BICHE #10 HIVER 2019

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architecture & culture

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TRANSITION

(féminin, latin: transitio): passage d’un état à l’autre

Félicitation à toi qui a su deviner le thème -ou qui a simplement voulu en savoir un peu plus- de ce tout nouveau numéro BICHE TRANSITION. Pourquoi la transition? C’est un peu ce que nous vivons dans notre équipe car vous avez désormais une toute nouvelle équipe qui est en charge. La transition d’une équipe à une nouvelle n’est pas toujours chose aisée mais il nous tenait à coeur de vous concocter un BICHE tout frais. Il s’est fait attendre, mais il est fin prêt, alors savourez le, vous l’avez bien mérité. La transition, on en parle souvent mais il nous arrive d’oublier parfois qu’elle nous entoure dans notre quotidien. Alors on s’est dit qu’un BICHE TRANSITION pouvait attiser votre curiosité. On pourrait vous dire dès à présent de ce qu’il va traiter mais vous avez si bien su attendre que vous en dévoiler plus serait comme gâcher la surprise. Bonne lecture.

L’équipe BICHE

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L’ÉQUIPE BICHE

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Lou Lepage

Léa Camp

Romane Lemaire de Mil

Rédaction

Rédaction

Rédaction

Léo Mercey

Hélène Bisch

Graphisme/ Communication

Rédaction

Lucie Burger Rédactrice en chef/ Rédaction/ Communication

Bénédicte Ativon

Théodore Curtius

Rédaction

Rédaction

Milad Kargar

Justine Hesse

Rédaction

Rédaction

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SOMMAIRE LES JOURNÉES DE L’ARCHITECTURE 2019

P.8

-Anupama Kundoo -Kengo Kuma

9-13

15-20

-Eduardo Souto de Moura 23-28

ARCHI-CULTURE

P.30

-La cité végétale de Luc Schuiten

31-33

-Berlin Babylon au MAMCS

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-Transition écologique et énergétique en Polynésie

37-40

-La transition d’un urbanisme de croissance à la désertification des villes d’après-guerre en Allemagne de l’Est

43-47

-L’architceture et la terre 48-49 -Balance tes graines

VIE ÉTUDIANTE

50-51

P.52

-Les bonnes adresses 53-57 -Expositions à voir 58-59 -Transition internationale 60-61 -AAA 62-63

BANDE DESSINÉE

P.64

POUR CONCLURE

P.66

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LES JOURNÉES DE L’ ARCHITECTURE Ces Journées de l’Architecture sont devenues le rendez-vous annuel de tous les passionnés d’architecture dans le Rhin Supérieur. Cette édition 2019, la 19ème, a pour thème la transition. Plus de 200 évènements ont été organisés, dont les 3 conférences de trois architectes à suivre: Anupama Kundoo, Kengo Kuma et Eduardo Souto de Moura.

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ANUPAMA KUNDOO 27 septembre 2019 - La Briqueterie de Schiltigheim

© MEA

Vendredi 27 septembre se tenait à Schiltigheim la conférence d’ouverture d’Anupama Kundoo, lors des Journées de l’Architecture. Architecte venue d’inde, Anupama Kundoo est également aujourd’hui enseignante à Berlin en école d’architecture. Lors de sa conférence elle nous explique sa philosophie architecturale et son regard sur l’avenir de notre domaine. Tout d’abord, il est important de prendre en compte le contexte dans lequel elle a grandi pour mieux comprendre son point de vue. L’Inde est le deuxième pays à avoir la plus grande démographie, talonnant de peu

la Chine. À elles deux, elles réunissent plus d’un tiers de la population mondiale. En résultent des problèmes de taille, notamment dans les grandes villes. En effet, problèmes de transports en communs, de ségrégation spatiale, d’exode rurale, les situations qui en découlent ne sont plus tenables sur le long terme. La simple incapacité de monter dans un train à cause d’une surpopulation, l’apparition de bidonvilles dans les couronnes périphériques par manque de budget, sont pour Anupama Kundo témoins d’un système en défaillance. Si ce dernier faisait notre gloire au siècle dernier, il faut désormais apporter de nouvelles solutions. Notre société de consommation doit réapprendre à vivre avec moins et surtout réapprendre à comprendre

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de l’époque. Si vous avez la chance de pouvoir visiter cette ville hors du temps, vous pourrez peut être apercevoir le centre de formation conçu par Anupama Kundoo, à côté du Matrimandir, noyau central d’Auroville.

comment les choses sont faites.

«IL FAUT AVOIR LE COURAGE DE FAIRE ET DE NE PAS FAIRE.» Cette idée est véhiculée dans sa manière de penser l’architecture. Il ne faut pas seulement être un architecte, il faut surtout avoir le courage de faire et de ne pas faire. Si le béton et l’acier sont des matériaux très prisés actuellement, sont-ils réellement ceux que nous retrouverons dans l’architecture de demain? S’inspirer de l’architecture vernaculaire et utiliser des matériaux locaux pourrait bien remplacer les normes que nous connaissons aujourd’hui. Ces matériaux permettraient en plus de faire des gains d’argent, offrant plus de marge pour réaliser l’architecture que l’on veut.

«LE TEMPS EST UNE RESSOURCE.» Voilà un mantra qui pourrait coller à notre conférencière du jour. Pour elle, nous vivons dans une société où la notion du temps est mal interprétée. Le temps, ce n’est pas de l’argent. Il faut apprendre à l’optimiser, utiliser son temps libre de manière intelligente. Nous cherchons souvent à avoir la meilleure rentabilité mais ne devrions nous pas porter un regard différent ? Le procédé est finalement plus important que le produit fini. Anupama Kundoo retranscrit cette vision là au travers d’un schéma sous forme d’un arbre qu’elle l’appelle sketch of the knolewdge tree –arbre de la connaissance-.

«LA VIE HUMAINE DOIT REVENIR AU CENTRE DU METIER D’ARCHITECTE.» C’est ce qu’on peut notamment retrouver au sein de la communauté d’Auroville où Anapuma Kundo a travaillé de 1990 à 2002. Cette ville expérimentale fondée par Mira Alfassa, dite la mère, aussi compagne du philosophe Sri Aurobindo, a pour but de devenir la cité idéale pour les adhérents de leur philosophie. Notions d’immatérialité, d’autosuffisance et de partage intégral, la communauté située au-dessus de Pondichéry en Inde tend à revenir vers des valeurs communautaristes aux antipodes de notre société de consommation. Elle met notamment en place des constructions écologiques dès 1968 lors de sa fondation, remettant déjà en question notre vision architecturale

Cette idée est retransmise au travers de son travail. Il faut réapprendre à comprendre comment est fait une chose. Il était donc naturel pour elle de réaliser des constructions à partir de briques réalisées à la main et localement. Plus généralement, il fallait s’éloigner de ces matériaux comme le béton et l’acier et apporter un nouvel emploi à de plus anciens que l’on pouvait trouver à proximité. De cette manière, elle pouvait concevoir des projets très accessibles car accès sur un circuit court. À travers son travail qui ne nécessite que peu de nouvelles technologies, on peut se demander si une maîtrise et un

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développement des techniques ancestrales ne seraient finalement pas une solution pour les archictectures à venir. La pertinence du principe de lowtech et de high tech pourrait dans ce cas être remise en cause. Cette réflexion se ressent d’ailleurs fortement dans sa propre maison qui sera présentée à la page suivante. Cependant la philosophie d’Anupama va au delà de cette réflexion. S’il faut avoir le courage de faire et de ne faire, il faut aussi savoir déléguer son travail, redonner la capacité à tous de construire et de participer. Ainsi elle créa des moules pour les maçons afin de former simplement

des planches en béton. Dans l’école où elle travaille à berlin, elle reprit les principes du Bauhaus et organise aujourd’hui des workshops avec ses élèves où ils réutilisent des matériaux dans des constructions ou des installations. Les exemples sont nombreux mais le principe reste le même, l’important est de partager à tous son savoir. Au final, peu importe ce que nous voulons faire, il existe un temps pour tout et il faut savoir ne pas se presser pour rien. Comme dirait Anupama Kundoo:

“WE SHOULD ALL SLOW DOWN”. Lucie

© Andreas Deffner-2001

Auroville Town Hall Center

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LA MAISON D’ANUPAMA KUNDOO-THE WALL HOUSE

© Anupama Kundoo Croquis de conceptualisation

Pour comprendre un peu plus les principes architectoniques de notre conférencière, je vous emmène visiter sa maison, véritable expérience et matérialité de ses idées. Construite en terre cuite et en matériaux naturels, c’est dans cette maison qu’elle testa pour la première fois nombre de ses idées qu’elle appliquera plus tard dans des commandes reçues. Elle utilisa par exemple des pots en terre cuite pour composer le sol afin de réduire la quantité de barres d’acier. Commencée en 1997, il fallut deux ans à Anupama Kundoo pour construire sa maison, véritable manifeste de sa pensée architecturale. Lucie

© Andreas Deffner

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Wall House


© Anupama Kundoo Wall House

RDC

R+1

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KENGO KUMA 11 octobre 2019 - Zénith de Strasbourg

© Justin Sargenti

Entamée par une fanfare des musiciens de l’INSA Strasbourg, la conférence semble attirer du monde, car au rythme des notes de l’orchestre, la salle se remplit sans discontinuer. On attend les architectes qui sont servis par l’AREA au bar derrière la scène.

il est le maître d’oeuvre du projet Lisières, futur Parc des Expositions à Strasbourg. Il est donc plus qu’intéressant de connaître le parcours de cet homme pour appréhender ce nouveau projet, qui rentre dans une architecture en TRANSITION, le thème des JA.

