Papillonages

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Papillonnage : nm batifolage, va-et-vient, passade, amusement, amourette, tocade, aventure, béguin, affinité, bluette, badinage.

avril 2013 N 1

Economie - Education - Tourisme – Humanitaire – Ecologie – Media – Gastronomie - Mode –Sport – Culture - Littérature - Conseils pratiques…


LULU dans la steppe Dessin par Dovdon Batbayar


Directeur / Khan de la publication Sébastien Marneur Présidente / Méditation d’Honneur Narantuya Tsagaan Rédacteur en chef (à vie...) Guillaume Chérel Assistante du rédacteur en chef à vie Munkhzul Rinchin Graphisme Munkhbolor Battulga (e magazine) Journalistes Narantuya Tsagaan, Munkhzul Unenbat, Namuunbaigaili Ganbold, Amarzaya Purevdordj, Enkhtuya Tsagaan Coordinateur Chinbat Jigjidsuren (e magazine) Photo: Chinbat Jigjidsuren, Guillaume Chérel, Munkhbolor Battulga Administration Gunjee Enkhbat illustrateur Batbayar Dovdon, Solen Zaya Demars Publicité Munkhzul Unenbat Version internet Jean-Baptiste Marneur Photographes Guillaume Chérel surtout, Chinbat Jigjidsuren, Munkhbolor Battulga Impression UB Printing – Oulan-Bator – Mongolie Téléphone : 70181870 Facsimile : 70181877 Courriel : librairie_papillon@yahoo.com Site internet : www.librairiepapillon.com FaceBook : papillonnages Mongolie

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L’édito de Guillaume Chérel Évènement : Fête de la Francophonie 2013 Résultats de concours de dictée, poésie, chant, création littéraire. ECONOMIE Joë Cachet (Consul de Belgique) : un parcours hors norme. A la bourse (La société Eurofeu Asia est désormais côtée). Les cow-boys Français (Open-Mongolia). Claude Bodard, le banquier à part... TOURISME Stéphane, le créole d’Oulan-Bator (Mongolia-Evasion). HUMANITAIRE Soeur Lucilla, ou la Whoopie Goldberg de Mongolie. Portraits : Alexandre Balson, l’éducateur au grand coeur. Cédric Bussac (coordinateur d’AVSF). ECOLOGIE Michaela et Greg, le couple anglophone francophone. EDUCATION Classe Flam (Interview de Gilles Fagninou (Bénin)). Bourses d’excellence : interview de Felix Fellmain (Suisse).

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FRANCOPHONIE Pourquoi j’apprends le Français ? Solongo et Ouyanga (libraires à Papillon). Antonio Santos : un québécois en Mongolie. Message du Secrétaire général de la Francophonie (Abdou Diouf). Repères chiffrés.

GASTRONOMIE Guy Bourel : patron du Bistrot Français Alex Bourel : la Boulange d’Oulan-Bator Jacques, le Bourlingueur du Triskell


SOMMAIRE DANSE Sergen Bold, la Diva divine ballerine (Interview)

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MUSIQUE Dj Shaman : un cambodgien adopté par les Mongols.

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MODE Jessie, le styliste venu du chaud...

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MEDIA TV5 Monde

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VIE PRATIQUE He(l)p ! Taxi... Quelques conseils utiles. Le glossaire pour ne pas se faire balader...

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IMPRESSIONS DE MONGOLIE Le Français est une chanson douce, par Sophie Lataillade. Récit d une partenaire Convaincue (Raphaëlle Reisse).

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SPORT Le Rhodia Karaté Club.

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LOGEMENT Où et comment se loger à “UB” (Christopher Gruben, “MAD”).

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LITTERATURE Le loup Mongol et autres textes, par Homéric. L’effet Papillon, par Michel Folco. Papillon... suite, par Patrick Fischman. La reine des Papillons, par Michel Setboun. Interview de Marc Alaux, Ecrivain-marcheur. J’ai découvert un cheval, conte autobiographique de L.Tudev. Interview avec Lodon Tudev. Mais qui est donc Guilaume Chérel ?

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Dire que « Papillonnages », le magazine des francophones de Mongolie, a failli s’appeler « Sous la douche »... Pourquoi sous la douche ? - Et pourquoi pas ?, s’amusait à me répondre Sébastien Marneur, l’initiateur du projet, quand je suis arrivé à Oulan-Bator, à la mifévrier de cette année 2013. - On n’a pas fini de nous poser la question, si on choisi ce titre... - Tu répondras que c’est parce que tu sortais de la douche, quand on a eu l’idée de ce journal, a conclu mon pote-boss, avant qu’il me nomme « rédacteur en chef à vie ». Je sortais effectivement de la douche, après une douzaine d’heures de voyage depuis Paris, lorsque mon nouveau « khan » m’a proposé de lancer le premier numéro de cette nouvelle « gazette de la Steppe », qui devrait devenir un trimestriel… Ou un “collector” en fonction de l’intérêt qu’il suscitera... Inch Al’Marx ! Mais pourquoi, un magazine pour les francophones de Mongolie ? Parce que ça nous plait, pardi ! Et parce que de plus en plus de mongols parlent français. Aussi parce qu’ils sont encerclés de journaux et magazines anglophones, dans tout Oulan-Bator. On refait le coup du village d’Astérix, encerclé par les romains, quoi... Astérix en Mongolie, ça ferait un bel album, non !? Mais revenons à cette histoire de douche. Il n’est effectivement pas toujours évident de se doucher (chaud) sous ces latitudes; sans compter les ruptures de courant et autres surprises de la vie quotidienne : ça m’a fait penser à Cuba. Oui, le Cuba des Caraïbes... Une île peuplée d’hommes « chauds » et farouches et de femmes belles et rebelles. Une population faible en nombre mais forte et fière; soudée comme une horde de loups, ou une armée de guérilléros, cachés dans la Sierra Maestra. Là-bas aussi, à la Havane comme à Oulan-Bator, les douches ne sont pas forcément chaudes, mais les gens sont débrouillards et savent tout réparer. Que ce soit les vieilles américaines, le long du Malecón, comme ici les 4X4 récalcitrants gelés dans la Steppe... Oui, aussi bizarre que cela puisse paraître, la Mongolie est pour moi le Cuba du froid. Tout ne fonctionne pas, dans l’immédiat - comme après la « période spéciale » -, lorsque les russes sont partis -, mais tout fini par s’arranger. Ici aussi, ce ne fut pas facile après le départ des Russes, au milieu des années 90. Les mongols sont connus pour aimer se castagner pour un rien, mais après ils en rigolent. Toujours comme dans les aventures d’Astérix et Obélix... C’est peut-être aussi pour ça que les touristes y viennent de plus en plus nombreux, chaque années, et pas seulement l’été, pour dormir sous les yourtes et goûter au plaisir de monter à cheval dans un paysage grandiose. La Mongolie est un pays à l’hiver interminable mais qui donne chaud au cœur. Sa principale richesse, ce n’est pas son sous-sol, convoité pour son or, ou son uranium, son cuivre, mais c’est sa population. C’est un pays vivant, intense, surprenant, vivifiant, électrique. Les gens y sont francs, directs. Les chauffeurs de taxi chantent sans honte des ritournelles du désert de Gobi... On y boit autant de vodka que de rhum à Cuba. « US Go home ! », disent les cubains... « Les Chinois dehors ! », grondent les mongols. J’aime ce pays depuis mon escale à Bichkek (Tadjikistan), lorsque j’ai vu débarquer cette équipe de lutteurs mongols, courts sur pattes et au regard frondeur, francs du collier. Il suffit de quitter la capitale d’une vingtaine de kilomètres pour aller à la rencontre d’un peuple, nomade, dont le mode de vie traditionnel s’inscrit encore en harmonie avec la nature et le cosmos... Ce, malgré les antennes satellites, les Smartphones, et les panneaux solaires. Mais toujours pas de douche (chaude). Guillaume Chérel (* journaliste-écrivain).


FETE DE LA FRANCOPHONIE 2013 Une splendide réussite… La fête de la francophonie, organisée par l’Alliance Française de Mongolie, en partenariat avec l’A.P.M.L.F., qui s’est déroulée du 20 au 30 mars 2013, s’est achevée au théâtre Blackbox, devant un public nombreux et la chaîne de TV UBS. Le niveau a encore augmenté et il ne fut pas facile de départager tout ces brillants étudiants (et étudiantes...). Alors que les étudiants en langue française ont pu se mesurer dans les traditionnels concours de dictée, poésie, création littéraire et chanson francophone, les cinéphiles ont pu se régaler lors du 4eme festival du cinéma francophone dans les salles de l’Urgoo 2. Ce ne sont pas moins de 8 films qui ont été projetés avec, en ouverture, le film gabonais « Le collier de Makoko » du cinéaste H.J. Komba-Bididi. Le Laos, la France, le Canada, la Belgique, le Luxembourg, la république Tchèque et la Suisse ont également présenté leurs films aux amateurs.Le théâtre n’a pas été oublié avec la représentation, au Théâtre des Arts Dramatiques, d’un monodrame musical « je suis Edith Piaf », joué par l’actrice Ts. Bayansgalan sur une mise en scène de B. Baatar (adaptée de l’œuvre de Nina Mazuri) et une musique de B. Bayarjavkhlan. L’écrivain Guillaume Chérel, quant a lui, a donné une “conférence” à la Librairie Papillon, sur le thème des “Ecrivains voyageurs : les mangeurs de vent », fort appréciée par un public nombreux, qui s’est ensuite rendu au Triskell pour échanger avec l’auteur autour d’un apéro offert par la Librairie Papillon et l’Alliance Française. Un peu auparavant, à l’Opéra National, les étudiants du City Institute ont joué et chanté en français, devant une salle pleine à craquer, un spectacle féerique : « Notre-Dame » d’après Victor Hugo. Les amateurs de photographie ont aussi pu admirer une exposition de photos, dans le cadre d’un concours international de photos 2013, organisé par la Fondation Alliance Française de

Paris. A Ulan-Bator, c’est l’antenne de l’Alliance Française de Mongolie qui a présenté les œuvres des 10 meileurs photographes mongols participant à ce concours, sur le thème des « métiers du Monde ». La cérémonie de clôture, spectacle des talents francophone, a eu lieu le samedi 30 mars, en présence des ambassadeurs membres de l’O.I.F. Représentés en Mongolie, ce, après un discours du secrétaire général de la Francophonie, Abdou Diouf, ex-Président du Sénégal. C’est le merveilleux théâtre Black Box, de nos amis Myagmar, Angarag et Boroldoi redécoré commme un studio de télé, puique la chaîne UBS a enregistré la cérémonie de clôture -, bref, on se serait cru dans une véritabvle émission de « Universe Best Song » (ou “La Nouvelle Star”, en France), deux “shows” populaires qui font rêver depuis des années de nombreux talents en herbe. Le public a pu apprécier les performances de jeunes musiciens, dont la pianiste Solen Zaya Demars, du collège de musique et de danse. Enfin, la remise des prix, très attendue, pour les finales des différents concours de dictée, poésie, création littéraire et de chanson, a eu lieu dans une salle surchauffée à chaque annonce de résultats. L’évènement était animé par la fameuse présentatrice télé Uyanga. Les heureux gagnants sont repartis avec des cadeaux plein les bras : séjours en France, parfums, cosmétiques, livres, objets de déco, dictionnaires, vases… offerts par les partenaires de l’évènement.

Et les gagnants sont… : Concours de la photo: M. Bat-Erdene Baasansuren Concours de dictée : Dulguun Galkhuu Concours de poésie : Anand Khongorsuren Concours de chant : Tengis Baatarsuren Concours de création littéraire : Uyanga Batbayar Félicitations aux gagnants comme aux perdants !


ECONOMIE


JOEL CACHET :

UN PARCOURS HORS-NORME… De la linguistique a la haute finance internationale en passant par la diplomatie, Moscou et Londres

ous avons interrogé M. Joël Cachet, francophone de nationalité belge, Consul honoraire du Royaume de Belgique, directeur de Just Group Finance, C.E.O. de Mercantile House, ex-lieutenant des commandos parachutistes, vice–président de la fédération mongole de cyclisme, propriétaire d’un magasin de V.T.T. (TREK) et membre du conseil d’administration de Caritas Mongolie.


Papillon : M. Cachet, nous n’aurons qu’une seule question. Vous avez 48 ans, qu’avez-vous fait de ces 576 mois et quelques secondes ? Prenez votre temps. Joël Cachet : Commençons a la six milliardième seconde. A l’origine, je suis un simple linguiste. Le dilemme pour moi à 18 ans c’était de me lancer soit dans la philologie, qui considère les langues comme objet d’étude, soit dans la traduction qui utilise les langues comme outil de communication. C’est la voie de la traduction qui l’a emportée. Mon premier emploi je l’ai trouvé fin des années 80 à Anvers dans une des premières “joint-ventures” Belgo-Soviétique qui importait du charbon de Sibérie et du Kazakhstan. Mais mon regard était déjà tourné vers Moscou. Et c’est finalement le Ministère des Affaires Etrangères de Belgique qui m’a donné l’occasion d’entrer dans la diplomatie au sein de L’ambassade de Belgique à Moscou. Bingo ! Le vrai départ pour un voyage qui m’a mené jusqu’en Mongolie aujourd’hui. Le 1er novembre 1990, c’est donc en voiture que j’ai pris la route, pour arriver à Moscou et assister, le 7 Novembre 1990, au dernier grand défilé soviétique sur la place rouge pour ensuite prendre mon poste d’attaché commercial dans un empire soviétique qui avait déjà perdu tout sens de l’orientation. A la recherche d’un métier plus pointu j’ai combiné travail et étude afin de décrocher un Master en finance en 1994. La fin de cette formation coïncidait avec le passage a Moscou de la banque belge KBC à la recherche d’un directeur pour son implantation à Moscovite. Inutile de dire que j’ai sauté sur l’occasion. Enfin, un métier qui me permettrait de participer aux mégas financements des géants russe Gazprom, Rosneft, TNK mais également Rusal, Kazakmys (Kazakhstan) et autres cotonniers Ouzbeks… Ce n’est qu’en 1999 que le nom de la compagnie mongole, « Erdenet Mining Company », me vint aux oreilles pour la première fois; lors d’un comité de crédit à la KBC Bank. En effet, conjointement avec le Crédit Lyonnais et L’ING, nous étions les premiers à financer en 1999 à coups de centaines de millions de dollars le fonds de roulement de la mine de cuivre d’Erdenet toujours détenue à 51% par l’Etat Mongol et 49% par l’Etat Russe. A la fin de mon contrat à Moscou la chance me souriait de nouveau quand la proposition de de rejoindre la KBC U.K. me parvint. En 2000 je déménage donc à

Londres ou la mine de cuivre d’Erdenet devient l’étoile montante du financement structuré des matières premières grâce à son historique de remboursement impeccable même lors des crises les plus profondes. C’est tellement vrai que dans les formations, le mode de financement d’Erdenet est souvent repris comme exemple parfait – un cas d’école - du financement de matières premières. La KBC mise gros sur cette mine et elle devient mon client principal. En 2003, la KBC Bank passe par une phase de restructuration. On me demande de rentrer au pays pour intégrer la KBC à Bruxelles. Enthousiasme très mitigé. Le spectre du cornet de frites-mayonnaise à la belge ne figurait pas vraiment dans mon scenario de rêve. Ce n’était pas le moment. Je ne le savais pas encore mais cette décision de me rapatrier fut le départ d’une nouvelle étape formidable dans ma carrière. Je quitte la KBC et début 2004, Petrovis m’invitent en tant que consultant indépendant en Mongolie pour mettre en place le financement de l’importation et de la distribution en Mongolie de produits pétroliers. Je ne prévois qu’un séjour de trois semaines. A peine arrivé, Petrovis, actionnaire à 50% de la banque Kapitron, me propose dès mon premier jour sur territoire Mongol la position de directeur général de cette banque. Avec une petite pointe d’hésitation j’accepte le défi qui, maintenant, et avec du recul, s’avère être la décision professionnelle la plus risquée de ma carrière. Une école dure, sans merci qui a toutefois le mérite de me plonger dans l’univers de la banque de détail. Etant un homme de produits bancaires bien plus qu’un manager de banque, c’est la galère mais à force de ramer je trouve mes repères. C’est en 2006 que je rencontre pour la première fois mon employeur actuel. Mr. Batkhuu, l’actionnaire unique de Just Group LLC. Son discours, ses vues stratégiques, son ambition patriotique de développer son pays et d’y importer les standards internationaux, tout cela me plait énormément. Dès notre premier entretien, fort de mon expérience en Mongolie, je


suis convaincu de pouvoir amener des solutions qui permettront au groupe de se développer dans les activités couvrant la distribution de produits pétroliers, l’industrie de la viande, le négoce de matières premières et bien entendu, l’activité bancaire. Début 2007, le comité de crédit de la banque Standard Bank basée à Londres accepte d’octroyer une ligne de crédit de USD 10 million en faveur de Just Group qui se forge progressivement un nom dans la City de Londres et se crée ainsi un accès aux financements internationaux. Progressivement, le portefeuille de crédits “ transactionnels” de Just group passe de USD 10 million à USD 200 millions. Deux choses tenaient particulièrement à cœur de Mr Batkhuu : primo, sauver l’industrie de la viande pour garantir l’économie rurale, qui se fragmentait dangereusement ; secundo, il considérait que l’industrie bancaire Mongole ne pouvait continuer de tourner autour d’une seule banque qui détenait depuis 2000 le monopole du service au particulier. Afin de développer l’économie rurale Il fallait donc créer la concurrence et ouvrir un second réseau de succursales dans les provinces. Deux projets “titanesques”, de longue haleine et plutôt de nature “ mission impossible” C’est la grande crise financière de 2008 qui donna

l’occasion à Batkhuu de se lancer dans l’industrie bancaire. En effet, la Savings Bank (Caisse d’épargne) dépourvue de stratégie claire est en 2008 dans une situation extrêmement délicate. Batkhuu décide d’acquérir l’actif battant de l’aile et virtuellement en faillite. Indéniablement, il faut avoir du cran pour se lancer dans ce sauvetage. Il fallait restructurer en profondeur, se séparer d’un nombre important d’employés, bousculer les fondations de cet établissement qui n’était plus que l’ombre de lui même. Batkhuu a sa solution et me propose de reprendre la casquette de directeur général d’une banque mongole pour un second tour. Batkhuu se lance alors dans la deuxième phase du plan: l’acquisition par la Savings Bank de Mongol Post Bank avec son réseau de succursales dans les régions. Inutile de préciser que la Mongol Post Bank était également un canard boiteux à assainir le plus rapidement possible. Toutefois, le management mongol fait bien son boulot et ce qui paraissait impensable il y a quelques années se réalise. La Savings Bank, à caractère profondément mongol, séduit les meilleurs banquiers du pays qui rejoignent massivement l’équipe de management. L’embauche massive de professionnels mongols a permis à cette


banque de passer en un temps record du statut de « cas désespéré » à celui de « réussite exemplaire ». Le 31 Mars 2008 le bilan total de Savings Bank atteignait péniblement 80 milliard de MNT. Le 31 Mars 2013 cette même banque assainie passait la barre du Trillion de MNT (environ 600 millions d’euros) avec 2,4 millions de clients actifs sur une population de 2,8 millions d’habitants. Le réseau compte 500 succursales en régime “online” couvrant toute la Mongolie. Cette incroyable histoire ne se répètera probablement plus. Toutefois, ce qui est plus important ici, c’est le fait que finalement un problème Mongol (deux banques en faillite virtuelle) trouve sa solution mise en place par un management pratiquement exclusivement constitué de Mongols. Indéniablement, Batkhuu a plus que réussi son pari en créant un second réseau bancaire en Mongolie. L’autre secteur clef de l’économie est l’industrie de la viande.

très stricts de la compagnie Rio Tinto et c’est par l’intermédiaire de la compagnie française de catering C.I.S. que la compagnie Oyu Tolgoi nous achète désormais la viande nécessaire pour les 30,000 repas servis quotidiennement à ses 10,000 employés du Gobi. A force de travailler ensemble et de s’apprécier l’un l’autre, C.I.S. et Just Group forment une nouvelle compagnie “E.S.M.” ( Extreme Services Mongolia). Une parfaite synergie où Just Group acquiert un peu de la « French Touch » tandis que C.I.S. se crée une solide plate-forme locale pour consolider son portefeuille d’affaires en Mongolie. La France dispose d’autres atouts indispensables sur le terrain. En effet, Cédric Bussac et Maxime Pernet, travaillent tous deux pour l’O.N.G. Agronomes et Vétérinaires sans frontières (A.V.S.F.) . Avec leur équipe ils sont de vrais pionniers dans la mise en place de la traçabilité et dans l’amélioration de la qualité animale. AVSF, active depuis 8 ans sur le terrain dans la Province d’Arkhangai, a su tisser avec grand La Mongolie compte un chep- succès des liens avec la fédération Lors d’hivers durs (Dzud) jusqu’à tel d’environs 45 millions et la coopérative des éleveurs. Leur 30% des animaux périssent. Ces pertes créent un exode d’animaux. C’est une culture objectif est d’améliorer le quotidien des rural vers la ville d’Oulan-Bator nomadique avec des éleveurs paysans en les faisant plus amplement et les problèmes sociaux qui qui misent plutôt sur le nombre participer aux profits de la vente de en découlent. Pour endiguer ce leurs produits. Cette approche plait que sur la qualité. phénomène Il faut absolument énormément à JUST GROUP. L’idée mettre des pôles économiques et est la suivante : si l’éleveur, aidé par A.V.S.F. et la commerciaux en place dans toutes les régions. coopérative locale, parvient à fournir un animal entrant Créer de l’emploi dans les aïmags et ouvrir le pleinement dans les critères de traçabilité il bénéficie marché international pour la viande mongole ; c’est d’un bonus. exactement l’objectif de Just Agro LLC qui a débuté La fédération, la coopérative, A.V.S.F. et Just Agro ce travail énorme dès l’année 2002 avec l’achat des constituent l’ensemble de la chaîne : de l’éleveur au premiers abattoirs régionaux. L’idée est simple : afin consommateur. de devenir la référence en Mongolie il faut acquérir Mais notre souci de la qualité ne s’arrête pas là. A une masse critique dans l’industrie et puis s’atteler l’autre bout de la chaîne, Just Agro a engagé un à la tâche de la mise en place des standards. En professionnel de l’industrie de la viande, Mr. Michael 2009 Just Agro LLC gère 12 abattoirs. En 2010 on Benker, qui nous aide à former nos bouchers, à entame la formation du personnel et on investit valoriser les carcasses par une meilleure découpe et dans l’équipement de décontamination et d’hygiène à sélectionner les morceaux nobles pour les écouler nécessaire dans le cadre des standards HACCP. dans les points de vente haut de gamme. En décembre 2011 la SGS (Société Générale de En conclusion, je voudrais dire que c’est pour moi surveillance) nous certifie HACCP. un privilège d’être le compagnon de route de projets Cette certification est un nouveau départ pour Just aussi fascinants. Et c’est la Mongolie qui m’en a Agro. On a un nouveau client ! Une pointure ! En donné l’opportunité. Merci donc. effet, on répond désormais aux critères sanitaires Propos recueillis par Namuunbaigali Ganbold



EN BREF… A la bourse La société française Eurofeu Asia est désormais listée sur le marché boursier mongol (MSE :SOI), devenant donc une compagnie publique ayant accès aux marchés financiers nationaux et internationaux. Depuis la création de la bourse, c’est la première fois qu’une société étrangère sort d’un cadre F.I.F.T.A. pour entrer au M.S.E. (Mongolian Stock Exchange). Cette entrée c’est faite dans le cadre d’un « Reverse Take Over » (R.T.O.), ce qui constituait également une première nationale, comme l’a souligné le président de l’association des agents de change

mongol lors de la conférence de presse organisée pour l’occasion dans les salons de la Blue Sky Tower par les cabinets Ressource Capital et Origo Partners. Ces deux cabinets de conseil d’origine hongkongaise et américaine ont monté l’ensemble de l’opération pour le compte des actionnaires français d’Eurofeu Asia. Dans un premier temps, environ 650,000 actions ont été mises sur le marché pour une valeur de 2,4 millions de US$. Depuis,L’action s’échange bien et sa valeur est en hausse constante.

