son véhicule, un symbole de sa personnalité. En ce qui concerne ce mémoire, l’idée est de dépasser ce cliché et d’aller plus loin pour comprendre la démarche de ceux qui pratiquent le tuning.

“Le tuning rassemble tous ceux qui opposent à la production en série une forme d’arrangement individualiste en se réappropriant l’objet commun pour ainsi personnaliser leur véhicule devenu unique. ” 13

• Un phénomène mondial Aujourd’hui, le marché du tuning représente énormément d’argent et d’opportunités commerciales, ce qui n’est pas passé inaperçu aux yeux des industriels, qui se positionnent sur un marché en pleine expansion. Certains salons comme le SEMA SHOW de Las Vegas14 (le plus grand salon traitant du tuning au monde), est un salon exclusivement réservé aux professionnels et son accès est strictement contrôlé. Il accueille les grosses industries ainsi que les constructeurs, qui voient avec ce salon, la possibilité de développer leur clientèle. En fin de manifestation tous les véhicules sont présentés au public lors d’un défilé de clôture afin d’exhiber ces projets tous plus exubérants les uns que les autres, en affichant le reflet de la tendance actuelle en matière de personnalisation automobile. C’est avec ce type de salon représentant la population mondiale des tuners, que l’on s’aperçoit de l’ampleur que peut avoir cette communauté. Chaque région du globe à ses propres styles et ses préférences en matière d’esthétique et de mécanique. On distingue notamment trois grandes régions, qui sont : les États-Unis, le Japon et l’Europe. Notons quand même qu’à l’origine, la démocratisation du tuning - ou customisation, pour l’époque – à véritablement eu lieu aux États-Unis dans les années 1930 à 1940 avec la naissance de la culture du Hot rod.

13 : Darras, Éric, « Un lieu de mémoire ouvrière : le tuning », Sociologie de l’Art, 2012/3 OPuS 21, 14 :Sema Show de Las Vegas http://www.semashow. com/

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ressentait par la même occasion, une très grande fierté. Mais ces privilégiés avaient un soucis, car avant 1901 les plaques d’immatriculations n’étaient pas encore obligatoires dans tous les états. Alors comment reconnaître son véhicule garé le long d’un trottoir parmi des modèles similaires? Il fallait trouver un signe distinctif et d’appartenance.

Mascotte décorative en bronze et chrome

• Premier acte

15 : « Mascottes Automobiles » http://mascottes. automobiles.perso. libertysurf.fr/

Pourtant, on s’aperçoit que bien avant déjà, la notion de la personnalisation qui est la base même du tuning, était déjà présente dans les années 1900. À cette époque, la gamme des modèles proposés par les quelques constructeurs présents sur le marché, était réduite comparée au choix dont nous disposons actuellement. L’essentiel de la nouveauté reposait principalement sur les innovations mécaniques. Côté esthétique l’héritage de l’hippomobile du XIXème siècle était souvent la seule source d’inspiration de l’esthétique industrielle du moment. Posséder une voiture était un signe extérieur de richesse. À chacun de ses passages sur une voie de circulation l’heureux propriétaire créait l’événement et en

C’est à ce moment qu’apparurent les mascottes automobiles, petites statuettes qui décoraient les bouchons de radiateurs. Placées à l’avant du véhicule, elles permettaient une personnalisation de l’automobile. Leurs formes symbolisaient la personnalité de leur propriétaire; ses idées, son tempérament, ses fantasmes, ou encore, son milieu social ou même sa profession. Certaines étaient réalisées en très peu d’exemplaires, voir même à l’unité sur la commande d’un acheteur, alors que d’autres étaient fabriquées en plus ou moins grandes séries. Qu’elles soient romantiques, sensuelles, coquines, insolites, caricaturales, humoristiques, animalières, publicitaires, ou encore provocantes... Qu’elles soient de marque ou accessoires, elles étaient la fierté du propriétaire de l’automobile. Certains passaient commande auprès de sculpteurs pour avoir un objet les représentant parfaitement, qui serait à la fois fascinant et inédit15. Avec cette interventions, ne sommes nous pas en présence du premier acte de customisation ?

16 : Le taylorisme est une méthode de travail qui préconise l’organisation scientifique du travail (OST) grâce à une analyse détaillée des modes et techniques de production (gestes, rythmes, cadences, …) dans le but de d’obtenir la meilleure façon de produire, de rémunérer (salaire horaire), et donc le meilleur rendement possible. http://www.henryford.fr/fordisme/ taylorisme/ Mascottes décorative en bronze

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• Un démarrage au ralenti De nos jours une foule de petits accessoires proposés à la vente nous permettent de personnaliser aisément nos véhicules. Mais à l’époque, où l’automobile se démocratise à peine, une petite révolution va se produire, l’arrivée de la Ford T. Proposée à la vente à partir de 1908, c’est le premier véhicule produit en série à la chaine. En se fondant sur le Taylorisme16, Henry Ford réussi à considérablement réduire les prix de ses véhicules à la sortie de son usine, en optimisant au maximum la chaine de production. Il démocratise alors l’automobile et la rend accessible à un plus grand nombre. En revanche, 90% des modèles proposés étaient de couleur noire.

“Tout le monde peut avoir une Ford T de la couleur qu’il souhaite, à condition que ce soit le noir....” 17 Il est probable qu’a l’époque les codes couleur n’étaient pas encore considérés comme des vecteurs de marketing. La Ford modèle T sera pourtant produit jusqu’en 1927 à la sortie du modèle «A». C’est pendant cette période que le groupe General Motors proposent pour la première fois, un cabinet de stylisme automobile, dirigé par Harley Earl, intitulé “ Section Art and Colour”. Cette branche de General Motors à pour but de déve-

Ford modèle T Roadster de 1923

lopper les finissions esthétiques que le consommateur désire de plus en plus retrouver dans son automobile. C’est une révolution pour l’époque qui permet à General Motors de mettre en avant ce qui fut l’un des premiers actes de personnalisation proposé par le constructeur. En France, dans les années 1920, les automobiles n’était pas personnalisables, puisqu’elles étaient réalisées sur mesure, à la demande du propriétaire. Il n’était pas rare de voir un client acheter chez un constructeur un châssis et d’aller ensuite le faire habiller chez son carrossier. Ces réalisations étaient souvent présentes lors des concours d’élégance. Le principe consistait en un défilé de mannequins habillés «haute couture». Chaque «top modèle» était accompagné par une voiture de rêve et le plus beau «couple» était élu par un jury d’amateurs avertis18. Cette démarche réservée à une élite dépassait peut-être le concept du tuning tel qu’il est envisagé aujourd’hui.

17 : « Ford T (19081927) : La dame en noir « http://www.caradisiac. com/Ford-T-19081927-La-dame-ennoir-51161.htm 18 : « Entre série et Tuning, l’automobile peut elle avoir une personnalité? » Atelier du Mondial de l‘automobile 2012, animé par Grenapin Stanislas. Usine de production à la chaine du Ford T

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Photo by Evan Klein

À l’époque, se faire remarquer au volant de sa voiture est un réel argument de vente pour les carrossiers qui vont jusqu’à commander des campagnes de publicité délibérément caricaturales. L’une d’entre elles avait pour but de convaincre le consommateur que sans une voiture carrossée par un grand nom, il passerait inaperçu. Ces publicités, réalisées par l’affichiste Marc Real, apporte des messages forts, souvent en écho avec la vie politique de l’époque, s’amusant par exemple à représenter des voitures en uniformes, qui se ressemblent toutes19.

Tuning Girls devant une BMW M3 lors d’une meeting

19 : « Entre série et Tuning, l’automobile peut elle avoir une personnalité? » Atelier du Mondial de l‘automobile 2012, animé par Grenapin Stanislas.

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En effet, même si le monde féminin reste très présent dans le domaine du tuning, il n’est principalement présent aujourd’hui que dans un but purement attractif. Le concept d’élégance que les concours de personnalisation proposent actuellement, sont à l’opposé des concours organisés par la classe bourgeoise de l’époque. Le duo femme/voiture reste très présent, mais les rôles ne sont plus les mêmes. Depuis des années, c’est l’utilisation de la femme objet, comme faire-valoir de l’automobile qui régie le monde du tuning.

Affiche publicitaire réalisée par l’affichiste Marc Real


Préparation en garage d’une Nissan Skyline GTR

• Do it Yourself Que ce soit en Europe ou encore aux États-Unis, on se rends donc compte que la volonté de personnaliser son automobile afin de se démarquer des autres, est une idée déjà vieille de plusieurs dizaines d’années. Tout comme n’importe quelle autre passion, la pratique du tuning est une activité chronophage. Le concept est non seulement d’avoir une voiture différente de celles des autres, mais elle doit aussi être rutilante et irréprochable de propreté. La perfection est une devise dans ce milieu. Dernier point, les transformations apportées sur l’automobile doivent de préférence avoir été effectuées par son propriétaire. Il faut savoir réaliser les modifications que l’on apporte à son automobile soit même. Voilà les quelques règles que vous devrez respecter si vous souhaitez devenir «un vrai tuner». Les modifications peuvent être diverses et variées, des plus simples et discrètes, aux plus folles et complexes :

- Modification des jantes ( en général des modèles plus imposants). - Ajout d’éléments de carrosserie comme des bas de caisses, pare-choc avant et arrière, aileron, extension d’ailes, capot et prise d’air sur le toit, etc. - Modification des phares et feux pour des modèles plus puissant à LED. - Modification de l’aspect intérieur, changement des sièges, habillage du tableau de bord avec des matériaux luxueux tels que le cuir ou l’Alcantara. - Modification moteur pour un ajout de puissance. - Changement de l’échappement pour modifier le bruit du véhicule. - Application d’une peinture personnalisée et/ou de décoration autocollante. - Rabaissement du véhicule pour donner une apparence plus agressive.

Tutoriel pour insonoriser la portière d’une Peugeot 206

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Motion Auto Show Photo par William Lee

Toutes ces modifications sont les plus couramment réalisées mais ne représentent qu’une infime partie des possibilités accessibles pour les tuners. Une fois le véhicule préparé et nettoyé dans les moindres recoins il faudra rejoindre les membres de la communauté et leur présenter votre bijou lors d’un meeting généralement organisé sur parking. C’est à cette occasion que chacun échange et partage son expérience, son savoir faire et sa passion pour son auto.

La démarche des tuners est totalement différente de celle proposée par les professionnels. Pour eux, l’idée de faire modifier sa voiture dans un garage ou chez un préparateur, est dénuée de tout sens. Dans un même ordre d’idée les véhicules légèrement améliorés avec quelques accessoires sont déconsidérés. Ces passionnés sont souvent des experts de la mécanique, de la carrosserie et des techniques de peinture. Certains en ont même fait leur métier. Encore une preuve que cette pratique est représentative d’un réel phénomène social. A l’occasion des concours organisés lors des rassemblements de tuners, le jury porte son attention sur l’ensemble du travail accompli sur l’auto et sur la qualité de réalisation. Un projet avec peu de modifications, mais avec un aspect globalement cohérent travaillé dans ses moindres détails, aura l’avantage face à un projet totalement modifié de façon exubérante.