Si la conférence s’adresse surtout aux architectes et ingénieurs, on remarquera tout de même la présence de quelques enfants, de parents et de curieus.e.s. Le but de cette manifestation est de sensibiliser le grand public à l’architecture, lui faire connaître des acteurs de ce milieu, le familiariser avec son environnement architectonique direct.

En commençant par son projet Lisières, il dévoile au fur et à mesure ses idées. Le projet tient son nom car il est à la lisière de la ville, bordé par un petit cours d’eau, faisant le lien entre espace urbain et naturel. L’architecte japonais se focalise donc sur un retour à nos sources, la forêt. On la retrouvera de manière abstraite ou figurée dans son oeuvre ; sa présence se décline en ouvertures, lumières, environnements, matériaux, parfois même dans lieu. La transition s’opère dans le projet Lisières par une architecture hybride acier-bois -qui fait écho à l’hybridation dans notre cathédrale strasbourgeoise, faite de tiges de fer et de gré des Vosges. De plus, l’utilisation de bois permet un

Pour ceux qui le découvrent, Kengo Kuma est l’architecte à connaître. En effet, architecte japonais inscrit dans un style vernaculaire, il révolutionne l’architecture contemporaine à travers ses constructions en bois toujours en lien avec leur environnement. Actuellement,

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tamisage de la lumière, qui revient à celui de la lumière filtrée par les feuilles des arbres. On retrouve cet effet dans le café Starbucks de Dazaifu Tenmangu Omotesando, dont la charpente est entièrement faite d’une structure s’inspirant des Chidori Toys, sortes de pièces en bois s’emboîtant pour créer des motifs complexes et qui ne nécessitent pas de colle. Bien que la construction de ce café ait duré plus longtemps que la moyenne pour un Starbucks, l’aspect particulier de sa charpente et l’ambiance qui en résultent lui auront valu d’être le plus instagramé au monde.

Ses réalisations mettent aussi à profit un savoir-faire traditionnel et local, comme dans le musée Hiroshige Ando. Situé dans un village adossé à la montagne, le bois utilisé vient des forêts environnantes, ce qui permet une adaptation directe aux conditions climatiques sans traitement supplémentaire, et donne le sentiment d’une osmose entre le musée et la nature. Ce lien est renforcé par une percée dans l’édifice, indiquant un temple shintoïste vénérant la forêt. Ces percées sont récurrentes dans ses projets, surtout que pour les Japonais la forêt est source d’énergie.

Vous l’aurez compris, l’utilisation du bois est un des piliers de l’architecture de Kengo Kuma. Il l’utilise même pour construire une de ses plus grandes réalisations, le futur stade olympique national japonais, rassemblant le bois des 47 départements japonais dans un projet qui serait pourvu d’une climatisation naturelle, illustrant à nouveau la volonté de transition écologique.

Difficile de mettre tout ce qui a été dit pendant cette conférence dans un article, car Kengo Kuma présenta de nombreux travaux, reprenant les mêmes idées sans les développer entièrement pour chaque projet. Pour en savoir plus, je vous invite donc à vous rendre sur son site internet qui sera mis en ligne sur la page facebook de biche ENSAS. Théodore

© Justin Sargenti

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INTERVIEW DE KENGO KUMA Peu avant sa conférence, Kengo Kuma nous offra un peu de son temps afin de répondre à nos questions. Certaines réponses sont des exclusivités alors profitez bien.

ma vie. Je pars de la base où j’assemble des bouts de bois de 10 cm de large et puis j’assemble, et j’assemble, et j’assemble. Cette fois j’en ai assemblé plus que d’habitude mais je ne change pas mes principes.

Dans vos précédentes interviews, vous évoquez l’architecture comme étant un témoin de son époque. Au vu du contexte actuel en lien avec la transition écologique. Comment imaginez-vous l’architecture des ces prochaines années? Comment l’espérez vous?

Comment intégrez vous cette architecture à son environnement? Dans ce bâtiment, effectivement d’une taille considérable, j’ai utilisé des auvents qu’on trouve dans les temples au japon et qui ont le mérite d’abriter du soleil tout en souhaitant la bienvenue aux nouveaux arrivants. C’est ça le lien avec l’extérieur, c’est cette superposition de plusieurs auvents.

Je crois qu’il y a une très grande différence entre l’architecture du 20ème siècle et celle d’après. Jusqu’au 20 ème siècle on a considéré que l’artificiel, les bâtiments, étaient au dessus de la nature. Ils avaient une forme de suprématie. Aujourd’hui on considère que l’architecture doit apprendre de la nature, que l’artificiel doit apprendre de la nature. Le naturel est au dessus de l’artificiel.

En temps qu’étudiant en architecture, nous sommes encouragés à explorer diverses manières de débuter un projet et de découvrir laquelle nous correspond le mieux. Certains passent par la lecture, la création plastique, l’imprégnation du lieu, d’un moment… Quel est en ce sens votre processus créatif? Comment débutez vous les recherches pour un projet?

Dernièrement vous avez été désigné comme architecte porteur du projet du stade olympique pour les prochains jeux qui se tiendront à Tokyo en 2020. Comment conciliez vous vos valeurs architecturales avec un projet d’une telle ampleur?

Pour moi ce qui est important c’est de marcher dans le lieu où je vais réaliser mon projet. Quand on me parle d’un projet, on m’envoie souvent des photos et des vidéos mais tant que je n’ai pas marché dans le lieu, je ne sens pas son rythme. J’ai donc besoin de marcher et de découvrir le lieu. C’est de cette manière que je ressens le rythme, non du sol ou du paysage, mais véritablement de ce lieu.

C’est exactement la continuité de ce que je fais. Bien sur cela paraît énorme parce que l’échelle l’est et que ce bâtiment permettra d’accueillir 80 000 personnes assises, mais en fait c’est un assemblage de petites unités. C’est ce que j’ai fait toute

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© Kengo Kuma & Associates

Parc d’exposition de Strasbourg

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Vos valeurs architecturales tournent autour de la recherche d’harmonie et de vibrations. Comment arrivez-vous à prodiguer de la vibration à un projet avant sa construction? Comment cela se manifeste-t-il dans vos recherches? Quels sont les facteurs qui vont influencer ces vibrations?

Qu’est ce qui vous intéresse en dehors de l’architecture?

On dit souvent que l’architecture est une question de forme, mais je crois que ce n’est pas tout à fait vrai. Je crois que c’est plus une histoire de musique, comme une composition musicale. La musique est une histoire de vibrations. Pour moi, l’architecture est plutôt une composition musicale avec les instruments qui sont les matériaux.

Quels conseils donneriez vous à un étudiant en architecture?

Comme je vous l’ai dit je rattache beaucoup l’architecture avec la composition musicale donc j’aime beaucoup la musique. Ma jeune soeur est compositrice, je navigue donc pas mal dans ce domaine.

Je vous conseille de voyager et de voir l’architecture. Il faut marcher et observer les architectures qui nous entoure. Je préférais marcher que de lire des livres. Ça m’a beaucoup apporté. Hélène, Léo et Lucie

© Kawasumi y Kobayashi Kenji Photograph Office- The coeda House

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Coupe Kengo Kuma. Montage Milad Kargar. Plan Kengo Kuma. Montage Milad Kargar.