LES COWBOYS FRANCAIS

pen-Mongolia est une société Française crée par Antoine Guérin, avec Romain Nègre et Bolortuya. Ils travaillent (entre autres) pour l’amélioration génétique des races bovines. Chez Open-Mongolia, on travaille dans trois secteurs : agronomie-agriculture, construction (architecture, design) et infrastructures (route, pont, ect...). Les mines n’intéressent pas nos deux amis Français, Antoine et Romain : « On ne pense pas que l’avenir, à long terme, de la Mongolie soit là, précise Romain Nègre, qui s’occupe plus particulièrement des routes et des ponts. Antoine Guérin, lui, travaille sur les dossiers agro et agriculture. C’est lui qui a réalisé les premières importations de vaches françaises en Mongolie, entre 2011 et 2012 (environ 800 au total et par Boeing 747 spéciaux). Des limousines et des Montbéliardes : « Il faut savoir qu’il y a peu de diversité de races bovines mongoles : ce sont des vaches rustiques et petites. Elles résistent bien au froid mais elles produisent peu de lait et on peu de viande sur les carcasses. Aujourd’hui

la Mongolie aimerait être auto suffisante pour sa production de lait, ce qui n’est pas le cas. Elle aimerait aussi exporter sa viande. Ils ont besoin d’améliorer la génétique des races mongoles. L’importation de vaches vivantes est une solution : on fait venir les « limousines » qui seront mixés avec des vaches mongoles. Il n’y a pas vraiment de race mongole, car il y a trop de consanguinité dans les bovidés. Ici, ils voudraient faire de l’industriel mais il y des problèmes de pâturage. Nous avons une grande diversité de races bovines en France : la Tarentaise, par exemple, que l’on trouve dans nos montagnes, est une super race pour la Mongolie parce Nous commençons par qu’elle résiste au froid. les semences végétales Nous aidons les mongols à créer les infrastructures.

jusqu’au moment où on amène la bête à l’abattoir ».

Propos recueillis par G.C


CLAUDE BODART

Un

anquier Pas

Comme En Mongolie depuis 3 ans, Claude Bodart travaille pour une banque un peu spéciale, puisqu’il s’agit de la Banque d’Asie de Développement, un organisme financier de... « développement », comme son nom l’indique, et pas d’une banque commerciale.

« Les gouvernements eux-mêmes sont propriétaires de cette banque, explique Claude Bodart. Les Etats détiennent des actions. On prête de l’argent aux pays émergents à des taux préférentiels. En plus de l’aspect financier, nous proposons un appui technique. C’est presque du service de consultant. Et pas seulement depuis l’Asie, mais aussi des EtatsUnis, de France, d’Allemagne, etc. », nous explique ce francophone de nationalité allemande... « Mon père est Belge, ma mère allemande mais j’ai passé la plus grande partie de mon enfance en France. J’ai un passeport allemand mais mon cœur est très français. Je suis en charge des programmes pour les secteurs sociaux dirigés vers la santé (et la protection sociale). On développe des projets avec les gouvernements. Qui empruntent de l’argent à notre banque pour des projets de développement. Je suis ici depuis janvier 2010 mais je travaillais déjà avec la Mongolie, à distance, depuis 2006. Notre siège social étant à Manille, je venais souvent en Mongolie. Nous avons décidé avec ma famille (mon

es Autres... épouse est japonaise) de venir vivre ici (nous avons une fille qui suit les cours de l’école FLAM). Nous sommes une quinzaine de techniciens, avec le personnel de soutien ça fait une trentaine de personnes en tout. Lorsque j’ai été recruté, mon secteur de l’Asie de l’est concernait deux pays : la Chine et la Mongolie. J’ai aussi quelques projets en Chine... J’ai été charmé par la Mongolie, dès que je suis venu ici. J’ai eu la chance de visiter les zones rurales et on y découvre des paysages et des gens qu’on ne peut voir nulle part ailleurs. Il faut sortir d’Oulan-Bator. La moitié de la population vit dans des zones rurales... Il y a une disparité entre le milieu urbain et le milieu citadin de la capitale. » Claude Bodard se dit heureux de parler Français dès que possible : « La langue que nous pratiquons dans la banque est l’anglais mais comme ma première épouse était française (j’ai fait deux enfants avec elle...), je suis resté très attaché à la langue Française. J’ai deux enfants qui vivent dans la région de Perpignan. Je me sentais français quand j’étais petit ». Claude Bodart connait Michaela et Gregory, que nous avons interviewé (voir plus loin), non seulement par l’école FLAM, où leurs enfants sont scolarisés, mais aussi via l’OMS, puisqu’il a souvent travaillé avec eux dans le domaine de la santé : Avant 1990, le système de santé soviétique


couvrait tout le monde mais tout ça est tombé en désuétude, pendant la « transition ». Le gouvernement mongol continue à faire beaucoup pour la santé mais ça devient plus difficile. Les gens ont gagné en liberté d’entreprendre, ils le disent eux-mêmes, mais ils ont perdu en sécurité de l’emploi, secteurs sociaux, etc. » Autrement dit, les riches sont pour le libre marché mais le gouvernement commence à se rendre compte que les disparités sociales se creusent. Ils ne veulent pas que les pauvres deviennent de plus en plus pauvres, comme dans le reste du monde. Il y a une prise de conscience chez certains politiques. La question est : qu’est-ce qu’on veut comme société ? Une société équitable ou le chacun pour soi ? Il faut un emploi pour tout le monde. Ici, 30 % de la population est pauvre. Alors que la projection de croissance est d’environ 16 % cette année, ce qui en fait l’un des pays avec le plus fort taux de croissance. Entre 30 à 40 millions de dollars de prêts ont été alloués pour la santé... Mais le gouvernement vient d’emprunter 1 milliard et banques commerciales et des fonds demi de dollars (d’obligations, de pension. Les projets ne sont pas garantie par l’Etat) pour des projets prêts... ils se disputent entre eux... La rue commence gigantesques qu’ils tentent de faire aboutir Nos projets vont surtout à gronder. Du coup gouvernement trop vite, du coup ils en direction des systèmes le les doivent rembourser de santé. Il ne s’agit pas accélère 200 000 dollars par de maladies... Mais de la projets et pour cela jour, ce qui représente protection, de l’assurance c o u r t - c i r c u i t e n t les procédures une école qu’on maladie, du financement d’appels d’offres pourrait construire un de la formation du per: ça provoque de peu partout dans le pays en milieu rural. sonnel, l’organisation des la corruption. Ils services de santé, etc. donnent des contrats Or, ils remboursent directement à des des intérêts pour rien, pour l’instant, à des

entreprises : ce qui fait que le prix d’une route coûte de 50 à 70 % de plus que le prix normal. Cette situation est ce qui ronge tous les pays qui se développent très vite. Tout va dépendre des politiciens. Si les oligarchies l’emportent, les pauvres vont rester pauvres. Il va falloir du temps pour que ça change. Ici, comme ailleurs, l’argent est en train de provoquer des ruptures entres riches minoritaires et pauvres majoritaires. Sans oublier le nationalisme qui augmente ». Propos recueillis par Guillaume Chérel


LE CREOLE D’OULAN-BATOR oresponsable de l’agence Mongolie Evasion, Stéphane Theatin (35 ans) est sans doute le seul créole d’Oulan-Bator. Stéphane Theatin (35 ans), de la Guadeloupe, né à en russe. Pointe-à-Pitre, mais à toujours vécu à Morne-àOn prépare la logistique : chauffeur, guide, etc. Il se l’eau. Parti en métropole pour les études en 2002, il passe toujours quelque chose pendant les voyages: avait 22 ans... Étudiant en mathématique et physique, ça fait partie du charme de la Mongolie. Que ce soit il continue ses études à Nancy. une voiture coincée dans une rivière ou autre. Mais « J’ai rencontré ma future femme mongole, en jamais rien de grave. Nous travaillons avec une famille résidence universitaire, raconte Stéphane. Et au 5e d’éleveurs dont le père, le chef, aime rencontrer des étage, j’ai rencontré cette fille de Mongolie, Anya, une gens nouveaux. Il y a une rétribution financière mais ils femme à part... Elle a été surprise que je connaisse son n’ont pas besoin de nous. Ils choisissent. La plupart pays et Gengis Khan. On est restés ensemble depuis des touristes sont surpris de découvrir Oulan-Bator, dix ans. Elle était étudiante en Français et Russe ». eux qui rêvaient de Yourtes et de grands espaces : Stéphane a choisi de la rejoindre en Mongolie en UB c’est la Yourte, le foyer au milieu de la Steppe... 2006 et 2007 : « La première fois, c’était l’été, alors L’esprit de notre agence, c’est respect et l’ouverture c’était supportable. J’ai observé ce pays en plein d’esprit. Les français sont souvent râleurs... Nous développement, avec des routes défoncées et de accueillons des groupes de 4 à 5 personnes. Il se noue grandes centrales : j’ai tout fait pour ne pas porter de souvent de belles amitiés entre les guides mongols et jugement mais juste constaté ce que je voyais. C’était les touristes qui les invitent à venir les voir chez eux. » intéressant parce c’était quasiment l’antithèse de chez Stéphane cherche du travail ici, à Oulan-Bator, ou en moi : pas de mer, peu d’arbres, le froid, etc. L’important France, tout en donnant un coup de main à Mongolie n’est pas où tu vas, mais avec qui tu es. Nous avons Evasion, pour la saison d’été qui se profile. Tout souvent été séparés. Ma femme était dépendra de la manière dont les choses guide, quand je l’ai rencontré. Elle avait vont se passer, dans les mois qui viennent : monté son agence, Mongolie Evasion. Nous sommes revenus rester ou partir... « La plupart de mes relations J’y ai participé en travaillant sur le site, à Oulan-Bator, mais ma sont francophones, à Oulan-Bator. Des ou en donnant un coup de main. J’ai gens qui ne se parleraient pas en France, femme est en France en se fréquentent ici. C’est intéressant. Nous fait quelques missions dans l’énergie en Mongolie, dans le secteur économique, ce moment pour préparer avons comme socle la langue et la culture. la saison touristique de Mais je ne me force jamais à aller vers les à la faveur d’un stage. Depuis que nous cet été, qui commence gens qui ne me plaisent pas... ». avons fait un enfant, nous sommes rentrés en France. Je parle français et en mai. Propos recueillis par G.C créole à mon fils. Ma femme lui parle en mongol et Site internet: www.evasion-mongolie.com


Humanitaire


SŒUR LUCILLA

La

hoopi oldberg de Mongolie

Soeur Lucilla Munchi (43 ans), originaire du Cameroun, est en Mongolie depuis l’an 2000, pour apporter son aide aux femmes en difficulté de la banlieue d’Oulan-Bator (Bayan-Khoshuu), via l’association Caritas Mongolia. Elle qui voulait aller au Guatemala ne parle plus de partir d’ici... avant ? Dieu seul le sait ! Lucilla (Lucille, pour les intimes), c’est avant tout un grand rire communicatif. Sa ressemblance avec l’actrice américaine, Whoopi Goldberg, s’arrête là. Car, cette catholique camerounaise (de la Congrégation des sœurs missionnaires du cœur immaculé de Marie) a sa propre personnalité et elle sait ce qu’elle veut : « Je suis ce qu’on appelle une « missionnaire » mais je n’impose rien, et on ne m’impose rien non plus. » Lorsqu’on lui a proposé d’aller en Mongolie, alors qu’elle avait fait le vœu

d’aller au Guatemala, Lucille s’est demandé si on voulait la sanctionner pour quelque erreur commise... Elle avait même appris l’espagnol. La Mongolie n’était qu’en deuxième position mais depuis elle ne regrette pas. Sa supérieure générale lui a provoqué un choc (thermique) lorsque cette africaine a appris qu’elle irait dans ce pays si froid et si lointain. Elle en rigole encore, comme si elle avait joué dans le film « Rasta Coquette ».. (Cf. « Rasta Rocket , sur les jamaïcains qui font du bobsleigh) : « Sur le coup, je me

suis révolté mais je n’ai rien pu faire contre ce choix...». Il faut imaginer l’arrivée de cette originaire de Bamenda, partie anglophone du Cameroun, pas très loin de Yaoundé, la capitale, pour comprendre le courage de ce petit bout de femme énergique : « Au début, je trouvais que les mongols ne riaient pas beaucoup mais il faut dire que j’avais à faire à des gens en difficulté. »J’ai eu à faire à des enfants violés par des adultes alcoolisés à la vodka, et des femmes battues. »


Congolais. Il y a aussi un sénégalais de l’Unicef... Tous francophones. Sa structure, Caritas, procure une famille et l’amour que les Les missions durent 3 enfants des rues ou les ans en moyenne, mais femmes battues n’ont pas reçus. Les enfants sont quand elle a eu la posscolarisés et certains sont Il faut dire qu’elle sibilité de partir... elle à l’université. Certains, s’est attachée, est finalement restée. devenus adultes, ont un d’abord aux enfants des rues, puis aux adultes boulot et vivent aujourd’hui comme mongoles. Depuis un an, elle travaille tout le monde; si l’on peut dire. avec les femmes en difficulté de la Lucille ne fait pas de prosélytisme. banlieue d’Oulan-Bator., à Bayan- Elle se fiche de savoir si ceux à Khoshuu, où beaucoup de gens qui elle apporte son soutien sont qui viennent de la campagne se croyants ou pas. D’autant plus que retrouvent pour survivre après avoir ce n’est pas un pays de culture perdu leur troupeau, généralement. chrétienne, mais plutôt bouddhiste. Ils fuient la misère et cherchent du Elle donne de l’amour et les gens en font ce qu’ils veulent et peuvent. réconfort. Lucille s’appuie sur les francophones En ce moment, nous apprenons aux pour régler des problèmes ; la femmes à coudre dans des ateliers discipline par exemple : « Les où elles fabriquent des vêtements enfants étaient parfois très durs, et des chaussures, babouches, alors Seb venait remettre de l’ordre chaussons, etc. Les machines à et les enfants au garde-à-vous. coudre viennent de l’ambassade Il sait bien faire ça et les enfants d’Allemagne. Faute de place, elle l’écoutent. ». Elle a pour modèle ne peut pas accueillir plus de 15 Sœur Thérésa et Sœur Emmanuelle, femmes à la fois : « Mais certains mais avec sa propre personnalité : hommes me suivent et veulent «Je n’ai pas de robe de bonne sœur aussi apprendre à fabriquer des parce qu’elle s’est envolée avec le vêtements : ça leur fait parfois un vent ! », rigole-t-elle. Elle se sent deuxième métier. On les forme plus proche en s’habillant comme et le but est qu’ils ou elles soient tout le monde. Sa couleur de peau autonomes et continuent à fabriquer n’a pas eu l’air de poser problème : des vêtements chez eux, ou en « Il y avait déjà « Pierrot », un autre coopérative. » Lucille bénéficie père africain, et Patrick est venu de l’aide de la Communauté après, vers 2002. On ne m’a jamais européenne et des bons samaritains repoussée ici en Mongolie. Je suis locaux. peut-être « j’menfoutiste » mais j’ai Après la visite des ateliers, Lucille été reçue partout. Même à 800 km nous a emmenés visiter les serres où d’ici, dans une famille de nomade les mongols du quartier apprennent qui m’a reçue chez elle. » Il y a quatre à faire pousser des légumes, autres africains sur « UB », deux malgré le climat rude : patates, RDC (République Démocratique brocolis, tomates, concombres, du Congo), un Béninois et un poivrons, et peut-être des choux-

fleurs, à l’avenir. En ce moment, Lucille touche une cinquantaine de personnes en tout, par intermittence. Ce qu’elle vise, c’est un travail de fond. Que ses amies deviennent autonomes. Alors, elle aura rempli sa mission. Lucille se dit heureuse. Elle parle le mongol couramment. Elle pense néanmoins qu’elle va bientôt partir après treize ans passés ici : « Le moment est venu. Un cycle se termine. Je ne me retrouve plus dans la Mongolie actuelle, par rapport à celle que j’ai connue. Quand je suis arrivée, j’ai retrouvé la chaleur humaine de mon pays. On est très bien accueillis ici. C’est en train de changer un peu, dans la capitale. ». Guillaume Chérel (*).La Librairie Papillon proposera les produits fabriqués par ces femmes du 2 juin au 14 août. L’intégralité des recettes sur les ventes sera reversée a l’association de Sœur Lucille.


ALEXANDRE BALSON

éducateur au grand cœur Alexandre Balson (32 ans) viens de Toul, près de Nancy. Est arrivé en Mongolie en train... depuis la France, août 2011. TER Lorraine, puis Corail jusqu’à Strasbourg, un train de nuit jusqu’à Berlin, puis train de jour jusqu’à Moscou et le Transsibérien jusqu’à Oulan-Oude, et un bus jusqu’à Oulan-Bator, soit trois semaines de voyage.

Venu une première fois, lors d’un voyage autour du monde. S’était arrêté et avait donné de son temps, bénévolement, comme il le faisait partout dans le monde, avec de des enfants sur des camps d’été. Educateur « spécialisé » de formation, il donne de son temps pour les enfants en difficulté. Il s’était spécialisé en sport handicapé, et la demande d’asile... Puis il découvre les enfants handicapés d’OulanBator. Alexandre rencontre l’équipe de

Lotus (Orphelinat, créée par une Australienne, depuis 1993), qui travaille avec les enfants handicapés depuis des années déjà. Ils cherchaient quelqu’un, j’ai accepté. Et maintenant j’ai envie de rester. Car tout est affaire ici dans le domaine du travail social, en général. On s’occupe de 80 enfants. Ce sont des donateurs privés qui aident Lotus. Depuis qu’il est arrivé, il a des idées de développement du travail social. Il aimerait créer un réseau, donc Lotus ferait partie. Il pense surtout

aux enfants... Il ne veut pas quitter la Mongolie, malgré une proposition à 2 millions de salaire mensuel, pour devenir commercial... aSes hobbys : course de demi-fond et vélo. Il a fini 9e du marathon d’Oulan-Bator sans ravitaillement Il courait pour récolter de l’argent pour les enfants dont il s’occupe. Il est coordinateur de la classe FLAM (Français Langue Maternelle). Son credo : plus je donne, plus je reçois. Propos

recueillis

par

Guillaume


C O O R D I NAT E U R D E L’ A . V. S. F. D E M O N G O L I E

CEDRIC BUSSAC

ngénieur, Cédric Bussac (36 ans), originaire de Bergerac (Dordogne), près de Bordeaux, a débarqué à vélo en Mongolie... Parti de Bangkok (Thaïlande) en janvier 2009.