Motion Auto Show Photo par William Lee

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• Une sous-culture comme tant d’autre Aujourd’hui la réalité du tuning, traduit la volonté de vouloir se différencier des autres à travers son propre savoir-faire. Quelque soit sa classe sociale l’individu y passera la plupart de son temps, quitte à malheureusement délaisser certaines autres activités. L’individu cherche à devenir unique et cette volonté s’accentue en fonction du contexte social, économique, géographique et même politique dans lequel il se trouve. On pourrait faire un parallèle entre cette volonté de différenciation identitaire avec d’autres “sous ou contre cultures”. Prenons l’exemple du mouvement des Hippies, qui se sont révoltés contre la culture et le mode de vie de la génération qui les précédaient. Ce mouvement s’est traduit par une révolution des idées et du mode de vie d’une grande partie de la jeunesse de l’époque. On assiste à la naissance d’une communauté créant son propre style de vie, en marge de la société existante, qui s’exprime par différents moyens, tel que la musique, l’art ou le style vestimentaire. Les formes rondes douces et un code couleur flashy, représente cet idéal symbolique qui s’oppose aux idées de guerres. On retrouve notamment dans le domaine de l’automobile, le Volkswagen Combi, comme symbole emblématique de cette contre culture. Ce véhicule d’origine européenne aux formes douces et rondes, peu cher et fonctionnel séduit cette jeunesse opposée au système en place qui prône à contrario des modèles puissants,

La fille à la fleur de Marc Riboud (1967)

gourmands en énergie et plus chers.20. Ce besoin de s’opposer au système de la société de consommation est caractéristique de la sous-culture du tuning. Plus la différence se veut forte, plus le contexte est décalé plus la démarche est affirmée. C’est ce que nous propose comme exemple le sociologue Dick Hebdige dans son ouvrage intitulé : “Sous-culture, le sens du style”. Il nous explique que les sous-cultures découlent :

“des conjonctures différentes qui les situent de façon distincte par rapport aux formations culturelles existantes (culture des immigrants, culture des adultes, autres sous-cultures, culture dominante)” 21 Le contexte actuel est-il propice au développement de cette pratique du tuning et de cette réaction des consommateurs face à des modèles de véhicules formatés et standardisés. 20 : « Le Combi Volkswagen règne encore sur le cœur des hippies californiens » http://www.ladepeche. fr/article/2013/12/ 11/1772808-combi-volkswagen-regne-encore-coeur-hippies-californiens.html 21 : Hebdige, Dick, « Sous-culture, le sens du style » - Traduis de l’anglais par Marc Saint-Upéry. Édition la Découverte, Paris, 2008. P(86) Wolkswagen Combi peint à la manière de la culture Hippie

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Dodge Charger du Général Lee dans la série “Shérif fais moi peur”

• Tuning et cinéma Dans le début des années 2000, le phénomène du tuning était en pleine expansion. Il touchait tous les domaines et notamment le cinéma, avec des film comme ”The Fast & the Furious” sortie en 2001. Proposer un thème comme celui là au cinéma nous démontre que ce phénomène attire les foules. Son succès n’est plus à démontrer car on attend actuellement le septième volet de la série des Fast & Furious pour mai 2015. Cette saga illustre bien l’évolution de la place du tuning dans la société au cours de ces 14 années. Actuellement le film se focalise plus sur un scénario explosif qui utilise quelques voitures comme prétexte visuel, alors que dans les premiers opus, les voitures transformées étaient au centre du scénario et leur présence conditionnait l’intrigue. On venait au

cinéma non seulement pour voir le film, mais surtout pour découvrir les nouvelles tendances et les nouveaux styles qui allaient influencer les futures pratiques du tuning. Un peu comme un défilé de mode lors de la Fashion Week pourrait le faire. Les films de la série Fast and Furious de la première à la troisième génération, étaient donc considérés comme la vitrine incontournable des nouvelles tendances. Les préparateurs et les vendeurs d’accessoires en ressentait immédiatement les bénéfices. L’exemple le plus significatif est la révélation par la firme VeilSide22 de l’un de ses plus fameux kit carrosserie, le kit Fortune pour Mazda RX-7. L’effet de dévoiler en avant-première ce produit dans un film, créa un tel engouement que la firme se trouva très vite en rupture de stock dans différents pays23. Dans le monde du cinéma, l’automobile customisée, est utilisée comme faire-valoir du personnage principal. C’est en quelque sorte un moyen de personnifier l’objet tout en lui donnant de l’importance. On peut le constater dans des films comme, “Shérif fais moi peur”, “Starsky et Hutch”, “Retour vers le futur” ou encore la série “K2000”. Dans ces exemples la personnalité apportée à la voiture la rend plus proche des héros, plus attachante, plus importante. Ces véhicules deviennent indispensable au bon déroulement du film. Ils en sont même parfois le symbole, c’est ce que l’on retiendra du film.

22 : VeilSide est une société commercialisant des pièces automobiles, qui initialement vendait des suspensions et pièces des pour le moteur, elle vend aujourd’hui des intérieurs ainsi que des kits carrosseries pour l’amélioration aérodynamique et esthétique du véhicule. 23 : «Les 10 caisses de Fast & Furious 3 Tokyo Drift» ADDX n°56 Mai 2006 Mazda RX7 équipée d’un kit Veilside Fortune du film “Fast and Furious Tokyo Drift”

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DMC Delorean du film “Retour vers le Futur”

Un autre exemple assez important, est celui de l’emblématique Batmobile. Peut on considérer la Batmobile comme une voiture tunée ? Nous avons défini ce qu’était le tuning précédemment, mais il reste encore certains points à éclaircir. Il est question de modification et de personnalisation du style et des performance de son automobile afin de la rendre unique. Si l’on regarde un véhicule comme la Batmobile (qui n’a cessée de voir son esthétique évoluer durant les 75 dernières années, en fonction des tendances de l’automobile et de l’image attendue par le public), on pourrait aisément dire qu’elle répond à tous les critères qui font d’elle un véhicule tuné. Pourtant, il reste une notion non évoquée jusque maintenant, qui définit un peu plus encore cette pratique qu’est le tuning : la notion d’utilité. À mon avis, on peut parler de tuning quand les modifications apportées ne sont pas nécessaires au bon fonctionnement du véhicule. Par exemple certains véhicules diplomatiques, comme la limousine du Président Américain, sont modifiés esthétiquement et mécaniquement. Elle est aménagée et blindé en vue d’assurer la sécurité du président. Cela correspond à la définition

du tuning, mais est-ce que l’on pourrait la considérer comme telle. Ces améliorations ayant pour but de protéger, ne se veulent pas à être esthétiques. La forme suit la fonction, qui dans cet exemple ne concerne en rien la notion de tuning. Or dans le cas de la Batmobile, les modifications apportées on un but précis et surtout différent de celui d’un véhicule de base. Tout les gadgets sont présents pour aider le héros à arrêter les méchants, aller plus vite, etc... La Batmobile est donc un véhicule amélioré, mais pas tuné. En reprenant les exemples cités précédemment, on pourrait également dire de la DeLorean de Doc dans “Retour vers le futur” n’est elle non plus pas un véhicule tuné, car la série de modifications apportées ont unbut bien précis et fonctionnel, celui de voyager dans le temps. En revanche, la Dodge Charger du Géneral Lee du film “Shérif fait moi peur” est uniquement customisée dans un but esthétique. Elle fait donc partie des voitures tunées.

Évolution des différentes Batmobiles depuis la série de 1960 jusqu’au film de 2008

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• Pratique en devenir... Aujourd’hui la “mode” du tuning est sur le déclin et le nombre de tuners français ne cesse de diminuer. Mais il reste encore quelques irréductibles qui entretiennent cet état d’esprit d’une façon confidentielle.

24 : Hebdige, Dick, « Sous-culture, le sens du style » - Traduis de l’anglais par Marc Saint-Upéry. Édition la Découverte, Paris, 2008

En m’accordant à penser que les tuners et le monde qui les entourent, forment un groupe social, régit par une sorte de code et certaines valeurs propres à leur univers, on pourrait assimiler le tuning à une sous-culture. Dick Hebdige, décrit les sous-cultures comme des manifestations d’événements dérangeants pour l’ordre établi par la normalité. Elles sont perçues de façon négatives, à cause de leurs démarches critiques des standards de la société moderne24. Néanmoins, les sous-cultures se forgent en général sur le besoin de construire leurs propres identités comme nous l’avons vu avec les différents exemples cités.

On pourrait donc aisément assimiler cette pratique du tuning comme une sous-culture, régie par une recherche de démarcation de la population de masse. Même si le terme de sous-culture – issu à la base du terme anglais “Subculture”– désigne principalement une culture dite “Underground” , le terme traduit en français de “Sous-culture” amène une connotation péjorative. Pourtant, le Tuning reste pour moi une forme de sous/contreculture annexe axée sur l’identité unique. Cette pratique du tuning à encore de beaux jours devant elle...

Lexus 2015 RC 350 F SPORT customisée par Gordon Ting &Beyond Marketing

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Nissan Silvia S14 customisée à la façon JDM

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Toyota Celica, dĂŠcorĂŠe par Mirai Millennium avec le style Itasha

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L

e tuning est un phénomène mondial. Il est en revanche décliné sous de multiples formes. En effet sa pratique subit l’influence des cultures locales et sociales. On pourrait presque dire que chaque interprétation qui en est faite, est endémique.

25: « Every weekend is an itasha car show at Akihabara’s UDX parking garage » http:// en.rocketnews24. com/2014/05/02/ every-weekend-is-anitasha-car-show-at-akihabaras-udx-parkinggarage/

Au Japon par exemple, le style Itasha, consiste à recouvrir entièrement son auto d’une peinture ou des stickers (autocollants qui dans le domaine de l’automobile, sont la plupart du temps publicitaire ou seulement décoratifs) à l’effigie des personnages fictifs, issus pour la plupart de la culture Manga. Ce pratique rappelle fortement les techniques d’affichage utilisées lors de campagnes publicitaires ou des rames de métro voir des stations entières, étaient totalement recouverts par l’identité visuelle de la marque. Cette tendance issue de la culture japonaise des années 1980, est propre à ce pays uniquement25.

Afin d’illustrer mon propos sur l’histoire et l’évolution des styles de tuning et de customisation, j’ai décidé de choisir deux exemples qui sont pour moi les plus représentatifs dans ce domaine. Dans un premier temps, je vais vous parler de la culture Hot rod, qui fut le premier mouvement reconnu de customisation automobile. Ensuite j’évoquerai la culture des Lowriders, symbole de l’héritage culturel de la société Mexicaine aux ÉtatsUnis. Ces deux exemples n’ont pas été choisis au hasard. En effet, ce sont deux cultures qui se sont développées dans des contextes similaires, aux mêmes endroits et à la même époque. De leurs pratiques respectives découlent une évolution de la société. Nous verrons ainsi comment deux approches de la customisation peuvent, à travers leur perception et leur expression, être des émulateurs de la créativité et donner des résultats aussi bien différents que surprenants. 29


Un Hot rod est à l’origine une voiture ancienne, sur laquelle on a greffé un énorme moteur plus récent et gonflé à bloc. Ce bolide est destiné à participer à des courses. Il est facilement reconnaissable par sa carrosserie rétro dénuée de toutes pièces superflues. Né au États-Unis il est encore aujourd’hui un des symboles de la culture custom.

C

omme chaque style de tuning, le Hot roding a son histoire et surtout ses origines bien spécifiques.

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• Un manque de diversité Au début des années 1900 aux États-Unis, les premières automobiles qui sortent d’usine sont proposées à des prix trop élevés pour la majeure partie des gens. De plus leur fiabilité laisse à désirer, car le monde de l’industrie automobile n’en est alors qu’à ses balbutiements. Comme nous l’avons vu précédemment, c’est avec l’arrivée d’Henry Ford qui optimise les coûts de fabrication, que les tarifs deviennent plus abordables. La Ford modèle T, symbole de la production à la chaîne deviendra alors accessible à un public beaucoup plus large. Sa production commença en 1908, et s’achèvera en 1927 faute de compétitivité face à une concurrence qui propose alors de nombreux modèles plus modernes et moins chères.


Magasin de pièces détachées pour véhicules de la marque Ford dans les années 1930

• Une envie de puissance En 1929, alors que l’industrie automobile est en plein boom, la crise de Wall-Street frappe un grand coup sur l’économie américaine. Les gammes de véhicules proposées sur le marché se sont de plus en plus diversifiées. Le consommateur peut alors choisir son modèle dans une plus large palette de formes, de fonctionnalités et de prix. Mais l’achat de véhicules à bas coût pose un problème. En effet les véhicules sont plus abordables, mais également bien moins performants. Les nouveaux acquéreurs, en quête de vitesse et de liberté se retrouvent alors souvent frustrés face à la puissance insuffisante que délivre le moteur de leur auto.

• Les premières modifications Vers les années 1930, apparaissent les premières modifications esthétiques. Pour des raisons de poids évidentes, les amateurs de vitesse retiraient certaines parties de la carrosserie de leurs véhicules, (en général le capot) afin d’alléger le plus possible l’ensemble et ainsi gagner en rapidité. Cette opération avait également pour but de mettre en valeur les entrailles mécaniques de la machine que l’on conduisait, démontrant ainsi les connaissances en mécanique du propriétaire de l’auto. De plus la suppression du capot apportait à l’ensemble du véhicule un côté assez agressif et provocateur.

26 : « History of the American Hot Rod ... » http://www.thefoudre. com/history-of-theamerican-hot-rod-622custom.html

C’est à ce moment que commence cette volonté de redonner un peu plus de puissance et de caractère à cette catégorie de véhicule. Les véhicules modifiés sont des Roadster, qui sont à l’origine des voitures ouvertes à deux places, sans fenêtres latérales tels que le Ford T. Aujourd’hui le terme est utilisé pour designer un coupé sportif à deux places sans montants de fenêtres latéraux apparents. C’est ce qui est à l’origine du nom de cette pratique, ou le roadster est devenu “hot roadster”, puis “Hot rod”26 . Moteur apparent d’un Hot Rod Ford modèle A

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Plus tard, dans les années 1960, des courses se déroulaient en ville de manière illégale. Les amateurs de sensations fortes, circulaient toute une partie de la nuit dans les rues en faisant rugir leurs moteurs, afin de trouver un adversaire à la hauteur qui veuille bien se mesurer à eux28. Une fois chose faite, les deux véhicules se plaçaient alors côte à côte à un feu au rouge. Le passage au vert donnait le départ et les bolides démarraient pieds au plancher en faisant crisser et fumer leurs pneus. C’est le carrefour suivant qui servait de ligne d’arrivée

Extrait du film “Américan Graffiti” de Geroges Lucas

27 : Un quart de Miles correspond environ à 0,402 kilomètres. C’est pour cette raison qu’on appelle également ce type de course dans les pays francophones, le 400 mètres départ arrêtés. Cette discipline est toujours pratiquée et s’est répandu dans le monde entier. Des championnat pour les professionnels son toujours organisés, ainsi que d’autre ouverts à un publique d’amateurs.