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EDUARDO SOUTO DE MOURA 31 octobre - Oberrheinhalle à Offenburg

© MEA

Le 31 octobre, Souto de Moura réalisa une conférence à Offenbourg et accepta à cette occasion une interview avec notre équipe. Né au Portugal en 1952 et ancien élève d’Alvaro Siza, Souto de Moura est un architecte s’inscrivant dans l’architecture postmoderniste. Ayant reçu le prix Pritzker en 2011 et le prix Wolf en 2013, il est mondialement reconnu pour ses constructions de pierres ou de béton qu’il aime appeler pierre artificielle et est le concepteur de nombreux édifices tel que le stade de Braga ou plus récemment la Casa das Histórias Paula Rego. Comment intégrez vous votre architecture dans la transition que nous vivons actuellement? Je ne sais pas. J’essaye de m’intégrer et de résoudre les problèmes qu’on me demande car quand on demande à un architecte de faire quelque chose c’est pour

résoudre un problème. Ce que je peux dire c’est que dans la transition que nous avons maintenant mon architecture existante n’est pas adaptée. Il manque une adéquation entre le langage de l’architecte et la réalité, comme un décalage. C’est ma sensation. Il ne faut pas inventer, c’est prétentieux de vouloir réinventer. Je pense que ce n’est pas un matin en se levant qu’on puisse se dire que l’on va réaliser ça. Il faut du temps, comprendre lentement et se diriger vers ce passage. Ce passage est à entreprendre sur le long terme? Oui. Il faut se mettre en plein dedans, domestiquer l’animal. Cela me fait penser à une exposition d’un artiste allemand, Joseph Beuys. Ancien pilote nazi, il était invité sur le sol américain mais n’ayant pas le droit de rentrer sur le territoire, il

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appela une ambulance à sa sortie d’avion pour pouvoir y entrer illégalement. Par la suite il vécut dans sa galerie avec seulement une laine et un bâton de bois pour se protéger. Avec lui se tenait un coyote, sauvage, agressif. Sur les premières photos réalisées on le constate facilement. Mais au fur et à mesure, l’homme et l’animal vivant et dormant ensemble, une certaine confiance s’installa entre-eux. Deux semaines plus tard, les photos réalisées l’attestent. L’homme réalise des gestes tendres envers le coyote qui ne présente plus de signes d’agressivité, une certaine connivence existe entre-eux. Pour résumer, il faut donc du temps, mais il faut aussi être présent.

qui modifient son aspect. On peut trouver des éléments de fer qui risquent de s’oxyder et donc de changer de couleur. La pierre ressemble à un animal. Elle évolue dans le temps. Ce que j’aime comme question autour de la pierre c’est aussi sa notion d’autosuffisance. Lorsqu’on construit un mur en pierre, il n’a pas besoin d’une structure pour le soutenir. Il n’a pas besoin d’une peinture ou d’une esthétique car il est déjà très beau. D’un point de vue énergétique, la pierre permet par elle-même une bonne isolation. Les qualités de ce matériau sont énormes, mais il possède un défaut. Il faut creuser. Le bois peutêtre coupé et un arbre sera replanté par la suite. On peut perpétuer le matériau. La pierre ne connaît pas ce cycle et c’est là son unique défaut.

Anupama Kundoo ainsi que Kengo Kuma étaient présents lors des Journées de l’architecture. Tous deux utilisent des matériaux dits vivants comme le bois et la terre tandis que vous utilisez des éléments plutôt minéraux. Pourquoi ce choix?

Il n’y a pas de problèmes simples. Il n’existe pas de matériaux ou de systèmes sans problèmes et c’est ça que j’aime : avoir des problèmes pour me donner l’espoir de les résoudre.

J’utilise le béton et la pierre mais je préfère la pierre car le béton est une pierre artificielle. Pourquoi ce choix? C’est sans doute culturel. Au nord du Portugal on trouve partout de la pierre, des terrains avec des murs en pierre. Ces murs sont formés par des pierres positionnées sans liant et c’est la stabilité de chaque pierre qui crée le mur. C’est une merveille. Chaque pierre respire une énergie qui répond à la force de l’autre. Elle vivent ensemble en paix. Chaque année, elles changent de couleur. Lorsque vient la pluie le mur devient vert. En été, le soleil dessèche les végétaux sur le mur et ils deviennent jaune. Dans la pierre elle-même on trouve des éléments

Peuvent-ils être matériaux du futur? Je ne sais pas mais je crois que le plus gros problème que j’ai avec la pierre c’est comment la couper. Maintenant on a des techniques au laser mais il m’est arrivé de couper une montagne en la faisant exploser. C’est ce que j’ai fait pour le Stade Braga au Portugal. Sinon il y a le laser. Il permet de couper la pierre comme dans du beurre. Si le peuple d’Égypte au temps des pharaons avait connu le laser, en une semaine il aurait pu réaliser des choses incroyables.

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© Souto de Moura Braga Stadium

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Vous mentionnez Mies Van Der Rohe comme une référence et votre travail peut-être qualifié de Néo-miesian. Votre architecture est souvent post moderniste et comporte des éléments modernes. Pourquoi cette attirance pour un mouvement du siècle dernier? Au Portugal, nous avons eu cinquante ans de fascisme. C’est seulement il y a 50 ans que nous nous sommes libérés de ce pouvoir. Les architectes auparavant étaient obligés de construire une architecture officielle: des colonnes, des frontons, etc. C’était une véritable avancée de pouvoir se réapproprier notre liberté par l’emploi du modernisme. C’était aussi reprendre le pouvoir sur un régime totalitaire qui nous avait régi jusque là. Pour ce régime, l’architecture moderne était signe de communisme. Pour vous ça peut ne paraître rien, pour nous c’était un exploit. Comme disait Rimbaud: il faut être résolument moderne. A la fin du régime, on devait construire plus d’un demi million de maisons, des écoles, des hôpitaux. Il fallait une technique de construction facile à appliquer. Le postmodernisme ne répondait pas à ces critères avec ses colonnes, ses frontons... Je me rappelle d’un refus pour une exposition sur le postmodernisme car cela faisait 50 ans qu’il était employé. Pour ma part j’aime le modernisme pour son efficacité. Ce n’est pas le projet moderne qui m’intéresse en soi ni l’idée du nouvel homme, des pilotis, des toits terrasses, des images de Le Corbusier.

© Souto de Moura Casa Paula Rego

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C’est le langage lui-même qui me plaît. Je suis postmoderne parce que j’utilise le moderne, c’est une idéologie. Beaucoup de mes amis me critiquent pour ça -rires-.

soi. Il faut croquer, recommencer encore et encore, terminer lorsque le client nous dit d’arrêter. C’est cette inquiétude, ce stress, qui est moteur de nos recherches pour le satisfaire.

Vous dites dans une interview que le but de l’architecte est de répondre au problème posé, pour autant vos travaux vont bien plus loin que la simple construction fonctionnelle. Comment alliez-vous vos qualités constructives et artistiques?

Vous travaillez donc beaucoup à partir du croquis?

Ça arrive après. Je ne pense jamais à être artiste. Si je commence à penser à faire de l’art, c’est la première condition pour que l’édifice devienne un désastre. C’est prétentieux. On pense d’abord de manière synthétique et puis on ajoute des briques esthétiques. S’il est art, c’est la communauté qui va définir le bâtiment comme tel. C’est un peu comme le principe de patrimoine. Ce n’est pas l’architecte qui le définit comme patrimoine. Là où l’architecture devient désastreuse, c’est lorsque l’architecte se lance dans un projet en annonçant faire de l’art. Ce n’est pas à lui de le dire mais c’est à la communauté. C’est l’histoire qui définit ou non un architecte d’artiste.

On dit souvent que l’architecture est composée de vides, pour autant il semblerait que la vôtre soit composée de pleins. Comment composez vous des espaces? Un parcours?

Oui je dessine tout le temps. Je commence mes projets avec des croquis. J’en fais tout le temps. J’ai avec moi un carnet qui ne me quitte jamais.

Je ne conçois pas des espaces. C’est une notion métaphysique. Je conçois le physique avec un toit, des portes, des fenêtres. J’ai une intuition que peut-être ces éléments donneront une sensation d’espace mais je ne peux pas le définir car l’espace est un élément que l’on ne peut pas saisir avec les doigts. Pour conclure je suis donc physique et non métaphysique.

Comment concevez vous un projet? Quelles sont vos méthodes pour être inspiré?

Il dira plus tard dans sa conférence que plus beau est le site, plus dure devient son architecture. Dans tous les cas il faut suivre l’idée de Mies Von Der Rohe : faire bien et juste.

