D'Un Commun Accord: Adam et Ève

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Volume 4, Numéro 2

Adam et Ève

Printemps 2024

CONTENU

ÉDITORIAL

Lucinda M. Vardey

REDÉCOUVRIR ADAM ET ÈVE

Anne-Marie Pelletier

LA SIMPLICITÉ DIVINE ET COMMENT DIEU NOUS CHERCHE

Yamai Bature O.C.D.

LA BLESSURE ORIGINELLE

John Dalla Costa

RETOUR AU JARDIN (D’ÉDEN)

Lucinda M. Vardey

ADAM RACHETÉ

Scott Lewis S.J.

LES FILLES D’ÈVE: EDITH STEIN ET LA VOCATION DE LA FEMME

Joanne Mosley

D’UN COMMUN ACCORD
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Éditorial

Il ne fait aucun doute que l’histoire d’Adam et Ève a été la source de nombreuses interprétations erronées. AnneMarie Pelletier explique comment il faut lire Les Écritures et pourquoi ces stéréotypes ont entaché la relation que nous entretenons les uns avec les autres, ainsi que la perception des différences entre les sexes.

Dans ce numéro, nous explorons les fondements de la compréhension des Écritures en présentant certaines interprétations transmises au cours des siècles. Parmi ces interprétations, citons le rôle d’Ève, plus dissident que celui seul d’une compagne qui donne la vie. En raison des nuances évoquées voire limitées des textes traduits, nous n’obtenons qu’un fragment de l’image. Les articles de ce numéro abordent ces différents points. Toutefois, une chose demeure dans ces diverses interprétations : le mépris lié à la trahison. Dans la conscience humaine Ève en est devenue l’archétype, un archétype aussi puissant que le mythe qui l’a forgé. Le monde du mythe n’est pas juste illusions, il investit la conscience commune avec un récit qui s’adresse à tous, quelle que soit la croyance ou la culture.

Adam et Ève constituent la base fondamentale de l’archétype à partir duquel tout s’est construit. Comme l’explique le psychanalyste suisse Carl G. Jung, les archétypes sont actifs dans l’inconscient collectif. Il est évident que leurs distorsions se transforment au fil du temps en croyances, en une attitude qui devient posture et raisonnement. Cela est plus qu’évident dans l’hypothèse communément admise selon laquelle l’homme a été créé en premier et qu’il est donc naturellement supérieur à la femme, elle, soi-disant une «pensée après coup» de Dieu. Cette hypothèse a conduit à penser que la création de la femme, Ève celle qui a écouté le serpent, compromet sérieusement la position de l’homme dans sa relation à Dieu.

Comme nous l’avons indiqué à maintes reprises dans nos numéros précédents, il n’existe aucune preuve théologique solide d’une quelconque forme d’inégalité entre les hommes et les femmes. Tous deux sont créés égaux à l’image et à la ressemblance de Dieu. Dans ce numéro, nous montrons comment cette égalité se construit en relation avec Dieu.

Dans l’histoire d’Adam et Ève, Ève est clairement celle qui souffre le plus de l’incompréhension. Elle est rachetée par l’Église qui désigne Marie comme étant «la Nouvelle Ève», la mère de tous. Mais même avec cette évolution, il n’est certainement pas exagéré de dire que chaque croyante connaît une certaine tension de l’âme, consciente ou non. Cette tension provient d’un sentiment diffus, l’appartenance à un milieu dépourvu de valeurs féminines qui porte les stigmates négatifs hérités d’Ève. Ce fardeau est d’autant plus lourd à porter car il demeure un héritage alimenté de mensonges. Mensonges selon

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lesquels la plupart des femmes sont indignes de confiance, elles sont rebelles et peu fiables, elles doivent être tenues à distance afin de ne pas menacer le confort, le statut, le bien-être et l’avenir de l’homme. D’autre part, il existe un gouffre entre le modèle négatif véhiculé par Ève et le caractère positif de Marie, symbole de pureté et de perfection féminine. Atteindre la sainteté de Marie ou sa relation à Dieu ne sont pas imaginables ni même envisageables pour la plupart des femmes. La tension qui s’est ainsi établie dans l’inconscient collectif contribue à la souffrance intérieure et invisible des femmes vivant dans ce qu’on a appelé «un monde d’hommes.» L’Église d’aujourd’hui ne peut sousestimer ce besoin de guérison, ni la nécessité de modifier les idées et attitudes du passé. Il est nécessaire d’accueillir et de soutenir les dons et les charismes des femmes avec un cœur grand ouvert.

Sur ce point, Joanne Mosley nous propose le regard d’Edith Stein sur la vocation féminine issue de l’héritage vivifiant d’Ève. Jésus, en tant que «Nouvel Adam» guérit et rachète ce qui a été perdu et chassé. En résumé, l’accent mis sur la relation entre Dieu et les autres au sein du monde, est primordial et essentiel. Comme nous y invite Scott Lewis, nous pourrions «refaire l’histoire en utilisant l’imagination sacrée.»

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Anne-Marie Pelletier a fait sa carrière comme professeur de Lettres dans plusieurs universités parisiennes. Spécialisée dans les problèmes d’herméneutique biblique, elle a enseigné à l’Institut européen en sciences des religions (IESR) de Paris, au séminaire de Paris (Collège des Bernardins), mais aussi aux Facultés Loyola de Paris (Centre Sèvres). Elle a publié de nombreux ouvrages dans ce domaine, notamment : «Lectures du Cantique des Cantiques. De l’énigme du sens aux figures du lecteur» (Analecta Biblica), «Lectures bibliques. Aux sources de la culture occidentale,» «D’âge en âge les Écritures. La Bible et l’herméneutique contemporaine,» «Le livre d’Isaïe, l’histoire au prisme de la prophétie.» Sur le sujet des femmes dans le christianisme et dans l’Eglise, elle a publié plusieurs ouvrages : «Le christianisme et les femmes. Vingt siècles d’histoire,» «Le signe de la femme» et, plus récemment, «L’Église, des femmes avec des hommes» (Paris, Cerf 2019) ainsi que «L’Église et le féminin, Revisiter l’histoire pour servir l’Évangile » (Salvator, 2021). Elle est lauréate du Prix Ratzinger de théologie 2014, première femme théologienne à recevoir ce prix. En 2023, elle a reçu le prix de l’Amitié judéo-chrétienne de France. En 2017, elle a écrit le Chemin de croix pour la prière du pape François du Vendredi saint au Colisée. Elle est membre de la Pontificia Academia pro Vita et de la nouvelle commission vaticane pour l’étude du diaconat féminin.

Redécouvrir Adam et Ève

Adam et Ève, voilà un couple qui habite la mémoire de nos cultures, même là où elles sont aujourd’hui sécularisées. Et à ce couple s’accrochent des clichés, qui jouent plutôt en défaveur des Écritures bibliques : cellesci seraient la source de la misogynie qui marquerait les siècles du monde chrétien et que nous sommes occupés aujourd’hui à combattre. D’ailleurs la manière dont les lecteurs croyants, de leur côté, sollicitent cette référence entretient la confusion. Si souvent ils évoquent Adam et Ève comme « nos premiers parents,» sans s’inquiéter de ce que cette manière de parler confère à ce couple originel le même genre d’existence historique qu’à David et Bethsabée par exemple. De quoi exposer les Écritures à la dérision de nos contemporains, formés même de loin aux savoirs de la paléontologie. La première nécessité est donc de reconnaître que les premiers chapitres de la Genèse parlent le langage du mythe, le seul pertinent pour scruter notre origine évidemment inaccessible, pour interroger le sens et les enjeux de la relation fondamentale qui lie l’homme et la femme, avec sa charge de

félicité et aussi ses épreuves et ses blessures. On relèvera aussi cette singularité de la tradition biblique par rapport aux autres mythes d’origine circulant autour d’Israël dans le Proche-Orient ancien. La Bible réserve un développement spécifique à la création de l’homme et de la femme. Elle le fait de manière différente, une première fois au chapitre 1, puis de nouveau dans le récit des chapitres 2 et 3.