C’est également à cette époque qu’ont commencé à se populariser les courses avec ce genre de bolides. Ces courses s’appellent les Drag et elle consistent à parcourir en un minimum de temps une distance donnée d’un quart de miles27 en ligne droite. On pouvait assister à des courses en face à face se déroulant sur d’immenses lacs salés au nord-est de Los Angeles.

En signe de reconnaissance et afin de trouver un rival il suffisait d’accrocher, des dés, aux rétroviseur de son bolide pour indiquer que l’on était joueur et prêt à prendre part à un duel. Depuis ces dés sont restés l’un des éléments les plus symbolique de cette culture de la personnalisation. La notion de duel est très importante dans le monde du tuning cela reste une passion majoritairement masculine, ou celui qui à le véhicule le plus puissant ne cesse de vouloir le prouver aux autres. On note notamment cette rivalité dans le téléfilm de Steven Spielberg, “Duel”29. Le film met en avant une longue course poursuite entre un voiture et un poids lourd. La notion de jeu que le poids lourd impose à l’automobiliste, renvoie au rapport de force que pourrait avoir le conducteur de Hot rod, voulant prouver la supériorité de son véhicule sur ceux des autres.

28 : American Graffiti, 1974, réalisé par Georges Lucas. 29 : Duel, 1971, réalisé Steven Spielberg pour le chaine de télévision américaine ABC, puis adapté pour le cinéma. Ce film est inspiré du nouvelle de Richard Matheson, qui en est le scénariste. Dés en fourrure suspendus au rétroviseur d’un Hot rod

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Extrait du film “Duel” de Steven Spielberg


MG sport des années 1930

• Explosion du phénomène Mais c’est après la seconde guerre mondiale, que le mouvement à considérablement prit de l’ampleur. Quand les jeunes militaires américains rentrèrent au pays à la fin la guerre, ils ramenèrent avec eux de nouvelles idées inspirées des véhicules vus en Europe et qui n’avaient pas encore d’équivalents sur le marché Américain. Pour citer un exemple, on peut se référer aux petites automobiles sportives, commercialisées par la marque MG (en Angleterre). A leur retour les jeunes soldats bénéficiaient d’une formation professionnelle. Certains d’entre eux s’orientèrent vers la mécanique automobile, qui était un secteur d’activité porteur à l’époque. Ce choix leur permit par la même occasion de s’adonner à la transformation et la customisation sur des véhicules d’avantguerre comme les Ford T, Ford A, Ford B datant principalement des années 1930 à 193530.

Intérieur cuir d’un Hot Rod Ford modèle A

Le choix de se porter sur ce type de modèle n’est en réalité pas le fruit du hasard ni des goûts esthétiques. En effet, n’ayant que peu de ressources financières avec leur maigre pension d’anciens militaires, ces vieux véhicules d’occasion, généralement en mauvais état, n’intéressant plus grand monde se révélèrent être une aubaine pour exprimer leur passion à moindre frais. À travers la possibilité de réaliser un projet qui leur plaît, cette jeunesse montre la détermination qu’elle à pour restaurer ces anciennes carcasses et les faire rouler. Cela exprime bien la volonté et la passion que pouvait déjà avoir les personnes qui customisaient leurs véhicules à cette époque, et ce, quelque soit le contexte social et économique dans lequel ils pouvaient se retrouver.

30 : « History of the American Hot Rod ... » http://www.thefoudre. com/history-of-theamerican-hot-rod-622custom.html

Vue arrière d’un Hot Rod Ford modèle A

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- Renforcement du châssis qui doit supporter un moteur boosté - Amélioration de la capacité de freinage. - Correction du système de suspension. - Surbaissement du véhicule en vue de descendre son centre de gravité. - Élargissement des ailes et les jantes afin d’accueillir des pneumatiques plus imposants. - Optimisation du poids et suppression des éléments de carrosserie superflus, des garde-boue avant (et parfois arrière).

Artiste dessinant des motifs de Pinstriping sur le phare d’un Hot Rod Chevrolet

• Une créativité inattendue La détermination pour restaurer et faire rouler ces anciennes carcasses n’a pas de limite, les modifications apportés sont considérables:

Dean Jeffries en pleine démonstration de peinture personnalisé sur une Chevrolet de 1956 Chevrolet. Photo de Dick Day & Interlink Media

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- Descente du pavillon de toit (Topchop) pour gagner en aérodynamisme. D’un point de vue mécanique, tout y passe ou presque mais cela ne suffit pas il faut maintenant se concentrer sur l’esthétique, peaufiner les détails et soigner le «look». Du soin apporté au choix de la peinture et des vernis en passant par le chromage de certaines pièces du moteur devenues apparentes, là encore la liste peut être très longue.


Hot rod Chevrolet Fleetline Deluxe de 1952

Grâce à la créativité et l’engouement de ces jeunes conducteurs pour le mouvement du «Hot rod», on assiste alors à une multitude de propositions pour, réparer, modifier, transformer, améliorer ces vieux roadsters. En partant de rien ou presque, le résultat final, est à chaque fois différent et reflète la personnalité de son propriétaire. Le Hot rod devient alors un vrai phénomène de mode. De nombreux modèles étant apparus sur le marché depuis les années 1930, la culture custom du Hot rod, a maintenant à sa disposition un plus vaste panel de véhicules à exploiter. De nouvelles idées voient le jour au fur et à mesure de l’évolution technologique et les véhicules des années 1930 n’ont plus le monopole de la culture Hot rod.

Ce mouvement prend de l’ampleur jusqu’à sortir du contexte de l’automobile. Faire du Hot rod n’est plus seulement avoir une voiture customisée, c’est aussi devenu un état d’esprit. Que ce soit au niveau de la mode vestimentaire ou de l’attitude et de la posture, les codes de cette nouvelle tendance est pour les jeunes un vrai moyen d’affirmation et de démarcation vis à vis de la société dans laquelle ils vivent. La presse magazine s’empare du phénomène, le relayant de plus en plus. Des courses sont même organisées de manière officielles sur circuit31.

31 : « HotRod Meeting Bonneville 1954 ... » http://www.thefoudre. com/hotrod-meetingbonneville-1954-587custom.html Bande de potes devant leurs Hot rod durant les années 1950

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• Des hauts et des bas

32 : Muscle car est un terme anglais servant à désigner les automobiles américaines propulsées par un moteur sur-dimensionné, le plus souvent un V8. Si les premières automobiles de grande puissance sont nées dans les années 1950, l’histoire officielle désigne généralement sous l’appellation de « Muscle car » des modèles datant pour la plupart de la décennie suivante.

Mais dans les années 1960, l’apparition de nouveaux modèles plus performants proposés par les constructeurs, réduit considérablement l’attrait que les aficionados pouvaient avoir pour le Hot rod. En effet il n’est plus nécessaire de placer des moteurs surboostés dans des roadster de type Ford T pour être rapide. On peut désormais acheter un “Muscle car”32, en général plus puissant que n’importe quel Hot rod, avec plus de places pour les éventuels passagers et surtout qui ne nécessitaient pas des heures de modifications et de préparations. De plus la pénurie de tôle suite à la guerre, permet l’apparition de réplique des modèles existants en polyester, plus légers, moins coûteux et surtout plus faciles à fabriquer. Le Hot rod devient alors peu à peu une pratique sportive lucrative pour certaines marques, à la recherche de puissance et de rendement, au détriment de l’aspect mécanique et technique qu’imposaient les modifications faites par les amateurs. Dans le contexte de la crise pétrolière du début des années 1970, la surconsommation des moteurs de l’époque (un gros moteur, implique une grande consomma-

Chevrolet Camaro SS

tion d’essence) et les fréquents rapports publiés sur l’insécurité des véhicules induisant une augmentation croissante du nombre de morts, amènent les consommateurs à reconsidérer leurs attentes en matière d’automobile. La réaction des constructeurs ne se fait pas attendre et ils proposent de nouveaux véhicules plus économiques et moins orientés sur la puissance.

Au premier plan, l’arrière d’un Hot Rod Chevrolet Bel Air de 1957. Au second plan, une Muscle Car Chevrolet Camaro de 1969.

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Il existe actuellement, plusieurs familles de Hot rods dont l’inspiration est plus ou moins influencée par les origines de cette culture. Voici les principales tendances que l’on rencontre aujourd’hui: -Le “Traditional” ou “Nostalgia rod”, qui regroupe les inconditionnels des modèles du début du XXe siècle. Ils travaillent sur des anciens modèles avec les techniques et méthodes de l’époque afin de garder l’esprit «Original».

Rassemblement du 5th Bridgestone Nashville nationals car show organisé par la NSRA

C’est à ce moment que l’attrait pour le Hot roding reprend de la vigueur. De nouveaux styles de customisation des Hot rods voient le jour, plus en adéquations avec les idées et les nouvelles tendances technologiques du moment. Le style des show-cars fait son apparition, ou la démarche est de transformer un véhicule dans l’unique but d’être exposé lors de salons ou d’exhibitions33. Plus tard des événement nationaux organisés par la NSRA (National Street Rod Association) verront le jour. On y organise des courses et des rassemblements pour les passionnés de Hot rods, pour qui il est essentiels de rouler avec des véhicules qu’ils ont eux même modifiés.

-Le “Street rod” qui lui est customisé à partir de pièces et d’accessoires neufs. Il est destiné à rouler au quotidien sur la voie publique. -Le “Rat rod” est la plus récente évolution de cette tendance. Elle consiste à laisser rouiller certaines parties du Rod de façon à lui donner un aspect beaucoup plus patiné. En général ces véhicules sont extrêmement sur-baissés, ce type de transformation n’étant qu’une recherche purement esthétique. 34 On constate qu’à travers cette «sousculture» du Hot rod, on retrouve différentes évolutions de styles. Ils ont été à chaque fois influencés et conditionnés par le contexte économique, historique, et sociologique du moment. La culture du Hot rod est cependant devenue une caractéristique incontournable de la culture Américaine.

33 : Notons que le terme show-cars n’est pas exclusivement réservé au Hot rods. Ce terme désigne l’ensemble des véhicules préparés et customisés qui sont uniquement destiné à l’exhibition lors d’événements de type salons. 34 : « Hot rod / Classification » http://fr.wikipedia.org/wiki/ Hot_rod#Classification

Rat rod, préparer par Skoty Chops Kustoms, sur une base de modèle Ford

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Un lowrider est une voiture dont le système de suspension a été modifié afin de pouvoir faire monter et descendre à souhait la caisse du véhicule par rapport à ses roues. Le lowrider doit rouler en position basse à ras de terre. Ces voitures sont peintes avec des couleurs voyantes et personnalisées.

35 : Hebdige, Dick, « Sous-culture, le sens du style » - Traduis de l’anglais par Marc Saint-Upéry. Édition la Découverte, Paris, 2008. P(71)

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L

a deuxième culture que je vais aborder dans cette étude de cas, est la culture du Lowrider. Tout comme celle des Hot rods, elle naît et prend racine aux États-Unis. Mais ses origines ne sont pas américaines pour autant. Tout comme celle des Hot rods, elle se développe après la seconde guerre mondiale, mais sa démarche est différente.

• Les origines Les origines de ce mouvement remonte aux années 1940 avec l’apparition du style des Zoot Suitters. Le Zoot Suit, était un style vestimentaire très particulier dont les codes se caractérisaient par le port d’un pantalon à pinces (taille haute) de grande taille et fortement plissé, d’une chemise avec cravate et bretelles, d’une veste ample et longue, d’une paire de chaussures de type “Derby” de préférence bicolore le tout accompagné d’un chapeau à bord très large. Pour peaufiner le look, le gros cigare et la montre à gousset étaient de rigueur (la chaîne partait de la taille, descendait jusqu’à mi-mollet pour ensuite rejoindre la poche du pantalon). Comme l’explique Dick Hebdige, beaucoup de sous-cultures – comme l’exemple des punks, repris tout au long de son ouvrage – empruntent certaines caractéristiques à d’autres cultures :

“Certaines caractéristiques du punk étaient directement empruntées aux styles rude boy et rasta.” 35


Ce style vestimentaire fut adopté par les hispaniques et latinos vivants aux ÉtatsUnis. Ce look était largement inspiré par le «dress-code» des musiciens de Jazz des années 193036. Souhaitant se démarquer fortement de la communauté anglo-américaine en revendiquant ouvertement leur différences culturelles à travers ce look voyant, ostentatoire et limite provoquant, les Zoot Suitters furent vite perçus comme un groupe social revendiquant le crime et à la violence. Porter du Zoot Suit était devenu symbole de rébellion. À Los Angeles en juin 1943, ce phénomène déclencha même une série d’émeutes raciales: les événements du “Zoot Suit Riot”37. La culture du Zoot Suit et son style vestimentaire seront par la suite toujours assimilés à l’univers du Lowrider.

