Migros-Magazin-20-2020-f-NE

Edition Neuchâtel-Fribourg, JAA 1953 Sion Responce Zentral

migrosmagazine.ch | MM20, 11.5.2020

Entretien

L’épidémie de coronavirus va-t-elle déboucher sur un monde aseptisé?

Page 14

Le premier examen de l’école à distance Page 18

À table!

Photo: Fred Merz/Lundi13

La réouverture ce lundi réjouit et inquiète cafetiers et restaurateurs.

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La question de la protection des données dans la santé p. 22 Changements d’adresse: à la poste ou au registre des coopérateurs, tél. 058 574 83 37 les après-midi de 13h30 à 15h30, ou par mail : registre.mnf@gmnefr.migros.ch

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4 | 11.5.2020 | EN BREF

Concours Clin d’œil L’hôtel à insectes de la campagne Nature Heroes de Migros fait de nombreux heureux. À la fois chez les abeilles et chez les humains, comme le montre la photo d’Annick Schwery, de Sion.

Place aux sports Ce 11 mai, de nombreux fitness et parcours de golf Migros ouvrent à nouveau leurs portes. La pause a été utilisée pour nettoyer et entretenir les installations, notamment dans les centres de fitness. Par ailleurs, des mesures sanitaires ont été mises en place afin de protéger utilisateurs et employés. Pour davantage d’informations concernant les heures d’ouverture et les concepts de sécurité, rendez-vous sur les sites m ­ igros-fitness.ch et golfparcs. ch ou directement sur la page de votre golf ou salle de sport préférés.

Envoyez-nous votre plus belle ­photo ­Migros. L’auteur du c­ liché choisi sera ­récompensé(e) par une carte c­ adeau de Fr. 50.–. Postez votre image sur: www.migmag.ch/clindoeil

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commentaires sont écrits en moyenne par semaine sur migipedia.ch. Ce site internet collaboratif permet de noter des produits Migros, d’en faire parfois la dégustation et même de proposer des nouveautés.

Bien moins de plastique À Migros, les plants de basilic sont proposés dans des pots en plastique recyclé entourés d’une enveloppe constituée en grande partie de papier. En comparaison des contenants précédents, ces modèles affichent une diminution du plastique de l’ordre de 70%.

Quand Mélinda Pürro, 9 ans, a reçu comme devoir d’envoyer trois cartes postales, elle a choisi d’écrire à l’hôpital cantonal fribourgeois, à un EMS et au personnel Migros d’AvryCentre. Pour ce dernier envoi, l’écolière a même eu la belle idée d’utiliser un ­emballage de thé froid.

Photos: Getty Images, iStock, DR

Un message rafraîchissant

EN BREF | 11.5.2020 | 5

La consoude consolide Riche en acide rosmarinique et en allantoïne notamment, les feuilles et la racine de consoude ont des propriétés anti-inflammatoires, analgésiques et décongestionnantes bienvenues en cas de douleurs musculaires ou articulaires ainsi qu’en cas de blessures sportives.

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Est-il possible de congeler un bloc de levure?

«La levure de boulangerie conventionnelle se conserve jusqu’à six mois au congélateur. En se dégelant, elle deviendra quelque peu liquide. C’est pourquoi il est nécessaire de la placer dans une tasse ou un bol. La levure bio ne peut pas, elle, être congelée étant donné qu’elle perdrait ses caractéristiques.»

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EN RÉSUMÉ | 11.5.2020 | 7

18

45

Les écoles fermées, les professeurs ont dû improviser grâce au numérique pour garder le contact avec les élèves.

SOMMAIRE

La plateforme d’aide au ­voisinage Amigos compte des milliers de bénévoles. Des ­livreuses témoignent.

8 Déconfinement Bonne nouvelle: les bistrots et restaurants peuvent rouvrir leurs portes! Mais qu’en pensent les spécialistes?

14 Santé Bertrand Kiefer, médecin et ­rédacteur en chef de la «Revue médicale suisse», analyse notre nouveau rapport à la santé et à l’hygiène.

22 Traçabilité Davantage de surveillance pour préserver la santé ­publique? Trois experts ­apportent leur point de vue.

39 Votre région

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44 Mobilité Migros a équipé 91 de ses magasins de bornes de recharge pour les véhicules électriques.

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Photo: François Wavre/Lundi13, Veronika Studer, Nicolas Righetti/lundi13

Hebdomadaire du capital à but social, www.migrosmagazine.ch

49 Santé Rester en forme malgré l’âge pour éviter les chutes et perte d’équilibre.

Tirage contrôlé: 504 700 exemplaires (REMP 2019) Lecteurs: 657 000 (REMP, MACH Basic 2020-1) Adresse: Limmatstrasse 152, Case postale 1766, 8031 Zurich, Téléphone: 0800 840 848 Contact: www.migmag.ch/lecteurs Éditeur: Fédération des coopératives Migros Rédaction en chef: Franz Ermel (responsable), Steve Gaspoz, Rüdi Steiner Abonnements: abo@migrosmagazine.ch Téléphone: 058 577 13 13

Imprimerie: CI Lausanne, 1030 Bussigny

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53 Banque Migros 55 Coup de chance Participer et tenter de gagner une montre Fitbit.

Une saucisse grillée et une salade de pommes de terre: un classique qui a fait ses preuves.

57 Jeux 62 Recyclage Soutenue par Engagement ­Migros, la fondation Pusch veut introduire le modèle de l’économie circulaire dans le secteur de l’ameublement.

8 | 11.5.2020 | RESTAURATION

Chaud devant!

Après deux mois de traversée du désert, cafés et restaurants peuvent rouvrir aujourd’hui, dans des conditions sanitaires exigeantes. Entre craintes et soulagement.

Texte: Alain Portner, Laurent Nicolet Photos: Fred Merz

I

ls ont failli être les grands ­oubliés du déconfinement.

Par la voix de l’organisation faîtière «GastroSuisse», et de son président Casimir Platzer, les hôteliers, cafetiers et restaurateurs multipliaient les communiqués incendiaires: «Par sa noncommunication, le Conseil fédéral nous laisse dans l’incertitude totale, ce qui nous enlève toute perspective.» Ou encore: «Si le Conseil fédéral continue d’ajourner sa décision, nous ­devons partir du principe qu’un grand nombre d’établissements se verront contraints de fermer définitivement et feront faillite.»

Les sept Sages ont donc fini par être sensibles à cette ­supplique et ont autorisé la ­réouverture des établissements publics le 11 mai à des conditions sanitaires drastiques, imaginées pour la plupart d’ailleurs par ­GastroSuisse: pas plus de quatre

personnes par table et une ­distance de deux mètres entre chaque table. Des contraintes que certains tenanciers jugent ­rédhibitoires en termes de rentabilité, surtout en Suisse romande.

Casimir Platzer, lui, n’a pas fait la fine bouche et parle de «bonne nouvelle».

Des réactions diverses

Les professionnels, en tout cas, ont vécu des heures très difficiles et sont passés par tous les états d’âme. Pour les consommateurs aussi, la vie sans établissements publics deux mois durant aura laissé des traces même si tout le monde n’a pas vécu ce moment de «prohibition» avec la même humeur, comme l’explique le ­sociologue Gabriel Bender auteur du triptyque: Bistrots, ombres et lumières, Professions de vin et Ivresse, entre plaisir et discipline. MM

Migros soutient le secteur de la gastronomie Malgré une réouverture possible sous conditions, de nombreux restaurants resteront fermés ou verront leur chiffre d’affaires drastiquement diminuer ces prochaines semaines. Afin de leur venir en aide, la nouvelle plateforme en ligne helpgastro.ch permet de soutenir son établissement préféré en lui achetant des bons. Ces derniers aident les cafés, restaurants, bars, etc. à générer des revenus à brève échéance même s’ils sont fermés ou si leur capacité d’accueil a été réduite. Fournisseur de nombreux établissements, la M-Industrie soutient cette initiative, au même titre que Gastrosuisse et HotellerieSuisse, notamment.

En savoir plus: www.helpgastro.ch

«Ce n’est pas parce qu’on rouvre que ça va repartir plein pot» Cyril Tribut , tenancier du café-restaurant La Ferme des Brandt à La Chaux-de-Fonds (NE)

RESTAURATION | 11.5.2020 | 9 Afin de rester actif, Cyril Tribut a mis sur pied un système de livraison à domicile de plats mijotés en ­petits bocaux.

«Les premiers jours après la fermeture, c’était plaisant d’avoir du temps. Même si ce ne sont pas des vacances, tu te reposes. Mais comme je ne peux pas rester les bras croisés, j’ai imaginé un système de livraison à domicile de plats mijotés, genre petit bocal comme faisait grandmère avec la blanquette de veau.

C’était une reconversion provisoire, une offre qui dépannait les

gens et occupait bien mes journées, mais qui ne rapportait au final que quelques centaines de francs par mois. Comme j’ai un four à pain, j’aurais peut-être dû faire des pizzas, ça aurait été plus rentable. Mais ce n’est pas mon délire! L’avenir m’inquiète forcément. Même si j’ai pu m’arranger avec mon propriétaire et mettre mes employés en réduction d’horaire de travail (RHT), mes liquidités fondent comme

neige au soleil. Et il me tarde de retravailler avec mon équipe, de revivre l’effervescence des coups de feu, de recevoir du monde, d’échanger… Bref, de retrouver tout ce qui fait le sel de mon ­métier.

