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Famille
Dois-je contrôler le smartphone de mes enfants?
Entre la jungle des réseaux sociaux, les sites internet dangereux ou les histoires de harcèlement en ligne, les parents ont parfois besoin de conseils pour accompagner sereinement leur progéniture.
Texte: Patricia Brambilla Illustration: Amélie Buri
Que font réellement les jeunes sur leur smartphone?
L’activité des jeunes sur leur téléphone est souvent un grand mystère pour les parents. Mais plusieurs études (dont l’Étude JAMES 2016, qui porte sur un échantillon de 1100 personnes entre 12 et 19 ans) ont levé un coin du voile. Ainsi, on sait que le temps d’écran oscille entre trois et quatre heures par jour en moyenne. Et pour y faire quoi? Regarder des photos (93%), liker (82%), regarder des profils (73%) et chatter (70%) sur Whatsapp. Les plus jeunes (12-13 ans) sont plus enclins que leurs aînés à jouer sur les réseaux sociaux. À noter que 94% des personnes interrogées sont membres d’au moins un réseau social. En tête: Instagram (81%) et Snapchat (80%). Concernant Facebook, 83% des 18-19 ans utilisent ce réseau social tous les jours ou plusieurs fois par semaine, alors qu’il n’intéresse que 18% des 12-13 ans.
À quel âge laisser mon enfant accéder à ce genre d’outils?
La règle du «3-6-9-12» de Serge Tisseron reste valide. Pas d’écran avant 3 ans, pas de console perso avant 6 ans, pas de surf sur internet avant 9 ans, et les réseaux sociaux après 12 ans. Dans la réalité, un quart des 6-9 ans possède un téléphone portable, presque deux tiers des 10-11 ans et quatre cinquièmes des 12-13 ans (Étude MIKE 2017).
«Dans l’inconscient collectif des parents, 12 ans est un peu le seuil à partir duquel ils laissent leur enfant accéder à un portable. Ce n’est pas une question légale, mais à cet âge-là, la demande devient pressante. Or, l’accès au téléphone est aussi un marqueur d’inclusion», observe Jon Schmidt, psychologue et thérapeute de famille à Lausanne.
S’il n’y a pas d’âge pour posséder un appareil, les enfants de moins de 16 ans ne peuvent pas signer un contrat de téléphonie mobile. De même les applications requièrent certains âges légaux: 16 ans pour Whatsapp, pour des raisons de protection des données, et 13 ans pour Facebook et Instagram.
Dois-je surveiller les activités de mon enfant sur les réseaux?
«Beaucoup de parents pensent qu’un enfant, à un moment donné, est en âge d’utiliser un téléphone, parce qu’il en a la connaissance mécanique. Le problème, c’est qu’il y a tout un autre apprentissage: celui de son utilisation relationnelle», souligne Jon Schmidt. Contrairement à la voiture, le téléphone s’acquiert sans permis. Mais l’enfant est-il suffisamment mature pour utiliser ces applications?
Pour le savoir, le thérapeute conseille aux familles une année test. «On peut lui prêter un téléphone pendant un an. Pendant ce laps de temps, considéré comme une fenêtre d’apprentissage, les parents accompagnent l’enfant en lui disant qu’ils ont le droit de voir ce qu’il fait sur la Toile, en sa présence.» Axée sur le dialogue plutôt que sur le contrôle, cette année d’évaluation doit permettre aux parents de décider si l’enfant est prêt ou non à gérer seul un téléphone portable.
Comment réagir si je découvre des propos déplacés?

Difficile de faire des généralités. Pour le psychologue, il est important de toujours revenir au dialogue. «Se demander comment il en est arrivé là, a-t-il été entraîné par des camarades? En général, dans les cas de cyberharcèlement, c’est souvent un tiers qui le signale, avant que les parents ne s’en aperçoivent.»
Faut-il me créer un profil sur le même réseau que mon enfant?
«La question des réseaux sociaux est autant un apprentissage pour les enfants que pour les parents. Les parents, qui ont grandi sans téléphone portable, sont aussi une génération test, avec plein de questionnements. Encore une fois, l’essentiel est de ne pas vouloir coincer l’autre, en se cachant sous une fausse identité. Mais si les choses sont dites, pourquoi ne pas être amis sur Facebook avec ses enfants?»
Puis-je lire ses messages à son insu?
Si la frontière est fine entre contrôle et accompagnement, l’important est de ne rien faire en cachette. «Cela risque d’entraîner des comportements cachés de l’enfant sur internet, lequel sera tenté d’ouvrir un autre compte ou de changer le code d’accès du téléphone. La surveillance totalitaire apaise certains parents, mais n’est pas optimale pour la qualité de la relation parents-enfants», souligne Jon Schmidt. Qui propose de garder quand même un droit de regard sur le comportement de l’enfant tout au long de l’année test. Comme un accord explicite, qui donnera un terreau suffisamment stable pour que l’accompagnement du parent soit vécu davantage comme une élaboration commune que comme un contrôle.
N’est-il pas sain de laisser un espace secret à ses enfants?
Oui, mais progressivement. Aux parents de respecter espaces et conversations virtuelles au fur et à mesure que l’enfant grandit. À eux aussi d’apprendre à lâcher le contrôle. «Certains enfants ont des trackers dans leur sac pour que leurs parents, angoissés, puissent les suivre à chaque instant. Ce qui crée un sentiment de permanence du lien. Mais ce besoin est problématique et étouffant pour l’enfant, qui n’apprend plus à s’autonomiser ni à développer des ressources en luimême, essentielles à sa construction.» Autre aspect soulevé par le psychologue: à cause des réseaux sociaux et d’internet, le monde de la maison est à l’extérieur et le monde de l’extérieur est dans la maison. «Cette perméabilité entre l’intérieur et l’extérieur fait que certains parents en savent plus sur leurs enfants via Tik Tok que via les discussions autour de la table. Cette nouvelle donne crée parfois des impasses dans le dialogue.»
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Jon Schmidt, psychologue et thérapeute de famille à Lausanne.
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Et quelles conséquences?
Un like ou un simple retweet (de propos diffamatoires par exemple) peuvent avoir des conséquences juridiques. «En cas d’infraction de la part d’un mineur, la responsabilité incombe aux parents.
Mais beaucoup de lois autour des réseaux sociaux sont encore en construction, et la frontière entre liberté d’expression et cyberharcèlement est parfois floue», précise Jon Schmidt. D’autant qu’il n’existe pas, en Suisse, d’article du Code pénal pour punir le (cyber)harcèlement. Aux yeux de l’institution Prévention suisse de la criminalité, «le cyberharcèlement n’est pas un délit».
Dans la pratique, le thérapeute observe que les constats de propos problématiques se font souvent en ligne par des tiers qui les signalent: «Il arrive que la victime dépose une plainte contre l’auteur des propos ou auprès du réseau social, lequel peut prendre la décision de fermer le compte. Concernant les cas de cyberharcèlement à l’école, ils se résolvent souvent par la médiation.» MM
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