Zoot suiters devant une chevrolet pick-up

“Je crois que c’était une manière de refuser la mode. Ils s’opposaient à la tendance et, en même temps, la créaient sans le vouloir. Ce qui me semble une bonne définition de l’excentricité.” 38 Nous allons voir comment découle le parallèle entre ces deux formes d’esthétisme fondées sur l’exagération de formes et des couleurs.

36 : « The Zoot-Suit and Style Warfare by Stuart Cosgrove » Issus du “History Workshop Journal. Vol. 18 (Autumn 1984) pp. 77-91” avec la permission du “Oxford University Press” http://invention.smithsonian.org/centerpieces/whole_cloth/ u7sf/u7materials/ cosgrove.html 37 : « Le Zoot Suit : style vestimentaire révolutionnaire » , écrit par Duke & Dude http://dukeanddude. com/blog/lifestyle/ zoot-suit 38: Jean-Paul Goude, ancien directeur artistique d’Esquire, extrait de l’article pour le Journal le Monde du 14 août 2010 : « Zoot alors ! » Rédigé par Bruno Icher

Bande de Zoot Suiters

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• Système D

39 : Sleepy Lagoon résident de Fernando Ruelas, président de l’ancien club Américain de lowrider, Le Duke. Pour Lowrider Magazine : Chapter 2 « Lowrider History Book : The Emerging Styles » http://www.lowridermagazine.com/historybook/0000lrm_history2/

Au retour de la seconde guerre mondiale, les vétérans mex-américains (qui vivaient dans le sud de la Californie et autour de Los Angeles) rêvaient, comme la plupart des américains, de pouvoir se procurer une voiture. Mais comme ils n’avaient pas énormément de moyens, les seuls véhicules accessibles étaient des modèles d’occasions plutôt en piteux états. Parmi le grand nombre de marques et de modèles disponibles, les choix se portaient souvent sur des bases de Chevrolet. Elles avaient le mérite d’être bon marché, de bonne qualité, fiable et surtout, elles disposaient des lignes qui feront plus tard le succès des Lowriders.

“Le Chevy 39’ était le meilleur lowrider. C’est plus qu’un look de gangster, qu’une voiture d’Al Capone. Les portes suicide, les phares, les ailes […] Elle est bien conçue, c’est la meilleur création qu’ils ont réalisés” 39

40 :Chapter 2 « Lowrider History Book : The Emerging Styles » http://www.lowridermagazine.com/historybook/0000lrm_history2/ 41 : Le Torching est une technique qui consiste à abaisser au maximum le niveau de la caisse par rapport au sol en chauffant les ressorts des amortisseurs. Une fois chauffés à blanc, les ressorts se ramollissent et s’assouplissent, le poids de la voiture fait son travail. Il ne reste plus qu’a placer des cales sous le châssis (à la hauteur souhaitée) puis laisser refroidir. Le résultat est sans appel, mais irréversible . Cette technique est encore utilisée de nos jours par les puristes pour rabaisser certains véhicules anciens tels que des roadsters. Mercury 1940 Photo par Mike Pimentel

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Leur approche de la transformation consistait à redonner à leur véhicule un aspect autant, voir plus attractif que les modèles neufs qui sortaient d’usine et auxquels ils n’avaient financièrement pas accès 40. La première modification consistait à rabaisser au maximum la garde au sol du véhicule. Les Chicanos trouvaient que l’allure de leurs autos une fois rabaissées, était beaucoup plus attrayante. Pour cela ils utilisaient des sacs de sables ou de ciment qu’ils plaçaient dans le coffre afin de quasiment poser l’arrière de leurs voitures sur le sol. La hauteur de la carrosserie par rapport au sol dépendait donc de la capacité volumétrique du coffre, d’où le choix de modèles assez long aux formes imposantes. D’autres techniques étaient aussi utilisées (notamment pour l’avant du véhicule) comme le Torching41, ou le raccourcissement des ressorts de suspensions (par découpe). Ces deux dernières techniques avaient l’inconvénient d’être irréversibles. Cette démarche montre bien la situation dans laquelle se trouvait cette communauté. Tout est débrouille et petites astuces afin d’atteindre le résultat escompté avec les moyens du bord. Même dans un contexte économique très difficile où se trouvait la communauté mexicaine, ils se débrouillait pour customiser leurs véhicules, afin d’affirmer leur identité.


Extrait de magazine nous présentant le projet de Chevrolet Corvette customisée de Ron Aguire. Premier véhicule utilisant la technologie hydraulique pour ses suspensions.

• Mauvaise réputation Les Lowriders n’avaient pas une très bonne image aux yeux de la société, les médias de l’époque contribuaient à entretenir le cliché en décrivant les Chicanos comme des groupes roulant à travers la ville à la recherche des conflits (comme nous avons pu le voir précédemment avec le “Zoot Suit Riot”). Parallèlement, une loi visant implicitement à réduire le développement de ces groupes dans les rues des villes , imposait à tous les propriétaires des véhicules à respecter une hauteur minimum entre la carrosserie et le sol. Les possesseurs de Lowriders se trouvèrent donc privés d’un des symboles les plus caractéristique de leur identité visuelle culturelle. Si à la base ils avaient voulu rabaisser leurs caisses un maximum ce n’était pas seulement pour des raisons esthétiques, mais aussi pour se démarquer de la culture anglo-américaine qui se développait en parallèle. Effectivement, tout est question de différenciation par rapport aux gros pick-up américains de plus en plus haut perchés.

• Coup de génie Pour contourner ce problème, un jeune tuner, amateur de Lowrider, qui travaillait dans le milieu aéronautique, eut l’idée de

remplacer les suspensions classiques installées d’origine sur son véhicule par de vieux vérins hydrauliques utilisés sur les avions 42. Grâce à ce subterfuge il pouvait alors régler à volonté la hauteur de son auto par rapport au sol grâce à une commande installée à l’intérieur de l’habitacle. Le résultat était concluant car une fois sur la route, le Lowrider pouvait rouler en position basse, rasant le sol, et remonter à la hauteur réglementaire lorsque il croissait les forces de l’ordre. Ce système qui fut adopté avec enthousiasme est aujourd’hui devenu un le symbole principal de la customisation des Lowriders. Une autre particularité vraiment symbolique de la culture Lowrider et Chicanos, a été la création de clubs destinés à fédérer leur différence culturelle. Grâce à de fréquents rassemblements destinés aux possesseurs de Lowriders, la communauté pouvait entretenir, nourrir et revendiquer ses droits à la différence. C’était également l’occasion de s’amuser et de se rassembler (le week-end le plus souvent). Plus qu’un groupe de gens partageant la même passion, ces clubs représentaient une famille. Cette notion est très importante dans la culture des Chicanos car elle se fonde énormément sur l’héritage culturel.

42 : « Keeping the Movement Hopping. » Chapitre 5 de l’histoire du Lowrider: Extrait du site de la Michigan State University. https://www.msu. edu/~torresm2/ch5. html

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Plaque déposée à l’arrière d’une Chevrolet Impala de 1966. Ces plaques désignent le Club duquel est membre le propriétaire du Véhicule.

• Le symbole d’une culture 43 : « Everything Comes from the Streets », 2014, réalisé par Alberto Pulido pour Truly CA 44 : « Candy Paint » http://www.kustomrama.com/index. php?title=Candy_Paint

Les Lowriders sont donc devenus les icônes de la culture Chicanos. Les véhicules transformés devenaient la vitrine symbolique de ce mouvement et se devaient d’être irréprochables, tant du côté esthétique qu’au niveau finition. Leur fierté en dépendait43. Il fallait que la voiture soit toujours impeccable à chaque sortie en ville, qu’elle fasse tourner les têtes. Il faut savoir attirer l’attention.

Comme nous l’avons déjà vu précédemment, les Lowriders doivent afficher une image et des codes en totale contradiction avec les véhicules de culture Anglosaxone : - Les Lowriders sont donc plaqués au sol et disposent de jantes à rayons ultra-fins en opposition aux gros 4X4 surélevés et équipés de jantes imposantes. - Contrairement aux puissants Hot rods de look agressif, les Lowriders ont un aspect plus tranquille et roulent paisiblement. - Leurs carrosseries sont très légèrement modifiées alors que celles des Hot rods subissent de nombreuses transformations. - Une caractéristique qui contribue à marquer la différence est l’attention apportée au travail de la peinture. Les couleurs utilisées sont beaucoup plus falshy. C’est notamment à cette période que les finitions “Nacrée”, ou “Candy” furent inventées44.

Chevrole Impala de 1964

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Peinture à l’aérographe sur un Lowrider


Motif caractéristique du Pinstriping

Globalement les Lowriders sont décorés avec beaucoup de soins. Certains capots arborent des scènes de vies représentatives de la culture Chicanos appelées des “murals”45, mais dans la plupart des cas on retrouve des motifs graphiques, appelés pinstriping46. Ce sont de fins filets peints avec des couleurs complémentaires. Ils représentent des motifs à graphiques symétriques destinés à souligner les courbes de la carrosserie. Pour en finir avec l’aspect visuel, une grande partie des pièces extérieures sont chromées afin de donner à l’ensemble un impact visuel plus clinquant.

Mural réalisé sur l’intérieur du pare-feu

Côté mécanique, le moteurs n’étaient pas réellement modifiés ou boostés comme ceux des Hot rods. La performance n’était surtout pas la priorité pour les propriétaires qui souhaitaient avant tout s’afficher au volant de leur superbe Lowrider de préférence à l’occasion de “Cruising” (en français: croisière) hebdomadaire. Cette parade qui se déroulait en général en fin de semaine donnait entre autre, l’occasion aux Lowriders (en français: conducteur bas) de draguer les filles47 à 20 ou 30 kilomètres par heure. Aujourd’hui, cette culture d’origine exclusivement californienne et mexicaine s’est complètement vulgarisée et a tendance à perdre peu à peu la dimension culturelle et sociale qui faisait sa force. Elle s’étend à d’autres villes, d’autres pays et même d’autres continents. Elle est restée exclusivement urbaine et certaines communautés (afro entre autre) ont tendance à se l’approprier. Elle est d’ailleurs, depuis les années 1980, assimilée comme représentative des gangs et des Bad-boys. Le milieu du Rap s’est notamment approprié l’image du Lowrider. On en retrouve dans de nombreux clips comme ceux de Dr Dre, ou Cypress Hill qui leur a même consacré un titre48.

45 : « Latinos » Magazine Nitro N°18 de Novembre 1982 , écrit par George Benayoun. (P81) 46 : « Le Pinstriping Dean Jeffries and Von Dutch ... » http://www.thefoudre. com/le-pinstripingdean-jeffries-and-vondutch-547-custom. html 47 : « Everything Comes from the Streets », 2014, réalisé par Alberto Pulido pour Truly CA 48 : Cypress Hill « Lowrider » (C) 2001 SONY BMG MUSIC ENTERTAINMENT https://www.youtube. com/watch?v=mMWBh0B9F0M

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Cruising sur le mythique Whittier boulevard de East Los Angeles.

• Réinterprétations Ces récupérations du mouvement amènent le style Lowrider à suivre une permanente évolution. De nouvelles tendances font leurs apparitions comme les concours de sauts appelés “Hooping”. Le Donk, est l’une des dernière branche en date, qui propose (tout en conservant certains codes), de porter son choix sur des modèles plus récents en abandonnant ceux des années 1950 (peut-être plus difficiles à trouver). Les modifications apportées sont de plus en plus exubérantes, comme par exemple des roues au diamètre totalement démesuré49. Le phénomène «Lowrider» prend donc de la hauteur et a, à priori encore de beaux jours à vivre.

49 : « Your Guide To The World’s Most Hated Car Culture: Donks » par Raphael Orlove http://jalopnik. com/5974931/yourguide-to-the-worlds-most-hated-carculture-donks Chevrolet Impala de 1971 transformée en Donk

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Jante arrière d’une Chevrolet Caprice de 1973 transformée en Donk


Photo réalisée lors du LA super show 2014 pendant le concours de «Hopp» ou saut de Lowrider Photo par Steven Ortiz

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Départ d’une course de Drag au NSRA

Après avoir étudié ces deux approches opposées de la pratique du Tuning, on s’aperçoit: - Que l’importance de la culture automobile (surtout aux États-Unis) n’est plus à démontrer. 50 : La Kustom Kulture est le mouvement venu des États-Unis qui rassemble toute la culture du Hot rodding, du rockabilly, des fifties de la customisation de voitures anciennes et des pin-up, ainsi qu’un certain style de vie, look vestimentaire et d’art. 51 : Le dragster est un sport mécanique d’accélération ouvert aux véhicules à deux et quatre roues. Départ arrêté, il s’agit de mettre le moins de temps possible pour franchir une distance de 1/4 de mile (402 mètres).

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Pour conclure cette étude, on peut affirmer que même avec des origines géographiques et temporelles identiques, ces deux cultures de la customisation sont totalement différentes. C’est également le cas pour toutes les autres formes de tuning et de customisation à travers le monde aujourd’hui.

