sas

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D’abord, il nous faut s’imaginer à l’intérieur d’une zone, délimitée ou non, qui fait tampon. Je vous

laisse la liberté de vous installer dans la version de votre choix, d’y décider de vos activités et de combien de temps vous y resterez. Cette image mentale est importante et nous accompagnera lors cette présentation, qui est une amorce entre deux lieux. ‘‘Sas’’ n’est pas un acronyme mais vient de saäz, saz, et aussi saetacium, soit un “tamis”, qui lui-même vient de seta, ‘‘soie’’. C’est un espace à échelle de main, tissé de soie à soi, (ou l’inverse), un panier dont les jours séparent les minéraux denses des grains de sable. C’est

un outil de tri, poreux car percé d’interstices. La matière manipulée est divisée pour ne conserver

Un sas est un espace de transition, tissé de perte mais aussi de gain, où s’opèrent échanges, tri, transformations. C’est un outil dépendant d’un temps et d’une infrastructure, se traduisant par des mouvements de transition, de traduction ou de transaction, et dont la forme est déterminée par le système principal auquel il est lié.

J’ai quinze ans et mes parents investissent dans leur premier ordinateur domestique. Le signal téléphonique ne fait que frôler notre antenne

et le satellite ne nous parvient pas non plus réellement. La nouveauté de cette machine introduit un portail dans notre maison, et la pièce dans laquelle elle est raccordée se fait espace d’une attente plus ou moins longue.

Ce processus était d’un temps minimal de 15 minutes, pour observer le champ de gazon vert sur ciel très bleu par la fenêtre de l’écran cathodique et ensuite accéder au réseau internet.

Quinze minutes, c’est donc le temps sur lequel je m’appuierai, pour cette étude d’espaces et de

Un sas marque une conversion et s’implante sur un espace, mais c’est surtout un temps, qui se replie, qui se répète et s’étend, et met le(s) corps

qui s’y trouve(nt) à l’épreuve de la perspective.

C’est la stase et l’attente, la capsule et les doubles portes, les temps de chargement ou le mode on pourrait tisser un panier ou un tamis, pour y rejouer l’espace dans lequel on se trouve, dans un état entre l’ennui et la vigilance. C’est une faire corps suivant la temporalité écoulée.

Le pourcentage de cet espace de tri sur toute la surface d’un bâtiment public varie mais le minimum recommandé se situe entre 10 et 12 mètres carrés, pour des raisons d’accessibilité.

C’est un espace qui inspire et qui expire, l’aération se fait douane et régule la température autant

que la jauge d’occupation intérieure.

Combien de respirations prenons- nous en 15 minutes? Quelle est la conversion espace-temps d’une durée séparant deux lieux équivalente à 15 minutes? Existe t-il un calcul d’équivalence, par surface minimale de 12 mètres carrés ?

Le sas formule le mouvement, et son usage est détenu par une autorité de contrôle. Pourraiton activer, désactiver, et réactiver les sas par prendre part à ce jeu de manipulation des foules? Il est question de s’y projeter d’abord comme

part entière du mouvement continu.

d’un·e utilisateurice désincarné·e et d’une

Quel est le meilleur angle à emprunter pour approcher une compréhension au plus proche du volume, des capacités et du potentiel poéticoidentitaire du sas ?

à cet espace, il nous faut en comprendre les sources, formes et systèmes par lesquels le sas ont été appliquées? Que transmet-il aux corps en

Par la compréhension de ses mécaniques, il s’agira

d’assembler un corpus de formes plastiques s’appuyant sur une sélection exhaustive de sas, essentielles à l’appréhension de cet objetexpérience, qui est à la fois un temps, un outil, un espace et une pratique. Ces formes auront place centrale aux relations qui se créent entre les différents focus.

Ce dispositif sera un corpus réalisé par processus heuristique, via la traduction et la transformation, masse, pourrait-il trouver une nouvelle légitimité unique à lui-même en cherchant de nouvelles

stratégies d’inscription dans cet espace? Comment

un sas pourrait-il se retourner en un espace de Ce projet, nommé transitoirement «rechercher les silences dans la connexion et la relation entre une étape d’étude, puis de prospection, et ensuite projection, ou de ré-appropriation.