Faisais 15 kg de moins à l’époque... Venait de parcourir 9000 km, avec sa copine journaliste de nationalité Indienne, avant d’arriver à OulanBator. C’était le début de l’hiver, fin d’automne : ils se sont dit qu’ils allaient attendre de pouvoir repartir... Et ils sont encore là depuis octobre 2009. Equipe de 3 personnes sur UB avec un « expat » et 2 mongols. Et en Arkhangai, une dizaine de personnes, dont 2 expats. « Au début, ça me déprimait Oulan-Bator. Je pensais repartir avec l’éclosion des premiers papillons, et le printemps est arrivé et on a décidé de ne partir qu’un an après. Parce que nous avions tous les deux noués des contacts. Deux ans après, au moment de partir, on s’est dit que ce qu’on avait entrepris méritait d’être continué; en Mongolie, je veux dire. Il n’était pas question de laisser en plan des projets en cours. Au printemps 2011, on a donc décidé de rester et cette année on prévoit à nouveau de partir au moins de juin... A moins que. AVSF (Agronomes et Vétérinaires sans Frontières) est une ONG

la santé : il s’agissait de travailler avec des groupes d’éleveurs sous la forme de G.D.S. français, pour améliorer les services de santé animale. Cédric est arrivé en 2009. A l’époque, ils travaillaient avec de gros éleveurs de la coopérative d’Arvijin Delgerekh, des éleveurs de yaks des montagnes du Khangai. Il a commencé à lancer des campagnes de « déparasitage » du bétail. Les mongols faisaient ça à l’époque des Russes. Avec nous ils sont sûrs que nos produits ne sont pas des faux chinois, ou que leur bétail ne va aller se mêler à d’autres troupeaux non traités. L’idée est de créer un groupe d’une vingtaine à soixante éleveurs qui déparasitent tous leurs animaux. A la base, Cédric était spécialisé dans le textile. On lui a proposé de travailler Nous défendons un sur le potentiel de développement et de Nous travaillons certain modèle de avec des éleveurs subsistance, mais pas valorisation des fibres à s e m i - n o m a d e s , complètement coupé des base d’animaux du cru : chameaux, moutons, avec une forte réalités économiques. cashmere, yak, etc. valeur traditionnelle, Il a commencé une étude et s’est identitaire et culturelle. AVSF a commencé ses activités en spécialisé sur la fibre de Yak ; peu Mongolie, en 2004, par le biais de connue, belle fibre technique, avec française qui s’appelait, au départ « Vétérinaires sans Frontières) au Mali (Afrique), dans les années 70. Le responsable financier actuel d’AVSF un un ancien de la Confédération Paysanne, de José Bové. Il travaille avec des vétérinaires, des agronomes, des zootechniciens (des économistes agricoles, des forestiers…). AVSF a des missions dans vingt pays dans le monde, plus de 70 projets, budget annuel de 14.5 millions d’euros. Nous sommes des professionnels de la santé animale, de l’élevage et de l’agriculture qui mettent leur compétence au service de populations rurales et d’une forme d’agriculture familiale. Il ne s’agit pas de développement industriel et intensif de l’agriculture.


un fort potentiel à différents niveaux. Je leur ai proposé de monter une coopérative, mais eux entendaient ça à la Russe, comme avec les sovkhozes et kolkhozes... ça n’a pas été facile de les convaincre. Ils pensaient que l’Etat allait avoir la mainmise alors que c’est justement le contraire. C’est une association démocratique avec répartition des bénéfices. Il a fallu expliquer tout ça. C’était l’hiver 2010 : ça fait maintenant 3 ans qu’elle fonctionne et ça se passe très bien. Nous pré-commercialisons les fibres de Yak qui sera produite pendant la campagne 2013. Il s’agit de « duvet » de Yak, donc de la matière semi-transformée. On exporte ça en Europe pour des pelotes de laine à tricoter, haut de gamme, ou des produits de luxe. Notre stratégie est que l’élevage nomade traditionnel en Mongolie soit une activité durable donc rentable pour ses acteurs. Nous ne

sommes pas là pour promouvoir l’élevage intensif. Cet élevage semi-nomade extensif est pour le moment la meilleure façon que l’homme ai trouvé d’exploiter la Steppe qui est un milieu naturel très fragile. On défend une culture, une identité, des traditions. La première composante est la gestion durable des pâturages. On aide des groupes d’éleveurs à s’organiser. On ne laisse pas pâturer les bêtes sur le pâturage d’hiver pendant l’été, par exemple, sinon c’est râpé pour l’hiver. On défini des dates de transhumance, etc. On s’entend avec les autorités locales pour signer un droit d’usage pour tel ou tel groupe d’éleveurs; Ainsi, si une compagnie minière débarque, les éleveurs pourront mieux se défendre avec leurs documents. Autre composante de nos programmes : améliorer la productivité des animaux, ce qui veut dire la qualité sanitaire des

animaux et l’amélioration génétique des troupeaux. On travaille avec le gouvernement qui a mis en place un grand programme national d’éradication de la Brucellose : c’est une des maladies transmissibles à l’homme (zoonose). La Brucellose, fièvre aphteuse, tuberculose, pour ne citer que les plus répandues. Tant que le pays ne sera pas reconnu indemne de ces maladies, on aura des difficultés à exporter sa viande, et surtout à un prix attractif. Cela représente un cheptel de 50 millions d’animaux, tout de même. On travaille aussi au plan de reproduction pour qu’ils améliorent la productivité de leur troupeau. On explique aux éleveurs l’intérêt de suivre nos programmes, afin de sélectionner les meilleurs mâles et femelles, en résumé. On leur donne des outils de connaissance, ensuite on les accompagne dans la réalisation pratique. Il s’agit aussi de sélectionner les animaux : inutile de garder les vieux animaux... pour l’abattage. On les aide aussi à la mise en place de filières spécialisées, comme le duvet de yak, par exemple. Les animaux peuvent désormais répondre à un cahier des charges de qualité. Nous faisons aussi de l’horticulture, du maraichage, avec des populations plus sédentaires. Cela concerne ces populations d’anciens éleveurs devenus chômeurs parce qu’ils ont perdu leur bétail à cause des intempéries (Dzud). On développe les coopératives et les associations d’éleveurs pour qu’ils puissent défendre leurs droits face aux autorités locales. Ce qui a changé, c’est qu’avant les années 90, c’était un système soviétique. Tout était planifié, régulé, sans but de


rentabilité. Mais ça produisait quand même, avec un service vétérinaire gratuit... La paupérisation des éleveurs augmente parce la Mongolie est entrée dans le système capitaliste moderne. Avant, ils étaient en autarcie. Ils n’avaient quasiment besoin de rien de l’extérieur. Aujourd’hui, ils sont entrés dans le libreéchange... Les gens doivent payer pour que leurs enfants aillent dans de bonnes écoles de la capitale, ils achètent des voitures, l’université est devenue payante. Les éleveurs, qu’ils le veuillent ou non, sont entrés dans le système capitaliste : ils vendent leur production. Ils achètent des motos, donc de l’essence. Ça devient plus dur pour les petits et ils sont encore isolés. On essaie de leur donner les armes pour s’adapter. On ne leur impose rien à l’AVSF, on leur fait des propositions, on les mets sur la voie. On se réuni et on leur demande ce que sont leurs besoins... Pour chaque problème, on cherche une solution. C’est interactif. On les appuie. Ça prend du temps mais nous travaillons enfin, depuis 2006, avec une Fédération d’éleveurs structurée. La coopérative exporte son duvet de yak... ça avance. Ce segment à triplé. Nos bailleurs sont importants : c’est vous, c’est moi, c’est à dire l’Union européenne, donc la France. Une partie des impôts payés en France servent à aider les nomades de Mongolie.... Nous travaillons sur le durable, le moyen et long terme. On essaie de leur faire intégrer les arguments environnementaux. Donc la qualité au détriment de la qualité, alors qu’en général on fait le contraire. Les éleveurs de Mongolie ont encore trop tendance à privilégier la quantité sur la qualité. Il s’agit de concurrencer le cashmere chinois sur la qualité en faisant savoir que la production n’a pas contribué à la dégradation de l’environnement, ni à la désertification de la Steppe... Ils ont envie de ça : on rêve d’une marque de luxe qui veuille prendre en compte tout ces arguments. C’est une filière opaque en France. Or, ici, on


N COUPLE D’ANGLOPHONES FRANCOPHONES D’origine Suédoise et allemande... l’Américaine Michaela Pfeiffer (39 ans) travaille pour l’OMS, basée à Genève, comme cadre technique dans le secteur de l’environnement. Elle a suivi son mari, Gregory Hess (41 ans), Canadien, en mission d’un an en Mongolie, pour « Tree Global ». Lui, dans le domaine arboricole (il lutte contre la déforestation). Elle, dans le département de la santé publique et environnement. En ce moment elle travaille sur l’impact sur l’environnement et la santé provoqués par les recherches minières et pétrolières

Papillon : Comment se fait-il que vous parliez si bien Français ? Michaela Pfeiffer: J’ai appris le Français à l’école, parce que j’étais attirée par sa culture. Puis j’ai vécu quelques mois en France, à la Baule, au bord de la mer... Gregory Hess: J’habite à Toronto, où l’on parle anglais, mais il y a des cours d’initiation au Français, car le Québec est tout près et... fait partie du Canada. Puis j’ai voulu continuer, mais je parle moins bien que ma femme. Nous avons appris le Français parce qu’on aime la culture Française, tout simplement. Comment avez-vous fait pour venir en Mongolie en même temps que

votre mari ? Michaela: Nous vivions à Genève (Suisse) et on s’est dit que c’était le bon moment de bouger et de faire découvrir autre chose à nos trois enfants (8 ans, 7 ans et 10 ans, deux filles et un garçon). Ils sont ravis et scolarisés à l’école Internationale et apprennent le Français à l’Alliance Française qui héberge l’école FLAM. Ils sont habitués parce qu’on parle le français à Genève. Oulan-Bator, c’est tout le contraire de Genève, très calme et protégée... Ils vont découvrir que la vie, ça peut être différent. Je suis attachée au bureau d’Oulan-Bator, mais toujours en relation avec nos bureaux de l’OMS à Genève.

Quelle est votre spécialité, votre formation, la base ? Michaela: Les sciences : chimie et biologie. Après j’ai fait un Master dans la Santé publique à Londres. Sinon, j’ai grandi et vécu près de New York, dans le Connecticut. J’ai connu mon mari grâce au secteur humanitaire, via l’OMS. Il a travaillé à Sarajevo (ex-Yougoslavie) pendant la guerre.... Nous avons aussi travaillé dans les territoires palestiniens, pendant trois ans ; dans le secteur du développement. Gregory : Je travaille dans le domaine des arbres, actuellement, mais j’ai fait mes études dans le domaine de la santé publique. J’ai travaillé pour l’O.N.U. et l’O.M.S.


pendant 8 ans. Puis je me suis tourné vers l’Humanitaire, comme consultant. Comme ma femme, je travaille dans l’Humanitaire parce que nous écoutons notre cœur. On pense qu’on ne peut pas vivre de manière équilibrée si on ne pense qu’à soi. J’ai ainsi passé 3 ans à Sarajevo pendant la guerre, comme en Palestine et en Irak ; toujours avec l’O.N.U., pour la Santé Publique. Comment se passe votre vie en Mongolie et que faites-vous exactement ? Michaela: « Nous sommes plutôt du genre optimistes, donc malgré les difficultés nous avons conscience d’aider un pays au début de son développement économique. Je travaille sur l’impact des mines par exemple sur la population locale : ça peut être la pollution ou le fait que les nomades viennent s’agglutiner pour chercher du travail dans les faubourgs d’Oulan-Bator. Gregory: Et moi je suis peutêtre le seul Canadien non bûcheron qui fait pousser au lieu de les couper... C’est passionnant de travailler ici. Je vais laisser mes équipes sur place et revenir souvent. Moi, j’ai voulu faire du business mais avec un impact sur l’environnement et l’Humanitaire. J’ai trouvé des budgets pour développer de nouvelles techniques de pépinières visant à améliorer la pousse des arbres. Leur taux de croissance, quoi, quatre fois plus rapide que le système traditionnel... sans OGM, je précise. Tout est naturel. Car il y a un gros problème de

déforestation en Mongolie, comme partout dans le monde. Ils perdent 80 000 hectares chaque à année dans les forêts du Nord et 140 000 hectares dans le désert de Gobi, toujours par année. Pour le bois, bien sûr, et à cause des incendies. Il y a peu de régénération naturelle parce que les animaux mangent les racines. Ce ne sont pas des forêts comme chez nous, mais des bois de « zac », sortes d’oliviers assez petits. C’est un bois très dur mais qui pousse vite. C’est un bois tordu,

pas très haut, avec des racines très profondes. Nous travaillons avec le Ministère de l’environnement. Nos serres (ou pépinières) géantes sont installées près de la ville (5 au total), dans le Nord. Nous arrivons à faire pousser 500 000 arbres par an. Je vais souvent sur place, mais j’envoie aussi mes équipes mongoles planter dans la campagne. C’est un projet à moyen et long terme. On veut attendre 5 millions d’arbres par an... Nous avons, outre, le gouvernement, des mines qui sont intéressées par

nos arbres. Est-il vrai qu’Oulan-Bator est une des 3 villes les plus polluées au monde ? Quelle est la cause ? Michaela: C’est vrai – la 2ème oui - mais pas à cause des centrales thermiques de charbon. C’est surtout l’utilisation de charbon dans les maisons individuelles et les yourtes en banlieue. Il faut aérer les maisons. Quand il y a du vent, ça va. Nous avons un appareil, chez nous pour purifier l’air. Il faut quitter la ville de temps en temps. La qualité de l’air est surtout mauvaise en hiver et surtout la nuit ; mais l’été ça va. Comment voyez-vous l’avenir de ce pays ? Michaela: C’est une période compliquée. Le gouvernement mongol veut développer le pays mais ils ne sont pas prêts à tout pour ça. Ils résistent aux grandes compagnies, par nationalisme, mais ils devront faire des compromis. Ils sont fiers... Et ils sont éduqués, informés, donc ils ne se laissent pas faire par les businessmen. Pensez-vous rester? Michaela et Gregory: Nous allons garder notre base à Genève mais nous pensons revenir en Mongolie après nos missions qui s’arrêtent cet été en juillet. Nous ferons des allers et retour car nous travaillons aussi avec d’autres pays, comme la Thaïlande et Madagascar. Ce pays est passionnant mais nous avons d’autres projets en tête. Propos recueillis par Guillaume Chérel


·Service de logistiques pour Centrales Minières ·Service de traiteur pour Camp miniers. ·Construction. ·Service complet de campement.

Fondé en 1990, cette société indépendante propose son expérience acquise dans le monde entier au service des entreprises installées en Mongolie.

Adresse : suite 09, Bagatoiruu-44 Sukhbataar district, PO Box 636 Ulanbataar 46A, Mongolie. Tel : 976 (11) 328 798 email : iinfo@ecolog-international.com website : www.ecolog-international.com


Education& Humanitaire


Entretien GILLES FAGNINOU

Un

eninois au service e La Langue francaise

- Pouvez vous vous présenter et classes avec trois professeurs nous expliquer ce que vous faites ? diplômés d’enseignement français GF : Mon nom est Gilles Fagninou, et un assistant par classe encadrant je travaille depuis juin 2010 en les élèves. J’ai envie de préciser que tant que représentant adjoint de ce sont avant tout des animateurs l’Unicef en Mongolie. J’ai quitté qui donnent l’envie d’apprendre l’Afghanistan qui était pratiquement le français à travers des activités, en guerre pour la Mongolie, pays jeux et amusements. Ils motivent les avec un climat froid, mais en paix. élèves en proposant des lectures et J’habite ici avec ma femme et mes différentes sorties thématiques. trois enfants. - Comment voyez-vous le Ma deuxième fonction ici est celle développement de ces activités ? de président de l’association GF : Il y a moins d’un an que nous FLAM (français langue maternelle) avons créé la classe FLAM. 4 mois C’est une association des parents après l’ouverture, nous avons déjà d’élèves français, francophones et ouvert la troisième classe. Cela mongols ayant pour but de montre un Maintenant notre objecmaintenir l’usage du français. b e s o i n - A qui est destinée la tif est de faire évoluer croissant, et classe FLAM ? Quels sont les tout doucement la classe les parents critères de sélection, qui sont FLAM vers une école d e m a n d e n t les professeurs ? française avec le soutien de garder ce GF : La classe FLAM est contact fort. de l’ambassade de destinée aux enfants des France. français, des francophones Bientôt dans et des couples mixtes, dont le cadre de un parent est francophone. Elle est l’ambassade, viendra le représentant aussi ouverte aux enfants mongols de l’AFE (agence française des qui poursuivaient des études étrangers) pour étudier la faisabilité dans des écoles françaises ou de ce projet et nous espérons un francophones. Les élèves de 5-16 résultat positif. ans sont admissibles. Actuellement, les frais d’inscriptions Nous avons actuellement trois sont de 300 000 tugrugs par enfant

pour l’année scolaire. Ceci est possible grâce aux subventions de la librairie Papillon, de la boulangerie française et des subventions accordées par deux sénateurs. Nous avons eu beaucoup de chance. L’alliance française, notre partenaire, nous a offert un local gratuit que nous occupons 2 heures par semaine tous les samedis. Je tiens à remercier l’Ambassadeur de France, le premier conseiller et le personnel de l’ambassade qui ont motivé les parents en soutenant cette activité, les deux sénateurs pour la contribution financière, la librairie Papillon pour les documents et livres, la boulangerie pour les croissants, l’alliance française pour le cadre, le gouvernement mongol pour l’autorisation de l’association et bien sûr, les parents qui ont eu confiance en nous. Mes remerciements à votre journal « Papillonnages» pour diffuser les activités de FLAM aux parents francophones. J’invite les parents à inscrire leurs enfants chez nous à la rentrée scolaire 2013-2014. Nous allons améliorer les activités de FLAM et de l’association en nous basant sur notre expérience de l’année écoulée.


La classe FLAM offre une grande richesse culturelle avec des enfants originaires de pays différents tels que la France, la Mongolie, le Benin, la Belgique, le Canada, les Etats-Unis, la Suisse, l’Allemagne, le Kazakhstan. Nous voudrons maintenir ce contact et resserrer les liens entre les parents. - Quels sont les avantages et les difficultés de la vie en Mongolie pour

vous? J’ai passé trois hivers en Mongolie. En général, les asiatiques sont plutôt fermés, alors que les mongols sont très ouverts. Ils ne s’attachent pas aux choses, peut-être que cela est lié avec la culture nomade. Les femmes mongoles se battent pour la vie. Qu’elles soient ingénieurs ou chauffeurs de camions, elles ont cette force de se battre. Un autre

avantage est le fait que l’école soit ouverte à tous. L’école étant un bien public, l’accès à l’éducation est facile. D’ailleurs, c’est le point commun entre la culture mongole et française. La Mongolie est un pays froid, et malheureusement cela entraîne la consommation d’alcool et qui provoque à son tour une violence, surtout une violence familiale, violence à l’égard des


femmes. J’espère que cela s’arrêtera à l’ avenir. - Vous êtes originaire du Benin. Y-a-t-il d’autres béninois en Mongolie? Nous sommes la seule famille béninoise ici. Les français et les francophones sont aussi ma famille et nous nous rassemblons souvent. D’ailleurs, la classe FLAM nous a permis de créer des contacts avec des francophones. Mes enfants ne parlent aucune des langues du Bénin. Cela aurait été dommage qu’ils ne parlent pas français. La classe FLAM (*) leur permet de pratiquer le français et évite qu’ils se déconnectent complètement de mes origines. Toutes les nationalités se retrouvent ici, ce qui fait la force de notre association et de classe FLAM. Amenez vos enfants, faites-leur rencontrer des copains de nationalités différentes. Certains parents préfèrent que leurs enfants étudient avec le CNED. Mais chez nous le contact est réel, humain et chaleureux. Inscrivez vos enfants pour qu’ils s’enrichissent dans cette communauté qui ne fait que s’agrandir. J’invite tous les enfants chez nous à travers votre magazine. (*) Les inscriptions 2013 commenceront à partir du mois d’avril.

Entretien réalisé par Rinchin Munkhzul


Message du Secretaire general de la Francophonie - 20 mars 2013 “Qu’adviendrait-il de la Francophonie si nous devions laisser s’effacer le trait d’union linguistique qui nous relie ? Qu’adviendraitil de notre communauté si la Francophonie devait recourir, au mieux, à la traduction, au pire, au seul usage de l’anglais, lors de ses interventions, de ses réunions, de ses concertations, à l’instar de la pratique de la langue unique qui s’est largement répandue dans les organisations internationales et régionales ? Nombre de nos programmes et de nos actions de coopération n’auraient plus raison d’être, et nous perdrions, surtout, ce lien originel et cette connivence naturelle qui font que l’entraide et la solidarité, entre nous, ne s’apparentent pas à de la générosité, mais à de la fraternité. Une fraternité qui a trouvé à s’exprimer, en cette année 2013, de la manière la plus éclatante qui soit, à travers la décision courageuse de l’un de nos membres - la France - de répondre, avec l’appui de plusieurs Etats francophones de la région, à la demande d’aide d’un autre de nos membres - le Malidans sa lutte contre le terrorisme, afin que ce pays recouvre au plus vite son intégrité territoriale et que la population retrouve la paix et la sécurité. C’est également ce lien originel et cette connivence naturelle qui font que nous ne parlons pas seulement la même langue, mais

que nous parlons aussi, par-delà nos différences, le même langage : celui des principes et des valeurs, celui de la démocratie et des droits de l’Homme, celui de la diversité culturelle et linguistique, celui de l’équité et de la justice sociale, celui de la régulation et de l’éthique en matière économique et financière. C’est ce lien originel et cette connivence naturelle qui, en dernier ressort, nous permettent de nous entendre, dans un esprit d’écoute et de respect, sur une vision commune du monde et sur les voies qu’il reviendra, notamment aux jeunes générations, d’emprunter pour construire un « vivre-ensemble » qui réponde aux aspirations de tous. Que cette Journée internationale de la Francophonie soit donc l’occasion de célébrer la langue française, de la chanter dans la convivialité, de la parler en toute complicité, de la déclamer à pleins mots.” Abdou Diouf Secrétaire Général de l’Organisation internationale de la Francophonie (O.I.F.) Repères DANS LE MONDE : - On recense 220 millions de locuteurs de français dans le monde ; - 60% des francophones ont moins de 30 ans ; - On estime à 900 000 le nombre de professeurs de français dans le monde ; - Les 77 États et gouvernements de

l’OIF représentent plus du tiers des membres des Nations unies ; - Dans 32 États et gouvernements, le français est la langue officielle.; ORGANISATION INTERNATIONALE DE LA FRANCOPHONIE 19-21, avenue Bosquet 75007 Paris, France www.francophonie.org Source : http://www.francophonie. org/ EN MONGOLIE : On estime à environ 3000 les locuteurs francophones mongols ; dont 1200 étudiants. La moitié de ces derniers étudient à l’Alliance Française. Les autres se répartissent entre l’Université nationale, l’université des Humanités, l’Ecole Internationale, l’école #1, L’école Américaine et L’école Elite. La langue française bénéficie du dynamisme infatigable de l’Association des Professeurs Mongols de Langue Française (A.P.M.L.F.), du personnel de l’Alliance Française (et notamment de sa directrice Sophie Lataillade épaulée de l’excellente Oyungerel Damdinpurev). Il ne faut pas non plus les francophones autres que les mongols. Ils peuvent être de diverses nationalités (iranien, russe, américains, chinois, japonais…) mais sont principalement des canadiens, des suisses, des belges ou des français. Munkhzul Unenbat


FELIX FELLMAN

Citoyen Du Monde

-Papillon : Pouvez-vous nous raconter votre parcours avant de venir en Mongolie ? -Félix Fellmann : Je suis né en Suisse dans les Alpes, dans un canton à la frontière de l’Allemagne, et de l’Italie, dans un petit village de 300 habitants, une école de 6 classes et 2 professeurs. J’ai grandi dans la ferme de mon père. J’ai exerce plusieurs professions : agriculteur, ingénieur agronome et diplômé de commerce en Suisse, et j’ai obtenu un master en philosophie en Nouvelle Zélande. J’ai travaillé 3 ans en Nouvelle-Guinée en tant que volontaire agriculteur pour les forets, 5 ans dans le nord de l’Inde en tant que consultant agricole, 5 ans en Afrique Centrale (Rwanda, Congo, Burundi, juste après

l’époque du génocide, pendant la phase de reconstruction) pour la Croix rouge suisse. J’ai aussi travaillé 5 ans sur le programme de coopération suisse en Asie centrale (Kirghizstan, Kazakhstan, Ouzbékistan, Tadjikistan), 5 ans en Amérique centrale (au Honduras, où j’ai rencontré ma femme, et au Nicaragua). Les missions a l’étranger durent au minimum de 3 ans et au maximum de 5 ans. Je préfère rester le plus longtemps possible pour mieux connaitre le pays et la culture. C’est ma cinquième et dernière année en Mongolie. Je travaille comme consul général et directeur de la coopération suisse. Mes deux enfants vont à l’école américaine d’Oulan-Bator, ma femme est maitresse d’école maternelle.