- Que la personnalisation du véhicule est un moyen d’expression à part entière. - Que la customisation est un réel portevoix culturel directement lié à l’histoire, au contexte économique et social des communautés qui la pratique. Le tout avec une diversité d’interprétation révélant une grande richesse créative. Il est vrai que la plupart des styles de customisation aux États-Unis (comme le Kustom50, ou les Dragsters51) sont plutôt régies par la communauté “blanche” alors que seul les Chicanos sont à l’origine de la culture du Lowrider. Le rapport au tuning de ces deux styles n’est pas non plus le même. La culture Lowrider est beaucoup plus marquée socialement, contrairement à celle du Hot rod, plus classique au niveau des modifications, le but étant principalement une recherche de vitesse.

Affiche pour l’annonce d’un rassemblement de véhicules et d’amateurs de Kustom Kultur à Tuscon


Si j’ai choisi de vous faire partager cet article, c’est parce que je trouve qu’il représente parfaitement certains aspects de ce que représente le tuning. Certes cet article date du mois de novembre 1982, mais les choses n’ont pas tellement changées en ce qui concerne la passion qui transparaît à travers les pages de ce vieux magazine. La première chose que l’on peut constater c’est que le monde du tuning dispose d’un langage et d’un vocabulaire dédié. On y retrouve les termes spéciaux associés aux voitures, mais également certains mots d’argot ou certaines expressions pas très françaises.

“Démontage total du moteur, qui au vu des pièces, était plus que nazebroc” Le langage utilisé dans le domaine du tuning se veut impactant. Il faut que “ça claque” comme les voitures peuvent “claquer” Cette notion de franc parler, est toujours présente aujourd’hui et même peut être plus encore. Il faut interpeller le lecteur avec des visuels accrocheurs et de courtes descriptions tout aussi poignantes. Tantôt descriptives, tantôt humoristique, ces petites phrases accrocheuses pourraient être comparées à une punchline. Une punchline est une phrase forte et percutante qui se doit de rester dans l’esprit du lecteur. On peut les retrouver dans des films ou dans des morceaux de musiques. Les magazines d’aujourd’hui s’adressent à un public assez jeune et doivent donc se positionner au niveau de leurs textes, sur un langage qui atteindra les personnes ciblées. Autre fait intéressant, les magazines comme “NITRO”, dans les années 1980, étaient au départ réalisés par des amateurs. Par amateurs, je veux parler de personnes dont le métier premier n’est pas celui de journaliste. À l’origine fans de tuning – de Custom pour l’époque – ils avaient pris le parti de réaliser un magazine qui parlerait de leur passion et de faire le partager aux autres passionnés, mais aussi d’en faire la promotion auprès du public non averti. Rappelons que c’est aux alentours des années 1980 que cette culture de la personnalisation et du Custom, à réellement pris de l’ampleur en France. Aujourd’hui la presse tuning est sur le déclin et ce, probablement à cause d’internet. Il devient de plus en plus difficile de trouver des magazines sur le tuning en général. Beaucoup se spécialisent et surfent sur les tendances actuelles, qui sont les voitures américaines et les bases japonaises ainsi que leurs épreuves sportives respectives. Le tuning de style “Européen” est quant à lui de plus en plus sur le déclin.

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Jusqu’à présent nous avons vu que le tuning est une pratique confidentielle qui décline tranquillement. Paradoxalement le grand public est de plus en plus séduit par les offres de personnalisations proposées par les constructeurs qui eux, s’inspirent et exploitent les codes du tuning sur leurs modèles de série.

• Du bricolage à l’industrie Les adeptes de cette pratique de la personnalisation, sont pour la plupart des personnes habiles de leurs mains, mécaniciens amateurs ou ayant l’esprit bricoleur. Il n’est donc pas surprenant de 60

les voir dans leurs garages, sous leurs véhicules, démontant et remontant les différentes pièces d’un moteur ou d’un tableau de bord. Même si beaucoup sont des professionnels qui ont décidé de faire de leur passion un métier, il n’en demeure pas moins que les compétences pour transformer entièrement un véhicule, doivent être multiples. C’est donc en se documentant, en essayant, en bricolant que ces semi-amateurs s’adonnent à leur passion. La notion de bricolage est très importante dans le tuning, car comme nous en avons déjà parlé, l’objectif est de réaliser la préparation de son automobile seul , avec les moyens du bord mais toujours avec un soucis de finition irréprochable. Les définitions du bricolage proposées sont souvent incomplètes à mon goût.


- Activité manuelle non professionnelle consistant en travaux de réparation, d’installation ou de fabrication effectués dans la maison. - Travail peu sérieux, grossier ; rafistolage.52 - Faire de petits travaux manuels d’aménagement, de réparation. - Réparer ou construire avec des moyens de fortune.53 Comme un tuner j’ai donc décider de récupérer différentes parties de ces définitions, afin de proposer ce qui me semble réellement convenir à la pratique du bricolage dans le domaine du tuning. Malgré le fait que le terme de bricolage ait une connotation assez péjorative, il n’en reste pas moins que l’action de bricoler se résume par :

C’est grâce à cette pratique du bricolage, que beaucoup de tuners ont réalisé des transformations uniques sur leurs véhicules. C’est également avec cette philosophie de la débrouille, que certains ont réalisé des modifications sur leurs véhicules, qui furent reprises plus tard par l’industrie automobile. C’est le cas des feux à LEDs par exemple. Quand certains tuners ont commencé à utiliser des LEDs dans les feux ou les phares de leurs véhicules, dans un but purement esthétique, ils étaient loin d’imaginer comment leur invention allait être reprise par les constructeurs d’automobiles. En effet à cette époque on utilisait toujours des ampoules dans les optiques de phares ou feux des véhicules de série. Pourtant aujourd’hui, la majeure partie des véhicules neufs sont équipés de LEDs, présents dans les phares, dans les feux arrières ou à l’intérieur de l’habitacle. De plus la technologie des LEDs consomme beaucoup moins, ne chauffe pas et est bien moins coûteuse que les ampoules utilisées sur les modèles de générations précédentes. D’une certaine façon, les tuners, à travers leur démarche confidentielle, ont contribués à faire évoluer le look des voitures de série.

Une activité manuelle réalisées dans un cadre non professionnel et en tant qu’amateur, ayant pour but, d’améliorer, de réparer, de restaurer, ou d’entretenir un objet.

52 : Définitions du mot “Bricolage” issue du dictionnaire Larousse : http://www.larousse.fr/ dictionnaires/francais/ bricolage/11132 53 : Définitions du mot “Bricoler” issue du dictionnaire en ligne L’internaute.com : http://www.linternaute.com/dictionnaire/fr/definition/ bricoler/ Image extraite d’un tutoriel pour réparer une jante abîmée

Feux arrière à LEDs du Wolkswagen Tiguan

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Kit large en cours de pose sur une BMW E60

54 : Monster Garage était une émission de Télévision réalisée pour la chaine Américaine Discovery Channel entre les années 2002 à 2006. Le principe est de réunir une équipe de mécanicien, ingénieurs, dessinateurs, afin de réaliser un défi automobile excentrique en un délai de six jours. On retrouve notamment la transformation d’une Rolls Royce en Vidangeur de WC publics, ou encore transformer une Panoz de 2004 en voiture Volante. Cette émission était animée par le célèbre préparateur de moto Jessie James, dans les locaux de la très fameuse firme de custom “West Coast Custom“ http://www. remarkablecars.com/ monster-garage.html http://www. abmoteurs.fr/ guide-programmes/ TUNING-MONSTERGARAGE-19.aspx

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• Tuning et législation

• Un business qui rapporte

Les possibilités de modifications des véhicules restent quand même assez limitées. Pour pouvoir homologuer un véhicule et avoir la possibilité de rouler sur une route ouverte, il faut respecter quelques règles. Les lois sont différentes dans tous les pays du monde, ce qui explique pourquoi le tuning est beaucoup plus présent aux États-Unis qu’en France par exemple. Contrairement à la législation française, celle des États-Unis, n’impose que la présence d’un par-feu entre le moteur et le conducteur pour pouvoir rouler avec un véhicule que l’on a construit ou modifié soi-même. La présence de véhicules extravagants par leurs modifications esthétiques ou fonctionnelles est donc bien plus importantes aux États-Unis, comme le montraient certaines émissions Américaines telles que “Monster Garage”54.

Ces contraintes limitant la pratique du tuning, a également permis à certains industriels de se spécialiser, pour donner naissance à un marché du tuning. Comme les amateurs ne pouvaient pas se permettre de payer le prix des différentes homologations nécessaires s’ils réalisaient leurs modifications eux-mêmes, certains professionnels ont commencé à proposer des “kits” prêts à installer sur les véhicules. Ces kits sont des éléments de carrosseries réalisées en usine, préalablement homologués, qui n’attendent plus que de remplacer les éléments d’origine. Mais ce marché va en même temps à l’encontre de la démarche initiale du tuning. Avoir une voiture unique et acheter un élément de carrosserie fabriqué en de nombreux exemplaires, est assez contradictoire. Même si la possibilité de combiner différents éléments de différentes origines sur une même voiture reste toujours possible, on assiste à une uniformisation des personnalisations, qui se voulaient à l’origine unique.

En France, l’utilisateur doit passer par une batterie de test de conformité et surtout récupérer l’aval du constructeur du modèle de base modifié. Or aucun constructeur n’engagera sa responsabilité en validant des modifications effectuées par un tiers sur un véhicule de sa marque. Cette fatalité nous éclaire sur la discrète présence du tuning dans le paysage Français. Si la loi était différente et plus apte à accepter différentes créations des amateurs, la pratique du tuning en France serait beaucoup plus intense qu’elle ne l’est aujourd’hui.

Panoz 2004 volante transformée par Monster Garage


Mercedes SL 65 AMG préparée par Brabus

Par ailleurs, il existe également des professionnels, dont le métier et de transformer votre véhicule de A à Z, en fonction des options que vous choisissez. Les puristes ne souhaitent pas avoir affaire à ce genre de personnes, mais c’est un marché en pleine expansion. L’industrie automobile semble avoir compris l’intérêt de la personnalisation et propose elle aussi ce genre de service. En Allemagne par exemple, chaque constructeur dispose de sa filiale spécialement destinée à améliorer les différents critères des véhicules de séries disponibles sur le marché qu’ils proposent. Si on le souhaite, on peut demander tel véhicule de série et passer par cette entreprise de personnalisation qui préparera votre auto en fonction des critères esthétiques ou mécaniques que l’on souhaite lui apporter. La marque “Brabus” est le préparateur de la marque “Mercedes”. Ils proposent sur la base d’un modèle classique, la possibilité d’ajouter un “kit carrosserie sport” ainsi qu’un “kit moteur sport”. Ces personnalisations sont effectuées dans le cadre du respect de l’image de marque du constructeur afin de ne pas dénaturer celle-ci mais de lui ajouter un peu plus de caractère. En revanche, les tuners et les préparateurs indépendants, non soumis à cette contrainte d’image, garde toute liberté pour exprimer leur créativité.55

Possibilité de personnalisation du toit de la Citroën DS3

• Une grande diversité d’options De nombreux constructeurs partout dans le monde proposent depuis quelques années déjà, des catalogues d’options de plus en plus fournis. Les véhicules de petites et moyennes gammes sont d’ors et déjà customisables grâce à différents types de modifications : - Type de peintures, mates ou brillantes. - Degrés de finitions de l’habitacle avec des matériaux comme le cuir ou l’alcantara. - Un large choix de modèles et de tailles de jantes. - Des options numériques sur le tableau de bord et la console centrale. La plupart des options esthétiques sont accessibles pour toutes les gammes de véhicule, ce qui renvoie à la notion de privilège de classe qu’évoque André Grorz56 dans son texte sur “l’idéologie sociale de la bagnole”. Cette notion s’est aujourd’hui modifiée, car ce n’est plus l’aspect mécanique et pratique qui est à la portée de tous, mais l’aspect esthétique. Or, toutes les modifications proposées aujourd’hui par les constructeurs ne sont que très superficielles. Nous sommes loin de la personnalisation que peut apporter un tuner à son auto s’il décide de tout faire lui-même. Cette mode de la personnalisation reprise par les constructeurs d’automobiles ne propose qu’une solution marketing, qui ne laisse aucune alternative créative au consommateur. Quelle réponse proposer face à cette pseudo-personnalisation?