Personnellement, j’aurais ­préféré une réouverture en fanfare, une fois la situation sous contrôle, plutôt qu’une reprise trop rapide comme celle-ci

avec une limitation du nombre de clients. C’est certes jouable avec la configuration du bistrot, mais pas forcément souhaitable si vite… Ce n’est pas parce qu’on rouvre que ça va repartir plein pot. On ne sait pas si les gens ne vont pas avoir la trouille d’aller au bistrot. Enfin, on va aller au feu et on verra. Affaire à suivre, mais je suis très, très sceptique.

Tout ça me paraît un peu précipité et pas très rationnel!»

CH12777_MIGROS ANNONCE HOLLANDAISE KW20 HD.pdf

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23/04/2020

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RESTAURATION | 11.5.2020 | 11

«Cette réouverture précoce me réjouit et m’inquiète» Stanislas Pellaz , gérant du Bar du Nord à Carouge (GE)

«Depuis la fermeture, le bar était un peu devenu le terrain de jeu de mes enfants. Mais je pouvais le rouvrir dans la demi-heure qui suivait s’il le fallait. Garder l’outil prêt, ne pas le laisser prendre la poussière, c’était ma façon à moi de garder un esprit positif.

Le lien social avec les gens me manque, personne ne se doutait que cette crise allait durer si longtemps. Heureusement, je n’ai pas le couteau sous la gorge. Parce que ma structure ne comprend que moi et ma collaboratrice, que j’ai pu trouver un arrangement avec ma propriétaire et que les produits avec lesquels je travaille – une sélection de whiskies – ne sont pas périssables et prennent même de la valeur avec le temps.

Mais j’ai quand même dû deman-

Heureusement pour Stanislas ­Pellaz, ses whiskies ne sont pas périssables!

«Je perds 60% de ma capacité d’accueil, c’est énorme!»

Rui Pereira , tenancier du restaurant Veneto à La Tour-de-Peilz (VD)

«En mars, j’ai examiné la possibilité d’une ouverture limitée avec un service de pizzas à l’emporter. Mais vu que la rentabilité n’était pas garantie, j’ai renoncé à cette idée et fermé mon établissement comme la Confédération l’exigeait.

Notre situation est très difficile.

Nous n’avons pas un oreiller plein d’argent et ce ne sont pas les trois mille francs et des ­poussières que nous donne l’État qui couvrent nos charges.

Cette aide nous permet juste de survivre. Et négocier des délais pour payer les factures ne fait évidemment que reporter les problèmes… Par conséquent, mieux vaut cette réouverture ­rapide plutôt qu’une fermeture

prolongée qui aurait été ­catastrophique.

Le virus est toujours là, c’est ça le problème. Avec les mesures de distanciation de la Confédération, je perds 60% de ma capacité d’accueil, c’est énorme! J’espère donc que l’État continuera de prendre en charge une partie de notre personnel. Mais je crains qu’on doive patienter encore longtemps avant de retrouver notre chiffre d’affaires d’avant.

En attendant, je refais une carte plus petite avec un maximum de produits locaux pour collaborer avec des fournisseurs de proximité et soutenir les gens qui nous entourent. Il faut se battre, ne pas baisser les bras. Le but, c’est que tout le monde s’en sorte!»

Miser sur le local: tel est le parti pris de Rui Pereira pour la réouverture de sa pizzeria.

der un prêt pour payer mes fournisseurs et les factures courantes.

Cette réouverture précoce me réjouit et m’inquiète à la fois. Je me réjouis de retravailler, de revoir du monde, mais je crains que la situation ne fasse finalement qu’empirer. Je ne vais pas m’en sortir si j’ai les mêmes charges et que je ne fais plus – à cause de la limitation du nombre de places que nous impose la Confédération – que 30% de mon chiffre habituel!

Nous aurons donc encore besoin d’être soutenus à terme. Tout le monde sait que cette situation va durer longtemps et que ça ne va pas être simple. Je me prépare d’ailleurs à devoir rouvrir, fermer, rouvrir… J’espère juste que ce ­déconfinement un peu précipité ne donnera pas trop de travail au personnel hospitalier.»

12 | 11.5.2020 | RESTAURATION

«On avait perdu la possibilité d’une grande respiration»

À l’aube de la réouverture des bistrots et des restaurants, le sociologue Gabriel Bender ­décrypte les conséquences sociales de la fermeture de ces établissements.

Et qui sont ces personnes?

Je pourrais citer la catégorie à laquelle ­appartient ma mère: les dames de ­tea-room. Le matin, elles vont faire les courses, se rencontrent avec des copines et vont boire le thé ou le café.

On n’est pas là dans une relation instrumentale avec ce qui est consommé, comme c’est le cas pour le client qui vient manger son plat du jour. Si ma mère va au tea-room, ce n’est pas pour le café, elle a une machine à la ­maison, mais pour voir ses copines, discuter avec elles, c’est sa manière d’être ­insérée dans la société.

Et sinon?

Contrairement aux courses, qu’on est bien obligé de faire, il y a très peu de gens qui vont au bistrot s’ils n’en ont pas envie. Des gens donc très différents ont été impactés par leur fermeture. Le bistrot est bien plus qu’un ­endroit où l’on picole les vendredis et samedis soir. Pour beaucoup, surtout les seniors, il s’agit vraiment d’une ­occupation qui fait partie de ce qu’on appelle les loisirs sociaux. On peut bien imaginer comment l’ordre de rester chez soi a pu être ressenti, ­lorsqu’on sait que, pour une personne âgée, être confinée signifie se retrou-

«On a parlé beaucoup de distanciation sociale, mais en fait c’est une distanciation physique qui a été imposée»

ver seule ou en l’unique compagnie de quelqu’un que l’on connaît depuis quarante ans.

Et chez les plus jeunes?

Pour les adolescents, par exemple, se réunir dans un bistrot, c’est surtout se réunir dans un lieu autre, qui permet ce qu’on appelle la «néolocalité matrimoniale»: on ne drague pas à la maison. Il y a donc plein de générations qui ont été affectées par cette situation de manière très différente, puisqu’il y a des usages très différents des cafés et restaurants. Cela a été peut-être un peu moins grave par exemple pour les bobos amateurs de soirées au ­restaurant puisque eux disposent en principe de davantage de possibilités de compenser cette perte d’un loisir par d’autres loisirs. Comme boire une bonne bouteille à la maison ou se faire une intégrale Godard en DVD. Ne pourrait-on pas dire qu’un des avantages du confinement et de la fermeture des restaurants est d’avoir permis à beaucoup de monde de développer le goût et le plaisir de cuisiner?

C’est peut-être vrai pour ceux qui ­aimaient déjà cuisiner et qui, ayant plus de temps, ont eu du plaisir à se mitonner des petits plats. Mais je pense que cela ne concerne qu’une minorité et qu’il s’agit là d’une vision un peu trop romantique du confinement. Cuisiner bien sûr c’est sympa, mais déjà moins quand on est censé n’inviter personne. Et encore moins quand on est confiné avec des enfants, coincé dans la cuisine tous les jours et qu’on doit se taper la vaisselle. Ce qui peut être terrible, c’est la répétition, qui transforme le plaisir en besogne.

L’idée du restaurant quand même, c’est que tu n’as rien à faire, que ­t’asseoir et manger, c’est de n’avoir que le meilleur du processus. MM

Photo: Isabelle Favre

Gabriel Bender, sociologue

Gabriel Bender, finalement, qu’estce qui a manqué le plus dans cette période sans bistrot?

Le bistrot est d’abord un sas. On est sollicité par la vie professionnelle puis à la maison par des responsabilités et des tâches domestiques. Au bistrot, rien ni personne ne vient nous ennuyer, cela permet de prendre une bonne respiration. Avec le confinement et le télétravail, les gens n’ont plus l’espace-lieu ni l’espace-temps pour s’échapper. On ne peut plus dire: «Je vais juste boire une bière au ­bistrot.» Ce qui a manqué aussi peut-être, c’est cette richesse qu’offre l’établissement public: la possibilité de croiser des gens par hasard, loin de cette socialité élective qui fait qu’avant d’appeler quelqu’un on tire rarement un numéro de téléphone au hasard. Enfin, ce qui a manqué, c’est la dimension physique. On a parlé beaucoup de distanciation sociale, mais en fait c’est une distanciation physique qui nous a été imposée. Être assis à la même table, déguster le même vin, se passer les plats, c’est ce côté-là qui a disparu .

Qui en a le plus souffert?

On se fait souvent une idée restreinte de l’établissement public. Prenez les restaurants. Certains servent quatrevingts plats du jour pour des ouvriers à midi et presque rien le soir. Pour d’autres, plus tournés vers le plaisir, c’est le contraire. S’agissant des bistrots, il y en a qui sont près des gares avec une clientèle qui défile, d’autres sont des bistrots de quartier avec leurs habitués, des bistrots de vieux, ou des tea-rooms, surtout fréquentés par les femmes. Une réalité donc très hétérogène et une clientèle qui l’est aussi.

Tous n’ont pas été affectés de la même manière par le confinement. Notamment des catégories auxquelles on ne pense pas immédiatement.