On sait comment le premier chapitre met en scène une création inscrite dans la séquence des jours d’une semaine. La création de l’homme et de la femme figure ici comme le point culminant de l’acte créateur, au sixième jour. Au milieu de multiples finesses du texte qu’il faudrait pouvoir détailler, relevons ce verset 27 : « Dieu créa l’homme à son image, à son image il les créa, masculin et féminin.» Avec un minimum de mots, le texte définit l’humanité comme une unité différenciée. L’humanité que l’homme et la femme ont en partage est articulée par conséquent par une différence qui inscrit la relation en son sein, le tout étant relié au

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thème de l’image de Dieu. On y apprend ainsi cette vérité capitale, que la différence des sexes ne dégrade pas l’humanité à l’image de Dieu, comme certaines voix de la tradition ont pu l’affirmer. Bien au contraire, cette différence fait signe intrinsèquement à l’identité du Créateur, le Dieu unique dont la foi chrétienne confesse qu’il est en lui-même Dieu trinitaire.

Consentir au face-à-face avec l’autre sexe aura donc rapport à consentir à notre identité de créature existant par et pour la relation, chacun avec l’autre et ensemble avec Dieu. La suite du texte biblique n’annulera aucunement cette vérité essentielle. Cette suite se formule à travers le récit du jardin d’Éden qui court sur les deux chapitres suivants. La mise en scène de la création est ici différente. Un Dieu jardinier, qui est en même temps potier, fait surgir de ses mains un « humain » (haadam), modelé avec la terre (haadamah) première étape en direction de l’humanité. Cet « humain » est en-deçà encore de l’homme et de la femme. C’est lui qui va être l’objet d’une étrange opération chirurgicale, d’où naîtra un vis-à-vis (c’est le sens du mot kenegdo au verset 20), à partir de quoi, plus loin seulement, il sera question d’une femme (ishah) et d’un homme (ish). Le texte est rempli de subtilités, dont n’a évidemment pas voulu s’encombrer une lecture traditionnelle habitée par les schémas inégalitaires de la misogynie. Tout comme cette lecture a voulu ignorer la densité théologique des mots, singulièrement quand il est question d’une « aide (ezer) qui lui soit assortie,» un mot qui ne devrait pas faire de la femme une utilité pour l’homme, sa subordonnée, puisqu’il est utilisé ailleurs dans les Écritures pour désigner Dieu, précisément le secours que l’homme reçoit de Dieu. Et, de fait, il s’agit bien de reconnaître que, selon l’économie biblique, la relation de l’homme et de la femme fondée sur la différence, est que chaque sexe constitue un secours vital pour la vie de l’autre. Tout à l’opposé, donc, d’une certaine tradition défavorable aux femmes. A l’opposé des argumentations, qui continuent à se réclamer du texte de la Genèse lu sur un mode fondamentaliste, pour secondariser les femmes, leur dénier l’accès à l’autorité, les maintenir dans des rôles qui permettent de protéger des prérogatives masculines fallacieusement prétendues être « de nature.»

AU-DELÀ DES STÉRÉOTYPES

La chance de notre moment présent est de pouvoir nous réapproprier le texte biblique en nous extrayant des ornières des traditions de lecture misogynes. En l’occurrence de nous libérer des interprétations stéréotypées pour retrouver un texte rempli de subtilités qui vont largement contre une anthropologie inégalitaire. Une lecture minutieuse du chapitre 2 réalisée récemment sur l’hébreu plaide même l’idée que le texte biblique s’attache ici à inverser polémiquement les préjugés dévalorisant les femmes.1

Il reste qu’on ne peut passer sous silence l’objection du chapitre 3, avec l’irruption du serpent tentateur qui vient contester la consigne divine relative à l’usage des fruits du jardin en s’adressant à la femme, et non pas à l’homme qui a reçu l’ordre divin. Le texte biblique parlerait-il là irrémédiablement contre les femmes ? Ici aussi, évidemment, nous sommes requis par un travail d’intelligence du texte, qui interprète correctement la mise en scène de la transgression. Disons

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seulement que, loin d’être une reprise du mythe bien connu de la femme dangereuse pour l’homme, le récit biblique médite la réalité d’une humanité en défiance de Dieu, éprouvant sa relation avec lui comme une entrave, comme une aliénation. Une réalité, soulignons-le, qui n’est d’ailleurs pas la vérité première et dernière de la création, comme tendrait à l’accréditer une malencontreuse théologie du « péché originel.» Ce que prend en charge le texte biblique est le mystère d’une faille entre l’humanité et Dieu, qui atteint mystérieusement toutes les générations humaines, comme le suggère précisément la mise en avant de la femme dans le rôle d’une mère, c’est-à-dire au plus près de l’acte de la transmission de la vie. C’est en ce sens aussi que le féminin est convoqué pour annoncer le jour d’une victoire sur le serpent, au sein même de l’humanité, à travers un descendant de la femme.

On notera pour finir la corrélation réaffirmée entre la relation de l’humanité

à Dieu et la relation qui s’instaure entre les sexes. Une fois consommée la désobéissance inspirée par le serpent, qui témoigne d’une dénaturation de la relation à Dieu (s’il interdit l’accès à un arbre du jardin, c’est qu’il est un Dieu jaloux, qui tient l’homme pour un concurrent !), c’est la relation entre l’homme et la femme qui en subit immédiatement le contrecoup. Gn 3,16 décrit ainsi une relation des sexes désormais travaillée par la violence et la mauvaise séduction. Les deux relations sont en interdépendance. C’est pourquoi ce que l’on nomme en termes théologiques l’eschaton ne s’envisage pas dans la Bible comme un dépassement ou comme l’annulation de la différence des sexes, mais comme la transfiguration de cette différence accédant enfin à l’harmonie heureuse et jubilante que célèbre le Cantique des cantiques, ce petit livre où, dans un autre jardin que celui de la Genèse, un homme et une femme font vibrer toute la création de leur désir et de leur célébration.

«Viens, mon bien-aimé, allons dans les champs! ... dès le matin nous irons aux vignobles. Nous verrons si la vigne bourgeonne, si ses pampres fleurissent, si les grenadiers sont en fleur. Alors je te ferai le don de mes amours.»

(Le Cantique des cantiques 7:12-14).

Yamai Bature O.C.D. originaire du Nigéria, rejoint la mission nigériane de la province anglo-irlandaise de l’Ordre des Carmes Déchaussés en 2008. En 2010 après une première fonction, il poursuit des études de philosophie et de théologie à l’Institut dominicain d’Ibadan et obtient ses diplômes décernés respectivement par l’Université d’Ibadan et celle d’Angelicum (Université pontificale Saint-Thomas d’Aquin) à Rome. Suite à son ordination sacerdotale en 2018, Yamai est affecté au prieuré carmélite d’Oxford, en Angleterre, où il s’implique dans l’enseignement et le ministère de retraite au Centre de spiritualité carmélite appliquée (CACS). Il aime se promener dans la nature. Il a un vif intérêt pour l’esthétique de la philosophie et de la théologie et leur influence complémentaire sur l’histoire et les identités culturelles. Il a récemment été transféré au Centre carmélite d’Avila à Dublin, en Irlande.