-Expliquez-nous comment fonctionnent les bourses d’études en Suisse et les critères de sélection ? -Félix Fellman : La confédération suisse offre chaque année 500 bourses pour 50 pays. Les petits pays comme la Mongolie reçoivent à peu près 5 bourses d’études. Ces bourses sont destinées aux études de niveau Master, Doctorat, post Doctorat (recherche) et aux études artistiques. Les CRITÈRES De SÉLECTION Des CANDIDATS: •Très bonnes notes au Baccalauréat •Bonne maitrise de l’anglais, du français ou de l’allemand. •Contact avec une université (professeur) en Suisse •Avoir un sujet/projet de recherche • Age maximum 35 ans • Avoir un dossier complet.


En Suisse il existe deux types d’Universités : traditionnelles et appliquées. Pour les études de Doctorat, il faut avoir un contact avec une Université traditionnelle. Les bourses ne sont accordées qu’une seule fois, c’est-à-dire qu’elles ne sont pas renouvelables. Il y a deux possibilités pour se renseigner sur les bourses, passer par le Consulat de Suisse ou grâce au site internet. Mais il est préférable pour les candidats de passer par le consulat où mon collègue donne des conseils et vérifie si le dossier est complet. En cas de dossier incomplet, les bourses sont refusées. -Quel est le niveau de langue exigé pour accéder à des universités suisses et combien cela coute-t-il d’étudier en Suisse? Félix Fellman : En ce qui concerne la maitrise des langues exigées, les candidats doivent être diplômés ou avoir passé un test linguistique de standard européen, par exemple TOEFL pour l’anglais. Les bourses sont de l’ordre de 18 000 euros par an. Cette somme est plutôt destinée aux frais de vie, aux livres et à l’inscription, les études étant gratuites. Nos bourses permettent à l’étudiant de suivre ses études sans travailler à coté. -Combien d’étudiants mongols ont bénéficié des bourses suisses, et où travaillent-ils après leurs études ? -Felix Fellman : Une vingtaine d’étudiants mongols ont déjà bénéficié ces bourses. Deux tiers de ces candidats sont des femmes, excellentes étudiantes, et contrairement aux brésiliennes, par exemple, après leurs études, elles retournent dans leur pays d’origine. Entretien réalisé par Munkhzul Rinchin

Elles sont maintenant médecins ou vétérinaires au ministère de santé, ou travaillent dans les ministères de l’éducation et de l’agriculture. Il y a une communauté mongole a Genève, parfait endroit pour étudier les relations internationales et la diplomatie. Lausanne et Zurich ont de bonnes écoles de technologie. Il est très difficile d’être sélectionné pour étudier les Arts en Suisse, même les étudiants suisses doivent se préparer pendant un an après le baccalauréat pour y entrer. D’ailleurs, seulement 5 % des bourses sont accordées pour des études artistiques (sculpture, musique, théâtre, dessin, graphique, textile). Les suisses sont très exigeants dans le domaine de l’art. Les étudiants doivent se concentrer seulement sur leurs études, et l’environnement est très favorable et motivant. -Après 5 années en Mongolie, comment pourriez-vous décrire les mongols ? -Felix

Fellman

:

La

Mongolie

se développe d’une manière extrêmement rapide. Les mongols sont très directs, expressifs, on peut voir leurs expressions et leurs pensées. Les membres de mon équipe sont très naturels et spontanés, ils sont souvent de bonne humeur, et racontent des blagues. Mes collaborateurs mongols sont vraiment flexibles avec les horaires. Ils acceptent de travailler le week-end, à la campagne etc. Les trajets longs et difficiles ne les effrayent pas. Ils mangent, boivent et chantent. Les mongols peuvent faire beaucoup de choses en même temps, travailler et s’occuper de leur famille, laquelle est culturellement le centre de l’attention. La famille

apporte son soutien dans les moments difficiles de la vie, mais en même temps, elle représente une grande responsabilité, ce sont les deux cotés de la chose. Ceux de mes employés qui ont un bon salaire aident financièrement leur famille, surtout pendant la période de Tsagaan Sar, en se mettant eux-mêmes dans des conditions inconfortables. - Y’a t’il des aspects communs, d’après vous, entre la Suisse et la Mongolie ? -Félix Fellman: Cela s’exprime par des relations très chaleureuses, ce qui est peut-être lié avec le fait que les deux pays n’ont pas accès à la mer, et doivent faire face a des voisins puissants. La Mongolie avec la Chine et la Russie; la Suisse avec l’Allemagne, la France et l’Italie. Cela crée une sorte de solidarité. Cette situation nous oblige à apprendre à négocier et à réagir d’une manière acceptable sans perdre notre indépendance. Les deux pays y arrivent très bien. Les mongols et les suisses sont à la fois pragmatiques et pratiques pour s’organiser. Mon séjour ici se termine au mois de juin. J’ai longtemps été absent de Suisse, il y a des choses à faire chez moi. La Mongolie a beaucoup changé ces cinq années. Je suis très content de mon séjour qui a été très enrichissant.


SOLONGO ET OUYANGA Les deux petites « françaises » de Papillon

Ouyanga Batbayar (21 ans) et Solongo Amarbayar (25 ans), travaillent toutes les deux à la librairie Papillon, où leur maîtrise du Français les aide à accueillir les francophones de passage.

Mais, au fait, pourquoi le Français ? -Ouyanga (« Mélodie » en mongol) : J’ai appris un peu par hasard le Français... Ma mère parle bien le français. Elle aurait voulu être prof de russe mais elle m’a dit que la langue de l’amour était le Français alors... J’ai pris Français comme option au lycée. Elle a voyagé en France, comme moi plus tard. Je suis allée à Paris et en Bretagne. -Où as-tu appris le Français ? -Ouyanga : A l’université pendant trois ans. Nous ne sommes pas nombreux à apprendre le Français. La plupart des étudiants prennent russe et anglais. Maintenant je suis contente de parler Français parce que j’ai découvert la culture française. Et sa littérature, Victor Hugo, tout ça... Sur Internet, ça m’aide parce que si je ne comprends

-Tu penses toujours que c’est la langue de l’amour ? -Ouyanga : Oui, tous les amoureux sont à Paris... Sauf que j’ai trouvé qu’ils avaient des « faces de cul », comme on dit chez nous (rires). Ils font la g…. J’ai trouvé les Bretons plus simples et souriants.

mongol), elle, a appris le Français en Belgique, à Liège : « J’ai suivi mes parents en Belgique, à douze ans, en 2001. Ils sont allés travailler là-bas. J’ai appris à l’école primaire. Au début, je ne savais pas un mot... J’ai visité la France et l’Italie un peu. J’ai aussi découvert Paris. Nous avons passé huit ans en Belgique et au retour je suis allée à l’Université pour passer des diplômes. Ce n’est pas facile de trouver du travail comme guide pour les touristes parce qu’il y a de la concurrence. On doit souvent avoir deux boulots. Parler Français ne suffit pas. Comme pour Ouyanga, le plus difficile pour moi est la grammaire et les accents. J’aimerais découvrir le Canada, maintenant. Il paraît qu’on y parle Français aussi... ».

Solongo

Propos recueillis par G.C

pas quelque chose en russe ou en anglais, je regarde en Français. -Qu’est-ce qui t’as paru le plus difficile ? -Ouyanga : La grammaire et les rrr... Les mots avec des « r ». Ecrire n’est pas facile non plus. On a du mal à prononcer « regarder », par exemple : le « e » et le r....J’espère que ça m’aidera pour le travail car j’aimerais être diplomate.

arc-en-ciel

»

en


UN QUEBECOIS EN MONGOLIE

é au Portugal en 1970, Antonio Santos est très attaché à la francophonie. Et pour cause... Il est québécois. Arrivé à Montréal (Québec) en 1974, il a appris la langue française alors qu’il ne parlait que le Portugais : « Je me sens plus québécois que portugais, puisque ça fait 38 que je vis au Québec. J’ai grandi dans un quartier populaire, à mon époque, du côté de Radio Canada, et de la rue Sainte-Catherine, pour ceux qui connaissent. Il y avait les immigrés, portugais, juifs, etc... Je suis allé souvent en France. Ma famille vit dans le 77, en Seine-etMarne, vers Montargis. J’aime bien aller à Paris. J’ai fait mes études à Montréal... Et me voilà en Mongolie

: je travaille pour la compagnie Ecolog International / ISS Mongolia. Cette entreprise qui était spécialisée dans la construction de camps militaires, dans le monde entier, s’est recyclée dans les camps de mines, par exemple, ou les camps pétroliers. Situés dans des zones hostiles, ou difficiles du point de vue climat. Avant, je m’occupais de la logistique. Maintenant, je suis chargé de ramener des contrats. Le développement de l’affaire. Ça fait cinq ans que je fais ça et dix ans que je travaille pour eux, parce que je travaillais dans la sécurité

en Irak. Je suis en Mongolie depuis novembre 2013, ça va mais un an, ça ira bien. J’ai travaillé dans 43 pays mais je pense que c’est le plus dur... pour y vivre : le caractère rude des gens, le climat, ce n’est pas de tout repos. Ils manquent parfdois de civisme, en ville. Il n’est qu’à les voir conduire... Comme s’ils étaient à cheval ! La francophonie est importante pour moi parce qu’à chaque fois que je vais à l’étranger je trouve quelqu’un qui parle le français et ça fait du bien. Que ce soit en Afrique ou ailleurs. Je préfère parler Français que l’anglais que je manie bien. On est comme la Gaule encerclée par les romains, en Amérique : le dernier bastion de la langue Française. C’est une des plus belles langues que je connaisse. Et je parle 5 langues... Je suis fier que mes enfants parlent Français. Chez nous, au Québec, on est habitué à s’entraider parce qu’on a beaucoup d’immigrés. Par contre, il faut qu’ils s’intègrent en apprenant le Français. S’ils veulent parler anglais, ils ont les autres provinces du Canada. Le Québec s’appelait la Nouvelle France, faut pas oublier ça... Je repars de Mongolie en juin prochain. Pour le Grand Nord, je crois. Encore un pays froid... Propos recueillis par G.C


Remise des insignes de Commandeur dans l’Ordre des Palmes académiques A Madame BUYANNEMEKH Galsamjamts (Discours de l’Ambassadeur) Chère Madame BUYANNEMEKH, vous êtes née en octobre 1946 en Mongolie, ou vous étudiez la linguistique et la didactique des langues à l’Université nationale de Mongolie.Votre carrière universitaire d’enseignant chercheur, votre goût de l’enseignement et votre sens des responsabilités vous conduisent en 1996 à être nommée à la direction du département des études francoromanes, que vous aviez contribué à créer. Fervente défenseur de la Francophonie, vous avez veillé, tout au long de votre carrière, au développement des liens de votre Pays avec la France, témoignant toujours à cette Ambassade la fidélité de votre engagement et de

votre amitié. Co-fondatrice de l’Association des professeurs mongols de langue française-APMLF, vous œuvrez avec succès pour l’inscription de cette jeune association à la Fédération internationale des professeurs de français (FIPF) dans les années 2000. Retraitée de vos fonctions d’enseignement depuis 2010, vous exercez pourtant, et toujours avec passion la présidence de l’APMLF, que vous hissez aux responsabilités du secrétariat général de la Commission pour l’Asie et le Pacifique l’année dernière au congrès international de FPIF à Durban, Afrique du Sud. En 2013, nous célébrons à vos

côtés, et avec beaucoup d’émotion le cinquantième anniversaire des études de français en Mongolie, que votre parcours, votre carrière, et votre passion pour la langue et la culture française ont contribué à façonner, développer, et épanouir. Par cette distinction, nous vous adressons tous nos remerciements pour votre soutien indéfectible, tout au long de votre carrière, et encore aujourd’hui à la coopération linguistique et culturelle et à l’amitié franco-mongole. Pour vos services rendus à la Culture française, au nom du Ministre de l’éducation nationale, je vous remets les insignes de Commandeur dans l’ordre des Palmes académiques.


Remise des insignes de Chevalier dans l’Ordre des Palmes académiques A Madame Dorjsuren JARGAL (Discours de l’Ambassadeur) Chère Madame JARGAL, vous êtes née en 1972, et brillamment diplômée en 1994 à l’âge de 22 ans en langues étrangères russe et français à l’Université des Sciences Humaines d’Oulan Bator. Dès le début de votre carrière, vous épousez le métier d’enseignant et les missions pédagogiques et éducatives qui lui sont dévolues. Engagée auprès de l’Alliance française de Mongolie dès la création de cette dernière en 2005, vous vous distinguez rapidement par vos mérites professionnels et votre engagement personnel pour le développement de l’établissement. Co-Auteur de la première méthode de français en langue mongole pour le jeune public, vous étendez

progressivement vos talents d’animatrice à la formation de formateurs, et contribuez pleinement à la définition du projet éducatif de l’établissement. Disponible, efficace, et porteuse de valeurs pédagogiques à la française (car vous avez bénéficié de plusieurs stages de formation de formateurs en France), vous êtes appréciée non seulement de vos collègues et de vos directions successives au sein de l’Alliance. Mais vous êtes aussi et surtout appréciée de vos élèves, auxquels vous vous consacrez bien au delà de la diffusion des savoirs et de la culture. Il y a un an, en raison de vos excellents états de service, vous êtes

choisie parmi l’équipe enseignante de l’Alliance française pour devenir coordinatrice pédagogique de l’Ecole de langue de l’établissement. Nous vous distinguons aujourd’hui pour vous remercier et vous encourager dans votre précieuse contribution à l’image de qualité et de professionnalisme qui entoure l’offre pédagogique de l’Alliance française, et que vous incarnez personnellement. Pour vos services rendus à la Culture française, au nom du Ministre de l’éducation nationale, je vous remets les insignes de Chevalier dans l’ordre des Palmes académiques.


GUY BOUREL Un bistrotier à Oulan-Bator

ien connu de la communauté française d’Oulan-Bator, Guy Bourel (66 ans), est arrivé en Mongolie pour la première fois en 1997. Il était directeur de travaux chez Alcatel (entreprise française spécialisée dans la Télécommunication) : « On a refait tous les réseaux filaires dans la capitale »et je suis tombé amoureux de ce pays..., confesse-t-il à l’entrée du Bistrot Français, dont il a fait la meilleure table d’Oulan-Bator. Il n’est qu’à lire son livre d’Or, où l’on peut voir les signatures de Mohamed Al-Fayed, Nicolas Hulot, Sylvain Tesson, Bruno Solo, entre autres...


Guy Bourel: A part la légende de Gengis Kahn, je ne connaissais rien à la Mongolie. Je la situais à peine sur la carte. En Thaïlande, où j’ai vécu 10 ans, j’ai rencontré un couple d’anglais qui avait passé deux ans en Mongolie. La femme m’avait dit : « J’ai passé deux ans à faire du tricot... ». J’ai cru qu’il n’y avait rien à faire ici, or c’est tout le contraire : tout est à faire et c’est un pays où on s’attache. La preuve, je m’y suis (re)marié et j’ai fait une fille... (Murielle, 10 ans. Guy est également père de 3 autres « grands » enfants, dont Alex, qui dirige la Boulangerie Française à « UB ». Il est aussi grand-père...). Papillon : Pourquoi s’attache t’on à la Mongolie ? Guy Bourel : On ne sait pas pourquoi, au début. On aime ou on déteste... Ce pays ne laisse pas indifférent. Beaucoup de visiteurs adorent... Le Français notamment. Les gens sont sympathiques, accueillants, même si c’est parfois difficile de travailler avec eux. Il n’y a pas grand chose comme loisirs mais sa force ce sont les gens, son peuple. Papillon : Comment était Oulan-Bator à votre arrivée ? Guy Bourel : C’était une ville facile à vivre....Il y a seulement 15 ans, il n’y avait que 400 voitures en ville et on voyait encore des cavaliers et des troupeaux de moutons traverser la ville. Le capitalisme, le néolibéralisme ont changé les choses radicalement, c’est certain. Après la chute de Berlin, les russes sont partis, un peu comme à Cuba. Au début, pendant deux ans, les mongols ont connu les tickets de rationnement. Le grand-frère, même le père, parti, ce fut difficile. Ils étaient un peu perdus... Les soviétiques étaient le moteur de l’économie. Ce sont eux qui ont mis en place le système éducatif et de santé. Quand on connait les distances à parcourir, c’est quand même un exploit... Toutes les usines qu’ils avaient créées sont tombées à l’abandon. Papillon : «C’est à cette époque que vous sentez qu’il y avait quelque chose à créer ici ? » Guy Bourel : Oui, j’ai profité d’une proposition de départ en pré-retraite – la société dégraissait - pour m’installer ici. Je venais de passer 7 ans sur place, par intermittence, et je commençais à bien connaître la ville. A l’époque, j’avais 56 ans et je n’avais pas envie de rentrer en France. Je me suis demandé ce que je pourrais faire. C’est alors que j’ai pensé à la restauration. La Mongolie est un pays « émergent », comme on dit... Elle a un gros potentiel économique, grâce à ses mines, d’or et d’uranium, entre autres... Il n’y avait pas de restaurant Français, c’est ce que j’ai monté. J’ai racheté un ancien restaurant mongol, dans

le quartier universitaire, et c’est parti comme ça ! Papillon : Voilà comment est né le mini quartier Français... ça a marché tout de suite ? Guy Bourel : Oui, parce que c’était le seul bon restaurant de la ville. Il y a aujourd’hui d’autres bonnes tables mais ça reste le seul établissement avec un management Français en majorité (même si la crêperie Triskell, juste à côté compte une gérance Française, ndla). Papillon : Vous venez de faire des travaux... L’aspect brasserie a laissé place à un caractère plus cossu, bourgeois, bonne table, vous ne trouvez pas ? Guy Bourel : Disons plutôt qu’on a abandonné le charme désuet de la brasserie – le Bistrot à la Française – pour quelque chose de plus moderne, plus lumineux... Avec toujours le cachet Français dans le look et le menu. Nous tenons à ce qu’il y ait de grands classiques comme l’œuf mayonnaise et le hareng pomme à l’huile. Le matin, il y a des viennoiseries bien de chez nous. Et dans les plats, des grillades, la quiche lorraine, etc. De bons plats en sauce. Les clients apprécient le changement. Ils l’ont bien accepté. Papillon : Quelle est votre clientèle, justement ? Guy Bourel : Des businessmen, des hommes et femmes politiques locaux, des diplomates, des VIP mongols – nous sommes proches du Parlement -, mais cela évolue selon les saisons. Il y a une « morte saison » entre novembre et fin mars, avec essentiellement des mongols et quelques expatriés. Après, ça repart avec les businessmen en séminaire, puis à partir de juin, c’est la saison touristique. Papillon : Vous ne visez pas les « routards » qui viennent pour découvrir les nomades de la Steppe avec peu d’argent ?! Guy Bourel : On en voit un peu... Parce que lorsqu’ils


arrivent, ils disent : « On a pas fait tout ce chemin pour manger des steaks-frites ! », mais après des semaines de mouton bouilli et de lait de jument, ils sont bien contents de se refaire l’estomac chez moi... (Rires). Il y a une époque; j’envoyais quelqu’un distribuer des prospectus à l’aéroport pour que les touristes français sachent qu’on existe. Nous avons une belle terrasse, l’été, qui est notre bijou. On y organise le 14 juillet, par exemple, ça attire du monde. Ce n’est pas le Bal des pompiers mais presque. Papillon : Parfait pour le quartier Français, que j’évoquais plus haut... Guy Bourel : Oui, notre ami Sébastien (Marneur) n’a pas installé sa librairie ici par hasard.... Papillon: Que déplores-tu, dans ta vie à Oulan-Bator ? Guy Bourel : La circulation... C’est devenu un enfer de rouler en voiture. Papillon : Et cette nouvelle interdiction de fumer ? Guy Bourel : Les gens respectent, ça va. Sinon, il paraît que je risque 3 millions de Tukrik d’amende...