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14 | 11.5.2020 | SANTÉ

«Trop d’hygiène, tue l’hygiène» Razzia d’eau de Javel, lavage méticuleux des mains, port du masque…

L’épidémie que nous traversons pourrait-elle nous faire basculer dans un monde aseptisé? Pour Bertrand Kiefer, médecin et rédacteur en chef de la «Revue médicale suisse», cette perspective est risquée.

Texte: Nadia Barth Photos: Nicolas Righetti/lundi13

SANTÉ | 11.5.2020 | 15

De quoi parle-t-on?

Depuis l’épidémie de coronavirus, «distance sociale» et ­«hygiène» sont les maîtresmots. Désormais, on ne rechigne plus à se laver scrupuleusement les mains et les masques, que l’on pensait appartenir exclusivement aux hôpitaux et aux lointaines contrées asiatiques, affublent à présent tous les visages. Est-ce à dire que nous allons vers une révolution culturelle en matière d’hygiène?

Selon Bertrand Kiefer, rien ne sert de tout aseptiser, au contraire…

La solution résiderait plutôt dans notre capacité à nous adapter et à respecter les écosystèmes.

B

ertrand Kiefer, le développement des antibiotiques ou encore l’idée d’une ­médecine conquérante ne nous ont-ils pas donné l’illusion d’être invincibles?

Oui, c’est particulièrement vrai dès la fin des années 1970. On était alors vraiment persuadés qu’on allait venir à bout des maladies infectieuses, qu’avec les antibiotiques, on tuerait toutes les bactéries et que les vaccins nous protégeraient de tous les virus. À cela s’ajoutait l’idéal de la stérilisation qui conférait à l’être humain un sentiment de toute-puissance et de supériorité sur l’ensemble du vivant.

C’était très arrogant. Puis la terrible épidémie du sida est arrivée, la résistance aux antibiotiques est devenue un problème croissant, si bien qu’on se demande maintenant si on ne va pas perdre la bataille contre les bactéries. Quant au VIH, on n’a toujours pas trouvé de vaccin, pas plus qu’on en a trouvé contre de nombreux virus émergents tels que la dengue, le chikungunya ou encore le Zika. ­Aujourd’hui, on a donc complètement changé de paradigme en médecine.

C’est-à-dire…

On parle maintenant beaucoup de ­microbiote, c’est-à-dire de cet équilibre que l’on a avec toutes ces bactéries qui sont sur notre peau, dans notre bouche, notre intestin. Ces bactéries font partie de nous et il nous faut vivre en bonne intelligence immunitaire avec elles, puisque ces hôtes nous protègent des infections.

En ce sens, nous sommes des indivi-

16 | 11.5.2020 | SANTÉ

dus symbiotiques. Cet idéal de stérilisation, même s’il reste essentiel en médecine, ne veut pas dire que dans notre quotidien il faut pousser l’hygiénisme à l’extrême.

Néanmoins, avec le coronavirus, on s’est rendu compte qu’on avait peut-être perdu des habitudes et des savoirs d’hygiène élémentaires, comme se laver les mains de façon efficace ou éternuer dans le creux de son coude…

C’est vrai, on a le sentiment qu’il a ­fallu redécouvrir ces gestes et les réenseigner parce qu’on ne portait plus vraiment d’importance aux infections et aux bactéries. Quand on s’infectait, on ne se posait pas tellement la ­question de savoir quand et pourquoi on avait contracté une maladie. Par exemple, se laver les mains avant de manger ou en sortant des toilettes sont des gestes qui n’étaient plus systématiques. Or, il y a beaucoup de maladies, gastro-intestinales en particulier, qui se transmettent ainsi.

Le lavage des mains est vraiment important. Cette baisse de l’attention vis-à-vis de cette hygiène-là vient sans doute en partie du sentiment que nous sommes supérieurs et capables de maîtriser toutes les infections.

Cette pandémie pourrait-elle donc être le point de départ d’une sorte de révolution en matière d’hygiène?

D’une certaine façon, oui. Cette épidémie va provoquer des changements de comportement sur une certaine durée en tout cas. Je tenterais ici un parallèle avec l’impact que le VIH a eu sur la sexualité des gens, c’est-à-dire qu’avant lui, il y a eu une période d’insouciance, liée à l’arrivée de la pilule contraceptive. Puis le VIH a frappé, entraînant un changement majeur de comportement sexuel. L’épidémie s’est accompagnée d’un climat pesant, comme celui que nous vivons, dans une certaine mesure, actuellement.

Ce coronavirus, comme le VIH, laissera sans doute des traces.

Des traces dans nos rapports les uns aux autres…

Oui, il est tout à fait probable que les rapports humains ne soient

plus vécus avec la même légèreté ­qu’auparavant. Je ne dis pas qu’on ne reviendra pas à la bise ou aux grands rassemblements, mais on y reviendra avec quelque chose de différent: peutêtre ­davantage de responsabilités et le ­regret d’une certaine insouciance. Il faudra donc reconstruire une culture relationnelle où la r­ esponsabilité ­vis-à-vis des autres tient une place importante. Au fond, les maladies ­infectieuses sont là pour nous ­rappeler qu’on est un c­ ollectif humain dans des c­ ollectifs vivants et, donc, qu’on est un v­ ivant parmi d’autres.

Si nous, les humains, voulons ­survivre, il nous faut ­dépasser ­l’individualisme actuel.

à homme. Il y a également ces ­maladies terribles qui touchent ­aujourd’hui principalement les pays pauvres: le Zika, la dengue ou la malaria qui sont transmis par des moustiques. Avec le réchauffement climatique, ces derniers montent vers le nord et vont arriver un jour chez nous. Cela démontre qu’on ne pourra pas nécessairement se protéger de la prochaine maladie infectieuse via la distanciation ou le masque. Une bonne protection se situe davantage au niveau de la santé publique, c’està-dire d’une bonne culture des gens: le respect des autres ainsi que le ­respect des écosystèmes pour éviter l’émergence de nouvelles maladies ­infectieuses.

«Si nous, les humains, voulons survivre, il faut dépasser l’individualisme actuel»

C’est-à-dire…

On voit bien que le Covid-19 s’est répandu parmi nous parce qu’on est allés déranger des chauves-souris dans leurs écosystèmes. Ce sont ­normalement des animaux avec lesquels les humains n’entrent pas en contact. Ça c’est un premier ­aspect. Le second, c’est qu’on voyage sans cesse davantage et que ces ­nombreux déplacements nous affaiblissent collectivement. Si rien ne change, ces deux phénomènes vont entraîner de nouvelles pandémies.

Dans certaines régions d’Asie comme Taïwan ou la Corée du Sud, on a vu les autorités désinfecter massivement les rues. Est-ce une solution? Ça ne sert strictement à rien. La seule chose qu’on puisse faire en désinfectant ainsi les rues, c’est de bouleverser les autres écosystèmes vivants et laisser apparaître d’autres bactéries et virus à cause de cela. La désinfection dans les transports publics n’est pas plus utile. Il faut néanmoins que les gens se rappellent de ne pas se toucher le visage et de se laver les mains lorsqu’ils empruntent les bus et trains.

Que pensez-vous de la mise à disposition de désinfectant à l’entrée des magasins, de la présence de toilettes plus hygiéniques ou de machines à prendre et rendre la monnaie…

Cette solidarité doit-elle dorénavant se traduire par l’emploi plus systématique de gestes barrières, durant la période de grippe par exemple?

Tout à fait, avec la grippe saisonnière je crois qu’on va aller vers davantage de protection: celui qui est malade se confine ou porte un masque. Rappelons que celui-ci est beaucoup plus ­efficace pour protéger les autres que pour se protéger soi-même. Il s’agit donc avant tout d’un geste civique et solidaire. Néanmoins, le masque n’est pas toujours utile. Il ne sert à rien contre certaines maladies émergentes que, pour le moment, on néglige un peu, mais qui ne sont pas anodines. À quelles maladies pensez-vous? À la maladie de Lyme par exemple et toutes ces maladies à tiques qui deviennent sérieuses chez nous et qui ne sont pas transmises d’homme

SANTÉ | 11.5.2020 | 17

Bio express 1955 Naissance à Genève 1981 Doctorat en médecine 1982 Début d’études de théologie et d’éthique (Fribourg et Rome) 1993 Rédacteur en chef de la Revue médicale suisse 2000 Directeur du groupe Médecine et Hygiène

Est-ce intéressant pour se prémunir à l’avenir d’un virus?

Je ne pense pas que tout cela soit si important. Ce sont les comportements qui sont essentiels: se laver les mains, tenir des distances et mettre un masque s’il s’agit d’une maladie à transmission aérienne, se faire vacciner s’il existe un vaccin et, finalement, prendre des mesures adaptées à chaque épidémie très tôt, dès le ­moment où elle apparaît. Pour le reste, il ne faut pas avoir pour but de stériliser le monde: on le voit bien avec les enfants qu’on maintient dans des environnements très propres, ils ont tendance à avoir plus d’allergies que ceux qui naissent dans des environnements plus ­naturels.

On le sait, certaines maladies allergiques et peut-être même autoimmunes peuvent résulter du manque de stimulation du système immunitaire.

«La diversité des bactéries de notre microbiote nous protège des maladies» Votre devise c’est donc: trop ­d’hygiène tue l’hygiène?

Oui, c’est ça! Par exemple, vouloir sans cesse tout désinfecter chez soi, ça ne sert à rien, sauf peut-être les poignées de portes ou d’armoires. Et les toilettes, surtout si on les partage avec quelqu’un suspecté de porter le Covid-19, ou confirmé par test.