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Une Réflection Spirituelle

La simplicité divine et comment Dieu nous cherche

«Où es-tu ?» demande Dieu à Adam et Ève (cf. Genèse 3, 8-9 ), et Dieu le demande à chacun d’entre nous aujourd’hui. Dieu, qui est omniscient et omniprésent, pose cette question à ceux dont Il sait qu’ils se cachent déjà. Pourquoi donc Dieu pose-t-Il cette question ? Précisément à cause de la communion qu’Il entend établir avec nous. Dieu a ce désir de toute éternité, ce qui laisse entendre qu’Il porte continuellement en lui ce désir. Dieu est toujours à notre recherche. Où nous cherche-t-Il ? Partout où nous nous sommes éloignés de sa présence. Dans la Bible, le tout premier récit parle d’Adam et Ève dans leur cachette, nous constatons ainsi comment Dieu depuis le début ne cesse de se mettre à notre recherche.

le jardin de l’âme, le symbole de l’arbre de vie renvoie précisément au Christ. Cela explique comment l’interprétation de l’expérience humaine est centrée sur le Christ. L’arbre de vie est aussi symbole d’immortalité: manger de cet arbre, c’est confirmer à jamais son destin et sa condition (Gn 3, 22).

LE SYMBOLISME DANS L’HISTOIRE DU JARDIN

Le Jardin symbolise l’âme, l’espace même que Dieu nous demande de cultiver pour porter du fruit. Le Jardin symbolise aussi toute situation ayant potentiellement la capacité à porter du fruit pour Dieu, soit l’ensemble de l’expérience humaine et tout ce qui la façonne.

Dieu fit [...] l’arbre de vie au milieu du jardin (Gn 2,9).

L’arbre de vie est le point central de référence dans le jardin ; c’est la présence absolument nécessaire de Dieu qui insuffle la vie pour que l’existence se poursuive. Dans

L’arbre de la connaissance du bien et du mal est la limite assignée à la liberté humaine (Gn 2, 16-17).

Saint Jean-Paul II a écrit que «le pouvoir de décider du bien et du mal n’appartient pas à l’homme, mais à Dieu seul. Assurément, l’homme est libre du fait qu’il peut comprendre et recevoir les commandements de Dieu» (Veritatis Splendor, n° 35).

Manger le fruit de cet arbre implique premièrement, abuser de sa liberté: la personne humaine n’est pas libre de manipuler les paroles de Dieu; deuxièmement, faire l’expérience de la mort (en étant esclave du péché) et finalement mourir. Apparemment, la connaissance du bien et du mal a rendu l’humanité semblable à Dieu. Alors, pourquoi cette punition pour avoir mangé le fruit de l’arbre ?

Pour Dieu la connaissance du bien et du mal est une connaissance non-participante, ce qui implique l’ordre donné : «Tu n’en mangeras pas» (Gn 2,17). Il est tout à fait normal qu’en étant à l’image de Dieu, l’humanité possédant la connaissance du

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mal devienne également non-participante. En mangeant le fruit de l’arbre contre la volonté aimante de Dieu, l’humanité a découvert le mal de manière active.

Il est important de noter que l’arbre de la connaissance du bien et du mal est le seul à avoir été mis à l’écart. Cela montre qu’on a voulu justement l’isolé de l’Arbre de Vie. D’où la déclaration «Tu mourras sûrement» conséquence appropriée de cet isolement, de cette séparation d’avec la vie. Tous les autres arbres du jardin symbolisent l’immensité de la liberté assignée à l’humanité. Dans Genèse 2,9, il est dit de tous les autres arbres qu’ils sont «désirables à voir et bons à manger.» Or, cet attrait «l’arbre était bon à manger, qu’il était agréable aux yeux» était aussi celui de l’arbre de la connaissance et du mal (Gn 3,6). Quelle était donc la différence entre cet arbre et tous les autres ? C’est la séparation et la présence du serpent, symbole de défiance à l’égard de Dieu et de tromperie envers l’humanité. La relation entre Dieu et les humains est précisément le but ultime de cette désobéissance et de cette tromperie. Ces deux offenses étant issues d’une même attitude cherchant à déformer les paroles de Dieu. La distorsion ou manipulation du message de Dieu est une caractéristique essentielle de la tentation. L’objectif de cette manipulation est de compromettre la relation de droiture choisie par Dieu pour l’humanité, la simplicité en la présence de Dieu. Dieu est le principe même de cette simplicité et nous allons donc examiner brièvement ce que cela signifie.

LA DOCTRINE DE LA SIMPLICITÉ

DIVINE

La simplicité Divine se rapporte à la simplicité de sa nature, Dieu n’est pas constitué d’attributs distincts, Il ne dépend de rien pour être ce qu’Il est.

Cette simplicité contraste avec notre propre nature d’êtres complexes dotés d’un intellect cartésien, qui a besoin d’utiliser divers noms d’attributs de Dieu pour définir ce qu’Il est. «Quoi que Dieu soit, Amour, Bonté, Saint, Miséricordieux, etc., Dieu l’est parfaitement et simultanément,»1 parce que Dieu est simplement.

Il suffit de dire à ce stade que si la simplicité divine est conceptuellement inépuisable, elle est expérimentalement accessible dans la relation, et ce précisément en raison de l’autorévélation de Dieu en tant que Dieu trinitaire : la communion de trois personnes divines distinctes. C’est donc sous cet angle que nous préférons considérer la simplicité de Dieu.

Dieu est simple par essence, Dieu est amour, et la caractéristique de l’amour est son débordement au-delà de soi-même vers un autre ou vers les autres. La simplicité de la relation entre les personnes de la Trinité

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s’exprime dans le don généreux qu’elles se font les unes aux autres.2 La simplicité de Dieu préserve cette réalité communautaire (Père, Fils et Esprit) de Dieu parfaitement et simultanément. Cette communion dans la vie de Dieu est étendue à l’humanité par l’Incarnation du Christ qui «s’est anéanti» (Philippiens 2:7) pour devenir présent au milieu de nous, afin que nous puissions aussi nous vider de nous-mêmes pour devenir présents devant Dieu.

LA COMPLEXITÉ HUMAINE DEVANT LA SIMPLICITÉ DIVINE

Dieu est infini, Dieu est simple. Nous sommes finis, nous sommes des êtres constitués et donc complexes. Mais nous sommes aussi des créatures de Dieu, et si Dieu a trouvé que tout ce qu’Il avait créé était bon, alors notre complexité est également bonne et tend vers le bien. Notre conscience participante au mal, en revanche, permet à notre complexité de dégénérer en chaos. Notre complexité se situe donc quelque part entre la simplicité et le chaos, entre la présence de Dieu et le mal, entre l’arbre de vie et l’arbre de la connaissance du mal.

Notre complexité prend l’allure de la simplicité lorsqu’elle se meut en une intégration harmonieuse, une réunification des parties constituant notre nature en une unité de plénitude qui ressemblerait à la simplicité de l’unité en Dieu.

À la lumière de ce qui précède, commençons à réfléchir à notre propre nature complexe et permettons à la simplicité divine de toucher la réalité de notre condition humaine. Notre dépendance à l’égard de nos nombreux besoins de survie, spirituels, matériels, biologiques ou psychologiques, incarne notre nature complexe. Lorsque la recherche de satisfaction de ces besoins nous plonge

dans l’angoisse de l’insatiabilité, notre complexité peut se dégrader en chaos ; un chaos dans lequel le péché et l’imperfection dévoilent leurs visages et masquent la relation de communion établie par Dieu depuis le commencement. Avant la chute, avant l’apparition du péché, la relation de l’humanité avec Dieu était d’une simplicité absolue vécue sous forme de présence mutuelle.