Papillon : Qu’apprécies-tu le plus ici ? Guy Bourel : Les mongols sont attachants, les femmes surtout : elles sont belles et travailleuses. On peut compter sur elles. Si j’étais jeune, je viendrais m’installer ici parce qu’il y a beaucoup à faire. L’Europe étant en crise, un jeune entrepreneur français trouvera ici un pays où on n’est pas trop taxé. On peut trouver du personnel qualifié. Il y a beaucoup de choses à faire en Mongolie. Papillon : Quels sont vos projets ? Guy Bourel : Me reposer... Je pense sérieusement à passer la main. Je pense rentrer en France. Je commence à manquer d’énergie. Papillon : On peut dire que tu as contribué pleinement à la francophonie et à l’amitié franco-mongole, puisque que tu as fait une fille, Misheel (10 ans), avec ta femme Mongole Noogii? Guy Bourel : Oui, c’est ma princesse... Elle parle non seulement le Français, mais aussi le russe, l’anglais et le mongol, bien sûr. Misheel veut dire sourire en Mongol... Propos recueillis par Guillaume Chérel Le Bistrot Français

Et son fils boulanger... Alex (35 ans), fils de Guy Bourel, est arrivé après son père en 1999 pour la première fois. Il a d’abord travaillé avec son père ; lui il a ouvert son affaire, une boulangerie : « Au départ, c’était un bout du Bistrot Français. Je ne fantasmais pas tant que ça sur la Mongolie. J’étais juste curieux de voir à quoi ça ressemblait... J’ai trouvé les femmes magnifiques. J’ai d’ailleurs fait deux enfants avec une mongole... Je me sens bien en Mongolie mais nous pensons rentrer en France bientôt. » Située tout près de l’Avenue de la Paix, on trouve l’emplacement de la boulangerie sur Michel’s Bakery sur Google map. Tel : 94 09 99 70


Building 2, University Street, 6th Khoroo, Sukhbataar district Ulaanbataar.

Tel : 32 00 22 / Fax : 31 55 96 website : www.bistrot-mongolia.mn Piano-bar tous les samedi soirs.


Le Triskell Creperie Grill Bar Tel: 976-77121919 Mobile: 976-95111919, 976-94111919 Fax: 976-11-329797 E-mail: denkhjargall@yahoo.com Building 4, Ikh surguuli street, Baga toiruu, Sukhbaatar district, Ulaanbaatar, Mongolia


Jacques Le Bourlingueur

DU TRISKELL érant de la crêperie d’Oulan-Bator, située dans le quartier universitaire, Jacques Catteloin (32 ans) a quitté la France il y a une demi-douzaine d’années, pour ne plus y revenir (définitivement), pense-t-il. Arrivé en Mongolie en avril 2009, il songe à de nouvelles destinations. Le gérant du Triskell n’est pas Breton, mais Mosellan. l’Antarctique : « Cet ami travaillait au Siège social Bac hôtelier en poche, cet ex-cuistot n’a eu de des Terres Australes, qui dépendent d’un Préfet. cesse de voyager depuis qu’il a quitté son village ». Le voilà embauché à Crozet, une île perdue d’Haboudange (200 habitants), situé à 40 km de au milieu de nulle part. Il aurait pu aussi aller aux Metz. Habitué à voyager parce que ses parents Kerguelen et à Saint-Paul Amsterdam... Il vit 8 mois déménageaient sans cesse dans son enfance, il se dit sur cette micro-île de 150 km2 entre les 40e et les autonome depuis qu’il est entré dans un lycée comme 50e Rugissants, avec une trentaine de personnes : interne : « Après, j’ai fait des stages en cuisine à Val « Ils y pêchent des poissons rares, appréciés des d’Isère et à Nîmes et le virus du voyage est entré en japonais. C’est une région très sécurisée, avec des moi », explique-t- il. accords internationaux entre l’Afrique du sud et Le premier grand voyage l’emmènera à la Réunion, l’Australie. Je me suis présenté comme candidat et suite à un concours de circonstance assez étonnant. j’ai passé des examens. La cuisine ça allait mais Il travaillait dans une chaîne de boulangerie, à le plus étonnant a été l’entretien de 3 heures avec Neuhauser (Moselle), lorsqu’il demande une légère une psychanalyste qui essaie de déterminer si l’on augmentation afin de pouvoir s’acheter une voiture va pouvoir vivre dans la promiscuité. On répond d’occasion. Devant le refus de son patron, alors qu’il à des dizaines de questions. Il est vrai que si l’on ne comptait pas ses heures, il avise un boulanger pète un plomb, on ne peut pas intervenir avant des industriel, en visite professionnelle, au culot, et lui jours. C’est très isolé. Il n’y a pas d’avion. Et pour demande s’il cherche quelqu’un. Il se trouve que ce rire, on dit que c’est le genre d’endroit où les thons français d’origine chinoise, M. Young, vit à la Réunion deviennent des sirènes... ». (située à 10 000 km de la métropole, dans l’Océan Jacques est accepté mi-juillet et doit commencer Indien)... « J’ai fait mon entretien d’embauche dans début août à 4000 km au sud de la Réunion, vers le une station essence, parce qu’il reprenait l’avion dans Pôle Sud. Une communauté où chacun a son rôle : l’heure. Et j’ai été embauché ! ». cuistot, électricien, militaires, scientifiques, postier, Il reconnaît qu’au début ce ne fut pas facile mais par etc. Chacun est important. C’est un monde parallèle chance, des amis de ses parents étaient en visite à dit Jacques. Un monde à part, quoi. Comme ils sont la Réunion. Il est adopté mais travaille très loin de tout, sans voiture, sans weekdur dans une autre chaîne de boulangerie : C’est dans les Terres end, sans factures, sans télé... Payé par « Parfois je travaillais de 3 h du matin à 20 h Australes qu’un nou- l’Etat, il ne peut qu’économiser l’argent le soir, parce qu’un collègue était manquant. veau chef de district qu’il gagne. Jacques reste 8 mois, revient J’étais bien payé mais c’était épuisant. Et les (le précédent ayant à la vie sociale à la Réunion, revient heures sup’ étaient payées au noir.... ». Cette craqué) lui parle de la en métropole et décide de postuler à fois encore, coup de chance, l’ami de son nouveau 8 mois : « Je gagnais 2300 Mongolie... père travaille aux Terres Australes : ces petites euros à l’époque et ne dépensait rien, à îles stratégiques où l’on pêche au gros et étudie part au bar, mais les bières étaient à 80 centimes. ».


Ce dernier travaillait pour une association caritative : Action contre la faim. Il nous a parlé de ce pays de Gengis Khan dont je n’avais jamais entendu parler. Ça m’a donné envie de découvrir ce pays qui me paraissait différent. J’ai eu envie de continuer à voyager. Ça me paraissait plus original que d’aller au Canada. Jacques envoie une candidature spontanée au Bistrot Français. Et Guy Bourel lui répond par l’affirmative... Un an après, il débarque à la Mongolie : « J’ai travaillé deux ans au Bistrot Français puis j’ai voulu tenter ma chance dans un business (de la restauration de traiteur). Ça n’a pas marché comme j’espérais alors j’ai cherché du boulot. J’en ai trouvé au Triskell, la crêperie. Yannick, le patron, je le connais depuis longtemps. » Quelle fut sa première impression ? L’air sec... Il saignait du nez, mais pour le reste, il ne réalise pas vraiment où il est parce qu’il travaillait beaucoup : » Je me souviens d’Alex, le fils de Guy, fumant sa clope à la terrasse : il faisait beau, ça avait l’air cool, la Mongolie... » Jacques reconnait qu’il fréquente essentiellement la communauté française. Il a bien eu quelques copines mongoles, mais il aime surtout regarder des matches de rugby et de foot avec les compatriotes. C’est sa

contribution à la francophonie : « Des bouquins, j’ai dû en lire trois dans ma vie. Dont deux parce que j’étais forcé... La clientèle de la crêperie est très française. Le cadre s’y prête. On se marre bien des fois, mais je commence à me demander si je ne vais pas repartir. J’hésite parce que la Mongolie est un pays en pleine mutation. Peut-être qu’après un retour en France de quelques semaines, j’aurais à nouveau envie de vivre en Mongolie. Je ne suis pas rentré depuis deux ans... Ça fait sept ans que je n’ai pas passé de fêtes de fin d’années dans ma famille; ça commence à faire beaucoup. J’ai un peu la nostalgie des Terres Australes, je me verrai bien retourner làbas. Ce que je sais, c’est que je ne reviendrai pas en France. C’est morose, l’ambiance, là-bas. » Jacques, comme la plupart des expatriés, regrette que les Mongols de la capitale ne se comportent pas comme les Mongols de la campagne. Dans la Steppe, il peut se promener sans se faire agresser verbalement, voire physiquement, lorsqu’il est avec une amie mongole, main dans la main. A OulanBator, c’est presque impossible : les regards sont hostiles. Tout le contraire de la campagne, comme à Erdenet., où il y a une mine importante. Guillaume Chérel


Danse Musique Mode&


la divine ballerine Ancienne élève de l’école de danse du Ballet de Perm (Russie), l’ex-directrice de l’Opéra d’Oulan-Bator, met la France au pinacle dès lors qu’il s’agit de parler culture et savoir-vivre. Nous avons rencontré Sergelen Bold, une des rares « stars » de Mongolie, à la librairie Papillon.

Sergelen Bold, - Comment est née votre passion pour la danse ? - Je ne me considère pas comme une simple danseuse mais comme une artiste de ballet... Toutes les petites filles rêvent de devenir une danseuse étoile et tous les hommes rêvent de rencontrer une danseuse de ballet, parce que ça représente la grâce et la beauté. - Où avez-vous appris à danser ? - J’ai eu envie de danser en recevant comme cadeau une statuette de la danseuse étoile russe, Galina Ouvanova, en train de danser le Lac des Cygnes. Or, quand j’étais petite j’étais chétive et très mince : on me disait « transparente. » J’ai fini par aller dans une école, à Perm, en Russie, à l’âge de 8 ans, alors que ma mère ne voulait pas. Sa propre mère avait refusé qu’elle y aille, dans les années 50... Et elle a voulu faire la même chose avec moi début 80, mais mon père m’a soutenue. J’ai passé le concours d’entrée et réussi sans y croire... Et j’ai été reçue. Je dois beaucoup à mon père... C’était un politicien très actif. Il pensait que les femmes devaient développer leur sensibilité. Il pensait qu’il ne suffisait pas qu’elles soient intelligentes. Il pensait que les femmes devaient pouvoir jouer avec leurs différents « masques » de beauté, leurs différentes personnalités. Pour lui la danse classique représentait la perfection - Et vous en avez donc fait votre métier... -Oui, j’ai étudié 8 ans à l’école de danse de Perm et j’en suis sortie danseuse de haut niveau. Le style

de cette école est à la fois russe, pour la rigueur, mais aussi français pour l’aspect classique et la langue française, pendant les cours. C’est l’art des aristocrates... Nous sommes allés en tournée en Italie. J’ai arrêté entre 13 et 14 ans, je suis revenue à 21 ans, et j’ai dansé jusqu’à 35 ans. - Peut-on apprendre à danser quand on est mongole sans aller en Russie ? - C’est difficile. Tous les meilleurs profs ont appris en Russie et si on veut en faire son métier, il faut aller à Moscou, Perm ou Saint-Pétersbourg. - Connaissez-vous le style de danse français ? -Je n’ai malheureusement pas pu danser, ni voir de ballets à l’Opéra Garnier mais j’ai pu me produire dans des grands théâtres de Paris. Près des ChampsElysées... Je me souviens d’une journée exceptionnelle, en septembre, le jour de mon anniversaire, allongée dans le jardin du Musée de Rodin. Je me suis beaucoup promenée dans Paris. Pour nous, danseuses, l’école française est primordiale : le style français, les manières françaises. C’est le classique et l’élégance. Je suis très admirative de cette culture ancienne. J’ai aussi visité Lyon et ses environs. Je regrette de n’avoir pas bien appris le français quand j’étais en Russie. -Pourquoi aimez-vous côtoyer des francophones ? Parce qu’ils sont cultivés, en général et bien éduqués. Tout est dans la manière d’être. Vous avez l’art de bien vivre, de bien manger, de lire, d’écouter de la musique, etc... C’est une affaire de cœur.


- Avez-vous laissé votre fille libre de faire ce qu’elle voulait ? Ma petite fille fera peut-être de la danse, mais je suis fière que ma fille fasse desétudes de peinture. C’était mon rêve d’être peintre... Ma fille va peut-être exaucer mes rêves. Je ne peux m’exprimer qu’avec mon corps, je ne sais pas dessiner ni peindre mais je crois avoir le sens des couleurs. J’aime beaucoup Claude Monet.... J’aime les couleurs violettes, rosâtres. - Vous êtes très connue en Mongolie... C’est « Carmen » qui m’a rendue célèbre. Ce ballet m’allait très bien parce que c’est l’histoire d’une femme forte et indépendante. Je suis souvent passée à la télé aussi. Je peux paraître prétentieuse mais j’ai créé une Carmen unique parce que j’étais accompagnée d’une symphonie de violes à tête de cheval. -Combien de temps êtes-vous restée à la tête de l’Opéra ? De 2004 à 2013, soit huit ans et demi. C’est la première fois qu’une femme était à ce poste et aussi longtemps. Du coup. Je n’ai pas été étonnée que ça se termine après autant de temps. Les derniers mois, des bruits

couraient et c’est souvent comme ça quand les gouvernements changent. On change de têtes... En plus, j’étais une ancienne danseuse, pas une chanteuse; pas une cantatrice... - Quels sont vos projets maintenant ? J’ai le choix. On me propose des choses très différentes. J’ai travaillé dans l’art classique pendant 32 ans. Il est peut-être temps de faire autre chose, dans le business par exemple... J’ai d’autres casquettes. Je m’occupe aussi d’affaires sociales, je suis manager dans la culture. Je réfléchis. Je vais écouter mon coeur. Ma vie est liée au ballet... On verra. J’avais trois rêves : rencontrer Roland Petit, le chorégraphe Français; Placido Domingo, et Valery Girgiev, en Russie. Je les ai réalisés. J’ai pu rencontrer Placido Domingo à Pékin, et Valéry Girgiev, j’espère travailler avec lui en Russie. J’aimais aussi les ballets modernes de Béjart.

Entretien réalisé par Guillaume Chérel (traduction simultanée de Munkhzul Rinchin).


DJ SHAMAN L’histoire d’un mix…

Avec sa mère et ses frères et soeurs

é au Cambodge, à Phnom-Penh, à la fin des années 50, Alex Long, dit DJ Shaman, a quitté son pays avant que les khmers ne prennent le pouvoir. De mère, micambodgienne, mi-française, il a également un grand-père d’origine suisse et allemande. Son père, nationaliste, a disparu pendant les évènements : « Il était ministre des finances et croyait que ça allait s’arranger... Je suis parti à Paris avec ma mère et j’ai vécu des années en France. Je suis retourné au Cambodge, en 2000, pour chercher ma famille et un cousin m’a reconnu dans la rue : « Toto », on m’appelait, quand j’étais petit... J’ai tourné dans pas mal de clubs, à Paris, mais la France ne m’a jamais

DJ SHAMAN

L’histoire d’un mix…

vraiment donné ma chance. J’aime la France, pourtant, c’est encore un pays d’accueil mais rien à faire pour percer dans la musique : pourtant, j’ai tapé à toutes les portes. Je vivais la nuit... J’ai vu les débuts d’NRJ, après la période disco des années 70-80. Il fallait que je change quelque chose dans ma vie alors je suis parti. » Il a travaillé des années pour un ami, ambassadeur de France, Patrick Chrismant... Au Pakistan, en Finlande, et en Mongolie, en 2007. C’est là que tout a commencé pour lui : « Un jour, j’ai joué comme DJ dans un club et un producteur m’a proposé de venir les rencontrer dans leurs studios.

My love, remix d’une chanson mongole, est mon plus gros succès... Je me suis mis à chanter (j’avais appris à Bordeaux). Les pop-divas mongols ont voulu me rencontrer, je suis passé à la télé, à la radio et tout s’est enchaîné... J’ai été numéro 1 au Top 50 pendant 4 semaines. Depuis 2009 tout va bien. Je tourne un peu au Cambodge et à Shanghai (Chine). C’est compliqué en France... Il faut connaître quelqu’un d’influent. On peut vivre très bien ici, si le bizness marche. Le showbiz est un milieu difficile. Mais je ne pense pas rester toute ma vie en Mongolie. » Propos recueillis par G.C


JESSIE, LE STYLISTE VENU DU CHAUD…

’origine congolaise, « quarteron », comme on dit, petit-fils de tirailleur africain pendant la seconde guerre mondiale, mais aussi d’origine bourguignonne, Jessie Itofo se lance dans la mode (« French Khan Khan »), à Oulan-Bator, en alliant les influences asiatiques aux tendances urbaines venues du « street-art ».


-Racontez-nous votre parcours avant de vous installer en Mongolie, où vous vous êtes mariés à une mongole... Jessie Itifo: J’ai rencontré ma femme... à Cuba ! Mais je suis né à Sète, dans le sud de la France. J’ai quitté cette ville vers 7-8 ans pour aller vivre à Sheffield, en Angleterre, où j’ai appris le russe et l’espagnol. Il faut dire que j’ai un père qui voyage beaucoup. Ça a dû m’inspirer. J’ai aussi vécu au Cap d’Agde, près de la mer, et à Montpellier. J’ai aussi suivi mon père en Afrique du Nord, en Europe, en Inde aussi. Il a été plongeur sur les plateformes pétrolières, il a aussi travaillé dans le désert, créé une boîte de nuit, été moniteur de voile, et a bossé avec une importante compagnie américaine.... -Pourquoi vous lancer dans la mode ? Jessie Itifo: Je me suis toujours intéressé à la manière de s’habiller des gens, lors de mes voyages, selon leur culture. Et la Mongolie est une bonne opportunité pour lancer une marque ou une entreprise. Après avoir vécu 5 mois à Moscou (Russie) puis 5 mois à la Havane (Cuba), j’ai décidé de suivre ma future femme mongole, que j’avais rencontrée à un concert de Manu Chao devant l’ambassade américaine... Nous avons un enfant, ensemble, qui s’appelle Macéo, comme le révolutionnaire cubain. -Depuis combien de temps êtes-vous en Mongolie et comment vous y sentez-vous ? Jessie Itofo: Je vis à Oulan-Bator depuis 3 ans, et je dois avouer que j’ai d’abord été surpris de découvrir un pays aussi grand avec aussi peu d’habitants, surtout après avoir voyagé en Inde. Je trouve que la vie y est assez dure, quand même, que ce soit au niveau du climat que dans les relations avec les gens parfois. Mais ça, c’est à la capitale. La vie est difficile pour les mongols. J’aimerais pouvoir voyager plus souvent à la campagne. Allez dans l’Est et l’Ouest... Oulan-Bator est une ville pas facile. C’est pas la Havane, quoi... C’est assez chaotique. Il y a peu d’endroits pour se promener au calme. Par contre, il suffit de faire dix kilomètres et on a l’impression d’être loin....

-Vous avez voulu vous démarquer du style asiatique d’emblée, tout en en lui faisant des signes subtils.... Jessie Itofo: Oui, je ne vois pas porter une Del (vêtement traditionnel que portent les anciens NDLA), par exemple, mais j’aime le look. Ça me fait trop penser aux kimonos japonais. Mais je joue, malgré tout sur les formes, ou les tissus pour en faire des vêtements mi-occidentaux, mi-asiatiques. Ici, les gens sont accessibles donc j’ai pu travailler avec des mongols qui comprennent ce que je peux faire. Je fais du sur-mesure. -Quel est votre objectif ? Jessie Itofo: Que mes vêtements puissent être mis partout dans le monde, sans avoir l’air d’être déguisé... Mes chemises ont de petits boutons asiatiques mais aussi des cols slaves. Je dessine pour les femmes


-Où trouve-t-on vos vêtements et combien coûtentt-ils ? Jessie Itofo: Cela va de 150 000 MNT sur mesure à 120 000 MNT environ les vestes. Nous allons faire des brochures et je pense monter un site Internet. J’aimerais toucher le public intéressé par le commerce équitable. Pour le moment, je compte sur le bouche à oreille, notamment chez les francophones. Les « expat’ », comme on dit. Moi, je dessine... La communication va suivre. J’y vais progressivement. Les premiers retours sont bons... Mais, en attendant d’en vivre, je travaille pour un journal anglais pour qui je recueille des articles sur la Mongolie. J’aide aussi mon ami Stéphane, pour sa boîte de tourisme, « Evasion Mongolie ». Je donne aussi des cours d’anglais... Mais bon, il faut que je démarche les clients.

Propos recueillis par Guillaume Chérel e-mail : jessietofo@yahoo.com Tel : 976 88679766 et 976 95969766

et les hommes. On fait du pièce à pièce, ça commence doucement àla commande. Mes blousons, de style « street-wear », peuvent être portés avec des jean’s ou des jupes. J’ai aussi créé des casquettes de Baseball... J’utilise de nombreuses couleurs différentes et tissus locaux. Je me débrouille avec ce que je trouve à « UB ». Nous faisons des vestes cintrées ou pas, avec des formes différentes, qui puissent être portées à Paris comme ici. Attention, il faut prononcer French Khan Khan, «French rhane rhane » et non « French can can » (ou FrKhKh)...


TV5MONDE “Montrer ici ce qui vient d’ailleurs, montrer ailleurs ce qui vient d’ici”.