Autrement, on a vraiment intérêt à avoir chez soi aussi un écosystème.

C’est comme le microbiote de chacun.

Sa diversité de bactéries nous protège de maladies. Elle est essentielle à notre survie. Si on stérilise notre microbiote, nous sommes en danger de mort. Ce dont nous avons besoin, ce n’est pas de stérilité, mais d’une symbiose équilibrée avec le reste du vivant. MM

18 | 11.5.2020 | ÉDUCATION

Les pionniers de l’école numérique Pendant près de deux mois, les profs ont dû improviser pour garder le contact avec les élèves confinés. Une période expérimentale, qui portera peut-être ses fruits pour l’enseignement de demain. Trois professionnels de la branche tirent un premier bilan.

Texte: Patricia Brambilla Photos: François Wavre/Lundi13

Grégory Liégeois, expert en éducation numérique au centre LEARN à l’EPFL, en charge du projet d’école numérique pour le canton de Vaud

«L’enseignement à distance ne remplacera jamais l’école» données, ce qui a été remis en question par exemple dans le cas de Zoom ou de Whatsapp. La Suisse devrait proposer des outils garantissant le stockage des données sur son territoire. Mais outre les questions matérielles, plusieurs questions de fond se posent aussi: quelle pédagogie mettre en place? Quel contenu retenir? Comment évaluer? On n’enseigne pas de la même façon à distance qu’en présentiel. La concentration de l’enfant n’est pas la même dans une cuisine qu’avec la dynamique de la classe autour…

De même, on ne peut pas faire du copier-coller, il faut des activités plus créatives. Ce sont des chantiers de réflexion qui s’ouvrent.

À vos yeux, l’enseignement à distance est-il la panacée?

Dans une situation de crise telle que celle que nous avons vécue, on ne se pose pas la question de la panacée, car il n’y avait pas d’autres choix. Cela dit, je pense que l’enseignement à distance ne remplacera jamais l’école comme on la connaît aujourd’hui. Le tout numérique n’a pas de sens. Là où il représente une voie pour l’avenir, c’est dans le fait que nous ne sommes pas à l’abri d’autres pandémies. Il s’agira alors d’être davantage prêts.

Certains avancent qu’il pourrait renforcer l’inégalité entre les élèves?

Oui, c’est probablement le plus grand danger, qui ressort en tête de nos ­premières études. Certaines familles n’ont pas d’équipement ni même de connexion internet. Il faut mettre en place un système de prêt de matériel, ce qui a d’ailleurs été fait dans la plupart des cas. De même, les familles ­allophones peuvent être plus facilement perdues, ainsi que les élèves «dys» (troubles de l’apprentissage, ndlr), qui ont des besoins particuliers. À la rentrée, on aura des élèves qui auront beaucoup travaillé avec leurs parents et des élèves qui n’auront rien fait… Il faudra commencer par un dépoussiérage.

N’avez-vous pas peur aussi d’un ­important décrochage scolaire?

Bien sûr, mais avait-on le choix? Ne rien faire aurait été pire. Dans une recherche menée sur plus de 800

Photo (Grégory Liégeois): DR

G

régory Liégeois, pendant le confinement, l’enseignement numérique a-t-il bien fonctionné?

Disons tout d’abord que la situation était complètement inédite, personne n’était prêt à 100%. La mission de l’école, pendant le confinement, était de maintenir les acquis et de garder le contact avec les élèves. Au début, les enseignants étaient inquiets pour tout, la matière, le programme à tenir, les élèves. Certains, croyant bien faire, envoyaient trop de fiches et se retrouvaient dépassés par les corrections... Mais nos premières études sur l’enseignement à distance mettent en avant quelques points positifs intéressants: il a donné une plus grande autonomie aux élèves, il a permis un certain rapprochement entre les parents et les enseignants et, enfin, il a contribué à développer les compétences numériques des uns et des autres.

Dans l’hypothèse d’un confinement réitéré, l’école devra-t-elle apprendre à se réinventer et si oui, comment?

Dans tous les cas, nous allons tirer des leçons de ce qui s’est passé.

Il faudra des outils numériques stables et respectueux des données personnelles, que ce soit pour des visioconférences, des portfolios numériques, des «mooc» (cours en ligne capable d’accueillir un grand nombre de participants, ndlr), etc.

Il me semble important pour l’avenir de s’assurer de la protection des

ÉDUCATION | 11.5.2020 | 19

Albert Grun déguisé ici en soldat de l’Armée rouge. Pour lui, l’enseignement à distance ne réussit qu’aux ­meilleurs élèves.

«Le confinement m’a stimulé!»

Albert Grun , directeur-fondateur de l’école PrEP à Lausanne «Alors que je ne suis pas du tout un pro de l’informatique ni un adepte du déguisement, je donne mon cours d’histoire en costume sur Zoom: en mandarin pour l’Indochine, en parachutiste pour la bataille d’Alger, en Staline, Hô Chi Minh… Le confinement m’a stimulé! J’ai eu énormément d’échos, les élèves trouvent très drôle. C’est un truc pour stimuler l’intérêt, leur donner envie d’allumer l’ordinateur, une façon de convoquer les gens autrement que par le bâton. C’est une sorte de carotte, mais il faut quand même qu’il y ait un cours consistant derrière.

L’enseignement à distance est un exercice qui peut marcher, mais qui ne réussit qu’aux meilleurs élèves. Cela demande de l’autonomie, de la concentration et de l’autodiscipline.

D’ailleurs, seuls les très bons élèves osent poser des questions. J’ai l’impression d’avoir fortement avancé dans le programme, mais c’est peut-être illusoire… Après le confinement, la visioconférence pourrait sembler une option, d’autant que nous avons des élèves qui viennent de toute la Suisse romande, mais il manquerait les réactions. À travers l’écran, on ne voit pas ce que les élèves comprennent. En quarante ans de métier, je sais que la performance de l’enseignant ne suffit pas. Le travail de groupe entre les élèves, le réconfort des autres, le lieu physique de l’école comme refuge d’études sont irremplaçables.»

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ÉDUCATION | 11.5.2020 | 21

«Mon but est de perdre le moins d’élèves possible» Matteo Pluchinotta , enseignant de biologie au gymnase de Beaulieu à Lausanne

Pendant le confinement, des enseignants comme Matteo Pluchinotta ont fait preuve d’ingéniosité et de créativité pour mieux capter l’attention des élèves.

méta-analyses, le professeur d’éducation John Hattie a listé les facteurs qui aident à l’apprentissage et ceux qui lui sont nuisibles. Les longues vacances d’été figurent en tête de cette dernière catégorie! Imaginez si on avait dû interrompre complètement l’école pendant plus de quatre mois… À quel point le corps enseignant estil familier des outils numériques?

Même si personne n’était prêt à l’enseignement à distance, les enseignants se sont montrés incroyables en termes de créativité et d’ingéniosité.

Certains sont partis sur des blogs, des sites internet, d’autres ont détourné des plateformes de jeu pour converser. Chacun y est allé de sa combine.

Cela a donné lieu à une mine d’or d’expériences pédagogiques, qui devront être exploitées. Le centre LEARN a d’ailleurs été mandaté par le Département de la formation et de la jeunesse du canton de Vaud pour réaliser une enquête sur ces bonnes pratiques ainsi que sur l’expérience vécue par les enseignants. En termes de formation au numérique, nous avons déjà

pu constater un fort engagement de leur part: la majorité d’entre eux a créé des groupes sur les réseaux sociaux et a participé aux «webinars» (conférences en ligne, ndlr) mis sur pied au début du confinement.

Finalement, quel bilan tirez-vous de cette expérience inédite?

Il y a eu de bonnes expériences et il ne faudrait pas passer à côté. On entrevoit des aménagements possibles pour l’école ordinaire... Comme la classe inversée: la partie théorique pourrait se donner à la maison par des capsules vidéo et on profiterait de la présence en classe pour collaborer et échanger avec les autres. La priorité maintenant est d’enseigner à l’école l’utilisation de ces outils numériques, mais aussi la citoyenneté numérique (comment on gère son temps d’écran, quelles traces on laisse, etc.) ainsi que la science informatique (la programmation d’une machine et d’un robot).

Cela me semble essentiel. MM À lire en ligne, gratuit, sur le site www.epfl.ch: «Oscar et Zoé», d’Allison Ochs, trois histoires pour aider à comprendre le confinement.

«J’ai l’habitude de l’outil informatique. En biologie, il fait partie du quotidien de mon enseignement. Mais là, on improvise un peu, on se réinvente au jour le jour. Comme je suis très perfectionniste, je passe beaucoup de temps à préparer ces cours à distance. Mon but est de stimuler la motivation des élèves pour en perdre le moins possible et éviter l’hémorragie.