OBSTACLES À LA SIMPLICITÉ DE LA PRÉSENCE

Dans l’attachement au péché, nous sommes appelés à passer de l’égocentrisme à l’altruisme.

Dans l’attachement à nos désirs, nous sommes appelés à passer de l’obstination à la bonne volonté.

Dans l’attachement à nos passions, nous sommes appelés à passer de la dépendance à la modération.

Dans l’attachement à notre raison, nous sommes appelés à passer de notre égo au Christ.

Dans l’attachement à nos fautes, nous sommes appelés à oublier le passé pour découvrir l’espoir et la confiance dans le Christ.

CONCLUSION

La simplicité consiste à se débarrasser du superflu, c’est-à-dire de tout ce qui n’est pas de Dieu. Pour y parvenir, il est important d’adopter la pratique de la présence de Dieu. Concrètement cela signifie tout faire en présence de Dieu, en gardant pleine conscience de sa présence, ainsi nous demeurons totalement en la présence divine.

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La blessure originelle

John Dalla Costa est un auteur et théologien, spécialiste des questions éthiques et morales, il a rédigé cinq livres. Pour en savoir plus sur son parcours, veuillez consulter notre site web.

L’ensemble de la Bible relate l’histoire de la rédemption de Dieu suite au bannissement de l’humanité hors du jardin d’Éden. Compte tenu de l’enjeu, les auteurs de la Genèse ont accordé une place remarquablement réduite à la trahison ayant entraîné cette expulsion du jardin d’Éden. En effet, moins d’une page de texte dans ma Bible, qui en compte 1,404. Même si les versets sont peu nombreux, les nombreuses hypothèses que nous avons formées et perpétuées ne rendent pas justice au contenu exact. Non seulement le texte est embrouillé et prête à confusion mais souvent, les détails le sont aussi. Il est donc facile de mélanger anthropologie et théologie si on se projette dans l’histoire sans relever le quiproquo d’un récit incomplet, trop court et trop définitif.

Par exemple, ce n’est pas Adam et Ève qui ont commis le premier péché. Ils n’ont reçu leur nom qu’une fois la litanie des souffrances ait été prononcée en guise de jugement pour avoir transgressé le commandement de Dieu de ne pas manger «de l’arbre de la connaissance du bien et du mal». Cela laisse perplexe, non ? Cela implique que l’identité humaine pleinement formée repose sur la capacité de faire face, de comprendre et de juger du bien et du mal. Pouvons-nous nous même nous considérer comme des êtres humains sans faire la distinction entre le bien et le mal, entre le vertueux et l’immoral ? Plus précisément, est-il possible d’avoir des échanges humains, de donner et de recevoir un amour authentique, sans cette capacité

éthique inscrite dans le cœur ?

Trois autres détails du récit m’ont amené à changer de point de vue sur la condamnation d’Adam et d’Ève et ont fait grandir ma sympathie à leur égard. L’un d’eux est que Dieu les a créés adultes, avec des corps matures abritant des personnalités dépourvues de toute expérience ou formation. Bien qu’ayant fait des recherches dans la littérature rabbinique et les commentaires théologiques, je n’ai pas trouvé d’explication à cette énigme. Ne connaissant pas (encore) le bien et le mal, l’homme et la femme peuvent-ils être jugés comme ayant pleinement agi en faisant un choix erroné ?

Un autre détail indique que seul l’homme a reçu l’ordre de Dieu concernant le fruit défendu. Le serpent «rusé» a attaqué le couple en son point le plus vulnérable, il s’adresse à la femme qui, à ce stade du récit, n’a entendu l’interdiction de Dieu que de seconde main. Bien qu’il leur ait été demandé d’éviter de manger le fruit défendu, fruit qui permet la connaissant du bien et du mal, rien n’indique dans le texte que le premier homme et la première femme aient été avertis du mal rampant déjà en liberté dans le jardin. Ils ont désobéi, mais en quelque sorte de manière frivole, comme des enfants, plutôt qu’avec une préméditation et un calcul de sang-froid.

Le troisième aspect à souligner est que Dieu était absent. Des créatures vulnérables, nouvellement créées, ont été livrées à ellesmêmes. En un sens, il s’agissait de la première expérience de la «nuit noire de l’âme», la première fois que des êtres humains, créés à l’image et à la ressemblance de Dieu, ont été laissés sans la présence de leur saint Parent

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Quel

aurait pu être le plan de Dieu en exposant les premiers hommes à la tentation tout en leur interdisant le fruit même qui aurait pu influencer moralement leur réponse ? et de leur modèle. A quoi Dieu pensait-Il et que voulait-Il signifier en s’éloignant ?

De toute évidence, la brièveté et l’ambiguïté de ce texte d’une importance capitale en sont peut-être la raison même. Les origines et le mal restent des mystères que l’on ne peut qu’accepter, même s’ils ne sont compris que de manière incomplète. On ne peut nier la capacité de l’homme à pécher. En lisant ce passage de la Genèse, je ne peux m’empêcher de me demander si la déception de Dieu n’est pas due au fait qu’il avait prévu un rite de passage différent pour l’homme et la femme qu’il avait créés. Peutêtre le plan prévoyait-il une sorte de direction spirituelle individuelle, Dieu formant ces adultes innocents pour qu’ils reçoivent une sagesse proportionnelle à leur capacité d’être créés à l’image et à la ressemblance de Dieu. Ou peut-être la vulnérabilité exploitée par le serpent faisait-elle partie d’un plan plus vaste de Dieu pour la rédemption, par l’incarnation de Jésus-Christ. Lui qui non seulement a sauvé l’humanité, mais a amené chacun d’entre nous à collaborer au projet divin : repousser le mal et construire le règne de Dieu. La blessure est peut-être la clef : Dieu, en tant qu’amour, engendre la création, la détruit et la restaure et la renouvelle continuellement avec miséricorde, pardon, inspiration et raison d’être.

L’AMOUR CRÉATIF

Le théologien Jésuite Edward Vacek explique certaines des dimensions prénatales de l’amour créatif de Dieu. «L’amour parental est (ou peut être) au départ un acte d’amour pour un être qui n’existe pas encore. Les parents s’engagent à concevoir un être qui, une fois réel, ne se conformera pas, ou plutôt ne devrait pas se conformer entièrement à leurs propres attentes ; mais il se s’accomplira de manière inexpliquée

grâce à sa propre liberté.»1 L’absence de Dieu s’explique en partie pour permettre d’initier cette libération. Par amour, Dieu a pris un risque pour ce qui «n’est pas encore, mais peut être.» La désobéissance qui allait causer la souffrance humaine a d’abord blessé Dieu, et peut-être même au plus profond.

Cette blessure originelle imprègne la Bible et trouve son apogée sur la croix du Christ. L’Écriture est souvent considérée comme le support de l’autorévélation de Dieu, et c’est le cas. Mais plus précisément encore, le texte que nous considérons comme sacré révèle le désir dévorant de Dieu pour l’humanité.

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Même si nous cherchons Dieu, ce désir même de recherche est un don enraciné par Dieu dans nos âmes pour avoir manqué à chacun d’entre nous avec tant d’angoisse et de ferveur. Dieu a parlé, Dieu a appelé et Dieu a envoyé des prophètes par désir d’amour de voir que l’être aimé se porte bien et d’attirer l’être aimé dans ses bras. On pourrait dire que Dieu n’est pas à la hauteur en ayant tant besoin de la reconnaissance et de la réponse de l’humanité, mais cette qualité témoigne de l’offrande absolue et infinie de l’amour. En se séparant maintenant de la femme et de l’homme que Dieu avait créés, la liberté se réalise pleinement, par un développement qui implique une sagesse durement acquise à travers les échecs comme les succès, le péché comme le repentir.