L’inspiration c’est transpiration comme dirait Alva (ndlr: Alva Edison). C’est toujours travailler et avoir un esprit critique sur

Lucie

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ARCHI-CULTURE

Si les JA nous ont inspiré pour ce thème, elles ne sont pas les seules à aborder ce vaste sujet. Le Biche vous emmène de l’imaginaire au réel, de la métropole au bout du monde, du passé au présent…

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LA CITÉ VÉGÉTALE DE LUC SCHUITEN Luc Schuiten ? Au premier abord, ce nom peut vous paraître étranger. Quoi de mieux, dans ce cas, que de promouvoir son travail afin d’enrichir notre culture générale ? Il s’agit d’un architecte illustrateur utopiste, portant un intérêt particulier à la création de civilisations auto-suffisantes et durables. Il propose principalement des solutions alternatives à la dégradation de l’environnement. Né à Bruxelles, il est passé par l’académie des Beaux-arts avant de devenir architecte. En collaboration avec son frère François Schuiten (dessinateur), il s’est également lancé en tant que scénariste de bandes dessinées. C’est dans son cercle familial qu’il a développé un véritable intérêt pour le domaine des arts et de l’architecture, déjà pratiquée par son père. Dès les années 1970, Luc Schuiten est l’un des premiers architectes d’Europe à concevoir et bâtir une maison écologique auto-suffisante en énergie par l’emploi du soleil, du vent : la maison Orejona. Elle demeure une réalisation significative, jalon du courant de conscience écologique, issue du mouvement « underground ». C’est avec ce projet situé aux environs de Bruxelles qu’il a débuté sa carrière et réussi à faire de son habitation un premier exemple de sa volonté architecturale. L’un de ses points d’ancrage est l’archiborescence. C’est une dimension clairement utopiste qui, à mon sens, © Luc Schuiten Arbre habitable

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mérite d’être connue par le plus grand nombre de personnes. Luc Schuiten est allé jusqu’à imaginer ce qu’il nomme une « cité archiborescente », une luxuriante cité végétale. Je m’explique. En prenant modèle sur la nature, il a développé le concept du biomimétisme, un processus innovant en architecture. Cela consiste à utiliser des solutions soutenables produites par la nature en reprenant les matières du vivant. Cet architecte sou-

© Luc Schuiten La cité végétale

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haite créer à travers l’architecture de sa cité une idée créative entre biologie et technologie, grâce à une fine abstraction issue de modèles biologiques. Avec les matériaux qu’il a utilisé et les formes choisies, il affirme sa volonté de créer une organisation permettant un développement durable des sociétés. À travers ses projets, Luc Schuiten imagine et propose ce que pourraient devenir nos villes dans 100 ans. Voilà la manière avec laquelle il


décrit ses principales intentions : « Aujourd’hui, construire c’est d’abord détruire : arbres abattus, terre cuite, pierres taillées, minerais fondus. La cité archiborescente, elle, est vivante. Elle se régénère à partir de ses propres déchets. Elle est conçue comme un massif corallien, où tous les systèmes se nourrissent les uns les autres. Elle est plus réaliste que les nouvelles villes comme Dubaï qui est construite sur le pillage des ressources de la planète. »

Bien qu’il ait délaissé un peu l’architecture pour se consacrer davantage aux dessins de bande dessinée, il est devenu en 2010 l’un des fondateurs de la Biomimicry Europa, une fondation faisant la promotion du biomimétisme. Luc Schuiten soutient un tout nouveau concept clairement novateur en architecture qui permet d’allier la biosphère avec le monde de la construction. De ce fait, il participe pleinement à une toute nouvelle transition architecturale. Léa

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«BERLIN BABYLON», MAMCS

C’est dans le cadre des Journées de l’Architecture qu’a été projeté le filmdocumentaire « Berlin Babylon » à l’auditorium du Musée d’art moderne et contemporain de Strasbourg, réalisé en 2001 par Hubertus Siegert, producteur et réalisateur allemand. Pendant une heure et demie, le spectateur est plongé dans l’histoire de la capitale allemande en commençant par la fin de la Seconde Guerre Mondiale. Le réalisateur nous invite à suivre l’évolution de la ville à travers sa reconstruction et son réaménagement urbain, grâce à de nombreuses entrevues avec les architectes comme Renzo Piano (Centre Pompidou) ou I.M. Pei (Pyramide du Louvre) mais aussi avec les membres de la municipalité de Berlin. Le film est construit de manière à ce que le spectateur comprenne l’évolution de la ville avec plusieurs vidéos d’archives datant de la fin de la Seconde Guerre Mondiale mais aussi de l’époque de la Guerre Froide. On y voit les « Trümmerfrauen », ces

femmes qui, après la Seconde Guerre mondiale, aidèrent à débarrasser les villes des ruines des bâtiments qui avaient été bombardés, vivants au milieu des décombres dans les bâtiments détruits par les bombardements américains. On y voit aussi les aménagements tous similaires imaginés par la RDA, et qui ont été détruits pendant le tournage pour laisser la place à de nouveaux projets. Ceux-ci sont également suivis par le réalisateur et on peut apercevoir le travail en amont des architectes, ainsi que celui des «hommes de l’ombre», présents sur les chantiers et supportant des conditions de travail très difficiles pour respecter aux mieux les attentes des maîtres d’ouvrage et des architectes. Entre documentaire architectural et historique, on peut donc se faire une idée de la complexité de cette reconstruction et de la nouvelle atmosphère de la ville au début du XXIème siècle. Lou

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TRANSITION ÉCOLOGIQUE ET ÉNERGÉTIQUE EN POLYNÉSIE

©energienature.fr

Quoi de mieux qu’un peu d’exotisme par ce temps gris et pluvieux du Grand Est ? Voici un petit tour en Polynésie pour nous en apprendre plus sur cette transition lointaine qui nous est plutôt inconnue. Alors c’est parti pour un peu de culture générale en dehors de la France métropolitaine ! Un peu de culture …. Quand on parle de transition, on pense directement à l’écologie. Mais ce qui est frappant dans les îles de Polynésie, c’est le domaine de l’énergie. En effet, on peut parler d’une réelle avance en terme de transition énergétique. Rattachée à la métropole française, j’ai pu remarquer une grande différence lors de mon voyage l’été dernier. Dans un cadre idyllique avec un climat très chaud tout

au long de l’année, la politique énergétique menée au sein de cette collectivité d’outre-mer est censée être plus que jamais menacée par le réchauffement climatique. Atolls et îles basses souffrent également de la montée du niveau de l’océan. En tant que territoire insulaire du Pacifique, la Polynésie est donc plus que jamais concernée par le réchauffement climatique. La transition écologique et énergétique prend donc une dimension particulière dans une collectivité vulnérable car dispersée (118 îles, dont 84 atolls) sur une surface aussi grande que celle de l’Europe. Alors comment y faire face ? Je voudrais parler des solutions dont j’ai eu écho. Afin de résoudre ce problème grandissant, la Polynésie a en effet implanté

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©outsidevibes.com

de multiples centrales électriques hybrides, lui permettant de gagner en autonomie, de limiter ses émissions de gaz à effet de serre, mais surtout de réaliser d’énormes économies. De multiples atolls comme Ahe dans l’archipel des Tuamotu - où mes yeux et mon cœur se sont perdus, emportés tant par la beauté de la nature que par son caractère sauvage - ont d’ailleurs mis en place l’implantation de centrales électriques fonctionnant à l’énergie solaire, mais aussi au gazole, lorsque l’ensoleillement était insuffisant. Heureusement, cela n’arrive que peu souvent. Selon les professionnels locaux, ces nouvelles technologies fraîchement implantées permettent à la fois de mettre à profit la ressource naturelle du territoire, tout en protégeant l’environnement. De plus, les deux centrales hybrides installées auraient déjà permis d’économiser 80% de fuel sur les atolls de Reao et Tatakoto, et une troisième centrale plus

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moderne demeure en projet sur l’atoll de Manihi. C’est donc grâce à ces nombreuses initiatives que la Polynésie affiche aujourd’hui de réelles performances en matière de transition énergétique, clairement supérieures à celle de la France métropolitaine. Pour vous en rendre compte, il faut savoir qu’aujourd’hui, 34% de l’énergie consommée en Polynésie est issue de sources renouvelables, contre 18% en métropole. Parlons à présent du futur de tous ces projets. La Polynésie ne compte pas s’arrêter là, et persiste dans sa volonté de placer cette politique énergétique au premier rang. Elle compte encore développer la part des énergies renouvelables dans sa consommation globale, essentiellement hydraulique et solaire. L’objectif serait d’atteindre 50% en 2020 et 75% en 2030.