TV5 MONDE est l’un des liens les plus dynamiques reliant la communauté francophone de Mongolie au reste du monde. Nous ne sommes pas les seuls à avoir cette chance, la chaîne est présente dans plus de 200 pays ; ce qui permet à plus de 235 millions de foyers de recevoir TV5MONDE et ce qui en fait le second réseau mondial de télévision après MTV . V5 fut créée à Paris, le 2 janvier 1984, sous l’impulsion du ministère des Affaires étrangères français, par cinq chaines de télévision publiques francophones : TF1, Antenne 2, FR3, RTS et RTBF (d’où le 5 de TV5). Aujourd’hui, dix chaînes partenaires francophones nourrissent cette chaine avec des positionnements éditoriaux différents : France 2, France 3, France 5, ARTE France, RTBF, TSR, Radio Canada, Télé Québec, RFO et le CIRTEF. Depuis 2008, TV5MONDE est partenaire de la Holding de l’Audiovisuel Extérieur de La France qui détient 49% du capital et regroupe France 24 et RFI. Depuis 2001 et la couverture médiatique qu’a proposé la chaîne sur les suites du 11 septembre puis lors de la Guerre d’Irak en 2003, TV5 a mis en lumière l’intérêt d’une information aux sources plurinationales. Les conflits internationaux qui ont suivi, guerre d’Irak notamment, ont depuis relancé le projet d’une grande chaîne d’information internationale relayant dans le

monde le point de vue français. TV5MONDE Asie couvre depuis 1996 une large zone, incluant la Mongolie, allant de GMT+5h30 (Inde) à GMT+12 (Nouvelle Zélande). Avec une nouvelle offre enrichie, mieux adaptée aux fuseaux horaires et aux modes de vie, elle vise à répondre aux attentes des téléspectateurs de la zone Asie. La chaîne est diffusée en Mongolie via les réseaux câblés de Sansar et Univision : http://www.sansarcatv.mn/ http://www.univision.mn/ Connaitre les programmes : http://www.tv5.org/cms/chaine-francophone/ programmes/p-74-s10-z40-lg-Editorial.htm? Contact TV5 monde pour la Mongolie : Alexandre Muller (directeur Asie – Hong Kong) asie@tv5monde.org Munkhzul Unenbat (Source TV 5 monde)


HE(l)P ! TAXI !

Même si la plupart des chauffeurs sont sympathiques, prendre un taxi à Oulan-Bator, c’est un peu comme monter sur un ring. Il faut à la fois faire comprendre où l’on va, faire croire que l’on sait où l’on va (sans nécessairement connaître le trajet), ne pas se faire balader de district en district sous prétexte d’éviter les embouteillages qui de toute façon sont inévitables… Et enfin, se faire potentiellement arnaquer en gardant le sourire lorsque le taxi n’est pas équipé d’un taximètre. Bon, bref… On ne sait jamais comment va se terminer l’aventure. Alors pour que tout se passe au mieux :

QUELQUES CONSEILS : • Toujours préférer les taxis officiels équipés d’un taximètre • ne jamais monter dans un taxi ou il y’a déjà un autre passager ou lorsqu’on ne sait pas si il y’a un autre passager (vitres fumées par exemple) • Avant de monter, noter ostensiblement la plaque d’immatriculation • Ne jamais prendre un taxi seul(e), en état d’ébriété, autre que les taxis officiels que vous appellerez via leur centre de contrôle afin de laisser une trace de votre passage dans le véhicule. • Toujours monter derrière le chauffeur (ni à coté, ni dans la diagonale arrière) • Ne pas négocier avec trop d’alacrité le tarif à l’arrivée. Sous peine d’un bourre-pif. Il fallait demander avant de monter. Hé, hé, hé ! En revanche vous pouvez toujours noter le numéro d’immatriculation et vous plaindre auprès de la compagnie de taxi. Ou alors appelez la police si le prix demandé est démentiel. • Se faire déposer une cinquantaine de mètres après votre domicile et attendre que la voiture ait disparu pour revenir en arrière. Cela évitera d’indiquer votre véritable adresse à de possibles malandrins. • Normalement 1km = 700 / 800 MNT mais certains taxis y ajoutent une prise en charge.

Photo de THimothee Desgraupes

S O C I E T E S D E TA X I : 1991 1950 344499 300000

PETIT GLOSSAIRE POUR S E FA I R E C O M P R E N D R E : Mettez votre compteur à zéro: Tooluuraa tegleerei. Combien coûte un kilometre ?: Neg kilometer yamar unetei ve ? A droite: Baruun gar tiishee A gauche: Zuun gar tiishee Tout droit: Tchigeeree Stop: Zogsooroi Pouvez-vous m’attendre … minutes?: Ta namaig ….minut khuleej chadakh uu ? Combien vous dois-je? : Khediig tulukh ve? Yamar unetei ve ?

Enkhtuya Tsagaan


LE FRANCAIS EST UNE CHANSON DOUCE Par Sophie Lataillade

Oulan Bator, automne 2012, une histoire vraie. Comme chaque matin, je me réjouis de retrouver cette lumière si particulière qui pénètre la pièce à l’ouverture des rideaux, cette lumière de celles qu’offre la Mongolie au lever du soleil. Je devine pourtant dans les roses et les ors du ciel naissant, le froid qui me piquera au premier pas dehors. Il faudra bien sortir quand même, ajuster les accessoires de l’hiver, écharpe, couvre-chef, gants, lunettes, arpenter ainsi fagotée quelques mètres de trottoir bancal, se jeter dans le trafic matinal en quête d’un taxi, et rejoindre le bureau. La routine me plait, tant elle réserve chaque jour son lot d’aventure, ses découvertes et ses rencontres. Ce jour-là, c’est une voiture noire qui s’arrête. Je distingue à peine le conducteur, et j’hésite quelques secondes à monter dans ce véhicule inconnu. En un coup d’œil, j’évalue la carrosserie, je saisis la poignée, et je monte à l’arrière, le cœur battant. Comme toujours, le conducteur m’interroge sur notre destination, et comme toujours, ce premier échange sonne le début de la rencontre. Ma voix, mon mongol approximatif, et le

regard que je révèle en ôtant mes lunettes, trahissent mon identité… La main droite du chauffeur ajuste le rétroviseur dans ma direction, premier regard croisé, première curiosité. Je réponds par un sourire prudent. -« D’où viens tu ? ». Le ton est sec, viril, direct, pas franchement sympa. -« Je suis française ». Avec ces mots, les yeux fendus du conducteur s’éclairent d’une pétillance amicale, suivie d’une envolée de mots chuintés que j’ai tant de plaisir à entendre…mais que je ne comprends pas. Dans le monologue qui résonne dans l’habitacle, je tente de saisir du sens, et je m’applique à reconnaitre quelques mots qui pourront être le début d’un échange. J’aime ce moment autant que je le redoute. -« Tu connais des chansons françaises » ? -« Heuuu, oui ? » (le suspense, à ce stade, reste entier ! ai-je bien compris ?) -« Alors chante ! » La scène est anthologique. Je vis un instant de cinéma. Le trajet familier défile par la fenêtre embuée, alors que je chante de tout mon cœur un répertoire hétéroclite, d’Edith Piaf à Georges Brassens, en passant

par Boris Vian, Jacques Brel, et les chansons populaires des dîners de famille… Après chaque chanson, le conducteur m’enjoint : « une autre » ! Je m’exécute, dans une palette d’émotions que je situerais entre le plaisir, l’inquiétude, et l’impatience d’arriver au but du voyage, d’apercevoir le coin de rue qui me délivrera de cette situation incongrue ! Dashtchoiling, dernier virage, dernier couplet ! La voiture s’arrête, je m’interromps, et sors mon portefeuille, avec soulagement. Silence dans la voiture. A cet instant précis, je vécus sans doute l’un de mes plus beaux instants de francophonie en Mongolie.Mon conducteur se tourne, m’évalue de son regard mongol, sourit pour la première fois et dit : -« Merci. Tu as chanté en français, c’est gratuit pour toi ». Je sors, la voiture s’éloigne, et me laisse pantoise sur le trottoir. A ma droite, comme un havre, le bâtiment de l’Alliance française. Ce jour-là, pour la première fois, j’ai payé ma course en français ! Sophie Lataillade, Française à Oulan-Bator


RECIT D UNE PARTENAIRE CONVAINCUE

Janvier 2008. Un mail demandant fourniture de cahiers Clairefontaine et blocs Rhodia me tombe du ciel Mongol ; il est signé Sébastien Marneur, Librairie Papillon. Une librairie Française à Oulan-Bator … En des terres si lointaines et faiblement peuplées, aux hivers interminables ! Y avait-il un réel potentiel, serait-ce un repère caché d’expatriés , un eldorado méconnu ? L’enthousiasme de Sébastien m’emporte et le démarrage est tout aussi fulgurant. Nous avons vocation à être présents partout, notamment au plus près des écoliers, étudiants (et de leurs parents ! ) français, francophones, francophiles . Pour autant, nous n’avions pas imaginé exporter la douceur de l’écriture dans les steppes. Ce fut un franc succès. La librairie Papillon a rapidement fait des petits : de multiples points de vente fleurissent à UB et, au-delà, dans plusieurs aïmags de Mongolie. Nos cahiers rencontrent un public mongol, les consommateurs ressentant aisément la différence avec l’habituel papier chinois ou russe , ils sont conquis. La plume y glisse comme sur neige fraîche. Chaque année de nouvelles « collections » Clairefontaine Rhodia avec leur « french touch » séduisent une clientèle plus large, la boule de neige roule… En Mai 2010, la librairie Papillon organise les premières journées culturelles franco-mongoles à Oulan-Bator. Nous aurons l’honneur de les sponsoriser. Journées de rencontres dans la steppe entre auteurs, poètes , éditeurs , puis festivités et spectacles à l’ Opéra ; les ingrédients culture-passion-écriture sont réunis pour notre participation .

Et rebelote en Juin 2011 : Clairefontaine et les deux sapins Rhodia, l’orange et le noir, s’invitent à nouveau dans la steppe. L’équipe de Papillon ne s’arrête pas là : en 2010 Sébastien décide de promouvoir de façon spectaculaire Rhodia, marque intemporelle, mythique en Asie. Précurseur à l’époque de sa création en 1932, le bloc Rhodia véhicule une image d’authenticité, de qualité et d’élégance. La librairie Papillon crée le « Rhodia Fashion Show », inspiré du calendrier-anniversaire des 75 ans de la marque. Une équipe de stylistes mongols réalise en un temps record 82 modèles, à base d’étoffes, de cuir, de « matières premières » Rhodia , ainsi que de blocs et autres carnets orange &noir . Le 8 Décembre 2010 à l’ hôtel Gengis Khan , « Le Défilé » présente 82 mannequins tout de Rhodia vêtues, et crée l’événement à UB , ainsi que sur la planète Rhodia : http://www.youtube.com/watch?v=u7uCXn3xHBY Le succès commercial est acquis, Sébastien n’aura aucun mal à nous attirer sur un autre terrain, celui du sport et de l’aide aux enfants défavorisés. Clairefontaine Rhodia - partenaire et donateur actif de l’Unicef depuis 2004 – deviendra mécène du « Rhodia Karaté Club » . L’association sonne comme une évidence : une activité sportive enseignant les vertus du respect, de la tolérance et de la rigueur ne peut que favoriser une scolarité dynamique et harmonieuse. Raphaëlle Reisse Directrice export de Clairefontaine, la marque d’affection* *une affection toute particulière pour les Papillons www.clairefontaine-unicef.fr/www.clairefontaine.com www.bloc-rhodia.com


U N C LU B

LE RHODIA KARATE CLUB

e Rhodia Karaté Club est un club de karaté contact, (Kyukushinkai, l’ultime vérité, aussi surnommé “Karaté K.O.” car les matchs ne se gagnent pas aux points mais au K.O.) fondé en mars 2011 par Dominique Valera dit “Le King”(3 fois champion du monde, 17 fois champion d’Europe), ceinture noire 9eme dan de karaté, et son ancien élève Sébastien Marneur. Ce club est entièrement gratuit (équipements, professeurs, assurance etc.) pour les enfants défavorisés, afin de leur procurer une activité sportive, leur enseigner les vertus du respect, de la tolérance, de l’effort, de la rigueur, de l’honneur et du courage. Les enfants, il y’en a 180, s’entrainent dans différents groupes, mais chaque enfant reçoit au minimum 6 heures d’entrainement par semaine. Le club a organisé son deuxième anniversaire dans le gymnase de l’école #87 (quartier d’Ouliastaï), le dimanche 17 mars à 14H00. Y ont participé les enfants (6 à 18 ans) de l’orphelinat Verbiste, les enfants (6 a 18 ans) de l’école #87 et la section femme d’Eurofeu Asia. Au programme, et sous la houlette des professeurs Sergelen (médaille de bronze aux championnats du monde de Karaté 2007 en Thaïlande) et Otgoo, nous

avons pu assister au passage des ceintures, à des démonstrations impressionnantes et parfaitement exécutées, à des bris de planche/parpaings et à des compétitions amicales mais très acharnées : mongole attitude oblige. Mais la violence n’est pas de mise, sur la totalité des participants (une centaine quand même), il n’y eut à déplorer qu’une cheville foulée, une côte cassée et une tête enflée. Une preuve de plus que le karaté est moins dangereux que le football ou le basketball. A noter également que le club s’enrichit désormais d’une nouvelle recrue de choix, Michel Lopez, citoyen cubain (de la fameuse école de boxe cubaine), médaille de bronze lors des jeux olympiques 2004 (Athènes) et entraineur de l’équipe nationale de boxe mongole. Il a signé avec le club pour enseigner 26 heures par semaine. Le président du club, Sébastien Marneur, lui a demandé de développer chez les enfants, le jeu de jambes, les positionnements d’attaques/défenses et les techniques de poings. Les enfants du Rhodia Karaté Club sont plutôt craints en compétition extérieure, car ils ont pour réputation de n’avoir peur de rien et surtout de ne rien lâcher. En témoignent les résultats obtenus en 2012 : lors


des compétitions nationales, deux ceintures oranges, sont montées sur le podium (Bronze et Argent) après avoir défait un certain nombre de ceintures noires des autres clubs (sauf une 1ere Dan qui prit l’Or). Le club est soutenu activement par les amis du club (de nombreuses personnalités étaient présentes lors de cet anniversaire), par la Fédération Française de Karaté et son président, Winx Continental, Eurofeu Asia JSC et bien entendu la société française Rhodia-Clairefontaine.

Lien vidéo (datant de 2011) : http://www. youtube.com/watch?v=ZhStedgSl-o Amarzaya Purevdordj


Spécialiste de l’immobilier.

U N E I N T E RV I E W D E C H R I S TO P H E R D E G RU B E N

OU ET COMMENT E LOGER A OULAN-BATOR ? Christopher de Gruben, de nationalité Belge, directeur général de la société M.A.D (MAKE A DIFFERENCE ), société d’investissements et de conseils immobiliers nous répond. Qu’est-ce qui vous a amené a Oulan-Bator, voici maintenant presque 8 ans ? Christopher de Gruben : Tout d’abord, je suis heureux d’apprendre que la communauté francophone d’Oulan-Bator va bientôt avoir son propre magazine. C’est un signe montrant que la communauté devient de plus en plus importante et que sa diversité est maintenant établie. Je suis venu à Oulan-Bator en raison de l’opportunité d’investissement que le pays représente. A l’époque, le pays avait à peine commencé son essor économique et tout était à faire en termes de business. Il était déjà évident, à l’époque, qu’un des secteurs de l’économie qui allait prendre une très grande ampleur était le secteur immobilier. J’ai donc investi avec 2 amis, afin de créer une société d’investissements et de conseils

immobiliers (M.A.D. Investment Solutions). Cette société est aujourd’hui une des plus importantes sur le marché et nous sommes confiants parce qu’il va encore énormément se développer, au cours des 5 à 10 prochaines années. Justement, parlez-nous du marché immobilier d’Oulan-Bator. Est-il facile de trouver un logement pour les « expats »? Vaut-il mieux acheter ou louer ? A quoi s’attendre ? Christopher de Gruben: Il faut bien savoir que c’est un marché en pleine émergence, c’est-à- dire que tout n’est pas parfait, loin de là. Nous avons encore souvent des coupures d’électricité et d’eau ; l’internet ne marche pas toujours et les services de support technique dans les bâtiments sont rares.


Pour les « expats » qui viennent vivre ici à court terme (moins de 2 ans), il est bien sûr préférable de louer un appartement. Pour ceux qui veulent vraiment s’implanter ici et y faire leur vie, il est très avantageux d’acheter. Les loyers sont chers et risquent encore fort de grimper, durant les prochaines années. Posséder son logement amène une importante stabilité à la vie ici. Il faut, malgré tout, savoir que le secteur financier commence à peine et qu’il est encore toujours pratiquement impossible, pour un étranger, d’obtenir un prêt en Mongolie pour l’achat d’un appartement. La qualité des appartements en Mongolie est, en règle générale, assez mauvaise. Les nouvelles constructions sont souvent les pires car construites avec des matériaux de mauvaise qualité (mais pas chers) par des travailleurs chinois et sont mal adaptés aux températures hivernales. En règle générale, nous recommandons toujours d’acheter ou de louer de vieux appartements type soviétique (les 40 k et les 50 k en particulier). Ils sont très bien construits et, même si leurs extérieurs ou les cages d’escaliers ne font pas rêver, ce sont des appartements formidables à habiter et, surtout, ils sont en plein centre de la ville. Quel quartier de la ville recommanderiez-vous à un nouvel arrivant ? Christopher de Gruben: Cela dépend vraiment de ce que vous recherchez. Dans le sud de la ville, nous avons le quartier résidentiel de Zaissan, avec des grands appartements modernes, dans des résidences

avec piscine, tennis et parfois quelques magasins. Le problème, de cette zone, est le manque de magasins, restaurants, cafés et de vie en général. C’est aussi relativement loin du centre-ville, donc une voiture est essentielle. Il y a souvent des embouteillages entre Zaissan et le centre-ville, le trajet peut prendre parfois deux heures. Le quartier est, malgré tout, très cher et donc réservé aux expats les mieux lotis. Un appartement de 2 chambres à coucher coûte en location dans les environs de 2,500 a 5,000 USD par mois. C’est un quartier qui est parfait pour une famille (à côté des écoles principales et plein d’espace) et pour ceux qui ont des voitures avec chauffeurs. Nous avons ensuite, le “Quartier des Ambassades” sur l’avenue Olympique, autour des ambassades Tchèque, Japonaise et Coréenne. Ce quartier est en plein développement, avec énormément de constructions de type résidentiel. Il y a déjà plusieurs grands bâtiments avec de grands appartements modernes (100 à 160 m2 en moyenne), ils sont en règle générale bien construits et spacieux. C’est un quartier qui, dans 5 à 6 ans, va être sympa mais qui aujourd’hui manque de tout et nécessite encore souvent d’avoir une voiture. Un appartement 2 chambres à coucher, dans ce quartier, coûte en moyenne 1,800 à 3,000USD par mois. Ce quartier convient bien pour des couples aisés ou pour des jeunes familles qui peuvent se permettre les prix des locations et désirent vivre dans un bâtiment construit récemment.


Mais encore.... ? Christopher de Gruben: Le troisième grand quartier où nous trouvons pas mal « d’expats » est le quartier du Grand Magasin, en plein centre ville. C’est souvent considéré comme le quartier le plus sympa d’OulanBator avec les vieux bâtiments pleins de charmes, les cours cachées derrière les grandes avenues et surtout une très haute concentration de magasins, restaurants, cafés, bars et supermarchés. C’est dans ce quartier qu’habite une très grande proportion des jeunes « expats » qui aiment être a 10 minutes a pied du centre des affaires tout en étant au cœur du centre de la vie d’Oulan-Bator. L’épicentre de ce quartier est le Grand Magasin, le plus grand centre commercial de Mongolie ou il est possible de tout trouver (ou presque). Ici les appartements sont souvent de “vieille génération” construits dans les années 50 à 80, ils sont souvent très bien construits avec des hauts plafonds, des gros murs et des grandes fenêtres. La plupart du temps, les cages d’escaliers laissent à désirer mais on s’y habitue rapidement. Les appartements ici sont d’habitude plus petits avec une moyenne de 65 m2 et un prix de location moyen de 900 a 2,000 USD par mois. Beaucoup vivent à Sansar, à Khan-Uul et dans d’autres quartiers de la ville, mais ils n’y sont pas en nombre important. Le quartier des affaires est au sud de la place principale (Soukhebaatar).

avons très souvent vu des conflits entre proprios et locataires, où les propriétaires ont presque toujours gain de cause. Il y a très peu de lois et d’associations pour la défense des locataires. Nous recommandons donc autant que possible de passer par une agence de location réputée ou de louer directement à une firme qui gère des appartements, à Oulan-Bator, telle que M.A.D. Ceci permet de mieux protéger ses intérêts et éviter des hausses de prix soudaines ou des évictions en plein hiver. Et concernant les assurances? Christopher de Gruben: La plus grande partie des appartements, en Mongolie, n’ont aucune forme d’assurance, ni pour les murs ni pour le contenu de l’appartement. Il faut donc bien vérifier que le locataire ne prend pas contractuellement la responsabilité, en cas de vol, feu ou autre dommage à l’appartement qui n’est pas dû à la propre négligence de locataire. Les locataires peuvent, malgré tout, prendre une assurance spécifique pour leurs effets personnels.