La plus longue section du chapitre de la Genèse traitant de cette blessure originelle détaille les souffrances auxquelles les humains devront faire face lorsqu’ils seront expulsés du jardin (Genèse 3,14-19). Là encore, aussi sombre que soit le châtiment, l’expression du désir parental et de la miséricorde de Dieu à l’égard de l’humanité

apparaissent clairement dans un seul verset avant le bannissement. Il nous est dit que «Dieu fit à l’homme et à sa femme des tuniques de peau et les en vêtit» (Genèse 3, 21). Tout d’abord, nous devons reconnaître que la confection de ce vêtement est un acte maternel primordial. Deuxièmement, il suppose une grande intimité, en coupant et en cousant ensemble des matériaux qui seront portés à même la peau. Troisièmement, le fait de confectionner les vêtements et de les «vêtir» signifie une protection qui sera portée longtemps après la séparation. Ceci est une manifestation pratique et tangible de la proximité qui ne sera pas contrecarrée, même par la présence d’un «chérubin ... avec une épée flamboyante» aux portes de l’Éden désormais interdit. Comme le père qui attend dans la parabole de Jésus le retour du «fils prodigue», la confection de vêtements par Dieu pour habiller Adam et Ève avant qu’ils ne soient contraints de partir témoigne d’un cœur blessé, qui aspire néanmoins avec un amour parental à ce qu’ils soient en sécurité, à ce qu’ils sentent Dieu tangiblement proche, et à ce qu’ils reviennent un jour.

Retour au jardin (d’Éden)

Lucinda M. Vardey

D’un Commun Accord. Pour en savoir plus sur son parcours, veuillez consulter notre site Web.

Quelle que soit l’interprétation que nous donnons à l’histoire du bannissement d’Adam et Ève du jardin d’Éden, il s’agit d’une tragédie ressentie par l’âme humaine. Une fois le couple exilé, cette rupture d’avec la communauté d’Éden a dû affecter les cœurs et les âmes de toutes les créatures

du jardin. Il a été prouvé que les plantes ont des émotions, alors qu’en est-il des fleurs ayant déployées leur tapis magnifique et apaisées les pieds nus d’Adam et d’Ève ?

Le bannissement a marqué la fin de l’unité non seulement avec Dieu, mais avec la création de Dieu telle qu’elle était offerte, et ainsi avec elle, la fin de l’innocence ; cette innocence alimentée par tout le nécessaire au bien-être du corps et l’âme. Lorsqu’Adam et Ève ont quitté le jardin d’Éden pour un autre monde, ils ont laissé derrière eux l’innocence. D’autres circonstances se sont mises en place, des fils ont grandi et construit

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une vie en concurrence avec Dieu, alors Caïn a tué Abel son frère. La violence s’est installée, la souffrance et l’itinérance ont suivi, ainsi que les querelles de jalousie et de convoitise qui sont devenus la norme au-delà du jardin.

Au fil du temps, et surtout au cours des siècles derniers, nous avons continué à nous éloigner du monde d’origine. Par conséquent, il n’est pas facile de trouver Dieu à l’extérieur et le prier. Il est toutefois intéressant de noter que, tout au long de l’Écriture, Dieu apparaît généralement dans les nuages, au sommet des montagnes, à l’entrée des grottes, dans les déserts arides, voire dans un buisson ardent, nous invitant toujours à nous rapprocher de lui. En nous installant de plus en plus dans les villes, principalement pour des raisons économiques ou politiques, nous avons perdu cette conscience première, l’innocence qui nous lie à la terre. La vie urbaine, avec toutes ses attractions et ses distractions, nous empêche de vivre au rythme des saisons, de vivre en intimité avec les créatures qui nous entourent, et même de contempler toute la splendeur d’un ciel nocturne. Notre éloignement de la nature n’a fait qu’accentuer la destruction de notre environnement, entraînant l’ensemble de la vie reliée harmonieusement à la puissance créatrice de Dieu.

avons non seulement abandonné l’innocence et l’émerveillement, mais aussi négligé toute forme de communication avec la vie non humaine et ce qu’elle peut nous enseigner sur Dieu.

La reconnaissance du caractère sacré de la terre, le fait de l’appeler «notre Mère,» cette notion a été introduite dans notre conscience chrétienne par saint François d’Assise. Alors que l’Église institutionnelle de l’époque était corrompue par le pouvoir, il allait dans les champs vêtu d’une simple robe brune de la même couleur que le plumage des moineaux. Il prêchait l’Évangile non seulement aux personnes trop pauvres (et illettrées) pour fréquenter les églises, mais aussi aux oiseaux et glorifiait Dieu dans le soleil, la lune, les étoiles, le feu et l’eau, dans tous les éléments. Lorsque son frère moine, Saint Antoine de Padoue se rend à Rimini pour parler de Dieu aux habitants, il n’est pas écouté, il se tourne alors vers les poissons de l’estuaire de la rivière. Ceux-ci sortirent la tête de l’eau, restèrent immobiles écoutant avec respect chacune des paroles du Saint. Voyant cela les habitants de la région éprouvèrent de grands remords, ils changèrent d’avis, et leur cœur se convertit.

Les bâtiments construits par l’homme, tels les temples et plus tard les églises, sont des lieux que nous fréquentons pour prier Dieu, lui adresser des requêtes, l’adorer, l’honorer, le recevoir. Nous avons abusé de notre rôle d’intendants de la création en utilisant le «pouvoir» qui nous a été donné, le prenant pour de la supériorité. Portés par le mouvement du soi-disant progrès, nous

Ce qui est clair, c’est que même avec ces exemples tirés de la tradition, nous nous méfions. Nous craignons parfois de faire confiance à l’innocence et à la sagesse que recèle la création. Lors de recherches pour un livre que je viens de terminer sur la découverte de Dieu dans la nature, j’ai découvert qu’il est commun de croire que les animaux et la vie non humaine sont considérés comme des êtres inférieurs, dépourvus d’âme, de conscience, d’intelligence, de compétences linguistiques, de logique et de raisonnement, d’imagination et de mémoire et même de

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spiritualité. Cependant, des recherches récentes ont prouvé que nos hypothèses étaient peut-être erronées et que la vie non humaine fonctionnait à un niveau différent. La communication non verbale entre les espèces est un domaine que nous connaissons mal. Mais nous savons que la communication verbale et non verbale avec Dieu est possible pour nous, et qu’elle pourrait bien être possible avec les créatures, avec toute forme de vie. C’est juste qu’elle ne se présente pas de la même manière et qu’elle ne peut pas être entièrement expliquée.

«...si vous ne retournez à l’état des enfants, vous n’entrerez pas dans

le Royaume des Cieux»

(Matthieu 18:3).

Certains d’entre nous ont eu le privilège de grandir en ayant accès à des jardins, des prairies, des bois et des forêts. Notre imagination s’est nourrie d’histoires sur le monde mystérieux des esprits qui habitent la terre ou les mers, ou qui volent la nuit sur le dos des hiboux. Arrivés à maturité, notre défi est de nous replonger un peu plus dans cette atmosphère enfantine, de passer plus de temps dans la nature, sans autre intention que d’y être présents, de louer Dieu pour la beauté et l’harmonie de l’univers. Nous devons garder une place dans notre âme pour se laisser sustenter par ce qui, depuis le début, a toujours été notre environnement naturel. En mettant de côté nos responsabilités, nos préoccupations et tout ce qui nous fait souffrir, ou ce à quoi nous aspirons, tentons simplement d’imaginer être un lys des champs (Matthieu 6,28)

Nous pourrions alors bien nous trouver plus proches de Dieu. En outre, en aimant Dieu et en aimant la Terre, nous contribuerions peut-être à apporter la lumière et la guérison à toutes les formes de détresses liées au changement climatique.