Le secrétaire d’État, Sébastien Lecornu, a d’ailleurs salué l’avance de la population polynésienne dans un discours: « Vous êtes en avance sur cette question de la transition énergétique. Il faut maintenir cette avance, c’est une véritable fierté. »

Témoignage de Samy Hamdi Suite à des recherches sur le sujet, il m’a paru intéressant de parler de transition énergétique, du point de vue d’un habitant polynésien. Je suis alors tombée sur le témoignage de Samy Hamdi, un ingénieur de l’ADEME à Papeete. Sa perception du sujet nous permettrait, à vous comme à moi, d’en apprendre plus sur ce qu’il se passe réellement sur place. Son objectif ? Accompagner les entreprises, les communes et le territoire du Fenua dans la transition énergétique,

grâce à ses compétences d’ingénieur. Âgé de 27 ans, Samy travaillait auparavant en région parisienne dans une startup de maîtrise énergétique, et, cherchant une opportunité de travail intéressante, la Polynésie s’est offerte à lui ! « J’ai le sentiment d’être vraiment utile dans le déploiement d’une nouvelle approche de l’énergie et de la consommation. Participer à la transition énergétique en Polynésie française correspond au sens que je veux donner à ma carrière. Utiliser mes compétences au service de l’intérêt général et de la politique publique donne du sens aux études d’ingénieur que j’ai faites. De plus, j’ai été éduqué dans un univers où mes parents étaient investi dans le développement. Mon itinéraire est donc logique vis-à-vis de mon bagage familial et de mes inspirations. »

©hommesdepolynesie.com

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Samy Hamdi se rattache, par son entreprise, aux ministères de la Transition écologique et à la Recherche du Développement, en lien avec la politique du développement durable de l’Etat. Selon lui, la solution gagnante serait une plus grande sobriété dans les consommations, tout en misant sur le réemploi des appareils dits « indispensables ». Pour Samy, les enjeux en terme d’autonomie énergétique sont très forts pour des territoires insulaires voir même ultra insulaires pour les îles éloignées de Tahiti. L’objectif est de tendre vers un territoire moins dépendant de l’extérieur en utilisant les ressources locales. « Je ne peux qu’inciter les jeunes à se lancer dans ces sujets»

Je voulais souligner tous ces points-là pour montrer que la Polynésie, malgré le fait qu’elle n’ait pas le même rayonnement que la métropole française, place la question environnementale au cœur de sa politique, bien plus que certaines « grandes puissances ». Elle met en place des aménagements, qui à l’échelle de la région sont bien plus importants, grâce à une population soucieuse du bien-être de la nature et de la préservation de son environnement. Quoi de mieux que de prendre exemple sur ces contrées lointaines qui ont compris en avance ce que le monde devrait être enclin à faire ? Ces initiatives concrètes réalisées à une échelle mondiale permettraient d’incroyables changements. Rendez-vous bien compte que même nos plus beaux paradis, les plus beaux endroits du monde sont touchés par cette question écologique et énergétique, et ce avant nous. Par leur état d’esprit, ils placent leur pays en tant que fierté mondiale et demeurent depuis des siècles reconnaissants de ce magnifique patrimoine naturel. Bénédicte

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LA TRANSITION D’UN URBANISME DE CROISSANCE A LA DESERTIFICATION DES VILLES D’APRES-GUERRE EN ALLEMAGNE DE L’EST

© Uwe Jacobshagen, 2004

L’Allemagne de l’Est voit apparaître des changements flagrants dans les comportements de ses habitants suite à la réunification de 1990. Depuis la chute du mur et jusqu’en 2005, l’ancienne RDA perd jusqu’à 12% de sa population. Les tendances urbanistiques qui jusqu’alors s’orientaient vers une dynamique de croissance démographique, n’avaient pas de stratégies adaptées au phénomène de vacances qui se fait de plus en plus ressentir. Trop d’espaces et de planification pour de moins en moins d’habitants. Cela produit un déséquilibre, principalement dans les régions post-industrielles, justifié par la perte des valeurs économiques, la croissance du taux de chômage en opposition à celui des natalités et l’abandon total ou partiel de nombreux bâtiments, menant à l’insalubrité des infrastructures. Il faudra attendre les années 2000 pour qu’il

© Niklas Nitzschke, 2010

y ait une reconnaissance publique de ce phénomène avec la mise en place, le 15 août 2001, d’un programme fédéral de Reconstruction Urbaine en Allemagne de l’Est. Un concours du gouvernement fédéral dans le cadre de ce programme est lancé en 2002 et pousse ses municipalités locales à réaliser au préalable une analyse de développement urbain et établir des pronostics plausibles. L’un des pronostics mis en avant fut celui de Saxe-Anhalt, un État fédéral très largement touché par cette tendance nationale. En déclin continu de population, elle ne représenterait en 2040 plus que la moitié de celle de 1950. Les zones industrielles abandonnées et les blocs d’habitations désertées, en décomposition progressive, sont devenues des paysages fréquents. La force de cette région centrale, d’un point de vue industriel, vient de la mécanisation de l’agriculture et des

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industries connexes de la construction mécanique, réadaptées au contexte de guerre.

sont mis en valeur : la concentration sur les centres-villes (ou « noyaux »), l’individualisation de chaque cas par la création d’une identité et stratégie propre, la non-utilisation de projets phares mais au contraire, l’organisation d’acupunctures positives dans la ville. La notion “d’archipel” est d’ailleurs introduite en 1977 dans le vocabulaire urbanistique en référence à la réflexion portée sur la restructuration de Berlin[1]: elle remet en question l’aspect d’unité de ville par sa réduction en une constellation d’îles, créant un modèle urbain polycentrique.

Cet Etat fédéré fera l’objet d’une Internationale Bauausstellung (IBA), une exposition internationale d’architecture Allemande unique en son genre. Elle se veut un instrument de réflexion et de planification concrète afin de développer de nouvelles stratégies urbaines ou concepts architecturaux innovants. Il s’agira d’ailleurs de la première manifestation qui travaillera sur la problématique de l’avenir des villes en décroissance. La première phase prévoit la destruction massive de 1,500,000 logements en 10 ans, permettant ainsi un rééquilibrage démographie-infrastructure. La méthode est très critiquée, voire rejetée. Toutefois, elle permet de mettre en place un concept de développement urbain intégré : les villes participatives deviennent des laboratoires à ciel ouverts afin de tester différentes stratégies à échelles variées. Les 43 villes de l’Etat ont été invitées à participer mais seules 19, de petites et moyennes tailles, furent retenues pour former l’IBA Stadtumb SaxeAnhalt 2010.

Les villes, ne possédant qu’un financement limité, devront faire preuve de créativité dans les techniques utilisées. La communication devient alors un outil majeur du design urbain. Les interventions esthétiques permettent l’imagination d’espaces et d’images motivantes dans le comportement urbain, et permettent le marketing de la ville à travers une nouvelle représentation culturelle et économique. Chacune se voit ainsi travailler selon une identité propre qui passe par la création d’une série de schémaslogos, représentants les concepts de réaménagement appliqués. Ce sont des images médiatrices des transformations. [1] Florian Hertweck, La ville dans la ville: Berlin : un Archipel vert, Lars Müller, 2013 «Nous souhaitons transformer la ville grise en ville verte.»

Les réflexions et expérimentations portées sur ces villes pendant 8 ans forment un corpus de stratégies et méthodes qui peuvent être généralisées dans le cadre d’autres cas de désertification ou de dévitalisation de Coeur de ville. Le processus instauré est assez inhabituel de par son aspect horizontal, faisant appel à la discussion et participation communautaire, et son analyse poussée de chaque territoire qui permettra la mise en place de scénarios évolutifs. Plusieurs points

Elke Mittmann, maître de conférence en Histoire et culture architecturale et chargé entre 2005 et 2010 des relations publiques de l’IBA Stadtumbau 2010, résume en ces quelques mots l’objectif du grand programme appliqué à la ville de Dessau-Rosslau. L’héritage historique,

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ISLANDISATION

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ŠUrsula Achternkamp, 2008

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laissé par l’aménagement du Bauhaus en 1925, va influencer l’ouverture d’esprit de la ville à l’utilisation de solutions visionnaires. Par le passé, elle devient un centre de l’industrie de l’armement nazi, témoignant ainsi une croissance urbaine conséquente, mais deviendra en contrepartie la cible des bombardements alliés : 80 % du centre sera détruit. Spécialisée dans les usines de cimenterie et de construction de machines, elle fait partie des victimes de la désertification causée suite à la réunification. Avant sa fusion avec Roßlau en 2007, sa population avait baissé d’environ 30 000 personnes. La démolition préventive de certaines constructions de l’ère socialiste ponctue la ville de terrains vagues et la prive de sa base économique. Ces parcelles sont redécoupées en « pixels » de 20x20 m et redistribuées gracieusement aux citoyens à des fins expérimentales et de bio-diversité de manière à encourager la participation citoyenne. La liberté d’aménagement donne ainsi naissance à un paysage pixellisé, entre ces espaces globalement verts et les îlots construits qui y survivent. Malgré l’apparence globalement aléatoire au début des opérations, un « fil rouge » est mis en place le long des zones vertes et explique les étapes du processus. Ce système d’informations permet la coordination dans le temps de ce patchwork imprévisible vers un bandeau vert traversant. En opposition à la réflexion portée sur le modèle de Berlin élaboré par l’architecte Oswalt Mathias Ungers en collaboration avec Rem Koolhaas en 1977, ici la focale se fait sur la zone paysagère antithétique, intégrée dans le concept des archipels. Le succès

de cette procédure n’est atteignable que sur une longue période de temps et une grande diversité d’acteurs. En parallèle de ces démarches, la ville revalorise son patrimoine architectural ainsi que son histoire étroitement liée avec le Bauhaus. En effet, ayant été son deuxième berceau, Dessau inaugure à l’occasion de ses 100 ans un nouveau musée au cœur du parc communal de la ville, là où trônait le palais Reina. Cet événement provoque un nouvel engouement touristique dans la région. L’Internationale Bauausstellung Stadtumbau Sachsen-Anhalt 2010, qui était portée par la Fondation Bauhaus Dessau et la Schsen-Anhaltinische Landesentwicklungsgesellschaft, peut être considérée comme un succès sur plusieurs points. Il s’est avéré être un outil indéniablement efficace dans le cadre de la revitalisation globale des villes dans les nouveaux états Allemands. Ce retour positif a permis d’étendre l’expérience au-delà de 1994, jusqu’en 2010. Encore aujourd’hui l’évolution de certaines villes bénéficie d’un suivi. L’amélioration de l’image et de la forme urbaine de chaque ville développa la croissance de son attractivité et l’augmentation des profits, notamment dans le domaine du tourisme. Cette transition d’un état à haut risque d’après-guerre vers une existence sûre a pu se réaliser en moins de deux décennies.

