Kariboo Magazine n°36 - septembre octobre 2010

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Enjambe Charles, 2007 © Laurent Friquet

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Il n’y a plus de saison... Bloc-notes Les Soirées Nomades 2010 Protéiformes, hypnotiques, lanci-

Dix ou vingt ? Toulouse ou Cahors ? Reims peut-être ? Cette année, le Printemps de Septembre célèbre ses anniversaires et investit les lieux toulousains et cadurciens avec force performances d’artistes choisis par Éric Mangion, le directeur artistique du festival et Isabelle Gaudefroy, la programmatrice des Soirées Nomades.

nantes, poétiques, psychédéliques, inventives en diable, les Soirées Nomades nouvelle cuvée ne faillissent pas à leur légende. Elles explorent les méandres de la création musicale - Bader Motor, Xavier Boussiron, Kim, Mountains, ALva Novo… -, poétique - Jérôme Game, Aymeric Hainaux, Das Plateau… -, théâtrale - Grand Magasin, Plaidoirie pour une jurisprudence…-, chorégraphique - Fabian Barbra…- qui deviennent autant de performances qui répondent en écho aux œuvres présentées dans le cadre du festival.

La Radio du bout de la nuit Cette radio accessible sur la fréquence de radio FMR (89.1), en streaming et en podcast sur Internet - sur le site du Printemps - s’invente en direct depuis l’École des Beaux-Arts, comme une performance. Celle de la parole et de la créativité libérées qui vont jusqu’à l’invention d’œuvres sonores, de concerts, de fictions ou autres jeux inédits et orchestrés par les animateurs Jean-Yves Jouannais et Chevalier de Rinchy.

Telle la statue de Janus, le Printemps de Septembre présente dans sa version 2010 un double visage : deux faces, l’une tournée vers Toulouse l’adoptive depuis dix éditions et l’autre vers Cahors, l’originelle, qui portait cette manifestation 20 années en arrière. Une incursion en terres champenoises, à Reims, pour saluer le mécène à bulles toujours fidèle, complète le tableau des célébrations en l’honneur des 20 ans de l’enfant terrible de Marie-Thérèse Perrin. Elle qui déclarait en 2001 au moment du débarquement polémique du Printemps de Cahors à Toulouse à la faveur de joutes électorales municipales célébrant le passage de témoin entre Dominique Baudis et Philippe Douste-Blazy : « Il ne s’agit pas de montrer ce qu’on voit partout. Le Printemps se doit d’être l’observatoire de la création contemporaine en Europe. Nous invitons aussi des artistes plus connus, mais nous leur demandons de montrer un travail inédit ou de réaliser une œuvre de commande ». Des propos rapportés dans Tout Toulouse du 29.08.01. La jeune création mondiale en matière de photographie de création et d’arts visuels bénéficie alors de cette fenêtre ouverte sur tous les possibles artistiques.

\ Montée en puissance \

Gratuite, subventionnée et accessible au plus grand nombre, la manifestation peine alors à trouver sa place dans la ville rose. Comme si la greffe, plombée par l’explosion de l’usine AZF survenue une semaine avant la première édition, ne voulait pas prendre… « Snobinarde », « élitiste » pour certains, elle fédère pourtant au fil du temps des publics hétéroclites attirés par l’art contemporain certes, mais également par les nuits blanches des Soirées Nomades (voir par ailleurs). Édition après édition, les rencontres artistiques s’enchaînent et parfois se détachent du lot. On pense à la venue du cinéaste David Lynch, de John Wood et Paul Harrison, de Lieu Wei, Niki Lee, Jan Fabre, Sven Pölhsson, James Rosenquist figure du Pop Art. Tout le monde (ou presque) garde en mémoire la sculpture monumentale rose de Franz West, les images de papillons et d’oiseaux de Diana Thatcher ou encore l’ours en plumes jaune poussin de Paola Pivi…

\ Performeurs et éphémères \

C’est après avoir étendu son champ d’actions artistique en 2008 que le Printemps se déploie. Une vingtaine de lieux toulousains s’ouvrent à lui sous l’impulsion de Christian Bernard, directeur du Musée d’art moderne et contemporain de Genève (Mamco) et directeur artistique éphémère - c’est le principe. Daniel Buren, avec sa peinture en papier peint en temps réel donne un avant-goût de ce qui fera l’actualité cette année : la performance. « Une forme pour toute action » sert de leitmotiv à cette nouvelle édition 2010 pensée par Éric Mangion, son directeur artistique. Que le public soit impliqué dans la réalisation des œuvres - comme c’est le cas dans les dispositifs singuliers de Maria Spangaro et Jean-Baptiste Bruant, Christophe Duchatelet, Dora Garcia ou Roman Ondák - ou que l’œuvre s’élabore sur l’instant, de l’interaction et de l’implication des deux parties résultera immanquablement une réalisation éphémère et d’autant plus séduisante qu’elle implique, concerne et interroge. « Cette édition va particulièrement mettre en valeur l’aspect « festif » de cette manifestation qui est un festival avant tout, précise Isabelle Gaudefroy, programmatrice des Soirées Nomades et créatrice de la Radio du bout du monde (voir par ailleurs). Jusqu’à présent, il était très difficile de se coordonner avec les commissaires d’expositions mais, pour la première fois, les Soirées et les expositions sont très intégrées et pour cause, c’est la performance qui est à l’honneur cette année, développée et visible dans les expositions et sous toutes ses formes. Concernant les Soirées Nomades, il était important qu’elles ne soient pas illustratives donc, dans la même logique, elles présenteront un panorama de ce qui se fait de mieux dans la création contemporaine et le spectacle vivant ». Au final, c’est à une édition pulsée d’un vent de fraîcheur et d’une meilleure prise en compte des publics qui semble se dessiner cette année. Espérons… \ Pascal Alquier \ Printemps de Septembre // Du 24.09 au 17.10, gratuit, dans divers lieux toulousains (musée des Abattoirs, Espace Bazacle, GHP, Fondation Espace Écureuil…), 05 61 22 67 82, www.printempsdeseptembre.com


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