J’essaie de varier les formats, comme en classe d’ailleurs. Dans mes capsules vidéo, j’utilise l’autodérision, clins d’œil à Super Mario ou à Rick et Morty, pour apporter une touche plus légère. Montrer que l’on peut être ridicule tout en ayant un message ­sérieux. C’est comme un rituel d’entrée en classe, qui donne le signal de la mise au travail. Mais pour réaliser une minute rigolote d’intro, ça me prend une demi-journée…

C’est un peu tôt pour tirer un bilan, mais après le confinement, je pense que j’essaierai de favoriser davantage l’autonomie des élèves. Les formats par vidéo seraient peut-être utilisables, mais j’aime voir en temps réel les sourires ou les sourcils se froncer pour ajuster le rythme. L’avantage de la vidéo pour les élèves est qu’ils peuvent mettre pause, ce qui est pratique avec quelqu’un de bavard comme moi! Mais la visioconférence ne remplace pas le face-àface réel. Elle pourrait être une solution de secours, éventuellement, si je me cassais une jambe en snowboard…»

22 | 11.5.2020 | TRAÇAGE

La Suisse sous surveillance?

Le recours à la technologie pour préserver la santé publique ne cesse de prendre de l’ampleur. Mais à quel prix?

Trois experts en droit, cyber-défense et éthique nous expliquent les risques pour notre sphère privée.

L

es questions liées à notre vie privée et à nos données personnelles font débat depuis longtemps. Mais jusque-là, c’était surtout les géants du web – Google, Facebook – qui étaient pointés du doigt. Surfer sur leurs applications, c’est à coup sûr leur ­donner accès à nos déplacements, nos interactions, nos intérêts personnels… Mais depuis l’épidémie du coronavirus, les méthodes de la Silicon Valley ne concentrent plus l’essentiel de notre attention. Elle s’est braquée ailleurs, sur les gouvernements, qui, sous prétexte de santé publique, veulent nous traquer.

Tous sous la loupe?

En Israël, en Corée du Sud ou à Taïwan, des dispositifs intrusifs de contact tracing qui utilisent les données issues des téléphones portables ont très tôt été mis en place. En Suisse, aucune application du genre n’a été introduite. Néanmoins, l’EPFL et l’EPFZ ont planché sur une plateforme qui devrait permettre à chacun d’être informé s’il a été en contact avec un porteur du coronavirus. Pour l’heure, son déploiement est en ­discussion au niveau politique. De son côté, Swisscom signale déjà à la Confédération les ­attroupements dans les lieux publics. MM

Johan Rochel, certains considèrent que le signalement des regroupements par Swisscom est un premier pas vers le ­flicage. Qu’en pensez-vous?

On est sur une pente glissante.

La question est de savoir jusqu’à quel point on va réussir à avoir des résistances institutionnelles et citoyennes pour ne pas être entraîné vers davantage de surveillance. Si le but est de sauver des gens, on peut vite tomber d’accord, mais même un but louable ne justifie pas tout.

Derrière cette peur de la ­surveillance, n’y a-t-il pas une ­vision un peu complotiste d’un État qui veut nous contrôler?

Chez certains peut-être. Mais je pense qu’il y a plutôt une saine méfiance envers tous les acteurs qui ont trop d’informations sur nous. C’est l’inverse de l’idée qui consiste à dire: «Je n’ai rien à ­cacher, donc je donne mes infor-

mations.» Je lierais ça à une histoire libérale, au sens où l’État peut faire confiance aux citoyens, mais ces derniers conservent une saine méfiance vis-à-vis de toute institution privée ou publique qui a trop d’informations sur eux. Une fois ou l’autre, il y a un risque que ça tourne mal.

Pourquoi la technologie estelle très vite apparue comme une réponse pour endiguer l’épidémie?

Beaucoup pensent que la technologie amènera quelque chose. La question est de spécifier ce qu’elle amène et s’il n’y a pas d’autres ­méthodes qui apportent la même chose en créant moins de cas problématiques. Nous sommes au cœur de l’éthique de l’innovation. On nous dit qu’il faut adopter cette technologie pour accélérer la sortie du confinement ou pour garantir la sécurité de la population. Nous sommes d’accord.

Photo: Istock; DR

Texte: Nadia Barth

TRAÇAGE | 11.5.2020 | 23

«Il faut garder une saine méfiance»

Johan Rochel, chercheur en droit et éthique de l’innovation et co-fondateur du site ethix.ch

Le site ethix.ch, soutenu par le fonds de soutien Engagement Migros, propose une série de scénarios éthiques autour des technologies de suivi.

Mais j’aimerais savoir comment cette technologie permet d’atteindre ce but, qu’on nous prouve que c’est la bonne méthode, avec la bonne mesure. Cela renvoie à la notion de proportionnalité.

C’est-à-dire...

En éthique comme en droit, la proportionnalité est un outil de protection des libertés. C’est-àdire qu’on ne veut pas que l’État aille plus loin que nécessaire pour atteindre le but qu’il a défini et que nous avons accepté. Et là, il me semble que la question de ­l’objectif et de l’utilisation de la technologie pour y arriver n’est pas encore explorée à fond.

Qui devrait alors procéder à cette pesée des intérêts?

Le judiciaire, le politique, et plus largement la société civile. Le Conseil fédéral a demandé à la commission nationale d’éthique son avis sur le caractère acceptable

du traçage. D’habitude, cette commission traite surtout de médecine. Comme la question touchela politique sanitaire, il est compréhensible qu’elle traite le sujet.

Mais cela montre qu’il manque en Suisse une commission spécialisée en éthique des technologies et de la numérisation de nos vies.

Que répondez-vous à ceux qui sont favorables à l’idée d’adopter ces technologies de traçage?

Encore une fois, il faut garder une saine méfiance. Les modalités d’utilisation, notamment pour la protection des données, doivent être sans faille. Sur ce point, la ­décentralisation est intéressante avec le projet EPFL. Dans ce modèle, l’État n’a pas accès à des informations sensibles, ce sont les utilisateurs qui s’avertissent entre eux. Il est néanmoins impossible de prédire l’impact de ce genre de message sur la vie sociale.

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TRAÇAGE | 11.5.2020 | 25

«Sans votation, c’est une dictature de fait»

«On a déjà des téléphones qui savent tout de nous»

Sébastien Fanti, préposé valaisan à la protection des données et à la transparence

Steven Meyer, expert en cybersécurité et fondateur de Zendata

Sébastien Fanti, comment avez-vous réagi quand vous avez appris que Swisscom ­signalait les regroupements de plus de 20 personnes?

J’ai déposé une plainte auprès du Préposé fédéral pour les citoyens de mon canton en disant que je n’acceptais pas cette façon de faire, qu’elle n’était pas transparente et que je voulais des ­informations supplémentaires.

Ce n’est pas normal de mettre un pays sous surveillance avec deux pages de décisions prises par le directeur de l’Office fédéral de la santé publique. J’appelle cela du «solutionnisme technologique», ça ne va pas. Il s’agit d’une nouvelle tendance qui consiste à dire que si l’on n’a pas telle technologie, on va tous mourir. Les gens sont alors prêts à tout accepter.

Légalement, cette décision tient-elle la route?

Non. D’abord, la disposition ­légale invoquée, l’article 77 de la loi sur les épidémies, est erronée.

Ce n’est pas la bonne disposition.

Ensuite, c’est totalement disproportionné. Vous pourrez avoir les mêmes résultats avec le reporting des amendes que la police donne lors de rassemblements. Donc, si en réalité c’est le mapping des déplacements des gens qu’on veut faire, il y a un problème.

Ensuite, il y a d’autres éléments qui ne sont pas clairs comme ­celui de savoir qui exactement chez Swisscom gère ces données.

Quels genres de dérives voyezvous avec les collectes de ­données sur le coronavirus?

Aux États-Unis, Trump a sommé ses GAFA (les géants du web) de lui fournir toutes les données sur le coronavirus. Parce qu’un million de personnes par jour disent qu’elles ont été contaminées. Ces gens ne se rendent pas compte qu’ils entrent dans une base de données. Qu’est-ce qui pourrait se passer? Le meilleur scénario, c’est qu’on sait que vous avez eu le coronavirus, donc on accepte que vous entriez dans le pays. Le pire scénario, c’est qu’une deuxième vague arrive, plus grave chez les gens qui ont eu le virus, et ces personnes-là ne peuvent plus entrer aux États-Unis.

En 2016, le peuple a accepté la loi sur le renseignement dans un climat de peur des attaques terroristes. Craignez-vous une votation similaire, sous prétexte de santé publique?

Le gouvernement n’a aujourd’hui pas besoin d’une votation et c’est cela qui est fou. S’il y avait une votation, on aurait des arguments pour débattre et s’opposer à un tel système. Dans le contexte ­actuel, c’est l’article 7 de la loi sur les pandémies qui s’applique: elle dit que le Conseil fédéral prend toutes mesures pour ­protéger la population. C’est une dictature de fait. Preuve en est le fait qu’aucun tribunal saisi ne s’est déclaré compétent.

L’EPFL, mais aussi l’Union ­européenne, sont en train de mettre au point des applications pour permettre d’être ­informé si on a été en contact avec un porteur du coronavirus.

Que pensez-vous de ces projets?

Il y a en effet de nombreuses ­initiatives qui sont en cours de développement un peu partout dans le monde. Je trouve ça bien parce que ça nous permettra de voir des résultats différents, mais aussi ce qui marche le mieux.

Après, il faut que ce soit bien fait.

C’est-à-dire…

Dans ces applications, il faut veiller à l’anonymisation, la ­décentralisation ainsi qu’à l’intégrité des données pour être sûr qu’un gouvernement ne puisse pas abuser de la situation ni qu’une personne puisse truquer le système. Par exemple, comment savoir si une personne qui s’est déclarée infectée l’est effectivement ou si elle ne fait pas ­exprès de manipuler les données pour changer les statistiques dans un pays par exemple.