Romane

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TERRE À TERRE

Quand on parle d’écologie, il ne s’agit pas seulement de le dire il faut le faire. Aujourd’hui , la transition écologique est plus qu’un sujet d’actualité, c’est une injonction que nous donne l’environnement sous peine de voir notre terre être détériorée au point de ne plus pouvoir nous offrir d’habitat. La société de consommation dans laquelle nous sommes est l’une des sources de la pollution massive que nous subissons. Nous sommes pris dans l’engrenage de consommer pour produire et de produire pour consommer. Dans le domaine de l’architecture et du bâtiment, cela fait des années, que nous nous sommes tournés vers des matériaux tels que le béton. Nous érigeons nos bâtiments, nos quartiers entiers avec des matériaux qui produisent une quantité de pollution incalculable et qui demandent énormément d’énergie que ce soit dans sa construction ou dans son déplacement. La popularité de ces matériaux est entraînée par leur aspect durable, résistant et surtout dans l’image moderne qu’ils reflètent. Mais lorsque les pics de pollutions se multiplient, lorsque le réchauffement climatique entraîne la fonte des glaces et des centaines d’autres anomalies sur terre aujourd’hui, n’est-il pas temps de repenser son architecture, ses matériaux et ses façons de construire sur terre ?

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©Milad Kargar

La construction en terre peut être une réponse pour un habitat social de qualité, mais aussi pour d’autres bâtiments tels que ceux destinés à la culture. Des centres comme CRAterre, le Centre International de la construction en terre fondé en 1979, oeuvrent à la reconnaissance du matériau terre. Ils cherchent à faire comprendre que ce matériau trop peu utilisé peut être la réponse aux défis actuels : majoritairement ceux liés à l’environnement mais aussi ceux liés à la diversité culturelle et à la pauvreté.


Il est temps de se mettre en route pour une architecture éco-responsable. Tout commence par mieux comprendre les matériaux, connaître leur caractéristiques et l’impact qu’ils ont sur l’environnement. Pour cela allons à Berlin vers La Chapelle de la Réconciliation. En poussant la porte de la chapelle, nous percevons une atmosphère très particulière dans cet édifice circulaire, aux murs d’argile crue. L’utilisation de ce matériau humble et la sobriété de l’architecture expriment un discours en réponse avec la spiriualité de la chapelle. Rien ne se voit de l’extérieur: il faut entrer pour découvrir. La première sensation à l’entrée dans cet espace est le silence. On voit la croix, moderne, sur l’autel de terre crue, qui supporte la Bible ouverte.

Malheureusement, la place de la terre dans le marché de la construction se fait très difficilement. En effet, des matériaux perçus comme plus “modernes” occupent la majeure place sur ce marché tel que l’acier, ou le béton, le matériau manufacturé le plus utilisé au monde. L’utilisation de ces matériaux en construction est depuis bien longtemps très nocive pour notre planète et elle engendre des dégâts environnementaux sans précédents.

Construite sur la frontière berlinoise, la chapelle allie la douleur de la séparation Est-Ouest, avec la joie de la révolution pacifique et de la Réunification. Des débris de l’ancienne église de la Réconciliation sont incorporés dans l’argile des murs. Ces murs sont de terre, matériau alternatif correspondant aux critères de développement durable. Pour conclure, l’utilisation de la terre dans notre conception de la ville moderne nous permet d’ores et déjà d’aborder des dimensions écologiques et économiques. Ce matériau local répond à des mises en oeuvre presque in situ et prouve, comme dans le cas de la chapelle de la Réconciliation, qu’il a tout pour devenir le matériau de l’avenir. Milad

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BALANCE TES GRAINES

Voici le teaser. Ou en français, voilà donc le taquin autour du sujet qui vous démange, celui de l’expérience que vous souhaiteriez mener qui vous fera entrer dans une trans quasiment égale à celle de l’épidémie dansante de 1518. Préparez vos plus jolis muscles, on va bien parler du lancé de bombes de graines, ou seed bombs en anglais. Il s’agit avec ces préparations maisons faites de terre, d’argile et de semences, de réintroduire de la biodiversité au sein des villes, en permettant aux graines de se développer dans des endroits choisis (friches, berges, pieds des arbres etc). On lance ces petites bombes dans des endroits souvent inaccessibles. Ces pratiques sont de plus en plus récurrentes, et des stands associatifs proposent parfois des ateliers. Bien sûr, quelques précaution sont à prendre : il faut choisir avec soin les semences, connaître un minimum leur mode de développement, ne pas prendre d’espèces invasives… Un peu de bon sens et tout ira bien. Si le sujet vous intéresse et que vos muscles de bras se délectent déjà de faire voler au loin ces petites bombes, je vous renvoie à un article qui sera communiqué sur la page facebook Biche ENSAS. Inutile de vous faire un petit tuto, toutes les infos y sont.

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La pratique du seed bombing est associée à la green guerilla, la guerilla urbaine, dont les acteurs souhaitent promouvoir la nature au sein de la ville et surtout se « réapproprier » cette dernière. C’est de cette notion de réappropriation dont il est ici question. La ville est par nature un endroit propice aux rencontres, aux échanges d’idées, au brassage des cultures et lorsqu’elle ne répond plus à ses fonctions, certains acteurs tentent d’y remédier. S’approprier une ville c’est à la fois avoir l’occasion de la vivre pleinement, d’y construire des souvenirs et peut-être un sentiment d’appartenance. C’est aussi parfois la marquer physiquement, comme le montre l’exemple du street art. L’appropriation de la ville passe par des mouvements collectifs ou individuels. Ici, la démarche apparaît multiple : parfois proposée lors d’ateliers créatifs et/ou associatifs, il me semble que le lancé se pratique plutôt de manière individuelle, ou en cadre restreint. Dans les termes même on retrouve cette notion ambiguë entre l’individuel et le collectif : guerilla signifie «petite guerre» en espagnole et fut souvent rattaché aux francs-tireurs qui menaient des combats parfois en-dehors de l’armée, soutenant leurs propres causes. A qui profite ces plantes issues des bombes ? A tous, a priori. Tant pour son esthétique que pour la qualité de l’air. La volonté de réappropriation est plutôt collective. S’il y a réappropriation, cela sousentend une rupture antérieure. Quand cette dernière a-t-elle pu se produire ?

A quel moment a-t-on sentit que la ville nous échappait ? Ce mouvement de green guerilla (non nommée à cette époque) se retrouve entre autres au XVIIème siècle en Angleterre avec le mouvement des diggers qui occupaient des terres communales illégalement dans la volonté de nourrir la population. Ce mouvement fut réintroduit et prit de l’ampleur dans les années 1970 à New York par Liz Christie qui lança le projet de réaménagement d’un terrain encombré de déchets, en jardin partagé. Bien d’autres mouvements furent conjoints, il existe beaucoup d’exemples. Aujourd’hui nous avons tous connaissance des catastrophes écologiques engendrées par nos modes de vie, ce qui nous amène à reconsidérer notre rapport à la nature et au vivant en général. Si pendant longtemps l’Homme s’admirait pour avoir réussit à dompter la nature, la ville en est un symbole assez puissant : si elle est présente, elle reste très contrôlée. Les thuyas ont belle vie, le gazon aussi. Et quand bien même nous savons manier l’art du jardin, il reste peu de place à la biodiversité. Aujourd’hui on se requestionne et on commence à considérer la nature en tant qu’écosystème riche, comme un tout. La nature, animée de vie, commence à être invitée au sein de nos villes. Peut-être que vous aussi vous vous laisserez tenter par l’expérience des bombes de graines ?