55 : Entretien de l’auteur réalisé le 17 Octobre 2014, au salon de l’automobile de Paris, auprès de Mathieu Wang, ex-employé Mercedes en Allemagne, conseiller en modèles haute gamme. 56 : Que leur promettait, en effet, l’industrie automobile ? Tout bonnement ceci : “ Vous aussi, désormais, aurez le privilège de rouler, comme les seigneurs et bourgeois, plus vite que tout le monde. Dans la société de l’automobile, le privilège de l’élite est mis à votre portée. ” Les gens se ruèrent sur les bagnoles jusqu’au moment où, les ouvriers y accédant à leur tour, les automobilistes constatèrent, frustrés, qu’on les avait bien eus. On leur avait promis un privilège de bourgeois ; ils s’étaient endettés pour y avoir accès et voici qu’ils s’apercevaient que tout le monde y accédait en même temps. Mais qu’est-ce qu’un privilège si tout le monde y accède ? Gorz, André, « L’idéologie Sociale de la Bagnole », Le Sauvage, septembre-octobre 1973

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Concept Ford 021C de Marc Newson de 1999

• Le designer tuner Quelques designers se sont adonnés à la conception d’une automobile. Que ce soit dans le but de réaliser une nouvelle version de l’automobile, la redessiner pour la rajeunir comme l’a fait Raymond Loewy avec la “Studebaker Starliner” Coupé en 1953, ou plus récemment pour lui apporter de nouvelles fonctions comme le propose Marc Newson avec le prototype de la “Ford 021C” en 1999. Mais encore, on peut voir certains projets totalement différents comme ceux du designer Luigi Colani, qui propose des prototypes aux formes bio-inspirées57, en passant par le concept de “Kar-a-sutra“, mi-voiture mi-maison dessinée et réalisée par l’architecte designer Mario Bellini en 1972. Tous ces projets très singuliers, démontrent la volonté de proposer une nouvelle vison de l’objet voiture, d’ajouter de la culture à l’automobile et par conséquent, de la valeur intellectuelle.

Prenons le concept de Marc Newson pour Ford. Ce projet dessiné à la fin du siècle dernier, se voulait révolutionnaire par ses formes et sa conception. Pourtant, le projet sera mal accueilli par le public de l ‘époque. Le concept est perçu comme un jouet, trop excentrique et presque anti-conçu. On reproche également à Ford d’avoir tenté de concevoir un projet avec un designer extérieur à la l’entreprise. Marc Newson, en tant que designer d’objet, avait pensé la voiture d’une manière différente de celle des autres constructeurs. Le projet se voulait déjà empreint des nouvelles problématiques ressenties par le consommateur du XXIe siecle. En effet Marc Newson, propose à l’époque un véhicule urbain, simple et aux formes agréables (comme la Mini Cooper ou la Fiat 500, succès depuis quelques années), ainsi qu’une motorisation respectueuse de l’environnement.58 En proposant un coffre en tiroir comme pourrait en contenir une commode ou un buffet, le designer vient ici changer le sens de l’objet. De plus, l’ouverture des portes en suicide à l’arrière et l’absence de montant central, nous faisait découvrir un intérieur beaucoup plus spacieux et les sièges pivotant à l’avant ne faisait que renforcer le langage du mobilier à travers l’automobile. Trop avant-gardiste ou trop risqué, le concept à mi-chemin entre la voiture du futur et les muscle car des années 1970, fût abandonné et rangé dans les placards. On se rend compte que bon nombre des propositions faites à l’époque par Marc Newson, sont aujourd’hui reprises dans

57 : On peut définir le terme bio-inspirée comme un système ou une architecture dont l’organisation est issue de la connaissance que l’on a du fonctionnement des systèmes vivants. 58 : « Ten years later // FORD 021C by Marc Newson », publié par Marcia Argyriades le 1 Octobre 2009 http://www.yatzer. com/Ten-years-laterFORD-021C-by-MarcNewson Concept Ford 021C de Marc Newson de 1999

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des véhicules de séries ou des prototypes (ouverture des portes sans montant central pour le Ford S-Max, ou les sièges rotatifs pour de nombreux concepts de voiture qui conduisent toutes seules). La question que l’on pourrait donc se poser est : le designer s’apparente-t-il plus à un tuner? Encore une fois tout dépend du concept proposé. Certaines modifications sont purement esthétiques et n’apportent pas de réels avantages donc cela pourrait effectivement être considéré comme tel. Dans un tout autres registre, le concept de “Kar-a-sutra” dessiné par Mario Bellini pour l’exposition « Italy: the New Domestic Landscape » au MoMA de New York en 1972.59 Mario Bellini propose avec cette voiture-maison, un nouveau regard sur l’automobile. Composé d’un grand espace rempli de coussins et de grandes baies vitrées, ce concept n’est pas vraiment ce que l’on pourrait appeler une voiture. Mais il est vrai que l’on passe beaucoup de temps dans son auto, que ce soit pour aller au travail, en vacances ou pour faire ses courses. Et qui plus et, ce temps est considérablement augmenté s’il y a des embouteillages. Certains y

Dessin du projet de Kar-asutra de Mario Bellini

Kar-a-sutra de Mario Bellini

dorment ou y regarde des films (drive-in theater60) et bien plus si affinités... Le concept de Mario Bellini questionne la notion de l’espace et de l’usage que l’on a de notre automobile. La symbolique de cet objet est donc toute tracée. Ce n’est plus une voiture, c’est une œuvre d’art. La voiture devient un espace de vie, de partage d’échange, ainsi qu’un instrument de la liberté. Comme aurait pu le concevoir la communauté hippie avec le Volkswagen Combi (comme évoqué plus tôt dans ce mémoire), cette objet, mi-maison mi-voiture est pensé pour favoriser la communication, que ce soit avec les gens ou l’environnement. Ce rapport au Combi Volkswagen, transformé au départ par les hippies, afin de les aménager en fonctions de leurs besoins et de leurs goûts, nous renvoie de nouveau à cette notion de bricolage. Avec la “Kar-a-sutra”, on tend vers un concept d’espace à vivre motorisé. Certes la démarche n’est pas une recherche d’esthétique comme le veut la pratique du tuning, mais fonctionnelle. C’est surement dans cette direction que le tuning doit se diriger afin de se démarquer des constructeurs.

59 : « Kar a Sutra : le lupanar sans paroles par Citroën » , Publié par Pierre-Laurent Ribault le 29 mai 2008 http://www.leblogauto.com/2008/05/ kar-a-sutra-le-lupanarsans-paroles-par-citroen.html 60 : Les “drive-in theater” sont des cinéma en plein air sur des grands espaces. Le but est de venir voir le film depuis sa voiture. On peut également y manger. Cette pratique est née aux États-Unis dans les années 1930. et à très vite connu un fort succès.

Intérieur aménagé d’un Wolkswagen Combi

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La Chevrolet Monte Carlo 1979 cabriolet d’Alejandro « Chino » Vega, présentée au Musée du Louvre à l’occassion de l’exposition “le Musée du monde”

61 : « Le Louvre invite J.M.G. Le Clézio : Les musées sont des mondes » extrait du dossier de presse http://www.louvre. fr/sites/default/files/ medias/medias_ fichiers/fichiers/pdf/ louvre-dossier-presseclezio.pdf 62 : J.M.G. Le Clézio : « Le Louvre invite J.M.G. Le Clézio : Les musées sont des mondes » extrait du dossier de presse 63 :Alice & J.M.G. Le Clézio : « Le Louvre invite J.M.G. Le Clézio : Les musées sont des mondes » extrait du dossier de presse 64 : Entretien de l’auteur réalisé le 16 Octobre 2014, au salon de l’automobile de Paris, auprès de Monsieur Benois, travaillant au techno-centre design de chez Renault

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Tout comme l’art, le tuning a-t-il la volonté d’être observé ? Le tuning peut-il être considéré comme une œuvre d’art ? L’écrivain et auteur Jean-Marie Gustave Le Glézio, à notamment fait la démarche d’inviter lors de son intervention pour revisiter la collection du Musée du Louvre, deux show-car lowriders sous la pyramide. Ouvert à de nombreuses cultures, l’écrivain propose a cette occasion une exposition nommée “Le Musée monde” qui propose de faire découvrir plusieurs œuvres d’art issues de différents pays (comme le Mexique, Haiti ou le Vanuatu). L’exposition propose donc de découvrir plusieurs dessins narratifs mexicains, ainsi que certains éléments emprunts de la culture du Lowrider. 61

“Ces voitures sont leur révolte contre la discrimination, contre le silence qui étouffe leur culture ancestrale” 62 “Il s’agit de tout autre chose que d’une simple mode automobile. Il s’agit d’une pensée politique, d’un mode de vie et d’un art.” 63

• Tuning du futur Parallèlement, on note une réelle volonté de la part des constructeurs d’essayer de se démarquer de la concurrence par quelques moyens que se soit en utilisant entre autres, les technologies de pointe. Actuellement l’objectif est de réaliser des performances en terme d’efficacité et de consommation, imposées par le gouvernement. Pour cela les constructeurs utilisent des gadgets qu’ils appellent “tuning”. Le concept Renault Eolab, illustre parfaitement cet exemple.

“La Renault Eolab ne consomme qu’un litre de carburant pour 100 kilomètres en dessous des 70Km/h, le tout grâce à sa motorisation hybride. En ville la consommation est parfaite, mais si vous voulez rouler plus vite, sur l’autoroute par exemple, des volets aérodynamiques se déploient et des disques comblent les entrées d’air au niveau des jantes afin réduire les frottements d’air et ainsi diminuer la consommation. Si c’est pas du tuning ça ?...” 64


Concept-car Renault Eolab présenté au salon de l’automobile de Paris en 2014

Après cet entretien, il était évident que la définition du terme de tuning n’était pas clair dans l’esprit de tous. Les constructeurs utilisent-ils le terme de tuning comme argument marketing ? Il semble que cette notion de personnalisation séduit effectivement le consommateur et se rapproche de plus en plus de cette pratique du tuning. Il est indéniable que la notion de personnalisation propre à l’individu, est indispensable dans le modèle de notre société de consommation. On aperçoit aujourd’hui une volonté de la part des différents constructeurs, de promouvoir et d’encourager cette vision de la personnalisation. Les industriels y trouvent ici leur compte, en proposant leurs options aux consommateurs, une manière de faire du “tuning” plus facile, plus rapide et surtout beaucoup moins cher. Cela dit, ce n’est pas par ce qu’ils prétendent que c’est du tuning que ça en est. La volonté de faire soit même prendra toujours le pas sur la personnalisation en concession. Pourquoi ne pas proposer des véhicules entièrement customisables sur une base unique ? En reprenant des exemples comme la marque Nike, qui propose sur son site internet de choisir toutes les couleurs des différents modèles de chaussures mise à disposition ainsi que de faire inscrire quelques lignes de texte. Le concept permettrait alors à n’importe qui d’avoir à la fois une voiture qui lui convient en terme d’esthétique mais également en terme de fonctionnalité. On

rentrerait alors dans une nouvelle dimension du tuning, ultra poussée et perfectionnée. Quelle serait la place du design dans cette nouvelle vision de l’industrie automobile ? Partir d’une base neutre permettrait aux designer de proposer des concept non restreints par les normes en vigueur. Actuellement (et pas seulement dans le domaine de l’automobile), ce sont de petits groupes de personnes qui décident des tendances de demain. Si il était possible de créer soi-même le design de son automobile, la notion de tuning prendrait alors beaucoup plus d’importance aux yeux de tous. Le tuning est aujourd’hui une sousculture de notre société, bien souvent mal jugée ou mal utilisée. Promouvoir le tuning comme moyen d’affirmation social et culturel, sans pour autant créer de différences semble être l’une des voies que l’industrie de l’automobile pourrait suivre.

Visuel du site intenet Nike ID permettant de personnaliser ses modèles de chaussures

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nfin, comment pourrait-on résumer cette pratique du tuning ? Contrairement à ce que l’on pourrait croire, elle n’est pas si différente des autres pratiques dont le but est notamment l’affirmation de la personnalité (comme la mode par exemple). Chaque proposition découle de sa propre histoire et de la volonté de celui qui la pratique. Comme chaque personne est différente par ses choix de vie, de travail ou d’apparence, le tuning n’est également que le reflet de la volonté, des goûts et de l’image de l’individu. L’automobile que l’on vient modifier fait partie de nous et nous représente. Quelle que soit notre classe sociale ou notre situation géographique, le tuner entreprendra de réaliser un projet d’automobile qui lui tient à cœur. Cette pratique, symbole d’une rébellion contre la norme ou la société de consommation, à marqué des générations et influencé leur histoire et leur culture. L’automobile est un réel moyen d’expression, qui est fortement ancré dans notre société.

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Il est vrai que cette pratique reste encore très confidentielle, mais elle tend à se révéler grâce à certains médias ou plus discrètement via le biais de l’industrie automobile. La démocratisation de cette culture de la personnalisation prend le pas sur le tuning en absorbant ses codes pour se les ré-approprier. La place du designer par rapport au monde de l’automobile est encore assez différente, mais les solutions proposées ne peuvent que révolutionner ce monde de l’automobile très prudent et toujours sur la réserve. Comme nous avons pu le voir précédemment, des designer comme par exemple Marc Newson, nous montrent quelle place prépondérante occupent les designers dans le monde de la création automobile. Il est probable que cette idée se démocratise durant les années à venir. La collaboration des ingénieurs et designers automobiles, avec les designers d’objet ou d’espace, peut réellement apporter une nouvelle vision de l’automobile, personnalisable, adaptable et modifiable aux goûts de chacun.