Concrètement, comment pourraient fonctionner idéalement ces applications?

Le fonctionnement le plus simple que je vois se passerait ainsi: j’ai toujours le Bluetooth allumé sur mon téléphone et ­celui-ci enregistre tous les ­Bluetooth qu’il croise sur son chemin. En parallèle, si une

­ ersonne signale qu’elle a été p contaminée par le Covid-19, un pseudo-numéro de série de son Bluetooth et la date où elle a été contaminée sera publié sur une liste internet. Et moi, je peux alors consulter si les personnes que j’ai croisées sont ou non dans cette liste. Si c’est le cas, alors je sais que je suis peut-être porteur. Le tout est bien sûr fait sur une base volontaire. Et la seule chose que je dis de moi, c’est un pseudo-numéro de série qui peut d’ailleurs changer toutes les heures.

L’étape d’après, n’est-ce pas un système de fichage qui peut s’avérer dangereux pour nos données personnelles et notre sphère privée?

L’étape d’après, on y est: on a déjà des téléphones qui savent qui on est, où on est, ce que l’on pense, ce que l’on aime. Et si une personne tient à préserver à tout prix ses données personnelles, alors elle ne devrait pas utiliser Google, Facebook ni un smartphone. Je comprendrais alors que ces personnes-là émettent des critiques. Mais la plupart des gens partagent déjà leurs données. Et pour la première fois, on essaie de faire quelque chose d’utile avec ces informations: sauver des vies. De plus, nous avons la chance en Suisse d’avoir un gouvernement avec de bons équilibres et des outils pour empêcher ses propres abus. MM

26 | 11.5.2020 | SAVEURS

La grillade sans chichis

Les meilleures recettes de grillades sur migusto.ch/grillades

Une recette toute simple: on rôtit une saucisse de veau sur le gril et on la sert avec une salade de pommes de terre et de concombre fraîche. Cette salade fait aussi merveille avec d’autres plats.

Recette: Andrea Pistorius

Mini-concombres Coupés en rondelles, ces petits concombres sont parfaits pour agrémenter les salades.

Pommes de terre La salade de pommes de terre et de concombre accompagne aussi très bien les escalopes viennoises.

Oignons rouges Ils ajoutent de la couleur ainsi qu’une légère note sucrée à la salade.

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1. Cuire les pommes de terre en robe des champs env. 20 min, elles doivent être à peine tendres. Égoutter, rafraîchir brièvement sous l’eau froide, éplucher puis couper en tranches d’env. 4 mm d’épaisseur. Les mettre dans le bouillon chaud de manière à ce qu’elles soient entièrement recouvertes et laisser reposer env. 15 min.

2. Tailler finement le concombre à la mandoline, parsemer d’un peu de sel, mélanger et laisser reposer. Hacher menu la moitié des oignons, couper le reste en fins quartiers et les réserver.

Chauffer la moitié de l’huile dans une poêle et faire suer les oignons hachés jusqu’à transparence.

Les transférer dans un saladier.

Ajouter le vinaigre, le reste de l’huile et le concombre. Ciseler la ciboulette et effeuiller le persil.

3. Recueillir le bouillon des pommes de terre, bien égoutter ces dernières et les ajouter au concombre. Incorporer peu à peu et délicatement env. 2 dl de bouillon au mélange, jusqu’à la consistance désirée. Saler et poivrer. Ajouter la moitié des fines herbes, mélanger. Laisser reposer env. 20 min avant de servir. Dresser avec les quartiers d’oignon réservés et le reste des fines herbes.

4. Griller les saucisses env.

12 min à feu moyen. Les servir avec la salade de pommes de terre. MM Préparation env. 25 min.

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11.5.2020 | 39

s ro tel ig M châ urg eu o N Frib

De gauche à droite, Christian Hurni, Matthias Moser et Christian Dick, tous trois producteurs d’asperges à Fräschels (FR).

«Chaque asperge est récoltée à la main»

En plein cœur du Seeland, le producteur Christian Hurni cultive des asperges blanches et vertes depuis 2011, vendues à Migros sous le label «De la région.».

Les asperges blanches poussent sous une importante couche de terre et sous un grand film plastique noir. Quant aux asperges vertes, elles poussent à l’air libre.

Texte: Maude Righi Photo: Pierre-William Henry

L Photo: DR

es asperges «De la région.» sont enfin arrivées sur les étals des magasins de la coopérative. «L’asperge ­bénéficie d’un statut particulier.

On se réjouit de son arrivée, car elle annonce le printemps», affirme Christian H ­ urni, producteur à Fräschels, petite commune située dans le Seeland ­fribourgeois.

Christian Hurni, comment se cultivent les asperges?

La culture des asperges demande de la patience, car il faut deux ans avant d’obtenir la première récolte. C’est le temps que nécessitent les racines, ­appelées griffes, pour pousser sous la terre. La saison commence mi-avril et se termine le jour le plus long de l’année, le 21 juin. Chaque asperge

est récoltée à la main. C’est un travail ­gigantesque.

Combien en produisez-vous?

Nous cultivons la surface de trentetrois terrains de football, dont 70% d’asperges blanches. La quantité récoltée diffère chaque année, car elle dépend de la météo. Plus le printemps est chaud et ensoleillé, plus la culture sera abondante. L’an dernier, nos ­asperges vertes ont gelé en mai. Nous avons tout dû couper et attendre dix jours avant de récolter les suivantes.

Cela représente une grande perte, car la saison est courte.

Quelle est la différence entre les blanches et les vertes?

Aucune, à part leur mode de culture.

On recouvre les asperges blanches

d’environ 60 cm de terre, sur laquelle on pose un film de plastique noir.

La terre emmagasine de la chaleur, ce qui permet à l’asperge de pousser. ­Sitôt qu’elle pointe le bout de son nez, elle est récoltée. L’asperge verte, ­recouverte de peu de terre, grandit à la lumière, ce qui explique sa couleur verte.

Et au niveau gustatif?

L’asperge blanche est fine, tendre et subtile. C’est une délicatesse qui se déguste simplement accompagnée d’une mayonnaise ou d’une sauce béarnaise. L’asperge verte a un goût plus prononcé. Nous la cuisinons ­plutôt en accompagnement, par exemple avec un morceau de viande, mais elle peut s’apprêter de mille et une façons. MM

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CHOCOLAT | 11.5.2020 | 43

La tradition remise au goût du jour Il n’y a pas d’âge pour aimer le chocolat.

Et les gourmands ayant grandi avec les plaques de Chocolat Frey r­ estent souvent fidèles aux produits de la marque toute leur vie. Ces classiques tant ­appréciés sont désormais proposés dans un nouvel emballage plus moderne sous le nom de Tradition. En revanche, à l’intérieur, rien n’a changé: ni la recette, ni les couleurs caractéristiques des différentes variétés. Il sera donc toujours aussi facile de retrouver son petit préféré dans les rayons du magasin. Pour finir, chaque membre de la famille trouvera son bonheur: chocolat au lait aux amandes pour maman, variante aux noisettes pour les enfants et chocolat noir pour papa.

Photo: Oliver Bartenschlager

Pour les enfants CONSEILS Les tablettes de chocolat fondent facilement.

Idéal si l’on veut y tremper des fruits tels que des fraises. Vous pouvez aussi ensuite les laisser durcir sur du papier sulfurisé.

Autre idée: pour décorer vos desserts, tourtes et chocolats chauds de manière raffinée, vous pouvez découper des copeaux de chocolat à l’aide d’un économe.

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44 | 11.5.2020 | MOBILITÉ

Entre nous, le courant passe Migros a équipé 91 magasins de bornes de recharge pour celles et ceux qui possèdent un véhicule électrique.

Texte: Michael West Illustration: Belicta Castelbarco

Actuellement l’électricité est gratuite sur la plupart des sites. Cependant, sur 81 places de parc –en Suisse orientale ainsi que dans les cantons du Valais et de Vaud – la recharge est payante. Le tarif y est de 30 à 50 centimes par kWh qui s’ajoutent à un tarif de base de 1.50 à 2 francs.

Au total, 234 places de stationnement des supermarchés et marchés spécialisés Migros sont dotées d’une borne de recharge.

Aucune autre enseigne du commerce de détail suisse n’en propose autant.

Pour trouver l’emplacement des magasins équipés de bornes de recharge: generation-m.ch/ recharger-voitureelectrique

6

Une borne de recharge Migros alimente une voiture électrique en énergie six fois plus rapidement que la borne murale d’un garage ­privé.

En 2019, les trois modèles de voitures électriques les plus populaires en Suisse étaient l’américaine Tesla Model 3 et les deux petites européennes Renault Zoé et BMW i3. La Tesla a même tiré son épingle du jeu en occupant la 4e position du classement de toutes les voitures neuves.

234

3 1

Migros mise sur une source d’énergie unique pour ses bornes de recharge, à savoir l’électricité propre issue de l’énergie hydraulique suisse.

80

Pour prendre soin de sa voiture, il ne faut la recharger qu’à 80%. Sinon vous réduisez la durée de vie de la batterie.

4,2

En 2019, en Suisse, 4,2% des voitures neuves étaient dotées d’une propulsion exclusivement électrique. En 2018, ce chiffre n’était que de 1,7%.

