Migros magazin 24 2013 f ne

Page 16

SOCIÉTÉ 16 |

|

ENVIRONNEMENT

| No 24, 10 juiN 2013 |

Le printemps pourri laisse des traces

Le chevalier grivelé vit normalement dans le Sahara

Il n’y a pas que notre moral qui a souffert de cet hiver prolongé. Flore et faune doivent aussi encaisser le choc. Sauf la grenouille!

L

e soleil a décidément zappé ce printemps pourri aux allures hivernales. L’été rattrapera-t-il ce sentiment persistant que le ciel nous tombe sur la tête? Les météorologues dissertent, souvent en désaccord. En attendant, du côté de la faune et de la flore, les spécialistes dressent déjà le bilan de cette pluviométrie hors norme (7e printemps le plus arrosé depuis 1960), de cette absence de soleil (2e printemps le moins ensoleillé pour la même période) et de cette inhabituelle fraîcheur (10e le plus frais). Concernant les cultures, on annonce un peu partout entre deux et trois semaines de retard sur un calendrier saisonnier normal. «Le plus problématique, explique Stéphane Teuscher, directeur de Pro Conseil, bureau de vulgarisation agricole vaudois, ce sont les cultures de printemps. Betterave, tournesol et maïs ont besoin de soleil pour démarrer, et là c’est pas ça.» Idem pour le colza. Et encore, beaucoup de champs rendus inaccessibles restent tout simplement sans semence. «Dans la Broye ou le Jorat, pommes de terre et betteraves n’ont pas été semées.» La pomme de terre fait grise mine, et il faudra attendre deux à trois jours de sec au minimum pour pouvoir planter. Avec une grosse incertitude sur le rendement futur. En Valais, canton pourtant sans doute le moins touché de Suisse romande, le directeur de la Chambre d’agriculture Pierre-Yves Felley fait part de son incertitude, notamment du côté des arbres fruitiers. «Il y a par exemple eu du gel durant le week-end du 25 mai, il faudra voir quels sont les dégâts. Tout comme

dans le vignoble.» Là aussi, les agriculteurs évoquent la difficulté des grandes cultures à la levée, blé et pommes de terre étant notamment promis à une mauvaise année. De manière générale, du côté des fruitiers, pommes et poires ne souffrent pas trop, leur récolte n’intervenant pas avant septembre. «Tout dépendra de la météo à venir», notet-on à la Station fédérale Agroscope. En revanche, les pommes sont plus que jamais menacées par la tavelure (n.d.l.r.: une affection fongique), les traitements étant contrariés par la pluie.

Le blé connaît des difficultés à la levée

Les insectivores souffrent du manque de nourriture Au sein du règne animal, c’est assurément dans le ciel que la situation paraît la plus critique. En raison de températures anormalement basses, mais aussi du retard de la végétation, les colonies de moustiques qui devraient y bourdonner manquent à l’appel. Conséquence? «Tous les oiseaux insectivores souffrent du manque de nourriture.» Ce qui tombe particulièrement mal, puisqu’ils devraient au contraire manger davantage. Du coup, beaucoup d’espèces ont déserté leur nichée, y abandonnant leurs petits qu’elles sont incapables de nourrir. D’autres ne nicheront tout simplement pas.» Biologiste à la station ornithologique de Sempach, Matthias Kestenholz n’hésite pas à parler de situation «grave», «jamais vue depuis trente ans». Le cas des martinets ou des hirondelles serait ainsi particulièrement préoccupant. «Au Tessin, dans la plaine de l’Enga-

Les chouettes ne font que très peu de jeunes

Les travaux de débardage sont retardés

MIGROS MAGAZINE |


Issuu converts static files into: digital portfolios, online yearbooks, online catalogs, digital photo albums and more. Sign up and create your flipbook.