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VIE PRATIQUE MIEUX VIVRE

Migros Magazine 43, 25 octobre 2010

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met la publicité, l’achat d’aujourd’hui pourrait commencer à n’être remboursé que dans un an. Autant dire jamais? Evidemment, non. Et c’est bien le problème. Entreignoranceetinconscience, les mensualités s’accumulent et «il suffit bien souvent d’un petit grain de sable, un revenu complémentaire qui ne tombe pas ou une facture de dentiste inattendue, pour que la machine grippe et que la situation se péjore rapidement», relève Christine Dupertuis, du secteur Jeunes et Travail du Centre social protestant (CSP) de Lausanne. Evidemment, si l’on se trouve sans formation professionnelle et déjà en situation précarisée, cela n’arrange rien.

Un jeune sur quatre peine à payer ses factures

Le mieux serait encore de vivre sans dettes. Un peu illusoire à l’heure où les informations internationales s’arrêtent régulièrement sur les chiffres rouges abyssaux de certains pays. Un ménage suisse sur dix est endetté. D’après certaines études, un jeune sur quatre peine à régler ses factures. Et selon une enquête d’Intrum Justitia, importante société de recouvrement et de protection des crédits, un jeune de moins de 20 ans sur sept est déjà sujet à des retards de paiement. Les dérapages peuvent commencer dès 12 ou 13 ans déjà. Les

Un adolescent sur trois considère le shopping comme le plus important des loisirs.

Un minimum garanti pour les étudiants? Evidemment, les personnes endettées ne sont pas toutes très dépensières. Comme le signale Christine Dupertuis, les chômeurs, les adolescents sans revenu fixe ou en rupture familiale sont très facilement touchés. Et puis il y a les étudiants. L’Union des étudiants de Suisse (Unes) a lancé cet été une initiative demandant que la Confédération harmonise les aides et garantisse un niveau de vie minimal aux inscrits des hautes écoles. 13% d’entre eux doivent en effet emprunter pour pouvoir achever leur formation,

proportion qui grimpe à 33% pour les plus de 30 ans. Mal réparties entre les cantons, en baisse depuis une quinzaine d’années, bourses et prêts publics ne représentent en Suisse que la troisième source de financement des études. Ils sont devancés par les petits boulots, de plus en plus difficiles à trouver, et les aides parentales. Alors que seuls 20% des jeunes Suisses obtiennent une maturité gymnasiale, certains vivent dans une situation qualifiée de «grande précarité» par les connaisseurs du dossier.

sommes restent encore modestes puisque la porte des banques est en principe fermée. Mais dès la majorité, le montant des impayés peut rapidement grimper en flèche. Les filles seraient même les plus touchées et représenteraient quelque 63% des jeunes endettés. Pas étonnant lorsque l’on parcourt une étude de l’Université de Zurich rappelant que plus de deux adolescents sur trois considèrent le shopping et la sortie en magasin du samedi comme le plus important des loisirs. Au fond, dépenser l’argent que l’on n’a pas devient une nouvelle manière de consommer, même dans une Suisse autrefois si économe. Selon les sociologues, cet impératif de consommation (qualifié d’acte citoyen par plusieurs diri-

geants occidentaux au plus fort de la crise financière de 2009) et cette norme du «tout, tout de suite» s’expliquent aussi par le succès de la téléréalité et des people au luxe si insouciant. «Nous évitons tout discoursmoralisateur,relèveChristine Dupertuis. Mais il faut bien constater que la pression d’achat sur les jeunes est immense.»

Ne pas dépenser l’argent que l’on n’a pas

Par contre, le Centre social protestant n’est pas avare en conseils. A commencer par ne pas dépenser l’argent que l’on n’a pas, mais celui-ci tient un peu de la méthode Koué. D’autre part, «se faire aider, chez nous ou ailleurs, avant que la situation ne soit de-


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