ENTRAIDE | 11.5.2020 | 45

Nathalie Corbat, enseignante, Lausanne, environ 80 livraisons à son actif

«J’ai vu une affiche présentant le concept Amigos devant un magasin Migros et eu tout de suite envie d’y participer. Le lendemain, je faisais déjà mes premières livraisons. Comme j’ai une voiture, j’ai élargi le périmètre d’action et peux livrer à Renens, au Mont-sur-Lausanne ou à Lutry. Désormais, je fais trois à quatre fois par jour les courses pour les autres.

Cela me fait plaisir. Et en plus, ça me fait bouger. La plupart des acheteurs sont des personnes âgées qui habitent loin des magasins. J’ai juste eu trois jeunes qui étaient malades. Mais comme je dépose les courses devant leurs portes, il n’y a pas de risques. Je n’ai jamais eu peur. Par ailleurs, je trouve sympa que certains clients, pour lesquels j’ai déjà fait des courses, m’écrivent un SMS avant de publier leur liste sur Amigos afin de s’assurer que ce soit moi qui ferai leurs achats.»

Des livreuses hors normes Plus de 23 000 bénévoles ont déjà effectué 40 000 commandes pour les personnes ne pouvant plus sortir de chez elles dans le cadre de la plateforme d’aide au voisinage lancée par Migros et Pro Senectute.

Tania Alcantara, serveuse, Lausanne, environ 40 livraisons à son actif

«Au départ, je voulais faire du volontariat au CHUV, mais comme j’ai un bébé à la maison, je me suis dit que c’était peut-être un peu risqué de travailler à l’hôpital. Je me suis donc inscrite sur l’app Amigos. J’ai de bons contacts avec les personnes que je livre. Il y a notamment une famille très sympa. On ne s’est jamais vus en vrai, mais on se parle au téléphone comme entre amis. J’ai même reçu des photos des enfants.»

Texte: Pierre Wuthrich

Photos: DR

Comment ça marche?

Les personnes âgées ou en quarantaine achètent sur le site amigos.ch les produits Migros dont elles ont besoin jusqu’à concurrence d’environ deux cabas, indiquent à quel ­moment elles souhaitent être ­livrées, puis paient leurs courses par carte de crédit.

Les bénévoles inscrits sur l’app amigos reçoivent, eux, des notifications sur leur smartphone lorsqu’une personne a passé

commande dans leur quartier.

Ils peuvent accepter la mission ou non en fonction de leur temps à disposition.

Le bénévole ayant accepté la commande va faire les courses, livre les cabas devant l’adresse indiquée et ­reçoit la somme des achats directement sur son compte.

Aucun contact physique n’est nécessaire.

En savoir plus: amigos.ch

Daniela Caetano, vendeuse, Lausanne, environ 10 livraisons à son actif

«Ma meilleure amie, qui travaille à Migros, m’a parlé d’Amigos.

J’ai décidé de devenir bénévole, car je préfère aller faire les courses pour les autres que ne rien faire à la maison. J’ai du temps et suis en bonne santé. Un jour, j’ai fait des achats pour une dame qui avait le virus et dont le mari venait de décéder du Covid-19. Elle ne pouvait pas sortir et était très triste. J’ai été très touchée. Nous avons discuté en gardant nos distances et j’ai alors compris que c’est pour des gens comme elle que je m’étais inscrite sur Amigos.» MM

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PRÉVENTION | 11.5.2020 | 49

Entraîner ses muscles et sa souplesse réduit le risque de perdre l’équilibre.

Ne laissez aucune chance aux chutes Tomber ou perdre son équilibre constitue un risque pour la santé, en particulier chez les personnes âgées. Veiller à l’entretien de sa forme, aussi à un âge avancé, aide à éviter ce type de désagrément.

Texte: Martina Frei

Photo: Getty Images

S

elon le Bureau de prévention des accidents (BPA), chaque jour, ce sont en moyenne plus de 750 personnes qui font une chute. Ce genre d’accident est donc très fréquent et au moins un tiers des victimes ont plus de 65 ans.

Pour les personnes âgées, une chute peut signifier la fin de leur autonomie.

Fracture de la hanche, hôpital, déménagement dans une maison de retraite… nombreux sont celles

et ceux qui, après une chute, doivent quitter leur environnement familier.

Les chutes sont souvent dues à des facteurs corporels

Même s’il arrive de se prendre les pieds dans un tapis à tout âge, la plupart du temps, tomber est dû à une faiblesse musculaire et les vertiges peuvent, pour leur part, occasionner des troubles de la marche et de l’équilibre. Une mauvaise vue,

la malnutrition et la prise d’un grand nombre de médicaments augmentent également le risque de chute. D’autre part, dès l’âge de 65 ans, les tendons et les ligaments sont moins souples, la masse musculaire et la densité osseuse diminuent et la vitesse de conduction de l’influx nerveux qui contrôle les muscles ralentit. Toutefois, il existe des solutions efficaces pour lutter contre cela: le Pilates est une méthode d’entraînement encore

50 | 11.5.2020 | PRÉVENTION

(trop) peu connue des personnes âgées, bien qu’elle soit favorable à la prévention des chutes. Comme le souligne Premila Lawrence, physiothérapeute du sport et instructrice Pilates au centre Medbase de Winterthour, «cette méthode améliore la perception du corps ainsi que celle de sa position dans l’espace. Le Pilates permet en particulier d’activer et de renforcer les muscles, de développer son sens de l’équilibre, d’améliorer sa mobilité et de réduire ainsi la crainte de la chute chez les personnes âgées.

La gymnastique médicale dite Medical Pilates est recommandée aux personnes à mobilité réduite.

Cette méthode conviendra en particulier à celles et ceux qui souffrent d’arthrose et ne peuvent par exemple pas fléchir les genoux ou qui ont de la peine à s’appuyer sur une canne à la suite d’un problème de bras.

Cinq conseils pour éviter les chutes Des muscles puissants, une bonne perception de son corps et un sens de l’équilibre bien développé aident à se retenir en cas de perte d’équilibre. S’entraîner vaut vraiment la peine, même si l’on part de zéro!

1

Un mauvais éclairage ou un revêtement de sol glissant – et il est déjà trop tard. Pour éviter cela, il est conseillé d’éliminer autant que possible les facteurs d’accidents, par exemple en supprimant les tapis, en fixant des mains courantes ou des poignées là ou cela est nécessaire ainsi qu’en portant des chaussures ­appropriées.

2

Les personnes âgées ont besoin de moins de calories que les plus jeunes, mais leur besoin en protéines

3

est plus élevé. Par kilo de poids corporel, il leur faut entre 1 à 1,2 gramme de protéines. De plus, les protéines sont essentielles pour renforcer la masse musculaire. Les produits laitiers, le poisson, les légumineuses, la viande ou le soja sont d’excellentes sources de protéines – de préférence à consommer sous des formes variées.

Veillez au maintien d’un poids corporel sain. L’insuffisance pondérale s’accompagne souvent d’une fragilité des os, qui se brisent alors plus facilement. Le surpoids, en revanche, sollicite inutilement l’appareil locomoteur. Mais attention: une forte perte de poids entraîne souvent une réduction rapide de la masse musculaire, en particulier chez les personnes âgées. C’est la raison

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PRÉVENTION | 11.5.2020 | 51

Améliorer son équilibre grâce au Pilates

pour laquelle il est recommandé de se faire conseiller par un professionnel avant de commencer un régime.

Mes lunettes sont-elles encore adaptées à ma vue? Une aide auditive pourrait-elle m’être utile?

Mon aide à la marche est-elle bien ajustée? En cas de problèmes avec ces accessoires, le risque de chute augmente. Il est alors préférable de les faire contrôler. Les aides orthopédiques (par exemple les bandages de maintien du genou) peuvent parfois faciliter l’entraînement. MM

L’idéal est de participer à au moins deux à trois séances d’entraînement de trente minutes chacune par semaine. Si cela n’est pas possible, un entraînement régulier une fois par semaine est préférable à un entraînement irrégulier.

5

Les personnes intéressées par un cours de Pilates trouveront des informations sur: www.trouver-un-cours.ch/sport-mouvement/ cours-de-gym. Pendant la crise du coronavirus, des cours en ligne sont organisés, par exemple sur www.pole-emotion.ch/produit/stayathome

Source d’inspiration Une senior raconte comment elle reste en forme grâce à son attitude positive et à un ­entraînement ­adapté.

Retrouvez-la sur www.migros-impuls.ch/ vieillir-actif

Avant de commencer à vous entraîner, il est conseillé de prévoir un bilan de santé avec un physiothérapeute ou un entraîneur personnel.

Les sports comportant de nombreux arrêts brusques sont moins adaptés aux personnes qui débutent à un âge avancé, car la coordination et la vitesse de réaction diminuent tandis que les tendons et les ligaments sont moins élastiques.

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FINANCE | 11.5.2020 | 53 Contenu en partenariat

Pourquoi les banques centrales misent sur l’or

Photo: DR

Christoph Sax, économiste en chef à la Banque Migros

des banques centrales (en tonnes) 35 000 34 000

Monde entier

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29 000

T1

Le nouvel intérêt des banques centrales pour l’or s’explique notamment par des considérations géopolitiques: les grands pays émergents ­aspirent à se libérer de la domination du dollar ainsi qu’à réduire leur dépendance vis-à-vis des États-Unis. La hausse de la demande d’or semble aussi largement due au fait que les banques centrales des États-Unis, du Japon et de la zone euro ne sont

Réserves en or

T1

Depuis 2010, les banques centrales sont intervenues chaque année sur le marché de l’or en tant qu’acheteurs nets. Elles ont acquis nettement plus d’or qu’elles n’en ont vendu. Dans les pays émergents en particulier, la demande d’or des banques centrales a fortement augmenté depuis la crise financière et économique de 2008/2009.