Je me souviens avoir lu dans un magazine, il y a de nombreuses années, une histoire qui m’est restée en mémoire. Il s’agissait d’une jeune femme gravement déprimée au point d’envisager le suicide. Un de ses oncles l’a emmenée à la campagne pour l’aider à planter des légumes. Alors qu’ils préparaient le sol, il lui a demandé de semer des graines dans les sillons de terre et de les recouvrir à mains nues. Ce faisant, un sourire apparut sur son visage, son humeur changea et elle sortit de sa dépression. L’histoire se termine sur l’idée que nous devons retourner à la terre, la manipuler, la laisser être au contact de notre peau, comme ce fut le cas pour Adam et Ève lorsqu’ils vivaient libres et heureux avec Dieu au jardin d’Éden.

Nos âmes peuvent être comblées si on laisse la nature nous enseigner la simplicité. Observons l’innocence des colombes et des autres oiseaux, les serpents, non pas tant comme tentateur ou le diable, mais comme porteurs de sagesse (Matthieu 10,16). Nous ferions alors un pas en arrière, ou en avant, contribuant ainsi à la beauté et à l’unité existant autrefois au jardin d’Éden.

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Scott Lewis S.J. est professeur associé émérite au Regis College de l’Université de Toronto et fait actuellement partie de la faculté du Campion College à Regina, en Saskatchewan. Il a servi dans la marine américaine pendant plusieurs années puis est entré dans la Compagnie de Jésus dans la province de Californie en 1979. Après son ordination en 1987, il étudie les Écritures à Rome, obtenant sa licence en Saintes Écritures à l’Institut Biblique Pontifical, et un doctorat en Théologie Sacrée à l’Université Grégorienne. Il enseigne et travaille pendant deux ans à Jérusalem avant de venir à Toronto en 1997. Il est spécialiste de l’Évangile de Jean, des lettres de Paul, de la Bible et de la violence religieuse, et également spécialiste sur l’histoire de l’exégèse. De 2008 à 2014, il est directeur du Jesuit Spiritual Renewal Centre à Pickering, en Ontario. Outre ses fonctions d’enseignant, il présente chaque semaine des sujets de réflexion sur la lecture de l’Évangile du dimanche dans le Catholic Register ; il donne des conférences sur les Écritures et organise des retraites au Canada et à l’étranger. Auteur de nombreux ouvrages dont le dernier est «How Not to Read the Bible» (Novalis/Paulist Press, 2019).

Adam racheté

L’histoire d’Adam et Ève et du jardin d’Éden dans le récit de la Genèse 2,5-3,24 a exercé une puissante influence, certains diraient une influence négative, sur la théologie et la culture au cours des siècles. Elle est à l’origine de la doctrine du péché originel et, dans certains courants théologiques, d’une vision extrêmement négative de la nature humaine.

Mais la tradition théologique est beaucoup plus nuancée et n’est pas du tout univoque. L’interprétation du texte sur l’événement au jardin d’Éden ne doit pas rester figée. La tradition juive du Midrash était malléable et sujette à de nombreuses interprétations pouvant être élaborées de multiples façons, tout en conservant leur forme fondamentale et le lien avec le texte d’origine. Au fil du temps, l’imagination sacrée collective a associé cette histoire à la question du péché, de la mort et de la rédemption.1 Selon la tradition elle est considérée comme catastrophe primitive, la source de tous les maux et de toutes les souffrances. Certaines autres voix ont vu dans la «chute» une expérience d’apprentissage et une étape nécessaire pour l’humanité dans son voyage et sa lutte pour parvenir à l’unité en Dieu.

Adam est un personnage plutôt passif dans le récit et ne parle pas jusqu’à ce que lui et Ève soient confrontés à Dieu. Il a tout mis sur le dos d’Ève, qui elle a rejeté la faute sur le serpent ; le serpent lui (qui n’est pas encore le diable) n’avait personne à blâmer. Ève est décrite de manière très négative dans le Siracide et dans la première épître à Timothée Ti 2,13-14 : «Car Adam a été formé le premier, Ève ensuite ; et ce n’est pas Adam qui a été séduit, c’est la femme qui, séduite, s’est rendue coupable de transgression.» Dans le Siracide et le Livre de la Sagesse, Adam est présenté comme le premier de la race humaine et le fondateur de l’humanité, doté d’une gloire établie dès l’origine.2

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Dans les traditions théologiques juives, Adam n’est pas présenté comme la source et la cause du mal humain, le rôle de l’homme est presque toujours souligné. Le meurtre d’Abel par Caïn a toujours été considéré comme beaucoup plus grave. Après le récit du jardin d’Éden, Adam et Ève sont rarement mentionnés dans les Écritures juives. Adam apparaît toutefois dans des ouvrages apocryphes tels que l’Apocalypse de Moïse et la Vie d’Adam et Ève. Dans ces ouvrages, un pardon et une réparation restent possibles pour Adam, tout n’est pas perdu. Le Livre des Jubilés, un récit de la Bible réécrite, traite Adam plutôt bien, rejetant la faute et la fureur de Dieu sur Ève et le serpent, en omettant les passages qui soulignaient la culpabilité de celui-ci.3

Adam apparaît dans la littérature apocalyptique comme un transgresseur, mais pas comme étant à l’origine du péché et de la mort, dans son sens transmissible. Par exemple, dans le Livre de Baruch chapitre 2, un ouvrage pseudépigraphe juif écrit après la destruction du temple en 70 de notre ère, l’accent est mis sur la responsabilité humaine :

«Car bien qu’Adam ait péché le premier, Et a amené une mort prématurée sur tous, Pourtant, de ceux qui sont nés de lui

Chacun d’eux a préparé le tourment de son âme à venir, Et encore une fois, chacun d’eux a choisi pour lui-même les gloires à venir...

Car ses œuvres ne vous ont pas enseigné, L’habileté de Sa création, qui vous a toujours persuadé, n’est pas non plus valable.»

Adam n’est donc pas la cause que de sa propre âme, Mais chacun de nous a été l’Adam de sa propre âme. (2 Baruch 54).4

TOUJOURS EN ÉVOLUTION

Adam fait à nouveau irruption dans le Nouveau Testament. Au lieu de commencer la généalogie de Jésus par Abraham, comme dans Matthieu, la généalogie de Luc commence par Adam. Cela indique que l’œuvre rédemptrice de Jésus est destinée à toute l’humanité, et en fait, l’universalisme était l’un des thèmes clé chez Luc.

Dans les écrits de Paul, la transgression d’Adam fait partie du plan divin. Il représentait déjà celui qui devait venir, Jésus le Christ. Ni l’un ni l’autre ne peut être envisagé séparément. C’est dans les lettres de Saint Paul dans le Nouveau Testament que se manifeste la vraie raison d’être d’Adam. Dans Romains 5,12-21, la faute d’Adam a introduit le péché et la mort dans le monde, puis affecté toute l’humanité. Au lieu d’envisager le péché comme une culpabilité transmise de génération en génération, comme dans la doctrine du péché originel, le péché devient une énergie négative transmise aux générations futures par choix individuel à l’exemple de la désobéissance d’Adam. Le vieil Adam représente l’ancienne dispensation et le monde qui continue. Les premiers disciples de Jésus croyaient qu’ils se trouvaient à l’aube d’un nouvel âge, symbolisé par le Christ, l’Esprit et la nouvelle création.