Hélène

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VIE ÉTUDIANTE

Après avoir découvert ou redécouvert ces sujets qui touchent à la culture et à l’architecture, nous vous partageons, chers étudiants de l’ENSAS, de bonnes adresses à Strasbourg, des expos à aller voir jusqu’en 2020...

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LES BONNES ADRESSES La curiosité est un vilain défaut, sauf avec Biche! Il vous en faudra un peu si vous souhaitez un changement dans votre garde robe ou dans votre décoration. Pour trouver la boutique Curieux ? à Strasbourg, vous devez être curieux. Elle se trouve retirée dans une petite cour sur le Quai Kellermann, pas loin d’Homme de Fer (6a Quai Kellermann). 100% indépendante, Curieux ? propose des habits, des sneakers, des objets de déco et des accessoires, le tout disposé dans une ancienne usine de textile. Pour les fans de la déco du restaurant Tzatzi, vous allez être ravis : toute la vaisselle peut s’acheter chez eux ! Au rez-de-chaussée se trouvent de nombreuses marques : Carharrt, Rains, Eastpack, Le slip français, La Commune de Paris, Nike, Asics… Malgré un petit étage réservé aux habits pour femmes, la boutique reste majoritairement masculine côté sneakers et habits. Mais pas de soucis, on peut maintenant trouver Curieuse ! au 4, Quai des Bateliers. Beaucoup plus petit que l’usine de textile, Curieuse ! propose de la même manière des accessoires, de la papeterie, de la déco, des habits et des sneakers. On retrouve ici aussi des créateurs locaux comme la créatrice de bougies parfumées en cire végétale et de savons bios, des créateurs nationaux et des créateurs européens tel que Samsoe Samsoe, une marque de Copenhague. Toutes ces marques ne se trouvent pas à Strasbourg donc, si vous voulez sortir des habits stéréotypés, allez y jeter un coup d’œil !

©Pokaa

Justine

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Les petites cantines 5 Rue Kuhn, 67000 Strasbourg Située à 3 minutes de l’école d’architecture, l’association Les petites cantines propose de se rassembler avec les habitants du quartier gare à travers la création d’un repas bon et pas cher. La préparation participative commence a 9h30 mais c’est également possible de venir déguster le résultat à partir de 12h30. Le menu unique, composé d’entrée, plat et dessert et dont les ingrédients évoluent tous les jours selon les produits de saison, est fixé à 9 euros afin de couvrir les frais engagés. Si vous voulez en savoir plus, n’hésitez pas à vous inscrire à l’Assemblée générale qui aura lieu le 04 Décembre prochain de 18h30 à 20h30.

©Pokaa

Le village de la biere 22 Rue des Frères 67000 Strasbourg Ouvert du mardi au samedi de 10h à 12h30 et de 14h30 à 19h30

©Strassbuch

Installée derrière la cathédrale, cette petite boutique propose une expérience gustative des plus originales. Près de 450 bières, qui vont et viennent au grès des saisons, locales ou internationales, sont prêtes à se battre pour vous plaire. Si vous souhaitez un calendrier de l’avent des plus originaux, n’hésitez pas à aller y faire un tour.

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Le Shadok 25 Presqu’île André Malraux Ouvert du Mercredi au Samedi de 14h à 19h L’ancien entrepôt commercial de la Môle Seegmuller accueil depuis 2015 un espace dédié à la culture numérique : le Shadok. Ces 2 000 m², partagés entre un café-bar, un Fab’lab, un espace de travail partagé et des espaces d’expositions et de conférences, se veulent un lieu de découverte, d’expérimentation et de partage sur les révolutions numériques à travers les divers domaines artistiques ou technologiques, amateurs ou professionnels. Jusqu’au 30 Novembre, vous pouvez admirer, dans le cadre du cycle Hier c’était demain : science-fiction et imaginaires collectifs, l’oeuvre interactive Ayahuasca — Kosmik Journey du cinéaste Jan Kounen qui vous entraine dans un rituel shamanique au coeur de la forêt amazonn. A partir du 26 Novembre, vous aurez l’occasion d’aller vous faire tirer le portrait 3D grâce à l’atelier “Scan ta face” situé au marché OFF. La réalité virtuelle reviendra le 05 Décembre pour la projection d’un film pour la modique somme de 6 euros. ©Tripadvisor

©Strasbourgcityguide

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Musée Tomi Ungerer 2 avenue de la Marseillaise - Villa Greiner 67000 Strasbourg Ouvert tous les jours, sauf le Mardi, de 10h à 18h Tarif réduit 3,5€ Le premier musée de France dédié au dessin d’illustration au XXe siècle a ouvert ses portes en 2007 dans notre belle ville de Strasbourg. Ce n’est ni plus ni moins dans la Villa Greiner que sont conservés 11 000 dessins ainsi que 6 500 jouets de divers illustrateurs. Afin de favoriser une conservation optimale ainsi qu’une représentation évolutive de cet art graphique, les oeuvres sont exposées à tour de rôle selon trois périodes au cours de l’année. C’est à l’arrêt de tram République que vous pourrez croiser votre regard avec les fameux trois brigands du dessinateur Strasbourgeois qui a prété son nom au musée. Rendez-vous jusqu’au 02 Février 2020 pour voir l’exposition “Focus ! La photographie chez Tomi Ungerer” et entre le 01 Décembre et le 24 Février 2020 pour participer à l’atelier d’illustrations “Assemblages photographiques” sur ces dernières !

©museedestrasbourg

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La choucrouterie 20 rue Saint-Louis 67000 STRASBOURG Ouvert du mercredi au vendredi de 10h30 à 12h30 et de 14h00 à 18h00 et le samedi de 14h00 à 18h00 Tarif étudiant 11€ / Carte culture 6€ Créé en 1984, le restaurant-théâtre de la Choucrouterie offre une atmosphère intimiste alsacienne qui vient dépeindre avec humour et dérision l’actualité, les politiques et le reste. Du haut de ses deux salles, elle favorise la proximité avec les artistes tout en offrant un panel d’interprétation française, allemande et alsacienne à la fois. Si ce cocktail étonnant vous surprend, allez le découvrir avec la représentation de la Revue française “En Marche Attacks!!” qui jouera jusqu’au 10 Mai 2020. Romane

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EXPOSITIONS A VOIR Christo & Jeanne-Claude Expo centre Pompidou à Paris 2020 18 mars 2020 - 15 juin 2020 de 11h à 21h ou de 11h à 23h Cette exposition majeure consacrée à Christo et Jeanne Claude, retrace leur période parisienne, entre 1958 et 1964 ainsi que l’histoire du projet Le Pont-Neuf empaqueté, projet pour Paris, 1975-1985. Les sept années passées à Paris (1958-1964) sont essentielles dans l’évolution de l’œuvre de Christo. Il s’affranchit de la surface du tableau, s’approprie et empaquette les objets du quotidien, réalise des actions en public : c’est à Paris qu’il donne une dimension monumentale à ses œuvres en concevant différents projets pour la Ville lumière.

Le monde nouveau de Charlotte Perriand Expo Fondation LVMH à Paris, actuellement Du 2 octobre 2019 au 24 février 2020 L’exposition retrace le travail de cette architecte, dont l’œuvre anticipe les débats contemporains autour de la femme et de la place de la nature dans notre société. Elle offre au visiteur la possibilité d’entrer de plain-pied dans la modernité, grâce à des reconstitutions, fidèles scientifiquement, intégrant des œuvres d’arts sélectionnées par Charlotte Perriand afin d’incarner sa vision de la synthèse des arts.

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Man Ray Expo au Château Borély, musée des Arts Décoratifs et de la Mode Du 8 Nov 2019 au 8 Mar 2020 L’exposition permet de faire découvrir ces photographies de mode relativement méconnues et d’aborder l’enrichissement permanent et réciproque qui existe entre les projets artistiques de Man Ray et les productions assujetties à une commande commerciale.

Bourse de Commerce, Paris Expo d’ouverture de la collection Pinault Juin 2020 Située en plein cœur de Paris, la Bourse de Commerce est le nouveau lieu de présentation de la Collection Pinault. Cet édifice historique a été intégralement restauré et transformé en musée par le grand architecte japonais Tadao Ando, en instaurant un dialogue entre le patrimoine et la création contemporaine, entre le passé et le présent.

Hommage à Soulages Expo au salon carré (Louvre), Paris Du 11 décembre 2019 au 9 mars 2020 Pierre Soulages, « peintre de l’outrenoir », est une figure majeure de la peinture non figurative avec un travail qui se concentre sur le Noir.