Source: World Gold Council

jamais complètement sorties du mode de crise depuis 2008/2009, avec les conséquences que l’on sait pour les monnaies traditionnelles de réserve que sont le dollar, l’euro et le yen. La hausse du prix de l’or reflète la perte

de valeur de ces monnaies non couvertes par suite d’une politique monétaire extrêmement expansionniste. À cela s’est ajouté un recul constant de la rémunération des emprunts d’État dans ces monnaies alors que la dette publique ne cesse d’augmenter.

Certes, l’or ne rapporte pas d’intérêts, mais le métal jaune ne peut pas être multiplié à volonté. L’or physique n’a pas non plus de risque de débiteur.

Il bénéficie donc d’un bonus de confiance millénaire. Les crises financières peuvent entraîner une forte baisse de la valeur des réserves de devises, tant sur le marché des monnaies elles-mêmes que sur les placements financiers dans ces monnaies.

En revanche, l’or confère au bilan d’une banque centrale une certaine protection contre les crises. MM

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Remplissez avec les dixlettre mots.

Chaque case de la 1 àgrille 5 correspond à une de laChaque solution. case

Répondez aux questions du quiz. En reportant les lettres correspondant aux bonnes réponses dans la grille de solution, vous trouverez le mot code.

Selon le proverbe, «c'est en forgeant qu'on devient … .»

L bûcheron

T forgeron

G maçon

Par quel terme désigne-t-on l'avant d'un navire?

O La roue

A La proue

E La houe

Quel mot désigne la petite fenêtre, hermétiquement close, d'un avion?

I

R Un javelot

Un calot

B Un hublot

Comment se nomme une grande ville située au nord de la Thaïlande?

L Chiang Mai

V Mai Mai

E dépôt

O défet

A de Saint-Maurice G de Saint-Claude

Quel est le vrai nom de l'oiseau-mouche?

T Le chardonneret N Le troglodyte 1

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4

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U Le colibri 6

7

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Sudoku solution n° 19

Que vais-je aujourd’hui ?

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Mots fléchés solution n° 19

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3 2

Solution: Solution Solution: 1 1

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Un … est un résidu de matières que l'on peut trouver au fond d'une bouteille.

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de 1 à 5 correspond à une lettre de la solution.

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62 | 11.5.2020 | RECYCLAGE

Du vieux matelas au tapis de gym Réutiliser au lieu de jeter: la fondation Pusch et le programme Engagement Migros veulent introduire le modèle de l’économie circulaire dans le secteur de l’ameublement, ce qui induit de nombreux défis.

Texte: Benita Vogel Photo: Roger Hofstetter

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es canapés, des chaises de bureau, des lits entiers et surtout des montagnes de matelas: lorsque Felix Meier s’est rendu en privé à la décharge de Werdhölzli, à Zurich, il n’en a pas cru ses yeux. Pourtant, les déchets, il connaît! Ceux-ci sont au cœur de son métier de biochimiste et Pusch, sa fondation, agit pour la protection de l’environnement au niveau des communes, des écoles et des entreprises, en montrant entre autres comment bien les gérer. Mais l’image de cette décharge est restée gravée dans son l’esprit: «Ce n’est pas possible que nous jetions tant d’objets», s’indigne-t-il.

L’anticipation comme élément clé

Sans plus attendre, il a réorienté l’action de sa fondation pour la concentrer sur le fait d’éviter les déchets plutôt que de les éliminer. C’est le principe de ce qu’on nomme l’économie circulaire. Le but: utiliser les matières premières aussi longtemps que possible pour économiser les ressources limitées. Les produits doivent donc être réparés, remis à neuf et réutilisés après leur premier cycle d’utilisation, au lieu de terminer à la poubelle. Lorsque ce n’est pas faisable, il faut les recycler et traiter leurs différents composants de façon adéquate.

Felix Meier et son équipe ont l’appui d’Engagement Migros, le fonds de soutien du groupe Migros (lire encadré).

Aller à l’encontre du gaspillage

C’est avec cette vision des choses que les deux partenaires ont lancé le projet Make Furniture Circular. «Tout comme les vêtements, les chaises, les tables et même les matelas ont un cycle de vie de plus en plus court», relève Felix Meier.

Comme il l’a constaté à la décharge, ces objets mis au rebut fournissent un immense gisement de matériaux à sauver de l’incinération. En Suisse,

on jette chaque année près d’un million de matelas. Cela génère 30 000 tonnes de déchets, principalement du tissu, de la mousse, de la laine, du métal, du crin de cheval, du bois et d’autres matériaux par exemple réutilisables sous forme de tapis de gym.

C’est ce que fait TFR Group, une entreprise de recyclage britannique, qui décompose les matelas à grande échelle et réutilise 60% des matériaux pour fabriquer des tapis en caoutchouc. Aux Pays-Bas aussi, la réutilisation est un principe appliqué depuis longtemps.

De nombreuses questions soulevées

«Engagement Migros et Pusch ont décidé de s’allier pour faire des matelas des produits circulaires», résume Felix Meier. Il s’agit maintenant de fignoler les détails. De nombreuses questions se posent encore, comme celle de la composition idéale d’un matelas pour prolonger sa durée de vie ou, en dernier ressort, faciliter son recyclage.

Peut-on par exemple séparer le tissu de la mousse? Comment procéder?

De façon exclusivement manuelle?

Ce serait très fastidieux. Et la mousse peut-elle être réutilisée elle aussi?

Sans oublier la question essentielle des coûts. «Nous avons encore beaucoup de points à éclaircir», reconnaît Felix Meier. C’est la teneur des travaux actuels. Les représentants du secteur ont prévu de se réunir lorsque l’évolution de la crise du coronavirus le permettra. Felix Meier espère obtenir des résultats tangibles dès 2022.

D’ici là, le fondateur de Pusch espère étendre son credo, «réutiliser au lieu de jeter», à un domaine voisin, soit celui du mobilier de bureau.

Des pros du domaine hôtelier misent sur la location de la literie

En attendant, les efforts pour prolonger la durée de vie des matelas se poursuivent.

Ainsi, le fabricant Elite, à Aubonne (VD), propose aux hôtels des lits en leasing: «Notre programme Smart Lease permet aux hôteliers de payer leurs matelas et leurs lits selon le taux d’occupation des chambres», explique le directeur François Pugliese. «Chaque nuitée est enregistrée et l’usure des produits mesurée en conséquence. Les matelas font un tournus en fonction de l’occupation des chambres, ce qui retarde leur usure. Les produits durent ainsi entre quinze et vingt-cinq ans, précise François Pugliese, alors qu’en règle générale, les hôtels doivent les changer tous les trois à cinq ans.» Pour retaper ses matelas, Elite utilise des composants naturels tels que le crin de cheval, la soie, la laine et le bois, plus faciles à recycler lorsque la réparation devient impossible. Avec cette approche, l’entreprise fait figure de pionnière au sein de la branche – même si sa formule ne fait pour le moment guère école.

Des solutions trouvées en commun

Afin d’accélérer le processus, l’équipe du projet Make Furniture Circular a invité les acteurs du secteur à un atelier: début 2020, des fabricants de matelas tels qu’Elite, des producteurs de mousse, des magasins de meubles comme Micasa et des entreprises de recyclage comme Innorecycling ont échangé leurs idées.

Bonne nouvelle: la collecte est déjà mise en place, les vieux matelas étant généralement repris par les magasins de meubles. Le désir de les valoriser est bien accueilli par les divers participants. «Les volumes sont importants et donc, le potentiel existe, même si le diable se niche dans les détails», commente Markus Tonner, directeur d’Innorecycling. Micasa, la filiale de Migros spécialisée dans l’ameublement, se dit aussi «très intéressée» par une coopération, a indiqué son représentant Michel Flückiger.

RECYCLAGE | 11.5.2020 | 63

Après les matelas, Felix Meier espère étendre son modèle d’économie circulaire au mobilier de bureau.

Encouragement à l’innovation sociale L’économie circulaire est l’un des grands axes d’Engagement Migros , le fonds de soutien du groupe Migros.

La cheffe de projet Corinne Grässle le sait bien: «Le modèle économique linéaire, où la production et l’utilisation aboutissent à la mise au rebut, montre ses limites. Nous voulons développer l’économie circulaire en Suisse. Elle est bénéfique à l’environnement et aussi ­l’occasion de développer de nouveaux modèles commerciaux.» Engagement Migros a lancé cinq projets sur ce thème, dont Make Furniture Circular.

«Ce n’est pas possible que nous jetions tant d’objets»

Le fonds de soutien, alimenté par des entreprises Migros comme Denner, Banque Migros, Migrol ou encore Migrolino, s’inscrit dans le cadre des engagements sociétaux du groupe Migros. Les entreprises Migros y consacrent 10% de leurs dividendes par an, ce qui représente entre 10 à 15 millions de francs. MM

Felix Meier, directeur de la fondation Pusch Plus d’infos sur www.engagement-migros.ch/ fr/pioniere

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