Un dernier conseil à nous donner ? Christopher de Gruben: Il n’y a pas énormément de choses à faire a Oulan-Bator, donc se créer une bonne communauté d’amis est important. Le logement, ici, joue un rôle encore plus primordial que dans d’autres pays. Il fait très froid durant une grande partie de l’année et c’est une petite ville loin de tout. Il est donc Est-ce qu’il y a des aspects dont il faut se méfier important de prendre un logement à proximité de tout quand on loue un appartement ? Des clauses dans ce qui compte dans votre vie (bureaux, magasins, les contrats ou des coutumes qui restaurants, amis…), il faut pouvoir aller à pourraient nous faire du tort? Il faut surtout faire un pieds partout. Il faut aussi, si possible, prendre inventaire et un état des un appartement ou l’on peut recevoir des amis, Christopher de Gruben: faire de grands repas et bénéficier d’un confort lieux, prendre des photos optimal pour les longues soirées d’hiver. Vous de tout, avant de rentrer allez passer plus de temps à la maison, ici, Il est rare que les propriétaires dans l’appartement et que dans pratiquement n’importe quelle autre rendent la caution de location, car ils utilisent justement le faire signer cet inventaire capitale du monde. Il est donc important d’avoir “manque” d’inventaire comme un “chez soi” agréable. correct au propriétaire. excuse. Il faut aussi savoir que ce n’est que très récemment que Propos recueillis par Narantuya Tsagaan les Mongols ont commencé à Pour de plus amples informations sur le marché louer leurs appartements à des étrangers. C’est un immobilier en Mongolie, veuillez consulter le site web concept assez récent et donc il y a souvent un manque de M.A.D. Investment Solutions (www.mad-mongolia. de compréhension de la part des propriétaires, com) ou contacter directement Christopher sur: concernant leurs droits et responsabilités. Nous degruben@mad-mongolia.com


Litterature


Nos amis passent souvent à la librairie Papillon et y laissent toujours de beaux commentaires. Nous les partageons :

LE LOUP MONGOL

(Texte spécial pour la Librairie Papillon)

Journaliste, chroniqueur pour Libération, Homeric, est également écrivain. Parmi ses nombreuses publications, citons « Le Loup Mongol » (Grasset - 1998, Prix Médicis). En mai 1992, je suis parti pour la Mongolie. A l’exception de l’Histoire secrète des Mongols j’ignorais tout de ce pays. Bien des occidentaux, dont les ancêtres médiévaux avaient certainement été traumatisés par la seule menace des invasions mongoles, s’étaient inquiétés pour ma santé. Moi, je rêvais, bercé par la sensualité de ce nom, Mongolie, qui sans cesse chantait à mes oreilles ainsi que les vagues caressantes sur la grève. A l’aéroport de Moscou, les voyageurs en partance pour OulanBator étaient invités à se rendre à la porte d’embarquement située en bas d’un escalier, 10m2 entre celui-ci et une porte vitrée donnant sur le tarmac. Dès les premières marches, un épais brouillard de tabac qui montait dans la cage d’escalier me saisissait la gorge, les yeux, le nez. En bas, une foule d’hommes et de femmes patientait, vêtue de la robe traditionnelle épaisse, en feutre bleu céleste ou grenat, ceinturée d’un long ruban couleur de soleil couchant. Les hommes portaient le chapeau comme la mer les oiseaux marins, fièrement. Ils fumaient un

broussailleux tabac roulé dans du papier journal dont ils avaient pris soin au préalable de le découper dans le format désiré. A travers le nuage de nicotine à découper au couteau, les pommettes saillantes, hautes, rondes, lisses et tannées, imposaient le respect. Sous le rebord ombré des feutres, les yeux lançaient des éclats de feu, jaunes, verts, fauve. Les fentes luisantes étaient si fines qu’elles semblaient être le travail d’une lame de cutter. J’étais parmi les loups. Une horde de loups calmes et souples, L’épaule large, le rein solide, haut les fronts. Mon cœur battait dans ma poitrine comme celui d’un poulain effrayé par son propre galop. J’étais le seul Européen, quel privilège, parmi ces descendants directs du Loup bleu et de la Biche fauve. J’abordais la Mongolie par l’Altaï dont les crocs acérés nimbés d’une lueur opalescente mordaient dans le velours pur de la nuit. Rivières et fleuves serpentaient parmi des forêts bleues et miroitaient de mille boucles argentées.

J’étais au paradis. Un peuple dont les habitations sont rondes et blanches comme Lune, qui se chausse de bottes à la pointe recourbée pour ne point blesser le sol, qui ne ferre pas ses chevaux pour la même raison, ne peut être que bon. Un peuple ne reniant pas sa monture fraternelle grâce à qui il s’est élevé au plus haut de l’histoire, qui galope droit debout dans ses étriers tels des oriflammes dans l’azur, qui chante les coursiers et les trempe de lait de jument, est des plus respectables. Les enfants Mongols montent à cheval avant de marcher, et leurs parents chantent aussi naturellement que les oiseaux portés dans le ciel. Ils chantent les chevaux, les enfants, les femmes, les beautés de la Nature, bref, ils chantent toujours la même chose, mais c’est la plus belle ici bas en cette vie, puisqu’il s’agit de l’Amour. Et dans mon cœur, depuis ce jour où la Démocratie m’a permis de faire ce voyage jusqu’à eux, mes frères les Mongols, cet Amour flamboie.


PA R H O M É R I C

LA LIBRAIRIE PAPILLON

L’ANDA

Un proverbe mongol dit qu’on peut laisser s’échapper un cheval car on finit par le rattraper un jour ou l’autre… Un mot, non ! Ce temps là, où les mots ne pouvaient plus se rattraper est bien fini. Un mot envolé échappé de vos rêves, effacé de votre mémoire ? Un mot heureux dont vous ne retrouvez plus la trace ? Il vous suffit alors de pousser la porte de la Librairie Papillon qui est certainement, au cœur d’Oulan-Bator, l’endroit le plus relaxant qui soit. Dès le seuil franchi, l’enchantement vous saisit, un trio de jeunes femmes souriantes et délicates vous accueillant tels des mousses sur le pont d’un bateau en partance pour des îles merveilleuses. Si l’espace de la librairie est étroit, tout enguirlandé de rayonnages boisés où se nichent les ouvrages, dos à dos, à la manière d’un peuple aimant, les recoins, les couloirs, les salons de lecture où se retrouver en tête à tête avec un texte, confortablement étreint par les bras d’un fauteuil, sont nombreux, et disposés de telle sorte que votre ravissement ne connaît nul répit. Bois chauds et laqués, voilages groseille, tapis, fauteuils tendus de tissus crème, chaque élément du

décor est pensé pour votre bien-être. Après s’être assuré de celui-ci, vous avoir proposé un thé ou un café, les jeunes femmes vont et viennent, occupées par les livres qui sans cesse implorent leurs grâces. Ces livres à foison qui sont lorsqu’on les ouvre comme des papillons, leurs pages ainsi que des ailes posées sur le mauve de l’aster, éventant le rien de l’existence. Ce papillon sur un livre ouvert est d’ailleurs l’emblème de la librairie, comme l’encre des pages métamorphosées en lépidoptère ailé. On est ici comme chez soi, et tout à la fois hors du temps. Cette ambiance à nulle autre égale, on la doit à Nara, l’ange-femme directrice de la librairie dont le bureau est toujours ouvert, et les yeux sans cesse penchés sur le travail, aussi silencieuse dans ses activités qu’un fil passé dans le chas d’une aiguille. Elle connaît sur le bout des lèvres les milliers d’ouvrages qui font rubans multicolores aux murs, et sa voix légère quand elle vous renseigne offre le sentiment qu’elle a aspiré un feston de nuage et que ses mots flottent dans l’air sur des filaments vaporeux. Nul besoin alors de filet à papillon pour les rattraper et les savourer. HOMERIC


PA R H O M É R I C

Texte special pour la Librairie Papillon

LES MONGOLS Ils ont des yeux immenses, à l’identique du ciel au-dessus de leur tête. De vous, rien ne leur échappe, et comme avec les chevaux il ne sert à rien de tricher, de faire semblant : un clin d’œil leur suffit pour faire l’inventaire de votre personne. Ils vous observent cependant avec une telle pudeur, tant de délicatesse, que vous n’avez pas le sentiment d’être déshabillé. J’aime les Mongols. Ils sont Amour. Leurs chants ne racontent que cela : l’Amour de la nature, des chevaux, des femmes, des amis, et des enfants, dont ils prennent soin de changer le prénom et le sexe lorsqu’ils les évoquent afin d’égarer les esprits malins ravisseurs de chérubins. J’aime leur générosité, eux qui savent si bien se contenter du moindre, leurs yeux étoilés qu’une vie rude ne ternit pas. Ils me manquent. Leurs sourires, leurs coutumes, leurs chants, leur silence. Fouler leurs territoires si vastes est l’un de mes plus grands bonheurs. Sensuelles collines, herbe verte et dorée, appétissante, tapissée d’une multitude de fleurs, et sur laquelle sont dispersées, telles des pleines lunes dans l’univers, des yourtes, avec pour satellites de nombreux troupeaux, mufles au sol, les flancs

ronds. Des centaures aux habits de soie, pourpre, ocre, azur, galopent dans le soleil, face pamplemousse, toupets de crins cabrés dans la lumière, virgules de joie. En symbiose avec la nature, les Mongols jardinent les sentiments avec un je-ne-sais-quoi de charnel, d’heureuse gourmandise fraternelle. Dans l’immensité des steppes ou parmi les montagnes, où sans cesse le grandiose vous étreint, on est jamais réellement perdu car les Mongols volent dans l’espace aussi naturellement que les aigles se laissent tomber du plus haut des cieux, enivrés d’azur. Et puis, il y a les yourtes. Le cœur. On y entre et s’y installe sans frapper. Il suffit juste de prévenir l’habitant de tenir ses chiens souvent roulés en boule au bas de la “maisonnée” de feutre. Aussitôt, du thé salé est entre vos mains, d’autres douceurs encore... Bien vite, ces hôtes d’exception tissent un guillochis tendre à votre présence, décorent leurs yeux d’accroche-cœur et vous illuminent d’un joli rang de perles à leur bouche. Tant d’amour vous donne le sentiment d’être juste au bon endroit parmi le vertigineux ordonnancement de l’univers.


L’ E F F E T PA P I L L O N

Par Michel Folco Auteur au grand succès, a travaillé comme photographe pour de nombreuses agences avant de se consacrer à la Littérature. Prix Jean d’Heurs en 1995. Son premier livre, « Dieu et nous seuls pouvons », qui raconte l’histoire de la dynastie Pibrac, a été adapté au cinéma par (Justinien Trouvé ou le Bâtard de Dieu – Ticky Holgado). Les suites de cette saga d’exécuteurs de hautes et basses œuvres s’intitulent : Un loup est un loup, En avant comme avant, et, Même le mal se fait bien.

De tous les projets improbables, l’ouverture d’un KFC sur Mars et l’ouverture d’une librairie française à Oulan Bator détiennent le pompon. Si le premier projet n’en est qu’au début avec les déambulations du super rover Curiosity, le second existe depuis 8 ans avec, aux commandes, la super libraire Narantuya Tsagaan. Créer une librairie française dans la capitale la plus polluée (la plus froide) de la planète demeure incompréhensible, sauf si l’on sait qu’à l’origine de cette mirobolante initiative, il y a une histoire d’Amour entre un entrepreneur français, Sébastien Marneur, et une prof d’anglais mongole, Narantuya Tsagaan, Rayon de Soleil Blanc (aussi appelée Nara). En fait, cette librairie, baptisée au pied levé Papillon, est le cadeau de mariage du marié à la mariée. Après huit ans d’existence, Rayon

de Soleil Blanc parle un français impeccable et propose à sa clientèle de résidants français (180 personnes), de mongols francophones (environ 3 000 âmes) et de quelques touristes éberlués, près de 7 000 titres allant de Balzac à Homéric, de Simenon au Père Huc, de Zola à Alexandra David Néel, de Dumas à Hergé. Nara ne s’est pas contentée de vendre du papier imprimé, elle a également fondée une maison d’Édition qui a traduit nos auteurs classiques en langue mongole. Un exploit sans pareil. Ainsi, les mongols ont désormais accès à des chef d’œuvres tels Le Comte de Monte Christo, Germinal, Tartarin de Tarascon, Tintin au Tibet, mais aussi (ah la la personne n’est parfait !) à l’épouvantable daube qu’est Le Petit Prince. Cerises sur le gâteau, Nara propose un petit stock d’ouvrages de classique anglais, russe, allemand, plus un coin réservé à la musique. Ah oui, j’oubliais, Nara est aussi à l’origine d’un service de traduction certifié d’une grande utilité. Autrement dit, Nara est indispensable. Avis charitable aux voyageurs francophones : ne jamais dire mongolien quand on veut dire mongole. Sans déconner, les intéressés le prennent très mal, au mieux ils vous condamnent à une tournée générale, au pire ils vous font subir le supplice du pal (vous savez, celui qui commence si bien et qui finit si mal). Pour ma part, en trois semaines de séjour, j’ai fauté deux fois, une fois au Bistrot Français, une fois à l’Opéra durant la représentation de Carmen. Le jour de mon départ, Sébastien m’a demandé : Sais-tu comment les Mongols appellent les trisomiques? J’ai dit non, alors, sans rigoler, il m’a dit : ils les appellent des Français. MICHEL FOLCO


PA R PAT R I C K F I S C H M A N

PAPILLON

Romancier, conteur et chanteur, Patrick Fischmann a notamment publié au Seuil des livres de contes et des romans dont Les treize jours de l’aube. … Suite aux journées cultzurelles franco-mongoles 2010, et a sa rencontre avec le célèbre poète mongol Mend-Oyoo, le Seuil a publié en 2012 un superbe ouvrage « les contes des sages de Mongolie », fruit d’un travail a deux…

PA R M I C H E L S E T B O U N Au bout du monde sans fin, là où les chenilles côtoient les yacks, il est une bulle de paix où dansent les mots. En ce lieu, sortant des chrysalides, l’amour bat des ailes, les livres agitent leurs pages et s’envolent vers la steppe. Deux créatures improbables, fortes et douces surveillent l’envol. Elle, s’appelle Nara. Les mots l’ont choisie comme un aigle son aire. Elle est posée sur le monde, lui souriant, sans faire de bruit. Lui, ne voudrait pas trop qu’on le nomme, je l’appellerai Lui. Son seul désir est d’huiler la selle de ceux qui chevauchent comme ils peuvent le monde. Dans ses lourdes mains de pierre, tout devient papillon. J’aime ces deux-là, j’aime leur nids. La littérature aussi.

LA REINE DES PAPILLONS (conte mongol du XXIeme siècle) Michel Setboun, star française du photo-journalisme, a parcouru une bonne partie de la planète pour le compte de l’agence SIPA en couvrant l’actualité. Pas une semaine sans que l’on découvre ses photos dans Géo, le Figaro Magazine, New York Times, Life, Paris Match, Stern… Il a publié de nombreux livres aux éditions de La Martinière dont La Mongolie “ rêve d’infini ». Les mongols qui ont gardé l’instinct de la chasse ne connaissaient sans doute pas la chanson de Brassens, cette fameuse « chasse aux papillons », Je n’ai, tout d’abord, pas bien compris pourquoi Nara avait choisi Papillon comme nom. En fait c’était une couverture et je sais maintenant pourquoi Nara a décidé un jour de l’appeler ainsi… Car cette librairie, si bien nommée, cache un élevage de chenilles, de la culture sur étagères en quelque sorte, un peu comme la culture hydroponique. Ces livres qui s’étalent langoureusement sur les rayons me font penser a cet animal lent et paresseux qui est friand de la pâte à papier dont sont fait les livres. Comme la chenille, un beau jour, les livres se métamorphosent. Pour cela Il suffit de leur retirer la gangue en cellophane qui les enferme, puis de les ouvrir délicatement et ensuite pour les apprivoiser, il faut les lire, plutôt à haute voix, pour en faire profiter la compagnie. Le vulgaire papier prend vie, le lecteur se libère alors de la pesanteur terrestre et prend son envol tel un papillon. Voilà comment Nara, la Reine des papillons, a transformé une simple librairie en un petit coin de paradis.


I N T E RV I E W D E M A RC A L AU X

Ecrivain,editeur, voyageur, marcheur…

Le marcheur des Steppes n six voyages, Marc Alaux, qui est éditeur à Transboréal, a parcouru 6 500 kilomètres à pied en Mongolie, où il a séjourné près de deux années. Depuis plus d’une décennie, il s’interroge sur l’avenir et l’actualité des éleveurs nomades dont il étudie l’histoire, la culture et la langue. Il est l’auteur du récit d’aventures Sous les yourtes de Mongolie (Transboréal), de l’essai La Vertu des steppes (Transboréal), du roman pour enfants Tamir et le Loup des steppes (Belin) et a réédité le Voyage en Mongolie et au pays des Tangoutes de Nikolaï Prjevalski (Transboréal). Le fait que vous ayez accepté cet entretien est-il un héritage de la sociabilité mongole ? -La vie est une route solitaire dont les plus belles étapes sont les rencontres. Pour la joie du moment partagé mais aussi parce qu’elles forcent à être honnête sur ses désirs, son ambition, sa générosité… S’en priver rendrait l’existence encore plus brève. Rien de bien mongol là-dedans même s’il est vrai que mes vagabondages à pied dans la steppe sont marqués par la découverte d’une sociabilité touchante et enrichissante. « Qui a des amis est large comme la steppe, qui n’en a pas est étroit comme la main » est d’ailleurs un trait de la sagesse populaire mongole. L’amitié est un bien précieux indépendant de la volonté ; elle naît de l’alchimie de deux caractères. Laurent Barroo et moi avons accepté comme un don du ciel l’amitié que la nature même de nos humeurs et de nos expériences nous imposait. Plutôt que de la ménager, nous l’avons mise à l’épreuve lors d’équipées viriles de six mois dans les steppes mongoles. Elle s’en est trouvée épaissie, renforcée. Elle est devenue aussi naturelle et indispensable que le sang dans nos veines. Le récit de voyage que j’ai publié chez Transboréal, Sous les yourtes de Mongolie est pétri de cette camaraderie, née sur les bancs d’école, gonflée par la sève de l’adolescence, et qui a culminé par plus d’une année de raid à pied dans les déserts et les montagnes de Mongolie. Quel est l’obstacle le plus difficile à franchir lorsqu’on part si loin ? -Hélas ! l’éloignement n’est plus un problème quand une poignée d’heures d’avion vous catapulte aux

antipodes… Mais pour chacun de mes voyages à pied en Mongolie, j’ai tenu à me passer de sponsor, de logistique, et j’ai eu, pour seul moyen de communication et d’orientation, les courriers postés des hameaux et ma boussole avec une carte. Bien sûr, dans la steppe, l’espace – autrement dit, l’absence d’obstacle physique – forme bel et bien un obstacle, qui met votre courage et votre volonté à rude épreuve, mais le souci principal reste à mes yeux ce qui empêche de comprendre l’habitant, d’adopter son regard. Ce sont donc mes propres forces, et rien d’autre, que je convoque sur le terrain. Ainsi, la faim, la soif, la douleur, la solitude inhérents au voyage à pied deviennent des conditions inévitables auxquelles on s’habitue, qui vous imprègnent de l’ambiance du voyage, de la spécificité de la région, qui vous rendent attentif, perméable, disponible. Alors


seulement, vous devenez voyageur. Si vous deviez donner un seul conseil à un enfant ou un adolescent. Quel serait-il ? -« Vis au plus près des notions de “Liberté, égalité, fraternité” ! Souviens-toi de ces mots quand tu regardes un homme, un animal, une plante, un paysage ! C’est justement pour expliquer aux enfants que l’existence doit s’embrasser avec intelligence et passion, générosité et courage que mon épouse Stéphanie et moi publions ces jours-ci, aux éditions Belin, le roman Tamir et le Loup des steppes. Enfant, je m’imaginais aventurier moderne, mais je ne le suis pas devenu. Éprouver mon courage, mobiliser mes ressources dans une unité de corps et d’action, m’épanouir dans l’épreuve fut effectivement le rêve de l’adolescent en quête de virilité que je suis longtemps resté. Mes lectures d’enfance y sont certainement pour quelque chose : L’Appel de la forêt, Rob Roy, Moby Dick, Michel Strogoff, Robinson Crusoe, Le Dernier des Mohicans, Tristan & Yseult, Les Trois Mousquetaires, L’Île au trésor… Ce qu’on pourrait appeler « des lectures de garçon » ! Certaines valeurs véhiculées par la notion d’aventure continuent d’illuminer mon Orient intérieur mais je rejette l’appellation d’aventurier, de surcroît galvaudée de nos jours.