Le tuning est quasiment né en même temps que l’automobile et il à su évoluer et changer de nom en fonction des différents contextes environnementaux, sociaux, politiques, économiques, technologiques... Que ce soit: - Personnalisation au début du siècle dernier avec les mascottes, - Stylisme automobile avec la section “Art and Colours” de chez General Motors, - Customisation à partir des années 40 avec l’apparition du Hot Rod et de la Kulture Kustom - Ou encore Tuning depuis les années 1990 avec l’ouverture au monde japonais, Tous ces termes indiquent une seule et même pratique continuera à tenir sa place dans le futur de l’automobile et ce, grâce aux nouvelles technologies. Il est effectivement possible aujourd’hui d’imprimer presque n’importe quelle matière en 3D (métal, plastique, céramique, etc.). Cette nouvelle possibilité de créer sur place des objets de formes complexes, variées et uniques me laisse envisager de nouvelles perspectives prometteuses. On pourra donc peut-être, dans un avenir proche retrouver la philosophie originelle de la customisation.

Première voiture imprimé en 3D par dépôt de fil par l’entreprise Local Motors ™

La société Local Motors à déjà présenté en septembre 2014 à l’IMTS de Chicago, un prototype de voiture fonctionnelle imprimée en 3D. Le projet de la Nissan IDx est également un bon exemple de la voie que pourrait suivre le tuning dans le futur. Lors du salon du “Tokyo Motor Show” de 2013, le stand Nissan proposait aux visiteurs via un moteur de rendu virtuel et des lunettes 3D, de créer le concept de Nissan IDx de leur choix. C’est certainement en s’orientant vers de nouvelles technologies interactives et collaboratives entre consommateurs et industriels que le tuning et la customisation continueront à se développer.

Nissan IDx Nismo. Projet réalisé avec les visiteurs du “Tokyo Motor Show” de 2013

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•LE CUSTOM : Le style Custom est le prolongement du mouvement du Hot rod dans les années 60 et l’ancêtre du tuning comme on le connais aujourd’hui. Principalement présent dans les années 1980, le style Custom regroupait les différents modèles de l’époque customisés de manière voyante. Les peintures flamming multicolores, les intérieurs capitonnés, les casquettes au-dessus des par-brises et la queue de renard au rétro étaient les éléments communs à beaucoup de préparations de l’époque. Une grande partie de ce mouvement s’attelait à la transformation des Vans qui offraient de larges façades latérales pour y peindre des fresques les plus grandes possibles, ainsi que de grands espaces intérieurs, disponibles pour y installer toutes sortent d’éléments comme des banquettes, des posters, un lustre ou encore un bar...

•LE DUB : Le style DUB est démarche ostentatoire pratiquée sur des véhicules de luxe. Elle se caractérise par la pose de jantes à très grand diamètre, et l’installation d’un intérieur très luxueux (notamment avec du matériel multimédia et vidéo), ce style a été révélé par les rappeurs américains dans le milieu des années 2000. Les véhicules restent conservent, mis à part les roues, un aspect proche du modèle original enrichi de chromes et de matières nobles Certains n’hésitent par exemple pas à sertir des diamant la totalité de leurs jantes.

•LE HOT ROD : Le style Hot rod est la modification de vieux modèles américains appelés Roadsters. Le but est d’installer des moteurs très puissants dans des véhicules légers plus de base, dans le but de participer à des courses de vitesses. Les modifications esthétiques sont assez simples, telles qu’une peinture colorée unie et des éléments de carrosseries supprimés. Tout est question de gain de poids et d’aérodynamisme. À travers ce mouvement il se dégage plusieurs tendances, comme le Street rod, le Rat rod, ou le l’on liasse volontairement rouiller certaines parties de la carrosseries dans un but esthétique.

•LE LOWRIDER : Inventé par les Américains d’origine mexicaine, le Lowrider est un symbole de la culture Latinos. Ces véhicules sont notamment reconnaissables grâce à leur système de suspensions hydrauliques qui leurs permettent de rabaisser, surélever ou même faire sauter leurs véhicules. Les véhicules les plus utilisés sont des modèles de milieu de gammes entre les années 40 et 70. De longues voitures aux lignes carrées, avec des peintures pailletées et voyantes, symbolise cette démarche en totale opposition à la culture anglo-saxone des années 50 qui elle prône d’imposants véhicules du type Pick-up.

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•LE BOSOZOKU : Beaucoup de personnes considèrent ce style de tuning comme le mauvais goût par excellence de l’univers japonais. À l’origine, le terme de “Bosozoku” désigne des gangs de motard japonais (“boso” signifiant conduite imprudente et “zoku” signifiant clan), qui dans les années 70, conduisaient de manière dangereuse en faisant un maximum de bruit. Cette contre-culture du tuning est associée à des modifications et un style vestimentaire très excentrique destinés à se faire remarquer. Le but de ce style de ne pas passer inaperçu. Des modifications comme des kits carrosseries aux formes exagérément rallongées et sur-dimensionnées ou des pots échappement démesurés sortants de tous les côtés de l’auto.

•LE DRIFT : Le drift est à la base un sport automobile dans lequel le pilote est censé contrôler le véhicule pendant qu’il glisse d’une part et d’autres de la piste. Les dérapages sont jugés en fonctions de leur vitesse, de leur angle d’attaque par rapport à la trajectoire ainsi qu’à leurs enchaînements successifs. Le drift est très présent dans la culture japonaise. On distingue deux catégories, les amateurs et les professionnels. La grosse partie des modifications est principalement mécanique. Les voitures sont préparées et reçoivent de nombreuses pièces moteurs permettant de réaliser les drifts. Les voitures reçoivent parfois des pièces esthétiques, mais restent néanmoins assez sobres au niveau des kits carrosseries. Les principales modifications se situent niveau des décorations, les véhicules étant souvent utilisés comme supports publicitaires pour les sponsors des différentes écuries automobiles.

•LE JDM : Signifiant au départ “Japan Domestic Market”, le mot JDM est aujourd’hui utilisé à tort et à travers, alors qu’il définit ce qui appartient au marché japonais, en raison de la législation (véhicules bridés à 280 ch et 190Km/h maximum). Il s’agit pour la plupart du temps de véhicules modifiés de manières assez sobres et orientée plutôt vers la performance.

•LE VIP : Le style VIP est un peu l’équivalent du style DUB des États-Unis. Il s’agit de réaliser des modifications sur les voitures de luxe exclusivement. Elles se concentrent principalement autour de grosses jantes, une caisse fortement rabaissée et surtout une démesure du confort intérieur. Des vitres teintées pour l’anonymat voir même des rideaux en velours aux fenêtres, un habitacle en cuir, etc. Rien n’est trop luxueux pour ces véhicules.

•LES SLEEPERS : Littéralement appelés “Dormeurs” ses véhicules sont d’apparence tout à fait normale, elles sont exactement identiques qu’à leur sortie d’usine. Seules les parties mécaniques comme le moteur, le châssis, la liaison au sol, les pneus, les suspensions ou des barres de renforts, sont modifiées de manière quasi professionnelle.

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LES EUROPÉENS •EUROTUNING : Cette pratique du tuning est assez répandue. Certains ont pour objectif de rendre le plus méconnaissable possible les bases d’origine. Les préparations sont souvent accompagnées de peintures très vives avec des motifs tribaux ou flammings, ainsi que des kits larges. Certains décident également de casser les lignes de l’auto par l’ajout sur la carrosserie de nombreuses prises d’air (sur le capot, le toit, le par-choc avant, les ailes arrières, etc). Le tuning français en fait partie. C’est un style un peu générique qui se définit surtout par le fait de n’avoir aucunes réelles directions commune dans les projets. Il est souvent considéré comme le style de tuning pourvu d’un certain mauvais goût.

•LE GERMAN LOOK : Ce style recherche la sobriété. Principalement effectué sur des bases allemandes, il peut aussi être appliqué à des bases étrangères. La principale modification sont des jantes à gros déport, mais de diamètre relativement raisonnables, ainsi que le rabaissement de la caisse au niveau du sol. On voit aussi généralement quelques éléments lissés sur la carrosserie, comme le sigle ou les poignées de portes. L’intérieur peut être refait, mais toujours de manière sobre et proche de l’esthétique de base. Ce style se rapproche de celui du JDM pour le Japon.

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•Aileron: L’aileron est une pièce de la carrosserie utilisé pour améliorer l’adhérence ainsi que l’aérodynamique d’un véhicule. Il peut se retrouver sur l’arrière de l’automobile, que ce soit sur le haut du toit, fixé sur le coffre, ou encore à l’avant du pare-choc, au ras du sol. Cet accessoire peut être utilisé de manière fonctionnelle sur les modèles destinés à la course (comme les formules 1) ou de manière simplement esthétique sur les véhicule de tuning et d’exposition.

•Alcantara: L’Alcantara est un tissu composite, énormément utilisé dans le domaine du tuning pour recouvrir certains éléments de l’habitacle. Ses qualités sont nombreuses. Il est perméable à l’air et son touché est très doux, souvent comparé à du velours.

•Bas de caisse: Comme son nom l’indique le bas de caisse est une pièce se trouvant à la base de la caisse - ou carrosserie - sur les côtés gauche et droite de l’auto. Il s’utilise dans le domaine du tuning la plupart du temps comme complément d’un pare-choc avant et arrière. C’est un éléments purement esthétique.

•Base: Le mot base définit la voiture qui est destinée à être modifiée. On dit par exemple d’un véhicule d’origine japonaise, que c’est une base japonaise.

•Boosté: Le terme boosté signifie l’action d’améliorer la puissance du moteur en le réglant ou en y ajoutant des éléments mécaniques plus puissants comme un Turbo compresseur (élément ayant pour but d’augmenter la quantité d’air dans le moteur).

•Caisse: La notion de caisse définit l’objet voiture de manière générale en argot. Dans notre cas, il désigne l’ensemble de la carrosserie. Dans les années 1920, on faisait la différences entres trois parties principales d’une automobile: le châssis, le moteur, et la caisse qui venait se poser sur l’ensemble.

•Châssis: Le châssis automobile, est la structure sur laquelle tous les éléments de l’auto sont fixés. Il est communément désigné comme l’élément permettant au véhicule de rouler.

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•Chromage: Le chromage est une opération visant à recouvrir d’une fine couche de chrome (métal au fort coefficient de réflexion), certaines pièces métalliques. Dans le domaine du tuning, il est utilisé sur différents types de pièces en fonction du style de véhicule, les pare-chocs, poignées de portes, jantes ou pièces mécaniques apparentes.

•Concept car: Le concept-car est un prototype de voiture généralement réalisé en très peu d’exemplaires, voir un seul. Dans la majeure partie du temps ils servent à annoncer un futur modèle ne sont pas fonctionnels et mettent en avant les nouvelles technologies ainsi que les progrès techniques réalisés par la marque qui le présente.

•Cruising: Le cruising est l’action de défiler dans la rue en voiture. À l’origine introduit par la communauté des Chicanos avec leurs Lowriders, ils défilaient à 30km/h maximum en modifiant la garde au sol de leurs voiture à l’aide de suspensions hydrauliques commandées manuellement.

•Drag: Le drag est l’une des plus ancienne course automobile. Elle se pratique à deux, le but étant de parcourir un quart de Miles (environ à 0,402 kilomètres) en ligne droite et de réalisé le meilleur chrono. C’est pour cette raison qu’on appelle également ce type de course dans les pays francophones, le 400 mètres départ arrêté. Cette discipline est toujours pratiquée et s’est répandue dans le monde entier. Des championnats destinés aux professionnels son toujours organisés, ainsi que d’autres ouverts à un public d’amateurs.

•Gonflé à bloc: Tout comme le terme boosté, l’action de Gonfler à bloc un moteur désigne l’action d’améliorer se puissance. À ceci prêt que dans ce cas, le moteur est poussé au maximum de la puissance qu’il est capable de délivrer.

•Hopping: Le Hopping est une pratique exercée dans l’univers du Lowrider. Grâce à des suspensions hydrauliques puissantes et radio-commandées, le propriétaire fait exécuter à sa voiture, une série de figures imposées. Des concours de sauts et des records de hauteur sont organisés durant les meetings.

•Jante: La jante est la partie métallique de la roue. Elle est le lien entre la partie mécanique délivrant la puissance du moteur et la route (via les pneus). Dans le domaine du tuning, c’est l’un des principal élément modifié par les propriétaires. Il en existe de toutes formes, de tout diamètres et de tout design.

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•Kit carrosserie: Le Kit carrosserie est un ensemble composé principalement d’un pare-choc avant, d’un pare-choc arrière ainsi que de bas de caisses latéraux. L’ensemble est esthétiquement cohérents avec les lignes de la voiture.

•Kit large: Le Kit large est un kit carrosserie plus voyant. En plus des éléments de base qui composent le kit, on y ajoute des extensions au dessus des ailes du véhicules. Cela lui donne un aspect beaucoup plus agressif et aérodynamique. Ils sont inspirés des sport automobiles de compétition au Japon.