Léo

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TRANSITION INTERNATIONALE Bien qu’un peu moins de deux mois se soient écoulés depuis la rentrée, certains d’entre nous pensent déjà aux années à venir. Le Forum des mobilités, qui se déroulait du lundi 28 au jeudi 31 Octobre à la cafétéria, en était la parfaite occasion.

culturels, linguistiques et relationnels que cela apporte ainsi que la découverte d’une autre approche d’enseignement. Un dicton célèbre ne faillit pas à nous rappeler qu’ « Erasmus ce n’est pas une année dans ta vie, mais ta vie en une année ». Il n’est pas rare d’en voir ressortir des individus transformés par l’expérience qu’ils ont vécue, des découvertes qu’ils ont faites sur le monde mais également sur eux-mêmes. Des liens se tissent quelque part, et s’étendent ensuite aux quatre coins du monde. Cette diversité est incroyablement enrichissante, à condition que vous saisissiez l’opportunité qui vous est offerte. Depuis 1987, ils sont près de 4 millions d’étudiants à en avoir profité, alors pourquoi pas vous ?

Pourquoi ? Où ? Comment ? Il est parfois difficile de faire le premier pas vers l’inconnu. Cette première édition du forum a permis un contact favorable à l’échange, piquant la curiosité de certains et apaisant les craintes d’autres. Une dizaine d’étudiants étaient présents pour faire part de leur expérience et répondre à ces questions. Espagne, Chine, Argentine, le choix ne manque pas quand il s’agit de choisir une destination. Aujourd’hui, les accords comptent 34 pays dont environ 28 issus de l’Union Européenne. La France est d’ailleurs le pays qui envoie le plus d’étudiants en séjour Erasmus, suivi de l’Allemagne, l’Espagne et l’Italie. Le programme touche l’ensemble des anciens programmes européens dédiés à l’éducation, la formation, la jeunesse et le sport depuis 2014, sous le nom d’Erasmus +. Il ne permet pas seulement de partir étudier dans une école partenaire mais également de réaliser des stages en entreprise, favorisant l’intégration professionnelle et sociale. La majorité des bénéficiaires y voient une différence concrète : en moyenne, la recherche d’emploi est réduite à 2,9 mois contre 4,6 pour un étudiant n’ayant pas fait de mobilité. Tout cela sans oublier les avantages

Combien de fois me suis-je dis « Est-ce-que je suis prête à repartir » ? Un bon millier de fois peut-être... Les découvertes sont incessantes, parfois fatigantes, mais tellement enrichissantes. Tout est fait pour faire plaisir. Je suis partie un an à Séville, ville au patrimoine très riche et où la fête ne se termine jamais. Mon départ se justifiait majoritairement par un besoin de changer d’air, de voir autre chose, mais surtout de bouger de mon quotidien qui me rongeait de l’intérieur. Chose dite, chose faite : l’opportunité s’est offerte à moi et je l’ai saisi. L’Espagne, et l’Andalousie en particulier, ne faillissent pas à leur réputation : fête, sieste, religion, tout s’y retrouve.

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L’association ESN, conçue spécialement pour ce programme de mobilité, offre un panel d’activités très diverses mais principalement axées autour d’une bonne sangria bon marché. Partir dans un nouveau pays, où l’interaction et le dialogue diffèrent, impacte notre caractère et nous fait évoluer malgré nous. Certains savent s’adapter au choc culturel, d’autres n’y arrivent pas : l’expatriation n’est pas adaptée à tous les profils. Pour ma part, le retour à un quotidien que j’avais laissé derrière moi fut la part la plus difficile de mon aventure, une transition à laquelle je ne m’étais pas préparée. J’ai relevé le défi sans penser réellement aux conséquences. En un an, je me suis redécouverte, j’ai appris à m’ouvrir à mon entourage mais aussi à m’affirmer d’avantage, à me faire entendre et surtout com-

prendre. Je suis revenue de cette mobilité pleine d’énergie, nourrie par de nouvelles ambitions…. mais plus que jamais, je suis prête à partir à nouveau. N’hésitez pas à aller consulter les rapports de mobilitées pour une présentation plus personnalisé de l’expérience et de l’enseignement selon la destination ou de prendre contact avec M. Voegtling, chargé des mobilités internationales, qui est prêt à répondre à toutes vos questions [patrick.voegtling@strasbourg.archi.fr ou 3e étage du Garage]. Les procédures de candidature se dérouleront entre le 15 janvier et le 15 février 2020. Romane

©Romane Lemaire de Mil- École de Séville

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PRESENTATION AAA

Au biche, on voyage pas mal, notamment à Nancy lors des dernières REESAP tournées autour de la transition écologique. Grand rassemblement d’étudiants en architecture et en paysagisme venus de toute la France, les REESAP c’est d’abord des rencontres, des gens qui nous tendent la main, et c’est assez curieux de se dire que les hasards, les rencontres forgent une destinée… Outre les workshop, les tables rondes et les débats qui nous ont animé durant trois jours, c’est parfois autour d’une bière que les véritables découvertes se font. Ce fut le cas avec Hady, actuellement en L2 à ENSAL et coprésidente de son association étudiante, culturelle et humanitaire AAA. AAA mais qu’est ce que c’est? Architecture Aide Aventure est tout d’abord une association tournée autour de sa communauté. Elle organise des sensibilisations à l’architecture à travers des ateliers pour les enfants. En effet, leur école est située dans un quartier où les enfants n’ont pas forcément accès à tout ce savoir architectural et les faire découvrir ce domaine leur permettrait peut être de trouver une nouvelle voie. AAA a également mis en place plusieures clean walks au sein de sa ville pour sensibiliser sur notre empreinte écologique. Si ces deux projets ont également été réalisés par nos futurs architectes, l’association possède d’autres pôles d’action. En effet, elle vient aussi en aide à des migrants et sans domicile, logés dans un bâtiment désaffecté. Si les bénévoles n’aident désormais plus ces personnes dans un grand besoin, AAA, elle, rend visite dans les chambres et propose son aide et sa présence. Elle se met aussi à disposition pour aider les occupants sur les chantiers réalisés dans le bâtiment. D’ici peu, elle mettra en place un caddie de donation dans la rue de son école et elle organisera un workshop afin de créer des meubles (portes manteaux, commodes et cie). Ainsi les espaces encore précaires auront quelques rangements.

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AAA met également en place un projet humanitaire qui se passera au Sénégal avec l’aide d’une association parisienne qui s’occupe des enfants talibés. Si ce projet c’est pas encore abouti, il aura pour objectif de venir en aide à ces enfants. Le but de AAA serait d’intervenir dans l’apprentissage des enfants à travers l’architecture et des ateliers créatifs. Ainsi ils créeront des jeux en bois autour de la construction afin de les sensibiliser à notre discipline. A travers nos études, nous avons parfois la possibilité de créer de belles choses. Si on peut déjà le voir avec la vie étudiante et ses associations qui animent notre école, pourquoi ne serait-t-il pas possible de rajouter une pierre de plus à l’édifice ? Il n’y a parfois qu’un pas entre un souhait et sa concrétisation, c’est simplement une question de transition. Lucie

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BANDE DESSINÉE

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Les hasards font des heureux, comme la dĂŠcouverte de cette bande dessinĂŠe en salle des traceurs. Anonyme, nous te remercions pour ton travail, pour vous mordus du Biche, on vous laisse trouver un titre.

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POUR CONCLURE REMERCIEMENTS: Ce biche n’aurait jamais pu se réaliser sans l’aide de plusieurs personnes que nous souhaitons désormais remercier. Merci à la MEA de nous avoir accordé leur temps et leur confiance, ainsi que de nous avoir mis en relation avec leurs conférenciers. Merci à Kengo Kuma et ses partenaires, ainsi qu’à Souto de Moura de nous avoir rencontré. Enfin merci à M.Voegtling et à toutes les personnes qui ont permis à ce Biche d’exister.

La transition est au coeur de nos préoccupations contemporaines que ce soit dans notre vie quotidienne ou dans notre travail de futur architecte. Nous sommes en plein dans ce concept de transition, il fait parti de nous. Comme vous le savez, le Biche est le journal de votre école. D’une certaine manière, il vous appartient, il représente qui vous êtes. Lors de la lecture de ce magazine vous avez sans doute perçu différents points de vue, avez peut être été d’accord ou non sur certaines idées. Il n’appartient qu’à vous d’apporter votre opinion et votre travail, car au Biche on est comme ça, on aime accueillir de nouvelles têtes, même de manière temporaire. Alors ceci est un appel à tous les adeptes de l’écriture, de la photographie, d’idées nouvelles ou de changement, nous vous attendons et sommes impatients de découvrir ce que vous avez à nous offrir. Venez partager, venez vous exprimer! Bichement vôtre, L’équipe.

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DES BISOUS

contact: biche.mag@gmail.com Instagram: biche.mag Facebook: Biche Ensas Site: bichemag.fr 67


CERF 68


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