La vie des auteurs me marque autant que leurs écrits. L’existence de Théodore Monod m’inspire ainsi depuis l’adolescence ; ses livres sont en bonne place dans ma bibliothèque pour être consultés régulièrement. Les 85 volumes de Joseph Kessel me sont aussi tous familiers mais c’est en vagabondant dans la steppe que j’aime plus particulièrement les relire. Vos voyages se concentrent dans la steppe mongole, mais n’avez-vous jamais envie d’aller voir --ailleurs ce qui se passe ? La steppe vous aurait-elle ensorcelé ? Je suis un garçon passionné. Après une enfance bercée par l’histoire et les mythes gréco-romains, une trop longue adolescence fascinée par les rites aborigènes d’Australie et la gestuelle guerrière des danseurs zoulous, je ne pouvais que continuer de vivre avec passion. Mes voyages à pied en Mongolie et les quelques heures de lecture quotidienne que je consacre à l’étude de ce pays prolongent ces débuts curieux. Que voulez-vous ! à lire Waltari, Kessel, Loti, Mishima, Kipling, London, Stevenson, on ne se satisfait pas de ce qu’on est. C’était impératif, je me devais de porter mon regard plus loin que le Paris populaire de ma jeunesse. Ma passion pour la Mongolie ne restreint pas mon regard à la steppe

: étudier l’histoire de la Mongolie, c’est s’intéresser au pastoralisme centrasiatique, à l’Europe médiévale, à l’expansionnisme nippon des années 1930, à la Chine et à la Russie contemporaines, au bouddhisme tibétain… L’actualité mongole incite quant à elle à découvrir les enjeux de la mondialisation et des énergies fossiles, la question des nationalismes et de l’émigration, la notion d’identité nationale. Et puis, la Mongolie est aussi pour moi un prétexte, un alibi pour me familiariser avec tous les modes d’expression : genres littéraires, musicaux et cinématographiques, arts graphiques… Ma passion pour la Mongolie m’ouvre au monde comme la steppe ouvre sur les paysages voisins. Pour finir, qui a dit que je ne m’intéressais qu’à la Mongolie ? Mon emploi à Transboréal me conduit à lire sur tous les pays ; et sur mon temps libre, je dévore Kazantzákis le Grec, Rong le Chinois, Coloane le Chilien, Kemal le Turc, Hesse l’Allemand, Steinbeck et Conrad… Pensez-vous que pour vivre heureux, il faut vivre caché ? -Fasciné par les ermites, je l’ai cru, et cette idée ne doit pas être complètement morte en moi. Mais gaspiller son énergie à se cacher du monde conduit à passer à côté de la vie. À chacun de défricher son champ, d’inventer sa voie, dans la foule ou la solitude, en créant en lui le refuge nécessaire à son repos, l’espace nécessaire à son épanouissement. Mon jardin secret, ce sont les rêves qui, chaque matin, me poussent à me lever à l’aube en disant « Vite, la vie n’attend pas ! » Propos recueillis par Myriam Salomon


CONTE DE LODON TUDEV

J’AI DECOUVERT UN CHEVAL Extrait du livre “Comment j’ai decouvert le monde“

• Il deviendra un bon cheval, dit papa en me montrant un poulain isabelle et jaune clair qui venait de naitre. • Le poulain de la jument marron ne serait pas meilleur ? dit maman. • Il deviendra un bon cheval. Je l’ai vu tomber sur ses quatre pattes à la naissance, répondit papa. Je ne trouvais même pas de mots pour exprimer ma joie d’avoir un cheval. Tous les enfants de notre vallée voulaient avoir un cheval. Le mot « cheval» faisait partie des premiers mots que j’avais appris à dire, il était en cinquième position. Mon enfance avait été bercée par le martèlement des sabots. Quel homme mongol ne serait pas ému en entendant le hennissement si doux d’un cheval. Mon père disait toujours : • « Un mongol nait sur son cheval et meurt sur son cheval ». Avant, j’avais un cheval en pierre. Je l’avais trouvé dans les galets de la rivière. Je montais mon cheval en pierre et jouais en sautant. Après, j’ai fait un cheval avec une baguette de bois. Quand je surveillais les agneaux et les chevreaux, j’enfourchais ma houlette comme un cheval en me servant de la corde comme d’une longe, en sautillant, en soulevant de la poussière derrière moi. Mon cheval et moi, nous laissions une fine ligne entre les traces de pieds nus. Plus tard, je montais des agneaux. Je choisissais toujours le plus dynamique, costaud et éveillé pour me servir de cheval. Un jour, aucun agneau ne fut plus capable de me porter.

Alors, nous avons eu l’idée de monter des moutons et des chèvres. Mais les moutons et les chèvres sont très paresseux par rapport aux agneaux et aux chevreaux. Ils ne font donc pas de bonnes montures. Heureusement, un jour mon petit frère a eu une bonne idée. Mon petit frère s’appelle Munagar. Grand-mère avait voulu qu’on lui donne ce nom bizarre. Mon petit frère avait le nez tout rond et le teint mat. Au début, on le surnommait Munagar le Brun, puis ensuite, on l’appela Munagai, tout court. Munagai avait une âme de philosophe : • Frère, faisons de ce bélier notre monture. Il suit tout le temps la brebis feu et noir. J’ai eu une idée. Quand le troupeau de moutons sera rentré au camp à midi, attachons-le. Quand les moutons repartiront au pâturage, à une distance égale à celle d’un autre campement, le bélier resté seul s’impatientera. A ce moment, nous le détacherons et nous le monterons. Monsieur le bélier courra derrière le troupeau comme un fou, dit mon petit frère. Notre tour de garder les moutons arriva. L’idée de Munagai m’avait bien plu. Au moment de la traite de midi, nous avons discrètement fait passer le bélier parmi les agneaux, et nous l’avons attaché. Quand les familles eurent terminé la traite des moutons, nous avons commencé à faire lever une rangée de brebis, et à les faire partir. Ensuite, nous sommes rentrés dans la yourte pour demander à maman le gouter que nous


emportions pour aller garder les moutons. Quand nous sommes sortis, le bélier sautait jusqu’à se détacher pour rejoindre le troupeau qui s’éloignait. Mon frère et moi avons couru vers le bélier, nous l’avons monté et avons détaché le bouton d’attache. Le bélier bondit brusquement, et nous avons failli nous envoler. Nous avons réussi à rester en selle en nous agrippant à sa toison fournie. Le bélier trotta l’amble et arriva au troupeau, ou il chercha un moment la brebis feu et noir. Après avoir peiné un moment, il trouva cette brebis, mais en voyant qu’un autre bélier se promenait à ses cotes, le notre entra dans une violente colère. Il se précipita et chargea le bélier sur le coté. L’autre bélier, agressé, se mit en colère et l’attaqua à son tour. Nos pieds, cognés par la charge de ses cornes noires en guidon de vélo de course, nous faisaient très mal, et notre seule envie était de descendre du bélier. Nous avons été surpris en plein délit par notre voisin Vaantchig. Pendant toute la soirée il se moqua de nous : • « Na na na nére….chevaucheurs de bélier ». Papy Mona nous a demandé » • Vous montez sur le bélier ? • Oui, avons-nous répondu. • Et bien, vous n’êtes pas des hommes. Autrefois, à l’âge de trois ans on montait déjà de vrais chevaux, et pas des béliers. Maintenant, il est difficile d’appeler des enfants des hommes. Quelle pitié, dit ce grand-père. Mon frère et moi nous sommes jurés discrètement de ne plus remonter sur un bélier. C’est à cette période que papa me désigna mon cheval. Je câlinais mon poulain tous les jours. Je l’avais appellé « Khulan joroo». Comme j’avais déjà un cheval, je donnai ma chèvre blanche à mon petit frère. C’était une chèvre peu courante et mignonne avec la barbichette qui pendait de son menton et les longs poils de ses pattes arrière. Un jour, mon poulain a eu un an. Il était plutôt petit avec ses poils dressés. Maman le bichonnait en disant qu’il ne ressemblait pas à un cheval pas encore dressé. • Ce n’est pas le moment de le dresser ? demanda maman. Mon frère et moi nous occupions de lui et jouions avec lui depuis sa naissance, et il n’y avait pas besoin de le dresser. Les gens demandaient étonnés : • Il est déjà dressé, ce poulain, non ? Comme nous avions déjà un cheval, mon frère et moi

avons voulu en profiter en partant discrètement pour un long voyage. Assis l’un derrière l’autre sur notre poulain, nous avions l’impression d’avoir la meilleure et la plus rapide monture au monde et nous avions envie de crier. C’était incomparable avec des chevaux en pierre, une houlette et des agneaux. Mon frère et moi chantions à pleine voix une chanson d’adultes : • « Parti avec un poulain comme monture • A-t-il froid le cavalier ? » Ce matin-là, avec la dernière neige de printemps, la terre entière était blanche et aveuglante. De temps en temps, il y avait de petits reliefs sombres, mais mon frère, mon cheval et moi, nous laissions des traces régulières sur la neige, et nous avions l’impression de tout écraser de notre grandeur. Mon frère et moi sommes montés jusqu’au sommet impressionnant d’une grande montagne. Il y avait un ovoo. Nous sommes descendus à coté de l’ovoo et y avons chacun ajoute une pierre. La neige commençait à fondre en dégageant une bonne odeur d’humidité. • Frère, et si on allait faire une boule de neige ? demanda mon frère. Vous connaissez sans doute le plaisir de fabriquer des boules de neige avec une neige fondante ? Quand on est sur le sommet d’une grande montagne, on fabrique une boule de neige de la taille d’une tasse et on la laisse descendre. La boule agrège toute la neige fondante sur son chemin, devenant de plus en plus grosse et lourde. Parvenue au pied de la montagne, elle est devenue presque aussi grande qu’une yourte. Des boules entassées l’une sur l’autre peuvent même bloquer le courant d’une rivière. Mon frère et moi avons commence à rouler des boules. Nous avons fait des boules avec presque toute la neige du versant d’une grande montagne. Soudain, nous nous sommes rendu compte que nous avions faim. Nous avions du rester longtemps. Nous sommes remontés sur notre cheval et avons galopé très vite jusqu’à la maison. Les gens ne se doutaient pas que nous étions allés si loin et étions restes à jouer pendant si longtemps. • Si nous y étions allés à pied, nous serions seulement en train d’arriver, dit mon frère. • C’est bien vrai. Qu’est-ce qu’un cheval est rapide, dis-je joyeux et tout fier.Ainsi, j’ai découvert qu’on pouvait aller très loin à cheval. Traduction de Rinchin Munkhzul Dessin de Solen Zaya Demars


U N É C R I VA I N É C L E C T I Q U E

Lodon Tudev odon Tudev, journaliste, écrivain, docteur, professeur, lauréat de tous les grands prix d’état, est à la fois célèbre en Mongolie pour son œuvre littéraire, très riche et diversifiée, mais aussi pour s’être porté candidat à la présidence de la République de Mongolie en 1990. Lodon Tudev se dit honoré d’être interviewé par un magazine francophone, car les relations franco-mongoles datent de plusieurs centaines d’années. Le premier contact date de l’époque de Philippe Le Bel. « On fête d’ailleurs cette année le 708e anniversaire de cette rencontre, explique-t-il. Il existe une « harmonie » entre nos deux pays en cette ère de mondialisation. La communication entre les peuples est un sujet éternel. La philosophie mongole a toujours respecté cette « harmonie » nécessaire entre la nature, les hommes et les animaux. Les Français ont notamment pris part à trois événements qui ont marqué l’histoire : l’invasion de l’Europe, avec Napoléon, comme notre Gengis Khan qui avait fondé le plus grand empire terrestre. Il y a eu aussi la Révolution Française qui vous a légué la Marseillaise et la Commune de Paris, imitée par les Russes avec la Révolution d’Octobre. J’ai visité la France : Paris et Marseille, il y a 25 ans. J’ai été invité à Paris pour fêter le 25eme anniversaire du quotidien « l’Humanité »... et j’ai participé à la Fête de l’Humanité. Le mot « hun » (des Huns) ou « humun » a la même racine que le mot « Humanité » (J’ai écrit un livre qui s’intitule « La source secrète des mots » qui explique l’origine des mots). Je suis allé à la Courneuve et je me souviens de cette foule nombreuse venue de toute la France. Je n’avais pas réussi à manger des fruits de mer très gluants (des huitres - NDR)... Par contre, j’ai gouté du bon vin et les spécialités gastronomiques de différentes régions. Nous avions monté une yourte et proposé de la vodka mongole et des fromages aux visiteurs de notre stand. Cette yourte doit toujours exister quelque part en France... C’est l’époque où les français avaient voté contre le traité Européen de Maastricht. C’est aussi la période ou l’ex-Union soviétique se désintégrait. A cette fête de l’Humanité, je me souviens avoir rencontré un Français... d’origine Mongole, qui portait un nom russe (Dostoshevski), et qui avait écrit son autobiographie. Un

autre Français avait conçu une petite yourte dans laquelle deux personnes pouvaient se tenir assises. Bref, à mon retour, j’ai écrit le premier article sur la France dans le grand quotidien mongol « Unen » intitulé : « Paris est très loin, mais cependant très proche ». Avant cet article, les mongols ne connaissaient pas grand chose de Paris et de la France, à part la Tour Eiffel... Dans mon livre « Comment j’ai découvert l’Univers », suite de « Comment j’ai découvert le monde », je raconte mon séjour en France. Après Paris, je suis allé à New York et j’ai écrit un article où je disais que cette ville avait de grands membres... De grandes jambes, de grands bras. Les français apprennent le mongol et les mongols apprennent le français et s’intéressent à la France. J’ai envie de citer le mongoliste Jean-Emile Vidal, mon ami journaliste S.Jambaldorj, professeur de mongol à l’INALCO avec son livre sur la Mongolie, et son successeur, le poète Z. Tumenjargal qui a publié des manuels d’étude de mongol. L’ambassade de France, située en plein centre d’Oulan-Bator est redevenue importante... Des échanges ont lieu de plus en plus souvent.


DÉPLOYONS NOS AILES POUR VOYAGER DANS L’INFINI DU MONDE DE L’ESPRIT ! 1.En français: livres historiques sur les Mongols, récits de voyages, Classiques en allemand et en anglais 3.Bureau de traduction Français-Mongol- Français 4.Papeterie 5.Albums de musique classique Harmonia mundi 6.Rédaction du magazine “Papillonnage”

Adresse: Sukhbaatar District, 6th Microdistrict, Baga toiruu, Bâtiment №4, BP 1112-210646, Ulaanbaatar – Mongolie Tel: + (976) 11 317 041, Fax: +(976) 70181877, Web: www.librairiepapillon.com E-mail: librairie_papillon@yahoo.com


A quel âge vous avez commencé à écrire ? J’ai commencé à écrire à 15 ans. Je vivais à la campagne et on nous a proposé de participer à un concours national de poésie à l’école, dans ma région de Gobi-Altai. Le sujet était la paix et j’ai remporté ce concours. J’ai été surpris de constater que ces poèmes étaient publiés. Cela m’a donné envie de continuer. Mes œuvres ont été publiés dans 25 pays du monde, dont les Etats-Unis mais pas encore en France. On vient de rééditer mes œuvres complètes en 35 tomes sous le titre « Buteeliin Chuulgan». En 2011, mon livre pour enfants « Comment j’ai découvert le monde » racontant l’histoire d’un petit garçon mongol à la campagne, a été élu le meilleur livre pour enfants du monde par un important organisme international de littérature pour la jeunesse. Il a déjà été traduit dans 9 langues étrangères. C’est un grand plaisir pour moi de savoir que ce livre a été traduit en français. Nos livres sont peu traduits en français. La France reste un des centres de la culture dans le monde. Quel est votre style d’écriture ? Lorsque nous étions jeunes, nous écrivions souvent des poèmes d’amour. Mais il y avait un professeur qui nous disait d’arrêter de roucouler comme des colombes au printemps. Depuis, j’ai arrêté d’écrire sur l’amour et peu écrit de poésie (juste un livre). J’ai abordé tous les genres littéraires, je crois, et j’ai écrit également pour le cinéma mongol. Je dirais que mon style d’écriture est la littérature documentaire. Je n’invente rien, je m’inspire de la réalité. Les enfants que j’évoque

dans le livre mentionné ci-dessus existent vraiment et sont devenus des adultes aujourd’hui. Dans le livre, il y a une histoire intitulée « Comment j’ai découvert la marmotte ». Cet animal fut à l’origine de la peste en Europe, mais elle nous a sauvés en période de disette puisque nous les avons chassées et mangées. Elles sont maintenant rares en Europe, mais abondantes en Mongolie. Le nom de cette bête a été repris comme nom de code pour la bombe nucléaire : « La marmotte bleue » qui fut testée du côté de Tahiti, sur une île... Parmi les 35 tomes de mon œuvre, un tome entier est consacré à la littérature pour enfants... Aujourd’hui, j’écris des livres pour adultes sur l’ère de la communication. Les mongols vivent beaucoup dans le passé et le présent, et ils ne se préoccupent pas de l’avenir. J’essaie de me projeter dans l’avenir, à travers mon écriture et de leur montrer la voie. Quel âge avez-vous? Je suis arrivé maintenant à un âge que les mongols évitent de dire: j’ai dépassé les 70 ans (« DAL » en mongol, qui signifie « omoplates ») (rires). J’ai créé le premier journal « de projection » en Mongolie qui s’appelle « DAL ». DAL, l’omoplate de mouton, sert aux mongols à prédire l’avenir. Dans ce journal, j’évoque le futur. J’ai écris un livre d’anticipation parce que je pense à l’avenir de notre pays. Quels auteurs français connaissezvous et lesquels préférez-vous ? Parmi les grands classiques de la littérature française, que j’ai lus en russe, Anatole France m’a paru assez intéressant.

A votre avis, quel est votre œuvre la plus réussie ? La plupart de mes romans ont eu du succès sauf un roman sur la génétique « TUL », sur le thème du clonage. Le public n’était pas prêt à l’accepter. Les russes essaient maintenant de rattraper les 50 ans de retard dans l’évolution du clonage. Comment voyez-vous l’avenir de votre pays ? Au 17eme siècle, la Mongolie est devenue jaune par le Sud (lamaisme jaune, branche du bouddhisme). Nos courageux guerriers ont été adoucis par le bouddhisme... Puis au 20eme siècle, le pays est devenu rouge par le Nord, avec les communistes russes. Aujourd’hui, elle est multicolore : c’est une mosaïque des cultures américaine, anglaise, coréenne, japonaise etc. La « mondialisation » nous oblige à imiter, un peu trop à mon gout, les cultures de ces pays différents. Je reste quand même optimiste. Il faut savoir préserver notre culture dans cette ère de « globalisation » tout en restant indépendants, comme la France qui a su préserver sa spécificité. Que pensez-vous du fait d’être entouré de produits cosmétiques ? (l’entretien s’est déroulé au Ikh Delguur) Maintenant, dans les grands magasins, les livres sont au 7e étage et les produits cosmétiques sont en bas, alors que cela devrait être l’inverse. Les gens doivent faire un effort pour monter au septième; jusqu’aux livres. Merci pour cette rencontre. Est-ce que vous voulez ajouter quelque chose ? Merci à vous et bonne chance à votre magazine sur la Mongolie en français! « Paris est très loin, mais cependant très proche dans notre cœur ».



L’ H O M M E D O N T L A T Ê T E E S T U N E F O R Ê T. . .

Ou

MAIS QUI EST DONC

a carrière d’écrivain ayant débutée à Cuba dans les pas d’Hemingway (bio publié au Castor Astral, 1998), puis dans le sillage de Jack London (Flammarion, 2000). L’homme à la crinière de lion traîna ses 193 cm et sa tête de corsaire malouin pendant des années au festival « Étonnants Voyageurs », organisé par le flibustier Michel Le Bris. D’abord comme journaliste, puis comme auteur invité. Il y rencontrera, entre autres, Nicolas Bouvier, Jacques Lacarrière et Jacques Meunier. Mais si les grands de la littérature de voyage – de Melville à Stevenson en passant par Istrati – l’inspirent et le guident, il est surtout fasciné par la figure si particulière de Kerouac (“Sur la route again”, à paraître chez Transboréal en mai prochain). Collaborateur de Jean-Edern Hallier aux heures de gloire de l’Idiot International, journaliste culturel et sportif éclectico-indépendant pour Technikart, VSD, Le Figaro, le Nouvel Obs, libération et bien d’autres, critique littéraire pendant 10 ans pour Le Point (Sous la houlette de Franz-Olivier Giesbert alias FOG); il continue aujourd’hui d’animer la double page centrale de L’Humanité (probablement le dernier grand quotidien français avec la Croix a n’avoir pas abdiqué sa dignité de journal d’information, ni renié ses intentions et sa ligne éditoriale) pour de longues et succulentes interviews d’écrivains, philosophes et personnalités diverses : Platini, Jim Harrisson, Philippe Sollers, Richard Bohringer, Le Clézio, Zidane, Michel Serres, Brialy et des centaines d’autres passent, sans douleur aucune, au fil de sa plume tendre mais acérée. Puis, soudain, lorsque l’envie lui en prend, Chérel prend Kerouac par la main et le “Chérouak” emmène Sébastien Marneur

GUILLAUME CHEREL ?

promener sa grande carcasse, un cigare cubain au bec, un peu partout dans le monde, d’Afrique en Asie en passant par les Amériques…. Un peu partout et surtout n’ importe où. Là où les autres ne vont pas, n’iront pas. Enfin pas comme lui… Lorsqu’il part sur les pas d’Hemingway, de London ou de Kerouac, c’est en fait sa propre route qu’il trace inlassablement … Et il en ramène des histoires faites pour nous plaire : Le Tropique du Grand-Cerf (Le Poulpe) – 1997 Hemingway, l’écrivain et son ile (Castor Astral) -1998 Jack London, le mangeur de vent (Flammarion)- 2000 Les enfants rouges (Flammarion) – 2001 Les pères de famille ne portent pas de robe (Julliard) – 2005 Prends ca dans ta gueule ! (Le Rocher) – 2006 Sur la route again (Transboreal, mai 2013) – A paraitre Les hommes sont des maitresses comme les autres (Plon, mai 2013) – A paraître Ainsi qu’une dizaine d’autres ; pas moins bons que les susnommés… Toujours sur le départ ou de retour de voyage, Guillaume Chérel rêve sans cesse d’une autre destination pour mieux revenir… Ou repartir. A peine débarqué a Oulan-Bator, il se demandait déjà comment (sur les traces de Blaise Cendrars, ou de Vladimir Arseniev cette fois) rejoindre Vladivostok, par le transsibérien. La splendide baie russe, aux faux airs de Copacabana, devra donc bientôt s’habituer à voir déambuler sur son Malecón sibérien une grande silhouette nonchalante, précédée de 129 mm par les volutes de son Montecristo Petit Corona N°4. Les yeux fixés sur l’horizon océanique, à quelle nouvelle destination improbable cet étonnant voyageur songera t-il alors ?



Du 25 au 28 mars a eu lieu le 4ème Festival du film francophone, au cinéma Urgoo 2. Huit films en langue originale, sous-titrée en mongol, ont été présenté gratuitement à un public toujours plus nombreux. L’inauguration a eu lieu, en première en Mongolie, avec le film “Le collier de Makoko” (Gabon), réalisé par H.J. Komba-Bidi, en présence de plusieurs ambassadeurs, notamment ceux de France et du Canada.



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