D’un point de vue extérieur, il y a plusieurs dénomination, à sa forme, aux matériaux qui le composent, jusqu’à son usage. En premier lieu, l’évolution de la forme de l’outil est relative à l’usage, et inversement. Il y a un spectre en réseau qui se dessine, du panier à l’écluse, en passant par

le vestibule domestique et les check-points.

Il semble que les sas contemporains héritent à la fois des fonctions de tri et de rassemblement qui étaient celles du saetatium et de la mise à distance opérée par le vestibule. Celui-ci marquait

déjà une hiérarchie entre l’espace extérieur et intérieur dans la Rome et la Grèce antique, souvent de nature domestique ou sacrée.

vestibule a varié dans ses dimensions, suivant l’espace concerné auquel il était appliqué.

Dans cet aller-retour de rapport de volume et de proximité, la temporalité dédiée à l’attente est ce qui reste constant. L’attente fait lieu, l’attente

pas de rapport d’échelle égal entre deux espaces

la destination prenant autorité sur le point de départ.

La transition de l’embranchement “sasse/saäz” à celui du vestibule puis à l’écluse est également l’extériorisation du tri, d’un mouvement qui part du corps et qui se suit sur un outil, qui d’ailleurs est tissé de soie animale, soit d’un fragment de corps, au mouvement réalisé dans un espace puis encadré par une structure construite. C’est un tri qui se retourne sur le corps qui n’en n’est plus la

Le tissage se fond en une paroi lisse. Les entrées et les sorties, qui étaient multiples, sont réduites et l’espace se révèle ensuite rythmé et clos.

Rythmé, d’une ouverture et d’une fermeture à la suite mais qui ne peuvent se réaliser de façon simultanée sans en désactiver sa fonction. C’est une question de mouvements programmés, de circuit clos, comme celui de l’électricité qui alimente les portes coulissantes. Cette recherche sera un dispositif de composition et de génération, qui tentera de donner la photographie d’un sujet continuellement mobile,

Il permettra à chacun·e de se faire sa propre idée du sas, à partir d’une déambulation, telle qu’elle a commencé depuis le début de cette présentation.

passent mais ne sont pas audibles. C’est un récit et de l’espace dans lequel on s’inscrit. concrète d’actions et de relations à l’espace et la communauté, qui se matérialise sous la forme d’une cellule aux états variants de porosité.

Je penserai cet espace comme un transformateur

d’énergie. Dans une telle machine, il y a un rapport de destruction et de re-formation, d’abandon de ce qui fut pour ce qui sera, injecté dans un cycle presque autonome.

«Rechercher les silences dans la connexion et la relation entre les doubles portes» transposera ce corps s’y trouvant seront sujets à l’impermanence

Ils seront point de départ à la création d’un autre objet et ainsi de suite. La transformation se fera notamment par des allers-retours d’un médium à un autre, l’objectif est de dessiner les contour d’un lieu par ses composantes, offrant une vue

possible d’un générateur qui ne s’arrête pas. il faudra renoncer à l’accès en décodé de deuil(s) que de manipulations plastiques, d’acceptation de l’inaccessible, où il est possible création.

Ce processus prendra source dans la répétition, de systèmes de formes en multiples, comme des multiples de 3, soit 3 mouvements de 3 objets, tout comme 9 lettres épurées en un ensemble de 3 restantes, que l’on peut répéter 4 fois dans 12 mètres carrés et 5 fois en 15 minutes.

Il est question de trouver un rythme, comme une sonorité de l’entre-deux lieux, de décomposer et recomposer cette interstice comme un observatoire du déploiement. De travailller un point aux embranchements de la relation, de l’heuristique de la forme, de la lettre et du son, et matérialiser cet espace par boucles successives, exaltant la disruption. C’est une expérience de sas que l’on recherche. De cet espace qui est aussi un temps, qui n’a rien d’un non- lieu ni d’un lieu par défaut. Un espace sensible de reformulation, au sein duquel est joué une liaison par une composition de tensions et de silences, qui fait préambule à l’altérité résultante une fois avoir dépassé les doubles portes.

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