Paul développe cette idée de l’universalité du péché comme contrepartie de

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l’universalité du salut en Christ. Dans la première épître aux Corinthiens 15, 21-49, le Christ est le nouvel Adam et un esprit qui donne la vie. Le contraste entre l’ancien et le nouvel Adam est entre le mortel et le corruptible d’une part, et d’autre part entre l’immortel et l’incorruptible. L’accent n’est pas mis sur l’effacement de la faute, mais sur la transformation et l’élévation spirituelles. Le nouvel Adam transforme et spiritualise l’individu et lui confère l’immortalité. Ceci se manifeste de manière visuelle sur les icônes représentant la Descente aux Enfers. Après avoir abattu les portes de l’enfer, Jésus descend dans un puits de feu et saisit Adam par le poignet pour l’en sortir. L’ancien Adam et le nouvel Adam se rencontrent, et le cycle se termine. Une autre tradition veut qu’Adam ait été enterré au lieu du Calvaire. De nombreuses icônes présentent un crâne sous la croix, réunissant ainsi l’ancien et le nouvel Adam.

Selon Saint Irénée, la chute est à déplorer, mais elle fait partie du plan divin depuis le début. Adam lui-même est incomplet et évolue toujours. 5 Ce n’est qu’en choisissant et même en faisant des erreurs que nous apprenons à préférer et à suivre le bien. Dieu a permis la désobéissance dans le jardin afin que l’humanité puisse grandir dans la gratitude et l’humilité. 6

Ô heureuse faute, ô péché nécessaire d’Adam, qui nous a valu un si grand Rédempteur !

(Missel Romain).

Le cri d’allégresse du Missel romain (ci-dessus) ne prend tout son sens que si l’on considère l’ensemble de la tradition concernant Adam, tant juive que chrétienne. L’explication d’Adam et Ève a pris de nombreux tours et détours, et la théologie aurait pu emprunter diverses autres voies. L’histoire de la chute d’Adam n’a pas besoin d’être une ombre sur nos traditions théologiques. Comme dans l’interprétation du Midrash nous pouvons refaire le récit en utilisant l’imagination sacrée.

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Joanne Mosley est rédactrice, conférencière et écrivain, spécialisée dans la spiritualité carmélitaine. Linguiste de formation, suite à des études de français et d’allemand, elle obtient un doctorat pour une thèse dans le domaine de la biographie en France pendant les guerres de religion. Elle enseigne d’abord à l’université puis change de carrière en 2001, date à partir de laquelle elle se rapproche du Carmel. Elle rédige de nombreux articles et livres, elle donne plusieurs conférences sur les saints du Carmel, notamment à Oxford, en Angleterre au Centre for Applied Carmelite Spirituality. Elle est l’auteur du livre «Edith Stein : Woman of Prayer,» publié par Gracewing en 2004 (également publié par Paulist Press en 2006 sous le titre «Edith Stein : Modern Saint and Martyr»), livre traduit en quatre langues. Elle rédige également la biographie en deux volumes: «Elizabeth of the Trinity : The Unfolding of Her Message» (2012, Teresian Press, Oxford).

Les filles d’Ève : Edith Stein et la vocation de la femme

Lorsque nous considérons la vocation de la femme, ce qui nous vient sans aucun doute à l’esprit est une vocation spécifique, telle que le mariage ou la vie religieuse. Ou bien, comme la philosophe allemande et sainte carmélite Edith Stein, nous pouvons élargir l’image pour inclure les professions, que nous appelons parfois «vocations». En fait, Edith utilise le mot Beruf (de berufen, qui signifie «appeler») pour désigner tous ces appels.1 Selon Edith, cependant, chaque femme a deux vocations qui s’entrecroisent : une vocation spécifique et la vocation de la femme en tant que telle. Il est important de noter que cette dernière semble, d’après les écrits d’Edith, être la plus importante : elle est en effet essentielle à notre nature et reste constante quel que soit le chemin de vie dans lequel elle est vécue. Pour comprendre la vocation de la femme, il faut d’abord comprendre la nature de la femme, et pour cela Edith s’est tournée vers Ève.

Lors de sa création, Ève représentait l’idéal féminin de Dieu, et les titres qui lui sont donnés dans la Genèse sont profondément significatifs. Dans le deuxième récit de la création (Gn 2,23), elle est appelée femme parce qu’elle a été prise de l’homme ; et Edith soulignera le fait qu’Ève a été prise de la côte de l’homme. Ève se voit également attribuer deux rôles. Le premier celui de compagne ou d’«aide» (Gn 2,18-20) ; Edith utilise le terme hébreu (Eser kenegdo) et décrit Adam et Ève comme «[se complétant] l’un l’autre comme une main fait l’autre.» Le deuxième rôle est celui de mère : du nom «Ève,» qui signifie «mère de tous les vivants» (Gn 3,20). En somme, Ève doit être une compagne et une mère , 2 ce qui représente la nature essentielle de la femme. L’objectif d’Edith était d’explorer comment les femmes, en tant que «filles d’Ève,» peuvent vivre cette vocation.

La façon la plus littérale de le faire est dans le mariage et la maternité. Ici, une femme peut soutenir son mari «être à ses côtés», position rappelant la création d’Ève créée à partir d’une

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côte de l’homme et, en tant que mère, avec ses dons naturels de sensibilité et d’empathie, elle peut favoriser le développement de ses enfants. La nature a cependant besoin d’être perfectionnée par la grâce. Si l’attachement naturel d’une femme aux autres est poussé à l’excès, il peut devenir possessif et causer du tort. Edith présente Marie, la nouvelle Ève, comme un contrepoids : «Au centre de sa vie se trouve son fils», mais comme Marie a vécu en tant que servante du Seigneur, «elle ne considère pas l’enfant comme étant sa propriété,» mais le remet entre les mains de Dieu.

La femme consacrée est appelée à s’abandonner entièrement à son Époux, afin d’être remplie de son amour et le laisser déborder à travers le service aux autres. En termes évoquant la maternité, Edith décrit cet état religieux comme étant «prêt à servir, [...], à éveiller et à favoriser la vie», comme l’amour miséricordieux de Dieu qui «se penche sur tous ceux qui sont dans le besoin [...], protégeant, chérissant, nourrissant, enseignant et formant». Edith commente de manière encourageante que «les sommets de l’éthique vocationnelle» sont accessibles à toute femme, à condition qu’elle s’abandonne complètement à Dieu.

La toile de fond peu engageante d’un bureau ou d’une usine permet à Edith de mettre en évidence la vocation de la femme. Elle voulait montrer aux travailleuses (souvent célibataires mais non par choix) qu’elles pouvaient accomplir leur destin de femme au sens spirituel, à travers les deux rôles d’Ève :

Partout où [cette femme] se tient aux côtés d’une personne seule, en particulier d’une personne qui est dans le besoin physique ou psychologique, la soutenant et la comprenant avec amour, la conseillant et l’aidant, elle est une

compagne de vie qui aide «pour que l’homme ne soit pas seul» [Gn 2,18]. Partout où elle aide une âme à atteindre son but, à travers son évolution physique, spirituelle ou psychologique, elle est une mère.3

DES BÉNÉDICTIONS PARTOUT

Edith invite les femmes à faire attention à leurs compagnons de travail, à leur adresser un mot amical ou à leur poser une question sympathique, permettant ainsi à ceux qui ont le «cœur lourd» de s’ouvrir. «Partout où [une femme] rencontre un être humain, elle trouve l’occasion de le soutenir, de le conseiller, de l’aider.» Leur modèle est la nouvelle Ève : la Mère de la Miséricorde ou Marie à Cana, réglant les problèmes dans les coulisses, «le prototype de la femme dans la vie professionnelle.» Une telle femme, dit Edith d’un ton encourageant, «comme un bon esprit, répandra la bénédiction partout autour d‘elle.»