•Meeting: Le meeting est le rassemblement des aficionados du tuning qui se rencontrent dans des endroits comme des parkings ou des terrains vague. Lors de ces événements sont organisés des concours de styles, de qualité ou de puissance sonore (appelé SPL). Mais les différents tuners y viennent principalement pour exposer leur auto et découvrir celles des autres.

•Mural: Un mural est une fresque peinte sur un véhicule. Ils apparaissent au départ avec la popularisation des Lowriders qui peignent à l’aérographe, des scènes de leur vie quotidienne ou culturelles. On les retrouve également plus tard sur certains vans dans les années 1980, lors du développement de la culture Custom.

•Muscle car: Muscle car est un terme anglais servant à désigner les automobiles américaines propulsées par un moteur sur-dimensionné, le plus souvent un V8. Si les premières automobiles de grande puissance sont nées dans les années 1950, l’histoire officielle désigne généralement sous l’appellation de « Muscle car » des modèles datant pour la plupart de la décennie suivante.

•Peinture Candy: La peinture à effet Candy est une peinture qui provoque un effet visuel impressionnant, réagissant avec la lumière. Elle doit cet effet à plusieurs couches de peintures et vernis, appliquées successivement. La première couche de couleur (la sous couche) renvoie la lumière à travers la seconde couche de vernis teinté apposée par dessus. On obtient donc un effet de luminosité très important et un effet de profondeur étonnant.

•Pick-up: Un pick-up est un véhicule à quatre roues motrices, composé principalement d’une cabine (pour la conduite) et d’un plateau à l’arrière pour stocker ou transporter du matériel. Ce type de véhicule est apparu au États-uni en 1925 avec l’apparition du Ford T pick-up.

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•Pinstriping: Le Pinstriping est l’application d’une très fine ligne de peinture ou d’autres matériaux (autocollants vinyles) appelée pinstripe. Il est généralement utilisé pour la décoration de motos, de voitures et planches de surf. Le Pinstriping peut être une œuvre exposée sur des motos custom, telles que celles construites par West Coast Choppers. La décoration ou l’application de bande vinyle a été lancée par des artistes comme Dean Jeffries et Kenny Howard, alias Von Dutch. Ils sont tous deux considérés comme les pionniers de la Kustom Kulture qui a débutée dans les années 50 aux États-Uni.

•Portes suicide: Initialement produites sur les modèles tels que les Rolls Royces, ce système d’ouverture de portes est inversé par rapport au système classique. On retrouve donc les charnière sur l’arrière de la porte, qui permettent une ouverture au sens de la marche du véhicule. Elles sont appelées ainsi à cause de leurs dangerosité en cas de descente du passager lorsque le véhicule n’est pas à l’arrêt.

•Préparateur: Un préparateur désigne dans le monde de l’automobile, une entreprise professionnelle dont le métier est de transformer ou customiser une voiture.

•Prise d’air: Une prise d’air est une ouverture faite dans la carrosserie, destinée à améliorer la circulation de l’air, destinée au meilleur fonctionnement du carburateur. Elles se situent en général au niveau du pare-choc avant, du capot, du toit ou des ailes du véhicule.

•Roadster: Les Roadster sont à l’origine des voitures ouvertes à deux places, sans fenêtres latérales tels que le Ford. Aujourd’hui le terme est utilisé pour designer un coupé sportif à deux places sans montants de fenêtres latéraux apparents

•Sellerie: La sellerie dans le domaine de l’automobile, désigne l’ensemble des recouvrement des sièges, tableau de bord, console centrale et habitacle en général, avec des matériaux tels que du cuir, de l’Alcantara, ou d’autres types de matériaux. .

•Show-car: Les Show cars ou Dream cars, sont des véhicules réalisé dans le seul et unique but d’être exposés en salon ou meeting. On les voit très rarement rouler, et sont la plupart du temps transportés grâce à des remorques plateaux.

•Sono: Une sono est l’ensemble du matériel multimédia installé dans l’automobile afin de produire une qualité sonore, aussi performante que puissante. Ces installations sont souvent équipées d’écran vidéo et de gadgets en tout genre. 76


•Stickers: Les stickers sont des autocollants, de formes et de tailles différentes utilisés dans le domaine du tuning dans un but marketing ou décoratif. On peut retrouver des nom de marques apposés sur le pare-brise , les portières ou le capot, tout comme des décorations recouvrant quasiment la totalité du véhicule. Plus le sticker est grand, plus il est compliqué à poser sur le véhicule.

•Stylisme Automobile: Le stylisme automobile est le nom qui désignait ce que l’on appelle aujourd’hui le design automobile. Dans les années 1930, les cabinets de stylisme automobile étaient la nouveauté des différents constructeurs tels que General Motors, qui permettait aux acquéreurs de leurs véhicules d’en personnalisé certaines parties comme l’intérieur.

•Surbaissement: L’action de surbaisser un véhicule correspond au fait de baisser la caisse - ou carrosserie - le plus prêt du sol, en modifiant les suspensions du véhicules.

•Suspension hydraulique: La suspension hydraulique est un système de pistons ou vérins, qui permettent de contrôler la hauteur des différents essieux du véhicules et ce indépendamment les uns des autres. Ils sont surtout utilisés dans le milieu du tuning par les possesseurs de Lowriders.

•Taylorisme: Le taylorisme est une méthode de travail qui préconise l’organisation scientifique du travail (OST) grâce à une analyse détaillée des modes et techniques de production (gestes, rythmes, cadences, …) dans le but de d’obtenir la meilleure façon de produire, de rémunérer (salaire horaire), et donc le meilleur rendement possible.

•Top-chop: Réaliser un Top-chop, est l’action de raccourcir la hauteur du toit du véhicule. Cela consiste à faire descendre le toit de la voiture d’au moins 10 cm en découpant les montant verticaux situés entre le haut des porte et le toit. Cette pratique est couramment utilisée sur les Hot rods et sur les Lowriders de première génération

•Torching: Le Torching est une technique qui consiste à abaisser au maximum le niveau de la caisse par rapport au sol en chauffant les ressorts des amortisseurs. Une fois chauffés à blanc, les ressorts se ramollissent et s’assouplissent, le poids de la voiture fait son travail. Il ne reste plus qu’a placer des cales sous le châssis (à la hauteur souhaitée) puis laisser refroidir. Le résultat est sans appel, mais irréversible . Cette technique est encore utilisée de nos jours par les puristes pour rabaisser certains véhicules anciens tels que des roadsters.

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• Bibliographie: Bayley, Stephen, « Design auto, liberté ,sexe, style, pouvoir, mouvement, couleur, tout. », Aubanel, 2009 Darras, Éric, « Un lieu de mémoire ouvrière: le tuning » ,Sociologie de l’Art, 2012/3 OPuS 21, p. 85-85. DOI: 10.3917/soart.021.0085 Flonneau, Mathieu, « D’une automobile en majesté à une automobile évitée », Sociétés & Représentations, 2004/1 n° 17, p. 109-116. DOI: 10.3917/sr.017.0109 Flonneau, Matieu, « Les cultures du volant XXe et XXIe siècle », Edition Autrement, 2008 Gorz, André, « L’idéologie Sociale de la Bagnole », Le Sauvage, septembre-octobre 1973. Hebdige, Dick, « Sous-culture, le sens du style » - Traduis de l’anglais par Marc Saint-Upéry. Édition la Découverte, Paris, 2008. Loewy, Raymond, « La laideur se vend mal », Gallimard, 1990 Sparke, Penny, « Un siècle de Design Automobile », Flammarion, 2003 « Entre série et Tuning, l’automobile peut elle avoir une personnalité? » Atelier du Mondial de l‘automobile 2012, animé par Grenapin Stanislas. « L’annuel du design automobile 2007, Guide mondial », « Latinos » Magazine Nitro N°18 de Novembre 1982 , écrit par George Benayoun. (P81) « Le Louvre invite J.M.G. Le Clézio : Les musées sont des mondes » extrait du dossier de press

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• Filmographie: « 2 Fast 2 Furious », 2003, réalisé par John Singelton « American Graffiti », 1974, réalisé par Goerge Lucas « Bullit », 1968, réalisé par Peter Yates « Car Warrior », saison de 2011 -> 2012 « Christine », 1983, réalisé par John Carpenter « Conduire un rêve », 2010, réalisé par Candy Deubel « Crash », 1996, réalisé par David Cronenberg « Duel », 1983, réalisé par Steven Speilberg « Enfer Mécanique », 1977, réalisé par Elliot Silverstein. « Everything Comes from the Streets », 2014, réalisé par Alberto Pulido pour Truly CA « Fast & Furious », 2001 , réalisé par Rob Cohen « Fast & Furious 4 », 2009, réalisé par Justin Lin « Fast & Furious 5 », 2011 ,réalisé par Justin Lin « Fast & Furious 6 », 2013, réalisé par Justin Lin

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« Fast & Furious Tokyo Drift », 2006, réalisé par Justin Lin « La course à la mort de l’an 2000 » ,1975, réalisé par Paul Bartel « Méga Factory », Skyline GTR / Lambo / Porsche « Monster Garage », saison de 2002->2006 « Pimp My ride », saison de 2004 -> 2007 « Renault & Citroën, une histoire industrielle française », 2001, réalisé par Huges Nancy & Fabien Béziat « Tucker » , 1988, réalisé par Francis Ford Copola « Vanishing point », 1971, réalisé par Richard C Sarafian

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• Webographie : « 1982 Trike V12 Chromes & Flammes... » http://www.collectioncar.com/gazette_detailed.php?id=94 « Bienvenue au tuning en France ! » http://motorobots.org/tuning-france.html « Candy Paint » http://www.kustomrama.com/index.php?title=Candy_Paint « Comment les mots entrent-ils dans le dictionnaire ? » http://www.lepetitrobert.fr/le-petit-robert/comment-les-mots-entrent-ils-dans-le-dictionnaire Cypress Hill « Lowrider » (C) 2001 SONY BMG MUSIC ENTERTAINMENT https://www.youtube.com/watch?v=mMWBh0B9F0M « Every weekend is an itasha car show at Akihabara’s UDX parking garage » http://en.rocketnews24.com/2014/05/02/every-weekend-is-an-itasha-car-show-at-akihabaras-udx-parking-garage/ « Ford T (1908-1927): La dame en noir » http://www.caradisiac.com/Ford-T-1908-1927-La-dame-en-noir-51161.htm « History of the American Hot rod ... » http://www.thefoudre.com/history-of-the-american-hot-rod-622-custom.html « Hot rod / Classification » http://fr.wikipedia.org/wiki/Hot_rod#Classification « HotRod Meeting Bonneville 1954 ... » http://www.thefoudre.com/hotrod-meeting-bonneville-1954-587-custom.html « Kar a Sutra: le lupanar sans paroles par Citroën » , Publié par Pierre-Laurent Ribault le 29 mai 2008 http://www.leblogauto.com/2008/05/kar-a-sutra-le-lupanar-sans-paroles-par-citroen.html « Keeping the Movement Hopping. » Chapitre 5 de l’histoire du Lowrider: Extrait du site de la Michigan State University. https://www.msu.edu/~torresm2/ch5.html

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« Le Combi Volkswagen règne encore sur le coeur des hippies californiens » http://www.ladepeche.fr/article/2013/12/11/1772808-combi-volkswagen-regne-encore-coeur-hippies-californiens.html « Le Pinstriping Dean Jeffries and Von Dutch ... » http://www.thefoudre.com/le-pinstriping-dean-jeffries-and-von-dutch-547-custom.html « Le Zoot Suit: style vestimentaire révolutionnaire » , écrit par Duke & Dude http://dukeanddude.com/blog/lifestyle/zoot-suit « Les deux chocs pétroliers de 1973 et 1979 » http://www.transition-energie.com/base-documentaire/documents/les-deux-chocs-petroliers-de-1973-et-1979/ «Lowrider History Book : The Emerging Styles » http://www.lowridermagazine.com/historybook/0000lrm_history2/ « Mascottes Automobiles » http://mascottes.automobiles.perso.libertysurf.fr/ « Monster Garage » Informations http://www.remarkablecars.com/monster-garage.html http://www.abmoteurs.fr/guide-programmes/TUNING-MONSTER-GARAGE-19.aspx Sema Show de Las Vegas http://www.semashow.com/ Taylorisme http://www.henryford.fr/fordisme/taylorisme/ « Ten years later // FORD 021C by Marc Newson », publié par Marcia Argyriades le 1 Octobre 2009 http://www.yatzer.com/Ten-years-later-FORD-021C-by-Marc-Newson « The Zoot-Suit and Style Warfare by Stuart Cosgrove » Issus du “History Workshop Journal. Vol. 18 (Autumn 1984) pp. 77-91” avec la permission du “Oxford University Press” http://invention.smithsonian.org/centerpieces/whole_cloth/u7sf/u7materials/cosgrove.html « Your Guide To The World’s Most Hated Car Culture: Donks » par Raphael Orlove http://jalopnik.com/5974931/your-guide-to-the-worlds-most-hated-car-culture-donks

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