La nouvelle Ève c‘est aussi l’Église née sur le Calvaire à côté du nouvel Adam. L’Église «se tient à ses côtés en tant qu’épouse du Christ et coopère avec lui dans son œuvre.» Nous entrevoyons ici une théologie profondément féminine de l’Église.

Edith montre comment nous pouvons imiter Marie, la nouvelle Ève. En nous confiant au Christ, nous devenons libres de «marcher aux côtés du Sauveur,» comme Marie qui était «toujours aux côtés du Seigneur». Plus profondément encore : en étant en relation intime avec le Christ, Marie «intercède auprès de Lui pour l’humanité ; elle reçoit de Ses mains les grâces à accorder» et «est la mère des vivants non pas parce que toutes les générations successives viennent d’elle, mais parce que son amour maternel embrasse tout le Corps mystique avec Jésus-Christ à sa tête.»

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La femme, nous dit Edith, assume la vocation chrétienne «d’une manière spéciale, grâce à sa relation particulière avec le Seigneur qui l’y a destinée.» Dans cette lumière de foi, la vocation de la femme est exceptionnellement riche et vraiment noble : il s’agit d’être «une image de la Mère de Dieu, une Épouse du Christ, un apôtre du Cœur divin.»

Les descriptions d’Edith sur la richesse de la nature féminine sont illustrées par son propre exemple. Avec chaleur maternelle, elle s’occupait de ses nièces et de ses neveux, encourageait ses étudiants et offrait à la fois une oreille attentive et une aide pratique à ceux qui étaient dans le besoin. Son directeur spirituel, Raphael Walzer OSB, a noté sa «tendre, voire maternelle, sollicitude pour les autres.»4 C’est peut-être au camp de transit de Westerbork que cela a été le plus évident : Edith se promenait parmi les autres femmes détenues, «comme un ange, les réconfortant, les aidant et les consolant» ; et lorsque les mères ne pouvaient pas s’occuper de leurs enfants, Edith le faisait, les coiffant et s’assurant qu’ils étaient nourris et soignés.5

Par sa vie, Edith a démontré sa sainteté telle qu‘elle l’a elle-même décrite un jour : la plénitude dans laquelle la nature d’une femme est alliée à «l’audace virile» ou celle d’un homme alliée à «la sollicitude maternelle.» C’est la plénitude du Christ lui-même, en qui «les vertus masculines et féminines sont unies.»

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D’un Commun Accord

O Dieu, notre créateur,

Vous, qui nous avez faits et faites à votre image, donnez-nous la grâce de l’inclusion au cœur de Votre Église.

R : D’un commun accord, nous prions.

Jésus, notre Sauveur, Vous, qui avez reçu l’amour des femmes et des hommes, guérissez ce qui nous divise, et bénissez ce qui nous unit.

R : D’un commun accord, nous prions.

Esprit Saint, notre Consolateur,

Vous, qui guidez ce travail, veillez sur nous qui espérons faire Votre volonté pour le bien de tous.

R : D’un commun accord, nous prions.

Marie, mère de Dieu, priez pour nous.

Saint Joseph, restez près de nous.

Sagesse divine, éclairez-nous.

R : D’un commun accord, nous prions.

Amen.

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BiBliographie

Anne-Marie Pelletier: Redécouvrir Adam et Ève

1 Hélène de Saint Aubert, Sexuation, parité et nuptialité dans le second récit de la Création, Genèse 2, Paris, Editions du Cerf, Lectio divina 282, 2023.

Yamai Beture, O.C.D.: La simplicité divine et comment Dieu nous cherche

1 Herman Bavinck, Reformed Dogmatics: God and Creation, vol. 2 (Grand Rapids, MI: Baker Books, 2004), 118.

2 Iain Matthew, The Impact of God: Soundings from St. John of the Cross, (London: Hodder & Stoughton, 2010), p. 120.

John Dalla Costa: La blessure originelle

1 Edward C. Vacek, S.J., Love Human and Divine, Washington D.C: Georgetown University Press, 1994, 95.

Scott Lewis, S.J.: Adam racheté

1 Anderson, G. A. (2001). The Genesis of Perfection. Adam and Eve in Jewish and Christian Imagination (Louisville, KY, Westminster John Knox) pp.1,8.

2 Bouteneff, P. C. (2008). Beginnings: Ancient Christian Readings of the Biblical Creation Narratives, Baker Academic. p.28.

3 Bouteneff, Beginnings, p. 29.

4 Bouteneff, Beginnings, p.31.

5 Bouteneff, Beginnings, p. 78; AH 4:37-38.

6 Bouteneff, Beginnings, p. 81.

Joanne Mosley: Les filles d’Ève: Edith Stein et la vocation de la femme

1 Lorsque le terme «Beruf» fait référence à la «profession,» il peut également signifier «occupation» ou «métier.» De nos jours, «Berufung» est le terme le plus courant pour désigner «vocation.»

2 Voir également Jean-Paul II, Mulieris Dignitatem (par exemple MD 7 et 18), écrit en 1988, l’année qui a suivi la béatification d’Edith Stein.

3 Edith Stein, «Die Bestimmung der Frau» [Le destin de la femme], in Die Frau (Freiburg: Herder [ESGA 13], 2000), p. 50; mes italiques.

4 Waltraud Herbstrith, Edith Stein: A Biography (San Francisco: Ignatius Press, 1985), p. 94.

5 Ibid., p. 183.

Sauf indication contraire, les citations telles qu’elles apparaissent sont extraites de «Edith Stein, Essays on Woman» (Washington, DC : ICS Publications, 1996) pp. 59-60, 61, 257, 78, 82, 47, 53, 264, 51, 239, 56, 200, 239, 54, 84.

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La revue D’un commun accord est publiée en italien, en anglais et en français. Pour accéder aux autres versions linguistiques, veuillez visiter notre site web.

Images utilisées dans ce numéro :

Couverture: «Adam et Eve» de Lewis G. Vardey, huile et collage de bois 1958.

Page 2 Détail de « Venus Verticordia » de Dante Gabriel Rossetti (1828-1882).

Page 3 Détail d’« Adam et Eve » par Jan Gossaert (1478-1532).

Page 5 Détail du « Jardin d’Eden » de Nicolas Poussin (1594-1665).

Page 7 « Adam et Eve expulsés du Paradis » du cercle de William Blake (1757-1827).

Page 7 « Orme » de John Constable (1776-1837).

Page 8 « Arbre solitaire » de Caspar David Friedrich (fin du 19e siècle).

Page 11 « Adam et Ève retirés du jardin » (colorié) de Gustav Doré (1832-1883).

Page 14 Détail du « Jardin d’Eden » de Jan van Kessel (1626-1679).

Page 15 « La création d’Adam, » détail du plafond de la chapelle Sistine par Michelangelo (1475-1564).

Page 20 Détail de « Science et charité » de Pablo Picasso (1881-1973).

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Ce numéro

Copyright © 2024 Paroisse catholique de Saint-Basile, Toronto, Canada . Pour contacter la Rédactrice, écrivez editor@magdalacolloquy.org

ISSN 2563-7932

ÉDITEUR

Morgan V. Rice CSB

RÉDACTRICE EN CHEF

Lucinda M. Vardey

RÉDACTRICE ASSOCIÉE

Emily VanBerkum

ÉDITEUR CONTRIBUTEUR

Gregory Rupik

COORDONNATEUR DE LA PRODUCTION

Michael Pirri

CONSULTANT

John Dalla Costa

TRADUCTRICES

Véronique Viellerobe (Français)

Elena Buia Rutt (Italien)

ADMINISTRATRICE

Margaret D’Elia

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